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15.02.2011

10 pièces supplémentaires pour l’Art Brut

appart.jpgC’est pas parce qu’elle ne vous parle jamais du prix des loyers que votre petite âme errante se désintéresse de l’immobilier. De l’immobilier suisse surtout car autant que les Belges, j’aime les Helvètes. Ils ont une presse en ligne du tonnerre. Avec des rubriques «copinage» instructives et des titres percutants comme : Notables logés au prix du social. Sur le site de Le Matin.ch, allez voir par exemple l’article de Titus Plattner sur les apparts dont la ville de Lausanne est propriétaire et qu’elle loue pour pas cher. Il contient une info pour le petit bout de ma lorgnette.

lorgnette 2.jpg

On y apprend en effet qu’une conseillère municipale a «réussi à convaincre une dame seule de quitter l’appartement de 10 pièces qu’elle occupait avenue des Bergières, dans le bâtiment du Musée de l’Art Brut». Merci madame. On se réjouit de l’aisance ainsi donnée à cette Collection historique. Dix pièces pour l’art brut, c’est pas du luxe! C’est l’occasion de nous sortir quelques merveilles des réserves.

En attendant si une solitaire de Neuilly, de Passy ou à la rigueur d’Auteuil, souhaitait mettre son logement de 250 mètres carrés à la disposition de l’incontournable blogue Animula Vagula pour y caser son matos, ses 70 paires de chaussures et ses archives de jour en jour plus monstrueuses, je ne dirais pas non.

godasses.jpg

P.S. 1000 excuses au demi-millier d’Animuliens orphelins qui ont cherché à rejoindre ma base dimanche sans succès. Notre plate-forme vénérée subissait alors l’assaut de méchants pirates et nos vaillants administrateurs avaient les mains dans le cambouis.

00:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Glanures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer | | Pin it! |

12.02.2011

Le Zanderland à Montmartre

 J'adore les Belges. Les mecs ne se rasent plus. Les meufs jouent les Lysistrata. Pour réclamer un gouvernement. Cela leur laisse du temps pour s’intéresser à nous. Sur son journal en ligne, La Libre Belgique a déjà collé un article en 2 parties sur une expo parisienne qui vient de débuter à la Halle Saint-Pierre.

halle st pierre,sous le vent de l'art brut,collection Charlotte Zander

A moi qui était au vernissage, le 18 janvier, ça m’a foutu la honte naturellement.

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Alors je trace vite derrière Roger Pierre Turine pour mettre mon grain de sel dans cette «épatante exposition qui montre quelques 300 pièces majeures d’une collection inestimable» : celle de Charlotte Zander.

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Collection dévolue surtout au meilleur art naïf mais aussi à des peintres haïtiens, à des créateurs enregistrés dans l’Outsider art ou dans l’art brut et à des inclassables du genre de Ilija Bosilj

Ilija Bosilj,halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine Lusardy,Collection Charlotte Zander,art brut,art naïf,Zanderland

ou Sava Sekulic qui sont, pour nous, des révélations.  Sava Sekulic,halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine Lusardy,Collection Charlotte Zander,art brut,art naïf,Zanderland 

halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine Lusardy,Collection Charlotte Zander,art brut,art naïf,ZanderlandSous le vent de l’art brut (c’est le gros titre un peu bateau de l’expo) commence sous le regard magnétique de l’affiche et par les beaux yeux de Charlotte Z dont le portrait est accroché à l’entrée.

On aurait pu mettre aussi ceux de Martine Lusardy qui a, comme dit R.P.Turine, «dans le pactole Zander, ciblé des œuvres qui puissent faire le lien entre art naïf plus démonstratif et art brut plus direct».

Anselme Boix-Vives,halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine lusardy,collection charlotte zander,art brut,art naïf,zanderland

Car faut vous dire que cette expo halle-saint-pierresque transgresse tranquillement un tabou qui veut que art naïf et art brut soit impitoyablement discriminés. Cela ne signifie pas qu’elle mélange tout en un joyeux salmigondis.

Friedrich Schröder-Sonnenstern,halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine lusardy,collection charlotte zander,art brut,art naïf,zanderland

Au contraire. Charlotte et Martine se sont entendues à merveille pour que cette dernière puisse naviguer dans le Zanderland : le château de Bönnigheim en Allemagne dont vous pouvez vous faire idée ici avec pour boussole le GPS à tonton Dubuffet.

Collection Charlotte Zander,art brut,art naïf,Zanderland,Bönnigheim

Comme le dit le catalogue : «dans cette pelote prodigieusement colorée, patiemment enroulée» par la fée Zander pendant un demi-siècle d’explorations, «le commissariat de l’exposition de la Halle Saint-Pierre a délibérément tiré un fil et c’est celui de l’art brut».

Ce qui nous vaut des points de vue originaux sur des œuvres que l’on croyait connues et sur des catégories que l’on croyait figées une fois pour toute mais dont les frontières sont plus communicantes qu’on ne croit.

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«Osons regarder André Bauchant et Henri Rousseau  sans le jugement de la naïveté» claironne madame Lusardy et il est vrai que je ne m’étais jamais rendu compte à quel point les rochers de Bauchant pouvaient ressembler à une matière cérébrale proliférante dans ses tableaux.

André Bauchant,halle st pierre,exposition sous le vent de l'art brut,martine Lusardy,Collection Charlotte Zander,art brut,art naïf,Zanderland

La rencontre inusitée d’œuvres qu’on n’a pas l’habitude de voir rassemblées le révèle ici! Osons donc nous faire l’expo de la Halle Saint-Pierre.

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«Osons!» est un bon programme. Une invitation à penser par la grâce d’un très bô «spectacle». Comme j’ai épuisé mon forfait, je ne saurais vous en dire plus une fois (ou pour cette fois).

06.02.2011

Henriette Zéphir à la Galerie Berst

Retour à Hercule. Normal pour la petite âme errante que je suis de s’abandonner dans les bras d’un demi-dieu de l’Olympe. Surtout s’il a servi de guide d’abord à une dessinatrice médiumnique du genre d’Henriette Zéphir dont la Galerie Christian Berstmontre les œuvres jusqu’au 5 mars 2011 seulement.

Henriette Zéphir,art brut,galerie christian berst

L'art brut n°14,Jean Dubuffet,Henriette ZéphirCet «Hercule» là contresignait plus volontiers «Don Carlos», nous apprend Jean Dubuffet dans sa notice de 1966 paru dans le fascicule 14 (bleu marine) des regrettées Publications de la Collection de l’Art Brut.

Don Carlos, ça évoque  l’opéra de Verdi surtout qu’Henriette est née près de Toulouse et de son Capitole. Cet infant d’Espagne entendait la voix de Charles Quint, son grand-père défunt et Henriette aussi, dans le temps, a entendu quelqu’un lui dire «bonjour ma douce». Aujourd’hui, elle reste plutôt floue à propos des entités qui dirigent sa création. Elle dit  «on», elle dit «ils» : «ils aiment la difficulté là-haut».

Mais quand elle a commencé à œuvrer en mai 1961 et qu’elle a eu un jour la sensation de la présence de quelqu’un, dans un grand halo de lumière, à côté d’elle, elle pensait que Don Carlos avait été son mari dans une vie antérieure.

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

Dans la vraie vie, Henriette, s’était séparée de son conjoint martiniquais dont elle a gardé, j’imagine, le nom de Zéphir car il va très bien avec une dame qui aime les blés et les coquelicots. Une dame qui regarde son jardin en travaillant à ses dessins à l’écoline et à la petite plume, choisis par on et ils, parce qu’elle ne peut «en somme rien faire» par elle-même, selon ses dires dans un petit film très éclairant de Bastien Genoux et Mario del Curto projeté pendant le vernissage.

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Par pitié, Don Christian Berst, installez votre écran plus haut la prochaine fois car je n’ai pu saisir que des bribes d’images! Mais ça fait rien c’était bien quand même, vu que madame Zéphir était dans la salle et que parfois on arrivait à l’apercevoir, au milieu du petit cercle familial qui veille sur elle, malgré la foule des grands jours.

Henriette Zéphir,art brut,art médiumnique

 Faut dire que l’événement était de taille. C’est pas toutes les fois qu’un créateur d’art brut révélé par Dubuffet est présent en compagnie de ses œuvres dans ce genre de manifestation. Surtout que l’Henriette est plus de la première jeunesse, même si elle tient une forme éblouissante et est vêtue avec une élégance qui prouve que ses guides lui lâchent maintenant la grappe avec la «robe grise devenue (…) très usagée» qu’ils lui imposaient de porter, selon Dubuffet.

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En ce qui concerne celui-ci, c’était passionnant aussi d’avoir le feed-back d’une dessinatrice sur laquelle il avait écrit. Henriette a vu Dubuffet «baver» devant ses tableaux. «Il s’est mis à genoux» pour les voir. Elle était  pas tranquille» mais c’était «un homme charmant».

Henriette zéphir,art brut

Tellement y’avait de monde qu’on pouvait pas trouver un tire-bouchon et que sans mon copain Boris et son canif de poche, je faisais tintin pour le petit coup de blanc. Sur le départ, la galerie Berst me faisait penser à un aquarium bondé et il faudra que j’y retourne pour les œuvres.

art brut,Galerie Christian Berst

Heureusement, le Préfet maritime était arrivé avant moi. Sur le seuil, il m’a glissé  dans un sourire : «c’est bien, on dirait du Signac!».

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

Cette interprétation «luministe» pour une artiste qui sait projeter des «globes de lumière» sur ses proches, afin de leur servir d’anges gardiens, m’a laissée songeuse.

Henriette Zéphir,art brut,Galerie Christian Berst

18:54 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henriette zéphir, art brut, art médiumnique, galerie christian berst | |  Imprimer | | Pin it! |

30.01.2011

Le livre d’or de l’abbé Fouré

sculpture bois.jpgPauvre Adolphe-Julien! On a perdu son lit à Montreuil. On lui attribue une statue à Villeneuve d’Ascq. On cherche désespérément à retrouver ses sculptures sur bois disparues.

Quand on en déniche une, on crie illico au miracle même s’il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit. Fouré a beau être abbé, son petit «bouquet de roses» de 1904, récemment redécouvert, n’a rien de miraculeux. Il a plutôt l’air… je ne dirai pas de quoi, par égard pour la vieille dame qui le gardait en souvenir.

Mais enfin si l’ermite de Rothéneuf n’avait fait que ça, je pourrais tout de suite passer à un autre sujet. Par exemple au gros livre sur Saint-Malo-Rothéneuf au temps des Rochers sculptés qui vient de sortir aux Editions Cristel dans la cité des corsaires. Il fallait un Jéhan pour s’occuper de la chose et c’est lui qui s’y est collé. Imprimé sur 3 colonnes et sur 222 pages, vous pensez bien que je n’ai pas eu le temps encore de me farcir ce gros bouquin avec lequel l’auteur vient de décrocher son bâton de maréchal fouerrant. Mais je vous conseille de le lire.

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Attention, c’est touffu. Normal puisque l’auteur bosse depuis 25 ans sur le sujet. Et puis, le format à l’italienne, s’il met en valeur les images du site rothéneufien et les documents anciens qui accompagnent le texte, ne facilite pas la consultation. Si vous pensiez le parcourir dans le métro, c’est râpé! Votre petite âme errante vous recommande donc de fonctionner au GPS pour vous aventurer dans ce jardin d’érudition luxuriant, d’autant qu’il n’y a pas d’index.

gps-gloves.jpg

 Avant de partir, visiter le sommaire et les remerciements est aussi indispensable que de vous coltiner le mode d’emploi de votre nouveau téléphone portable. Vous comprendrez très vite que le livre de Jean Jéhan –c’est sa richesse mais son tendon d’Achille aussi– emboîte plusieurs ouvrages comme une poupée gigogne. Un album photo où l’auteur a recueilli ses meilleurs clichés réalisés depuis 30 ans. Une biographie proprement dite. Une histoire de la Côte d’Emeraude et des bains de mer à la Belle Epoque.

St Malo

côte d'emeraude.jpgLe mémoire de DEA de Valérie Baudoin, une de ses valeureuses fourmis. La préface-fleuve d’un expert en fourétitude du nom d’Alain Bouillet. Une expérimentation façon numéric art par Véronique Hénaff et Jean-François Barrière. Ajoutez à ça des centaines de notes, 6 pièces en annexe et une biblio. On sort de là rassasiés. L’auteur a un appétit de Gargantua mais il peine forcément à digérer toute cette matière rédactionnelle et iconographique.

Il est donc permis d’entrer dans son travail par des chemins buissonniers et se précipiter en priorité sur les fac-simile (ou repros intégrales) qu’il nous offre. Celui du Guide du musée de l’Ermite de Rothéneuf de 1919.

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 Celui du Livre d’Or de l’Abbé Fouré, totalement inédit.

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Comme ça, on saura qu’une visiteuse de l’époque se croyait «transportée au pays des fées». Et c’est loin d’être négligeable. Sans vouloir ajouter un angle supplémentaire à l’approche de Jéhan qui en comporte déjà beaucoup, je vous quitte pas sans vous signaler L’Ermite de Haute Folie, le petit dernier des Contes du Korrigan, une bédé de Ronan Le Breton (scénariste), Stéphane Créty et Vicente Cifuentes (dessinateurs) qui met en scène notre bon vieil «abbé Fouéré».

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22.01.2011

Un Joli Cœur brut fait Surface en Chine

couv revue surface.jpgAujourd’hui : des chinoiseries. J’ai beau être une grande fille toute simple, on dit que je me la pète, que mon tour de tête c’est 62, bref que je suis snob un max. Allez donc lutter contre ça! Alors j’avoue : oui, j’ai des lectures de femme de milliardaire mais tant qu’à faire de milliardaire chinois. J’ai découvert récemment, chez Artcurial ou ailleurs, un magazine auquel je ne comprends rien (sauf les titres en anglais) n’ayant jamais A_Colts_Cocktail.pngpoussé mes études linguistico-sinologiques au dlà des bars où l’on sert du mandarin-curaçao.

Surface qu’il s’appelle. Bon, c’est branché surtout sur la mode et le design hyper-class et je crois pas que vous fréquentiez (de + en + nombreux, merci) Animula Vagula pour ça.

Seulement, surprise!, est encarté dedans Surface un supplément de 32 pages intitulé Beautiful Heartet consacré, devinez à quoi? A l’art brut…Bingo!

couv beautiful heart.jpg

Ce qui prouve encore une fois la justesse de mon théorème: Art brut ami partout toujours. On peut maintenant le raper dans la langue de Liu Xiabo. Invités d’honneur occidentaux : le photographe suisse Mario del Curto avec une photo des cabanes du Québécois Richard Greaves et le galeriste alsacien Christian Berst avec une image de Giovanni Bosco.

Bosco main rouge.jpg

Parti de chez moi, il y a un peu plus de deux ans seulement, voilà ce créateur sicilien arrivé dans l’Empire du milieu. Géant! Mais tout ça, on connaît.

Le must c’est que ce cahier-surface en bonus qui peut se consommer à part (avis aux collectionneurs) contient aussi des repros de dessins réalisés dans des contextes psychiatriques. double page.jpg

Du moins, si j’en crois un des rares titres en anglais perdu dans un océan de chinois : The mentally ill should not be the scapegoat.

couv cahier spécial.jpg

Que les «malades mentaux» ne soient pas «des boucs émissaires», ça me paraît un bon programme et peut-être la preuve que la Chine n’est pas la dernière à se poser les bonnes questions.

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Question art brut, on reste un peu sur notre faim avec ces images mais je vais essayer d’en savoir plus. Et comme on dit dans les Shadoks : «c'est tout pour aujourd'hui» à la semaine prochaîîîne!.

15:24 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut chinois, surface magazine, giovanni bosco | |  Imprimer | | Pin it! |

16.01.2011

Akram Sartakhti, une singulière Iranienne

gateaux.jpgDimanche dernier, je me suis bourrée de gâteaux nippons, suaves comme un sofa, au finissage de l’expo L’art brut japonais qui voulait pas désemplir.

Je suis retournée aujourd’hui à la Halle Saint-Pierre pour voir s’il en restait encore.

Je suis tombée sur le commençage de l’accrochage des peintures d’Akram Sartakhti sur les cimaises de la cafète pleine de bobos et de bébés. Je devrais pas vous en parler déjà. Mais puisque cet événement de la «galerie» débute bientôt et qu’il durera que jusqu’au 13 février 2011, je mets mes scrupules dans ma pochette et mon mouchoir en dentelle par dessus.

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J’ai donc looké avec un poil d’avance ces aquarelles d’une dadame iranienne qui s’est mise à peindre à l’âge où l’on devient grand-mère, sans savoir, sans culture puisque, promise très jeune (9 ans) à un mari peu soucieux de son instruction, elle est demeurée illettrée. Visiblement sa vie n’a pas été drôle.

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Photo : Tooba Rahimi

Les infos qui nous parviennent, notamment par l’intermédiaire de Rokhsareh Ghaemmaghmi, réalisatrice de films documentaires sur son travail, nous la décrivent confrontée depuis longtemps à l’arbitraire conjugal. Tourments, jalousies, violence ont, semble-t-il, été son lot. A Dieu -une sorte de maître supplémentaire en plus consolant- elle a demandé quelque chose et ce quelque chose a été la peinture.

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 Elle se sert avec bonheur de ce cadeau, ressuscitant des souvenirs d’enfance, évoquant des légendes religieuses, des récits folkloriques. Sans misérabilisme. Avec la gaieté des couleurs vives, des scènes animées et compartimentées.

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Ce n’est pas naïf à fond, c’est parfois plutôt brut, limite dessins puérils. Cela peut ressembler à Boix-Vives en moins nuancé, en plus statique. C’est touchant, séduisant, narratif. Un peu élémentaire aussi. Les fonds ne la préoccupent guère. De la teinte pure et puis voilà. Elle a visiblement plaisir à déployer son bestiaire, ses personnages, ses bibelots.

 

 

Des chameaux dans la nuit étoilée

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de beaux oiseaux de paradis terrestres, des filles en costumes ethniques.

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Souriantes et en larmes. Voilées et menacées par des diables un peu dérisoires, des monstres enflammés mais bouffons. 

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L’inommable est tenu à distance. L’artiste a peut-être trop souffert. Elle se cantonne à la surface de sa souffrance et le spectateur en reste un peu interdit de séjour. Parfois pourtant, l’angoisse, la vraie, submerge tout sous la couche de gentillesse ou d’ironie. Ainsi va ce tableau où une tête de requin rose mord la trompe d’une créature tachetée sans défense, sous les yeux, vides, effarés ou idiots d’une bande d’oiseaux inutiles.

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Des œuvres d’Akram sont au musée à Téhéran. Son fils a montré son travail à des connaisseurs ce qui lui a valu une première exposition. A cette médiatisation, elle a gagné une certaine émancipation. Elle a participé à une sorte de festival d’art outsider. Son mari, de 20 ans son aîné, est devenu dépendant d’elle.

 

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Puisque Akram Sartakhti est venue en France, rendons lui visite! L’accompagner dans cette escalade de liberté, ne peut qu’être un plaisir.

13:10 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : akram sartakhti, art brut iranien, iran, halle st pierre | |  Imprimer | | Pin it! |

07.01.2011

Guo Fengyi vous donne encore 8 jours

coffret etaix.gifJ’étais bien décidée à coincer la bulle et à me faire une soirée-télé avec mon chéri que j’ai et le nouveau coffret Pierre Etaix qu’il m’a offert pour le nouvel hi-han mais, ânesse que je suis, je suis tombée sur Paris Art et voilà que mes plans sont pertubés. C’est que je sais bien que je n’ai pas eu l’occasion d’en faire des tonnes sur Guo et qu’il ne vous reste plus que 8 jours pour rendre visite à cette Fengyi là.

Guo Fengyi 2.jpg

Pensez donc si j’ai sauté sur l’article consacré à cette Chinoise brute du Marais que j’avais seulement effleurée dans ma récente et enfièvrée chronique sur les folles soirées de la Galerie Berst! Je l’ai dévoré en le trouvant pas mal du tout et comme la note que j’aurais pu bricoler sur le sujet ne serait pas arrivé à la cheville de ce papier, je n’ai aucun scrupule à vous envoyer dessus. J’avais pas vu tout d’abord qu’il était de Céline Delavaux mais à la relecture ça m’étonne pas.Guo Fengyi 4.jpg

Encore du Crab, me direz-vous! Et vouiii. Ils sont partout. Tant mieux, je vais pouvoir me reposer. J’aurai plus qu’à recopier ce qu’ils pondront. Aujourd’hui, avant d’aller dormir, je glisse dans mon armoire à citations la phrase que C.D. a déposée au bout de son texte comme une pointe à la fin d’un sonnet baroque

la pensée du jour.jpgL’art brut permet de continuer à penser l’art, là où il nous échappe

06.01.2011

Vie de Marcel Storr, peintre en bâtiments merveilleux

On rigole pas avec Storr. Mes allusions à cet «architecte de l’ailleurs» m’ont valu de puissants commentaires. Voir Les territoires de l’art modeste, mon post du 27 décembre 2010. J’ai donc voulu me gaver du bouquin de Françoise Cloarec (12 €).

bus 84 paris.jpgSeulement j’ai été coincée avec lui dans le bus 84 un soir de pagaille à la Concorde. Alors je l’ai lu de traviole. En commençant par les remerciements à Liliane et Bertrand Kempf, protecteurs de l’œuvre du cantonnier-constructeur de cathédrales.

Sans eux, ce livre n’existerait pas. Ce sont eux qui ont poussé l’auteur à l’écrire. Pas sûr qu’on puisse en tirer un film du genre Séraphine de Martin Provost cependant.

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Cliquer sur le livre

Car, même si Françoise Cloarec s’est livrée à un patient travail d’enquête dans diverses archives, les infos à propos de Marcel Storr, y’en a pas toujours bézef.C’est selon les périodes : enfance souffreteuse chez des campagnards où il se fait avoiner grave jusqu’à (selon lui) en perdre l’ouïe, balayeur (comme Raymond Isidore à Chartres) dans sa vie d’homme farouche et illettré, pensionnaire passager de Ville-Evrard après la mort de son épouse qu’il vit comme un nouvel abandon, lui le gosse de l’Assistance, usager d’un centre de santé enfin où il dorlote sa parano en présence d’un psy.

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Parfois, y’a de quoi et parfois non. Quand y’a de quoi, le bouquin de F.C. évolue gentiment dans le genre biographie vivante. Et ça se laisse lire. Quand elle a moins de grain à moudre, elle abuse un peu des questions : «Qui est le vrai père de Marcel?», «Qu’est-ce qui le pousse à créer?» ou glisse vers le romanesque : «ce matin, il est arrivé comme d’habitude à sept heures. Le chef est venu lui dire quelque chose qui ne lui a pas plu».

On ne saurait lui en vouloir à Françoise, d’autant qu’elle a le bon goût de caser dans ses références plusieurs écrivains. Elle clôt d’ailleurs son ouvrage par une citation de Gérard Oberlé, le chroniqueur du magazine Lire.

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L’ensemble -c’est le principal- est fluide et ne pèse pas sur le ciboulot. Fluide et fidèle au sujet. Dans la dernière partie, celle où F.C. s’est sourcée aux souvenirs précis de ses commanditaires, elle trouve des accents justes pour décrire l’urbanisme délirant et les tours fantastiques de Marcel Storr qui ne sont pas sans m’évoquer à moi celles de la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone.

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storr clocher 2.jpegElle pointe avec finesse le rapport transférentiel qui s’était établi entre ce sauvage de Storr, qui ne voulait rien vendre ni exposer, et Liliane K qui était tombée sur son œuvre par hasard un jour de septembre 1971 et ne s’en est pas remise depuis.

Surtout Françoise Cloarec démontre bien, sans avoir besoin de le dire, que Marcel Storr, par son comportement, ses qualités et ses limites, son parcours et la nature viscéralement individuelle de son travail, est un pur cas d’art brut.

Je dis ça pour ceux à qui je porte sur les nerfs quand je m’éloigne de mon dada.

Mais je suis contente aussi de constater que Storr, quand il disait : «Picasso, qu’est-ce que c’est, Picasso? Il ne sait même pas dessiner!» se fichait pas mal de la «transversalité» de son art avec les autres courants de l’art contemporain de son temps.

03.01.2011

Strasbourg : ça va chauffer pour l’art brut

A Stras, ça va chauffer! On nagera dans le paradoxe du 7 au 22 janvier 2011 puisque l’ESADS donnera carte blanche à Jean-Pierre Ritsch-Fisch. Tout le monde sait que ce JPRF, non content d’accumuler les s-c-h dans son nom, accumule aussi les œuvres d’art brut dans sa galerie. Et pour les grosses nazes (dont j’étais jusqu’à pas plus tard que ma dernière vérification sur gougueule) qui ignoraient ignoblement ce que l’esad veut dire, je rappellerai que ce sigle désigne l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg.

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L’art brut à l’école : plus rien ne m’étonne! Ecole supérieure, il est vrai. Il faudrait en effet se lever de bonne heure pour trouver une école qui se revendique inférieure. Bref, passons.

Et répétons plus fort que J.-P. Ritsch-Fisch présentera des œuvres de sa maison à l’Espace prévu pour ça inside l’ESADS (voir + haut), rue de la Manufacture des tabacs, au 5 exactement. Du mardi au samedi et de 15 à 19 h dans la fourchette de jours indiquée en tête de cette chronique. Vernissage à La Chaufferie jeudi 6 janvier 2011 à 19 h 30.

chaufferie.jpgVernissage précédé d’une introduction proférée par le galeriste et par une conférence-rencontre avec Francis Marshall, star présente dans l’expo bien que ne frôlant plus la planète brute que d’assez loin. Je sais que c’est à l’auditorium et pour le reste je n’en sais guère plus, à part son titre : Sous le vent de l’art brut. Question images, c’est total pochette-surprise. Faut vous contenter de la roulotte marshallienne. Mais ça vaudra sans doute le coup d’œil. 

23:36 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art brut, galerie ritsch-fisch | |  Imprimer | | Pin it! |

01.01.2011

Le book bloc d’Animula

De blog à bloc, il n’y a qu’un pas. Permettez-moi de le franchir en empruntant aux étudiants italiens une image, non sans l’animuliser quelque peu.

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Voici donc le rempart qui me permet de marcher contre les chaussettes à clous de la pseudo-théorie de l’équivalence artistique généralisée.

vraie chaussette à clous.jpg

Une surprise si vous cliquez sur la chaussette

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A tous et à toutes, je souhaite en 2011 de trouver boucliers semblables à leur pointure

Et de ne pas oublier que l’art brut ne vient pas coucher dans les musées d’art contemporain qui ont été préparés pour lui.

Et qu’il se sauve aussitôt que Connaissance des arts prononce son nom.

01:59 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, book bloc | |  Imprimer | | Pin it! |