09.02.2008
Nippons delicatessen
Photo : Lucienne Peiry
Pour Sophie et sa potesse Virginie qui ont décidé de se faire la Collection de l’Art Brut en vélo (attention, Lausanne ça grimpe !), cette image d’Eijiro Miyama qui se balade à l’intérieur de l’invitation dépliante au vernissage de l’expo Japon le 22 février 2008 à la maison mère.
Ce nouveau show qui ne s’éteindra que le 28 septembre se présente sous l’égide d’un volatile sans ailes, au cou épineux et aux pattes plombées, d’une austère grandeur.
Takashi Shuji
Il regroupe 12 créateurs autodidactes japonais. Certains : Obata Masao, Sawada Shinichu (ou Masao Obata et Shinichu Sawada puisqu’au pays du levant soleil tout le monde s’appelle Chaissac Gaston) ne sont pas étrangers aux Animuliens-Cœurs-Fidèles puisque votre P.A.E. a déjà eu l’occasion de vous les présenter quand elle vous a parlé le 3 novembre 2006 (ce que le temps file!) de la Bordeless Art Gallery No-Ma de Shiga dans sa note intitulée : Art brut ami, partout, toujours.
est une formule que vous devriez broder sur vos T-shirts, mes petites Animuliennes (et p’tits Animuliens pour ceux qui n’ont pas honte de tirer, tirer l’aiguille). Oui, l’art brut est toujours là et même un peu là. Oui, l’art brut est partout.
La source est pas près de s’tarir comme le prouve la centaine d’œuvres présentées à Lausanne avec un catalogue en français, jap, anglais, bourré de textes de Yoshiko Hata, Tadashi Hattori, Sarah Lombardi et Lucienne Peiry (39 CHF ou 65 le pack contenant aussi des films de Lespinasse Philippe et Alvarez Andress).
Masao Obata
Je sais bien que c’est dur mais il faut mémoriser les noms des auteurs de ces «productions-peintures, dessins et sculptures- (qui) témoignent d’une richesse et d’une diversité étonnantes», selon le carton lausannois : Takanori Herai, Mitsuteru Ishino, Moriya Kishaba, Hidenori Motooka, Satoshi Nishikawa, Takashi Shuji, Yoshimitsu Tomizuka, Yuji Tsuji, Toshiaki Yoshikawa.
Hidenori Motooka
Tous, «dérogent à la tradition et conçoivent des univers uniques». Ce qui n’empêche pas le rédacteur de la notice-invitation de s’élever, c’est tout à son honneur, à une réflexion contradictoire : «chacune de ces pièces porte l’empreinte de la délicatesse et du raffinement attachés à la culture nippone.
Toutefois l’emprise de la culture japonaise a très peu d’impact sur ces créateurs».
La seule chose qu’on puisse lui reprocher à ce rédacteur ou cette rédactrice, c’est d’abuser un peu du mot «délicatesse» qui revient à propos de la méthode utilisée par l’opérateur des films, modestement crédité d’«interventions sobres ( ?????)».
Car enfin, la délicatesse et la raffinerie au Japon, il ne faudrait pas oublier qu’elles passent aussi par le vent du sabre et par l’esthétisation de la mort volontaire chez le peuple le plus décoratif de la terre.
Shinichi Sawada
Crédit photos : Onishi Nobuo
20:25 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, eijiro miyama, shinichi sawada, hidenori motooka, masao obata, takashi shuji | | Imprimer | | |
08.02.2008
En revenant de l’Outsider Art Fair
C’est pas mon habitude de vous passer les plats quand la table est desservie mais là j’ai des excuses, j’attendais que Brigitte rentre de NewYork avec son chien Louping pour vous parler de l’Outsider Art Fair.
Si NYC est une Grosse Pomme, Louping est un scottish terrier hyper gambadeur. Au resto, Louping gîte sous la table en gémissant d’un air impérialiste au fil de la conversation.
A l’heure de la soupe aux pois, Louping se tient coi pendant que sa maîtresse fait le tour d’horizon en feuilletant l’amour de petit livret lilas qui présente les 34 participants.
«Pas très phasant, beaucoup de classiques…» dans cette 16e édition de la foire.
Brigitte s’est tout même emballée pour les «quatre Soutter à tomber à genoux» des Berlinois Fischer Kunsthandel
«Sans compter, de très beaux Ramirez chez Ricco/Maresca et William Hawkins, l’autre must …» pense Louping en reniflant l’odeur de la tranche de rosbeef qui s’approche. Piquant un roupillon quand BriBri se lance dans les potins : le stand minuscule de Raw Vision, Jennifer Pinto Safian «qui parle un français excellent», la perruque verte de Judy Saslow, la galeriste de Chicago chez qui Brigitte a remarqué les trains rézoteurs de James Allen,
Louping s’éveille quand il sent la moutarde monter dans les tours de sa maîtresse. Elle n’a rien vu d’extra à la Galerie der Künstler.
D’ailleurs ça la gonfle de voir Gugging dans la foire, «ça lui enlève de son mystère». Que tout le monde ait sorti ses Jimmy Lee Sudduth parce que ce créateur vient de disparaître, ça la vénère aussi.
Le toutou soupire d’aise quand Brigitte, inversant la vapeur, se met à positiver à mort :
«oh, le one man show Michail Paule à la Galerie Susanne Zander, oh l’incontournable Darger du booth 28 (Andrew Edlin Gallery),
Whaô, le Damian Michaels de chez Bourbon-Lally, la galerie haïtienne, c’est très beau Hiroyuki Doi chez Phyllis Kind,
Minnie Evans chez Luise Ross et Kunizo Matsumoto c’est pas mal non plus (malgré le phénomène de mode) chez le Japonais Yukido Koide».
A ce stade, Louping étouffe ses jappements. Il doit patienter, la mousse au chocolat venue, pour entendre l’éloge de la dizaine d’Emery Blagdon Chez Cavin-Morris Gallery et celui du Minnie Evans de la Luise Ross Gallery.
Mais il grogne carrément comme un ours quand BriBri nous colle sous la soucoupe les découvertes que cette petite fûtée a faite dans les cartons de The Ames Gallery : les dessins déjantés de Deborah Barrett
et les hybrides dessins-collages de Chris Dalton Powell.
J’aurais voulu vous en dire plus mais Louping tirait sur sa laisse pour aller faire pipi dehors.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Glanures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, louis soutter, martin ramirez, james allen, michail paule, damian michaels, minnie evans | | Imprimer | | |
28.01.2008
Profeta Gentileza de Rio de Janeiro
Traiter l’actualité c’est bien mais faudrait pas oublier de puiser dans les réserves. Faut dire que j’adore les réserves, même si mon chéri râle lorsque, en ouvrant le placard de la cuisine de notre gîte rural, 200 sachets de thé lui tombent sur la tête sous l’effet de l’encombrement. Et sur mon bureau, c’est pareil. Des tas de jolis sujets s’accumulent sur mon écran en attendant de finir en chroniques animuliennes.
Parmi ceux-ci, comment faire attendre le doux Profeta Gentileza ? Jusqu’à sa mort en 1996, José Dotrino, plus connu sous son nom de prophète, est resté une grande figure populaire de Rio de Janeiro.
Son visage rayonnait d’un noble sourire. Les photos qui le représentent font regretter de ne pas l’avoir connu. Beau comme un dieu il était, avec ses longs cheveux et ses vêtements d’une blancheur candide enrichis de couleurs en ornements !
Largement précurseur des hippies californiens, il s’était mis à prêcher l’amour et la liberté depuis ce jour de décembre 1961 où il avait connu l’illumination.
C’était après une catastrophe, du genre grand incendie, qui avait fait beaucoup de victimes. Du moins, si j’ai bien compris, car tous les sites qui le concernent sont brésiliens, sauf cet article de la chanteuse Marisa Monte qui a écrit une chanson sur le sujet.
Alors s’il y en a parmi nos lecteurs qui connaît la langue portugalaise qu’ils ne se gênent pas pour mêler leur grain de ciel. Profeta Gentileza se baladait au milieu d’une circulation automobile d’enfer comme dans une Jérusalem céleste, avec des vire-vent sur ses pancartes à messages et de grandes palmes à la main.
Le plus intéressant c’est que sur les pilastres du viaduc de Caju, cet enragé dadzibaoïste spirituel avait réalisé une installation d’1,5 km de long avec ses calligraphies singulières.
Il semblerait qu’à ce patrimoine urbain «tendance brute», les Cariocas soient restés attachés puisque les inscriptions de José ont été non seulement préservées mais restaurées.
Ce qui prouve que de tels créateurs peuvent, dans leurs pays, être prophètes !
23:15 Publié dans Ailleurs, Glanures, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : profeta gentileza | | Imprimer | | |
23.01.2008
Follie italiane, Nueve follie
01:15 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
03.01.2008
Jours tranquilles à Bruxelles
Poursuivons le compte à rebours avec Art en marge puisque c’est à son programme que j’ai emprunté la nouvelle de l’exposition PLNY à l’horizon Montreuil 2009.
Auparavant, ce Lubos P..Y (mais qui nous dira comment ça se prononce ?) figurera dans l’expo collective et art-en-margesque Corps accords en compagnie, entre autres, de Marilena Pelosi.
Marilena Pelosi
Ce sera (Inch’allah !) du 12 septembre au 15 novembre 2008. Hoparavant, l’industrieux Centre de recherche et de diffusion de la Rue Haute butinera encore 3 outsiders dont Carol Bailly en juin-juillet 2008. L’expo s’appellera Overvloed/Foisonnements. Vous en saurez plus le moment venu ou tout de suite en allant sur le site d’AEM.
Bon j’en passe pour nous rapprocher vite fait de nos jours tranquilles. A Bruxelles toujours mais conçue par Lucienne Peiry et Anic Zanzi, dirlo et conservatrice de la Collec de l’Art brut à Lausanne, «une exposition à découvrir en famille» ou si ce mot vous rappelle trop Sheila et les petits soucis quotidiens: «Een tentoonstelling om te ondekken met hele gezin», ça vous a une autre gueule en néerlandais!
Ted Gordon
Attention, ça viendra vite ces Bestioles d’art brut et d’art en marge car le vernissage c’est déjà le 6 mars 2008. La porte à côté. Ceux qui suivent un peu l’actualité brute se doutent déjà qu’il s’agit d’un bestiaire qu’on les invite à visiter : «kom en ontdek het grote dierenboek -soms vreeemd, soms grappig- van de Art brut». C’est-à-dire «-un bestiaire, étrange ou espiègle-».
Gaston Duf
Etrange, d’accord mais, j’ai beau aimer Till, «espiègle» m’en bouche un coin.
Espiègles les rhino féroces de Gaston Duf ?
Espiègles les félins/fêlés de Ted Gordon ?
«Espiègle» est cool, «espiègle» ne fait pas peur aux foules, «espiègle» est recommandé pour les petits n’enfants de 7 à 77 ans.
«Espiègle» colle à l’art brut comme le tablier colle à la vache.
00:10 Publié dans Ailleurs, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, ted gordon, gaston duf, marilena pelosi, carol bailly, art en marge | | Imprimer | | |
09.12.2007
Art en marge reçoit Richard Greaves
Flotte, flotte, flotte et reflotte. Vous pensez qu’avec un temps pareil votre PAM (petite ame errante) est restée devant son Lady Grey ?
Et bien non. Prête à se mouiller pour aller chercher l’information, elle n’a pas hésité, droite dans ses bottes lacées, à affronter les pavés glissants de la capitale belge.
C’est que l’événement vendredi soir était rue Haute, au 312, puisque la tournée européenne de Richard Greaves y faisait escale chez Art en Marge pour y mouiller jusqu’au 16 février.
Bruxelles est une ville formidable où l’influence de la Sécession viennoise se fait sentir, pas seulement dans les expos du Musée d’Architecture / Museum voor Architectur et ce que j’ai admiré d’abord en arrivant dans la galerie AEM, c’est les jeux de damiers sur le sol.
Faut dire que c’est pile poil ce qu’il faut pour une expo de photos, ça fait penser à de la pelloche perforée sur les bords. Au lieu de nous faire lécher des murs blancs en suivant un morne défilé d’images posées les unes à côté des autres, l’accrochage a privilégié le léger, le mouvant, le labyrinthique, le bifaçadisme. De simples câbles d’acier tombés du plafond supportent des panneaux dont les photos de Mario del Curto occupent recto et verso.
Le visiteur peut ainsi circuler au milieu de ces captivantes images, passer d’un gros plan à une vue d’ensemble, apercevoir les yeux de Richard Greaves (ou tout autre détail) qui se profile dans les entre deux.
Les légers chocs (inévitables les soirs de vernissage) qu’il leur imprime au passage les fait osciller comme sous l’effet d’une brise. Tout est fait pour offrir une transposition abstraite des impressions que l’on éprouve réellement lorsqu’on se promène sur le territoire de Greaves, dans cette Beauce à cent mille lieux du Jeu de Balle.
En sourdine, sous la rumeur des langues qui vont de bon cœur, des bruits de la forêt québécoise viennent accentuer subtilement cette transposition.
Le vent qui souffle à nos oreilles semble provenir des photos de MDC qui possèdent leur respiration propre, large, profonde et sereine.
Quand on sort de là-dedans, on est mûre pour tremper son manteau à fronces de cuir et col emmitouflant acheté à New York dans la tempête qui secoue l’Europe.
Rien ne pourrait nous empêcher de prendre à travers les vitrines quelques clichés d’ambiance artenmargesque pour tous les Animuliens, muliennes resté(e)s au chaud dans leurs sweet homes. Avant de filer au CIVA, 55 rue de l’Ermitage (à une encablure du Musée d’Architecture) où R.G. (non, pas Hergé !) a tissé, sur une terrasse plantée d’un mini-bois, une nouvelle toile. Sont venus s’y prendre des tas de vieux jouets colorés, ce qui va plaire à vos enfants quand vous les emmènerez voir ça. Et à moi si j’ai le temps de revenir car mon Thalys, hélas, m’attendait déjà à la Gare du Midi.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, richard greaves, mario del curto | | Imprimer | | |
29.10.2007
Sublime Spaces et Visionary Worlds
La mondialisation est une belle chose.
Imprimé à Singapour, publié à l’occasion d’une méga expo à Sheboygan dans le Wisconsin, un gros bouquin vient de tomber dans ma bibliothèque pantruchienne en provenance de New York, porté par les bras fragiles de ma copine Lucette.
Harcelez d’urgence votre libraire pour qu’il vous fasse venir fissa les 427 pages de ce Sublime Spaces et Visionary Worlds car, croyez-en votre petite âme errante, c’est pas de la daube ! Coédité par la Princeton Architectural Press (NYC) et par le Joan Michael Kohler Arts Center de Sheboygan, Sublimes spaces… a pour principal auteur Leslie Umberger, conservateur du JMKAC. Rien que son sous-titre est matière à gamberge : Built environments of vernacular artists. Je garde pour la soif cette notion de «vernaculaire» qu’on applique chez nous à la langue. Non le jargon des grosses têtes en col blanc mais la tchache en basquettes de tous les jours.
Cela fait déjà 35 piges que le JMKAC s’esquinte le tempérament à la préservation des environnements d’art issus de la création autodidacte. C’est dire s’il a de l’expérience. 22 de ces environnements sont présentés dans ce livre avec une icono impressionnante qui mêle repro de documents anciens et clichés en couleurs de qualité. Certains toujours intacts et d’autres qui ont été démantelés.
Impossible de les énumérer mais sachez que vous trouverez Eugene Von Bruenchenhein (1910-1983) et ses photos de Marie que vous connaissez peut-être déjà,
Tom Every qui fait la couverture et des vedettes comme Sam (j’ai toujours cru que c’était Simon) Rodia.
Pour ma part, je me focaliserai sur le cas de Emery Blagdon (1907-1986) que j’ai eu la chance de rencontrer quand son œuvre a été montrée à la 4e Biennale de Lyon en 1997. Né dans un petit bled du Nebraska, après des années de vagabondage et de recherche de l’or californien, Blagdon s’installe sur la ferme paternelle.
Tate Archive - Photo M. Kinley
A la fin des années 50, il commence à monter un dispositif, à base de fils de fer et de feuilles d’alu, pour canaliser les courants électriques de la terre et les employer pour guérir cancer (sa mère est morte de ça) et autres maladies.
Après sa mort, son domaine est vendu aux enchères.
Par chance les 400 pièces qui composaient sa machine guérisseuse (Healing Machine) sont sauvées et préservées aujourd’hui dans la Collec de l’Art Center.
Quand on voit combien chez nous il est difficile d’obtenir la préservation d’environnements d’art brut ou populaires majeurs, comme le Jardin de Gabriel Albert à Nantillé, on regretterait presque, sacrebleu, de ne pas être Américains.
22:35 Publié dans Ailleurs, Expos, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : emery blagdon, tom every, eugene von bruenchenhein | | Imprimer | | |
15.10.2007
Martin Ramirez in Milwaukee
Vous vous demandez d’où votre petite âme errante tire sa science concerning Rizzoli ?
Bonne fille, j’vous indique ma source: l’article de Jo Farb Hernandez (Achilles G. Rizzoli, Master Architect) paru dans The Outsider (vol. 12, Issue 2, Fall 07), la revue de l’Intuit.
Dans le même numéro, un papier de Victor M. Espinosa (The Myth of Martin Ramirez) fait le point sur la nouvelle expo Ramirez qui vient de commencer le 6 octobre 2007 au Milwaukee Art Museum dans le Wisconsin. C’est jusqu’au 13 janvier 2008.
Allez faire un tour sur le site de cette Maison de renommée internationale.
Vous y verrez la banderole qui vous somme de décider si la vie de Martin Ramirez fut une «tragédie» ou un «triomphe» et la trop super animation-flash où l’on découvre avec stupeur de gentillets volatiles ramiréziens poursuivis par un cow-boy non moins mexicain.
Vous vous souvenez peut-être (O my god !) de ce film de Jessica Hu : In the Realms of The Unreal (2004) projeté l’année dernière pendant l’expo Bruit et fureur, l’œuvre de Henry Darger à la Maison Rouge à Paris.
Il contenait aussi des scènes animées où les Vivian-toons faisaient «Bang-bang» à tout va.
On se demandait comment les amateurs d’art brut américains pouvaient digérer de telles disneyrisations. Et bien, figurez-vous qu’ils sont comme nous, ils ont du mal.
Abstraction faite de la qualité de l’expo wisconsienne que j’aurais du mal à apprécier, étant un peu loin et sans envoyé(e) spécial(e) à Milwaukee, je dois quand même constater que le petit dessin animé du MAM suscite le débat (pour pas dire +) parmi les collectionneurs, galeristes et étudiants en self-taught artists d’outre-atlantique.
«I wish I could shoot the ducks by clicking my mouse!!!» rigole l’un d’eux.
«Can you imagine the Guggenheim promoting the Richard Prince show with animations of the Marlboro man galoping across the page ?» demande un autre.
Plusieurs s’accordent à regretter que le pouvoir des directeurs de musées et des directeurs de marketing excède celui des conservateurs. Un mouvement d’ensemble se dessine et ça serait pas étonnant que le musée reçoive bientôt des «letters of complaint».
00:40 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : achilles rizzoli, martin ramirez, henry darger, art brut | | Imprimer | | |
11.10.2007
Achilles Rizzoli à l'Intuit de Chicago
Today, vo’t p’tite Âme eRrante va vous parler d’Achille. Pas le grand Myrmidon chouchou d’Offenbach, encore que mon Achille à moi ait l’air d’avoir aussi le pied léger dans sa bottine de 1918. Non, c’est d’Achilles Rizzoli (1896-1981) dont j’vous cause. Le prodigieux dessinateur d’une skyline perso, sortie de sa tête de Tintin italien échoué en Californie, avec un col de chemise à la Eric Von Stroheim.
Son œuvre est mal connue en Europe. C’est en 1997 qu’elle a été révélée aux Etats-Unis. Aujourd’hui et jusqu’au 5 janvier 2007, The Center for Intuitive and Outsider Art (Intuit) de Chicago consacre une expo d’envergure à cet Architect of Magnificent Visions, à ce maître utopiste, petit bureaucrate le jour et bâtisseur d’une réalité alternative la nuit.
Un seul de ses dessins pouvait lui prendre des mois!
Et souvent ses gratte-ciel méticuleux sont aussi grands que lui. C’est que, dans son esprit, ils pourraient lotir le paradis. En bref, les immeubles de Rizzoli constituent des portraits de gens de sa connaissance. C’est des personnifications architecturales.
Ils symbolisent une métamorphose de ces personnes après leur mort. D’autres convertissent en monuments des abstractions : travail, vie, bonheur, culture et paix. Je vous passe les détails mais Rizzo avait tout un tas d’idées grandioses. Il croyait que ses visions étaient la base d’une suite de la Bible. La renaissance de Frisco après le tremblement de terre de 1906 l’avait marqué.
Célibataire vivant près de sa mère, écrivain incompris témoignant de la souffrance psychique accompagnant ses créations, Achilles Rizzoli s’oriente dans une forêt d’allégories, de jeux de mots, de métaphores qui nous laissent babas (pas cool). 1936 reste pour lui une année charnière. 21 ans après la disparition de son père, on lui confirme que celui-ci s’est suicidé : ses restes ont été identifiés.
L’année suivante sa mère meurt à 63 ans. Son premier dessin, une carte d’anniversaire était à la gloire de mother. Ensuite et jusqu’à une attaque qui le léguminise en 1977, Rizzoli perfectionne ce monde proliférant dont il est le Prince et le Grand Architecte, à coups de dessins combinant ingénieusement les emprunts. A l’Art-Déco, au gothique revival and so on.
23:10 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : achilles rizzoli, art brut | | Imprimer | | |
03.08.2007
Insita à Bratislava
Et pendant ce temps-là, qu’est-ce qu’ils font les Slovaques ? Ils insitent, figurez-vous, ils inSitent. Avec un S, vous avez bien lu, votre petite âme errante ne fait jamais de fôtes.
Or donc, c’est l’Insita à Bratislava et ça va durer jusqu’à la fin du mois de septembre 2007.
Les plus collectors d’entre vous se souviennent de ces gros catalogues des Triennales de l’art insitic (sic) que l’on ramassait il y a 20 ans pour 3 thunes chez les bouquinistes où ils trouvaient pas preneurs à cause de leur petit look austère de derrière le rideau de fer.
Catalogue de 1969
Je n’ai jamais très bien compris ce qu’insitic voulait dire mais on feuilletait ces catalogues comme le bottin et, parmi une tripotée de naïfs (pas toujours crapoteux) en provenance du monde entier, on croisait parfois un vrai brut comme ce Monsiel dans la 1ère édition.
«Insita is the triennial exhibition of naïve art, art brut and outsider art, which has been organized since 1966 with a pause from 1972 to 1994» nous apprend le Museum of Naïve Art de Jagodina en Serbie.
Cette année, cette Triennale, qui se tient dans la Galerie Nationale Slovaque (Bratislava Slovenské Nàrodné Muzeum), est la 8e du genre. Elle est conçue par Katarina Cierna. Pour la désignation du Grand Prix, car GP il y a, un jury international lui donne un coup de main. Il est composé de : «Rodzer Kardinal, predsednik, Nina Krstic (Srbija), Niko van der Endt (Holandija) i Loren Dansan (Francuska)».
Je traduis pas, c’est limpide.
Tuula Huusko, mention honorable
L’exposition est divisée en plusieurs parties. L’une «thématique» sur l’architecture magique
Nikifor
Marcel Storr
Karl Junker
L’autre «monographique» : Vasilij Tichonovic Romanenko (Russie), lauréat du Grand Prix 2004. On peut voir encore des œuvres de Eva Droppova, Cecilie Markova, Anna Zemankova, Madge Gill, Germain Tessier. D’importantes collections européeennes sont aussi présentées: abcd, La Fabuloserie, une collection d’art naïf roumain d’Herbert Ziesner.
10:55 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, edmund monsiel, nikifor, tuula huusko, willem van genk, marcel storr, george widener | | Imprimer | | |