01.08.2011
Dernières rafales à la Halle St Pierre
On me cache tout, on me dit rien. Heureusement qu’il y a les blogues! Sinon je serais informée vraiment sur rien. La vérité me vient ces temps-ci du camarade Thaddée qui, sur le sien (de blogue) : Thaddée ou l’hérésie tranquille me met la honte sur la face en me rappelant qu’il n’y en a pas que pour la province et que ça urgeotte aussi du côté de Paris. Je me permets de l’appeler «camarade» parce qu’il se sert de ce beau mot pour ses liens. «Je me réveille un peu tard», dit-il, le 28 juillet.
Mais non, Thaddée, il n’est pas trop tard pour une petite piqûre de rappel en faveur de l’expo Sous le vent de l’art brut à la Halle Saint-Pierre of Montmartre! Foutons pas le trac aux régionaux de tous les pays qui visiteront la capitale en août. Ils ont jusqu’au vendredi 26 août 2011 pour aller respirer ce vivifiant vent là. Votre récent post devrait les stimuler.
Dans le genre, il faut que je signale aussi l’entretien un peu échevelé de Martine Lusardy, la cheftaine de la Sainte Halle avec la journaliste Chloé Jourdan. C’est sur Almanart, L’Almanach didactique art actuel design photo. L’entretien est entrelardé de grains de sel de la rédaction qui se croit obligée de veiller au grain de l’art contemporain.
Il n’en contient pas moins des phrases qui font réfléchir. Exemple : «La médiatisation de l’art brut s’est accompagnée d’une certaine dépossession des œuvres par les artistes. Une difficulté est le maintien de l’altérité dans l’art brut, de ne pas diluer cette altérité dans un discours intellectuel. Alors si les musées gomment ces caractères autres, ils ne sont peut-être pas le moyen approprié pour conserver cette altérité».
08:55 Publié dans art brut, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (5) | | Imprimer | | |
28.07.2011
Elephant tweet
C’est les vacances. Plus rien à la téloche. J’en profite pour visionner mes DVD en retard. Bricoleurs de paradis, celui de Rémy Ricordeau. 52 mn. «Ce film est une dérive en quête d’environnements insolites d’art populaire» nous dit la présentation. Dérive, ça me rappelle un truc. J’aime bien. La musique de Jean-Christophe Onno (accordéon diatonique et scie?) aussi.
J’aime moins le côté téléphoné des questions de l’interviouveur qui va jusqu’à traduire ce qu’on lui dit pour l’accommoder à sa sauce. «On est saisi de partout!» devient ainsi : «Y’a pas de liberté». Peu d’écoute, peu de tact.
On passe allégremment sur les scrupules de Madame Taugoudeau qui a honte de montrer le jardin de son mari envahi par les ronces. On insiste pour fureter derrière la maison de M. Pailloux qui n’y tient guère. Le contraire d’un travail d’ethnologue. Une curiosité réelle mais gauchie par des idées préconçues.
Les créateurs sentent qu’on veut leur faire dire quelque chose. Ils se défilent. Avec précaution : «j’vois pas où vous vous voulez en venir…» (André Gourlet) ou avec netteté : «on fait ce qu’on veut dans son jardin!» (Yvette Darcel). Le résultat est le même. L’impression d’un étrange malentendu.
C’est pourquoi il faut approuver Rémy Ricordeau d’avoir engagé Bruno Montpied comme acteur. La confrontation de celui-ci avec un habitant-paysagiste a quelque chose de surréaliste et de pittoresque à la fois. Le naïf dans l’affaire n’est pas celui qu’on croit. La confrontation des autodidactes de l’art avec le dilettante de l’entretien filmé, c’est son angle à Ricordeau.
Et cet angle a l’avantage cinématographique de lui permettre de belles prises de vue sans que les créateurs donnent l’impression d’être scotchés à leur création. L’énergie que ceux-ci doivent déployer pour se garer des gros sabots de leur interrogateur leur fait oublier la caméra. Plus spontané nous apparaît, grâce à ce film, leur lien avec leurs œuvres. C’est particulièrement vrai pour André Pailloux dont la gentillesse et le ludisme cinétique, sont le clou de ce spectacle bienencontreusement sous-titré, selon le mot du sculpteur-paysagiste Alexis Le Breton, Le Gazouillis des éléphants.
Le livre de B. Montpied qui accompagne ce DVD s’intitule lui : Eloge des jardins anarchiques. On me dira que rien n’est plus ordonné que ces jardins là. On me dira que très peu de ces créateurs à l’état brut se réclament d’une doctrine politique -certes estimable- à laquelle l’auteur se plait à professer inclination à tout bout de champ.
Moi, je ne dirai rien. Je me contenterai de faire référence à la vigoureuse campagne d’auto-promotion développée par B.M. sur son blogue à propos de ce recueil d’articles fort documentés (pour beaucoup déjà publiés dans le passé et remaniés ici pour l’occasion).
Voir les notes du 15 mars 2011, 19 mars 2011, 20, 22, 26 et 30 mars 2011 ; 9 avril 2011 ; 1er mai, 3 mai, 22 mai 2011 ; 5 et 26 juin 2011 ; 14 juillet, 21 juillet 2011
A charge pour son éditeur d’en apprécier les effets.
22:10 Publié dans art brut, Ecrans, Ecrits, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : art brut, environnements populaires spontanés, rémy ricordeau, bruno montpied | | Imprimer | | |
21.06.2011
L’appel du 18 juin à la Fabu
18 juin 2011 : pierre blanche dans les annales de la Fabu.
Non seulement parce que Francis Marshall dédicaçait son recueil de réclamations ou parce que café et chouquettes étaient au rendez-vous des retardataires du matin.
Mais parce que cette journée d’étude et de fun organisée par le CrAB fut tout simplement une sacrée bonne chose à glisser dans l’armoire aux souvenirs.
Ils étaient venus, ils étaient tous là. Même ceux du sud de l’Italie, même ceux de Rives dans l’Isère.
Pourtant le ciel menaçait la tour de Pierre Avezard. J’eus beau exécuter ma danse de conjuration de la pluie, le temps nous la joua jusqu’au bout schtroumpf grognon.
Ce qui divisa l’assistance en deux groupes distincts.
Le camp des enragés optimistes qui s’installent dehors pendant les pauses et celui des gens prudents qui s’abritent sagement dans l’atelier spacieux d’Alain Bourbonnais, le héros du jour.
Heureusement, les projections, les visites, les causeries et les performances réconciliaient tout le monde dans un joyeux brouhaha de chaises remuées et les zims et les zoums de mon kodak numér-hic (votre petite âme errante n’ayant pas craché sur le gentil vin blanc de Bourgogne).
On se refit tout le toutim de la collection avec des ho! et des ha! aux retrouvailles et aux découvertes. Devant les machines de Monchâtre, Roberta Trapani faillit pousser la canzonette.
Catherine Ursin, dans ses jolies pompes bleues, était captivée par les masques de Nedjar.
Fanny Rojat, dans une attitude favorite, jouait les mystérieuses au stand Ratier.
Je mitraillais pour ma part dans le groupe d’Agnès B (comme Bourbonnais) car les photos exceptionnellement étaient permises.
Pas mécontente de revoir le mobilier de Podesta
l’épouvantail du tunnel
la vache de Landreau
Question conférences, j’avoue que je me suis dissipée un peu. C’était rigolo d’essayer de capter Déborah Couette qui planchait à contre-jour sur L’Atelier Jacob. Heureusement, elle agite sa chevelure au fur et à mesure qu’elle progresse dans son sujet!
On s’entassa ensuite dans la beaucoup plus sombre salle de projection pour «Il avait un côté campagne», le laïus de Baptiste Brun sur Alain Bourbonnais et le petit monde de l’art des année soixante.
Seules la faim et l’arrivée inopinée de la racaille des Turbulents (qui s’échappèrent bientôt en direction du lac) eurent raison du conférencier qui charmait la galerie.
Avant de poursuivre le programme scientifique avec la séance médianimique du Sâr J.-L. Lanoux qui évoqua les mânes de Simone Le Carré-Galimard
on se rua sur le pique-nic. Pauline Goutain mit au service de la collectivité des talents insoupçonnés de découpeuse de terrine .
Pour finir Jano Pesset pointa sa belle barbe de Père Noël que l’on aperçoit ici derrière le franc sourire d’Emilie Champenois.
La présence réelle de Michel Ragon fut attestée par le biais d’un entretien filmé chez lui par les soins de Débo et d’Agnès.
Maintenant, si Caroline B veut me donner la recette du délicieux flan qu’elle tient à la main, qu’elle ne se gêne surtout pas!
23:55 Publié dans art brut, De vous zamoi, Jeux et ris, Parlotes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : la fabuloserie, art hors les normes, alain bourbonnais, caroline bourbonnais, agnès bourbonnais, art brut, les rencontres du crab, francis marshall, pierre avezard, roberta trapani, françois montchâtre, catherine ursin, nedjar, fanny rojat, giovanni battista podesta, marcel landreau, déborah couette, baptiste brun, jean-louis lanoux, simone le carré galimard, pauline goutain, jano pesset, emilie champenois | | Imprimer | | |
08.06.2011
Carlo et les convulsionnaires
C’est la saint-Médard. Retour des convulsionnaires. L’occasion idéale de sortir la dernière phrase de Nadja. Bon, elle a déjà beaucoup servi, d’accord. Mais elle fait toujours son petit effet. Surtout si on n’oublie pas de hurler au milieu quand on l’écrit : «La beauté sera C.............E ou ne sera pas».
Les convulsionnaires se réuniront deux fois ce mois-ci. Non sur la tombe du diacre Pâris mais dans cette Jérusalem céleste de l’art brut qu’est la Galerie Berst.
Jeudi 9 juin de 18 h à 21 h, à l’occasion du vernissage Carlo Zinelli
et le mardi 14 juin 2011 à 19h où l’on se convulsera d’aise en écoutant la conférence donnée par Daniela Rosi. «Si tu n’es pas crétin, regarde!» nous interpelle quelque part le flyer.
Tant pis pour ceux qui n’aiment pas se faire tutoyer.
23:14 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, carlo zinelli, galerie christian berst, daniela rosi, nadja, st médard | | Imprimer | | |
29.05.2011
Fernand Chatelain en 1976
Des nouvelles de Fernand Chatelain. Des nouvelles fraîches qui se parent des plumes du passé. Des fois je me dis que si Animula Vagula n’existait pas il faudrait l’inventer. C’est que, grâce à ses visiteurs, une nouvelle jeunesse est offerte à certains de ces chers «habitants-paysagistes» disparus que votre petite âme errante se plait à ressusciter.
Ainsi Fernand Chatelain, l’auteur du jardin de Fyé en bordure de la montante et très-passante RN 138 près Bourg-le-Roi, un petit bled à une douzaine de Kms au sud d’Alençon. Vous avez l’occasion aujourd’hui de regarder dans les yeux cet ex-agriculteur qui fit de la fin de sa vie un feu d’artifice de création.
Mon blogounet venait à peine de sortir de l’œuf que je me penchais déjà sur le merveilleux cas de cet «homme du commun à l’ouvrage» dont l’œuvre abandonnée commençait à être l’objet d’une restauration qui reste controversée. C’était -funérailles que l’temps passe!- le 4 novembre 2005 dans une note Sur Fernand Chatelain qui ne fut pas sans provoquer des commentaires. Parmi ceux-ci, celui, très instructif, de Sébastien Mittig que j’invitais alors à m’envoyer des témoignages. Plusieurs années après, il vient de répondre à ma demande en m’adressant un bouquet d’images datant de l’été 1976 (12 ans avant la disparition de Chatelain).
Nicolas
Pimprenelle
C’est comme ça sur Animula! Une fois le débat ouvert, il ne se referme pas. Et je deviens petit à petit une banque d’archives à moi toute seule! «il y a quatre magnifiques portraits de Fernand Chatelain, et qq belles vues de son jardin, dont certaines inédites à ma connaissance» m’écrit Sébastien Mittig.
C’est récemment qu’il a obtenu ces précieux clichés parmi lesquels celui de «cet hallucinant personnage en feuilles de palmier».
S.M. qui a sauvé de la décharge des morceaux de sculptures chatelaines, cherche toujours à se documenter. Par exemple, sur une pièce en forme de «cariatide au ventre en cible» dont malheureusement j’ignore tout. Les photos qu’il me fait parvenir ont été prises par l’ancien directeur des Beaux-Arts de Caen, Pierre Lebigre.
Et c’est avec l’accord de Madame Jeanne Lebigre, la veuve de Pierre, que, cherchant un moyen de les diffuser, il a choisi la voie d’Ani. «Je ne voulais pas les garder pour moi seul mais partager un peu de l’émotion et de la joie qu’a pu susciter ma découverte de cet univers(…)».
Madame Lebigre, qui me permettra de la remercier aussi, me précise que son mari étant «très intéressé par l’art brut et les différentes formes d’art populaire, avait pris contact avec M. Chatelain, celui-ci étant très content de l’intérêt porté à son travail. Il racontait à cette occasion que des cartes postales lui servaient souvent de base à sa documentation, M. Chatelain ne voyageant qu’en imagination».
Pierre Lebigre (1932-2000), natif d’Honfleur comme Alphonse Allais et Erik Satie est un artiste dont je ne saurais vous dire mieux que le beau site officiel qui lui est consacré.
20:53 Publié dans art brut, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
15.05.2011
Un geste pour Gabriel Albert
C’est le genre de bouquin qu’on feuillette de retour de la plage, à la Maison de la presse, où on s’est isolée pour échapper à sa marmaille qui s’envoie des doubles cornets fraise-pistache au glacier du coin.
C’est aussi un bel album photos qui dans quelques années d’ici, quand le jardin de Gabriel Albert sera retourné au néant, témoignera de cette œuvre majeure d’un des plus talentueux «habitants-paysagistes» de notre pays, trop pauvre pour préserver de telles merveilles mais assez riche encore pour financer des publications qui en donnent l’illusion.
Tout est fait pour qu’il atterrisse sur la table de nos charmants gîtes ruraux du sud-ouest. Pas trop grand, pas trop lourd, couverture qui en jette sans plus. Même le prix est light : 18 €. A feuilleter comme une revue. Mais avec du texte informé et compétent, qui ne prend pas la tête, tant il privilégie les phrases courtes.
Ajoutés à cela, des plans, des cartes, des vues aériennes pour ceux qui aiment. Quelques repros de documents anciens. Tout pour plaire par conséquent! Aussi je ne saurais trop vous harceler pour que vous vous le procuriez avant qu’il s’épuise comme les petits pains de ma boulangère.
D’où vient cependant que votre petite âme errante soit un chouïa sur la réserve avec ce livre? Certes, ça l’agace que ces 104 pages soient baignées dans une flaque indélébile de lumière saintongeaise. Que les ciels limpides dominent. On dirait qu’il ne pleut jamais à Nantillé. Qu’il ne fait jamais moche Chez Audebert. Que c’est l’éternel été dans ce produit trop visiblement destiné à un public d’estivants.
Mais là n’est pas le problème. Ce qui lui pose question à la PAE, c’est ce dénombrement descriptif hyper-minutieux qui forme la majeure partie du volume. Non seulement le jardin du Gaby y a été passé au peigne fin mais il y est découpé en tranches d’andouille vendéenne. Le Jardin de Gabriel de Geste éditions y passe en revue les diverses statues en les incorporant dans des catégories d’un prosaïsme tellement élémentaire qu’il ruine le mystérieux effet d’ensemble pourtant souligné par le sous-titre : L’univers poétique d’un créateur saintongeais. L’introduction a beau insister davantage sur la ronde des relations, entretenues par les statues au sein des groupes qu’elles forment, c’est cet «inventaire» qui constitue le cœur du livre pour ses concepteurs. Toute la maquette est faite pour en faciliter l’accessibilité. Cela ne manquera pas d’inviter les visiteurs du jardin de Gabriel à se livrer à l’inepte petit jeu de reconnaissance par lequel la culture touristique désamorce n’importe quelle œuvre d’art. «C’est qui, tante Ani, ce monsieur à la pipe?» - «C’est Georges Brassens, mon enfant!».
Bien sûr, je suis pas idiote, je comprends bien qu’on a voulu faire d’une pierre deux coups. Que cette opération de rationalisation, qui traite les processus de création sur le modèle industriel de simples transformations de matières premières, n’a été mené que dans le souci de favoriser la protection des pouvoirs publics. Mais du train où vont les choses, c’est précisément où le bât blesse.
Il n’est qu’à lire la dernière phrase de la première partie de ce livre: «Saurons-nous le préserver et le valoriser?» ou celles qui terminent l’avant-propos de la Présidente de la Région Poitou-Charentes qui figure sur le rabat de la couverture : «Ce beau livre donne à voir la profusion créatrice de Gabriel Albert (…). J’espère de tout cœur qu’il incitera les autorités compétentes à lui accorder la protection juridique qu’elle mérite (…)» pour comprendre qu’on se contente de vœux pieux.
Et ce n’est pas le récent arrêté de protection au titre du patrimoine qui changera quelque chose à ce sentiment. Car le temps que les choses bougent, les carottes seront cuites pour Gabriel Albert.
Mais je ne demande qu’à me tromper.
20:56 Publié dans art brut, Ecrits, Images, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gabriel albert, jardin de gabriel | | Imprimer | | |
08.05.2011
Turin, Lausanne, Gugging : un trio d’expos
Je cause, je cause, souvent pour ne rien dire. Je ferais mieux de garder un œil sur le calendrier plutôt que de tchatcher. Voilà que j’ai loupé le vernissage de la Galleria Rizomi. Même si je ne pouvais vraiment pas être à Turin vendredi dernier, j’aurais pu vous le signaler pour le cas où. Enfin, vous avez jusqu’au 5 juin pour aller vous baigner dans l’ambiance tout à fait «mortelle» de Giovan Battista Podesta. J’emploie cet adjectif à cause du beau carton d’invitation mais il y aurait beaucoup d’autres choses à dire à propos de ce peintre-modeleur-décorateur dont les hippies des années de jeunesse à mon daddy aimaient les couleurs vives et les messages de vieux sage.
Par exemple, ce commentaire que j’emprunte au dit carton et qui nous éclaire sur le goût des costumes chamarrés de Podesta quand il accompagnait, à leur dernière demeure, ses concitoyens récemment décédés : «Fermato dai passanti incuriositi da barba e capelli lunghi, dal bastone scolpito con le stazioni della sua vita e da una cravatta decorata con becchini (squelettes) e scheletri (fossoyeurs) Podestà si preparava ad accompagnare ogni defunto di Laveno nel giorno della sua dipartita».
Pour rester dans le domaine italo-inspiré et parce que je suis encore dans les temps, je vous rappelle -parce qu’étourdis comme vous êtes vous l’avez peut-être oublié- que jeudi 12 mai 2011 à la Maison-mère sise à Lausanne c’est le vernissage du Colonel Astral, autrement dit Fernando Oreste Nannetti dont je vous ai déjà tout dit le 15 novembre 2009. Ce «diariste extravagant», comme l’appelle le dépliant invitatoire de la Collection de l’Art brut, a créé toute une épopée murale à la pointe d’une boucle.
Ces textes gravés qui font penser à de l’écriture étrusque seront présentés avenue des Bergières juqu’au 30 octobre 2011. On n’a pas pu transporter la cour de l’hosto psy de Volterra en Toscane où Nannetti a œuvré dans les salles de Château Beaulieu mais il y aura des fragments en fac-sim et des photos. Un catalogue contiendra un panorama de 7 mètres montrant le toutim et I graffiti della mente, le film de Pier Nello Manoni, le réalisateur-photographe à l’origine de cet hommage. Parmi les auteurs des textes, mon curseur s’est arrêté sur les noms de Lucienne Peiry, de l’écrivain Antonio Tabucchi et sur celui de Vincent Capt du collectif de recherche dénommé CrAB.
Pour compléter ce bouquet d’expos recommandables -animulatiquement parlant- comment se priver d’une floraison viennoise? Gaston Chaissac ! (avec un point d’exclamation s.v.p.) montre au Gugging Museum, jusqu’au 25 septembre 2011, une grosse centaine de dessins, collages, peintures, sculptures et totems du peintre-épistolier. «Zeitlebens war Chaissac nicht in der Lage, seinen Lebensunterhalt durch sine Kunst zu bestreiten» nous dit le dépliant qui présente cette expo. Grosso modo : «Durant toute son existence, Chaissac n’a pas été en mesure de gagner sa vie avec son art». C’est peut-être aller un peu vite et ne pas tenir compte des efforts de ses marchands, Iris Clert et Cordier-Ekstrom notamment.
Mais le Gastounet n’était pas toujours, sans le faire exprès, des plus coopératif. En bonus, au Novomatic salon (?), on nous promet une cinquantaine de travaux sur papier encore inédits car provenant d’Annie Chaissac. Parallèlement à la Galerie Gugging est annoncée aussi une «Einladung» où Chaissac est associé à d’autres artistes qui n’ont en commun que d’être français.
Organisée avec le concours de 3 galeries, respectivement parisienne, anglaise et suisse. Le vernissage est le 26 mai et elle durera juqu’au 2 octobre 2011. Elle s’intitule : Vive la France !
Bon, je vous quitte car ça me fait penser à mes pommes de terre frites.
17:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, giovanni battista podesta, fernando oreste nannetti, gaston chaissac, gugging, galleria rizomi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
25.04.2011
Joseph Barbiero « au-dessus du volcan »
Mon petit cœur d’Auvergnate saute dans mon T-shirt comique et son ventricule italien palpite aussi. Attention, j’insiste pour vous dire que Joseph Barbiero, le Barbiero des pierres noires et des dessins ensauvagés, est de retour. L’événement de la semaine à coup sûr ce sera lui. Vous avez intérêt à vous pointer dans le passage (des Gravilliers) pour boire un canon jeudi prochain, le 28 d’avril 2011, sur le coup de six heures du soir, à la Galerie Berst. Il y aura des tire-bouchons.
On y vernira Barbiero, du moins son expo volcanique qui est partie pour tenir jusqu’au samedi 4 juin.
Barbiero, ça faisait un moment qu’on n’avait plus de nouvelles de ce maçon veneto, solidement implanté en pays arverne, depuis qu’en 1922 un glandu du béret avait pris le pouvoir chez nos voisins transalpins à grands coups de menton. Pourtant il figure depuis longtemps dans le stock de L’Aracine, transmis depuis à la section «art brut» du Musée d’art moderne et d’art contemporain (…) de Villeneuve d’Ascq. Dans celui de la Collection de l’art brut à Lausanne. Dans la collection de Bruno Decharme. Chez d’autres glaneurs de beaux objets bruts, moins au top (j’emprunte à l’un de ceux-ci quelques unes de mes images).
A la Fabu aussi. Cela en fait des beaux fleurons pour l’œuvre d’un intraitable travailleur du bâtiment qui s’était mis, devenu retraité en 1965, à tailler, griffer, sculpter la dure pierre de Volvic qu’il trouvait en abondance autour de lui! Pourtant, l’expo berstienne prochaine sera la première expo perso de Barbiero depuis longtemps.
La première aussi de cette importance. Un cadeau pour les Parigots et pour les Auvergnats de la capitale qui sont nombreux. Et pour les Italos de passage*. Et pour le monde entier si les internautes n’ont pas leurs yeux dans leurs poches.
Peut-être qu’avec un peu de chance, on croisera jeudi soir Jean Lelong, «l’inventeur» (comme on dit) de Barbiero. C’est cet ancien antiquaire poétiquement épris lui aussi de son Auvergne jolie et farouche, qui, un jour de 1983 où il sillonnait en auto les petites routes, aperçut un berger de ciment sur une terrasse.
Il s’était arrêté, était devenu un familier de l’auteur de cette sculpture : un vieil homme au fort accent ensoleillé, accueillant «mais dans son monde».
Plus que par son «vino rosso», à vrai dire pas très bon, Jean Lelong avait été séduit par l’allure simple du personnage qui lui «faisait penser à un jardinier». Mais c’est bien sûr, l’originalité et la force du travail de ce créateur à l’état pur qui l’avaient conquis, suscitant son enthousiasme que le galeriste Christian Berst a visiblement plaisir à relayer et amplifier aujourd’hui. Quand Barbiero eut 90 ans, il ne put plus que rêver de son jardin et de ses sculptures.
Dessiner au revers des paquets de biscottes lui devînt même difficile.
Lelong qui lui rendit visite juqu’au bout nota cette belle chose : «… ses yeux d’enfant peu à peu se ferment. Il a bien grandi dans cette vie là». On aura une idée plus précise de ce destin en allant sur le site de Joël Barbiero, fils du sculpteur-dessinateur, devenu artiste pour sa part.
*Giuseppe Barbiero, originario di Italia si è stabilito in Alvernia dopo il 1922. Le sue competenze in muratura gli permette di lavorare a contatto con le chiese romaniche della regione. Il ritiro è venuto, ha iniziato a scolpire le pietre vulcaniche. quando le forze lo fallito, si dedica al disegno con la stessa ispirazione selvaggia.
19:31 Publié dans art brut, Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
11.04.2011
La folie douce de Bonaria Manca
Sur Animula, on fête et on refête. Votre petite âme errante ne recule devant aucun sacrifice. L’été dernier (le 11 d’août 2010 exactement), je vous avais déjà fait l’article pour la carà signora Bonaria Manca et bien je recommence. Je viens de vous prendre la tête avec la galerie Area? Et bien je remets ça. C’est qu’on n’en finit pas de la célébrer cette sortie du numéro 24 de la revue du même nom. Si ça continue, Area va se faire manger toute crue par l’art brut. En tous cas, elle enchaîne les vernissages sur le sujet. L’A.A.A. (l’aimable Alin Avila) nous convie cette fois-ci à une exposition d’œuvres de Bonaria Manca intitulée La Folie douce.
Save your samedi 16 avril 2011, c’est le jour du vernissage. Attention c’est à l’heure du goûter pour changer : 16 heures tapantes. Et ne vous dites pas que ça va durer toujours comme la saison des amours : l’expo se termine le vendredi 22 avril. L’expo et ce qui va autour est sous le contrôle de Roberta Trapani en tandem avec Claire Margat. Je n’ai pas le plaisir de connaître madame Claire Margat mais je la salue bien.
Roberta Trapani, jeune tête chercheuse toujours à la manœuvre depuis quelque temps, est associée dans mon souvenir à Giovanni Bosco puisque c’est au colloque de Castellammare del Golfo le 31 janvier 2009 (voir mon post du 4 février 2009) que je l’ai rencontrée.
Coïncidence : l’expo Bonaria Manca chez Alin Avila montrera aussi des photos d’un autre Sicilien : Salvatore Bongiorno de Zep Production qui aura le redoutable honneur de voisiner avec Mario del Curto, auteur du très chouette portrait de Bonaria au nez plissé.
Ce garçon-là -je parle de Tore- est partout chez lui à Paris puisque, pas plus tard que jeudi dernier, le 7 avril 2011, il participait, à la Galerie Berst, à une soirée où l’on montrait son film sur Giovanni Bosco
suivi d’une parlote à laquelle il apportait sa verve transalpine grâce au concours de Benedetta Grazioli.
De G à D : B. Grazioli, S. Bongiorno, J.-L. Lanoux, B. Piot
Comme moi aussi, j’ai besoin d’aide à cause de mon italien de contrebande, j’ai persécuté Roberta pour qu’elle me traduise dans la langue du Dante, par respect pour mes lecteurs milanais, romains, siennois, palermitains et castellamarais (j’en passe), l’essentiel des infos que les Céfrans de passage pourront parfaitement trouver sur le flyer.
Per festeggiare l’uscita del n°24 della rivista Area Art, folie e alentours
Alin Avila, Direttore delle edizioni e della galleria Area
Il CrAB, Collettivo di riflessione sull’Art Brut
Vi invitano al vernissage Sabato 16 aprile alle 16
Brut o naïve ?
La folie douce de Bonaria Manca
Esposizione di opere di Bonaria Manca -pastora di origine sarda che vive e dipinge nella sua casa di Tuscania- e di fotografie di Mario del Curto e Salvatore Bongiorno (Zepstudio).
In occasione del vernissage :
16:30 Presentazione del cantiere del CrAB sull’opera di Bonaria Manca, diretto da Roberta Trapani
16:45 Proiezione del film-documentario La sérénité sans carburant (sottotitolato in italiano), in presenza della regista Marie Famulicki
17:45 Dibattito con Laurent Danchin, Mario del Curto, Claire Margat e Nora Queloz
Esposizione ed incontro organizzati da Roberta Trapani, dottoranda in Storia dell’Arte e membro del CrAB, in collaborazione con Claire Margat
00:05 Publié dans art brut, Ecrans, Expos, Gazettes, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
05.04.2011
Hongrie à la folie
Et tant que vous y êtes, avant de vous pointer à Villeneuve d’Ascq, faites donc un détour par la Hongrie, je veux dire par Bruxelles. Je vous avais déjà parlé l’année dernière en septembre des œuvres de la collection de l’hôpital psy de Pécs. Et bien voilà que pour la première fois, elles sont montrées hors de Hongrie. Où ? Mais au musée d’Art & Marges, naturellement.
H.Zs. (1943-ca 1970-1980)
J’emprunte au joli dépliant imprimé pour l’occasion une courte description que vous trouverez aussi en anglais et en français :
«De werken afkomstig uit de collectie van de psychiatrische instelling vans Pécs (Hongarije) worden voor het eerst tentoongesteld buiten Hongarije. Professor Camillo Reuter, de eerste directeur van de psychiatrische instelling, verzamelde tussen 1918 en 1945 meer dan 2000 tekeningen van schizofrene en manisch-depressieve patienten. De tentoonstelling is een pakkend overzicht van bijna een eeuw asielkunst uit Hongarije».
J. A. (1880-1946)
L’exposition d’Art & Marges a pour titre : Hongrie à la folie et pour sous-titre : Œuvres de la Collection Reuter de Pécs. Elle durera environ deux mois et se terminera le 5 juin 2011.
F. I. (1886.?-1932/1933)
00:04 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut hongrois, collectionreuter de pécs, art & marge musée | | Imprimer | | |