Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31.05.2012

Célébration de Chemellier et de Jules Mougin

Célébrons aujourd’hui Chemellier dans le Maine et Loire. Cette commune chargée d’histoire (il y en a toute une tartine sur Wikipédia) m’offre l’occasion d’un retour sur moi-même. Au lieu-dit La Motte, il y aurait des poèmes gravés dans le tuffeau, tendre pierre crémeuse du Saumurois.

art brut,jules mougin,alain paire

cave jules mougin.jpg

jules mougin.jpgC’est qu’à Chemellier vécut Jules Mougin à qui il n’y a pas si longtemps (le 8 novembre 2010 exactement) j’ai fait un p’tit coucou de départ. J’enrageais alors de ne pas être fichue de vous citer une jolie poésie manuscrite du Facteur Mougin à son confrère Ferdinand Cheval que j’avais achetée jadis à Drouot. Et bien ça y est, je l’ai retrouvée, glissée dans sa chemise jaune parmi un épais feuilletage de coupures de presse. Elle provient de vieilles archives de Frédéric Altmann qui fonda un musée d’art naïf dans le Var. Je vous en cite un chouïa :

Ma foi, c’est pas rien de saluer

un voyant ! (…)

Il faudrait pour bien faire,

Compter les jours et les jours

Du va et vient

Génial.

Pierre par pierre.

Une pierre comme ça,

Une autre qui chuchote à la coquille,

Et la plus belle – mais si lourde –

Qui, sans aucun doute, est une larme

D’étoile !

signature jules mougin.jpg

Cette poésie, rédigée d’une main ferme et d’une plume noire le 30 juin 1975 à 17 heures, est belle dans sa forme un peu échevelée comme peut l’être l’autographe de Mougin que reproduit Alain Paire dans sa note du 13 mai 2012.

Si je vous signale cette note c’est qu’elle est toute entière occupée par un beau texte du photographe Léon-Claude Vénézia sur Jules et Jeanne Mougin.

jules mougin et épouse.jpg

Et qui est annoncée la sortie imminente de la correspondance de Jules Mougin avec Gaston Chaissac.

12:36 Publié dans art brut, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, jules mougin, alain paire | |  Imprimer | | Pin it! |

28.05.2012

Crème de CrAB

Que se mettre sous la dent en ce mois de juin 2012 qui s’avance?

crème de crabe.jpgLa crème du CrAB évidemment. Je vous l’avais dit depuis le début que ce collectif de jeunes chercheurs constitué pour gratter autour de l’art brut avait du pied (ou de la patte) dans la chaussure.

Ceux de mes lecteurs qui auraient manqué une étape n’ont qu’à, pour s’en convaincre, jeter un œil sur ma note baptismale du 18 décembre 2010 : le CrAb en pince pour l’art brut. De l’eau a coulé depuis dans l’océan d’informations qui nous parvient tous les jours au sujet de cet art brut où j’ai du mal à reconnaître mes petits.

Mais la crème du CrAB a porté ses fruits. Au fur et à mesure que ses membres mûrissaient, ce collectif de sympathiques crustacés s’est imposé comme le principal pôle de production de matière grise française, suisse et savoyarde sur l’art brut. Déjà on les envie, déjà on les imite, déjà on les courtise.

Mais les têtes chercheuses du CrAB, si elles se sont dépouillées de leurs enveloppes juvéniles, n’en continuent pas moins leur petit bonhomme de chemin savant en déblayant, sans en avoir l’air, une quantité de plages impressionnante.

page crabes.jpg

Aussi ont-elles bien fait d’accepter l’invitation de la galerie abcd à venir jouer dans son bac à sable de Montreuil-les-Pins, rue CrABoltaire, métro CrABespierre (Monteuil-sous-bois, 12 rue Voltaire, métro Robespierre, vous aurez rectifié vous-mêmes ).

abcd montreuil.jpg

Faut-il que la crème de CrAB ait des vertus revigorantes pour qu’une collection de l’importance de celle de Bruno Decharme lui ouvre ainsi la possibilité de jouer avec ses jouets! Car -et c’est à ma connaissance là que réside l’inédit- ce sont les membres du CrAB eux-mêmes qui se chargeront de la conception et de l’accrochage de l’exposition qui se déroulera chez abcd du 2 juin au premier juillet 2012. Pourvu qu’ils ne deviennent pas CrABêcheurs après ça!

annonce abcd.jpg

écrits bruts.jpg

Le vernissage aura lieu le samedi 2 juin à 17h 30 mais comme le CrAB a le don d’ubiquité vous aurez pu avant aller écouter Fanny Rojat qui planchera sur les missives d’Henri Bessaud Narboux (un «écrituriste» brut révélé par Michel Thévoz) à l’Institut de Théologie Protestante (77 bd Arago) dans le cadre du séminaire de Lise Maurer.

Il est tentant aussi d’aller se goinfrer au brunch abécédien en accès libre qui suivra le 16 juin la huitième session du séminaire CrAbique à l’INHA.

Les accros à la crème de CrAB pourront aussi venir à Montreuil chaque week-end du mois de juin où des membres du collectif les chouchouteront et les pinceront gentiment s’ils s’assoupissent pendant que Pauline Goutain leur interprétera sa chanson du grand Wölfli

grand wolfli.jpg

que Vincent Capt leur fera la lecture ou que Baptiste Brun les initiera à la broderie bigoudenne qui vient de Mandchourie.

le calligraphe 2.jpg

La crème du CrAB, comme la manne, sera par ailleurs distribuée à droite et à gauche en ce printemps. A Fontainebleau, à Annecy, à Bruxelles, à Cergy-Pontoise. Pour plus de détails, voir la newsletter du CrAB de mai 2012. Vous verrez que, outre les crabes déjà cités, Emilie Champenois, Céline Delavaux, Déborah Couette, Roberta Trapani n’auront pas volé leurs vacances d’été. Ils auront bien mérité de Gaston Dufour et des autres.

rhino noir duf.jpg

25.05.2012

Dubuffet métallisé

A force de parler de lui on le croirait immortel. Du moins ses idées sont si vivantes -bien que (ou parce que) réfutées, adulées, controversées, serinées, travesties, déclarées démodées ou indémodables, ratatinées, oubliées ou du plus pur acier inoxydable- qu’on a de la peine à l’imaginer mort. Même moi, votre petite âme errante, hourloupiste de la plus belle eau, je viens de me rendre compte que jamais, au grand jamais, je ne m’étais préoccupée de savoir où était sa dernière demeure.

Jean_Dubuffet_sépulture.JPG

Grâce à Lars Ulrich, le batteur du groupe Metallica, je sais maintenant que Jean Dubuffet repose près de sa chère Lili dans le cimetière du village natal de celle-ci, Tubersent dans le Pas-de-Calais. Grâce à Lars Ulrich et grâce à La Voix du Nord.

couv rolling stone 43.jpg

Dans le numéro 43 du 20 avril 2012 du magazine Rolling Stone, le musicien a, en cours d’interview, déclaré au sujet de Dubuffet : «Ah, mon artiste préféré de tous les temps! C’est le parrain de l’art brut, de tous ces artistes qui se sont dégagés de toute éducation superflue pour sortir un art essentiel, primitif, essentiel.»

dubuffet-paris-montparnasse.jpg

Ce qui lui vaut de la part de La Voix du Nord qui a remarqué ce propos, le commentaire un poil ironique suivant : «On est à deux doigts du pèlerinage du batteur californien à Tubersent, où repose le créateur de l’Hourloupe qui a également donné son nom à une rue.» Comme si c’était carrément incongru que le heavy metal croise la route de l’art brut!

bavoir.jpg

Comme si l’art brut n’avait droit qu’aux épousailles avec les conceptualités snobardino-contemporaines! Et si, petit doigt en l’air pour petit doigt en l’air, celui de Lars Ulrich, à tout prendre était préférable? Tubersent n’a pas de musée et Lars Ulrich pourrait bien être sincère quand il dit à propos de l’art brut : «ça me parle beaucoup, y compris en tant que musicien».

23:55 Publié dans art brut, Gazettes, In memoriam, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean dubuffet, lars ulrich, metallica | |  Imprimer | | Pin it! |

13.05.2012

Dématérialisation du V

démat.jpgTrop de papiers chez moi. Je froisse, je jette, je déchire, je dématérialise à tour de bras. J’ouvre de nouvelles fenêtres, je crée des dossiers. Je scanne des trucs zarbis qui tombent de l’air du temps.


Tel ce «recueil historique» consacré à la 22e lettre de l’alphabet : le V (de la Victoire, bien sûr).

pascal g.dubonville,robert mahélin,augustin lesage,art brut,catherine donzel,orell füssli,photochrom

Je possède deux exemplaires, dans des formats différents, de cette brochure, publiée au début juillet 1945, que les marchands de raretés bouquinières ont tendance à classer dans la mouvance des productions relevant de la folie littéraire.

lettre V 2.jpg

Folie typographique plutôt puisque Pascal G. Dubonville, l’auteur-éditeur, qui se présente comme «prisonnier-déporté», a adapté son texte libératoire pour le saturer de V imprimés en cap et en gras par G. Granguillot, «maître-artisan F.F.I.». «Hitler-le-Vampire, le Verbeux Goebbels, Himmler-la Vipère et le Volumineux Goering» en prennent pour leurs grades et ce n’est pas dommage.

bal popu.jpg

Les plaies de la guerre sont encore ouvertes et les illustrations du peintre Robert Mahélin évoquent, dans un style narratif à l’expressionnisme teinté d’innocence, les crimes des Nazis et de leurs séides collaborationnistes, les combats des Alliés et de la Résistance, les bals de la paix.

votez.jpg

Vive la Vie Véloce, Véritable et Vibratoire donc! La beauté bordélique de l’art brut aux antipodes des austérités de l’uniformément laid! Rien de tel pour vous remettre un cœur fatigué à l’ouvrage.

pascal g.dubonville,robert mahélin,augustin lesage,art brut,catherine donzel,orell füssli,photochrom

A trop dématérialiser, il arrive qu’on se dématérialise aussi. La rationalisation a du bon mais le désordre aussi. Du moins cette forme supérieure du désordre qui favorise les transversalités.

para.jpgVoici, tombés sur ma table d’opération comme le parapluie et la machine à coudre de Lautréamont, cette composition décorative d’Augustin Lesage et cette image du temple de Madurai qui orne la couverture de En Inde, un livre de Catherine Donzel (De Monza Editeur, 2007).

couv en inde.jpg

Rien que pour le plaisir de suggérer aux amateurs de sources (ou de passerelles entre art brut et productions culturelles médiatisées) une piste photographique possible : celle du procédé Photochrom dont le brevet fut déposé en 1888 par le Suisse Orell Füssli. Ce procédé d’impression lithographique à base de photographie fut supplanté par l’invention de la photographie en couleurs et abandonné dès les années 1910. A cette époque, le mineur Lesage avait 34 ans. L’année suivante il entendra une voix lui annoncer son destin de peintre.

Augustin lesage

Le Photochrom avait la particularité de permettre un rendu des couleurs «d’une subtilité et d’une richesse inouïes» (opus cité). Il n’est pas impossible de penser que Lesage ait été sensible à l’ambiance poétique un peu irréelle qui caractérisaient ces photos-souvenirs en couleurs, commercialisées dès 1889 par Photoglob, la société créée à Zurich par l’inventeur du procédé. A condition bien sûr qu’elles lui soient tombées sous les yeux.

Hypothèse, Hypothèse. Hypothèse risquée, peut-être, mais qui porte à rêver.

23.04.2012

Beauté pliée à Haarlem

Vous reprendrez bien un p’tit coup de Hollande? Mille marmites (comme dirait le Père Peinard), cela s’impose, en ces temps républicains! Aussi ma chronique sera-t-elle batave en ce soir de grande lessive électorale.

batavia 2.jpgEt puisque la batavia est au menu, quelques mots en néerlandais d’abord : «Museum Het Dolhuys in Haarlem presenteert Verborgen schoonheid uit Japan, een tentoonstelling met bijna 1000 kunstwerken van 50 verschillende kunstenaars».

Même si vous êtes un francophone endurci, vous avez compris que mon néerlandais avait les yeux bridés.

posterbeeld800.jpg

Et fûtés comme le sont les Animuliens fidèles, vous avez deviné de quoi il retourne. Je vous parle d’une exposition. Elle a lieu dans un musée de Haarlem (jusqu’au 2 septembre 2012). Elle présente environ 1000 pièces d’environ 50 créateurs japonais de l’espèce «outsider art».

Pour citer la version en idiome international : «Het Dolhuys museum located in Haarlem, presents Outsider Art from Japan, an exhibition of nearly 1000 artworks by 50 different artists».

Pour ceux qui comme moi, l’ignoraient encore ce matin, Het Dolhuys est un jeune musée de psychiatrie fondé en 2005. Il vise à interroger les conceptions de la folie en invitant ses visiteurs à réfléchir au lien entre normal et pas normal. Dans le but de concourir à préserver les personnes rencontrant des problèmes psychiatriques de certains préjugés tenaces (du genre : «rien de beau ne peut sortir de la folie» comme a osé le prétendre notre calife sortant, un jour où il venait de traiter de zinzin un de ses rivaux du même camp que lui).

het_dolhuys.jpg

Hans Looijen, le directeur du Het Dolhuys ne craint pas, lui, de se coltiner cette verbrogen schoonheid. «Beauté pliée» si j’en crois l’équivalent tordu que j’ai obtenu avec Gougueule-Traduction. Avouons que les approximations de celui-ci ont du bon quand elle dérapent comme ici dans le poétique.

marie-suzuki.jpg

Marie Suzuki

Cette beauté pliée, il l’a rencontré tout d’abord à Paris en 2010 en visitant l’expo Art brut japonais (en ce temps là, on n’avait pas peur du mot à la Halle Saint-Pierre) qui fit un score de 120.000 entrées, selon H.L. Il aurait pu la croiser auparavant à Lausanne en 2008 dans l’expo Art brut du Japon.

sawada-shinichi.jpg

Sawada Shinichi

Curieux des destins respectifs des différents auteurs, Hans Looijen a poursuivi la beauté pliéejusqu’au Japon et l’a assise sur ses genoux. En collaboration avec l’Aiseikai Organization et le No-Ma bordeless art museum in Japan, et après avoir rencontré les créateurs dans les institutions qui les protègent et les encouragent, il a sélectionné le riche matos de son expo haarlemienne actuelle.

takashi-shuji.jpg

Takashi Shuji

Car, attention, l’expo du Museum Het Dolhuys n’est pas une simple réplique du précédent tsunami parisien! 25 des créateurs japonais présentés à Haarlem exposeront pour la première fois en Europe. In english : «around 25 artists will exhibit for the first time in Europe».

yukiko-yamada.jpg

Yukiko Yamada

09.04.2012

Dépotintô, dépotintè, Tô é dépotintô

Blason_Montbrison.jpgJe peux pas vous servir que du réchauffé. Je me tourne donc vers Montbrison. On est cachottier dans cette capitale du Forez. Une expo intitulée De l’art brut et d’autres choses vient d’y débuter et on ne nous le dit pas ou alors à mots couverts (que fait la PQR ?).images.jpg

A vrai dire, ça fait plusieurs mois déjà que j’avais vent du projet mais j’avais oublié avec tous les chats que j’ai eu à fouetter

A Montbrison, il y a un musée et c’est là que sera abritée jusqu’aux frimas de novembre 2012, ladite expo qui mêle gaillardement, selon le programme, «des œuvres majeures de la Collection de l’hôpital parisien Sainte-Anne», «le travail d’Alain Rault, sans domicile fixe rouennais», «des dessins suggérés (sic) aux pensionnaires de l’établissement Charles Foix», des «objets de tranchées de la Grande Guerre», «des objets perruqués» et «quelques œuvres d’art brut inédites de Sylvia Marquet».

musée d'allard.JPG

Ce rassemblement pour le moins hétéroclite (inauguré le 5 avril 2012) a pour cadre l’ex hôtel particulier de Jean-Baptiste d’Allard (1769-1848), un militaire passionné de taxidermie. Pour l’anecdote, précisons que le cabinet de curiosités, légué par cet aimable rentier à sa ville, comprend un prisonnier espagnol de l’époque napoléonienne, proprement empaillé après avoir été victime d’un accident du travail mortel sur le chantier de l’hôtel d’Allard alors en construction.

soldat naturalisé.jpg

Charmant écrin pour une expo qui souhaite aller «au delà du silence»! Celle-ci s’inscrit dans «le feuilletage actuel de l’art brut»( ?). Comprenne qui pourra.

Ni l’art des poilus de 1914-1918, ni les objets fabriqués pour eux-mêmes par les ouvriers durant leur temps de travail n’appartiennent, bien sûr, au domaine de l’art brut. Il y a bien, parmi les très rares reproductions proposées à la curiosité du public, un Aloïse mais il n’est pas des plus fameux.

Aloïse Corbaz.jpg

Vraiment, on vit une drôle d’époque. Il y a de véritables expositions d’art brut qui ne veulent pas dire leur nom (l’expo actuelle de la Halle Saint-Pierre à Paris par exemple) et, réciproquement, des expos qui se parent imprudemment du label comme celle de Montbrison. Cela ne veut pas dire qu’il faille négliger ces dernières. Allons à Montbrison pour éprouver nos définitions!

carte musée allard.jpg

Je ne crois pas pour ma part que l’activité grapho-compulsive d’Alain Rault puisse être qualifiée de «travail» comme n’hésite pas à l’écrire Henri Pailler, le conservateur en chef des Musées du Forez. C’est un contresens de croire que monsieur Rault s’inscrit dans un projet comme n’importe quel artiste contemporain.

playboy communista alain rault.jpg

Je ne suis pas bien convaincue non plus que les créations de Sylvia Marquet relèvent de l’art brut bien qu’elle expose chez Ritsch-Fisch.

ruslana-korshunova--paris--sylvia-marquet.JPG

Mais chacun est libre. Et si quelque Animulien passe par Montbrison qu’il n’hésite pas à nous donner ses impressions! Et même ses images car on est plutôt chiche de visuels du côté de chez Allard.

08.04.2012

Retour du Carrousel

«Here we are again!» comme dit Lionel Barrymore dans You can’t take it with you, le mémorable film de Frank Capra.

here we are again.jpg

autochenille.jpg«Coucou, nous revoilou!» en langage animulien standard. J’ai pris du retard. Des tas de bâtons se sont mis dans les roues de ma petite auto-chenille et j’ai perdu les pédales.

Raison pour laquelle je vous ai interprété «blogue en pause» pendant plusieurs jours. Avec tout ça, je ne sais plus où j’en suis, même si je me dis : «Bouge ta vie!».

bonbons.JPGLa dernière chose dont je me souvienne c’est la jolie coupe de bonbecs où j’ai puisé sur le stand de la Galerie Béatrice Soulié qui exposait les «Pierres noires» de Paul Rumsey au salon du dessin contemporain du début du mois.

stand B Soulié.JPG

Cet artiste anglais a beau ne relever en rien de mon dada brut, je dois dire qu’il ne m’en a pas moins collé une pêche au creux de l’estomac de ma petite âme errante avec ses fusains borgésiens et ses vanités cosmiques.

rumsey  beatrice soulié.jpg

Genre pas brut pour un sou non plus mais super-intéressant quand même, les très originaux collages de Lance Letscher sur le stand de la Galerie Vidal-Saint Phalle. Je ne sais pas comment cet artiste se débrouille mais il échappe aux poncifs métaphoriques surréalistes trop souvent de règle en matière de collages.

lance letscher.JPG

Et même quand Dada l’effleure ou le constructivisme c’est avec une vertigineuse dextérité qui fait exploser les influences au sein de compositions vraiment ambitieuses car vraiment éclatées. Malheureusement il y a toujours un gros lourd pour pointer son nez au moment où je prends la photo.

lance letscher gros nez.JPG

Mais ceux que ce travail passionne pourront le retrouver au 10 rue du Trésor dans le 75004, adresse de la Galerie VSP.

Pour finir, quelques clichés tombés de mon album lors de la visite. Pour ceux qui n’étaient pas au Carrousel du Louvre, j’ai ouvert le cartonnier du Creative Growth d’Oakland dont le stand très mimi tout plein mutipliait les murs par trois grâce à sa gestion optimisante de l’espace.

Donald Mitchell

En témoigne ce panneau de Donald Mitchell avec -notamment- des petits formats rectangulaires plus diffus que d’ordinaire. On y reconnaît le personnage générique de DM mais «le bonhomme s’est collapsé dans le paysage» comme l’expliquait Gaëla Fernandez qui officiait ce matin là quand je suis passée chez elle.

gaëla Fernandez,Creative growth art center

En A19, chez Christian Berst Art Brut Paris, on s’affairait autour d’une video qui prolongeait sa grasse matinée. Mention spéciale du jury pour la collaboratrice du galeriste dont le caraco vert dérogeait heureusement à l’uniforme noir adopté par les dames présentant les œuvres sur les autres stands.

stand Ch berst.JPG

L’endroit nous la jouait loft cosy autour d’un gobelet de café, la spécialité du patron. L’accrochage se distinguait par sa cohérence et son unité au service d’une réelle élégance intellectuelle. Quand c’est bien, faut le dire.

eric benetto.JPG

J’ai vu d’un autre œil qu’à la galerie la boîte métallique lumineuse mettant en valeur les radios peintes à l’encre de Chine par Eric Benetto, un copain de l’Abbé Coutant, lui-même pote à Gaston Chaissac.

Eric Benetto

Même si on peut chipoter l’encadrement qui ajoute sa dimension «art-contemporaine» à ces œuvres de méditation fantomatique, on doit admettre que s’ouvrait là, dans ce salon de mieux en mieux professionnel, une fenêtre sur un «nouveau monde» de mystère.

Eric Benetto

19:26 Publié dans art brut, De vous zamoi, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

26.03.2012

J.D.J. ouvre l’œil

Iris Clert dans la Gazette de l’Hôtel Drouot, forcément ça fait tilt. Surtout si son portrait est l’œuvre de Gaston Chaissac qu’elle exposa dans sa galerie au beau temps du pop.

iris Clert,Gaston Chaissac

Chaissac Iris Clerc.jpg

Aujourd’hui, ce qui fait boum c’est la vente publique où figurera samedi 31 mars 2012 cette gouache-missive réalisée au verso de dessins d’enfants.


Je dis «boum» parce que cette vente intitulée L’œil de J.D.J est incontestablement l’événement de la semaine pour ne pas dire plus. Les petits détectives ne devraient pas avoir trop de mal à deviner le nom de celui qui se présente sous ces initiales. Laissons lui l’avantage de cet anonymat qu’il partage d’ailleurs avec un des dessinateurs représentés dans le catalogue : Dominique le tricoteur, pour ne pas le nommer.

couv cata JDJ.jpg

Le catalogue qu’on peut feuilleter sur le site du commissaire-priseur C.J.D. (Christophe Joron-Derem) profile de cette manière ledit J.D.J. : «historien d’art passionné, commissaire d’expositions, a conseillé pendant plus de 30 ans un groupe de collectionneurs». L’ensemble d’œuvres de la vente qui comprend de très beaux Macréau

Michel Macréau sans titre.jpg

un Scottie qui fait peur tellement il est sublime de mystère

scottie.jpg

des Nitkowski très bien choisis, un Aloïse pas banal, des Boix-Vives qui se laissent super bien regarder et des Chaissac que je mettrais volontiers dans ma cambuse) provient de ces collections particulières.

concierges boix vives.jpg

La démarche me rappelle celle de La Peau de l’Ours, cette asso de collectionneurs qui, au début du 20esiècle, s’étaient constitué un joli stock de cubistes, nabis et autres fauves pour s’en délecter un certain temps avant que celui du business soit venu.

bear-sleeping-bag.jpg

Sauf que là c’est plutôt aux frontières de l’art brut, sur les terres de la Figuration narrative, de l’Art naïf et de la grande Singularité inclassable que cette éphémère collection a été constituée avec Patience et Circonspection, petites sœurs d’un goût très sûr. Evidemment, il vaudra mieux être thuné samedi si vous voulez vous aligner car m’est avis qu’il y aura de la concurrence. Mais comme c’est la fin du mois, vous aurez touché vos petits sous. D’ailleurs, l’étude est bonne fille et certains lots sont loin d’être inaccessibles pour qui veut absolument repartir avec un petit souvenir de la vente. De belles photos de Chaissac prises en 1962 par la journaliste Renée Boullier sont estimées ainsi dans les 300/600 zorros. Cliquez bien sur «Lire la suite» quand vous consulterez les descriptions des 57 lots proposés à votre rapacité. Cela vaut le détour.

autoportrait Lobanov.jpg

Surtout la première, un autoportrait d’Alexandre Lobanov. Pour la bonne raison que c’est là que vous trouverez l’avant-propos (assez touffu car à plusieurs voix) de la vente. Je vous recommande surtout la partie centrale, bien torchée car philosophique et onirique. Cette réflexion-méditation sur l’œil et le regard, qui cite J.-B. Pontalis et Roland Barthes, est due à un jeune chercheur du nom d’Olivier Jacquemond. Bon, je vous ai mis les points sur les i alors maintenant, tous à l’expo, tous à la vacation!

23.03.2012

DRAWING NOW, Dan Miller à Paris

On m’écrit de New York. Les magnolias sont en fleurs.

magnolias new york.jpg

Ici, le printemps fait ce qu’il peut mais il a du sang sur la tête et cela plombe l’atmosphère. Je me réfugie dans le rêve. Dans un paysage vert et vallonné qui fait penser à une Suisse normande quelque peu américaine, je roule en dormant derrière un cycliste coiffé d’un casque tout blanc. «Dan Miller!» me dis-je, en ouvrant les yeux parce que suis pas en avance vu qu’il est déjà 8h.

Dan Miller

Dan Miller, vous savez, c’est ce peintre-dessinateur qui tresse les lettres de l’alphabet et superpose les lignes de mots en échappement libre pour aboutir à des sortes de mille-feuilles graphico-insignificatoire. Dan miller

Il fait partie des 5 d’Oakland dont je vous ai parlé, il y a 5 ans, dans ma note Montreuil California. Dan Miller, dont la tête est toujours protégée parce que l’épilepsie dont il souffre risque de le faire chuter, fréquente le Creative Growth Art Center.

Outside In 670x250.jpg

Celui-ci exposera pour la première fois au salon du dessin contemporain qui se tiendra au Carrousel du Louvre du 28 mars au 1er avril (ce n’est pas une blague!). Trois de ses vedettes au programme : Donald Mitchell, Dwight Macintosh et… Dan Mimi himself.

logo4-300x200.jpg

On conçoit que pour le creative Growth la semaine prochaine sera très excitante puisqu’un autre événement majeur se profile pour lui, relativement à Dan Miller encore. Il s’agit de l’expo à la galerie parisienne Christian Berst qui sera vernissée samedi 24 mars 2012 de 16 à 20 h, entre le goûter et l’apéritif.

Invitation-Miller_.jpg

Le message-annonce du CGAC ne dit pas si les viennoiseries et les cacahuettes seront au rendez-vous. Cependant je le cite : «Dan Miller’s first solo show in France, Graphein, wild be held at the prestigious art brut gallery, Galerie Christian Berst. The title of the show is greek for «mark-making» or writing/painting and perfectly depicts Miller’s tireless creativity-superimposing considerable layers of writing to the point abstraction».

couv AREA mars 2012 .jpgQuasi dans les mêmes heures, au fond de la cour et au 2e étage du 50 rue d’Hauteville dans le 75010, on fêtera la sortie du nouveau numéro de la revue Area : Artiste, un métier ?

La revue d’Alin Avila s’interroge «sur le statut de l’artiste et son rôle dans la société».


art brut,galerie christian berst,daniel miller,creative growth art center,salon du dessin contemporain,revue area,alin avila

Cela a son charme aussi.



En se démerdant bien on peut facilement se faire les deux vernissages, pas si éloignés sur Google maps.

itinéraire.jpg

17.03.2012

La Chine et la Corée exposent leur « art brut »

nanjing natural art center.jpgVous connaissez le Nanjing Natural Art Center?

Korea art brut.jpgEt le Korea Art Brut de Séoul?

Et bien moi non plus!

Je viens de découvrir en bidouillant sur le net que le premier était une institution chinoise toute récente (novembre 2011), dédiée –paraît-il– à l’art brut et située à Jiang Xin Zhou (du diable si je sais où c’est).

Mr Li

œuvre de Monsieur Li

Le second est un organisme social créé en 2008 et dirigé par un Professeur du nom de Tongwon Kim, auteur d’un livre sur l’Art brut coréen dont j’ignore tout.

coréen 2.jpg

Tous deux «à but non lucratif», le NNAC et le KABS ont pour mission d’encourager la création de personnes mentalement différentes des pékins ordinaires que nous sommes et de suspendre des passerelles entre les premières et les seconds.

Pour la première fois chez nous, des œuvres provenant des collections de ces deux centres vont être exposées du 19 au 30 mars à Lyon. Et dans 3 lieux, svp! L’Alliance Française où aura lieu le vernissage le 19 mars à 20 h, la Mairie du 7e et la Bibliothèque U Chevreul.

art brut,art brut chinois,art brut coréen,nanjing natural art center,korea art brut,tongwon kim,lybr,art populaire contemporain,itinéraires singuliers,baptiste brun,céline delavaux

Ceci à l’initiative d’un Collectif des mardis bruts, réunion de 9 étudiants (ça me rappelle quelque chose) de l’Université Lumière Lyon II, originaires de 6 pays différents dont la Chine et la Corée du Sud of course. Ce sera le premier bal du Lybr, autrement dit Lyon brut. Le soir de l’inauguration, une Table ronde, modérée par le chevalier Baptiste Brun, planchera vers les 18h30 sur la diffusion de l’Art brut au delà de l’occident.

programme lybr.jpg

Quelques jours plus tard, on retrouvera Monsieur Brun, plus du tout lyonnais mais dijonnais. Cet homme passe autant de temps dans le TGV qu’un preux du Cycle arthurien sur son palefroi! Il officiera de bon matin le mardi 27 mars 2012 à la Nef de Dijon, place du Théâtre. Son intervention intitulée Du Populaire au Brut s’insérera (et ri et ra) dans une Journée d’étude sous l’égide de la Biennale organisée par l’asso Itinéraires Singuliers.

affiche 2012 itineraires singuliers.jpg

Consultez le programme pour zyeuter les noms des  intervenants parmi lesquels j’ai noté au vol : Denis Humbert de Laduz, Bruno Gérard de La Pommeraye, Karine Fol of Bruxelles et Barbara Safarova(bcd) de Paris.

kir.JPGJ’avoue qu’à la lecture de l’intitulé de la journée : «Brut, populaire, contemporain : faites vos jeux!». Penser l’art hors catégories, j’ai failli grimper dans les tours.

Je fulminais toute seule devant mon kir bien frais (apéritif d’ambiance) que, nom d’une Hourloupe, l’art brut ne pouvait pas être réduit à une vulgaire catégorie comme les autres. Que c’était un concept, une philosophie, une rage de vivre. Et patati et patata.

Mais le soufflé est retombé très vite à la lecture du préambule, probablement inspiré par Céline Delavaux, une des têtes pensantes de ce colloque : «L’art brut détient la capacité de dépasser des catégories aussi disparates et périmées qu’art des fous, art médiumnique ou art populaire, aussi floues qu’art autodidacte ou art spontané. Aujourd’hui encore, cette expression, que Dubuffet a finalement élaborée en concept, nous permet de penser (…) l’art dans son rapport à la société».

«Ma vieille Ani, tu t’es fait avoir!» me suis-je dit. «Ce titre là c’est du teasing et tu es tombée dans la provoc».