14.10.2012
Le bestiaire de Joseph Courilleau
Quelques tableaux. A peine une œuvre. Une expression artistique si furtive, si peu façonnée qu’elle en devient émouvante, attendrissante même. N’était son parfum de délire et de nature mêlées. Les peintures sur plaque d’Isorel de Joseph Courilleau méritent une halte comme celle qu’on fait dans une clairière au sortir d’une forêt. Elles font partie de ces «sujets pouvant être traités» que j’ai mis dans un dossier en attendant l’occasion d’en parler.
Mais quelle actualité concernera jamais cet homme de la campagne réfugié dans une ville de province qui occupait son temps à tresser des paniers et des bourriches en osier avant de se mettre à peindre dans son grenier, à 72 ans, alors qu’il n’avait jamais touché un pinceau de sa vie?
Il aura fallu que je sorte de bonne heure ce matin, qu’il fasse frisquet, que la pluie m’ait rattrapée sur le chemin du RER pour que je repense à Joseph Courilleau dont le petit-fils Jérôme Lamothe m’a conté la légende il y a bientôt deux ans de ça.
Soudain j’ai eu envie de siffler un chien inexistant, d’enfoncer mes bottines dans les feuilles mortes, d’offrir mon nez au vent d’octobre comme à une crème de beauté, d’oublier mon club de fitness. Des souvenirs de lecture sont venus se mêler au souvenir de Joseph Courilleau, un Raboliot du Poitou en son genre.
Il y a beaucoup à rêver, en ces temps d’ouverture de la chasse, sur le braconnage qui, dans nos contrées, porta certains à une marginalité clandestine protégée par la population locale complice. Cela se terminait mal, généralement et c’est ce qui est arrivé à Joseph Courilleau.
Pendant plus d’un an, il vécut en ermite dans la forêt, secouru par son épouse qui le récupéra dans un état pitoyable.
Né en 1920, l’armée, la guerre et un retour difficile où il trouve la ferme familiale exploitée par un parent qu’il s’imagine doté de pouvoirs néfastes, lui font péter un plomb et se précipiter à 25 ans dans la schizophrénie, selon le diagnostic des médecins.
Ses tableaux, d’apparence faussement naïve, ont quelque chose de pariétal, de primitif, de bizarre, bien qu’ils visent le plus souvent à représenter des animaux en liberté. Un soupçon de chamanisme, de la sorcellerie évocatoire, peut-être?
Ces œuvres sont mieux en vrai que sur les photos de Jérôme qui était le seul à être accepté par son grand-père dans son grenier, «son univers et unique horizon». L’épisode de la réclusion au fond des bois fut suivi d’un long séjour en hôpital psychiatrique.
Après quoi, Joseph Courilleau, stabilisé par les médicaments qu’il mélangeait fâcheusement à l’alcool, occupa jusqu’à sa retraite un emploi de tanneur dans une chamoiserie. Les bêtes toujours. La peau des bêtes.
En béret et sandalettes (sous des poches en plastique l’hiver), le regard perdu, ce «déraciné», cet éternel «incompris», enfermé dans sa petite maison des Deux-Sèvres, était «quasi inaccessible». Les repas de famille, il n’y venait jamais, n’adressant pas la parole à ses proches, content seulement, «très content» de voir Jérôme. Que celui-ci le lui rende bien par le truchement de mon blogue est pour moi motif de fierté.
Joseph Courilleau est mort à 84 ans sans avoir jamais accepté qu’on l’ait privé de sa chère nature.
15:38 Publié dans art brut, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, joseph courilleau | | Imprimer | | |
26.09.2012
Costruttori di Babele à la Villa Borghese
Rome. L’Orangerie de la Villa Borghese, ça fait rêver. Si vous vous trouviez dans les parages, samedi 29 septembre 2012 sur le coup de 4h de l’après-midi? Ce serait l’occasion d’aller au vernissage de l’exposition du Musée Carlo Bilotti.
Des photos. Notamment celles d’Alberto Ferrero représentant la Maison du Chevalier à Maregrosso près de Messine en Sicile.
Votre petite âme errante vous a déjà signalé cette œuvre «environnementale» de Giovanni Cammarata pas plus tard que le 22 juillet 2008. Grâce au livre d’Eva di Stefano (bonjour à elle si elle me lit) : Irregolari.
Et on dira après ça que les Italiens ne savent pas ce que c’est que l’art brut !
12:30 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art brut italien, giovanni cammarata, eva di stefano, costruttori di babele, villa borghese | | Imprimer | | |
24.09.2012
Les photoportraits crépusculaires de Marie-France
Je parle sans savoir n’ayant pas vu de visu. Pourtant quelque chose m’intrigue dans le catalogue de l’exposition bèglaise Visions et Créations dissidentes dont le vernissage tombe cette année le samedi 29 septembre. Ce sont les photos de Marie-France Lacarce.
En ces temps où l’on cherche dans la photographie un moyen d’hypothétiques rencontres entre l’art brut pure laine et ses succédanés plus ou moins «contemporains», il se pourrait bien que cette créatrice de portraits chamarrés, surgis tout décalés de la nuit, ouvre une nouvelle piste funambulique.
J’ai cherché vainement sur le site du Musée de la Création Franche les détails biographiques qui pourraient permettre de statuer sur l’étrange «cas» de Marie-France Lacarce. Dans le catalogue, la notice de Pascal Rigeade nous en dit plus : Bordelaise, autodidacte de son art, retraite, solitude, méticulosité, goût du rangement. De quoi déduire un bon pronostic. Sans que cela suffise. Mais il y a le dangereux mystère de ces autoportraits auxquels cette novice de l’objectif a eu l’instinct très sûr de se cantonner.
«Ils s’affranchissent du photoréalisme et réinsèrent dans l’image les infinies possibilités de l’imaginaire», nous dit Pascal Rigeade. J’aurais même envie de dire qu’ils communiquent avec un plan plus abyssal qui déchire et qui fout la trouille. Sans en passer pour cela par la magie professionnelle qu’on sent à l’œuvre dans maints clichés surréalistes. Leur vénéneuse beauté plastique les inclinerait plutôt vers la peinture, celle empreinte d’un expressionnisme du malaise à la Fred Bedarride, par exemple.
J’arrête là mon délire. Ce qui me paraît bon signe chez Lacarce c’est que pour parvenir à ce résultat qui la fait naturellement pencher du bon côté (celui des forces intimistes et non celui du spectacle grand angle) elle invente ses propres procédés à partir des techniques proposées par la technologie contemporaine. Pascal Rigeade ne nous dit pas lesquels. Les connaît-il ?
On apprend simplement que Marie-France se sert de l’appareil de Madame Tout-le-Monde : un Kodak Easy Share C433, qu’elle a dû, comme vous et moi, se «débrouiller» avec le mode d’emploi pas des plus évidents. Qu’elle travaille au crépuscule, non en studio mais dans son «petit appartement».
La suite a tendance à me laisser sur ma faim : «Devant l’objectif, l’espace dans lequel elle se meut, proche de la transe; un presque vide qu’elle remplit du bricolage minutieux d’objets divers(…)». On aimerait en savoir plus tant ce visage, plusieurs fois décliné, nous arrive mis à nu et nimbé de noirceur, arraché au rêve et à la chair.
A quelle panoplie, à quels accessoires, à quel maquillage, à quels bidouillages sur des logiciels de retouches sont dues ces images non pareilles ? Je l’ignore mais, après tout, c’est très bien comme ça.
00:05 Publié dans Expos, Images, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : marie-france lacarce, création franche, autoportraits, photographie, créateurs contemporains, kodak easy share c433 | | Imprimer | | |
16.09.2012
Azul dos ventos : Arthur Bispo do Rosário chez V&A
On nous bassine tellement avec notre Patrimoine ces temps-ci qu’on a tout de suite envie d’aller voir celui des autres. Le patrimoine artistique brésilien par exemple. Merci donc à Victoria et à Albert qui dans leur «world’s greatest museum of art and design» londonien nous offrent, jusqu’au 28 octobre 2012, Vents bleus, une exposition Arthur Bispo do Rosário.
Victoria and Albert mériteraient pour la peine d’être élevés au rang d’Animuliens de choc! Grâce à V&A, ce sont plus de 80 sculptures, bannières brodées
et autres merveilleux costards d’Arthur
que l’on pourra contempler à l’angle de Cromwell Gardens et d’Exhibition Road, avant d’aller se bourrer de sandwiches au concombre à la cafète de l’établissement de 10 AM à 5 PM.
Bispo do Rosário, votre petite âme errante ne manque jamais de vous en causer. Z’avez qu’à inscrire son nom dans ma case «Rechercher» pour vérifier si je mens.
Rappelons pour mémoire et à la vitesse de l’Eurostar, que BdR s’est fait connaître en France, il y a près de 10 ans, par l’expo de la Galerie du Jeu de Paume montée par Dominique Abadie et Agustin Arteaga. La fragilité des œuvres assemblant des matériaux hétéroclites, les précautions qu’il faut prendre pour leur conservation font qu’il n’est pas facile de les déplacer. En 2006 la Halle Saint-Pierre s’y est essayée pour son expo d’Art brut brésilien (images de l’inconscient) mais sans succès.
Demeure le catalogue qui contient une riche info sur BdR. J’en tire ce passage d’un entretien d’Arthur avec Hugo Denizart à propos des grandioses hallucinations auditives auxquelles le créateur était soumis :
Hugo : Vous discutez avec les voix ?
Bispo : Je ne peux pas, ne donne pas de chance. Est sévère pour moi.
Hugo : Sévère ?
Bispo : Est assis sur le trône tout bleu, dit seulement : «Jésus Fils doit exécuter dans ton coin, là-bas, en bas, fais tout ça.» Je ne dis rien, je dois exécuter tout ça.
Hugo : Vous n’avez jamais désobéi à cette voix ?
Bispo : Si je désobéis ça me prend, m’enroule là-haut, en rêve comme ça, je tombe par terre, il me suspend, je deviens sans contrôle, je commence à devenir tordu, quelque chose me prend en rêve et fait des ballons, ballons, ballons.
Cliquer sur l'image pour voir la vidéo
On comprend par là que Bispo ne s’est jamais considéré comme un artiste, même s’il ne manqua pas de lien avec le monde des arts par l’intermédiaire du critique Frederico Morais qui organisa la première exposition de BdR à Rio de Janeiro en 1989.
En marge de tout courant, reclus et protégé dans un immense hôpital psychiatrique de la banlieue de Rio, Bispo do Rosário resta jusqu’au bout concentré sur son art créatif sans que le monde extérieur infléchisse celui-ci.
Au moment où ce «patrimoine artistique» s’exporte de mieux en mieux de chez lui, au moment où Bispo est présenté seulement comme «one of Brazil’s most recognised artists», il est bon de se souvenir qu’il est surtout une figure majeure de l’art brut.
20:01 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
24.08.2012
Louis Soutter et tout le tremblement
Bye bye fouta et crème bronzante! Une pensée émue pour ceux qui remontent. On leur jettera pas la pierre s’ils s’autorisent un détour par Rodez qui prolongera l’été 2012 jusqu’au 14 octobre au Musée Fenaille. Une exposition y rassemble 80 dessins de Louis Soutter (1871-1942), issus des cahiers «noircis» par l’artiste lors de son séjour à l’Asile de Ballaigues entre 1923 et 1930.
Catalogue avec Louis Pons, Benoît Decron (conservateur du Musée Soulages), Michel Thévoz : «Soutter recommence ses classes (…) mais sur de toutes autres bases que celles de l’enseignement qu’il avait reçu et donné, en inversant même radicalement le processus figuratif (…)».
Le titre de l’expo : Les Primitifs sont petits est emprunté à une «remarque» de Soutter au dos d’un dessin. L’expo de Rodez est une répétition générale avant la visite de la capitale exposition Soutter à la maison rouge. Epaulée par le Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, vitaminisée par les prêts de grands collectionneurs, tels Jean-David Mermod, celle-ci coulera des jours heureux, près du Port de plaisance Paris-Arsenal, jusqu’au 23 septembre 2012.
A programmer d’urgence donc! Sans craindre de succomber au teasing du titre : Le Tremblement de la modernité. Ni au prix de l’entrée. 7€, c’est pas cher avec le chiadé petit livret qu’on vous distribue à l’entrée.
Julie Borgeaud, la commissaire, pousse un peu en y affirmant que «Soixante-dix ans après sa mort, l’œuvre de Louis Soutter reste très peu connue du public français». Dès 1936, dans la revue Minotaure, Le Corbusier avait propulsé sous les sunlights cet «Inconnu de la soixantaine». En 1990 et en 1997 déjà, les rétrospectives Soutter au Musée d’Art Moderne de Troyes
ou au Centre Culturel Suisse
avaient montré pas mal de pièces figurant maintenant boulevard de la Bastille.
Le mérite de cette expo maison rouge, à l’aise dans ses murs blancs, c’est de raviver la lisibilité d’un parcours artistique cahotique marqué par une cassure.
Des premières œuvres de jeunesse (1895-1915) à la période de la tutelle (1915-1923) puis du placement à l’hospice de vieillards (Soutter n’a que 52 ans), on est conduit aux années 1923-1930 où l’artiste revisite des images de la Renaissance italienne.
Vient ensuite une période «maniériste» (1930-1937) où des visages de femmes exacerbés envahissent des formats plus grands.
Puis l’explosion des extraordinaires peintures au doigt (à partir de 1937) qui sont sans doute le cœur de l’art soutterien. Je schématise. Faudrait parler aussi des variétés «décoratives» du vestibule Quelques pages dans l’inachevé
et des Commentaires graphiques où Soutter, ne respectant ni Matisse ni son cousin Le Corbusier, festonne les reproductions du premier ou découpe dans les livres du second pour en magnifier les marges.
Jean Giono, qui a découvert Soutter en 1932, possédait une édition de Till l’espiègle illustrée de 4000 dessins de la main de l’artiste. Avec la complicité de Jean Dubuffet, Giono projeta en 1947 d’écrire un texte sur «l’homme Soutter» pour un fascicule de L’Art Brut.
La chose ne se fit pas du fait du manque de thune du marchand de tableaux René Drouin à qui Gallimard avait passé la main vite fait. Le catalogue d’une expo (1987) du Musée Cantini à Marseille reproduit même un projet de couverture à ce sujet.
Quant à l’Almanach de l’Art Brut 1949 qui devait contenir une repro de Soutter, il resta aussi dans les limbes. Dubuffet cessant ensuite de considérer que Louis Soutter puisse relever de la catégorie «art brut». Ceci dit pour désarmorcer la petite vacherie sur fond petit pois qui termine le texte d’accueil du visiteur à la maison rouge. Cela fait bientôt 10 ans qu’on nous gave avec la tarte à la crème du «décloisonnement»!
Cette vieille rengaine ne vise qu’à faire croire au brave consommateur d’art qu’il n’a pas le droit de choisir par lui-même entre les insipidités mousseuses de certains «arts» prétendument contemporains et l’inaltérable qualité de l’art brut authentique. De l’art brut authentique ou des rares arts de notre temps qui lui sont parents, par la forme, par l’esprit ou par leur capacité à transcender l’histoire.
A ces derniers, l’œuvre de Louis Soutter appartient, c’est sûr! Et les soutterophiles, tremblants ou non, seront ravis d’apprendre qu’ils pourront la retrouver aussi jusqu’au 15 septembre 2012 à la Fondation Le Corbusier.
Et qu’en bonus, ce «joyau», plus brillant que celui des «talentueux épigones» (Rainer, Baselitz et Penck) dont parle Hervé Gauville dans Libération du 2 septembre 1987, sera représenté itou, à partir du 8 septembre 2012, dans l’exposition de rentrée de la Galerie Christian Berst
22:43 Publié dans Ecrits, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : louis soutter, l'art brut, jean dubuffet, le corbusier, jean giono, maison rouge, julie borgeaud | | Imprimer | | |
13.08.2012
La chine à Chinon
Chiner à Chinon. Tout un programme. Voilà que ça m’a pris comme ça : une grande envie de Loire et de ses affluents. A Chinon, on gare facilement sa Chevrolet de location près de la Vienne.
Sous de beaux arbres et pour pas une thune car messires les édiles locaux attirent le visiteur sans escagasser son porte-monnaie !
Sous le regard bienveillant de notre Rabelais local, le salon du livre salonnait sous le soleil en ce samedi 11 août 2012.
Pas loin de là, le musée d’art et d’histoire m’a tendu les bras et comme à l’accueil la dame m’a gentiment expliqué que je trouverai une salle d’art et traditions populaires au dernier étage, je me suis enfournée dans l’escalier à vis de ce joli bâtiment médiéval.
Chinon est une ville pittoresquement chenue dont la pierre tendre est parcourue de graffiti superposés au cours des temps. Il suffit que les crépis s’écaillent sur les maisons pour que réapparaissent des noms,
des poissons
ou des tracés de gabares, bateaux à fond plat jadis utilisés pour le transport des marchandises.
Par ci par là, en cherchant un troquet pour me taper une cassis–fruit de la passion, j’ai essayé d’en piéger quelques uns avec mon petit Kodak.
Mais c’est surtout dans l’escalier et sur les murs du musée que j’en ai trouvé des intéressants du genre petit château
et même cervidé sommaire dont j’ai malheureusement un peu coupé les bois.
17:52 Publié dans Images, Vagabondages, Zizique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : graffiti, chevrolet, chinon | | Imprimer | | |
06.08.2012
Rackham de muraille
Retour à Avignon où l’on croise de drôles de bad guys après le Festival. Exemple ce Rackham sur fond luciférien. Je l’emprunte à Michel Benoit parce que celui-ci est plus près du mur des offrandes que moi.
Votre petite âme errante a beau avoir cessé momentanément de traîner ses plumes en Provence, elle n’en garde pas moins un œil (chaussé de nouvelles lunettes d’opticien-créateur) sur les petits nids votifs de l’ancienne prison Sainte-Anne. La manière dont le lieu évolue mérite en effet notre attention.
En franglais : un work in progress collectif avec un turn over de plus en rapide.
En clair : une création continue où tout un chacun apporte le grain de sel de son ex-voto en remplacement de celui d’un autre.
Souhaitons bon courage à qui voudrait faire l’inventaire, à fin de classement (on peut rêver !), de ce «monument historique» de notre temps. Avec ce processus jamais figé, avec ce lieu en évolution perpétuelle, Avignon a peut-être inventé la métaphore du site artistique anonyme et populaire, résolument réfractaire aux petites cases de la patrimonialisation.
00:22 Publié dans Images, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mur des offrandes, avignon, michel benoit, rackham le rouge | | Imprimer | | |
03.08.2012
« Terra incognita » em Lisboa
Madge Gill n’est pas seulement à Londres, Jean Perdrizet à Digne, Pascal Verbena à Aix-en-Provence.
Retrouvez-les aussi à Lisbonne jusqu’au 23 septembre 2012 à la Fondation Arpad Szenes/Vieira da Silva en compagnie de plus de 70 créateurs et artistes triés sur deux volets : arte bruta et periferia.
Même si vous ne comprenez pas le portugalais, ça parle tout seul, n’est-ce-pas? cette expo Terra incognita. Et quand je vous aurais dit que sont estivalement montrées là les œuvres de la Collection Treger-Saint Silvestre et que le comissariado a été confié à Christian Berst vous aurez mordu le truc. Pour les relous, les distraits, les noyés dans le perroquet ou la tomate, j’ajouterai quand même que Richard Treger, jadis pianiste, a été un bout de temps galeriste rue Mazarine. En collaboration avec le sculpteur Antonio Saint Silvestre, d’origine portugaise aussi.
Feuilleter jusqu’à la moelle le catalogue de cette expo au titre latinisant est chose facile sur le site de la Galerie Berst, pourvu que vous soyez encore capable de vous infliger quelques clics après une nuit de pogo au Deleriumula, le club de la plage.
Mes lecteurs attentifs y retrouveront de vieilles connaissances comme ce Giovanni Bosco que j’ai eu l’honneur et la chance de révéler au monde de l’art brut sur mon blogue les 25 mai et 16 juin 2008. C’est un réel plaisir et une fierté perso de voir qu’il est entré aussi dans cette collection.
Même si l’angélique Simone Le Carré-Galimard n’a rien à voir avec l’éditeur de la rue Gaston-Gallimard, même si son nom ne prend ne prend pas deux L, même si elle n’est pas morte en 1966 comme l’indique à tort la notice du catalogue Terra incognita, je suis contente de la rencontrer là entre Carlo Zinelli et Fleury-Joseph Crépin. Je la voyais plutôt dans la partie périphérique mais, qu’il porte ou non le dossard de l’art brut, son assemblage au héron vert en plastique vaut le détour par Lisbonne.
Beaucoup de créateurs et d’artistes bien connus dans le landerneau brut figurent encore dans l’exposition lusitanienne. Et quelques uns moins souvent sur le devant de ma scène comme Joao Pé-Leve, Pavel Leonov, l’étonnant collagiste Jacques Deal (periferia)
Roy Wenzel, Karl Vondal, Oskar Voll, Henry Speller, Royal Robertson, Ergasto Monichon, Dusan Kusmic (arte bruta)
Dans l’ensemble, un très bon moment à passer par conséquent.
Un regret toutefois. Richard, Antonio, Arpad, Maria Elena et Christian étant plutôt du genre parisien de chez parisien, on aurait pu glisser un peu de français dans le catalogue, entre la version originale en portugais et l’inévitable traduction en anglais.
23:55 Publié dans art brut, Expos, Images, Zizique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, fondation arpad szenesvieira da silva, collection treger-saint silvestre, christian berst, giovanni bosco, simone le carré galimard, jacques deal, dusan kusmic | | Imprimer | | |
09.07.2012
Dans les pas de Louis Malachier, sculpteur et meunier
Suite à ma note précédente, 2 ou 3 choses encore sur le sculpteur-meunier de Lacoste. D'abord quelques images supplémentaires de ma «gargouille».
Cette effrayante créature à tête de tortue, au dos batracien, doit sans doute sa conservation au fait qu'elle est compacte et lovée sur elle-même.
Tient-elle une victime entre ses pattes? Difficile à dire mais on a, avec elle, une bonne idée de l'étrangeté qui devait émaner, pour ses contemporains, des œuvres de Louis Malachier.
Du moins de certaines car il réalisait aussi des chevaux, des cavaliers, des paysans dansant, des bustes, des hommes barbus, des figures historiques ou allégoriques, tout un petit peuple de nourrices, gendarmes, pénitents, instituteurs etc.
Des centaines de pièces que Malachier exposait dans le jardin de sa maison en face du moulin, au dehors et dans un petit «musée secret», réservé à l'initiation aux choses de la vie pour les jeunes mariés. Ce qu'il en subsiste par ci par là dans la région est fortement érodé aujourd'hui.
C'est que Malachier a eu la chance (et la malchance) de vivre près d'une carrière en exploitation qui lui fournissait une pierre tendre à travailler mais fragile.
Autrement -je pèse mes mots- l'œuvre de Louis Malachier serait à mettre près de celles de l'abbé Fouré, du douanier Rousseau, du facteur Cheval.
Mes lecteurs s'en convaincront facilement en se procurant auprès du Foyer Rural de Lacoste qui en est l'éditeur, un ouvrage de 180 pages, abondamment illustré et remarquablement documenté. Intitulé Louis Malachier, meunier et sculpteur 1823-1900, il synthétise plusieurs recherches, souvenirs et témoignages.
Photo Lindfors
Ceux d'Evert Lindfors qui a puisé à des sources orales, pris des photographies et publié dès 1973 sur le sujet dans Les Lettres nouvelles.
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Ceux de Pierre Deflaux, descendant collatéral du meunier. Ceux d'Yves Le Mahieu qui a travaillé dans les archives départementales. Entre autres auteurs. Bibliographie, biographie, actes reproduits, rien ne manque.
La couverture et plusieurs pages à l'intérieur reproduisent les dessins et portraits de Malachier en 1889 par le peintre (académique mais précis) Jules Laurens, également auteur d'une précieuse liste des œuvres du meunier. Celle-ci figure aussi dans l'ouvrage du Foyer Rural de Lacoste que les bonnes librairies des musées qui se consacrent à l'art brut (suivez mon regard!) proposeront, je l'espère, bientôt sur leurs rayons.
01:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Images, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, louis malachier, evert lindfors, pierre deflaux, yves le mahieu, lacoste | | Imprimer | | |
03.06.2012
Germain Van der Steen est passé à Drouot
A l’intention de l’Animulien fidèle (il se reconnaîtra) qui ne rate pas une occasion de me passer un savon quand j’oublie de parler de Germain Van der Steen, faux-naïf et vrai représentant de la Neuve Invention, pur Parisien bien que né à Versailles sous un patronyme flamand, marchand de couleurs insomniaque, créateur de félins fous et bouffons, je dédie ce minou-tigre sur isorel.
Il vient de figurer dans la vente publique de l’ancienne Collection Anatole Jakovsky (2e partie) qui s’est tenue à l’Hôtel Drouot, amputé de sa fontaine, le 1er juin 2012.
A noter que les contours de l’animal sont dessinés au moyen de ficelles collées sur le support, ce qui ne se voit pas très bien sur la photo.
20:18 Publié dans art brut, Encans, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : germain van der steen, anatole jakovsky | | Imprimer | | |