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05.02.2013

De la prison à l’artification

C’est fatigant des fois d’avoir raison avant tout le monde! Car c’est fou ce que j’ai de l’avance sur l’air de mon temps par moment. Tiens, mes chevilles, par exemple. Je vous en ai déjà parlé? Et bien, elles vont bien merci. Je dis pas qu’elles me permettent de danser avec les Demoiselles d’Avignon mais presque.

Ces demoiselles viennent de laisser un commentaire sur le blogue à Michel Benoit. Elles s’étonnent qu’on ait pu «enfin» pénétrer dans la prison Sainte-Anne, célèbre dans notre petit monde outsider pour son mur des offrandes.

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Ces demoiselles ne fréquentent pas assez l’univers impitoyable d’Animula. Si elles avaient mieux lu leur petite âme errante, elles auraient vu que, dans deux chroniques de 2011, fastoches à retrouver ici et , j’avais déjà entraîné mes lecteurs dans la visite des fresques carcérales abandonnées sur le chantier de ce qui est en train de devenir un luxueux hôtel.

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En 2012, il s’est trouvé un plasticien avignonnais de bonne volonté, Jean-Michel Pancin, pour détacher de leurs parois de misère certaines de ces fresques.

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C’est ce que nous apprend Michel Benoit en relayant l’expo Ennemi public qui se tiendra jusqu’au 16 février 2013 à la Galerie Magda Danysz, 78, rue Amelot (75011). Pas très loin de la Librairie du Monde Libertaire si vous voyez ce que je veux dire.

Deux liens préconisés par Michel Benoit sont à suivre. Ils nous apprennent que, à partir du 19 avril 2013, au Palais de Tokyo (qui comme chacun sait est à Paris), Pancin présentera ses travaux sur et autour de la zonzon de Ste-Anne.

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Si je comprends bien cette manifestation montrera une série de photos de rayons de soleil dans les cellules (Lumières 2010-2012), une série de frottages de cœurs gravés sur les murs, une installation de portes de cachots : Tout dépendait du temps.

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Ce titre a déjà servi pour une exposition Pancin aux Abattoirs de Toulouse, signalée par Lunettes Rouges le 15 octobre 2012. Il est question en outre de Pelotes, c’est à dire de chaussettes. De chaussettes lancées aux détenus par leurs familles depuis le jardin surplombant la cour de la prison.

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Elles contenaient des messages et diverses choses prohibées par le règlement. Certaines échouèrent dans les barbelés où l’artiste les a récupérées, trempées dans la résine, montées sur socle d’acier, ce qui prouve qu’il a de la suite dans les idées.

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Si ces pelotes n’atteignirent pas leur destinataire, elles ont touché déjà le public des salles de ventes (Cornette de Saint-Cyr, 5 novembre 2011).

Voilà sans doute ce qu’on appelle de «l’artification»! Les prisonniers ou ex-prisonniers en verront-ils jamais la couleur ?

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27.01.2013

De l’art brut parmi les cœurs brisés

Cela devient coton de trouver de l’art brut. Je veux dire du vrai de vrai. De l’art brut qui ignore comment il s’appelle. De l’art brut sauvage, anonyme, ignoré. En marge de cet art brut officiel, répertorié, pré-digéré qu’une synergie internationale de collectors, curators, filmmakers, galerists, art-critics, teachers, art lovers et même bloggers s’emploie à nous faire rentrer dans la boîte avec un ruban par dessus le marché.

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Certes, cette Académie est loin d’être mal intentionnée. Elle me fait même penser à cette Ecole du chat libre qui stérilise les vilains matous plutôt que de les euthanasier. Mais cette Académie de l’art brut a beau faire pour épargner à celui-ci les rigueurs de la liberté, elle ne peut parvenir à ce que, dans les jungles policées où se déroulent nos mornes existences, nous ne croisions parfois un petit fauve encore errant, sans puce électronique.

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C’est ce qui m’est arrivé cet après-midi au Centquatre et j’en ai eu la chair de poule. J’étais entrée dans ce temple du hip hop, attirée par une exposition du Musée des Cœurs brisés de Zagreb prolongée jusqu’au 6 février 2013.

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Il faisait une chaleur à crever dans la noirceur des vastes salles en sous-sol où sur de blancs piédestaux étaient présentés, comme s’il s’agissait de la Vénus de Milo, des objets écrasants de dérisoire : brosse à dents, plaque d’immatriculation, paire de Converse, frisbee, gants, sex-toy, battoir à œuf etc. L’impression d’un vaste foutage de gueule.

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«Encore une expo où il y a plus à lire qu’à voir», me dis-je. C’était de ma faute. L’idée m’avait paru bonne : ce dépôt de souvenirs d’amours défuntes.

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Mais, mis à part devant la carte postale assortie d’un court témoignage d’une vieille dame arménienne évoquant l’issue tragique d’une demande en mariage contrarié, je ne me sentis guère atteinte par l’émotion.

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Les objets étaient banals à pleurer et la plupart du temps on se fichait des commentaires qui les accompagnaient. Soit qu’on ait la flemme d’en prendre connaissance. Soit que leur contenu ne dépassait pas celui des histoires tombées des téléphones portables dans le métro.

Et puis je suis entrée dans l’avant-dernière section et je n’ai plus eu d’yeux que pour elle.

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Cette broderie déjantée à la véhémence baroque luttant avec l’effacement des souvenirs comme les personnages du film de Michel Gondry : Eternal sunshine (…).

Ecorchée et lyrique. Filandreuse, couturée, perforée, sanglante.

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Superbe de souffrance à vif non de mélancolie caressée. Impressionnant codex dont les pages de grosse toile fripée et cousue pourraient provenir d’un drap d’hôpital.

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Waaaah! Du texte évocateur qui l’accompagne, on déduit une histoire d’amour, la folie qui s’insinue, l’errance dans Delhi, la danse avec Shiva.

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Et ce mort que l’on supplie de venir hanter les rêves comme dans The Scientist la ballade sirupeuse de Chris Martin du groupe Coldplay. Références bien culturelles mais quel auteur d’art brut aujourd’hui n’en a pas?

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L’essentiel étant qu’en matière de solutions plastiques, l’auteur de cette broderie extraordinaire s’avance en solitaire, tous vaisseaux brûlés.P1060108.JPG

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16.01.2013

«Regard sur la folie» passe à la télé

Ma télé déconne. Tantôt j’ai le son et pas l’image et tantôt l’image sans le son. C’est commode, je vous jure! Tout de même, on s’y fait et on trouve même des bénéfices secondaires à regarder la manif des mariagephiles sans les paroles et Fantasia chez les ploucs sur écran noir. 


Je branche, je débranche, je bidouille. De temps en temps, miracle, j’arrive à coincer une chaîne avec les deux options à la fois. Dimanche dernier, c’était Ciné-Classic. Je suis tombée et bien tombée sur un petit bijou documentaire de Mario Ruspoli (1925-1986), un pote à Chris Marker et à Jean Rouch.

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Regard sur la folie que ça s’appelle. Un film de 50 mn, tourné à l’hosto psy de Saint-Alban en 1960 avec une caméra 16 mm et un magnétophone synchrone. J’attendais des séquences relatives aux occupations artistiques des patients et je n’ai pas été déçue du voyage. Même si elles sont limitées aux activités d’un atelier fonctionnant dans l’établissement et sous son contrôle, c’est toujours émouvant et rare ce genre de témoignage.

seul.jpgMais de toutes façons, le reste est passionnant. On y entend le discours des gens soignés à Saint-Alban. Lucide et triste, monotone et plaintif mais aussi précis et d’une étrange logique intérieure : non filtré par le travail des soignants mais tel qu’il se déploie vraiment. On y entend la voix off de Michel Bouquet et la grande voix des textes d’Artaud qui donnent de la cohérence à l’ensemble.

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On y croise François Tosquelles et ses hauteurs de vues dans une réunion de professionnels de l’endroit. Tendre l’oreille à cause de l’assez redoutable accent de ce grand praticien catalan exilé en France à cause de son activité antifasciste. Admirer au passage la façon dont il bouscule la psychiatrie pour éviter qu’elle ne ronronne comme une vieille daronne (ou dragonne).

Tendre l’oreille aussi au dialogue de Roger Gentis avec la vieille dame lozérienne alitée. Apprécier cette ambiance de respect mutuel que le travail du médecin suscite parce qu’elle seule peut permettre à la souffrance de se dire.

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Chanceux que vous êtes, ce petit chef d’œuvre de cinéma direct, repassera par la case Ciné-Classic à plusieurs reprises durant le mois de janvier 2013. Jeudi 17 à 8h35 pour les lève-tôt, samedi 19 à 2h05 pour les insomniaques, lundi 21 à 11h55 pour la Sainte Agnès, lundi 28 à 1h50.

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Regard sur la folie est suivi d’un court métrage intitulé La Fête prisonnière. C’est la fête annuelle à St-Alban. Les enfants s’amusent. Tout le monde danse avec tout le monde. Fous et non fous. On ne les distingue plus sous leurs chapeaux pointus, turlututu. Un peu à l’écart, sous l’œil de la caméra, deux résidents qui ne sont pas dupes : la fête est mélancolique comme toutes les fêtes.

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15.01.2013

Terminus Médiums

Je sais plus quoi faire de ma peau. Les mornes bruits de bottes dans le désert qui m’usent le tempérament peut-être? Lundi tout est fermé et samedi c’était guère vivant dans la rue de Seine. Rue Guénégaud, même pas un vendeur à la sauvette pour proposer comme d’hab aux gogos de fausses antiquités africaines à la barbe des galeries spécialisées qui montrent des vraies. Jeté un œil dans la vitrine de Béatrice Soulié mais elle brillait par son absence. Elle est à Marseille, que j’me suis dit. Car BS a ouvert un nouvel espace dans «la capitale européenne de la culture», faudrait être un blaireau pour l’ignorer.

En ce début 2013, tout le monde d’ailleurs est à Marseille. Même le Tampographe Sardon qui expose chez Pakito Bolino. Y’en a donc qui dérivent et d’autres qui divaguent.

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Sur Lettres ouvertes, le blogue de Raphaël Sorin, au sous-titre mallarméen, je pique cet élément d’autocritique à paraître dans Les Temps modernes : «Ecrire et lire, c’est ce que je souhaite à tout le monde. Les blogs serviront à cela, bons ou médiocres, paranos ou confus. La critique sera enfin faite pour tous par tous!».Cela m’encourage vachement à continuer, c’est à dire à sévir. Vous confier par exemple que je n’ai pas su me dépêtrer de l’expo du Musée Victor Hugo qui va pas tarder à arriver au terminus.

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D’une part, je suis sûre qu’elle aura fourni l’occasion à toute une flopée de débutants en spiritisme de prendre langue avec les fantômes par le truchement d’œuvres qui y vont carrément dans le débusquage de l’inconscient et par le témoignage d’artistes et de créateurs s’abandonnant, à des degrés divers, à l’automatisme mental.


D’autre part, je crains que pour les afficions de l’art brut (que vous êtes), elle n’ait eu un petit air de réchauffé car elle puisait abondamment dans les réserves de la Collection abcd qui, depuis une dizaine années, que ce soit avec Fernand Desmoulin, Helène Smith, Leon Petijean, a fait généreusement circuler ses images.

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Si ce constat vous paraît insuffisant vous pourrez rectifier en vous téléchargeant le dossier de presse de l’expo. Ne serait-ce que pour le Victorien Sardou de la Collection de Flers, le Tromelin de derrière les fagots de Lausanne ou les photos du médium Marthe Béraud «qui m’ont beaucoup fait penser aux portraits de Marie-France Lacarce»m’écrit une Animulienne de retour de la place des Vosges.

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Quand je dis «vous pourrez» c’est à une petite restriction près : les abracadabrantesques conditions d’utilisation des «visuels disponibles» que les organisateurs prétendent imposer à la Presse (au méchant Internet surtout) pour relayer «à titre gracieux» (manquerait plus que non !) leur exposition dont le titre est, lui, purement et simplement emprunté à celui d’André Breton : Entrée des médiums.

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01.01.2013

Deux mille treize à la douzaine

Ce n’est pas parce que les bonnes manières se sont perdues dans les méandres du réseautage social qu’il faut accabler de vœux ses lecteurs trois jours avant la date fatidique!

Ani sagement attend minuit pour sortir ses pétards, décapsuler ses roteuses, klaquesonner à perdre haleine dans les rues enguirlandées. Et cette année, pffffffff, ça donne ça :

carte de voeux,2013

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25.12.2012

Un tomte de Noël

Vu par certains enfants, Noël serait presque supportable.

Voici donc ce jultomte (Père Noël en suédois) en provenance directe de sa Laponie d’origine.

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Appréciez le jeté de cadeaux !

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20.12.2012

Fééries pour fin du monde

Demain la fin du monde. C’est le moment de se réconcilier avec les fées. Dans une méchante petite brochure de Daphné Charters publiée en 1951, j’ai trouvé une véritable typologie des fées : rudimes, elfes, ondines, salamandres, arianes, farilles, aspirites, minutis, gnomes, farrices, wallines, sirènes, ensinnes. Fées des eaux, fées des airs, fées du feu et de la terre. Un inventaire propre à charmer le Gaston Bachelard qui sommeille en nous.

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Daphné Charters née en 1910 n’est pas pourtant un philosophe barbu. Intéressée par la peinture dans sa jeunesse, cette Anglaise de Berkshire épouse un capitaine pendant la guerre. Ils s’installent au Canada après celle-ci mais Jack meurt dans une tempête de neige. Sa disparition plonge Daphné dans le spiritisme. Elle communique avec son mari.

daphne charters.jpgDe retour en Angleterre à la fin des années 40, elle écrit un livre : A true fairy tale. Pendant toute sa longue vie, malgré des problèmes de santé, elle enregistre ses expériences médiumniques et témoigne de ses relations et conversations familières avec les fées qu’elle convoque sans chichi dans son jardin.

Végétarienne, elle dirige parallèlement la boutique londonienne de Beauty Without Cruelty, une organisation pionnière dans le domaine des cosmétiques exempts de substances animales.

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J’aime le beau profil bleu qu’on trouve d’elle sur le net.

Les origines, la vie et l’évolution des fées dont je vous ai parlé plus haut contient en outre un dessin « sismographique » du médium Lucie Piazzo, représentant la petite Fée Luce.

Merci à Luce Pontuzod, ma vieille copine maniaque des vieilles paperasses, de me l’avoir signalé.

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Et merci à la petite fée inconnue qui m’a permis de retrouver le brouillon de ce post que j’avais égaré alors même que je le préparais. Quant à la fée malicieuse qui me l’avait caché, qu’elle sache bien que je ne lui en veux pas.

21:04 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin médiumnique | |  Imprimer | | Pin it! |

18.12.2012

Jardin de Gabriel-novembre 2012

Gabriel Albert. Sans commentaire, cette photo de JL Bouteloup que j’emprunte au Journal d’une élue de la Région Poitou-Charentes.

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Sans commentaire mais non sans lien à ma note du 15 mai 2011 : Un geste pour Gabriel Albert.

12.12.2012

Gallinacés et Sciuridés de Sainte-Hélène

A chaque époque son totem. L’année dernière, je célébrais l’oie, cette année la grosse poule qui se prenait pour un arbre dans un paysage très «peinture de Pont-Aven» bien qu’on soit dans le Morbihan, du côté de Sainte-Hélène-sur-mer.

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Poule d’un côté, écureuil de l’autre, à vrai dire. On s’en rend compte sur ces clichés anciens. Une performance à l’état pur. Toute dans l’œil de la première Ani qui passe.

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Evidemment, j’aurais beau me prévaloir de mon avant-propos (à relire de temps en temps !) où j’annonce la couleur en ce qui concerne «la poésie naturelle», on va me dire que je m’écarte encore de mon sujet. Que je me vautre dans le surréalisme. Et la «brigade du bon goût» (voir commentaire de Matthieu du 11.12.2012) sera «PT de rire» (traduction) une nouvelle fois.

C’est égal, je me demande ce que cette grosse poule-écureuil est devenue. Elaguée ou abattue ? J’aimerais savoir. Donc si des fois un Animulien, passant dans ce coin de criques et de pointes, reconnaît l’endroit, qu’il nous le dise!

Je dédie cette note fantaisiste et nostalgique à l’Auvergnat qui, sans façons, courait après ses poules avec une épuisette pour les faire rentrer au bercail. Il se reconnaîtra.

09.12.2012

Mon salut au Mont-Salut

C’est plus fort que moi, faut que je cède à la pub ! Alors quand j’ai vu qu’un «service Digital Solutions» me proposait pour un «prix spécial Noël» de redécouvrir mes souvenirs en les transférant sur DVD, j’ai fouillassoné dans le tas de diapos et autres vieilles pelloches en déshérence chez mon daddy. Non pour le plaisir de me voir avec quelques années et kilos en moins dans des fringues pas possibles mais dans le but de me lancer rétrospectivement à la poursuite du diamant vert de l’art sans entraves.

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D’un mois de mars breton, gla-gla à souhait et bruineux à cœur, j’ai retrouvé des images qui ont déjà l’âge d’une teenageuse d’aujourd’hui. En clair : elles datent de 1996 et ont été récoltées près d’Auray dans le Morbihan.

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On m’avait traînée dans ces parages pour voir -culture oblige- la basilique de Sainte-Anne. Je m’étais intéressée surtout au Trésor d’objets offerts en remerciement à la sainte.

A cause des épingles à nourrice rouillées, avalées puis regurgitées sans dommage par des bébés de la fin du 19e siècle. Sur la route du retour, un petit bar dans une petite commune avait attiré notre attention par sa population de géants avoisinants.

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Les créatures de souches assemblées là par vissage et clouage étaient plus exubérantes que leur créateur qui finit par se manifester quand il comprit qu’on s’éternisait devant. Plutôt du genre taiseux, l’artiste! Menuisier de formation, natif du lieu, André Morvan possédait l’art de disparaître sans qu’on s’en aperçoive.

André Morvan

Quand il fut question de portrait, il s’éclipsa pour changer de chandail et se munir d’une casquette. A nos questions, il répondit brièvement, en gars qui n’a rien demandé.

André Morvan

Le tapis roulant de la route à 3 voies devant sa porte lui convenait bien. Généralement, les touristes n’avaient que le temps d’apercevoir ses musiciens, ses danseuses, ses animaux d’une rusticité préhistorique. Pas celui de s’arrêter pour leur parler.

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«On lui demande de les acheter ou de les prêter pour un théâtre», nous lâcha Morvan du bout des lèvres en parlant de ses statues qu’il n’appelait pas «des statues». «Mais il ne les laisserait pas partir» ajouta-t-il, au cas où nous aurions eu besoin d’un avertissement.

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Il a tenu parole puisqu’il s’en occupe encore aujourd’hui comme un reportage récent sur le blogue de Jean-Michel Chesné nous l’a montré. Pas plus loquace sur ses techniques que sur le reste, André Morvan consentit tout de même à nous apprendre qu’il usait d’huile brûlée pour la conservation de ses sujets en bois exposés à tous les caprices du ciel.

André Morvan

Quand il nous quitta subitement, la lumière baissa. On s’acharna cependant à mitrailler le site de nos kodaks. Déjà le crépuscule venait qui révélait le côté fantastique de celui-ci.

André Morvan