05.04.2011
Hongrie à la folie
Et tant que vous y êtes, avant de vous pointer à Villeneuve d’Ascq, faites donc un détour par la Hongrie, je veux dire par Bruxelles. Je vous avais déjà parlé l’année dernière en septembre des œuvres de la collection de l’hôpital psy de Pécs. Et bien voilà que pour la première fois, elles sont montrées hors de Hongrie. Où ? Mais au musée d’Art & Marges, naturellement.
H.Zs. (1943-ca 1970-1980)
J’emprunte au joli dépliant imprimé pour l’occasion une courte description que vous trouverez aussi en anglais et en français :
«De werken afkomstig uit de collectie van de psychiatrische instelling vans Pécs (Hongarije) worden voor het eerst tentoongesteld buiten Hongarije. Professor Camillo Reuter, de eerste directeur van de psychiatrische instelling, verzamelde tussen 1918 en 1945 meer dan 2000 tekeningen van schizofrene en manisch-depressieve patienten. De tentoonstelling is een pakkend overzicht van bijna een eeuw asielkunst uit Hongarije».
J. A. (1880-1946)
L’exposition d’Art & Marges a pour titre : Hongrie à la folie et pour sous-titre : Œuvres de la Collection Reuter de Pécs. Elle durera environ deux mois et se terminera le 5 juin 2011.
F. I. (1886.?-1932/1933)
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17.03.2011
Friedrich Schröder-Sonnenstern à NYC
Bon d’accord, il a un nom impossible mais ce n’est pas une raison pour ignorer Friedrich Schröder-Sonnenstern. Une exposition commence qui va montrer jusqu’au 30 avril 2011 une trentaine d’œuvres (ce qui n’est pas rien) de ce si extraordinaire artiste allemand à la vie non moins extraordinaire (du moins pour ce qu’on en connaît car il a eu le don de brouiller les pistes).
C’est dans l’Upper East Side de New York, exactement au 4 East 77 th Street, à la Galerie Michael Werner. On nous promet du beau, on nous promet du neuf : beaucoup de ces œuvres «are exhibited for the first time anywhere» nous dit le site de la MWG.
Il y a donc des chances pour que ce soit un événement. Un catalogue que l’on nous dit «fully illustrated» accompagne l’expo. C’est tant mieux car la doc sur ce peintre ne court pas les rues.
On trouve des catalogues en allemand
en italien
en japonaispubliés au XXe siècle. Pas grand chose en français ou même en anglais.
Comme le parcours de Schröder-Sonnenstern est du genre compliqué, jalonné d’épisodes psychiatriques, d’escroqueries diverses, de vagabondages et d’arrestations, je renonce à vous le résumer. Le plus simple est de vous reporter à la page carrément copieuse qui le concerne dans le catalogue Sous le vent de l’art brut actuellement en vente à la Halle Saint-Pierre of Paris.
Et si vraiment, vous ne pouvez pas vous offrir NYC en ce moment, vous pourrez voir là une non négligeable sélection schröder-sonnensternienne en provenance de la Collection Charlotte Zander.
00:13 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : friedrich schröder-sonnenstern, art brut, galerie michaël werner, halle saint pierre | | Imprimer | | |
12.03.2011
Arthur Villeneuve sur les écrans
Il fait beau, ça fait du bien de revoir le soleil. Au fond de leur terrier les fourmis relèvent la tête et s’apprêtent à envahir mon appartement en grimpant par les canalisations.
Tout le monde pense aux loisirs.
Je continue à feuilleter mes albums de photos de vacances et les documents de voyage que les autres m’adressent.
De Matthieu Morin, infatigable arpenteur des grands espaces américains et des archives cinématographiques réunies, je reçois des nouvelles de temps à autre. Celle-ci concerne le grand peintre québécois Arthur Villeneuve.
Je l’avais laissé quelque peu dormir, captivée que j’étais par mes petits soucis informatiques. Tac ! Je vous en fait profiter.
Merci qui ? Merci Matthieu.
12:09 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrans, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arthur villeneuve, art naïf, art naïf québécois, chicoutimi, la pulperie, marcel carrière | | Imprimer | | |
11.03.2011
Le temps du Maroc
Merci, chers Animuliens, d’être restés fidèles à mon dernier post. Je sors victorieuse d’un baston avec mon petit mac adoré un peu réticent à se laisser coller la nouvelle version du renard de feu (firefox in inglische). Je vous passe les détails mais ce que j’en ai bavé pour installer Rosetta, rectifier les erreurs de Norton et ouvrir Microsoft au démon, c’est rien de le dire.
Pendant ce temps là, je regardais passer la concurrence qui me suçait la roue effrontément. C’est que le Maroc -sur la tête de mon daddy!- est à la mode depuis que j’en ai parlé. Du moins de ce certain côté de la blogosphère qui se flatte de subtilité à la pointe de l’arme blanche. Suivez mon regard… Vous voyez ce que je veux dire… Pas bien ? Ce n’est pas grave. Le sujet, j’en conviens, ne mérite pas un gramme de votre attention.
Sachez seulement qu’allant au plus pressé, on n’hésite pas, du côté de mon imitateur préféré, à dégainer le plus évident : les peintres d’Essaouira. Le plus ignare des cicerones de tour operator ne peut plus ignorer leur existence depuis que, dans le cadre du Temps du Maroc en France, grande manifestation culturelle maroco-française organisé en 1999, ils se sont baladés un peu partout dans notre pays.
A Strasbourg, à Barbizon (comme dit la chanson), à Bourges, La Rochelle, Lyon, Paris, Saint-Etienne et Pezenas, patrie de Bobby Lapointe. Edité par la Galerie d’Art Frédéric Damgaard à Essaouira (Avenue Oqba Ibn Nafiâa), il y a un beau catalogue qui présente 15 artistes dont Ali Maimoune que j’ai déjà évoqué le 20 mars 2010,
Boujemâa Lakhdar : «Magicien de la terre»,
Mohamed Tabal : «peintre de l’errance et de la transe»
Hamou Aït Tazarin
Said Ouarzaz : «L’immédiateté (sic) en peinture», Mostapha Assadeddine : «Surréalisme africain (re-sic)», Fatima Ettalbi
Photos Essaouira : Youssef Regragui
C’est une autre Fatima que mon « émule», évoqué plus haut, a sorti comme un joker. Il attribue au fameux pifomètre d’un de ses «correspondants» la révélation d’un «environnement» marocain qu’il qualifie un peu rapidement d’«étrange». Monsieur mon honorable « concurrent» devrait sortir un peu de son hexagone de temps à autre au lieu de chercher à profiter de mon audience.
M’est avis que son énigmatique informateur lui a refilé un tuyau crevé. Tout le petit monde vacancier qui visite les Gorges du Dadès sait que l’endroit le plus pittoresque se signale par les amusants mannequins (qui ont plus à voir avec une innocente démarche publicitaire qu’avec l’art brut) par lesquels Madame Fatima signale son petit commerce d’antiquités et de tissus.
On la voit ici en compagnie d’une de ces voyageuses avec lesquelles elle ne répugne pas à se faire photographier. Comme beaucoup de touristes, lecteurs de guides, je l’ai rencontrée en 2004. Il faut vraiment mal connaître les Berbères ou appartenir à la catégorie des ethnocentristes indécrottables pour s’imaginer qu’elle puisse être la «tenancière» d’un «bistrot».
Rendez-lui visite. Avant toute chose, elle vous offrira (peut-être) un morceau d’excellent pain trempé dans l’huile d’argan. Noblement. Le mari de Fatima serait l’auteur de la petite kasbah, sans doute la réalisation la plus intéressante de ce parterre en bord de précipice.
23:55 Publié dans Ailleurs, art brut, art naïf, De vous zamoi, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : essaouira, maroc, gorges du dadès, art brut marocain, boujemâa lakhdar, mohamed tabal, hamou aït tazarin, fatima ettalbi | | Imprimer | | |
26.02.2011
Faune brute et Figures populaires à Casablanca
Au Maroc, cela bouge aussi du côté qui nous intéresse. Il était une fois un grand peintre abstrait qui s’appelle Labied Miloud. Ce peintre, autodidacte à l’origine, a quitté ce monde en 2009. Il avait conservé pieusement par devers lui 42 peintures de Radia Bent Lhoucine (1912-1994) qui n’était autre que sa maman.
Labied Miloud avait fréquenté les ateliers d’art plastique que Jacqueline Brodskis, une Française arrivée au Maroc en 1912, avait créés dans ce pays dont elle était tombée amoureuse au point d’y rester vivre. C’est Jacqueline Brodskis, cette «accoucheuse de talents» qui avait découvert celui de Radia Bent Lhoucine en 1961.
Moins connu que Chaïbia et Fatema Hassan (voir ma chronique du 3 nov. 2006), elle n’en est pas moins une grande figure de la peinture féminine marocaine d’origine populaire. Sa grande année fut l’année 1963 où elle exposa à la Galerie Charpentier à Paris dans une manifestation sur Deux mille ans d’art au Maroc et à Lausanne pour une expo individuelle.
Les 42 peintures étaient demeurées au secret depuis 35 ans car Radia Bent Lhoucine, dont l’activité picturale court sur 20 ans, s’est arrêté de peindre à la fin des années 70. Elles sortent au grand jourle temps d’une exposition à Casablanca jusqu’au 10 mars 2011.
Messieurs, mesdames mes lecteurs marocains, il ne faut pas tarder et vous aussi les touristes en vacances dans le royaume! C’est à la Galerie 38. L’adresse est : 38, route d’Azemmour à Aïn Diab. Elle s’intitule Faune brute et Figures populaires.
21:07 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : radia bent lhoucine, art brut, maroc, casablanca, labied miloud, jacqueline brodskis | | Imprimer | | |
21.02.2011
Electric pencil et autres Smürtz
Petit bonus sur l’OAF mais non des moindres : The Electric Pencil. C’est seulement maintenant que j’ai pu mettre la main sur le catalogue de la foire. En couverture, un dessin de ce pensionnaire d’un asile de Nevada dans le Missouri dont je vous avais déjà signalé le surprenant travail dans ma note du 17 octobre 2010.
A l’intérieur un poétique passage d’oiseaux pour illustrer la page de la galerie qui les expose. Elle s’appelle aussi : The Electric Pencil.
Le surnom qui a été donné à ce créateur anonyme semble provenir du dessin 197. C’est vrai que son auteur a plutôt écrit : «ECTLECTRC» mais on va pas chipoter pour si peu. Electric, c’est plus commercial.
Les 280 dessins réalisés recto/verso sur de grandes feuilles de registre hospitalier ont été décousus de l’album fait main en cuir et tissu où ils étaient réunis. C’est ainsi plus facile à vendre.
Dans ma boîte aux lettres, est arrivé aussi le leporello nouveau de la Collection de l’Art brut à Lausanne. Si vous savez pourquoi on a donné le nom du serviteur de Don Giovanni à ce type de dépliant, merci de me le dire. C’est égal, celui-ci est fort beau. Avec un fond noir superbe, sur lequel j’ai hélas promené mes doigts poisseux car je venais de m’en servir pour consommer une de ces sucettes géantes qu’on appelle «couille de mammouth» dans les cours de récré.
Le leporello de Lausanne s’ouvre sur un Aloïse à tomber mais c’est surtout le petit texte introductif qui a retenu mon attention. Pourquoi? mais parce qu’à la question rituelle : «Qu’est-ce que l’art brut ?», il répond sans énumérer des vieilles formules mises sur orbite par Dubuffet il y a 40 ans. Un véritable effort définitionnel a été fait et ce n’est pas si simple. Si on avait voulu recadrer la notion d’art brut et lui restituer son sens à un moment où elle est trop souvent diluée dans des discours confusants, on ne s’y serait pas mieux pris.
Aussi j’applaudis et je passe à la soirée Art et Médiumnitéqui se tiendra le mercredi 23 février 2011 dans le cadre de l’expo Henriette Zéphir à la Galerie Christian Berst (entrez par la rue Chapon et engagez vous dans le passage des Gravilliers, maintenant vous êtes grands, n’ayez pas peur).
L’occasion est trop rare d’entendre Bertrand Méheust, philosophe du genre épistémologue et historien de la métapsychique. Qui s’intéresse d’un peu près à la médiumnité et/ou à l’automatisme mental tombe forcément un jour sur les 2 gros pavés de sa thèse intitulée Somnambulisme et médiumnité (1998).
Ils se lisent comme un roman parce qu’émanant d’une pensée claire et bourrés de faits et d’anecdotes. L’auteur étant hyper-bien documenté. A intervalles réguliers, je déguste pour ma part un article qu’il a donné dans la revue de l’Institut Métapsychique International (décembre 2003) à propos des créateurs comme Augustin Lesage, Marguerite Burnat-Provins, Raphaël Lonné. Un Schmürz dans le monde de l’art, c’est le titre de cet article. Laurent Danchin apportera son expertise puisqu’il est aussi de la partie ce soir là.
00:03 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrits, Images, Lectures, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, nyoaf 2011, the electric pencil, collection de l'art brut, aloïse corbaz, art et mediumnité, galerie christian berst, henriette zéphir, bertrand méheust, institut métapsychique, couille de mammouth, laurent danchin, schmürtz | | Imprimer | | |
19.02.2011
NYOAF 2011
NYOAF. Non, ce n’est pas le nouveau cri de guerre d’Animula! Tout bêtement, ça signifie : New York Outsider Art Fair.
Tout un poème. Et qui s’affiche en kakemono dans le ciel blanc de la GrossePomme.
Avec tout le boulot que j’ai au bureau en ce moment, je n’ai pas pu y aller mais, heureusement, une Animulienne de choc est passée par là entre le 11 et le 13 février 2011. Elle m’envoie pour vous des images : du stand de la galerie Ricco Maresca
du stand de Carl Hammer
de celui d’Andrew Edlin
Sans oublier l’espace de notre galerie Berstnationale avec ses Bosco qui nous tendent les bras.
Merci à Cléo qui s’est levée de bonne heure pour réaliser ce petit reportage. A l’heure où l’on passe encore l’aspi sur le stand de Judy Saslow.
Le temps d’une perspective pour vous montrer combien c’est grand l’OAF et qu’il faut parfois consulter le plan pour s’y retrouver
et puis déjà, du côté de chez Cavin Morris, le monde arrive.
18:54 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nyoaf 2011, new york outsider art fair, ricco maresca, carl hammer, andrew edlin, christian berst, ionel talpazan, judy saslow, cavin morris | | Imprimer | | |
15.02.2011
10 pièces supplémentaires pour l’Art Brut
C’est pas parce qu’elle ne vous parle jamais du prix des loyers que votre petite âme errante se désintéresse de l’immobilier. De l’immobilier suisse surtout car autant que les Belges, j’aime les Helvètes. Ils ont une presse en ligne du tonnerre. Avec des rubriques «copinage» instructives et des titres percutants comme : Notables logés au prix du social. Sur le site de Le Matin.ch, allez voir par exemple l’article de Titus Plattner sur les apparts dont la ville de Lausanne est propriétaire et qu’elle loue pour pas cher. Il contient une info pour le petit bout de ma lorgnette.
On y apprend en effet qu’une conseillère municipale a «réussi à convaincre une dame seule de quitter l’appartement de 10 pièces qu’elle occupait avenue des Bergières, dans le bâtiment du Musée de l’Art Brut». Merci madame. On se réjouit de l’aisance ainsi donnée à cette Collection historique. Dix pièces pour l’art brut, c’est pas du luxe! C’est l’occasion de nous sortir quelques merveilles des réserves.
En attendant si une solitaire de Neuilly, de Passy ou à la rigueur d’Auteuil, souhaitait mettre son logement de 250 mètres carrés à la disposition de l’incontournable blogue Animula Vagula pour y caser son matos, ses 70 paires de chaussures et ses archives de jour en jour plus monstrueuses, je ne dirais pas non.
P.S. 1000 excuses au demi-millier d’Animuliens orphelins qui ont cherché à rejoindre ma base dimanche sans succès. Notre plate-forme vénérée subissait alors l’assaut de méchants pirates et nos vaillants administrateurs avaient les mains dans le cambouis.
00:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Glanures | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
22.01.2011
Un Joli Cœur brut fait Surface en Chine
Aujourd’hui : des chinoiseries. J’ai beau être une grande fille toute simple, on dit que je me la pète, que mon tour de tête c’est 62, bref que je suis snob un max. Allez donc lutter contre ça! Alors j’avoue : oui, j’ai des lectures de femme de milliardaire mais tant qu’à faire de milliardaire chinois. J’ai découvert récemment, chez Artcurial ou ailleurs, un magazine auquel je ne comprends rien (sauf les titres en anglais) n’ayant jamais poussé mes études linguistico-sinologiques au dlà des bars où l’on sert du mandarin-curaçao.
Surface qu’il s’appelle. Bon, c’est branché surtout sur la mode et le design hyper-class et je crois pas que vous fréquentiez (de + en + nombreux, merci) Animula Vagula pour ça.
Seulement, surprise!, est encarté dedans Surface un supplément de 32 pages intitulé Beautiful Heartet consacré, devinez à quoi? A l’art brut…Bingo!
Ce qui prouve encore une fois la justesse de mon théorème: Art brut ami partout toujours. On peut maintenant le raper dans la langue de Liu Xiabo. Invités d’honneur occidentaux : le photographe suisse Mario del Curto avec une photo des cabanes du Québécois Richard Greaves et le galeriste alsacien Christian Berst avec une image de Giovanni Bosco.
Parti de chez moi, il y a un peu plus de deux ans seulement, voilà ce créateur sicilien arrivé dans l’Empire du milieu. Géant! Mais tout ça, on connaît.
Le must c’est que ce cahier-surface en bonus qui peut se consommer à part (avis aux collectionneurs) contient aussi des repros de dessins réalisés dans des contextes psychiatriques.
Du moins, si j’en crois un des rares titres en anglais perdu dans un océan de chinois : The mentally ill should not be the scapegoat.
Que les «malades mentaux» ne soient pas «des boucs émissaires», ça me paraît un bon programme et peut-être la preuve que la Chine n’est pas la dernière à se poser les bonnes questions.
Question art brut, on reste un peu sur notre faim avec ces images mais je vais essayer d’en savoir plus. Et comme on dit dans les Shadoks : «c'est tout pour aujourd'hui» à la semaine prochaîîîne!.
15:24 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut chinois, surface magazine, giovanni bosco | | Imprimer | | |
16.01.2011
Akram Sartakhti, une singulière Iranienne
Dimanche dernier, je me suis bourrée de gâteaux nippons, suaves comme un sofa, au finissage de l’expo L’art brut japonais qui voulait pas désemplir.
Je suis retournée aujourd’hui à la Halle Saint-Pierre pour voir s’il en restait encore.
Je suis tombée sur le commençage de l’accrochage des peintures d’Akram Sartakhti sur les cimaises de la cafète pleine de bobos et de bébés. Je devrais pas vous en parler déjà. Mais puisque cet événement de la «galerie» débute bientôt et qu’il durera que jusqu’au 13 février 2011, je mets mes scrupules dans ma pochette et mon mouchoir en dentelle par dessus.
J’ai donc looké avec un poil d’avance ces aquarelles d’une dadame iranienne qui s’est mise à peindre à l’âge où l’on devient grand-mère, sans savoir, sans culture puisque, promise très jeune (9 ans) à un mari peu soucieux de son instruction, elle est demeurée illettrée. Visiblement sa vie n’a pas été drôle.
Photo : Tooba Rahimi
Les infos qui nous parviennent, notamment par l’intermédiaire de Rokhsareh Ghaemmaghmi, réalisatrice de films documentaires sur son travail, nous la décrivent confrontée depuis longtemps à l’arbitraire conjugal. Tourments, jalousies, violence ont, semble-t-il, été son lot. A Dieu -une sorte de maître supplémentaire en plus consolant- elle a demandé quelque chose et ce quelque chose a été la peinture.
Elle se sert avec bonheur de ce cadeau, ressuscitant des souvenirs d’enfance, évoquant des légendes religieuses, des récits folkloriques. Sans misérabilisme. Avec la gaieté des couleurs vives, des scènes animées et compartimentées.
Ce n’est pas naïf à fond, c’est parfois plutôt brut, limite dessins puérils. Cela peut ressembler à Boix-Vives en moins nuancé, en plus statique. C’est touchant, séduisant, narratif. Un peu élémentaire aussi. Les fonds ne la préoccupent guère. De la teinte pure et puis voilà. Elle a visiblement plaisir à déployer son bestiaire, ses personnages, ses bibelots.
Des chameaux dans la nuit étoilée
de beaux oiseaux de paradis terrestres, des filles en costumes ethniques.
Souriantes et en larmes. Voilées et menacées par des diables un peu dérisoires, des monstres enflammés mais bouffons.
L’inommable est tenu à distance. L’artiste a peut-être trop souffert. Elle se cantonne à la surface de sa souffrance et le spectateur en reste un peu interdit de séjour. Parfois pourtant, l’angoisse, la vraie, submerge tout sous la couche de gentillesse ou d’ironie. Ainsi va ce tableau où une tête de requin rose mord la trompe d’une créature tachetée sans défense, sous les yeux, vides, effarés ou idiots d’une bande d’oiseaux inutiles.
Des œuvres d’Akram sont au musée à Téhéran. Son fils a montré son travail à des connaisseurs ce qui lui a valu une première exposition. A cette médiatisation, elle a gagné une certaine émancipation. Elle a participé à une sorte de festival d’art outsider. Son mari, de 20 ans son aîné, est devenu dépendant d’elle.
Puisque Akram Sartakhti est venue en France, rendons lui visite! L’accompagner dans cette escalade de liberté, ne peut qu’être un plaisir.
13:10 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : akram sartakhti, art brut iranien, iran, halle st pierre | | Imprimer | | |