30.08.2013
Folk art américain à Lyon comme à New York
On nous annonce pour bientôt (fin septembre – début octobre 2013), dans le cadre de la Biennale HLN, une exposition lyonnaise consacrée à l’American Folk Art doublée d’un numéro de Gazo. C’est le moment de faire le plein de super avant l’étape.
Même s’il faut pour cela faire un détour par New York. Jusqu’au 22 septembre 2013, l’American Folk Art Museum de la Grosse Pomme expose quant à lui le considérable Bill Traylor.
Bonne façon de commémorer le cinquantenaire du discours historique de Martin Luther King «I have a dream») du 28 août 1963.
C’est dans la ville de Montgomery en Alabama (qui sera en 1965 un des principaux théâtre des luttes pour les Droits civiques) que Bill Traylor termina sa vie en 1947.
On insiste généralement beaucoup sur le début de son existence car, né esclave en 1854, il fut affranchi après la Guerre de Sécession et il demeura ouvrier agricole sur la plantation de coton de sa jeunesse. Mais ce sont ses dernières années qui sont vraiment remarquables bien que marquées par la pauvreté, l’infirmité et la vieillesse. C’est que ce furent aussi d’intenses années de création au cours desquelles il réalisa, sur ses genoux et accroupi dans la rue, environ 1500 dessins extraordinaires.
L’expo de l’AFAM est constituée à partir de deux collections. Celle du High Museum of Art et celle du Montgomery Museum of Fine Arts. Environ 63 dessins et peintures.
A ces deux volets s’en ajoute, semble-t-il un troisième intitulé : Traylor in motion : wonders from New York Collections dont les commissaires sont Stacy C. Hollander et le Dr Valérie Rousseau. Pourquoi «en mouvement» (in motion)? J’avoue ne pas avoir très bien compris à la lecture du site du musée mais vous êtes sûrement plus forts en anglais que moi.
Dommage quand même que le Dr Rousseau qui a fait ses études à Montréal et à Paris n’ait pas songé à insérer quelque part un petit texte en français pour le public suisse, français, belge, québécois etc. qui s’intéresse aussi à Bill Traylor, figurez-vous.
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22.08.2013
Raw Vision et Membracides font la rentrée à Paris
Tout a l’air assoupi mais y’a de l’expo dans les tuyaux. Pendant que vous marinez les pieds dans l’eau, on s’active à Paris. Votre petite âme errante fait de l’espionnage industriel. Ayant surpris une arrivée de grosses caisses à la Halle Saint-Pierre, elle est allée au cul du camion pour guetter le nouvel arrivage.
Les portes du musée sont trop petites pour lui mais Martine Lusardy, le capitaine du vaisseau amiral de la Butte Montmartre est sur le pont et elle résoud tous les problèmes. Dans sa lorgnette, le vernissage de sa prochaine exposition qui se profile pour la mi-septembre 2013 : Hey 3. Nan…, je plaisante bien sûr!
Ce coup ci c’est Raw Vision qui s’y colle et ça nous promet une cargaison d’art brut en framboise sur vert petit pois. J’ai tellement harcelé Mme Lusardy qu’elle a fini par me donner le carton d’invitation en avant-première. Dédicacé en plus!
Abusant de sa courtoisie, j’ai jeté un œil sur la marchandise en instance d’accrochage. Petit trésor de Shinichi Sawada répandu sur une table…
Et puis, surprise! M.L., se muant en grande prêtresse, a convoqué les masques. Deux grands mannequins couturés que l’on dirait ramenés d’un voyage exotique. Idoles dressées à mordre le ciel.
Tragédiennes drapées de voiles chamarrés. Un travail textile ancien de Danièle Jacqui. Opéra baroque mais non sur-joué, il faut le signaler.
Sans transition, quoique… Save your date itou pour Caroline Sury et ses Membracides. C’est le 31 août 2013, le vernissage. Un samedi. A la Galerie Arts Factory c/o Galerie Lavignes-Bastille, rue de Charenton au 27.
Membracides. Est-ce parce qu’ils sont suceurs de sève ou pour leur aptitude au camouflage que Caroline Sury a choisi ce nom pour baptiser ses papiers découpés?
Eternelle question du mimétisme bien agitée jadis par Roger Caillois. Personnalité de la scène graphique française depuis sa folle jeunesse post-punkeste, Caroline Sury s’attaque au problème avec l’entrain crâne qui la caractérise. Et ce sens du quotidien autobiographique qui ne la quitte jamais.
Caroline Sury n’est pas d’art brut mais elle le mériterait. Elle crie toujours joliment fort mais sans énervement inutile depuis qu’elle a tourné la page éditoriale à laquelle elle a consacré beaucoup d’énergie dans sa vie. Cela ne lui va pas si mal au teint.
11:59 Publié dans art brut, De vous zamoi, Expos, Glanures, Images, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : halle saint pierre, raw vision, martine lusardy, shinichi sawada, danielle jacqui, caroline sury, membracides, papiers découpés, galerie arts factory | | Imprimer | | |
18.08.2013
Chaissac et Dubuffet vont à la poste
Le plus simple c’est de sortir à Montparnasse et de traverser le centre commercial. C’est frais et on est à l’ombre. Idéal avant d’affronter le cagna du boulevard de Vaugirard. Résistez à la tentation des montagnes de fringues dans les vitrines. La rentrée est encore loin et tout à l’heure, vous aurez envie du catalogue de l’expo Chaissac-Dubuffet (25 € seulement) au Musée de la Poste.
Pour Angels, Demons and Savages, c’est plus coton. Là, je suis comme tout le monde : une vraie touriste. Mais ce que je sais c’est qu’au Parish Art Museum de Water Mill c’est encore le nom de Dubuffet qui claque.
Water Mill c’est le premier moulin de New York et c’est au bout de Long Island. Pourquoi je vous en cause ? Parce que le PAM de WM a l’idée de confronter jusqu’au 27 octobre 2013 un monstre sacré américain, Jackson Pollock avec notre Dub national par le truchement du grand passeur Alfonso Ossorio.
Un nom de bandit mexicain dans un western? Peut-être. Mais c’est ce peintre et collectionneur plein aux as qui abrita -vous vous en souvenez- la collection d’art brut de Jean Dubuffet quand celui-ci, suite à un coup de blues, décida de mettre au dodo sa première Compagnie et d’exiler ses joujoux à Long Island chez Osso, justement.
Je sais pas s’il y a des enquêtes de satisfaction à Water Mill mais au Musée de la Poste Entre plume et pinceau, on se décarcasse un max. Accueil aimable, parcours clair, photos tolérées (no flash svp), clim. On resterait des heures.
Je m’attendais : 1) à quelque chose de convenu, 2) à du déjà vu, 3) à des prises de tête pour cause de correspondances interminables à lire, 4) à des p’tits jeux sur qui a copié l’autre. Et bien pas du tout.
Si vous ne connaissez rien à la chose, c’est une belle introduction à l’œuvre de deux peintres parfaitement indépendants et pourtant liés par un instinct de stimulation réciproque et une profonde estime.
Si vous êtes un vieux de la vieille comme votre petite âme errante, c’est l’occasion d’une bonne révision de vacances.
On revoit des œuvres qu’on connaissait déjà mais c’est comme on retrouve de vieux amis dans un éclairage nouveau (heu… pas trop violent l’éclairage), magnifié par le temps.
Grand mérite de l’accrochage : on passe souplement par le simple jeu des formes de l’univers de l’un à l’univers de l’autre.
Si on n’a pas craint la confrontation par ci par là c’est plutôt par petits ensembles d’œuvres (dessins, peintures, sculptures) que les deux compères sont fraternellement mis côte à côte.
Les deux y gagnent avec la révélation de deux voies de concentration différentes. L’exposition fait aussi une large part aux documents rares et ce n’est pas pour moi un de ses plus petits mérites.
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12.07.2013
Fin d’expo à la BnF
20:32 Publié dans Expos, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
27.06.2013
Treize dessins invisibles de Marie Egoroff
Quand elle vous parle de ses intuitions, votre petite âme errante ne fait pas que se vanter. Seulement il faut parfois longtemps pour que lesdites intuitions soient confirmées.
C’est le cas aujourd’hui avec Marie Egoroff dont je vous ai montré les pouchkiniennes illustrations en août 2010.
Une petite fée animulienne d’une ravageuse érudition vient de me mettre sous le nez une brochure de 16 pages qui éclaire le cas de la dessinatrice d’origine russe. Je soupçonnais cette dernière d’être du genre médiumnique. Je n’étais pas loin. C’est bien du côté de l’ésotérisme qu’il fallait chercher.
Mais c’est au sein du courant de l’occultiste Papus que l’œuvre de Marie Egoroff a été remarquée par Anna de Wolska puis par Emile Michelet, l’auteur du Catalogue commentant treize dessins symboliques de Madame Egoroff dont je vous parlais plus haut.
Emile Michelet, ami de Villiers de L’Isle Adam, est un poète fin de siècle.
Et, si j’en crois la prose de son introduction à ce catalogue, un amateur d’art non moins raffiné qui cite à la rescousse Le Triomphe de la mort d’Andrea Orcagna,
les Caprices de Goya
et La Tentation de St Antoine de Jacques Callot
Esotériste évidemment. On nage donc avec lui dans le monde astral et le monde empyréen. On se croirait dans un jeu vidéo! A part ça, c’est un analyste précis. Ses descriptions des 13 dessins sont rédigées dans un langage artistiquement rythmé qui fait penser à Félix Fénéon, le grand critique de l’époque.
Ainsi le commentaire du dessin intitulé Le Problème du mal : «Le mal, allégorisé sous la forme d’oiseaux noirs monstrueux, qui tombent dans la nuit. La tête d’un de ces sombres oiseaux, tranchée par une sorte d’étrange guillotine, choit, le bec ouvert». Qui pourrait s’approcher d’une telle scène de nos jours? Christine Sefolosha peut-être. Le lecteur du catalogue devra s’en remettre à son imagination car l’opuscule ne fournit aucune reproduction des dessins d’Egoroff.
Emile Michelet cultive même l’opacité : «Je garde le silence sur le caractère mystérieux qui scelle l’origine de ces dessins (…)». Il n’en fournit cependant pas moins quelques renseignements précieux. D’une famille de militaires, veuve d’un artiste qui «ne lui avait pas permis d’apprendre le dessin», Marie Egoroff «vécut, recluse volontaire, dans son deuil».
Quand «elle sentit en elle une force irrésistible la poussant à prendre un crayon, elle obéit (…)». Ses dessins «d’une étrange beauté» témoignent d’une rapidité d’exécution «hors de l’ordinaire». «Ils ne ressemblent à rien de ce que nous connaissons dans l’art d’Occident. (…) Aussi leur originalité déconcertera-t-elle bien des esprits», souligne Michelet.
On veut bien le croire. D’autant qu’il trouve des accents qui feraient presque croire qu’il a lu Dubuffet (mais il écrit ces lignes en 1894!) : «Les treize dessins symboliques dont il est ici question ne sont pas l’œuvre d’un artiste. L’auteur est une femme qui jusqu’alors avait ignoré le mécanisme du dessin, et qui soudain, a pris le crayon sous l’influence d’une force : l’Inspiration. L’esprit souffle où il veut. Il a soufflé sur le front d’une femme qui vivait obscure et solitaire, étrangère au mouvement artistique, et ne demandant autre chose que de rester obscure (…)».
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20.05.2013
Ostie d’câlisse de tabarnak d’art brut
Pauvre Belgique! Animula te laisse tomber. Pourtant avec tous ces maudits Français qui ont colonisé Bruxelles, j’aurais dû signaler, chez Art & Marges, l’exposition d’art brut polonais intitulée -Dieu sait pourquoi- Une hostie dans une bouteille/Een hostie in een fles. «Art brut», je risque le mot bien qu’il soit tricard dans le matériel promotionnel de l’expo de la rue Haute organisée avec la collaboration d’un tas de chouettes partenaires de Pologne (galeries, musées et hostos psy).
On ne répugne pas en revanche du côté d’A&M à l’usage du mot «artiste». Ce qui nous donne un sous-titre aussi vague que le titre est obscur : Artistes polonais/Poolse kunstenaars. In english : Polish artists. On peut rien rêver de plus général? Dacodac comme dirait Alex dans Orange mécanique.
Aux dernières nouvelles, Dieu contacté m’a tout de même fait savoir que l’hostie et la bouteille provenaient d’une phrase de Maria Wnęk, l’une des personnalités présentes dans l’expo polono-bruxelloise. Sauf que la phrase est amputée de son début : «Du lait au lait»!
L’hostie, on comprend : ça plait aux cathos. Et la bouteille vous a un petit air si «art populaire» qu’on crache pas dessus. Mais les deux ensemble, c’est moins évident question communication. Heureusement que le public n’est pas obligé d’apprendre ce titre par cœur! S’il se souvient du contenu, ce sera déjà très bien. Car ce contenu le mérite puisqu’il conjugue des talents profondément variés sur l’échelle de la brutitude : Marian Henel
N’oublions donc pas qu’il ne reste que peu de jours pour se précipiter à l’exposition d’art brut polonais de Bruxelles/Brussel. Cela fait déjà un moment que des Animuliens vigilants me suggeraient d’y faire un détour.
Mais le temps tout pourrave… Mais le Père Cepteur qui a ratissé toute ma thune… Mais un certain désenchantement aussi dont je retrouve l’écho dans un article de Danièle Gillemon dans Le Soir m’ont détournée de ce «voyage vers les univers» d’une vingtaine de créateurs parmi lesquels le grand Edmund Monsiel.
Créateurs bruts ou brutoïdes dont on n’a pas souvent l’occasion de voir les œuvres. Et qui nous changent des «vedettes américaines» (certes incontestables) : Traylor, Ramirez, Darger, et maintenant Deeds dont le marché dominant de l’art brut nous impose la ronde -à force monotone- de New York à Lausanne City en passant par les salles de vente du huitième arrondissement de Paris.
A noter que j’emprunte mes images ci-dessus (hors vernissage) ainsi que celles des œuvres de Przemyslaw Kiebzak
à des sources extérieures à l’exposition bruxelloise car le leporello d’Art & Marges et son site Internet sont plutôt chiches en reproductions. Raison de plus pour avaler l’hostie et la bouteille en live si c’est dans vos moyens. Vous l’avez compris : c’est pas du petit lait.
18:57 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art & marge musée, art brut polonais, maria wnęk, marian henel, adam dembiński, justyna matysiak, edmund monsiel, przemyslaw kiebzak, ksawery zarębski, danièle gillemon | | Imprimer | | |
10.05.2013
Hollywoodoo et Panos du Dernier cri
«Les amis d’Avignon sont mes amis» : on m’écrit pour me le dire. Sachez que c’est réciproque. Et réciproque aussi avec les amis de Marseille. Ce n’est pas parce que je me suis fait saucer en plein carnaval que je n’aime pas le vieux port et son nouveau miroir par dessus tête.
Le Dernier Cri! comme dirait l’autre. L’autre c’est Pakito Bolino et sa Belle de mai, bien entendu. Mai lui est un joli prétexte pour faire ses Hollywoodoories. Le lundi 13 mai à 18 h, en son Atelier de la Friche, il attaque sévère du côté de l’art populaire de maintenant tout de suite. Et en avant pour les affiches de vidéo-club ghanéennes et hardi petit pour les panos nord-américains! Woopoopidou!
Cette expo va courir sur ces jambes jusqu’au 11 juin. Pas besoin de mot d’excuse de vos parents si vous loupez le vernissage fricheux.
Vous pourrez vous rattraper le 14 mai à la Poissonnerie ou le 15 aux Dermonautes. Au besoin, tatouez-vous le programme avec l’adresse de ces trois lieux associés.
Question panos, le Pakito s’est acoquiné avec Reno Leplat-Torti, un graphiste-sérigraphe collectionneur de ces petites chicaneries. Car pour ceux qui l’ignoreraient encore «panos» est un diminutif de «panuelo» (mouchoir), support d’activité artistique des «chicanos» (Américains originaires du Mexique) dans les prisons.
Cette tradition remonte peut-être à l’intervention française au Mexique sous Napoléon III. Les pioupious de chez nous ayant pour habitude de décorer soigneusement leur tire-jus réglementaire avant l’invention du kleenex. Ce que m’a confirmé mon daddy qui a vu de ses yeux des conscrits se livrer encore sans réfléchir à cette charmante activité populaire pendant son service militaire dans les années soixante-dix du défunt vingtième siècle.
Qui dit populaire ne dit pas brut mais : apparentement possible car affinités évidentes.
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16.02.2013
Un cri passage du Mississipi
La lasagne contemporaine au canasson roumain vous dégoûte? Alors : Jambalaya, crawfish pie, fillet gumbo! C’est la saison sud. Faut en profiter.
Sud, sud, sud : gros arrivages en ce moment! Sud des Etats-Unis s’entend. Les autres c’est pas class. Sud, sud, sud, même l’art brut s’y met. Il ne m’est art brut que du sud. Il n’est bon bec brut que du sud. Le sud, le sud, toujours renouvelé. Le sud, vous dis-je. Bon, c’est un peu agaçant ces campagnes promotionnelles. Sud par ci, sud par là, sud arrive, sud est là…
Quand tout le monde est poussé à regarder dans la même direction, on a envie de se faire une sortie de route. Mais on ne peut pas s’empêcher de suivre la musique quand même.
Et la musique, la musique du sud, est bonne chez Christian Berst. C’est la seule chose dont le galeriste ne parle pas sur son site super bien documenté, à propos de son exposition des œuvres de Mary T. Smith (jusqu’au 2 mars 2013). Elle prend pourtant dans ses bras consolants le visiteur qui franchit la porte du 3/5 passage des Gravilliers (75003).
Ce n’est pas la première fois à Paris que nous voyons ces tôles ondulées et ces panneaux de bois, bichromes ou monochromes mais toujours peints avec une autorité fervente qui semble venir d’un fond de lucidité sauvage, d’une histoire de labeur et de douleur où se conjuguent surdité, misère, ostracisme et expressivité.
Christian Berst lui-même en avait déjà présentées en 2009 dans American Outsiders I, une exposition collective. Et Mary T. Smith, aux belles robes très «peinture», figurait déjà dans Art Outsider et Folk Art des Collections de Chicago à la Halle Saint-Pierre en 1998.
J’emprunte à la biographie de cette créatrice, établie à cette occasion par Martine Lusardy et Laurent Danchin, ces lignes significatives : «Aujourd’hui, et depuis longtemps, il ne reste rien du musée en plein air de Marie T. Smith : le succès et les nombreux amateurs sont passés par là, obligeant même vers la fin cette étonnante artiste improvisée à produire sur commande des travaux de plus petit format, parfois le temps d’une simple visite et en présence du destinataire».
Je les emprunte pour souligner un mérite de l’exposition actuelle de la Galerie Christian Berst. C’est que, non seulement elle crée l’ambiance en nous berçant dans le blues feutré et enveloppant mais elle n’occulte pas ce fait essentiel : les productions de Mary T. Smith, loin de relever d’un art de chevalet, sont les pièces orphelines d’un véritable environnement d’art brut.
Des parties d’une œuvre globale qui leur donnait plus de force encore d’être inaliénable, c’est-à-dire non consommable dans l’acception commerciale du terme. C’est pourquoi j’ai trouvé beaucoup d’intérêt à visionner le diaporama qui passe en boucle sur grand écran dans la berstienne galerie.
Surtout avec mon séant (les petites âmes errantes en ont aussi) mollement enfoncé dans le canapé blanc antonionesque de ce vaste lieu. On y saisit au vol bon nombre d’images de cet univers de plein air si personnel, au temps où il fonctionnait à son plein régime.
C’est à dire à son usage exclusif. Pour ceux et celles qui aiment les souvenirs, ils ou elles pourront emporter le catalogue où cette impression se prolonge par plusieurs clichés.
18:11 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrans, Expos, Images, Musées autodidactes disparus, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, environnements bruts, mary t. smith, galerie christian berst, mississipi, delta blues, deep south | | Imprimer | | |
15.02.2013
Primitive Cabaret
Primitive Cabaret. Retenez ce nom. Celui d’une exposition qui se tient jusqu’au 23 février (puis du 8 au 16 mars) 2013 chez Polad-Hardouin, dans le 75003, rue Quincampoix.
Je venais d’HT un roman-photo chinois d’il y a 30 ans à la Galerie Impressions quand je suis tombée, dix numéros plus loin, au 86 exactement, sur la vitrine polad-hardouinesque, véritable visage de la galerie.
Dominique Polad-Hardouin le soigne comme un boxeur soigne son gauche. On en ressent l’impact de l’extérieur et les timides, à la limite, pourraient se dispenser d’entrer.
Ce serait dommage. On a certes un aperçu très fort sur d’envoûtants Macréau qui représentent des parturientes associées à des têtes de mort fichées sur des bâtons (de pouvoir ?)
et sur une puissante et compacte statue-fétiche au conglomérat sauvage éclaboussée de bleu.
Mais on manquerait, sur un mur latéral un grand Sefoslosha clair que –zut de zut– j’ai oublié de photographier (à la place je vous offre son Baron Samedi)
et plus loin encore (car la galerie est profonde et subtilement méandreuse) l’émulsion filandreuse d’Au Royaume des pyromanes du Sénégalais Omar Ba où la composition converge, par des moyens contemporains, vers une forme bourgeonnante plus ancestrale.
Primitive Cabaret vous a un petit côté Dada par sa mise à jour d’une force vive et cahotique. Ce titre fait allusion au goût des expressionnistes allemands pour les rythmes «primitifs».
Des artistes comme Helmut Rieger (ci-dessus) et Andrew Gilbert, qui figurent dans l’exposition P-H, le partagent visiblement. C’est d’ailleurs une œuvre de Gilbert, très référentielle à l’Afrique noire magique et accablée, qui sert de frontispice à la double page dépliante mise à disposition des visiteurs de la galerie.
Elle contient un grand texte de Leanne Sacramone, conservatrice à la Fondation Cartier. Il éclaire sur le contenu de cette exposition qui fait dialoguer 5 artistes contemporains et des objets vaudou du Bénin (statues à patine sacrificielle, tablier de féticheur, fétiches à cadenas etc.) provenant de la Collection de Claude Rouyer.
A Spiritual Voodoo Confrontation nous dit in english le sous-titre de Primitive C. En fait de confrontation, on admire plutôt le goût très sûr avec lequel ont été tissées certaines parentés (ou connotations) formelles. Travail de la galeriste!
Car tout cela reste de nature différente : l’admirable second degré des artistes d’une part, le plain-pied des sorciers de l’autre. Mais le vaudou est à la mode. Pas seulement chez les amateurs d’art brut. Pourvu qu’il ne devienne pas une tarte à la crème!
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’interroger sur lui. Le mercredi 20 février à 19 h une conférence est prévue chez Polad-Hardouin. Je cogite pour ma part sur la «demande» des collectionneurs aux créateurs-féticheurs. Ne risque-t-elle de produire des infléchissements? Ne serait-ce que parce que les Africains sont tentés de ruser avec les acheteurs européens et américains pour conserver (comme il est compréhensible) les objets vraiment «chargés» pour leur pomme.
18:19 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : galerie polad-hardouin, art contemporain, art africain, vodou, vaudou, voodoo, michel macréau, christine sefolosha, omar ba, helmut rieger, andrew gilbert, leanne sacramone, collection claude rouyer | | Imprimer | | |
08.02.2013
Ça gaze à l’OAF
La tempête de neige arrive sur NYC. L’OAF l’a échappé belle! Les affaires sont faites à Chelsea. Le bruit court qu’on aurait vendu 3 fois plus que d’habitude. La presse de là-bas tresse des couronnes à Mr Edlin. Ses chaussures sont bien cirées pour l’hiver. Bravo. Evidemment, ça donne des idées. Et si on remplissait les musées avec les vieux stocks outsideux? C’est vrai, quoi, pourquoi se contenter des établissements spécialisés? Y’a du blé à s’faire, moi, je vous l’dis. Bien sûr faudra convaincre les institutionnels du monde entier de faire voisiner leurs petits trésors avec des autodidacteries plus ou moins mal coiffées.
Bien sûr faudra mettre tout en œuvre pour nier le gouffre qui existe entre l’art brut pur laine et la majorité du mainstream commercial. Mais où est le problème? Le temps qu’on nivelle tout et que le public n’y comprenne plus rien, on se s’ra fait un max de thune. Et quand on aura bien brouillé les repères, on passera à autre chose. On vendra des boules à la neige en été et du gaz hilarant en hiver.
Mais on en est pas là. Surtout chez nous où l’on graffite sur la Liberté. Surtout chez nous où ça sent mauvais dans les musées. On n’en est pas là. Et pour vous le prouver votre petite âme errante poursuit son debriefing de Fair grâce à l’un de ses envoyés spéciaux qui lui a rapporté quelques zimages du cru Outsider Art Fair 2013. Voici donc un petit défilé de mode en vrac. En commençant par les robes de Larry Calkins.
Près d’un Titanic de George Widener, un Joël Lorand chez Henry Boxer.
Bill Traylor dans la pénombre
Un bout du stand Judy A. Saslow : les Européens Christine Sefoloscha et Gérard Cambon
«Et le stand vue de face», me dit mon correspondant : «Traylor, Nedjar, Bourlier (…) et je ne sais plus qui».
Il poursuit par un de ses préférés: Terry Turrell à la galerie American Primitive (chez «ce vieux sage» d’Aarne Anton)
et Ramirez «chez Ricco/Maresca ou Carl Hammer», il ne sait plus bien.
Moi non plus. On me pardonnera les approximations. Il y a urgence.
La Gazette vient d’arriver et le Museum of Everything trône sur la couverture. Décidément on aime l’art brut à l’Hôtel Drouot! L’article de Patrick Le Fur est illustré d’une ronde de Darger et d’un emmaillotage de Judith Scott.
Il relate des propos pointus de Marc-Olivier Wahler sur «le software» qui «l’a emporté sur le hardware» auxquels je comprends que couic avec ma petite tête de piaf. Il oppose –ce qui n’est pas faux– «l’accrochage» everythingnoble (pardon, j’ai pas pu m’en empêcher!) à l’universel «white cube». Il feint de croire que l’éclairage de cave du Chalet Société est «volontairement sourd et diffus». C’est son droit.
Là où je le suis moins c’est quand il nous informe sans rire que l’entrée d’Exhibition #1.1 est «libre» et que les 5 € dont on vous taxe sans faiblesse pour voir le show Brett constituent un «don recommandé».
19:44 Publié dans Ailleurs, Blogosphère, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |