18.12.2008
La maison aux fenêtres qui rient
C’est un giallo. Un «jaune» si vous préférez. Nous on dirait un «blême» ou un «noir» par allusion aux séries du même nom. Enfin c’est du glauque, quoi. Un thriller horrifique à l’italienne puisque «giallo» fait référence à ces romans policiers populaires en usage chez nos voisins de la botte.
C’est le genre de film que je regarde du coin de l’œil sur le câble dans les intervalles où j’attends que se télécharge le mickey que je cherche depuis 10 minutes à incruster dans ma note. Avec cette méthode, je loupe des trucs mais c’est idéal pour me protéger quand la télé fout trop la trouille. C’est que ça peut être angoissant un giallo! Surtout quand il est super-efficace comme cette Casa dalle finestre che ridono (La Maison aux fenêtres qui rient) du réalisateur Pupi Avati.
Ce film pictural et zarbi qui date de 1976 repasse sur Cine FX, samedi prochain, 20 décembre 2008 à 16h10. Branchez-vous dessus, vos cadeaux de Noël attendront dans leurs magasins vigi-piratés. C’est beau comme du Dario, Dario Argento of course.
Mais si je vous en parle, c’est pas parce que je sais que vous aimez l’hémoglobine.
Faut que ça saigne, d’accord et ça saigne très fort dans la Casa mais c’est surtout dans la peinture que l’on nage. De la peinture qui se confond avec de la folie. Vous me voyez venir? Car la peinture, une peinture folle qui fait dire au peintre : «les couleurs, elles coulent de mes veines» c’est ça le sujet du film.
On la croise par ci par là : des tableaux du style surréaliste fantastique autodidacte décalé, post années soixante. On aimerait bien d’ailleurs (cinéphiles à vos claviers!) savoir qui les a fait, à quel accessoiriste nous les devons. Le peintre est mort. Il s’est suicidé, d’un suicide pas propre. Dans une église de campagne de l’Emilie-Romagne, il a laissé une fresque, un martyre de Saint-Sébastien auprès duquel ceux de Mantegna ont l’air d’être des bizounours.
Une scène de meurtre sauvage en fait, comme le découvrira petit à petit le héros principal, un jeune restaurateur raffiné (on est en Italie) venu pour réparer les injures du temps (ou du vandalisme) infligées à la peinture. Obsessionnellement, le film revient à cette peinture, c’est que le peintre fou, son plaisir c’était de peindre des personnes en train de mourir.
On l’avait baptisé «le peintre des agonies» dans son village. Et comme il avait des sœurs assez garces pour lui procurer des modèles et des occasions … Stefano, le restaurateur de tableaux, reçoit de l’aide comme tout héros qui se respecte mais elle lui fait vite défaut. Son copain se fait défenestrer. Quant à la trop belle institutrice avec laquelle il ne tarde pas à faire zig-zig, on peut pas compter dessus. Pourquoi se laisse-t-il enfermer dans une grande baraque habitée par une vieille dame crépusculaire ? Mystère. Mais ça nous vaut des petits plans étroits comme des lames de couteaux.
Un vieux magnétophone, des volets peints de bouches au sourire ensanglanté, la présence-absence de l’artiste morbide sature l’ambiance. Il paraît que le réalisateur a collaboré avec Pasolini sur Salo. Je vais vous dire une chose : ça se voit.
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03.12.2008
Zemánková (s) 2008/2009
Zemánková-Praha : nouvel épisode à la Galerie Havelka, du 18 décembre 2008 au 27 janvier 2009. Sur le carton d’invitation, ça commence comme un épi, ça se poursuit en ailes de libellule, ça s’épanouit en collerette de dragon, en arêtes de poisson volant, en griffes de dents de lion. Anna Zemánková sème à tous vents, hisse son pollen, hurle son pistil. De sa tige monte une répétition de chauves-souris qui déroulent une gamme de membranes, rouges comme les touches d’un clavier imaginaire et belles comme des pierres précieuses.
Ce que les œuvres de cette grand-mère, éternelle dans la création, peuvent paraître musicales, c’est rien de le dire! La houle des gerbes sous le vent, la stridulation des insectes, le friselis d’un étang, c’est tout ça qui nous saute dans les oreilles autant que dans les yeux dans ce dessin de ZZZZZémankoVVVVVa. Ce que j’aime, c’est sa façon d’emprunter aux différents règnes : végétal, génital, bijoutier, sexuel, nourrissant ... Et puis Zemánková est la seule créatrice d’art brut disparue dont la petite-fille glisse de temps à autres des messages dans ma boîte aux lettres électronique :
«Milí přátelé,
ráda bych Vás pozvala na vernisáž výstavy Anny Zemánkové, která se bude konat příští čtvrtek 11.12. v 18:00 v galerii Havelka (Martinská 4, Praha 1). Moc se těším na setkání!»
Terezie Zemánková
Merci à vous, Miss Terezie et si les demoiselles Alice Corbaz, Caroline Tripier, Eleonor Gill, Séraphine Burnat-Provins, Marie-Thérèse Bonnelalbay veulent me glisser un mot à propos de leurs mères-grand, votre petite âme errante leur dit : «ne vous gênez pas les filles!»
23:10 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : anna zemankova, art brut | | Imprimer | | |
10.11.2008
Shigabcd catalogue art brut
Puisque Japon il y a, faut pas que j’oublie de pointer Shiga sur la carte. Le dessin n’a pas été copié dans Gala. Il est de ma pomme. Mais c’est là que, grosso modo, se trouve le Museum of Modern Art qui prête ses cimaises jusqu’au 30 novembre 2008 à la Collection abcd, une nouvelle fois en vadrouille. Le catalogue que je viens de recevoir est une petite merveille.
Grouillez-vous, mes abeilles, si vous aimez garnir vos rayons, de le réclamer à Montreuil, siège de l’asso présidée par Bruno Decharme.
Sous son étui-préservateur rouge, c’est un bijou noir et argent, relié à la jap avec des fils apparents. Consultation souple, ouverture grand angle et légéreté. Pas du tout le genre «bourgeoise-qui-s’encanaille» chère à votre petite âme errante.
Cette publication en jette plutôt par ce côté zen un peu glacé qui caractérise les productions abécédiennes. Cet art est ici poussé si loin que les textes, imprimés sur papier souris, sont presqu’illisibles. Vous me direz que je pige que couic au nippon. Okay, mais même la version française, tirée en gris sur fond noir, je vous défie de la déchiffrer, y compris avec les lunettes de votre mamie.
Abcd qui, en matière de typographie, a toujours montré un amour immodéré pour les petits corps, s’est abandonnée ici à son vice. Tant pis pour les auteurs et tant pis pour les lecteurs. Les textes, pourtant copieux, ne sont là que pour apporter le contrepoint formel d’un bloc impeccable comme la tablette de chocolat de L’Odyssée de l’Espace.
A côté de cette symphonie en anthracite majeur, la partie centrale, réservée à la reproduction en couleurs des œuvres, a l’air d’un rayon de soleil levant. C’est voulu par le designer et c’est réussi. Nos amis japonais auront sans doute le choc.
Les Européens auront peut-être une impression de déjà-vu. Depuis plusieurs années que ces images circulent de L’Isle-sur-la-Sorgue à Paris, de Prague à Kaustinen (Finlande) en passant par Athènes, leur œil a eu le temps de s’habituer.
Pour le vérifier : un petit jeu. Le catalogue Shigabcd scande ses différentes parties au moyen de négatifs agrandis.
J’en livre 5 ci-dessous à votre sagacité. A vous de deviner à quels créateurs ils correspondent.
13:11 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abcd | | Imprimer | | |
26.10.2008
Franck Calloway, 3 siècles d’art brut
Si je vous dis Calloway, vous pensez Cab et moi Franck, le champion du monde de la longévité brute. Franck Calloway, dessine des trains qui se prélassent sur des kilomètres de papier de boucherie, 7 à 9 heures par jour, près d’une fenêtre, dans une institution pour le 5e âge (car il a -tenez-vous bien- 112 balais) à Tuscaloosa en Alabama.
Des trains, des bateaux, des maisons, des véhicules de sa lointaine jeunesse puisque né en 1896, il est un trait d’union entre 3 siècles. Beaucoup de choses très colorées qui nous ouvrent une fenêtre sur un sud agricole disparu.
Photos AVAM
Aujourd’hui, comme je sors de 6 heures de T.G.V. avec de sales moutards qui balançaient des coups de pied dans mon fauteuil pour passer le temps, c’est surtout les trains qui m’ont frappée. Rien de tel que le train, même sur coussin d’air, pour vous ramener à la cadence. Moins de tchou-tchou mais toujours le défilé du paysage, les saccades, le trou noir du prochain tunnel.
Quelque chose me dit que Franck Calloway, qui ne voyage plus guère que dans sa belle salopette en jeans bleue, est sensible à ce genre de chose : une sorte d’auto-engendrement presque infini (il faut bien changer de rouleau de papier parfois) des formes. Le fait qu’il se récite volontiers des tables de multiplication me fait penser que son propos n’est pas si naïf qu’il en a l’air.
Eloigné en tous cas d’une préoccupation purement descriptive. Proche de nos basiques circuits mentaux. Automatiques pour tout dire. «There is a presence with him, I’m telling you, that feels angelic» dit pour sa part Rebecca Hoffberger, la directrice de l’American Visionary Art Museum de Baltimore qui a eu la bonne idée d’accueillir 18 rouleaux de dessins au stylo à bille, crayon et marqueur de ce super-papy créatif dans son exposition intitulée The Marriage of Art, Science & Philosophy.
The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry
The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry
Franck Calloway est si en forme qu’il s’est, paraît-il, tapé la distance qui sépare l’Alabama du Maryland en avion pour l’inauguration qui a eu lieu le 4 octobre 2008. On souhaite ardemment, bien sûr, pour peu que la schizophrénie conserve, qu’il soit toujours avec nous quand sera venue l’heure de la fermeture de l’expo le 6 septembre 2009. Le diagnostic porté sur lui en 1952 peut bien l’avoir conduit, depuis ce temps là à vivre dans diverses institutions, nous avons grand besoin de ces magiques compositions défilantes, si loin de la statique peinture de chevalet.
Avec les années ses protecteurs ont égaré les traces de sa vie d’avant. Lui, évoque des souvenirs de métiers durs : poseur de rails, bûcheron, fermier, forgeron peut-être. Peu d’école. Juste le temps qu’un instit l’encourage à dessiner. Puis plus rien. Jusqu’à ce qu’en 1980 (il a 84 ans), son talent se réveille sous l’effet de son intégration dans une «art class». Merci l’art-thérapie. Grâce à elle, cette fois, un des plus vieux types de la planète n’a plus quitté la seule activité qu’il aime et qu’il considère comme son job : le dessin à l’état brut.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, franck calloway | | Imprimer | | |
19.10.2008
Les murs de Ste Elisabeth
Comme j’ai traîné ma flemme pendant tout le ouikène, il faut pas trop compter sur moi pour vous apporter des p’tites nouvelles bien fraîches sur un plateau. J’ai juste eu la force de ranger mes deux douzaines de sacs à main qui commençaient à taper sur les nerfs de mon chéri et de vous choisir, dans ma photothèque en stand-by, deux images extra de chez extra. On n’en trouve pas souvent des comme ça. Il faut remonter aux photos de Jean-Philippe Charbonnier que je vous ai montrées le 22 janvier 2007 dans ma note HP Réalités de 1955 pour trouver chose pareille.
Celles-ci ont été prises je sais pas par qui. Flickr, le site collaboratif où je les ai repérées, indique seulement qu’elle ont été «selected by Katleen». Merci Kat. Ces dessins que l’un de vos commentateurs qualifie de «modern hieroglyphics» proviennent du St. Elizabeth’s Hospital de Washington.
Ils ont été réalisés par grattage sur les murs d’une salle d’isolement par un patient, «a disturbed case of dementia praecox», acharné à représenter les événements de sa vie passée
Il semble que le créateur ait travaillé en retrouvant la couleur rouge de la brique sous l’enduit chamois : «pin or fingernail used to scratch paint from wall, top coat of paint buff color, superimposed upon a brick red coat of paint» nous dit la légende en anglais qui accompagne ces clichés.
Votre petite âme errante adore le côté lettriste avant-la-lettre de cette œuvre qui date probablement du début du XXe siècle. St. Elizabeth est un établissement historique du genre gothic revival qui a été créé en 1855.
Comme il est toujours en activité, il se pourrait que cette chambre à libres figurations pariétales et silhouettes à engrenages existe encore et qu’elle propose toujours au visiteur son rébus. Bon…, on peut rêver, non ?
23:58 Publié dans Ailleurs, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |
06.10.2008
Vu de Budapest : l’art brut hongrois et autrichien
L’art brut cette semaine nous vient de Hongrie avec l’écho lontain d’une grande exposition réunissant une sélection d’œuvres autrichiennes et des œuvres provenant du Musée de la psychiatrie de Budapest.
Comment je sais ça ? Mais parce que je lis pas que les catalogues de mes fidèles modistes (merci au passage à Renata de Bruxelles qui m’a envoyé le bouton que j’avais perdu) !Je mets le nez dans un tas de trucs exotiques et parmi ceux-ci : Le journal francophone de Budapest. En cherchant bien, j’ai même trouvé une version en anglais + développée. Ce qui fait que je peux ramener ma science parce que le hongrois, tout de même, c’est un peu trapu pour ma p’tite tronche.
Que ceux qui auraient à faire sur le beau Danube bleu sachent que Art Brut Ausztriaban es magyarorszagon (je vous fais grâce des accents), autrement dit Art Brut in Austria and Hungary sera visible jusqu’au 9 novembre 2008 à la Magyar Nemzeti Galéria, Budavari Palota. Pas de panique, ça veut dire The Hungarian National Gallery (Galerie Nationale de Hongrie, Palais Royal).
En fait, si je comprends bien, cette expo «dédiée à l’art brut» est un montage à 3 volets.
Dieter Fercher
Vous additionnez 110 œuvres contemporaines issues de 30 instituts psy et/ou ateliers d’art-thé (dont Gugging of course) avec 50 dessins en provenance directe du Musée de la psychiatrie récemment fermé, vous enrichissez le minerai obtenu avec un ensemble de dessins fantastiques d’Erno Teleki, apparentés à notre art brut vénéré, et ça fait la rue Michel, enfin… le Budavari Palota.
Comme je suis une mère pour vous, je vous laisserai pas dans l’incertitude. Je vous dirai que le volet autrichien a déjà été montré à Vienne en 2006 à l’occasion de l’anniversaire de Sigmund Freud qui ne fait pas ses 152 ans. On y montre notamment les œuvres de Gabor Ritter, un familier des cimaises là-bas.
Ritter Gabor
La question du Musée de la psychiatrie de Budapest est plus brumeuse. J’ai mal compris si c’était une institution datant de la période coco ou non. Je me demande si les collections de la Clinique des Maladies Nerveuses et Mentales de l’Université de Pécs qui avaient fait en 1956 l’objet d’un livre d’Irène Jakab (titre en français : Dessins et peintures des aliénés) n’y avaient pas été versées mais c’est pure supposition de ma part.
M. F.
Ce qui est sûr c’est que Laszlo Beke, le «Directeur de l’Institut de l’Histoire de l’Art de l’Académie» a annoncé, pendant le vernissage, que cette précieuse collec était maintenant confiée à son institution
Quant au comte Erno Teleki (1902-1980), un aristocrate hongrois de Kolozsvar (Cluj), l’histoire troublée de sa région transylvanienne disputée par la Roumanie et la Hongrie fait qu’il eut le malheur d’être relégué dans le delta du Danube (on lui reprochait d’être un koulak).
Le dessin lui apparut alors comme une stratégie de survie. Cette explosion de créativité, proche d’une fièvre psychotique, a été durable. Les dessins présentés à Budapest couvrent la période allant de 1954 à 1970.
08:51 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, dieter fercher, ritter gabor, erno teleki | | Imprimer | | |
25.09.2008
Suisse brute
Duhem à Lausanne, Wölfli à Berne, Zemankova de Genève à Prague… Ce n’est pas un inventaire à la Prévert suisse. C’est le premier étage de la fusée Animula qui doit mettre les bouchées doubles pour sortir de son atmosphère lait-de-poule et milk-shake aux nues-t’es-là.
Vous manquez de Duhem dans votre armoire à pharmacie ? Faites votre marché à la Galerie du même nom à Lausanne. Jusqu’au 27 octobre 2008, elle propose un joli assortiment d’infirmiers et de bustes divers où l’on devine souvent des autoportraits du créateur. Paul Duhem qui était belge et d’une régularité de métronome dans son activité artistique s’est dispersé dans l’autre monde sans attendre l’an 2000. Il revient sur terre helvète et pour la première fois - à ce qu’il paraît – dans une galerie.
Manquez pas la cible si vous atterrissez dans cette ville où même les librairies s’appellent Oh 7 ème ciel.
Et si d’aventure vous avez le frisson pour l’art lyrique, réservez votre soirée du 5 octobre. C’est trop tard pour la Première mais, en brûlant vos derniers vaisseaux spacieux, vous devriez être au Stadttheater de Berne ce soir-là pour un «Voyage au centre de la schizophrénie».
On y donne en effet Der göttliche Tivoli, un opéra en 2 actes du compositeur danois Per Nørgård qui s’est senti inspiré (et aspiré) par la vie, l’œuvre et le grand dérangement de notre Adolf Wölfli vénéré.
Celui-ci, d’ailleurs, n’en finit pas d’attirer les foules puisque la Sammlung Prinzhorn d’Heidelberg en Allemagne lui consacre une expo ainsi qu’aux autres créateurs de la Collection Morgenthaler (und andere Künstler der Sammlung Morgenthaler). Quand ? Du 16 octobre 2008 au 22 février 2009 si vous voulez tout savoir.
Adolf Wölfli en 1925 - Kunstmuseum Bern
Quant à la magique centenaire zemankovienne et à sa dévouée petite-fille dont je vous ai déjà conté récemment les aventures genevoises (voir ma note du 11 septembre dernier), elles feront parler d’elles sur les ondes de Radio Prague, radio tchèque de langue française le dimanche 28 septembre 2008.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem, adolf wölfli, anna zemánková | | Imprimer | | |
11.09.2008
Zemánková au carré
Zemánková au carré, c’est le pied ! A Genève bientôt, la grand-mère Anna et sa petite fille Terezie se retrouveront à la Galerie Une Sardine collée au mur. Aucun loup de prévu au programme. Petits pots de beurre peut-être au vernissage ? Il aura lieu le jeudi 18 septembre dès 18 heures. Les Animuliennes pourront se munir de leur chaperon rouge en signe de ralliement. La grand-mère a 100 ans Elle est née en 1908 en Moravie et s’est éclipsée en 1986, nous laissant les fleurs qu’elle commença à faire pousser dans les années 60 et «qui ne fleurissent nulle part ailleurs» que chez elle, selon ses propres propos. Chez La Sardine, Anna Zemánková sera comme chez elle, n’en doutons pas. On pourra y venir zieuter sa «flore à la beauté inquiétante quasi vénéneuse», quelque part «entre l’ornemental, le végétal et le cosmologique».
J’extirpe ces mots du petit texte chapeautant le zoli carton d’invitation qui n’a pour moi que le léger inconvénient de créditer cette œuvre unique «d’accents surréalistes». Je comprends ben que cette remarque a pour fonction de rompre avec les sédimentations médiumniques que l’on a trop souvent collés sur cette «artiste» tchèque. Mais franchement, en dépit des influences surr et spirites qui planent sur son pays, je crois pas qu’Anna Z ait jamais été vraiment concernée par ces courants là.
Mais, je peux me tromper et la petite-fille, heureusement sera là, pour le dire. Car Terezie, oyez, oyez !, fera 2 visites commentées le jeudi 25 septembre à 18 h et le samedi 27 septembre à 15 h. Vous aimerez son français qu’elle parle plutôt bien et qu’elle entretient par des apparitions fréquentes dans notre pays.
L’anniversaire d’Anna sera souhaité aussi cette année «par deux autres expositions, l’une à New York et l’autre à Paris», nous apprend le sardineux carton, sans dire lesquelles.
A mon humble avis, c’est l’exhibition à la Cavin Morris Gallery de N.Y.C.
et celle d’abcd la Galerie dans la verte Montreuil (pas Paris mais presque) qui sont visées.
La première –profitez-en, le dollar est bas– c’est du 16 octobre au 22 novembre 2008.
Quant à la seconde – Robespierre station – ce serait du 10 décembre 2008 au 15 mars 2009.
23:23 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anna zemánková, art brut | | Imprimer | | |
12.08.2008
La maison de Polina Raïko
En Ukraine aussi, l’art inventif fait un malheur et dans la région de Kherson, à Tsyuryupinsk exactement, votre p’tite fouineuse d’âme errante a repéré une merveille de chez merveille : la maison de Polina Raïko
Polina Raïko, si j’ai bien compris, c’est une grand-mère qui a transformé les 4 dernières années de sa vie en feu d’artifice pictural.
Comme elle est morte en 2004, ça fait que ces années-là sont aussi les premières du 21e siècle, Polina ayant vu le jour en 1928. Un début de siècle –même idiot comme le nôtre– c’est pas mal
Polina, si j’en crois ce que j’ai lu sur Internet à son sujet, avait mené une vie de patachon avant de se lancer dans la peinture. Notamment du fait d’un malheureux alcoolique de fils qui finit en colonie pénitentiaire après avoir vendu tous les meubles de sa mère.
Les sous de sa retraite, Polina les dépensait pour son art, couvrant les murs et les plafonds de sa maison de fresques pleines de fleurs et d’oiseaux, plutôt que de regarder la télé qu’elle n’avait plus.
Toutes les surfaces libres y passaient, y compris les miroirs. Après sa disparition, ce fut moins 2 que cet univers de création qui fait penser à Pirosmani, à Grandma Moses, à Ivan Generalich ou à Maud Lewis ne passe à la trappe.
Grâce à des bons génies canadiens qui auraient racheté la maison de Polina Raïko et à une asso locale, le Centre d’Initiatives pour la Jeunesse Totem, celle-ci serait aujourd’hui visitable.
Si des fois, il y avait dans l’assistance des Animuliens qui pigent le cyrillique, qu’ils ne se gênent pas pour nous dire plus !
17:33 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : polina raïko, art brut | | Imprimer | | |
22.07.2008
« Irregolari » : 8 créateurs d’art brut siciliens
Enfin, ça y est, je l’ai reçu. Je commençais à bouillir parce que, depuis sa sortie, fin mai 2008, je faisais des pieds et des mains pour me procurer : Irregolari. Merci à Kalos, son éditeur palermitain. Il a eu pitié de votre petite âme errante et lui a propulsé cet ouvrage d’Eva di Stefano dans sa boîte aux lettres et à malices réunies. Irregolari, c’est pas trop dur à traduire, je pense, pour les Animuliens francophones qui sont familiers des «indomptés», des «indisciplinés» et autres «inspirés». Et pour ceux qui auraient la comprenette difficilette, le sous-titre du bouquin de l’historienne (et critique) d’art italienne est assez limpide : Art Brut e Outsider Art in Sicilia. O.K., vous captez le truc ? La monographie de la Signora di Stefano comble une lacune. A partir d’un socle théorique que j’ai sauté pour le moment car j’attends d’avoir un bon dico, elle s’attaque à cette «terra matta», la Sicile. Avec sa longue tradition pleine de mythes, d’archéologie, de drames et d’immigrations (très tendance en ces temps unionistes et méditerranéens) cette île fascinante devait fatalement recéler son lot de «visionari, illetterati, eccentrici» adeptes d’un art spontané, vivace et irrépressible.
Eva di Stefano a eu la bonne idée de se borner à nous en présenter 8, choisis parmi les cas les plus intéressants. Tous des hommes, nés pour la plupart dans les 30 premières années du 20e siècle.
Si j’excepte Filippo Bentivegna dont vous avez déjà pu visiter le Castello incantato le 21 mai 2008 sur mon considérable blogue, je vous recommande également :
Francesco Cusumano qui a commencé l’art par une sculpture qu’il avait vue en rêve
Rosario Santamaria et ses chiens de pierre, pour qui, selon Eduardo Rebulla «l’arte aveva una funzione eminentemente autoremunerativa»
Francesco Giombarresi, dandy aux géométries piranésiennes
Sabo (pseudo de Salvatore Bonura) et son univers pictural peuplé de sortilèges sensuels qui apparaît à Michel Thévoz, dans une lettre à Eva di Stefano de mars 1982, «come la proiezione drammatica di un mondo interiore tormentato»
Gaetano Gambino, ses paysages préhistoriques et son monde plus pétrifié que celui de Max Ernst
Giovanni Abrignani qui ne dessine pas comme un enfant mais est plutôt à l’écoute de l’enfant qui est en lui
Giovanni Cammarata et sa «casa degli elefanti» a Maregrosso, un faubourg de Messina
Bien entendu, il y a une foule d’autres pistes à suivre dans les Irréguliers d’E. di Stef. Comme elle a déjà écrit des tas de choses sur l’art européen des 19e et 20e siècles et sur l’avant-garde en Sicile, sa documentation tient la route, tant sur le plan culturel que «contre-culturel» (pour aller vite). Et puis, dans une dédicace à son père Guido di Stefano, «storico dell’arte e siciliano elegante», elle nous confie, en petits caractères très discrets : «Dedico questo libro, che per molti motivi a me è il piu caro (…)».
Toutes les photographies sont empruntées à l'ouvrage : Irregolari
00:21 Publié dans Ailleurs, Ecrits, Images, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, filippo bentivegna, francesco cusumano, giovanni abrignani, rosario santamaria, francesco giombarresi, salvatore bonura | | Imprimer | | |