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11.12.2011

La philosophie sur le Sentier de l’art brut

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Traqueuse de phrases claires comme je suis, je ne saurais laisser passer la prochaine séance du séminaire sur l’art brut au Collège International de Philosophie sans vous relayer ici son limpide synopsis :

«La reconnaissance et la préservation de l’«art des fous» témoigne, avec celles d’autres expressions artistiques apparues dans le champ esthétique à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle -dessins d’enfants, œuvres associées aux arts premiers, à l’art préhistorique, à l’art populaire- de la métamorphose de notre regard. Des œuvres rangées aujourd’hui sous la dénomination d'art brut ont existé bien avant Jean Dubuffet, mais c'est lui qui les a rendues visibles en les faisant passer de l’objet de curiosité, du document clinique, de la preuve d’une pathologie, voire de «dégénérescence», au statut d'œuvre d’art».

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Mag Philo 28

Bien jeté, non? Sauf que l’art brut ne concerne pas que l’«art des fous». Mais on va pas chipoter puisque le thème de la soirée est : De l’art des fous à l’art brut, le regard de quelques psychiatres-collectionneurs.

Comme il n’y a pas de nom de conférencier annoncé, je suppose que c’est Barbara Safarova, la personne en charge de ce séminaire-fleuve, qui s’y colle.

C’est au 37 bis de la rue du Sentier dans le 75002 qu’il faudra vous rendre pour l’écouter, dans la salle 2, le 15 décembre 2011 à 18h30.

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23:58 Publié dans art brut, Ogni pensiero vola, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, philosophie, barbara safarova | |  Imprimer | | Pin it! |

03.12.2011

Méli-Mélo de décembre

Aujourd’hui méli-mélo note. J’ai trop de retard à l’animulage. L’info m’arrive de partout et j’ai même pas le temps de remercier individuellement mes informateurs. Noël approchant, je suis allée dans La Chambre des merveilles chercher des cadeaux. 

chambre de merveilles.jpgJ’avais jeté mon dévolu sur un fourreau de poignard indonésien fait dans un os gravé de petites têtes à la Chaissac quand le monsieur qui vendait est venu mettre un gros point rouge dessus. Pour me consoler, je me suis offert le numéro d’automne de la revue Area sur le Patrimoine. Y’a des choses pour vous là-dedans. area patrimoine.jpg

Notamment un papier d’Elsa Ansker sur l’église parlante de Ménil-Gondouin avec documents de la Collec de Jean-Michel Chesné.

Le samedi 3 décembre 2011, j’aurais dû être à Marseille, chez Leclere (la maison de ventes) pour une vacation art brut et je n’y étais pas.

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Louis Pons,Lucien Henry


J’ai loupé le portrait de Lucien Henry par Louis Pons (émouvant)

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Le rigolo livre érotique d’Ange Boaretto (n°149), un bottier qui fut l’époux d’une libraire nommée Cécile Eluard.





Le Château des sœurs jumelles : le très beau n°118,




Et le collage de Simone Le Carré-Galimard sous le n°162 dont la notice cite un «bel article» de Claude Roffat (il est en réalité de Jean-Louis Lanoux) sur l’artiste paru dans la revue L’œuf Sauvage.

Simone Le Carré-Galimard

La vente comportait en outre une quantité d’œuvres de Pierre Ledda. Des peintures et des sculptures (bien meilleures).Pierre Ledda

Moralité : faudra suivre un peu mieux les activités de cette étude marseillaise.

Marseille ça nous rapproche de Turin et pourtant, ce samedi 3 décembre, j’ai manqué aussi la présentation du livre de Gabriele Mina à la Galerie Rizomi. Costruttori di Babele, son titre et son sous-titre est alléchant : Sulle trace di architetture fantastiche e universi irregolari in Italia. Je ne traduis pas, ça parle tout seul.

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Suivra sur le corso Vittorio Emanuele II et jusqu’au 14 janvier 2012, l’exposition Liguria brut !LIGURIA_BRUT-invitoStandard.doc-1.jpg
avec notamment Marcello Cammi

Marcello Cammi

et le luminescent Mario Andreoli dont Caterina Nizzoli, qui fait partie du staff de la galerie, me dit : «je crois que ça pourrait vous plaire parce que ce créateur s’occupe depuis 50 ans de remplir la colline de son village sur la mer avec ses sculptures qui s’allument».

mario andreoli

02.12.2011

Une bonne réponse au quiz contre-cultivé

Top chrono. Résultats du Quiz «Etes vous contre-cultivés?». La bonne réponse m’est venue par courriel et c’est Texas Instruments, décidément très remonté en ce moment, qui l’a donnée. Comme plusieurs de mes valeureux commentateurs, il s’est d’abord un peu égaré du côté de chez Bourdieu (faut dire que ça y ressemble) et puis il s’est «ravisé» et a pensé : «naaan, cousu de fil blanc, c’est plutôt du Dagen (…)». Et bien, il a raison! C’est lui qui gagne le pompon.

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Ma petite phrase dézingueuse (comme dirait Louis Watt-Owen, l’animateur de La Main de singe) provient bien d’un article de monsieur Philippe Dagen paru dans Le Monde (des Livres) du vendredi 24 novembre 1995 à propos de la parution de Prospectus et tous écrits suivants (tomes 3 et 4) et de celle des lettres de Jean Dubuffet et de Witold Gombrowicz chez Gallimard.

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L’article s’intitule : Le Commandeur Dubuffet et son ombre. Son chapô disait bien ce que l’auteur voulait dire : «Il est de tradition de célébrer le grand pourfendeur de la culture académique que fut le chantre de l’art brut. Mais trois nouveaux volumes de ses écrits apportent d’autres éléments, et le grand homme ne gagne rien à ces révélations».

Mais il en est des Dubuffetophobes comme des anticléricaux. Un jour ou l’autre, ils se jettent aux pieds de l’autel comme Joris-Karl Huysmans dans La Cathédrale après Là-bas. A trop brûler, c’est fatal on se met un jour à adorer. 16 ans après, Philippe Dagen a compris que l’art brut n’avait rien à voir avec une contre-culture ou bien il considère qu’il est devenu suffisamment académique pour être fréquentable. Même quand il s’incarne dans Josef Hofer, un extraordinaire créateur qui dessine tout de même beaucoup de zizis.

Josef Hofer

Passons pudiquement sur la question, à la différence de Michel Thévoz qui inaugurait son article dans le 22e fascicule de la Collection de l’Art Brut par un retentissant : «Venez voir Narcisse devant son miroir!(…) Un narcisse qui bande et qui se branle en contemplant son image».

Josef Hofer,Philippe Dagen

Philippe Dagen dans la solide préface qu’il donne aujourd’hui au catalogue de l’exposition Josef Hofer alter ego à la galerie Christian Berst (jusqu’au 14 janvier 2012) nous épargne ces propos de libertin. Son texte, rigoureux et définitif, a quelque chose de la pureté d’un sermon dans le désert. Ce serait presque trop pour un gars comme Hofer (qui n’en demande sans doute pas tant) si l’auteur n’était du genre à se priver du biographique. Ebloui par cette pénitence, le lecteur est invité à cotoyer les sommets ensoleillés d’un formalisme sans concession ni casquette de randonnée.

alpen.jpgPrenez tout de même vos chaussures à crampons et vos alpenstocks! Il faut parfois s’accrocher, surtout dans la première partie où l’on enfonce jusqu’à la taille dans la poudreuse phénoménologie.

Les occasions de rigoler sont rares : à peine un petit coup de patte de velours au yéti de l’asphyxiante culture qui a plus qu’intérêt à marcher à l’ombre.

Mais on sort de là grandi de tant de glaciale intelligence, étourdi de tant de vertigineuses descriptions, prêt pour la conversion aux mystères de «l’art contemporain». Amen.

30.11.2011

Une nouvelle mission pour Lucienne Peiry

Le hasard veut qu’au moment où je reçois le 23e numéro des fascicules de l’Art Brut, la nouvelle du départ de Lucienne Peiry tombe sur mon téléscripteur. Merci à la généreuse Animulienne qui a propulsé ce diamant vert dans ma boîte aux lettres même si j’ai dû prendre un ouvre-boîte pour l’extraire (cher facteur, évitez à l’avenir de coincer mon courrier). Vous êtes une mère pour moi, madame la donatrice de si précieux cadeau! D’autant que votre lettre d’accompagnement se terminait par un «bien à vous ma chère»!. l'art brut n°23.jpgEvidemment, on m’avait menti. La couverture du 23 n’est pas vert pomme comme je le croyais (voir ma note du 15 octobre) mais sous sa robe émeraude qui a l’air de sortir de chez La Fée Maraboutée, il est très bien quand même.

Avec tous les téléphones portables qui vous couinent dans les tuyaux, je n’ai pas pu le lire dans le métro. Aussi suis-je incapable de vous livrer mes réactions que «vous seriez ravie de connaître». Je n’ai pu que le feuilleter et admirer les beaux portraits de créateurs qui «entent» (comme dirait André Breton) chacun des articles. C’est une innovation qui n’a l’air de rien mais qui nous entraîne sur une pente de personnalisation bien propre à l’époque.

Guo Fengyi,Collection de l'Art Brut

J’ai choisi de vous parachuter Guo Fengyi dont la Collection de l’Art Brut montre depuis le 18 novembre dernier et jusqu’au 29 avril 2012 plusieurs dizaines d’étendards poétiques.

Est-elle pas mimi? On dirait une framboise des bois. On croirait pas que si petite dame puisse être l’auteur de si amples compositions.

Guo Fengyi

Le texte que ce portrait chapeaute est de Lucienne Peiry. Nous y revoilà car je vous sens bouillir d’impatience. Sachez donc que les aventures de Lucienne Peiry s’enrichissent d’un épisode supplémentaire.

Lucienne s’en va, Lucienne nous abandonne, Lucienne Peiry «quitte la direction du musée de l’art brut» comme nous l’apprend 24heures.ch, journal numérique. Occultation momentanée en fait, rassurez vous, puisqu’elle se voit confier par la municipalité lausannoise un poste d’ambassadrice de la Collection.

Je n’ai pas tout bien compris mais d’après la presse, madame Peiry accèdera au poste d’attachée culturelle, dans un contexte de concurrence accru avec les nouvelles institutions (?) qui s’occupent du même sujet en Europe et celui d’une extension du marché de l’art brut.

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Elle «sera ainsi la porte-voix de la collection, chargée d’enrichir son catalogue, de concert avec la direction et de stimuler la recherche scientifique» nous dit Marco Danesi dans Le Temps du 29 novembre 2011.

Cela nous promet de l’animation et à Lucienne Peiry du pain sur la planche. Elle va devoir retrousser ses manches et je lui souhaite de ne pas les tremper dans le café!

Le poste de direction de la Collection de l’Art Brut sera mis au concours. En attendant que quelqu’un soit recruté c’est Sarah Lombardi qui assurera l’intérim. Bon courage Sarah! Au boulot, madame Peiry! On vous en souhaite tant et tant.

27.11.2011

Un trio bien cimenté

Une «charmante girafe qui semble sourire et qui orne le perron d’une humble bicoque». Une girafe blonde à l’ombre d’une espèce de château sadien à l’architecture constructivico-atomique.

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Telle est la gracieuse image que nous fait parvenir un de mes «fidèle et dévoué chien truffier en pérégrinations videgreniesques» pendant le ouikène du 11 novembre.

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Boris Potamoi -puisque c’est encore lui le dénicheur- l’a prise dans un village perché des Alpes-Maritimes. Qu’un rodailleur croise un rocailleur c’était fatal. Le papa de la girafe, «a apparemment fait profiter tout le quartier de son art cimenté», m’écrit Boris, avec de gros points de suspension dans le clavier.

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«Pas mal de rocailles et seulement trois animaux visibles» ajoute-t-il. Outre la girafe, un élégant cerf gris-rose et un crocodile mince et long comme un tuyau d’arrosage.

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De grandes arches inutiles surplombent la petite maison de la girafe protégée par de hauts murs.

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L’impressionnant décor industriel est imbriqué ici avec une ambiance ruralo-pavillonnaire bon-enfant.

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Selon Boris qui ne désespère pas qu’il y ait sur ce petit site d’autres animaux poids lourds à découvrir , son propriétaire «doit sûrement être un homme charmant». Il était ce jour-là momentanément absent mais ses voisins n’ont pas infirmé cette impression.

16:20 Publié dans art brut, Glanures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : environnements populaires spontanés | |  Imprimer | | Pin it! |

26.11.2011

art brut or not art brut, au menu du Réfectoire ?

Je sais pas si vous avez remarqué mais l’art brut ça part dans tous les sens (pour être polie) en ce moment. Au fur et à mesure que n’importe qui s’empare de ce label pour s’en faire un drapeau, un cache-sexe ou un colifichet, il se met à désigner des réalités hétérogènes. Les schpountz, les gros malins, les crânes d’œuf et les artistes minimalo-conceptualo-abstractiquo-informalo-surpeinturo contemporains… tout le monde il veut être art brut. Même les critiques d’art des quotidiens nationaux bientôt s’y mettront. Art brut, c’est un droit, un privilège, une exigence. Si ça continue, il faudra une boussole pour s’y reconnaître. Heureusement que vous disposez du gépéhesse animulien, chers lecteurs ! 

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Celui-ci vous indique aujourd’hui le chemin du Réfectoire des Cordeliers. Non parce qu’il regorge de souvenirs révolutionnaires mais parce que, du jeudi 1erdécembre 2011 au jeudi 12 janvier 2012, il abritera une expo collective des réalisations de 59 peintres et dessinateurs fréquentant 13 ateliers médico-sociaux et 4 ateliers d’art-thérapie.

art brut,art-thérapie,exil

Cette manifestation a pour titre : Exil, l’art brut parisien. Ses organisateurs en sont tellement contents qu’ils l’ont déposé. Au vu de la sélection d’œuvres consultables sur le site officiel bien ficelé, je ne suis pas certaine cependant -pardonnez moi d’être franche- qu’il y ait là beaucoup de productions relevant de ce «fortement inventif» que Dubuffet considérait comme primordial à l’art brut. Impossible d’argumenter mon propos car dans ses «mentions légales» le site d’Exil se montre très jaloux de ses visuels. Comment relayer ses initiatives après ça ? Vous serez donc contraints, chers Animuliens, de vous contenter du gros carré de chocolat noir (genre 2001 l’Odyssée de l’espace) qui trône sur l’affiche. Et d’aller à l’expo pour voir si des fois il n’y aurait pas, en cherchant bien, une tch’ite découverte à faire quand même.

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Et comme le droit de citation existe encore en France, je me permets de mettre en exergue ces mots de l’éditorial du psychiatre et philosophe Serge Besançon : «(…) si être artiste est un métier, celui qui fait de l’art brut n’en fait pas profession. C’est là sa force, la vérité paradoxale de son art. Et si je relève le mot vérité, c’est parce qu’il existe aussi une part de mensonge en art, ou au moins de recette, d’astuce et de truc. On le sent bien, l’Art Brut ne ment pas. C’est même un moyen assez sûr d’apprécier les meilleures œuvres, ou du moins les plus pures».

Moi qui vous parlait d’indicateur de direction, en voici un ! Cela fait du bien de lire quelqu’un qui a les idées claires ! Toute la deuxième moitié de l’édito de Besançon est de ce tabac. Si bien qu’on se demande s’il n’entre pas finalement en contradiction avec l’entreprise qu’il est censé défendre. Lisez à partir du paragraphe qui commence par : «Reste donc le point de vue du collectionneur (…)» et dîtes moi si notre éditorialiste ne préfère pas le libre esprit de l’art brut véritable aux résultats prévisibles des pratiques encadrées, à visée curative et occupationnelle.

20.11.2011

L’art brut discipliné

Nos amies les bêtes

Au pays de l’art brut la réalité dépasse vite la fiction. Y’a pas si longtemps (le 4 octobre 2011 exactement) qu’un commentateur lucide, Texas instruments, intervenait sur ma note du 2 octobre (L’Univers peu connu d’Adolf Wölfli) pour prophétiser le «harcèlement» de nos chères têtes blondes par art brut interposé. Il ne croyait pas si bien dire.

Te voilà rattrapé, Texas, par l’école de Bez-de-Naussac dans l’Aveyron.

C’est La Dépêche du Midi qui nous l’apprend le 20 novembre 2011. Là-bas c’est plus de la science-fiction : l’art brut, cette occupation de loup-cervier, s’enseigne à l’école. On avait déjà les «grands spécialistes». Maintenant, on aura les notes et les diplômes. A quand les mastères? Le Rouergue y a mis le paquet pour chapitrer le public captif : une enseignante du cycle 3, un responsable de musée «buissonnier», une plasticienne (pendant 6 heures), une comédienne.

Enfoncez-vous bien ça dans l’imaginaire !

Compte-rendu des travaux sur Internet !

Bouvard et Pécuchet pas morts !

Bon, vous me direz : tout ça n’est pas si grave et puis ça génère des emplois dans le secteur éducatif. Et puis, quand l’art brut devient l’art officiel, le réconfortant c’est que les générations montantes auxquelles on aura bourré la tête avec, se mettront infailliblement à le détester. Et l’art brut, le vrai (celui qui jamais ne s’enseignera) a pour destin de se heurter à des oppositions du fait qu’il est toujours compris de travers.

Rendez-vous dans 20 ans.

19.11.2011

La Jeune Création Contemporaine à l’Hôtel Drouot

Arrivage de créations franches. Avec la proximité des fêtes de fin d’années, les ventes publiques vont croissant. On peut, pour l’exemple, retenir celle de Neret-Minet Tessier du samedi 26 novembre 2011 à l’Hôtel Drouot, consacrée à la Jeune Création Contemporaine. Pourquoi? Parce que cette JCC est entrelardée de CF. C’est à dire d’œuvres d’auteurs représentés par le Site de la Création Franche, au premier rang desquels Gérard Sendrey qui fut longtemps son principal animateur. Il y a aussi, tous collaborateurs ou familiers du lieu : Raâk, Jacques Karamanoukian, Claudine Goux, Ruzena. On note encore, parmi ceux dont les travaux se retrouvèrent sur les cimaises du musée municipal de Bègles dans le passé, la présence de Eric Gougelin, Evelyne Postic, Adam Nidzgorski et Albert Louden.

Martha Grunenwaldt

Martha Grünenwaldt

J’ignore quel collectionneur se défait ainsi de ses valeurs made in «création franche, notion plus ou moins clone de la Neuve Invention de Dubuffet. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ne domine pas dans cet ensemble le côté brut de la force. A l’exception d’un beau Martha Grünenwaldt à fond noir cependant. Dans ces conditions on a plutôt tendance à se tourner vers des œuvres n’appartenant pas à ce courant CF, tel cet efficace Paysage oniriqued’Eliane Larus, troublant jusqu’à vous mettre l’âme au bord des lèvres avec ses plans cahotiques et biseautés et son étrangeté coupante.

Eliane Larus

C’est le N°104 du catalogue Neret-Minet. «Oh, z’ai clu voil un gros Neret-Minet!» dirait Titi.

Moi aussi.

23:55 Publié dans art brut, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, martha grunenwaldt, eliane larus, création franche | |  Imprimer | | Pin it! |

05.11.2011

Le chant des champignons

Barcelone, Rome et champignons au menu aujourd’hui grâce à trois précieux informateurs animulophiles. Tout d’abord, quelques images récentes de Hassan, «le designer brut» comme je l’appelais dans mon post du 14 septembre 2010.

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Indispensable d’aller faire un tour sur cette note pour apprécier comme il faut ces nouvelles images rapportés par Eric Gauthier. Tout le petit bazar du vagabond africain de Barcelone est là.

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On le voit en train de sertir la petite pièce de cuivre qui est sa marque de fabrique sur ses planchettes aux dessins colorés. Il se sert d’un marteau à la tête plate comme enclume en coinçant le manche avec son pied nu.

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Eric nous envoie aussi des photos d’un autre créateur de rue barcelonais, tendance autodidacte. Les mains sont noueuses avec l’ongle long qu’aiment à porter là-bas les artistes. Sous la barbe de Père Noël, le chapeau broussard et une sorte de cache-oreille sur le côté droit, c’est un vieux monsieur qui s’appelle Sylvestre.

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Son bras droit a beau être déformé, il se sert parfaitement de sa main pour réaliser, au format carte postale, des rosaces comme on en faisait dans les temps à l’école primaire. Mais lui, c’est «sans jamais reproduire le même dessin», ce qui lui semble important.

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Cela fait que quand on met les uns à côté des autres ses dessins on a une belle impression de vitrail aux nuances géométriques abstraites et kaléidoscopiques. «Il a eu 90 ans la veille de notre rencontre» me dit Eric et il «dessine dans la rue tous les jours depuis 7-8 ans».

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Si vous le rencontrez, saluez-le bien respectueusement de ma part pour avoir dit à Eric Gauthier : «je suis libre comme un taxi!».

Orientons nous du côté tchèque maintenant avec Vaclav Halek, l’homme qui a transcrit (ou composé de toutes pièces) 5000 chansons de champignons.

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C’est Matthieu Morin, grand «négociant en virages» qui m’a refilé ce tuyau extrordinaire du monsieur qui entend, non pas le loup, le renard et la belette mais les champignons sauvages chanter.

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Je vous donne l’info comme Matthieu me la donne mais connaissant son sens de l’humour je ne parierai pas qu’il ne s’agit pas d’un canular.

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D’autant que Tomas Zilvar et Radeq Brousil qui ont sorti la chose semblent être des artistes contemporains du genre performers. Mais ça fait rien, l’idée des champignons qui font de la musique est plus que plaisante, non?

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Enfin, dernier détour par Rome. J’apprends un peu tard que lundi 7 novembre 2011 à l’espace LOL Moda Arte Design de la capitale italienne (via urbana, 89-92), un événement aura lieu autour du peintre Giovanni Bosco. Ceci à l’initiative de Fabio Casentini, un négociant en vêtements de la ville.

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Ce signor est un collectionneur italien qui, au cours de ses vacances à Castellammare del Golfo, avait rencontré en 2007 l’étonnant créateur sicilien, «ma senza sapere nulla di art brut» (mais en ignorant tout de l’art brut) me dit Eva di Stefano, mon informatrice. A la différence du Français Boris Piot qui, la même année, avait su immédiatement voir que l’œuvre de Bosco appartenait bien au domaine de l’art brut.

15.10.2011

L’art brut se met au vert

Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.

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On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.

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Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!

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Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets

Gregory Blackstock

les oiseaux

Gregory Blackstock

les cafards du monde

Gregory Blackstock

Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)

lulu et greg.jpgLa Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.

La «première en Europe».

Gregory Blackstock

Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.

rose verte.jpgToujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.

C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.

Arthur Bispo do Rosario

Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).

Arthur Bispo do Rosario

Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.

arthur bispo do rosario