30.07.2009
Cuba nous fait des Signos
Belkis Aion, 1993
Cuba-Boix qu'est ce qu'elle va pas pas inventer là Animula?
Faut vous dire que je serais bien allée danser la salsa à Groninger, à Groninger en Hollande. A Groninger parfaitement. Parce que figurez-vous là-bas, au musée du coin, il y a, jusqu'au 20 septembre 2009, une expo sur l'art cubain : ¡Cuba! art et histoire de 1868 à nos jours.
C'est bien le diable là-dedans si y'a pas kekchose à découvrir. Un jour ou l'autre le couvercle de la marmite barbudos va finir par voler en éclat, le voisin américain va cesser de faire la gueule et on va assister à l'arrivée sur le marché d'un tas d'artistes cubains qui rongent pour le moment leur frein de bicyclette.
C'est ce qu'a compris le Musée des Beaux-arts de Montréal qui a donné un coup de main à son homonyme de La Havane pour monter cette expo.
Je me demande pour ma part si on peut y voir des œuvres de Samuel Feijoo appartenant à la Collec permanente du Museo Nacional de Bellas Artes. Samuel Feijoo, c'est ce «frère d'âme» que Jean Dubuffet saluait dans le n°5 de Signos, une revue cubaine de 1971.
Cet artiste autodidacte, peintre et écrivain, est mort maintenant. Ses dates c'est 1914-1992.
Il m'intéresse parce que, dans les débuts de la Révolution, il a encouragé la création et la diffusion des artistes populaires de la région de Las Villas (Santa Clara).
Parmi lesquels, ceux salués (bis repetita) par Dubuffet qui, décidément ne craignait pas de soulever son petit chapeau de tweed pour les «camarades» (Dub emploie le terme!) à bérets étoilés : «la gracieuse Isabel Castellanos»,
Horacio Leyva,
Benjamin Duarte,
Angel Hernandez et «tous les autres pionniers de l'émouvant art brut de Cuba».
Je flaire une source : avis aux touristes animuliennes (et à leurs concubins) qui passent leurs vacances là-bas!
En attendant, moi, je vais me contenter d'aller voir Fidel à la Halle Saint-Pierre.
Fidel et d'autres toucans bleus,
oiseaux mondains
et religieuses d'Anselme Boix-Vives
qui ajoutent au mystère de la salle noire de ce montmartrois musée. C'est offert en prime avec l'expo Macréau et réciproquement. Et c'est jusqu'au 21 août 2009. Deux pour le prix d'une.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, art cubain, anselme boix-vives, revue signos, revista signos, samuel feijoo, jean dubuffet, isabel castellanos, horacio leyva, benjamin duarte, cuba, santa clara | | Imprimer | | |
18.07.2009
Dereux et Dubuffet font les Beaux-Arts
Dereux + Dubuffet = Lyon. Même si vous êtes nuls en calcul c’est une addition facile à faire, mes p’tits Gnafrons. Et si vous vous sentez une petite faim pour le jésus, la rosette, le tablier de sapeur et la cervelle de canut, si vous vous sentez prêts à vous envoyer derrière le tchador un vieux pot de Beaujolais, c’est le moment de descendre ou de monter dans cette bonne cité de Lugdunum.
Lyon nous offre cet été deux bonnes occasions d’aller bouchonner dans ses murs. First of all parce que le Musée des Beaux-Arts (rien que ça !) a le bon goût de se souvenir que Philippe Dereux est un régional de l’étape. Il lui offre, jusqu’au 21 septembre 2009, une expo en compagnie de son ami et mentor Dubuffet Jean pour ne pas le nommer.
Philippe Dereux, c’est le type aux épluchures, cet artiste sincère et discret sur lequel Tom Le Guillou avait porté le projecteur de la Galerie Messine à la fin de sa vie.
Dereux : on n’imagine pas plus belle figure de «l’homme du commun à l’ouvrage» ! Avec son sourire timide et son look de gentil cousin de province, on croyait pas, dans les vernissages, que c’était lui l’auteur de ces théâtres de graines, d’écailles et d’épluchures délicatement assemblés par collage.
© Photo Jac Perrichon
Quand on lui rendait visite, chez lui, à Villeurbanne c’était pareil. Dans un décor de peaux de pêches achevant de sécher sur un radiateur, il se tenait bien sage dans un chandail couleur de terre, tout à fait dans la gamme chromatique de ces «tableaux» fruiteux-légumineux qu’il réussissait à préserver de la corruption et des injures du temps par toute une petite chimie de techniques patiemment mises au point depuis la fin des années 50 où il avait commencé à œuvrer pour lui même.
Et non plus comme assistant de Dubuffet qui, à Vence, s’était gagné le concours de cet instituteur en vacances, un peu empêtré dans son désir intimidant d’écriture. Ayant renoncé au statut d’homme de lettres, Philippe Dereux devait renouer d’ailleurs avec sa passion littéraire à l’occasion de sa nouvelle activité plastico-éplucheuse où il s’était engagé en toute ingénuité, «tout à fait par hasard, sans but préconçu, pour voir, comme disent les enfants (…)».
J’abrège pour vous dire que, si vous vous grouillez un brin, vous pourrez aussi, jusqu’au 28 août, courir à la Bibliothèque Municipale de La Part Dieu où ce que vous verrez l’expo Archives de l’infamie montée autour de La vie des hommes infâmes, un texte anti-plutarquien de Michel Foucault.
Elle nous promet des photos d’asile, des images de sans-papiers, des empreintes de mains du début de la criminologie, des cahiers de détenus et des dessins ou tatouages de bagnards.
Moi, je crains de pas pouvoir mais si vous passez par là, n’hésitez pas à lâcher vos commentaires.
23:55 Publié dans Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, philippe dereux, jean dubuffet, michel foucault, archives de l'infamie | | Imprimer | | |
19.04.2009
100 dessins de Jean Dubuffet rue de Seine
Heureusement qu'il y a Dubuffet à la Galerie Jeanne-Bucher! Sinon c'était un ouikène de merde! Style glagla-glouglou jusque dans la moelle des os. Tout le monde aux abris et votre petite âme errante sous la capuche. Les gouttières de la rue de Seine gerbaient à mort sur le trottoir, mince à cet endroit. Pour comble de cata, une baraque de chantier devant le n°53, siège de ladite Galerie.
J'ai eu du mal à retrouver l'étroit couloir en briques de palais assyrien au bout duquel -enchantement- une petite cour provinciale et 2 ébouriffantes œuvres en couleurs de notre crâne rasé préféré. Et c'est pas tout car, sous ce crâne poncé (comme disait Vialatte), s'agitait un esprit des plus bouillonnants.
Poussez donc sans crainte la porte de la spacieuse et pourtant feutrée G. J.-B. On fouillera pas votre sac dans le genre délire-sécuritaire en vogue dans les Grands et Petits Palais de la République qui font étalage de Warhol, Blake et autres Mortimer. Une dame viendra sur la pointe des pieds vous dire bonjour. On vous foutra une paix royale le temps que vous contempliez un ensemble d'enfer de 100 dessins dubuffetiens, réalisés dans les années 60, 70 et 80 et n'ayant pas traîné partout depuis.
On aime L'Arbre mystique de 1971 pour sa position de randonneur, sac sur le dos.
On s'extasie sur le Village avec antennes de 1964 (64 !) où l'alchimiste Dubuffet digère et transfigure le soit-disant très laid réseau de cableries électriques de nos campagnes électrifiées.
Mais les autres sont bien aussi, à divers égards. Quel bûcheur que ce mec! On voit qu'il aime ça, dessiner, dessiner encore et dessiner toujours au téléphone (fort heureusement tout à fait fixe de son temps).
L'accrochage, clair et pourtant respectueux des méandres, met bien en valeur cette énergie, cette vitalité, cet entrain opiniâtre qui étaient les siens. Jusqu'aux dessins qui se démêlent de la fin où, sur le point de quitter l'expo, on voit Jean Dubuffet chercher sa sortie.
19:43 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean dubuffet, rue de seine, galerie jeanne-bucher | | Imprimer | | |
24.11.2008
Des minous et des livres
Vialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.
Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.
Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.
De minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.
Mais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.
Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.
C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.
Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?
23:27 Publié dans Ecrans, Ecrits, In memoriam, Lectures, Vagabondages, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claude lévi-strauss, alexandre vialatte, louis wain, jean dubuffet, françois caradec | | Imprimer | | |
05.11.2008
Jean Dubuffet au séminaire
Vous savez pas quoi faire samedi ? Hello, ça vous dirait un p’tit séminaire ? D’ici là, l’Amérique sera barackée. A moins qu’elle n’en pince pour le playmobil. En tous cas, vous serez à New York pour l’événement et on peut dire que ça tombe pile poil parce que c’est au Folk Art Museum que, juste avant le lunch (entre 11 Am et 1 PM), vous aurez la chance (pour peu que vous ayez 20 $ dans la poche de votre doudoune) d’assister le 8 novembre 2008 au Saturday Seminar dans le cadre des Folk Art Studies. C’est très sérieux, ne rigolez pas. Qui a dit que les Américains, démocrates et républicains (il me semble qu’on peut être les 2 à la fois) ne comprenaient rien au mot «art brut» ? Sans doute ceux qui croient branchouille de jargonner pidgin à tire-larigot dans leurs papiers ou sur leurs sites : outsiders par ci, self-taught par là. A ceux-là le séminaire de l'AFAM apporte – lon, lon, laire – un démenti puisqu’il s’intitule : Jean Dubuffet’s «Discovery» of l’art brut and les ecrits bruts : The European Context.
Bon, O.K., il y a ces guillemets qui festonnent la Découverte mais cette titraille est quand même prometteuse puisqu’elle montre à l’évidence que nos amis Uessiens ne craignent pas de se coltiner l’art brut, à la fois le mot (pas la peine donc de lui chercher des équivalents anglais plus ou moins vaseux) et la notion elle-même. Et même d’avaler au passage, quoique sans accentuation, un autre syntagme françois, j’ai nommé les «écrits bruts».
Je persiste en vous refilant le très clair laïus qui présente le Seminar : «This seminar will examine the historical specificity of Dubuffet’s “discovery” of l’art brut and les ecrits bruts in France in the immediate post–World War II period in light of the artist’s political affiliations and literary and curatorial aspirations. We will review the artistic and literary genealogy of art brut and discuss the extent to which Dubuffet’s postwar definition of art brut differs from the surrealists’ celebration of l’art des fous. Concomitantly, we will look at Dubuffet’s extensive writingson specific artistes brutes, including, but not limited to, Aloïse, Gaston Chaissac, Le Comte du Bon Sauveur, Charles Jaufret, Alfonso Ossorio and Francis Palanc.»
Collection of Audrey B. Heckler © Estate of Martin Ramirez
Comme je sais pas trop avec quoi vous illustrer cette note, j’emprunte à la shop du musée une image ramirezienne trouvée dans un portefeuille de cartes. C’est une repro de l’une de ces fameuses œuvres redécouvertes en 2007 exposées à l'AFAM jusqu'en avril 2009 sous l'intitulé : Martin Ramirez, the last works.
00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, jean dubuffet, martin ramirez | | Imprimer | | |
06.09.2008
Ovartaci : Brut et Danois
Ovartaci, super créateur d’art brut Danois, comptait Asger Jorn parmi ses inconditionnels. Son œuvre n’en demeure pas moins méconnue. Aussi devant son nom, aperçu dans le dernier numéro de Raw Vision (64, autumn 2008, p. 69), j’ai poussé un «glop-glop» de plaisir.
La lecture de la brève de John Maizels, relative au bouquin de Johannes Nielsen : Ovartaci, Pictures, Thoughts and Visions of an artist, m’a rappelé mes vacances 2003 au Danemark où j’étais grimpé pour mettre mon daddy à l’abri de la canicule.
Je vous ferai une autre fois le récit de mes rencontres brutes dans la lumineuse fraîcheur du Jutland, sachez seulement qu’à Århus, en excursionnant au musée de l’hopital psy, j’ai eu le choc de ma vie (enfin, l’un des chocs) en rencontrant les insidieuses, longilignes, félines, inquiétantes et sexuelles créatures d’un peintre, sculpteur schizophrène qui demeura là 56 ans, chouchouté par une équipe soignante qui admirait son travail artistique.
A l’époque de ma visite, la version en anglais du livre de Nielsen, le psychiatre d’Ovartaci, n’existait pas. L’auteur m’avait gentiment dédicacé la version originale mais j’avais dû me contenter, par ignorance danistique, d’en lire le titre : Ovartaci, En kunstners billeder tanker og visioner.
Dommage pour vous ! J’aurais pu vous en parler plus tôt. Il est vrai que je vous cause d’un temps où votre petite âme errante n’existait pas ! Imaginez le monde sans Animula Vagula… Fermons la parenthèse.
J’aurais pu vous dire le frisson fantastique que c’était de découvrir ces peintures et ces sculptures terribles et ce non moins étrange mobilier peint où dominent les thèmes ésotériques à base de métamorphoses femme-animal.
J’aurais pu vous parler de ces foules tout en flammes où crépite le feu ardent de la psychose, de ces cauchemardesques et fascinantes scènes en abîme, peuplées d’entités femelles à la taille de guêpe, aux ailes de libellule et aux yeux égyptien-reptilien.
On vit plus d’une vie avec Ovartaci. Lui-même voyageait sans arrêt au gré des réincarnations dont il se souvenait. Dans cette vie, il s’appelait Louis Marcussen de son vrai nom, avait vécu en Argentine, était calé en bouddhisme. Longtemps yogi, son désir de maîtrise sur son corps l’avait sans doute conduit à une automutilation qu’il évoque dans un chapitre du livre de Nielsen, en commentant l’un de ses tableaux : Naked bathing girls.
Son esprit toujours occupé de migration d’un sexe dans l’autre, Ovartaci parle volontiers de lui-même comme d’une petite fille. Il se décrit aussi comme un «virul», le représentant d’un 3e sexe.
Sa façon de tout ovartaciser séduisit Jean Dubuffet qui s’intéressa à son cas grâce à son copain Asger Jorn.
Asger Jorn et Jean Dubuffet en 1961
Photo : Musée de Silkeborg
Ce grand artiste Cobra-Situ, fit cadeau de deux pièces d’Ovartaci à la Collection de l’Art Brut de Lausanne.
A ma connaissance, on ne les y montre pas. Est-ce parce qu’en 1979 Ovartaci participa à l’Exposition Outsidere au trop fameux centre d’art contemporain de Louisiana ?
Si c’était le cas, le temps ne serait-il pas venu de rectifier le tir ?
21:39 Publié dans Gazettes, In memoriam, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ovartaci, art brut, asger jorn, jean dubuffet | | Imprimer | | |
27.11.2007
Match Burland-Pons pour la St Saturnin
Il y aurait beaucoup à dire sur le «goût viscéral» de Jean Dubuffet «pour le désert». On pourrait aussi bien prétendre qu’il s’y est enquiquiné à 100 sous de l’heure après son overdose de chameaux de la fin des années 40.
Mais on va pas chipoter le carton d’invitation de la Maison Objet Trouvé qui utilise ces termes, puisque cette méritante galerie voit dans le désert une occasion d’apparenter François Burland au «grand ancien» fondateur de l’art brut.
A-t-il besoin de ce rapprochement, ce peintre né à Lausanne et enrôlé sous la bannière de la Neuve Invention ? Pas vraiment, Burland ayant acquis -O.T. nous le proclame- «renommée à travers le monde».
L’expo s’intitule Desert blues. Comment ne pas être intimidée, après ça? Votre petite âme errante confesse son ignorance crasse. Burland, elle le connaît surtout par repros interposées. Aussi est-elle plutôt jouasse, c’est clair, de cette rétrospective Burland, «la première en France» bien sûr. Espèrons qu’elle apportera sa petite pierre. Le vernissage c’est le 29 novembre.
Ce sera ce soir là un match Burland-Pons car ce jeudi, également à partir de 18 heures, la Galerie Béatrice Soulié vernit les dessins récents de Louis Pons qui n’est ni brut ni «neuvinve» mais qui se laisse voir parce que c’est un grand de chez grand, un des rares qui accède par des moyens d’artiste pur jus à des régions où n’accèdent généralement que les créateurs qui ne peuvent faire autrement de l’être.
Une expo Pons c’est toujours un événement à Paris. Je croyais, tiens, tiens, qu’il était celui «qui ne dessinait plus». On verra bien. Du moins, si on arrive à se propulser de la Bastille au Quartier (latin), de la Charenton street à la pictorialiste rue Guénégaud.
Ceux à qui ce grand écart ferait pas peur, ne craindront pas non plus d’aller 2 jours plus tard (c’est ouvert les samedis, dimanches et jours fériés seulement) à la Galerie Capazza. C’est à 90 mn de notre vieille pollution parisienne, dans le grenier de Villâtre qui est un château. Entre Vierzon et Bourges, à Nançay dans le Cher (18330).
Ils y verront les Paysages habités d’Eliane Larus, une expo que Lydia Harambourg enrobe en ces termes dans le n°41 de La Gazette de l’Hôtel Drouot (23 nov. 2007) : «Si les ex-voto, l’art brut, la céramique sud-américaine, les jeux en bois ne sont pas étrangers au monde d’Eliane Larus, ils servent de tremplin à une verve intuitive qui détecte dans chaque objet des éléments formels, des couleurs dont elle transpose les richesses originelles». Le site de la Galerie Capazza est un peu emberlificoté mais vous trouverez sans doute le diaporama d’Eliane Larus. Une occasion pour vous mettre une bonne vingtaine de ses tableaux dans l’œil avec les prix en plus.
Bon, maintenant je retourne dans mon nid douillet.
23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois burland, louis pons, eliane larus, jean dubuffet | | Imprimer | | |
19.12.2006
Qui a gagné le quizz de Noël ?
Antonin Artaud par Jean Dubuffet
Merci à tous les sympathiques animuliiiiiens qui ont répondu si viiiiite au grand Quiiiizz de Noël et bravo surtout à vous les fiiiilles qui vous êtes montrées si fiiiines mouches.
La gagnante du concours c’est Béatrice ex-aequo avec Teresa (et non «za», signor Decharme, vous confondez avec Terezie). Béatrice, la plus rapide et Teresa la plus précise.
Car il s’agissait bien d’Antonin Artaud dont je ne saurais trop vous engager à aller visiter l’exposition à la Bibliothèque Nationale de France (site François Mitterrand) ne serait-ce que pour le plaisir d’être fouillé par Sécuritas (comme dirait Chéri-Bibi) à l’entrée.
J’ai eu beau tricher en vous présentant la feuille à l’envers, nos deux lauréates ne se sont pas laissées prendre au piège. Teresa s’est même approchée très près de la source puisque ces dessins et ce texte hâtivement griffonné sont extraits d’un Cahier Ivry, janvier 1948 dont Gallimard nous offre (enfin «nous offre», c’est 39 € quand même) un parfait fac simile accompagné d’une transcription typographique des textes.
Je vous restitue celle de notre page :
circonscrire
dont on peut discuter,
écrire
est un monde mort
les mondes vivants
sont invisibles
Parlons maintenant un peu du prix. En dépit de ma réputation d’incorruptibilité, je n’ai rien contre le commerce d’art et je me verrais bien marchande de soupe tant il est vrai qu’une soupe aux fanes de radis peut être un chef d’œuvre entre des doigts de fée. C’est donc un cadeau soupe-surprise que nos deux gagnantes recevront très bientôt de notre part. Les garçons qui n’ont pas su se décider complètement et qui sont restés entre la chèvre et le chou devront se contenter de mes félicitations.
00:05 Publié dans De vous zamoi, Expos, Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Antonin Artaud, Jean Dubuffet, art brut | | Imprimer | | |
12.11.2006
« Congé aux fesses et aux seins »
Aux amateurs de «chair crème» (voir commentaire du 10 novembre à la note sur Jules et Diego, votre Animula, dans sa grandeur d’âme, a choisi d’offrir quelques kilos de pâte d’amandes empruntés à :
Si par hasard ça leur suffisait pas, les «callipygistes» (permettez qu’ainsi je les désigne) pourraient faire un tour dans la galerie de peinture virtuelle de Marc Vérat où ils pourront se goinfrer de derrières et de… devants savamment docu (sans jeu de mots) mentés.
Aux autres, cette bonne Ani, toujours aussi vaguleuse, se contentera de rappeler en quels termes Jean Dubuffet, dans ses Notes pour les fins lettrés, donnait en 1946 «congé aux fesses et aux seins» :
Et comment, dans une lettre du 16 octobre 1969 à un prof d’histoire de l’art de Montréal (François Gagnon), il mettait, en ce qui concerne la chose, des points sur les iiiiiiiiii
«C’est bien vrai que je n’aime pas l’érotisme dans l’art ; je suis très agacé par la collusion de l’érotisme avec la création d’art -chère aux surréalistes- mais qui d’ailleurs est le caractère capital de tout l’art classique d’Occident depuis les Grecs. Il n’y a rien de plus proprement culturel que la confusion de l’érotisme avec l’art».
Pour corser le tout, des fois qu’on s’avise de prendre ses propos pour paroles d’évangile, Dubuffet ajoutait en P.S. :
«Il ne vous échappe pas, certainement, que Labonfam abeber vise à être une incantation tout à fait dénuée d’aucun érotisme».
Labonfam abeber (1949) - Jeux I, planche V
20:10 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jean Dubuffet, art brut | | Imprimer | | |
11.05.2006
Jean Dubuffet connaît la musique
C’est bien gentil ces ouikènes dans le Poitou mais le frigo est vide et votre petite âme errante a de la lessive en retard. Bien sûr, au lieu de se jeter comme une bête sur son repassage, elle a préféré se plonger dans la lecture des actes d’un colloque en hommage à George Sand sur le thème : musiques savantes et musiques populaires. A la croisée des chemins que ça s’appelle et c’est paru en 1999 aux Editions Famdt. Vu que je l’ai fauché dans la Bibliothèque de Michel Valière, il y a son ex-libris dedans et le gros magnétophone qui figure dessus, entre ethnologue et informateur paysan, m’a rappelé celui de la pochette du disque de Jean Dubuffet édité en 1961 par la Galleria del Cavallino de Venise. Chemins parallèles sont faits pour se rencontrer. J’ai donc enfourché ma petite carte orange, direction Duroc, pour me propulser rue de Sèvres à la Fondation Dubuffet où j’ai retrouvé dans une vitrine de l’expo Jean Dubuffet, expériences musicales, le dessin de ce disque intitulé Pleure et applaudit.
Sensible comme je suis, j’aurais bien fait l’un et l’autre si je n’avais craint de perturber l’ambiance feutrée de ces lieux un peu austères où planent le fantôme et la voix du peintre de l’Hourloupe qu’on entend dans l’escalier (il faut sans cesse gravir dans cette fondation) proférer d’un air à la fois comique et sérieux : «As-tu cueilli la fleur de baaââârbe?».
Je suis bien contente d’avoir pris des artT pour voir cette expo, même si j’ai dû me mettre à 4 pattes pour looker la collection de disques de papa Dub : vinyles de vocalisations pygmées
et de chants indiens d’Amazonie entre autres. Je désespérais d’y parvenir, la maison fermant le samedi et le soir à 18 heures, quand on quitte à peine le boulot. Du deuxième étage la vue vaut le coup sur les petits toits autour et traverser le jardin intérieur avec sa longue allée de roses jaunes vaut le déplacement. C’est amusant de penser que Dubuffet devait frotter son petit chapeau à la branche toute biscornue qui s’échappe d’un arbre en bordure à la rencontre des visiteurs. L’expo s’arrête le 13 juillet.
23:55 Publié dans Expos, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Jean Dubuffet, Michel Valière | | Imprimer | | |