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15.05.2011

Un geste pour Gabriel Albert

C’est le genre de bouquin qu’on feuillette de retour de la plage, à la Maison de la presse, où on s’est isolée pour échapper à sa marmaille qui s’envoie des doubles cornets fraise-pistache au glacier du coin.

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C’est aussi un bel album photos qui dans quelques années d’ici, quand le jardin de Gabriel Albert sera retourné au néant, témoignera de cette œuvre majeure d’un des plus talentueux «habitants-paysagistes» de notre pays, trop pauvre pour préserver de telles merveilles mais assez riche encore pour financer des publications qui en donnent l’illusion. 

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Tout est fait pour qu’il atterrisse sur la table de nos charmants gîtes ruraux du sud-ouest. Pas trop grand, pas trop lourd, couverture qui en jette sans plus. Même le prix est light : 18 €. A feuilleter comme une revue. Mais avec du texte informé et compétent, qui ne prend pas la tête, tant il privilégie les phrases courtes.

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Ajoutés à cela, des plans, des cartes, des vues aériennes pour ceux qui aiment. Quelques repros de documents anciens. Tout pour plaire par conséquent! Aussi je ne saurais trop vous harceler pour que vous vous le procuriez avant qu’il s’épuise comme les petits pains de ma boulangère.

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D’où vient cependant que votre petite âme errante soit un chouïa sur la réserve avec ce livre? Certes, ça l’agace que ces 104 pages soient baignées dans une flaque indélébile de lumière saintongeaise. Que les ciels limpides dominent. On dirait qu’il ne pleut jamais à Nantillé. Qu’il ne fait jamais moche Chez Audebert. Que c’est l’éternel été dans ce produit trop visiblement destiné à un public d’estivants.

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Mais là n’est pas le problème. Ce qui lui pose question à la PAE, c’est ce dénombrement descriptif hyper-minutieux qui forme la majeure partie du volume. Non seulement le jardin du Gaby y a été passé au peigne fin mais il y est découpé en tranches d’andouille vendéenne. Le Jardin de Gabriel de Geste éditions y passe en revue les diverses statues en les incorporant dans des catégories d’un prosaïsme tellement élémentaire qu’il ruine le mystérieux effet d’ensemble  pourtant souligné par le sous-titre : L’univers poétique d’un créateur saintongeais. L’introduction a beau insister davantage sur la ronde des relations, entretenues par les statues au sein des groupes qu’elles forment, c’est cet «inventaire» qui constitue le cœur du livre pour ses concepteurs. Toute la maquette est faite pour en faciliter l’accessibilité. Cela ne manquera pas d’inviter les visiteurs du jardin de Gabriel à se livrer à l’inepte petit jeu de reconnaissance par lequel la culture touristique désamorce n’importe quelle œuvre d’art. «C’est qui, tante Ani, ce monsieur à la pipe?» - «C’est Georges Brassens, mon enfant!».

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Bien sûr, je suis pas idiote, je comprends bien qu’on a voulu faire d’une pierre deux coups. Que cette opération de rationalisation, qui traite les processus de création sur le modèle industriel de simples transformations de matières premières, n’a été mené que dans le souci de favoriser la protection des pouvoirs publics. Mais du train où vont les choses, c’est précisément où le bât blesse.

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Il n’est qu’à lire la dernière phrase de la première partie de ce livre: «Saurons-nous le préserver et le valoriser?» ou celles qui terminent l’avant-propos de la Présidente de la Région Poitou-Charentes qui figure sur le rabat de la couverture : «Ce beau livre donne à voir la profusion créatrice de Gabriel Albert (…). J’espère de tout cœur qu’il incitera les autorités compétentes à lui accorder la protection juridique qu’elle mérite (…)» pour comprendre qu’on se contente de vœux pieux.

Et ce n’est pas le récent arrêté de protection au titre du patrimoine qui changera quelque chose à ce sentiment. Car le temps que les choses bougent, les carottes seront cuites pour Gabriel Albert.

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Mais je ne demande qu’à me tromper.

20:56 Publié dans art brut, Ecrits, Images, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gabriel albert, jardin de gabriel | |  Imprimer | | Pin it! |

07.05.2011

Les Hélvètes ont des Papous dans la tête

«La Suisse est une Papouasie à nos portes,

qu’on s’obstine à ignorer»

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C’est Gérard Macé qui dit ça dans ses récentes Pensées simples parues chez Gallimard dont on célèbre le centenaire. 

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Et il a bien raison monsieur Macé. La preuve c’est l’exposition actuelle du Puppenhausmuseum de Bâle.

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Jusqu’au 2 octobre 2011, elle vous donne l’occasion de vous pencher sur «une ancienne coutume toujours très vivante à Urnäsch», celle du Silvester-Klausen (le Vieux Saint-Sylvestre).

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Car c’est pas parce qu’on sort en dos-nu et pantacourt dans la canicule printanière qu’il faut oublier le 31 décembre (ou le 13 janvier, suivant qu’on suit le calendrier grégorien ou julien). Urnäsch, c’est un joli p’tit bled du canton d’Appenzell Rhodes Extérieures (me demandez pas ce que sont les Rhodes Intérieures).

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Mieux vaut cliquer là-dessus sur l’ami gougueule car si vous tapez «Silvester», notre moteur de recherche bien-aimé vous affiche d’autor la tronche de Rambo. A côté du Père Stallone, les Kläuse en jettent pourtant bien davantage!

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Même s’ils fichent un peu moins les grelots maintenant que leurs chapeaux et supercalifragilisticexpiadélicieux costumes pêchent un peu –me semble-t-il– par un certain perfectionnisme. 

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Vous me direz que je m’éloigne de mon sujet mais j’ai toujours eu un faible pour les Kläuse depuis 2006 et l’Esprit de la forêt.

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 Sans doute parce que ces masques ne datent pas de l’hier du XIXe siècle (comme beaucoup de traditions populaires) mais parce qu’ils sont attestés depuis 1663. Peu de temps finalement après la sauvage Guerre de Trente ans.

18:06 Publié dans Ailleurs, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : silvesterklaüse, urnäsch, puppenhausmuseum, gérard macé | |  Imprimer | | Pin it! |

24.04.2011

Les sylvistructures d’un plombier provençal

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«Branchée» comme je suis, il était écrit que je m’intéresserais à la Maison de l’amandier qui regorge de «sylvistructures». Pierre Leron-Lesur, l’inventeur de ce joli mot savant qui désigne des «œuvres originales provenant de la nature» a installé dans sa maison de Saint-Rémy-de-Provence un très captivant musée personnel de poésie naturelle.

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Il est constitué de troncs, de loupes et de branches (nous y voilà) aux formes suggestives, aéoridynamiques ou mystérieuses, belles comme tout.

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Elles sont pour la plupart empruntées à des amandiers séculaires, morts naturellement, carbonisés par le feu ou détruits par le gel. L’amandier, que voulez-vous, fleurit avant tous ses petits camarades, ce qui lui vaut quelques ennuis en cas d’offensive tardive du froid. Il mérite bien une association pour le défendre et celle-ci loge dans l’ancien Hôtel de Lubières où Pierre abrite cette collection probablement sans égale, constituée patiemment au cours du dernier demi-siècle.

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A 88 ans, il reste des heures debout pour recevoir les visiteurs. Puis il glisse en souriant sa longue silhouette un peu voûtée (il finirait presque par ressembler à un amandier!) dans son atelier qu’il appelle pour rire «l’antre du diable».

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Dans ce laboratoire, interdit au public mais où il a bien voulu que je le photographie, il socle, cire, rafraîchit et chouchoute ses objets raffinés et subtils que lui prodigue la campagne provençale.

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Bien que doté, derrière ses grosses lunettes, d’un «œil» que nombre d’antiquaires lui envieraient, bien que visiblement pourvu d’un goût très sûr, Pierre Leron-Lesur, petit-fils de tonnelier, ne se veut qu’artisan.

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Si on lui fait observer que ses sylvistructures sont plutôt des «sylvisculptures», il récuse ce terme carrément.

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Il met à ne pas se vouloir artiste la même énergie que mettent certains créateurs d’art brut à refuser tout label d’ordre esthétique. Pourtant il me semble que les objets de sa collection relèvent pour la plupart du ready made et même pour beaucoup du ready made aidé.

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Ce que semble dire avec ses mots à elle, Jacqueline de Romilly : «Mais le vrai miracle n’est pas là. Il est dans le fait que ces fragments de troncs morts deviennent entre ses mains, sans qu’il n’y change rien d’essentiel, des œuvres d’art. Il élague seulement; il n’ajoute rien. On pourrait dire qu’il libère la forme encore prisonnière dans le bois».

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Au bois, Pierre Leron-Lesur doit la vie et il la lui rend bien. Grâce aux sabots isolants de son grand-père, il a pu échapper à une grave électrocution dans sa jeunesse. Il raconte cet accident et beaucoup d’autres anecdotes pleines d’un savoir technique disparu dans un livre de souvenirs où il fait preuve d’un très moderne sens de la valeur de l’eau : Fils du Rhône, Tribulations et mémoires d’un plombier provençal.

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On comprend que son activité professionnelle lui ait permis d’arpenter ce pays qu’il aime et qu’il connait sur le bout des doigts. Il est aussi l’auteur d’un bouquin bien illustré consacré à ses œuvres. Chimères du bois, Les sylvistructures de Pierre Leron-Lesur, tel est son titre.

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Il paraît que les magasins Nature et Découverte le vendaient mais maintenant il est épuisé parce que paru en 1994 à 1000 exemplaires seulement. Alors je le cherche.

03.04.2011

LaMicalement vôtre

dino dt.jpgRoulent-ils en Dino Ferrari ou en Aston Martin DBS?aston martin.jpg

 

Sont-ils enfants de Brooklyn ou rejetons de l’aristocratie britannique? Autodidacte à l’accent populaire pour l’un ou dandy un peu snob faisant sonner les dentales pour l’autre?

C’est ce qu’on a tendance à se demander au sujet de messieurs Mermod et Eternod, les collectionneurs-duettistes de l’art brut. Et on aurait tout faux si on les imaginait comme des sortes de Brett Sinclair et de Daniel Wilde.

Il n’empêche que la prochaine expo de leur Collection commune s’intitule Amicalement brut. Et que votre petite âme errante, fascinée comme elle l’est par les grandes séries télé des années soixante-dix, ne peut pas s’empêcher d’y lire comme un écho d’Amicalement vôtre.


beretta 2.jpgIn english, The Persuaders parce que les 2 sympathiques protagonistes de cette œuvre en 24 épisodes impérissables de Robert S. Baker préfèrent «persuader» plutôt que «canarder» au Beretta comme cet idiot-macho de James Bond.

Comme Brett et Danny, Jean-David et Philippe sont pacifiques et souvent en balade en France. Bien que tous deux citoyens de Lausanne où ils ont étudié ensemble au collège, ils se sont mis ces temps derniers à collaborer avec le LaM de Villeneuve d’Ascq (où ils ont déposé pour longtemps plus de 200 de leurs enfants) plutôt qu’avec la vénérable Maison mère suisse, j’ai nommé la Collection de l’Art brut. On aimerait bien savoir pourquoi. Mais l’hyper copieux dossier de presse du LaM qui cherche pourtant visiblement à couvrir tout le champ de l’information ne nous dit rien à ce sujet.

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Roger Moore et Tony Curtis -pardon, Jean-David Mermod et Philippe Eternod- bénéficient tous deux d’une notice d’une trentaine de lignes qui nous apprend surtout ce que l’on sait déjà. Rien par exemple sur leur âge mais c’est compréhensible avec les stars. Rien sur leurs occupations professionnelles à cause sans doute du respect dû à leur vie privée. Mais on aimerait savoir par exemple, ce qui attire chez chacun «le collectionneur passionné d’art contemporain» que l’on prétend qu’il est.

Craquent-ils pour Jeff Koons, pour Lucian Freud ou pour Philippe Pasqua? Répondez-nous vite, communicateurs lameux de cette «exposition théma (sic) art brut». L’attente est insoutenable. Ce sera plus utile que de nous raconter la vie de leurs grands-pères. Ou de nous bercer avec des généralités qui ne mangent pas de pain du genre : «notre but ultime est de partager notre passion avec d’autres (…)».

Friedrich Schröder-Sonnenstern,Jean-David Mermod,Philippe Eternod,LaM

L’exposition Amicalement brut commence le 9 avril, jour anniversaire de mon daddy adoré. Je risque pas d’oublier. Elle se terminera le 28 août 2011. Elle tournera autour de 5 grands ensembles d’œuvres d’Aloïse Corbaz

Aloïse Corbaz

Friedrich Schröder-Sonnenstern, Louis Soutter

Louis Soutter

Scottie Wilson, Joseph Wittlich. Il n'y a malheureusement pas trop d'images disponibles, alors je vous montre un Ted Gordon

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Cette expo comportera un catalogue, l’occasion de mettre pour pas cher (18 €) une grande collection européenne dans votre bibliothèque brute. Elle se présente comme un parallèle à la grande exposition Adolf Wölfli Univers dans la même crèmerie.

Adolf Wölfli,art brut

Mais là, je vous en ferai pas des tonnes parce que vous trouverez tout mais alors tout de chez tout dans le communiqué de presse du LaM(ical).

11.03.2011

Le temps du Maroc

Merci, chers Animuliens, d’être restés fidèles à mon dernier post. Je sors victorieuse d’un baston avec mon petit mac adoré un peu réticent à se laisser coller la nouvelle version du renard de feu (firefox in inglische). Je vous passe les détails mais ce que j’en ai bavé pour installer Rosetta, rectifier les erreurs de Norton et ouvrir Microsoft au démon, c’est rien de le dire.

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Pendant ce temps là, je regardais passer la concurrence qui me suçait la roue effrontément. C’est que le Maroc -sur la tête de mon daddy!- est à la mode depuis que j’en ai parlé. Du moins de ce certain côté de la blogosphère qui se flatte de subtilité à la pointe de l’arme blanche. Suivez mon regard… Vous voyez ce que je veux dire… Pas bien ? Ce n’est pas grave. Le sujet, j’en conviens, ne mérite pas un gramme de votre attention.

Sachez seulement qu’allant au plus pressé, on n’hésite pas, du côté de mon imitateur préféré, à dégainer le plus évident : les peintres d’Essaouira. Le plus ignare des cicerones de tour operator ne peut plus ignorer leur existence depuis que, dans le cadre du Temps du Maroc en France, grande manifestation culturelle maroco-française organisé en 1999, ils se sont baladés un peu partout dans notre pays.

Singuliers d'Essaouira,autodidactes marocains

A Strasbourg, à Barbizon (comme dit la chanson), à Bourges, La Rochelle, Lyon, Paris, Saint-Etienne et Pezenas, patrie de Bobby Lapointe. Edité par la Galerie d’Art Frédéric Damgaard à Essaouira (Avenue Oqba Ibn Nafiâa), il y a un beau catalogue qui présente 15 artistes dont Ali Maimoune que j’ai déjà évoqué le 20 mars 2010,

Boujemâa Lakhdar

 

 

Boujemâa Lakhdar : «Magicien de la terre»,

 

 

Mohamed Tabal : «peintre de l’errance et de la transe»

Mohamed Tabal,art brut marocain

Hamou Aït Tazarin

hamou Aït Tazarin,ecole d'Essaouira,art brut marocain

Said Ouarzaz : «L’immédiateté (sic) en peinture», Mostapha Assadeddine :  «Surréalisme africain (re-sic)», Fatima Ettalbi

 fatima Ettalbi,école d'essaouira,art brut marocain

Photos Essaouira : Youssef Regragui

C’est une autre Fatima que mon « émule», évoqué plus haut, a sorti comme un joker. Il attribue au fameux pifomètre d’un de ses «correspondants» la révélation d’un «environnement» marocain qu’il qualifie un peu rapidement d’«étrange». Monsieur mon honorable « concurrent» devrait sortir un peu de son hexagone de temps à autre au lieu de chercher à profiter de mon audience.

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M’est avis que son énigmatique informateur lui a refilé un tuyau crevé. Tout le petit monde vacancier qui visite les Gorges du Dadès sait que l’endroit le plus pittoresque se signale par les amusants mannequins (qui ont plus à voir avec une innocente démarche publicitaire qu’avec l’art brut) par lesquels Madame Fatima signale son petit commerce d’antiquités et de tissus.

Gorges du dades,doigts de singe,chez Fatima

madame fatima et moi.JPG On la voit ici en compagnie d’une de ces voyageuses avec lesquelles elle ne répugne pas à se faire photographier. Comme beaucoup de touristes, lecteurs de guides, je l’ai rencontrée en 2004. Il faut vraiment mal connaître les Berbères ou appartenir à la catégorie des ethnocentristes indécrottables pour s’imaginer qu’elle puisse être la «tenancière» d’un «bistrot».

 

Rendez-lui visite. Avant toute chose, elle vous offrira (peut-être) un morceau d’excellent pain trempé dans l’huile d’argan. Noblement. Le mari de Fatima serait l’auteur de la petite kasbah, sans doute la réalisation la plus intéressante de ce parterre en bord de précipice.

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21.02.2011

Electric pencil et autres Smürtz

Petit bonus sur l’OAF mais non des moindres : The Electric Pencil. C’est seulement maintenant que j’ai pu mettre la main sur le catalogue de la foire. En couverture, un dessin de ce pensionnaire d’un asile de Nevada dans le Missouri dont je vous avais déjà signalé le surprenant travail dans ma note du 17 octobre 2010.

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A l’intérieur un poétique passage d’oiseaux pour illustrer la page de la galerie qui les expose. Elle s’appelle aussi : The Electric Pencil.

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Le surnom qui a été donné à ce créateur anonyme semble provenir du dessin 197. C’est vrai que son auteur a plutôt écrit : «ECTLECTRC» mais on va pas chipoter pour si peu. Electric, c’est plus commercial.

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Les 280 dessins réalisés recto/verso sur de grandes feuilles de registre hospitalier ont été décousus de l’album fait main en cuir et tissu où ils étaient réunis. C’est ainsi plus facile à vendre.

art brut

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Dans ma boîte aux lettres, est arrivé aussi le leporello nouveau de la Collection de l’Art brut à Lausanne. Si vous savez pourquoi on a donné le nom du serviteur de Don Giovanni à ce type de dépliant, merci de me le dire. C’est égal, celui-ci est fort beau. Avec un fond noir superbe, sur lequel j’ai hélas promené mes doigts poisseux car je venais de m’en servir pour consommer une de ces sucettes géantes qu’on appelle «couille de mammouth» dans les cours de récré.

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Le leporello de Lausanne s’ouvre sur un Aloïse à tomber mais c’est surtout le petit texte introductif qui a retenu mon attention. Pourquoi? mais parce qu’à la question rituelle : «Qu’est-ce que l’art brut ?», il répond sans énumérer des vieilles formules mises sur orbite par Dubuffet il y a 40 ans. Un véritable effort définitionnel a été fait et ce n’est pas si simple. Si on avait voulu recadrer la notion d’art brut et lui restituer son sens à un moment où elle est trop souvent diluée dans des discours confusants, on ne s’y serait pas mieux pris.

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Aussi j’applaudis et je passe à la soirée Art et Médiumnitéqui se tiendra le mercredi 23 février 2011 dans le cadre de l’expo Henriette Zéphir à la Galerie Christian Berst (entrez par la rue Chapon et engagez vous dans le passage des Gravilliers, maintenant vous êtes grands, n’ayez pas peur).

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L’occasion est trop rare d’entendre Bertrand Méheust, philosophe du genre épistémologue et historien de la métapsychique. Qui s’intéresse d’un peu près à la médiumnité et/ou à l’automatisme mental tombe forcément un jour sur les 2 gros pavés de sa thèse intitulée Somnambulisme et médiumnité (1998).

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Ils se lisent comme un roman parce qu’émanant d’une pensée claire et bourrés de faits et d’anecdotes. L’auteur étant hyper-bien documenté. A intervalles réguliers, je déguste pour ma part un article qu’il a donné dans la revue de l’Institut Métapsychique International (décembre 2003) à propos des créateurs comme Augustin Lesage, Marguerite Burnat-Provins, Raphaël Lonné. Un Schmürz dans le monde de l’art, c’est le titre de cet article. Laurent Danchin apportera son expertise puisqu’il est aussi de la partie ce soir là.

18.02.2011

Sixtine à toutes les sauces

Télescopage. Des fois c’est un bombardement. Les informations m’arrivent de partout et je ne sais plus où donner de l’âme errante. Mardi 15 février 2011 c’est l’art brut qui s’invite aux Mardis de l’expo, sur France Culture. L’émission commence fort : «(…) qu’on l’appelle l’art naïf ou l’art des fous, il suscite à nouveau un regain d’intérêt (…) !!! Le temps d’aller chercher un bâtonnet ouaté dans la salle de bain pour me déboucher les oreilles et c’est déjà jeudi, le jour du Monde des Livres.

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Entre temps, j’ai eu droit au Cloisonné théâtre d’Aloïse qui est, paraît-il, «surnommé la Sixtine de l’art brut». Surnommé par qui ? On ne le saura jamais. A ma connaissance, cette ravissante formule remonte à un article de La Voix du Nord du 12 septembre 2010 où la conservatrice en charge de l’art brut au LaM l’attribuait à la cantonade : «certains l’appellent la Sixtine de l’art brut (…)». Qui sont «certains»? On ne le saura jamais non plus. Mais on se dit sans doute du côté de Villeneuve d’Ascq que plus c’est gros et plus il faut le répéter. Cela finira bien par rentrer dans nos récalcitrantes caboches.

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Fort heureusement il y a le Monde des Livres pour nous laver le cerveau. Dans son édition datée du vendredi 18 février 2011, j’ai sauté à pieds joints sur l’article de Claire Judde de Larivière intitulé : Michel-Ange, le sublime et l’infime, à propos de l’édition de la Correspondance de cet artiste-vedette de la Renaissance italienne, devenu l’étalon or de L’Aracine. Tout d’abord je n’ai rien remarqué mais je suis passée de la page 1 à la page 6 où l’article en question poursuivait son petit bonhomme de chemin. Page 6, il y avait une reproduction, un gros plan de la fameuse chapelle Sixtine.

Michel-Ange,Chapelle sixtine,LaM,La Voix du nord

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Et là, ça m’a sauté à l’œil :

LA CHAPELLE SIXTINE

C’EST DE LA DAUBE.

05.02.2011

Les 12 travaux de Pascal Leforestier

hercule et pif.jpgDans Pif le chien, moi ske j’préfère c’est Hercule.

Son côté mal léché, sparadrap sur le nez, sans doute. J’ai un faible, que voulez-vous, pour les matous malicieux et malchanceux.

Je les préfère à ces jolis toutous au petit ventre rond qui n’arrêtent pas de donner des leçons de morale dans la vie comme dans la bédé d’Arnal.

Aussi me suis-je jetée à la vitesse de Guy l’Eclair sur Les 12 travaux d’Hercule de Pascal Leforestier, un mince (mais très pêchu) album de dessins en couleurs réalisés par un monsieur qui fréquente l’Atelier de La Passerelle à Cherbourg.

Pascal Leforestier,La Passerelle

J’avais déjà été en contact mailographique avec Romuald Reutimann, son animateur mais jusqu’à présent je n’avais pas été très convaincue par les images qu’il présentait, notamment sur le blogue du dit atelier manchois.

La Passerelle est un atelier d’arts plastiques inauguré il y a 20 ans, dans le cadre d’un service d’insertion sociale, s’adressant à des adultes qui travaillent pour la plupart dans des CAT (non, pas des minous !).

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Malgré tout le respect que m’inspire le social et les Centres d’Aide par le Travail, je me gêne pas pour juger les travaux d’art sur pièces. Le charity business c’est pas mon truc.Tout de même, je reste attentive à ce qui vient de ces personnes travaillant dans ce type d’ateliers. Personnes dont les capacités peuvent se révéler, sur certains plans, si supérieures aux nôtres alors que, sur certains autres, ils se montrent si fragiles qu’ils doivent être entourés, protégés, encouragés.

Pascal Leforestier

C’est le cas, semble-il de Pascal Leforestier auquel tous mes lecteurs font, j’en suis sûre, un petit coucou. On en apprend peu sur Pascal dans les deux courts textes d’Emmanuel Boussuge et de R. Reutimann qui accompagnent les dessins mais on les approuve d’avoir été discrets.fraisetag.jpg Seulement qu’il est grand, qu’il avait 38 ans quand il a réalisé la série herculéenne, «tranquillement», trois jeudis durant. Et qu’il sourit «d’un air moqueur» quand on lui propose un projet, en relevant le défi d’un simple «Ben oui». On aimerait bien savoir s’il aime les carambars ou s’il préfère les fraises tagada (comme moi) mais, bon, c’est déjà pas mal.

L’album reproduit les dessins sur des fonds sable ou coquille d’œuf qui, si je comprends bien, reproduisent des échantillons de papier peint qui ont servi de support à l’origine.

Pascal Leforestier,Lion de Némée

En vis à vis, une page noire, imprimée en blanc relate les divers épisodes de la légende qui ont été grosso modo expliquées à Pascal par l’équipe de l’atelier qui a su, visiblement, se limiter au coup de starter minimum. C’est tout et c’est très bien.

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En chichiteuse pourave que je suis, je regrette un peu la blancheur éblouissante des pages de titre et de préfaces mais cette publication de Recoins et Cie est la meilleure de celles (les livraisons d’une revue, en fait) sorties sous ce label.

30.01.2011

Le livre d’or de l’abbé Fouré

sculpture bois.jpgPauvre Adolphe-Julien! On a perdu son lit à Montreuil. On lui attribue une statue à Villeneuve d’Ascq. On cherche désespérément à retrouver ses sculptures sur bois disparues.

Quand on en déniche une, on crie illico au miracle même s’il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit. Fouré a beau être abbé, son petit «bouquet de roses» de 1904, récemment redécouvert, n’a rien de miraculeux. Il a plutôt l’air… je ne dirai pas de quoi, par égard pour la vieille dame qui le gardait en souvenir.

Mais enfin si l’ermite de Rothéneuf n’avait fait que ça, je pourrais tout de suite passer à un autre sujet. Par exemple au gros livre sur Saint-Malo-Rothéneuf au temps des Rochers sculptés qui vient de sortir aux Editions Cristel dans la cité des corsaires. Il fallait un Jéhan pour s’occuper de la chose et c’est lui qui s’y est collé. Imprimé sur 3 colonnes et sur 222 pages, vous pensez bien que je n’ai pas eu le temps encore de me farcir ce gros bouquin avec lequel l’auteur vient de décrocher son bâton de maréchal fouerrant. Mais je vous conseille de le lire.

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Attention, c’est touffu. Normal puisque l’auteur bosse depuis 25 ans sur le sujet. Et puis, le format à l’italienne, s’il met en valeur les images du site rothéneufien et les documents anciens qui accompagnent le texte, ne facilite pas la consultation. Si vous pensiez le parcourir dans le métro, c’est râpé! Votre petite âme errante vous recommande donc de fonctionner au GPS pour vous aventurer dans ce jardin d’érudition luxuriant, d’autant qu’il n’y a pas d’index.

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 Avant de partir, visiter le sommaire et les remerciements est aussi indispensable que de vous coltiner le mode d’emploi de votre nouveau téléphone portable. Vous comprendrez très vite que le livre de Jean Jéhan –c’est sa richesse mais son tendon d’Achille aussi– emboîte plusieurs ouvrages comme une poupée gigogne. Un album photo où l’auteur a recueilli ses meilleurs clichés réalisés depuis 30 ans. Une biographie proprement dite. Une histoire de la Côte d’Emeraude et des bains de mer à la Belle Epoque.

St Malo

côte d'emeraude.jpgLe mémoire de DEA de Valérie Baudoin, une de ses valeureuses fourmis. La préface-fleuve d’un expert en fourétitude du nom d’Alain Bouillet. Une expérimentation façon numéric art par Véronique Hénaff et Jean-François Barrière. Ajoutez à ça des centaines de notes, 6 pièces en annexe et une biblio. On sort de là rassasiés. L’auteur a un appétit de Gargantua mais il peine forcément à digérer toute cette matière rédactionnelle et iconographique.

Il est donc permis d’entrer dans son travail par des chemins buissonniers et se précipiter en priorité sur les fac-simile (ou repros intégrales) qu’il nous offre. Celui du Guide du musée de l’Ermite de Rothéneuf de 1919.

Abbé Fouré,ermite de Rothéneuf,Guide du musée,1919

 Celui du Livre d’Or de l’Abbé Fouré, totalement inédit.

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Comme ça, on saura qu’une visiteuse de l’époque se croyait «transportée au pays des fées». Et c’est loin d’être négligeable. Sans vouloir ajouter un angle supplémentaire à l’approche de Jéhan qui en comporte déjà beaucoup, je vous quitte pas sans vous signaler L’Ermite de Haute Folie, le petit dernier des Contes du Korrigan, une bédé de Ronan Le Breton (scénariste), Stéphane Créty et Vicente Cifuentes (dessinateurs) qui met en scène notre bon vieil «abbé Fouéré».

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25.01.2011

Back in USA

Retour à l’Oncle Sam. Si, comme votre petite âme errante, vous faites partie des happy few auxquels un certain Matthieu Morin vient de décerner le grade de «grande farfouineuse en tous sens», vous avez peut-être eu droit à son U.S.A.R.A.M.A. de début 2011.

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Prometteur, j’espère, de nouvelles vadrouilles outre ceci ou cela. Dans le cas contraire vous serez contents que je fasse partager sa carte de vœux. Et dans tous les cas vous pourrez toujours m’accabler de commentaires genre : «assez, je meurs!», «parole, c’est trop beau!» et autres «sam déchire!».

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Et puisque ces belles images viennent d’Amérique, il est normal que je les destine aussi de préférence à mes lecteurs américains car j’en ai, malgré mon épouvantable langage.

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En m’associant aux vœux de Matthieu : «For my best wishes, here are some winks from my 2010 trip to The USA, which was centered on the passion that make us feel alive. Thousand of miles on a path bordered with love, dry bushes, Bud Light and encounters stuck in my mind forever».

23:35 Publié dans Blogosphère, De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |