16.06.2013
Aloha Oléron
Dans la série : les choses qui me rendent jalouse. Aujourd’hui : la chemise de Jean-Louis Faravel sur la photo de David Briand empruntée à un article de Sud Ouest. Sur le côté : des dessins de Paul Duhem.
S’il n’y avait pas la PQR, on oublierait presque qu’il y a de l’art brut en province. JLF vient de la PQR. Le temps des loisirs venu, il est devenu organisateur de biennales. Son truc c’est L’Art partagé, un label qui lui permet de réunir régulièrement toutes sortes d’autodidactes s’adonnant ou s’essayant à la création d’art.
Pas trop mon truc à moi généralement. Mais tout de même, en petite proportion, il y a parmi les poulains de Faravel des tempéraments hautement recommandables comme la chère mamie Grunenwaldt.
Et quand Jean-Louis Faravel délaisse son Dauphiné habituel pour dériver vers la lumière saintongeaise, pourquoi ne pas le suivre? Vous avez donc jusqu’au 30 juin pour sortir vos belles liquettes hawaïennes et vos colliers de fleurs et vous rendre à la salle polyvalente de Saint-Trojan les Bains dans l’île d’Oléron où J.-L. Faravel, lui-même collectionneur, témoigne de ses choix.
15:36 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean-louis faravel, paul duhem, martha grunenwaldt, art brut | | Imprimer | | |
05.06.2013
Marseille, reportage impossible
Beatrice Soulié m’a posé un lapin. Involontairement bien sûr. Je me suis cassé le nez sur son dernier vernissage. Pourtant j’avais tout juste. C’était le bon jour : samedi, premier juin. Et la bonne heure : dans les 18 h de rigueur dans la capitale.
Mais j’ai fait tintin pour l’expo Pierre Dotte, le regard d’un collectionneur. J’avais oublié que Béatrice Soulié, émérite galeriste guénégaudisque est aussi une authentique Frioulaise. Je m’étais donc trompé de ville. Le vernissage était à Marseille près du Vieux-Port et non à Paris sur Seine.
Heureusement que le soleil était au rendez-vous pour une fois. Ses rayons qui tombèrent sur l’invitation que je tenais à la main me permirent de constater que je n’avais pas bien lu l’adresse. C’était bien rue Glandevès, au 8, dans le premier arrondissement de Marseille qu’il fallait être et non 21 rue Guénégaud dans le sixième de Pantruche. Un peu tard pour changer de direction. J’aurais bien demandé à monsieur Spock de me téléporter sur la Canebière.
Hélas, votre petite âme errante ne fait pas encore partie du casting de Star trek. Dommage : le programme de l’exposition souliérienne, bien que ne comportant que des noms d’artistes apparentés à l’art brut, avait quelque chose d’alléchant.
Simone Le Carré-Galimard, Louis Pons, Patrice Cadiou, Jano Pesset par exemple. J’aurais aimé vous faire un méga reportage avec mon petit Kodak. Vu les circonstances, c’est impossible. Je me contente de vous relayer les deux visuels offerts par le leporello de la galerie : des oeuvres de Mario Chichorro et Stani Nitkowski.
L’exposition de la Collection Pierre Dotte précédera sa dispersion. C’est dire qu’il ne faut pas la manquer. Jusqu’au samedi 29 juin, elle sera visible à Marseille. A MARSEILLE, je vous dis. Ce qui arrange plutôt les Marseillais, les Aixois et même les Avignonnais. Les Parisiens, plus nombreux dans le Luberon qu’à Saint-Germain des prés, ne sont pas trop mal lotis non plus. Les Klingons, les Vulcains et autres Borgs n’ont qu’à s’affréter un Enterprise en co-voiturage!
Ah, j’oublie encore un truc. Ce regard de collectionneur est célébré «avec la complicité de l’œuf sauvage». Claude Roffat, l’animateur de cette revue, récemment re-née de ses cendres, nous rappelle qu’il fut jadis marchand d’art «en dessous de Pigalle» et que Pierre Dotte «fut vite un assidu de la galerie».
20:29 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
21.05.2013
L’abbé Fouré passe à l’Ouest
A peine quelques jours qu’un Animulien de bonne volonté nous signalait, par un commentaire, la sortie de l’ouvrage de Joëlle Jouneau sur L’Ermite de Rothéneuf dans la Collection L’Esprit du lieu éditée par les Nouvelles Editions Scala.
Et déjà l’actualité nous rappelle au souvenir de ce diable d’abbé Fouré, l’ermite créateur des rochers sculptés. L’ermite et non l’hermite comme l’indique par étourderie le site de La Procurequi doit penser que l’art sacré s’écrit avec une hache.
Soutane à part, l’œuvre de Fouré n’a pas plus à voir avec l’art sacré qu’avec les histoires de pirates dont la légende locale affubla ses rochers. C’est une belle et bonne vieille création d’art brut tout à fait impressionnante par son ampleur. Les deux pieds dans la matière ingrate du rocher. Ce qui ne l’empêche pas d’être fort visitée.
Aujourd’hui comme hier (du vivant même du sculpteur de tempêtes, avant 1910), par des promeneurs en quête de curiosités et de bons bols d’air. Une exposition des cartes postales éditées au début du vingtième siècle en témoigne jusqu’au 29 juin 2013 à la Bibliothèque municipale de Brest.
Dans le cadre d’un «festival» intitulé L’Art brut à l’ouest où sont montrées aussi des sculptures de Pierre Jaïn et, parallèlement, des photos de Gilles Ehrmann à l’Artothèque que j’écrirais bien l’Artaud-thèque pour rigoler.
Mais les rochers sculptés ce n’est pas de la rigolade et une asso se remue joliment pour la bonne cause de la falaise érodée par les marées, les fréquentations touristiques, les belles histoires sans fondement véridique et, depuis peu, par de romantiques lieux communs sur «la poésie des ruines».
Un article récemment paru dans le journal numérique de Libération (18 mai 2013), sous le clavier de Bernadette Sauvaget, envoyée spéciale à Saint-Malo vous en dit plus. C’est de loin le meilleur papier que j’ai lu sur le sujet dans un quotidien depuis longtemps. Ironie du sort, la journaliste est en charge des sujets religieux à Libé. Non d’une rubrique artistique.
Bien documentée, elle n’en mène pas moins de front une présentation vivante et accessible de l’histoire de l’abbé, un aperçu précis sur l’œuvre et une enquête sur l’état actuel des problèmes posés par ce site indisciplinable. L’angle qu’elle a choisi pour intéresser ses lecteurs : le travail de proximité de l’association de protection et d’information.
Elle a, ce faisant, le mérite de brosser le portrait de l’animatrice de cette asso : Joëlle Jouneau elle-même.
Portrait qui manquait jusqu’alors.
22:36 Publié dans art brut, Expos, Lectures, Sites et jardins, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, rothéneuf, joëlle jouneau, bernadette sauvaget | | Imprimer | | |
20.05.2013
Ostie d’câlisse de tabarnak d’art brut
Pauvre Belgique! Animula te laisse tomber. Pourtant avec tous ces maudits Français qui ont colonisé Bruxelles, j’aurais dû signaler, chez Art & Marges, l’exposition d’art brut polonais intitulée -Dieu sait pourquoi- Une hostie dans une bouteille/Een hostie in een fles. «Art brut», je risque le mot bien qu’il soit tricard dans le matériel promotionnel de l’expo de la rue Haute organisée avec la collaboration d’un tas de chouettes partenaires de Pologne (galeries, musées et hostos psy).
On ne répugne pas en revanche du côté d’A&M à l’usage du mot «artiste». Ce qui nous donne un sous-titre aussi vague que le titre est obscur : Artistes polonais/Poolse kunstenaars. In english : Polish artists. On peut rien rêver de plus général? Dacodac comme dirait Alex dans Orange mécanique.
Aux dernières nouvelles, Dieu contacté m’a tout de même fait savoir que l’hostie et la bouteille provenaient d’une phrase de Maria Wnęk, l’une des personnalités présentes dans l’expo polono-bruxelloise. Sauf que la phrase est amputée de son début : «Du lait au lait»!
L’hostie, on comprend : ça plait aux cathos. Et la bouteille vous a un petit air si «art populaire» qu’on crache pas dessus. Mais les deux ensemble, c’est moins évident question communication. Heureusement que le public n’est pas obligé d’apprendre ce titre par cœur! S’il se souvient du contenu, ce sera déjà très bien. Car ce contenu le mérite puisqu’il conjugue des talents profondément variés sur l’échelle de la brutitude : Marian Henel
N’oublions donc pas qu’il ne reste que peu de jours pour se précipiter à l’exposition d’art brut polonais de Bruxelles/Brussel. Cela fait déjà un moment que des Animuliens vigilants me suggeraient d’y faire un détour.
Mais le temps tout pourrave… Mais le Père Cepteur qui a ratissé toute ma thune… Mais un certain désenchantement aussi dont je retrouve l’écho dans un article de Danièle Gillemon dans Le Soir m’ont détournée de ce «voyage vers les univers» d’une vingtaine de créateurs parmi lesquels le grand Edmund Monsiel.
Créateurs bruts ou brutoïdes dont on n’a pas souvent l’occasion de voir les œuvres. Et qui nous changent des «vedettes américaines» (certes incontestables) : Traylor, Ramirez, Darger, et maintenant Deeds dont le marché dominant de l’art brut nous impose la ronde -à force monotone- de New York à Lausanne City en passant par les salles de vente du huitième arrondissement de Paris.
A noter que j’emprunte mes images ci-dessus (hors vernissage) ainsi que celles des œuvres de Przemyslaw Kiebzak
à des sources extérieures à l’exposition bruxelloise car le leporello d’Art & Marges et son site Internet sont plutôt chiches en reproductions. Raison de plus pour avaler l’hostie et la bouteille en live si c’est dans vos moyens. Vous l’avez compris : c’est pas du petit lait.
18:57 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art & marge musée, art brut polonais, maria wnęk, marian henel, adam dembiński, justyna matysiak, edmund monsiel, przemyslaw kiebzak, ksawery zarębski, danièle gillemon | | Imprimer | | |
19.05.2013
Prague 2013 : Jan Křížek sort de l’oubli
C’est une chose qu’on ignore parfois mais la Tchèquie existe et à Prague un Institut français où il se passe des choses. Tiens, le 6 mai dernier : on y présentait l’importante monographie d’Anna Pravdová sur Jan Křížek. Anna Pravdová, conservatrice à la Galerie Nationale de son pays, a des liens avec le nôtre et parle le français. Ce qui nous vaudra peut-être dans l’avenir des éclaircissements supplémentaires sur son travail.
Entretien d'Anna Pravdová avec Anna Kubišta
Sa monographie, qu’on dit nourrie et fort illustrée, accompagnera du 31 mai à la fin septembre 2013 une grande exposition Křížek (1919-1985), intitulée Jan Křížek et la scène artistique parisienne des années 1950.
Dans le Manège du Palais Wallenstein, grosse perle baroque du quartier de Malá Strana.
Occasion pour les Tchèques de se réapproprier l’œuvre de cet artiste qui, après le Coup de Prague en 1948, vécut chez nous. D’abord à Paris puis au fond de la Corrèze où il se bâtit une maison dans les bois. La notice Wiki sur Křížek est plutôt anorexique. Elle le décrit coincé entre surréalisme et art brut. Il serait surtout du genre inclassable et l’expo de Prague ambitionne de mettre en lumière sa captivante spécificité.
Qu’on le veuille ou non, il appartient cependant à la légende de l’art brut. Son nom reste attaché à la période pionnière où ce concept découvert par Jean Dubuffet s’affinait progressivement.
Avec Miguel Hernandez, Juva, Pierre Giraud et le controversé Robert Véreux, Jan Křížek eut les honneurs de l’une des 5 brochures historiques que René Drouin, galeriste de Dubuffet, édita pendant la période d’activité du Foyer de l’Art brut (15 novembre 1947/été 1948).
Le texte de Michel Tapié qui figure dans cette plaquette ne cache pas l’origine «culturelle» de la découverte du «cas» Křížek.
C’est le sculpteur cubiste espagnol Honorio Condoy qui lui signale (ainsi qu’à Henri Pierre Roché par ricochet) les sculptures du jeune tchèque, selon lui «tout à fait dans la même ligne» que les Barbus Müller.
Le destin de Křížek montre ensuite que Condoy, Tapié et Roché ne se trompaient pas tout à fait sur la nature «brute» du talent du sculpteur. Deux faits sont là pour en témoigner. Un épisode iconoclaste au cours duquel Křížek détruit certaines de ses sculptures sous prétexte qu’il n’a pas les moyens de les transporter à la campagne. Une phrase révélatrice qu’il prononce quand il renonce à la création sculpturale (1962) pour devenir apiculteur : «enfin je suis guéri, je peux arrêter mon travail artistique».
Photo tirée de la monographie d'Anna Pravdová
L’histoire retient que Dubuffet ôtera très vite les rênes de l’art brut des mains de Michel Tapié. Ce dernier, dans une note additionnelle à son texte de la plaquette Drouin, a conscience du problème posé par Křížek : «Tant pis pour ceux qui penseront que je brouille les cartes. Souvent trop des mêmes qui -avec raison- protestent contre les brimades, voire les honteux internements arbitraires des champions du verbe et de la vision ne voudraient, sans quoi ils ne marchent pas, voir en l’Art Brut qu’un asile ou une cage à singes (…)».
18:18 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, surréalisme, jan krisek, anna pravdová, radio prague, rené drouin, michel tapié | | Imprimer | | |
16.05.2013
Laduz au temps des cerises
Laduz aux cerises! Tout un programme! Evocateur de clafoutis dans un jardin. Je sais bien que je mets la charrue avant les bœufs. Je ferais mieux d’attendre la fin mai pour les infos promises par Jacqueline Humbert sur le site de son musée.
Mais je résiste pas à l’envie de vous dire : «Save the date». Tant le carton reçu est promesse de rendez-vous avec de bonnes et vénérables choses. Allusion à la chanson de Jean-Baptiste Clément que cette image de plein air? Elle combine en effet le plus populaire des fruits rouges avec l’uniforme militaire d’une République coincée entre la guerre de 70 et celle de 14. Aucune plaie ouverte cependant.
Le sourire moustachu du pioupiou, l’émouvante facture rustique, la naïve boutonnière nous porte d’abord à l’attendrissement que l’on ressent toujours devant les beaux objets d’art populaire. Si proches, par l’invention, puisée à la source de l’ingénuité, de certaines productions d’art brut. Un vire-vent. Pas tout à fait ordinaire. Les trop longs bras du militaire dotés de mains en forme de pales. A la réflexion : un automate actionné par l’eau d’un ruisseau peut-être? Il sera toujours temps d’approfondir.
Le Musée de Laduz apportera, le moment venu, des précisions sur ce petit trésor. Ainsi que sur d’autres «sortis des malles» spécialement pour la présentation de l’exposition Coups de cœur qui aura lieu le samedi 1er juin 2013 en fin d’après-midi.
11:50 Publié dans De vous zamoi, Expos, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art populaire, musée de laduz, jacqueline humbert | | Imprimer | | |
10.05.2013
Hollywoodoo et Panos du Dernier cri
«Les amis d’Avignon sont mes amis» : on m’écrit pour me le dire. Sachez que c’est réciproque. Et réciproque aussi avec les amis de Marseille. Ce n’est pas parce que je me suis fait saucer en plein carnaval que je n’aime pas le vieux port et son nouveau miroir par dessus tête.
Le Dernier Cri! comme dirait l’autre. L’autre c’est Pakito Bolino et sa Belle de mai, bien entendu. Mai lui est un joli prétexte pour faire ses Hollywoodoories. Le lundi 13 mai à 18 h, en son Atelier de la Friche, il attaque sévère du côté de l’art populaire de maintenant tout de suite. Et en avant pour les affiches de vidéo-club ghanéennes et hardi petit pour les panos nord-américains! Woopoopidou!
Cette expo va courir sur ces jambes jusqu’au 11 juin. Pas besoin de mot d’excuse de vos parents si vous loupez le vernissage fricheux.
Vous pourrez vous rattraper le 14 mai à la Poissonnerie ou le 15 aux Dermonautes. Au besoin, tatouez-vous le programme avec l’adresse de ces trois lieux associés.
Question panos, le Pakito s’est acoquiné avec Reno Leplat-Torti, un graphiste-sérigraphe collectionneur de ces petites chicaneries. Car pour ceux qui l’ignoreraient encore «panos» est un diminutif de «panuelo» (mouchoir), support d’activité artistique des «chicanos» (Américains originaires du Mexique) dans les prisons.
Cette tradition remonte peut-être à l’intervention française au Mexique sous Napoléon III. Les pioupious de chez nous ayant pour habitude de décorer soigneusement leur tire-jus réglementaire avant l’invention du kleenex. Ce que m’a confirmé mon daddy qui a vu de ses yeux des conscrits se livrer encore sans réfléchir à cette charmante activité populaire pendant son service militaire dans les années soixante-dix du défunt vingtième siècle.
Qui dit populaire ne dit pas brut mais : apparentement possible car affinités évidentes.
16:48 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |
14.04.2013
Les ateliers de Montfavet
Des choses à voir il y en a partout, même à Montfavet aux confins d’Avignon. Montfavet ne brille pas que par son «Christ» dans ma petite âme errante encombrée comme une mémoire collective. Cela faisait longtemps que je voulais m’y arrêter pour visiter l’Atelier Marie Laurencin signalé il y a des lustres par un Animulien répondant à l’aimable pseudo de «tonton Patrick».
Marie Lau et ses sucreries, vous allez me dire que c’est pas mon genre de beauté. N’allez pas croire cependant que j’ai viré ma cuti pour me chauffer au grand soleil de la culture culturante. Que nenni, l’Atelier ML est un atelier d’art abrité dans l’enceinte d’un Centre hospitalier et fréquenté par divers utilisateurs libres et volontaires, en provenance de l’intérieur ou de l’extérieur de l’établissement si j’ai bien compris.
Le Centre hospitalier de Montfavet est une ville dans la ville qu’on n’atteint pas sans demander son chemin dans les pharmacies si on n’a pas, comme moi, prévu un GPS sur sa bagnole de location. Du parking intérieur, il faut crapahuter le long de chemins bordé de verdures, d’une chapelle protestante, de bâtiments point trop imposants et clairs, d’église sur un tertre et de morceaux d’enceinte qui font penser un peu au mur de Berlin.
Bon point pour le coin : à l’entrée d’un Musée dit des Arcades, une stèle gravée porteuse d’une pensée de Lucien Bonnafé rappelle aux visiteurs d’une expo Camille Claudel certain dramatique point d’histoire qu’on passe encore trop souvent sous silence en nos temps chagrins.
Voulant garder du temps pour goûter à la chaleur nouvelette d’une après-midi déjà déclinante, j’ai orienté mes pas vers un espace voisin où sont montrées les meilleures productions de divers ateliers de créations (Marie Laurencin, Lumière, Peau d’âme) où j’ai remarqué surtout les sculptures en fil de fer, gaze brûlée, ficelle et papier brun de Françoise Subra Beillard.
Les attitudes accablées, courbées (sous le poids de quelle peine ?) sont impressionnantes, certaines tentatives d’envol aussi.
L’évocation cartilagineuse des matériaux utilisés, qui font penser à des chairs meurtries, à de la peau séchée, compense par une expressivité de bon aloi ce que ces œuvres peuvent avoir de trop aérien, de presque élégant.
Noté aussi la touche aisée, hâtive, décisionnaire d’un peintre du nom de Robert Nouguier dont les graffitis noirs, les coulures blanches structurent le jeu des couleurs dans des compositions aux papiers superposés avec des sphères gémellaires pour thème récurrent.
Plus bas, en cherchant bien, j’ai découvert l’Atelier Marie Laurencin où je ne suis pas entrée puisqu’il y avait des gens au travail à ce moment-là. Attenante, une antichambre white-cubesque montre des mini-expos temporaires. En ce moment, ce sont les tableaux de Béatrice Drai.
Et puis c’est tout. Il me restait juste assez de jour pour filer à Lourmarin manger des croissants aux pignons en sirotant du thé à la terrasse d’un bistrot pendant que les Parisiens défilaient sous leurs parapluies.
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26.03.2013
Jacqueline Vizcaïno suit les Itinéraires Singuliers
C’est toujours pareil, on me prévient trop tard. Pourtant vous savez bien que j’adore les vernissages en province. Prenez Dijon, par exemple. Ce joli chef-lieu de la Bourgogne abrite un Festival Itinéraires Singuliers qui en est arrivé cette année à sa huitième édition. Bon, je singularise pas beaucoup d’ordinaire. Chacun a pu le constater. Mais jusqu’au 19 avril 2013, une exposition Jacqueline Vizcaïno occupera la Galerie François Mitterrand en l’Hôtel de région sis boulevard de La Trémouille à 3 mn de la Place de la République.
Et il n’est pas trop tard pour en annoncer le vernissage puisque celui-ci aura lieu jeudi 28 mars sur le coup de 18h. C’est que cette dame de Livron (c’est là, dans la Drôme, que vit madame Vizcaïno) m’intrigue depuis 2006 : voir mon post du 6 novembre de cette année-là, intitulé (ou presque) Jules et Diego. Il fallait sans doute de la confiance en l’avenir à des parents espagnols pour faire un enfant en 1937. Pourtant c’est alors que Jacqueline naquit et c’est seulement en 1962 qu’elle vint en France avec sa famille. Je ne sais pas pourquoi, du moins avec le peu de détails biographiques qui traînent par ci par là sur ce peintre de vertiges optiques.
23:53 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacqueline vizcaïno, itinéraires singuliers | | Imprimer | | |
13.03.2013
Ravenna Borderline
C’est un secret pour personne que quand on en a marre, faut se tourner vers l’Italie. Aussi me suis-je tournée en baillant vers le MAR, le MAR de Ravenne ouskil ya pas que des mosaïques. Il avait raison le vieux Goethe, le «Sehnsucht», il n’y a que ça de vrai, surtout quand on vient comme moi de déblayer la neige avec une pelle à gâteau!
Pas mieux que de Youtuber sur cette Mostra «poetica» qu’un de mes Animuliens suissounets vient de me jeter en pâture pour me faire sortir de ma léthargie oursonnesque.
Cette exposition, divisée en plusieurs sections, rythmées par l’omniprésence d’œuvres d’art brut, a pour cadre sublime (le cadre est toujours sublime en Italie) la loggetta lombardesca du cloître renaissant de l’Abbaye de Santa Maria in Porto qui abrite le Museo d’arte della Città (MAR, je vous dis!).
Son titre, Borderline, allusionne à ce terme de psychiatrie qui désigne de drôles d’états mentaux situés à la frontière du névrotique et du psychotique. Elle prétend explorer des frontières incertaines de l’expérience artistique, celles où se rencontrent (ou font semblant de se rencontrer) des gaillards et des bougresses du genre Goya, Madge Gill,
Corneille
Santoro
Zinelli
André Masson
Chaissac
Lorenzo Viani, Dubuffet, Ligabue
Aloïse
et j’en passe.
Pas sûr que cela mette en évidence, comme elle le voudrait, un espace de créativité spécifique mais l’accrochage en lumière mystérieuse a du moins l’avantage d’interroger le visiteur sur les affinités et les différences entre des créateurs que la critique et le marché ont traités comme des artistes plus ou moins patentés et d’autres plus marginalisés de leur temps.
Comparaison n’est pas raison et les limites du concept apparaissent dès l’affiche. On aurait pu choisir mieux en effet que ce Doux monstre angélique de Dali qui sert de porte-drapeau à l’expo.
Dans le genre débandade lamentable d’un glandeur paysagiste, on ne saurait faire mieux en effet! Aussi, n’écoutez pas Claudio Spadani, le directeur du MAR, qui trouve ce faible tablo «bellissimo». Regardez plutôt sa belle cravate jaune qui se chamaille dans l’ombre avec sa barbe et son écharpe.
Ecoutez aussi, l’autre commissaire de l’exposition, Giorgio Bedoni, un psy qui, même en italien, dit des choses très claires. Et puis, quand même, offrez vous le plaisir d’une visite virtuelle, les pieds au chaud dans vos charentaises comme votre petite âme errante.
En attendant celui d’un parcours en live peut-être.
20:15 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, madge gill, corneille, eugenio santoro, carlo zinelli, andré masson, gaston chaissac, antonio ligabue, aloïse corbaz, glandeur paysagiste | | Imprimer | | |