12.09.2007
Objets trouvés et discrets créateurs
Puisqu’on en est à la distribution des images, voici celle-ci ramenée du Musée des Alpilles de St-Rémy de Provence. C’est une enluminure d’Augustin Gonfond, un peintre paysan saint-rémois de la fin du 19e siècle.
Le Musée des Alpilles, qui a été entièrement relooké, est voué à l’ethnologie et aux «créateurs discrets» (le mot est joli) enrôlés depuis peu dans «les arts modestes».
Si vous crachez pas sur les santons, si les ex-votos vous font pas bailler, allez-y et profitez-en pour traîner vos sandalettes à l’expo Objets trouvés qui a le mérite de porter un méta-regard sur l’histoire de la constitution de la collection du musée sous la houlette de Pierre de Brun, conservateur jusqu’en 1942 et grand rassembleur de pièces archéologiques oubliées, retrouvées, recyclées.
Objets trouvés, évidemment ça vous fait penser à une galerie parisienne du même nom (mais sans les s) et j’en vois déjà qui tournent leur regard vers la rue de Charenton, où s’organise Une rentrée hors-les-normes dans un esprit de «résistance» au «conditionnement culturel».
C’est international et ça dure jusqu’au 27 octobre. Attention le vernissage d’Objet trouvé (au singulier) c’est jeudi déjà. Le 13, je vous dis.
Si d’aventure vous étiez à Genève le même soir, vous pourriez croquer La Sardine, du moins l’expo que cette galerie de la rue des Bains (on reste dans l’aquatique) consacre à Djeynaba Ndiyae, une artiste autodidacte et sénégalaise dont votre petite âme errante sait pas grand chose.
Vous, qui êtes avides de nouvelles expériences, vous lui raconterez !
12:00 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Djeynaba Ndiyae, art brut | | Imprimer | | |
11.09.2007
Pussy cat
21:55 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Enrico Baj | | Imprimer | | |
10.09.2007
Brut alors ! des Micmacrocosmes !
A peine on a rangé ses valises que voilà la chute des feuilles.
Celle des impôts que l’on oublie grâce aux jolis flyers qui se mettent à gonfler la boîte aux lettres.
Epouvantée par ce tsunami de cartons d’invitations tous plus flashants les uns que les autres, votre petite âme errante s’efforce courageusement d’en sauver certains du flot.
Honneur tout d’abord à celui de la prometteuse exposition Micmacrocosmes qui inscrit à son programme, du 15 septembre au 23 décembre 2007, une «Collection d’objets insolites et merveilleux».
C’est le Musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine (77870) qui pique ainsi notre curiosité (aïe !) et nous apporte aussitôt l’antidote.
Le carton dont il faut saluer la lisibilité nous en dit assez pour mettre le feu aux poudres, tout en nous laissant un peu sur notre faim. Avec cette installation de Vincent Vergone, «Le public est invité à découvrir des objets étranges, incongrus, merveilleux : une conque à poèmes, une pierre qui chante, une machine à hypnotiser, un miroir à regarder le fond de son âme, une machine à projeter des spectres, un miroir de gorgone…». Voilà qui est précis.
Dans un registre un tantinet moins limpide et même beaucoup plus mystérieux, le carton à volets de la nouvelle expo abcd claque comme un drapeau : Brut alors ! c’est son titre. Il sonne comme un gros mot dans une cour de récré, comme un de ces jurons qui nous échappe quand on vient de relire pour la 3e fois la notice de son téléphone portable sans y rien comprendre. C’est vous dire que cette expo qui s’accompagne d’un bon pour une «visite-surprise» joue sur le teasing.
Le dépliant où les textes se tortillent dans tous les sens a des allures de lanterne-magique. Il nous fait miroiter du mystère, des énigmes et du non-sens mais on sent bien qu’il veut garder ses secrets pour lui jusqu’au vernissage le 15 septembre. Comme l’expo durera longtemps, le public pourra tout à loisir «ouvrir les boîtes noires» de ce météorite pour voir ce qu’il a dans le ventre. Le calligramme en forme d’empreinte digitale qui ouvre le programme pourrait faire croire que Brut alors ! est visible sur Baker Street. Pas du tout, ce n’est pas chez Sherlock Holmes que ça se passe mais bien rue Voltaire à Montreuil, Galerie abcd.
23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, abcd | | Imprimer | | |
08.09.2007
Merveilleux Arcimboldo
Toujours à la recherche du terme «art brut», votre petite âme errante l’a déniché cette fois-ci dans le dossier spécial du numéro 700 d’Historia Mensuel consacré à Arcimboldo, ce peintre de la fin du XVIe siècle, si mariole pour les portraits composés de fruits, de légumes ou de machins variés.
L’art brut, ce garnement, dans une revue qui, depuis au moins un demi-siècle, fait l’enchantement des papys en mal d’érudition tranquille ? Je n’en croyais pas mes lunettes mais il fallut me rendre à l’évidence.
Guiseppe Arcimboldo
Le papier d’Elisabeth Couturier, qui a le mérite de nous rafraîchir sérieusement la mémoire à propos de cette grande figure du Manièrisme, a aussi celui de citer un passage du livre qu’André Pieyre de Mandiargues a écrit sur Arcimboldo le merveilleux.
Mandiargues nous rappelle que l’artiste bénéficiait du mécénat de Rodolphe II, l’empereur de Prague, à la tronche pas possible, qui préférait à son portrait officiel trop réaliste, la version plus potagère imaginée par Arcimboldo.
Mandiargues nous rappelle aussi qu’un des principaux jobs du peintre à la cour consistait à enrichir les fameuses Wunderkammern, cabinets d’art et de curiosité du Rodolphe, où «l’art culturel» se «mélangeait sur un pied d’égalité avec ce que nous appelons l’art brut».
Nous y voilà, mais il faudrait être aveugle pour ne pas avoir aperçu déjà certaines connivences entre les masques en coquillages de Pascal-Désir Maisonneuve et les têtes d’assemblages végétaux d’Arcimboldo.
Collection de l'Art Brut, Lausanne
Alors pourquoi j’enfonce ainsi les portes ouvertes ? C’est qu’au Musée du Luxembourg, à Paris, (pas dans le Grand Duché) se tiendra du 15 septembre 2007 au 13 janvier 2008, «la première exposition monographique au monde» (selon le communiqué de presse) des œuvres de Giuseppe Arcimboldo.
Avant d’y courir, encore un p’tit coup de Mandiargues pour la route ? Cet éloge de la curiosité peut-être? : «La curiosité, dont les points extrêmes relèvent de la psychologie pathologique, m’a toujours semblé une des vertus essentielles de l’homme, digne d’être ajoutée aux trois vertus théologales et aux quatre vertus cardinales».
11:30 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Giuseppe Arcimboldo, Pascal-Désir Maisonneuve, art brut | | Imprimer | | |
05.09.2007
Ani fête son anniv
Bon, bah, c’est pas tout ça mais faut pas que j’oublie de vous signaler l’événement majeur de cette rentrée. Votre petite âme errante vient de passer le cap de sa deuxième année d’existence.
286 notes à son actif, 708 commentaires et de gros milliers de visiteurs dans son cosy blogounet.
Pour fêter ça, les copines, afin de se payer gentiment ma fiole, m’ont offert le concert d’une chorale de centenaires en folie interprétant une chanson de leur jeunesse qui s’impose en pareilles circonstances. Comme je suis pas une égoïste, j’ai décidé de vous en faire profiter.
Voici donc : My Generation par les Zimmers.
23:55 Publié dans Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (3) | | Imprimer | | |
31.08.2007
Alfred Jarry, de Laval à La Frênouse
Vous avez le bonjour d’Alfred. Alfred, enfant de Laval qui engendra Ubu, lequel donna naissance à une flopée de marionnettes amindadesques, polpotistes et margaretatcherhyènes.
A un pareil engendreur d’antihéros, sa ville natale se devait d’offrir quelque chose. Laval a donc donné une ruelle à Alfred Jarry. Et, par un trait d’umour vraiment pataphysicien, elle l’a réservée aux vélos ! Difficile de faire mieux, me direz-vous.
Et bien pour le centenaire de la mort de l’écrivain, sachez que Laval s’est décarcassée encore dans le genre topiaire.
Comme votre petite âme errante en avait ras la casquette de se cogner à chaque carrefour à ces commémorations de buis taillés, elle a poussé Bijou, sa petite auto, sur La Frénouse où elle est allée présenter ses respects à cette allégorie dédiée au grand Alfred par Robert Tatin.
Tant qu’elle y était, avant le retour de la pluie, elle s’est fait la totale visite de ce site qu’on ne présente plus et elle vous en a ramené tout un album pour la rentrée.
13:35 Publié dans Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Alfred Jarry, Robert Tatin | | Imprimer | | |
20.08.2007
A chacun son mauvais goût !
Le musée du mauvais goût.
C’est Louis Chéronnet, historien de Paris et critique versé dans la photographie, qui en a eu l’idée. Du moins selon un certain Olivier Quéant qui dans un article très prout prout, Le goût prime la qualité, paru dans Images de France en août 1944 aurait aimé «que ce projet ne restât pas à l’état de boutade». Dans ce «musée encore imaginaire», nous fait miroiter l’Olivier «on clouerait là au pilori des milliers d’objets et de formules de tout acabit et l’on y amènerait les élèves de nos écoles en leur disant : voilà ce qu’il ne faut pas faire !»
Pour vous situer le contexte, c’est très peu de temps avant la première exposition de Jean Dubuffet chez René Drouin.
Poursuivant son idée, O. Quéant appelle à la rescousse un conférencier de la Commission d’art et de création en charge du tourisme. Celui-ci aurait voulu rassembler «les créations excentriques ou tapageuses réalisées, avant la guerre, par une fraction du haut commerce parisien pour le compte de richissimes visiteurs». Parmi ces «somptueuses horreurs», parmi «ce bric-à-brac de la prostitution artistique», l’orateur anonyme ne cite qu’un exemple mais il vaut son pesant de nougat : «un lit en argent massif, pesant 500 kilos, orné de quatre statues articulées de femmes nues avec perruques en cheveux naturels».
A cette évocation, je vois que mon chéri salive. Par bonheur, le dentiste lui a interdit le nougat.
Info de dernière minute ! Il existe chez nos amis étatsuniens un musée du mauvais goût, le MOBA, d’où le portrait ci-dessous de nos amies les bêtes est tiré.
11:25 Publié dans Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
18.08.2007
Victor Paysant réhabilité
Un ciel noir, une blouse rouge. Une photo ratée pour vous dire l’ambiance ce jour-là.
A Bagnoles-de-l’Orne, la brocante était nulle alors j’ai poussé vers le nord malgré les «bofs» de mon chéri qui serait bien resté devant son Dubuffet (il fait semblant de lire la grosse bio de Marianne Jakobi et Julien Dieudonné).
A Ménil-Gondouin, sur la D15 qu’on n’atteint pas sans se paumer un peu, j’ai enfin vu l’église «vivante et parlante».
comme disait Victor Paysant, l’auteur de cette palpitante décoration qui vient de renaître de ses cendres grâce au concours de l’Europe, de l’Etat, du Conseil général, de la Fondation du patrimoine, du Crédit agricole… (j’en passe) et de l’Asso des amis qui ont casqué pour ça.
L’église voisine avec une mairie qui a l’air de sortir d’un village de poupées. En dehors des messes, «s’adresser au café à côté pour visiter l’intérieur», hélas le café était en vacances.
J’ai donc admiré la bruissante façade et son St Michel sculpté par Philippe Doucin de Briouze en remplacement de celui d’origine.
Un panneau explicatif pour touriste lambda dit que : «l’ordre fut donné, après la mort de l’abbé Paysant, d’enlever toutes les statues et d’effacer les peintures» qui viennent d’être ressuscitées.
«Fut donné» : c’est une belle chose que la forme passive quand il s’agit de prendre des pincettes avec le goupillon !Il est vrai qu’aujourd’hui la Commission d’Art Sacré du Diocèse soutient la réhabilitation.
Dommage que les autorités spirituelles de l’époque n’aient pas fait preuve d’autant de goût, ça nous aurait épargné 34.914,12 €.
18:12 Publié dans Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Victor Paysant, art brut | | Imprimer | | |
16.08.2007
Iznogoud et le magicien d’Oz
Allez pas croire, mes chers estivonimuliens, que je me suis abîmée dans la sieste et dans la tarte molle. Je routarde à mort en regardant le soleil dans les yeux et je ramasse dans les fossés des raisons d’espérer. A l’entrée de Gorron, un petit bled du bocage mayennais, cette promesse d’une rentrée chaude (?) qui m’évoque les pirateries de Michel Macréau
C’est le fruit des efforts conjugués d’un écolhostile à la Haute Tension et d’un Iznogoudophobe facétieux, adepte du langage S.M.S. Par son calembour ajouté à cette image d’avertissement, je le soupçonne de vouloir jeter un doute sur le financement des vacances américaines de notre nouveau calife.
Dans un registre plus soft, cette icône d’un art sacré plutôt décalé glanée près de la chaumière de Pontmain où, très peu de temps avant la Commune de Paris, une dame bleue dans une bulle étoilée est apparue sur le toit au jeune Eugène Barbedette qui en avait un peu assez de piler les ajoncs.
Plus tard, plus loin, mais où?, j’ai oublié, ce ready-arbre-aidé, touchant témoignage de collaboration entre la nature toujours reine (sur terre et dans les cieux) et un jeune rigolo des cambrousses.
Pour finir et pour ceux que mes délires lucréciens (ou lucifériens) laissent froid, je vous emmène, par le Pays de Fougères, sur la départementale 796 (M4 sur la carte Bibendum 309 Local) où, à l’entrée d’une localité dont le nom composé évoque le souvenir d’un célèbre navigateur du XVIIIe siècle, un plombier-zingueur cinéphile a réalisé, en guise de pub, un drôle de marcheur chapeauté qui fait penser très fort au personnage en fer du Magicien d’Oz.
18:45 Publié dans Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
14.08.2007
Trait d’union, le catalogue
Plus de place dans votre sac ? Sacrifiez le ventilo de poche mais munissez-vous du Trait d’Union (500 grammes). C’est le catalogue de l’expo de St-Alban dont je vous ai déjà entretenu les 6 et 7 juin derniers. Trait d’Union c’était aussi le nom du journal de l’hosto psy dans les années 50 du siècle 20. Tosquelles y chroniquait et on y parlait avec respect des hommes-oiseaux de Forestier.
Le catalogue contient d’autres documents anciens : photos de la fête annuelle, vues d’ateliers, décor pour le club, portraits de Paul Eluard en 1943.
Parmi les créateurs gratifiés d’une notice, foncez à vitesse supersonique sur le cas de Daniel Casanova d’York qui choisit de quitter cette terre l’année de la lune (1969) dont il prenait des photographies.
Bricoleur de télescopes, il s’était fabriqué une photocopieuse et tirait des images qu’il adressait un peu partout pour mettre en garde contre le danger nucléaire et les risques dus à l’équilibre des pôles (!)
Centré surtout sur l’Auguste Forestier, un instructif article de Savine Faupin à propos de la folie ambulatoire, intitulé Le Voyageur immobile. Occasion de relire Les Fous voyageurs, le bouquin d’Ian Hacking paru en 2002 aux Empêcheurs de penser en rond.
Gratouillez encore avec profit la contribution du latiniste Alain Bouillet : Olim fuit… malgré des accents un peu pessimistes qu’il partage avec Madeleine Lommel, la préfacière.
Ce garçon là supporte pas que les rochers de Rothéneuf s’effacent et que les touristes piétinent les sculptures de l’abbé Fouré. On le comprend mais n’est-il pas contradictoire de s’insurger contre le caractère éphémère inscrit dans les gènes de l’art brut ?
Tout fuit, oui et plus que tout l’art brut nous le répète.
15:25 Publié dans Expos, Lectures, Ogni pensiero vola, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | | Imprimer | | |