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05.11.2011

Le chant des champignons

Barcelone, Rome et champignons au menu aujourd’hui grâce à trois précieux informateurs animulophiles. Tout d’abord, quelques images récentes de Hassan, «le designer brut» comme je l’appelais dans mon post du 14 septembre 2010.

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Indispensable d’aller faire un tour sur cette note pour apprécier comme il faut ces nouvelles images rapportés par Eric Gauthier. Tout le petit bazar du vagabond africain de Barcelone est là.

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On le voit en train de sertir la petite pièce de cuivre qui est sa marque de fabrique sur ses planchettes aux dessins colorés. Il se sert d’un marteau à la tête plate comme enclume en coinçant le manche avec son pied nu.

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Eric nous envoie aussi des photos d’un autre créateur de rue barcelonais, tendance autodidacte. Les mains sont noueuses avec l’ongle long qu’aiment à porter là-bas les artistes. Sous la barbe de Père Noël, le chapeau broussard et une sorte de cache-oreille sur le côté droit, c’est un vieux monsieur qui s’appelle Sylvestre.

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Son bras droit a beau être déformé, il se sert parfaitement de sa main pour réaliser, au format carte postale, des rosaces comme on en faisait dans les temps à l’école primaire. Mais lui, c’est «sans jamais reproduire le même dessin», ce qui lui semble important.

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Cela fait que quand on met les uns à côté des autres ses dessins on a une belle impression de vitrail aux nuances géométriques abstraites et kaléidoscopiques. «Il a eu 90 ans la veille de notre rencontre» me dit Eric et il «dessine dans la rue tous les jours depuis 7-8 ans».

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Si vous le rencontrez, saluez-le bien respectueusement de ma part pour avoir dit à Eric Gauthier : «je suis libre comme un taxi!».

Orientons nous du côté tchèque maintenant avec Vaclav Halek, l’homme qui a transcrit (ou composé de toutes pièces) 5000 chansons de champignons.

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C’est Matthieu Morin, grand «négociant en virages» qui m’a refilé ce tuyau extrordinaire du monsieur qui entend, non pas le loup, le renard et la belette mais les champignons sauvages chanter.

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Je vous donne l’info comme Matthieu me la donne mais connaissant son sens de l’humour je ne parierai pas qu’il ne s’agit pas d’un canular.

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D’autant que Tomas Zilvar et Radeq Brousil qui ont sorti la chose semblent être des artistes contemporains du genre performers. Mais ça fait rien, l’idée des champignons qui font de la musique est plus que plaisante, non?

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Enfin, dernier détour par Rome. J’apprends un peu tard que lundi 7 novembre 2011 à l’espace LOL Moda Arte Design de la capitale italienne (via urbana, 89-92), un événement aura lieu autour du peintre Giovanni Bosco. Ceci à l’initiative de Fabio Casentini, un négociant en vêtements de la ville.

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Ce signor est un collectionneur italien qui, au cours de ses vacances à Castellammare del Golfo, avait rencontré en 2007 l’étonnant créateur sicilien, «ma senza sapere nulla di art brut» (mais en ignorant tout de l’art brut) me dit Eva di Stefano, mon informatrice. A la différence du Français Boris Piot qui, la même année, avait su immédiatement voir que l’œuvre de Bosco appartenait bien au domaine de l’art brut.

31.10.2011

Ubiquité de Gaston Chaissac

Une virée dans les beaux quartiers? Il ne vous manque qu’un prétexte? Le voici tout trouvé avec le show Chaissac dans le 8e. Un artiste…deux lieux, ce sont deux belles expositions complémentaires que vous pouvez vous mettre dans l’œil jusqu’au samedi 19 novembre 2011 boulevard Malesherbes et avenue de Messine. Deux bonnes voisines, les galeries Brame & Lorenceau et Louis Carré & Cie vous invitent.

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Ne faites pas vos timides sous prétexte de la majesté des lieux. On vous laissera regarder en paix et même qu’on vous fera des sourires! C’est un article de Lydia Harambourg dans la Gazette qui a attiré mon attention. Moi, j’ai visité ça trop vite, à l’heure du déjeuner parce que j’ai jamais le temps. Quelques pièces maîtresses de la fin des années quarante chez Carré.

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trampoline.jpgSonnez sous la voûte monumentale, on vous ouvrira ou apportez votre trampoline pour jeter un, deux, trois coups d’œil depuis le dehors, la grande salle possèdant plusieurs fenêtres.

Gaston Chaissac,galerie louis carré

J’ai trainaillé davantage (mais pas assez) chez Brame & Lo qui est une bonbonnière du dehors. Le bonjour à un grand totem à l’entrée et moquette gris-perle dans l’escalier qu’il faut grimper pour tomber dans une successions de petites salles et gentils corridors, littéralement bourrés de choses diverses et variées des années 50 à 64. J’ai noté une tôle à la bouche rieuse et une bassine avec une petite face chapeautée à la South Park. Ce petit visage au nez de travers n’est pas la seule pièce émouvante.

gaston chaissac

Vous rencontrerez aussi le gars aux yeux vairons exécuté d’après un dessin d’enfant (1961) et une énorme tête de 1962. Saluez de ma part le Personnage en robe fantaisie (HST de 1963) et le Personnage rieur (HSP de 1963) replié du pied.

J’en passe et des meilleures en regrettant de ne pas être critiqueuse d’art pour vous faire sentir les nuances. Mais quoi, faites votre boulot d’amateurs d’art, quoi! Cela vaut la peine. Il y a deux catalogues.

catalogue B&L.jpg

Michel RagonJ’ai préféré le jaune citron de Brame & Lo qui contient notamment de rigolotes photos des correspondants et amis du Gastounet. J’adore pour ma part le portrait de Michel Ragon jeune avec une chevelure presque à la banane qui sent un peu son zazou.

23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac | |  Imprimer | | Pin it! |

23.10.2011

Une araignée dans la gorge

La raison de mon silence? Non ce n’est pas que je médite un changement d’orientation. Genre : Rives et dérives de l’art contemporain. Ou «comptant pour du beurre», l’art brut ayant tendance à faire tache aujourd’hui pour les institutions qui l’exposent (pardon pour celles qui dérogent à la règle).

Sirop-Des-Vosges.jpgNon, non, c’est simplement que je me traînasse ma première grosse crève de l’année. Que je tousse comme une perdue. 

timbre araignee.jpgEt que mon chéri-que-j’ai profite de ma faiblesse pour me faire avaler des litres de sirop des Vosges sous prétexte que j’aurais une araignée de Louise Bourgeois dans la gorge.

christine sefolosha,pierre della giustina,judith scott,anton prinner,fiac,lucie vigne,etienne-martin,rafaèle normandSelon lui c’est depuis que j’ai lu, dans le dépliant de l’expo Objets secrets au Collège des Bernardins, cette thèse (pour le moins digne de  Nos amies les bêtes) suivant laquelle les œuvres de Judith Scott «résonneraient profondément» avec les objets sculptés par ladite Loulou of New York. Raisonnement de tambours! Idéal pour couvrir ma quinte! Non, je vous l’dis : «ça sent le sapin!». vosges.gif

Je n’ai même pas pu me traîner à la FIAC pour aller voir sur le stand de la Galerie Le Minotaure, les œuvres d’Anton Prinner, une artiste «contemporeine» d’exception celle-là. J’ignore pourquoi (à cause peut-être de la radicale façon dont elle interrogeait, dans son comportement, la différence sexuelle)– on ne parle jamais d’elle. En dépit des méritoires efforts de Benoît Decron que j’ai déjà eu l’occasion de signaler dans mon post du 25 janvier 2008 (Déplacement à l’Abbaye Sainte-Croix).

Anton Prinner

Libération du jeudi 20 octobre 2011

Pour rare qu’il soit, le cas d’Anton Prinner n’est pas le seul à se tenir éloigné des petites bourgeoiseries à la mode. Pas plus tard que récemment, j’ai eu l’occasion de vous rafraîchir la mémoire au sujet de Lucy Vines et d’Etienne-Martin.

Si écho de l’art brut il y a, c’est dans l’œuvre de tels artistes, sincères, discrets et concentrés sur eux-mêmes avant d’être soucieux de notoriété, qu’il faut le chercher. Ma p’tite idée sur la question c’est que la fréquentation de leurs œuvres nous servira bien plus dans notre approche de l’art brut que le commerce avec les people de la planète art-contemporanéiste qui tourne éternellement autour de deux trois nombrils décorés.

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Bon, je retourne à mon sirop! Non sans vous signaler deux expos de jeunes artistes contemporains qui méritent bien qu’on parle d’eux.

Christine Sefolosha

Celle de Christine Sefolosha à Strasbourg et celle de Pierre Della Giustina dans son atelier de Saint-Rémy-sur-Durolle en Auvergne.

Pierre Della Giustina

Merci au carton d’invitation de l’expo Della, organisée de concert avec la photographe Rafaèle Normand.

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Il me fournit ma conclusion : «une virée dans les sapins pour la Toussaint?»

pierre della giustina,rafaèle normand

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15.10.2011

L’art brut se met au vert

Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.

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On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.

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Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!

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Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets

Gregory Blackstock

les oiseaux

Gregory Blackstock

les cafards du monde

Gregory Blackstock

Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)

lulu et greg.jpgLa Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.

La «première en Europe».

Gregory Blackstock

Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.

rose verte.jpgToujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.

C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.

Arthur Bispo do Rosario

Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).

Arthur Bispo do Rosario

Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.

arthur bispo do rosario

09.10.2011

Rude semaine pour les Animuliens

Rude semaine en perspective. Elle culminera avec une escapade automnale au pays d’Alain Bourbonnais le samedi 15 octobre 2011. Prévoir une petite laine pour remettre le couvert à l’occasion de cette deuxième journée d’étude où malheureusement je ne pourrai pas aller.

Le CrAB à la Fabuloserie octobre.jpg

Les nombreux Animuliens que ça intéresse peuvent consulter le programme ici. Je compte sur eux pour nous dire si l’ambiance, sous la houlette de Débo, atteint celle du précédent show Fabuloso-CrABichesque. Voir sur ce point mon post du 21 juin 2011 : L’Appel du 18 juin à la Fabuloserie.

Ceux qui ne pourraient pas être en Bourgogne ce samedi là et que leurs activités retiendraient dans le sud-ouest de la France seraient bien avisés de se rendre à Villeneuve-sur-Lot. Les Chercheurs d’Art, une asso locale, y montrant, au Pôle de mémoire du Moulin de Gajac, un documentaire inédit sur l’œuvre d’André Labelle, un jardinier devenu peintre sans éprouver le besoin de changer de tête.

andré labelle entouré de ses oruvres.jpg

A noter que Pascal Rigeade, directeur du Musée de la Création Franche de Bègles y conférencera. Cette info en elle-même constitue un scoop, la précédente direction dudit Musée s’étant plutôt fait un principe du confinement dans le passé.

Rude semaine qui promet aux Parisiens des transports difficiles le mardi 11 octobre 2011 pour cause de grève. Manque de bol, c’est ce jour là que débute au Collège des Bernardins, l’exposition Judith Scott, Objets secrets.

Judith Scott

Faire des pieds et des mains quand même pour se véliber, se co-voiturer ou se propulser cum jambis au vernissage (à partir de 18 h). C’est d’une nécessité absolue pour tout Animulien qui se respecte! C’est pas tous les jours en effet qu’on peut se mettre sous la dent une réunion d’œuvres de la petite mère Judith.

Judith Scott

A la rigueur, une attestation de votre présence au même moment à Oakland (Californie) pour les Latitudes (Self taught Artists from France and New Zealand) pourrait avoir valeur de mot d’excuse de vos parents mais n’en abusez pas!

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L’autre morceau de bravoure de cette rude semaine, ce sera la déjà nouvelle expo de l’entreprenante Galerie Christian Berst qui vernira deux jours après le jeudi 13 octobre 2011.

Pietro GhizzardiJe suis sur des charbons ardents de voir ce que C.B. va nous sortir de l’œuvre charnelle et fragmentée de Pietro Ghizzardi, créateur italien compulsionnel, que j’avais stockée dans ma petite cervelle d’oiselle. Ce, depuis que j’avais vu ses drôles de femmes aux bustes et visages cloisonnés dans la sélection de la Collection Charlotte Zander exposée à la Halle Saint-Pierre avant les vacances. Il y a gros à parier que l’expo de Christian Berst va décaper les derniers oripeaux d’art naïf dont on avait cru intelligent jadis d’affubler Ghizzardi, ce qui avait sans doute contribué à le dérober aux regards des amateurs de cet art brut auquel il appartient légitimement.

Marie Espalieu

Ah, j’oubliais, en vous débrouillant bien vous pourriez être le lendemain, vendredi 14 octobre 2011, au Musée de Cahors où sera inaugurée à 18 h l’expo Marie Espalieu, l’esprit des branches qui durera jusqu’au 31 janvier 2012.

Marie Espalieu

22.09.2011

Sefolosha Salvatica

Des forêts, des sous-bois, on a besoin de ça. Des végétaux, des jardins. En ce début d’automne, ça peut pas faire de mal. Surtout si ce sont ceux de Christine Sefolosha. Véridiques, crépusculaires, oniriques et byzantins comme des bijoux baudelairiens, des souvenirs nervaliens ou des encres hugoliennes.

Christine Sefolosha

Mystérieux et pleins de bruissements d’ailes. De songes et de chuchotements. Odeurs de mousse et de champignons qu’on mangera en omelette à la ferme-auberge (ou à la ferme-galerie). map.jpgC’est à Assens dans le canton de Vaud, village suisse jumelé avec les Deux Eglises de Colombey. Faut-il vous faire un dessin pour savoir comment vous y rendre? Dimanche, on nous promet du soleil jaune comme la paille, jaune comme le vin.

Christine Sefolosha

L’occasion rêvée, ce 25 septembre 2011 à 11 h de rencontrer l’artiste à l’Espace culturel, route du moulin. Elle y fera découvrir sa nouvelle série de monotypes réalisée avec le concours de l’Atelier Ratmond Meyer, imprimeur à Lutry.

christine sefolosha

L’exposition, qui est collective, s’intitule Salvatica et c’est délicieux de pas bien savoir ce que ça veut dire. Je dis ça pas que pour les Suisses. Les Français sont invités à passer la frontière.

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18.09.2011

Le Matriarche di Sabo e Moro

J’arrive sans doute comme les carabiniers d’Offenbach pour Le Matriarche de Gibellina. La Sicile ce n’est pas à côté, même pour une exposition sur le principe féminin.

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Un peintre et un sculpteur, Sabo et Moro, voisinent au Museo Civico d’Arte Contemporanea, en ce mois de septembre 2011. Pour combien de temps encore ? Pas beaucoup, j’en ai peur. L’un et l’autre, à des degrés divers, campent à la frontière de l’art brut.

Salvatore Bonura (1916-1975), dit Sabo, était fait pour la peinture sans le savoir. Peu apte à la vie pratique et à une activité laborieuse continue, c’est à l’équinoxe des 50 ans qu’il découvrit son art en autodidacte.Encouragé par un artiste puis par un mécène à partir de 1968, il a produit des centaines de toiles.

Salvatore Bonura

Salvatore Bentivegna (1923-2002), dit BSD Moro, vécut un naufrage. Pêcheur analphabète, presque sans abri ou habitant dans une cabane sans fenêtre, il  se tenait à l’écart de sa famille bien que père de 10 fils.

Salvatore Bentivegna

Les portraits du photographe Fausto Giaccone en disent long sur lui.

Salvatore Bentivegna

Ces deux Salvatore ont ici la même marraine : Eva di Stefano, commissaire de l’exposition.

12:41 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

16.09.2011

Coco girls et Gentils tatoués

Mon daddy est en ébullition. La grande prêtresse du protest-song est à La Courneuve. En plus de Nicola and Bart et Joan Baez, c’est le 140e anniversaire de la Commune de Paris. Il se souvient d’avoir fumé la moquette en l’honneur du centième dans sa jeunesse folle, mon daddy. Moi ça m’a fait plutôt rigoler le flyer de la Fête de l’Huma avec son petit look tatoué mâtiné réaliste-socialiste.

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J’aurais mieux fait quand même de répondre présente à la soirée d’invitation au vernissage de l’expo des artistes qui squatteront l’Agora de l’Huma pendant la teuf coco du ouikène des 16, 17 et 18 septembre 2011.

invit hey HstP.jpgAu lieu de ça, j’ai voulu me pointer au vernissage  de la nouvelle expo Hey! de la Halle Saint-Pierre mais là, bernique, je n’ai pas pu entrer.

C’était l’émeute dans la rue Ronsard. Le quartier était saturé de gentils tatoués et de mamies gothiques venus avec chiens, vélos et lardons à totottes punk. P1040671.JPG

 

 

Faut dire que Paris avait bien fait les choses. Un gratuit surprise venait juste d’être distribué dans le tromé avec un papier sur l'expo. a nous paris.jpeg

 

Heureusement qu’on se décarcasse pas autant pour l’art brut aux affaires culturelles! Il serait vite pop-ularisé dans le sens tendance du terme. Ceci dit, pourquoi je vous cause de l’expo du grand show de l’Humanité ? Mais parce que j’ai eu la bonne surprise de constater que, parmi les plasticiens invités, il y a Sandra Martagex et Yvon Taillandier.

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14.09.2011

Travellings bruts

INHA + HLN = WE à 100 %. Derrière cette formule sybilline, se cache une réalité impitoyablement speed : ça va être du sport, samedi prochain, 17 de septembre 2011!

micro-ondes cassé.jpgFirst, en début de matinée, je vais m’user le tempérament à attendre le réparateur de four à micro-ondes car ce dernier s’est offert une rébellion domestique pendant les vacances (c’est trop la mauvaise période).blouse rose.JPG Puis, je courirai au pressing chercher ma blouse en nylon.

Ensuite je sauterai dans la Simca 1000 (immatriculée dans le Puy-de-Dôme) de mon tonton Fernand de passage à Paris.

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Il me déposera rue Vivienne pour les causeries de l’Institut National de l’Histoire de l’Art où je dois retrouver ma copine Jeannette avant qu’elle ne s’éclipse pour l’anniversaire de sa petite fille.

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Comme il n’a pas de GPS (mon tonton Fernand, suivez, quoi!) je manquerai peut-être la prestation de Bruno Montpied qui planchera aux aurores (9h45) sur la découverte des premiers environnements spontex mais je compte rattraper madame Magliozzi à 10h15 dans son labyrinthe litnianskiesque.

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Au pire je me pavanerai, après la pause café de 11h, dans le jardin muscaté de Michel Valière. Si tout ça n’est pas limpide, cliquez ici pour lire la présentation claire de ce séminaire organisé par Roberta Trapani.

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Céline Delavaux lui donnera un coup de main pour la table ronde. Après ladite table, mon timing sera serré. Comment passer près de la Galerie Vivienne sans jeter un œil dans la Librairie-Galerie de Catherine Aubry? Comme elle ouvre en début d’aprèm, avec un peu de chance je choperai un taxi en sortant.

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Pour dévaler la rue des P’tits Champs et la rue Etienne Marcel pour tomber comme une balle dans le passage des Gravilliers où se déroulera, à partir de 14h30 un événement de taille : le Festival de films sur et autour, à la Galerie Berst. Sur et autour de l’art brut bien sûr.

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Heureusement qu’il y a les marchands pour me ramener à l’art brut! Je l’avais un peu perdu de vue dans mes notes précédentes. Ce fffffesssstivallll se poursuivra le samedi 24 septembre mais moi je mise tout sur le 17 parce qu’il y a des choses qui me retiennent davantage : Raphaël Lonné par Gazet et Danchin, André Robillard par C. and C. Prévost et un nouveau truc sur Henry Darger. Allez voir le programme complet là aussi, sur le site de Christian Berst qui pique et qui nous prend par la main comme une mère ses lardons.

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Profitez de cette «matinée» cinéma qui durera jusqu’à 17 h pour vous faire aussi l’expo HLN (rentrée hors-les-normes 2011) si vous n’étiez pas (la honte!) au vernissage, samedi dernier le 10 septembre. Moi, j’y étais mais je vous dis pas tout.

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Un petit parfum new-age flotte autour des œuvres présentées. Anibal Briuzela a vu une soucoupe volante.

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Eric Benetto pratiquait la méditation.

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Melvin Way est trop matheux pour moi, il faut que je m’habitue.

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Mais j’étais contente aussi de parler avec Loïc Lucas qui a coupé sa barbe et qui s’exprime maintenant en noir et blanc (ça lui va bien).

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Bien sûr, il faudrait gratter tout ça. Et bien grattez, chers Animuliens !

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11.09.2011

Vaudou de chez Cartier

Vaudou de chez Cartier, ce n’est pas mon nouveau parfum. Vaudou c’est pas doux. C’est le titre de l’expo de la Fondation Cartier que vous feriez bien de vous dégrouiller de voir (si ce n’est fait) parce qu’elle se termine le 25 septembre 2011.

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Choisissez pour cela une de ces journées étouffantes dont nous gratifient cette arrière-saison parisienne. Rien de tel qu’une atmosphère tropicale pour ajouter au mystère de ce rendez-vous avec un ensemble exceptionnel de sculptures bocio provenant des collectes du grand collectionneur et «expert autodidacte» Jacques Kerchache lors de ses voyages en Afrique de l’ouest.

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 Cliquez dans l'image pour voir le film tiré des archives de Jacques Kerchache

Dans l’actuel Bénin (ex-Dahomey), berceau du vaudou, culte et tradition philosophico-magique ancienne. J’ai conscience de vous imposer là encore un écart par rapport à mon thème de prédilection mais quand je lis que Mawu, le plus grand des dieux vaudou, s’appelle parfois Mawu-Lisa car il est à la fois masculin et féminin, comment voulez-vous qu’Animula Vagula ne se sente pas concernée?

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Bocio signifie «cadavre qui a des pouvoirs». Et ces statuettes en bois, faites d’une accumulation d’éléments (ossements, cauris, fibres végétales, cheveux, machoires d’animaux, cordes, cadenas, argile, huile séchée, patine sanglante sacrificielle demeurée secrète) sont des objets-passeurs entre le monde des humains et celui des esprits.

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Même sans leur poison ou leur substance-médecine, jadis contenus dedans, elles restent détentrices d’une force respectable qui n’est pas sans rappeler celle que nous rencontrons en fréquentant de grandes œuvres d’art brut. Avec cette force psychique, un autre monde fait irruption. La violence du choc nous frappe au cœur, de sa masse pétrifiante. C’est pas de la rigolade. Les ligatures sont là pour nous rappeler que, dans des sociétés qui n’ont pas -comme la nôtre- cantonné la sorcellerie à un rôle folklorique, on peut réellement claquer le beignet à un méchant.

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Le cahier olivâtre qu’on distribue à l’entrée de l’expo contient la liste des œuvres montrées. On n’est donc jamais obsédé par les cartels quand on visite les bocio d’en haut (troncs d’arbres sculptés disposés en cercle comme dans la cour d’un village) et ceux de la salle du bas (statues plus petites alignées sur des supports carrés et protégées par des cubes transparents. Un peu à l’écart, le Chariot de la mort, un bocio biface, qui se reflète dans un bassin, est relié par des chaînes à des crânes de crocodiles. De quoi figer le sang!

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La très élégante scénographie d’Enzo Mari a le mérite de servir la lisibilité. Mais son parti pris d’esthétisation (conforme à l’esprit Kerchache), s’il révèle la sauvage beauté des objets, met un peu à distance la force dont je parlais plus haut. De ce point de vue, j’avais été plus impressionnée par l’expo plus bordélique de Genève, il y a 3 ans (voir mon post Au pays des zombies du 3.07.2008). L’ambiance fouettait davantage même si les œuvres étaient moins remarquables. Si vous avez pas 49 € pour le catalogue, raflez les documents pour les enfants. Ils sont beaux, bien faits et on peut les mettre entre les mains d’un adulte.

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C’est dire si la Fondation Cartier n’infantilise pas son jeune public. C’est assez rare de la part d’une institution muséale pour que ça soit souligné.

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Les photos des œuvres de la collections Anne et Jacques Kerchache sont extraites du dossier de presse de l'exposition.

©Yujy Ono

23:52 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : arts premiers, vodou, jacques kerchache, bocio, bénin, dahomey, mawu-lisa | |  Imprimer | | Pin it! |