10.11.2008
Shigabcd catalogue art brut
Puisque Japon il y a, faut pas que j’oublie de pointer Shiga sur la carte. Le dessin n’a pas été copié dans Gala. Il est de ma pomme. Mais c’est là que, grosso modo, se trouve le Museum of Modern Art qui prête ses cimaises jusqu’au 30 novembre 2008 à la Collection abcd, une nouvelle fois en vadrouille. Le catalogue que je viens de recevoir est une petite merveille.
Grouillez-vous, mes abeilles, si vous aimez garnir vos rayons, de le réclamer à Montreuil, siège de l’asso présidée par Bruno Decharme.
Sous son étui-préservateur rouge, c’est un bijou noir et argent, relié à la jap avec des fils apparents. Consultation souple, ouverture grand angle et légéreté. Pas du tout le genre «bourgeoise-qui-s’encanaille» chère à votre petite âme errante.
Cette publication en jette plutôt par ce côté zen un peu glacé qui caractérise les productions abécédiennes. Cet art est ici poussé si loin que les textes, imprimés sur papier souris, sont presqu’illisibles. Vous me direz que je pige que couic au nippon. Okay, mais même la version française, tirée en gris sur fond noir, je vous défie de la déchiffrer, y compris avec les lunettes de votre mamie.
Abcd qui, en matière de typographie, a toujours montré un amour immodéré pour les petits corps, s’est abandonnée ici à son vice. Tant pis pour les auteurs et tant pis pour les lecteurs. Les textes, pourtant copieux, ne sont là que pour apporter le contrepoint formel d’un bloc impeccable comme la tablette de chocolat de L’Odyssée de l’Espace.
A côté de cette symphonie en anthracite majeur, la partie centrale, réservée à la reproduction en couleurs des œuvres, a l’air d’un rayon de soleil levant. C’est voulu par le designer et c’est réussi. Nos amis japonais auront sans doute le choc.
Les Européens auront peut-être une impression de déjà-vu. Depuis plusieurs années que ces images circulent de L’Isle-sur-la-Sorgue à Paris, de Prague à Kaustinen (Finlande) en passant par Athènes, leur œil a eu le temps de s’habituer.
Pour le vérifier : un petit jeu. Le catalogue Shigabcd scande ses différentes parties au moyen de négatifs agrandis.
J’en livre 5 ci-dessous à votre sagacité. A vous de deviner à quels créateurs ils correspondent.
13:11 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abcd | | Imprimer | | |
09.11.2008
Jet Set Tour Brut
Pirosmani, Waldau, Miyawaki, Art en marge… Vézelay, Kyoto, Genève, Bruxelles.Y’a des fois, j’aimerais faire partie de la jet set. Je prendrais des avions et je brûlerais du kérozène mais je passerais mon temps à voir les expositions qui m’attirent. Pas vous ?
Sachant qu’il ne me reste plus que jusqu’au 10 novembre 2008, je me propulserais au Musée Zervos de Vézelay où sont montrées 17 toiles de Niko Pirosmanachvili (autrement dit : Pirosmani), le grand peintre autodidacte géorgien, qui avait commencé par peindre des enseignes avant de fasciner les membres de l’asso d’avant-garde La Queue d’âne (Le Dentu, Malevitch, Tatline).
Billet de banque à l'effigie de Pirosmani
De là, je m’envolerais vers Odessa où l’on signale à la Gare Maritime la présence d’Yvon Taillandier.
Non sans faire un détour d’abord par la Maison des Arts de Châtillon pour une expo de cet artiste prolixe, qui fut critique d’art avant de passer à la peinture pour y élaborer, avant la Figuration Libre, un monde sinueux et luxuriant, narratif et bigarré que certains (notamment la galeriste Ceres Franco) ont senti comme fraternel à cet art brut qui avait déjà pris sa vitesse de croisière.
Ensuite, je filerais vers le Japon, en faisant un crochet par Bruxelles/Brussels pour une étape, rue Treurenberg, au Centre Culturel Hongrois où se tient Meetings on the margin, une expo dont je sais pas plus que ça mais montée avec le concours d’Art en marge, c’est tout dire.
A Kyoto, j’aurais jusqu’au 14 décembre 2008 pour me rendre à la Galerie Miyawaki faire un tour dans l’expo perso de Gene Mann (Tendres humains), un peintre qui n’est pas à enrégimenter dans l’art brut mais dont j’ai déjà eu l’occasion de signaler le livre en accordéon dans ma note du 27 juillet 2008 intitulée L’Art outsider à la pompe. Gene Mann, qui vient de découvrir mon blogounet, pense à ses frères et sœurs de création «hors bords» dans l’invitation qu’elle m’adresse. Le mot est joli. Il mérite d’être relevé pour sa tentative de sortir des ornières terminologiques.
L’intention ne l’est pas moins (jolie) car c’est rare de voir les zartisses s’occuper du nombril des autres. Celle-ci, dans son atelier ou dans la nature où elle dessine sur la mousse, ne craint pas de se colleter avec la matière et que voulez-vous, moi j’aime ça. Il n’y a que ses cheveux qu’elle rassemble en touffe sur sa tête (ce qui la fait ressembler toute entière à un pinceau) qui restent à l’abri des couleurs. Gene Mann qui est d’origine française mais qui vit en Suisse me ramène à Genève où Une Sardine collée au mur montre les travaux de 5 créateurs de l’Atelier artistique de l’hôpital de la Waldau.
«Loin d’être insensées, ce sont des œuvres qui parlent de la délicate condition de l’être humain» nous dit délicatement le carton d’invit.
18:13 Publié dans Expos, Images, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pirosmani, yvon taillandier, gene mann | | Imprimer | | |
05.11.2008
Jean Dubuffet au séminaire
Vous savez pas quoi faire samedi ? Hello, ça vous dirait un p’tit séminaire ? D’ici là, l’Amérique sera barackée. A moins qu’elle n’en pince pour le playmobil. En tous cas, vous serez à New York pour l’événement et on peut dire que ça tombe pile poil parce que c’est au Folk Art Museum que, juste avant le lunch (entre 11 Am et 1 PM), vous aurez la chance (pour peu que vous ayez 20 $ dans la poche de votre doudoune) d’assister le 8 novembre 2008 au Saturday Seminar dans le cadre des Folk Art Studies. C’est très sérieux, ne rigolez pas. Qui a dit que les Américains, démocrates et républicains (il me semble qu’on peut être les 2 à la fois) ne comprenaient rien au mot «art brut» ? Sans doute ceux qui croient branchouille de jargonner pidgin à tire-larigot dans leurs papiers ou sur leurs sites : outsiders par ci, self-taught par là. A ceux-là le séminaire de l'AFAM apporte – lon, lon, laire – un démenti puisqu’il s’intitule : Jean Dubuffet’s «Discovery» of l’art brut and les ecrits bruts : The European Context.
Bon, O.K., il y a ces guillemets qui festonnent la Découverte mais cette titraille est quand même prometteuse puisqu’elle montre à l’évidence que nos amis Uessiens ne craignent pas de se coltiner l’art brut, à la fois le mot (pas la peine donc de lui chercher des équivalents anglais plus ou moins vaseux) et la notion elle-même. Et même d’avaler au passage, quoique sans accentuation, un autre syntagme françois, j’ai nommé les «écrits bruts».
Je persiste en vous refilant le très clair laïus qui présente le Seminar : «This seminar will examine the historical specificity of Dubuffet’s “discovery” of l’art brut and les ecrits bruts in France in the immediate post–World War II period in light of the artist’s political affiliations and literary and curatorial aspirations. We will review the artistic and literary genealogy of art brut and discuss the extent to which Dubuffet’s postwar definition of art brut differs from the surrealists’ celebration of l’art des fous. Concomitantly, we will look at Dubuffet’s extensive writingson specific artistes brutes, including, but not limited to, Aloïse, Gaston Chaissac, Le Comte du Bon Sauveur, Charles Jaufret, Alfonso Ossorio and Francis Palanc.»
Collection of Audrey B. Heckler © Estate of Martin Ramirez
Comme je sais pas trop avec quoi vous illustrer cette note, j’emprunte à la shop du musée une image ramirezienne trouvée dans un portefeuille de cartes. C’est une repro de l’une de ces fameuses œuvres redécouvertes en 2007 exposées à l'AFAM jusqu'en avril 2009 sous l'intitulé : Martin Ramirez, the last works.
00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, jean dubuffet, martin ramirez | | Imprimer | | |
03.11.2008
Rouge ciel, 100 minutes pour l’art brut
C’est comme dans les bonnes séries télé, on ne change pas un concept qui gagne. Alors, abcd présente, jusqu’au 20 décembre 2008, la saison 2 de l’expo si astucieusement baptisée : brut alors !
Et, comme c’est encore dans les vieux projets, mûris pendant des années avec détermination qu’on fait la meilleure soupe, Bruno Decharme, réalisateur et collectionneur émérite que l’on sait, nous annonce parallèlement la sortie de son long métrage qui se veut un «essai» cinématographique sur l’art brut, et non un simple docu de plus. Portraits de créateurs et témoignages de gens divers allant des marchands aux amateurs passionnés en passant par les psychanalystes, les historiens d’art et, et, et … les collectionneurs, sont au rendez-vous de cet événement promis-juré pour ce mois de novembre. 100 minutes à se mettre dans les mirettes, dans les oreillettes, dans les gencivettes ! Youpi !
Bon, avec ses modestes capacités intellectuelles, votre petite âme errante n’a pas trop compris le titre : Rouge Ciel. Elle savait déjà que «la terre est bleue comme une orange» mais là, elle préfère attendre qu’on lui décortique cette image surréalistiquement percutante. En attendant, va pour Rouge Ciel ! Car il faut dire que je me suis régalée (et je vous invite à en faire de même) avec l’extrait hyper-tonique que nous distille avec le sens du rythme qui le caractérise, l’auteur du film, sur Système B (comme Bruno?).
J’ai spécialement pris mon pied avec la partie qui présente des repères historiques dubuffetiens. Il faut dire qu’elle nous apporte sur un plateau un résumé de faits, par définition un peu arides, sous la forme d’un dessin animé où mon daddy chéri a immédiatement reconnu un pastiche des réalisations de Jean-Christophe Averty. Ceci à grand renfort de miousic kusturiquienne et d’un commentaire, décapant en diable et gentiment iconoclaste, tout à fait dans l’esprit animulien.
08:14 Publié dans Ecrans, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, abcd | | Imprimer | | |
01.11.2008
Janko Domsic, le mécanicien céleste
Domsic, ça m’donne faim, voilà le hic. Rien comme l’art brut pour creuser des trous dans l’appétit ! Surtout après une chevauchée en vélib. C’est pas parce qu’on est une âme qu’on n’aurait pas le droit de se caler les joues avant une expo.
Aussi, errant dans les territoires venteux du XIIe arrondissement, en attendant de rendre visite à l’ami Janko, me suis-je offert un p’tit resto de la Charenton’s street qui lèche si gentiment le derrière de l’Opéra-Bastille. Vous n’avez rien contre les thaïs ? Alors je vous recommande le Bai Thong, au 47. Salade de bœuf, céleri, concombre, poisson à la vapeur dans sa feuille de bananier, riz parfumé.
Et vue imprenable sur le trottoir d’en face et sur la Galerie Objet Trouvé qui vous ouvre sa porte à l’heure du dessert. Vous avez jusqu’au 22 novembre 2008 pour répéter ce scénario, déposer votre K-way mouillé sur le canapé blanc, dire bonjour à la dame au joli collier tordu qui vous sourit la bienvenue et assister au défilé triomphal du rayonnant Janko Domsic.
Heureusement qu’il y a un chouette catalogue à vous mettre sous la dent. Il vous expliquera tout.
Si je m’écoutais, je vous en ferais pourtant des tonnes à propos des pas de l’oie et des bras raides brandis des automates impudiques et fulminiques, aux calots oustachiens et chapeaux pointus de derviches tourneurs, de ce créateur d’origine croate que Christian Berst, le capitaine d’Objet Trouvé appelle «le mécanicien céleste».
On pourrait aussi bien dire : «la bielle de Dieu» car répare-t-il quelque chose au ciel ou n’est-il que l’instrument d’une force transcendante qui le tyrannise, ce progieux emberlificoteur de lignes de stylo à bille vert et/ou rouge ? La complexité des connexions, que trahit l’écheveau des courroies que Domsic représente, en dit long sur son assujettissement, tandis que les croix gammées, faucilles, marteaux, fourchettes, étoiles éructés par ses pantins ubuesques en disent long sur sa révolte. Révolte à l’égard de cette douche de langage qui ne cesse de tomber sur le râble de ses protagonistes.
Il faut souligner, à ce propos, l’un des mérites de cette expo. A aucun moment, elle ne cherche à faire oublier au profit des images, les textes sous-jacents ou parallèles à celles-ci. Cette fonction de palimpseste, de discours bourdonnant, bourgeonnant et parasite, elle la souligne même par l’accrochage d’un grand format carrément dense que d’autres auraient peut-être trouvé trop bavard, c’est-à-dire moins évidemment pictural.
Dans la version avec option du catalogue, le très valeureux Christian n’a pas hésité à se farcir la diabolique transcription de ce vertigineux morceau de délire : «dessine cigare Havana reuni inter sovietique tota yanco E electronique smokin ustacha schisme solidaire contre Humanitaire inter social mondial evangelique ya ya Gott Mit Uns dieu jean yann BOG MARIE SP CHRIST (…)».
Toutes les photos sont extraites du catalogue
Photos : Elisabeth Berst ©Galerie Objet Trouvé
14:35 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : janko domsic, art brut | | Imprimer | | |
26.10.2008
Franck Calloway, 3 siècles d’art brut
Si je vous dis Calloway, vous pensez Cab et moi Franck, le champion du monde de la longévité brute. Franck Calloway, dessine des trains qui se prélassent sur des kilomètres de papier de boucherie, 7 à 9 heures par jour, près d’une fenêtre, dans une institution pour le 5e âge (car il a -tenez-vous bien- 112 balais) à Tuscaloosa en Alabama.
Des trains, des bateaux, des maisons, des véhicules de sa lointaine jeunesse puisque né en 1896, il est un trait d’union entre 3 siècles. Beaucoup de choses très colorées qui nous ouvrent une fenêtre sur un sud agricole disparu.
Photos AVAM
Aujourd’hui, comme je sors de 6 heures de T.G.V. avec de sales moutards qui balançaient des coups de pied dans mon fauteuil pour passer le temps, c’est surtout les trains qui m’ont frappée. Rien de tel que le train, même sur coussin d’air, pour vous ramener à la cadence. Moins de tchou-tchou mais toujours le défilé du paysage, les saccades, le trou noir du prochain tunnel.
Quelque chose me dit que Franck Calloway, qui ne voyage plus guère que dans sa belle salopette en jeans bleue, est sensible à ce genre de chose : une sorte d’auto-engendrement presque infini (il faut bien changer de rouleau de papier parfois) des formes. Le fait qu’il se récite volontiers des tables de multiplication me fait penser que son propos n’est pas si naïf qu’il en a l’air.
Eloigné en tous cas d’une préoccupation purement descriptive. Proche de nos basiques circuits mentaux. Automatiques pour tout dire. «There is a presence with him, I’m telling you, that feels angelic» dit pour sa part Rebecca Hoffberger, la directrice de l’American Visionary Art Museum de Baltimore qui a eu la bonne idée d’accueillir 18 rouleaux de dessins au stylo à bille, crayon et marqueur de ce super-papy créatif dans son exposition intitulée The Marriage of Art, Science & Philosophy.
The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry
The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry
Franck Calloway est si en forme qu’il s’est, paraît-il, tapé la distance qui sépare l’Alabama du Maryland en avion pour l’inauguration qui a eu lieu le 4 octobre 2008. On souhaite ardemment, bien sûr, pour peu que la schizophrénie conserve, qu’il soit toujours avec nous quand sera venue l’heure de la fermeture de l’expo le 6 septembre 2009. Le diagnostic porté sur lui en 1952 peut bien l’avoir conduit, depuis ce temps là à vivre dans diverses institutions, nous avons grand besoin de ces magiques compositions défilantes, si loin de la statique peinture de chevalet.
Avec les années ses protecteurs ont égaré les traces de sa vie d’avant. Lui, évoque des souvenirs de métiers durs : poseur de rails, bûcheron, fermier, forgeron peut-être. Peu d’école. Juste le temps qu’un instit l’encourage à dessiner. Puis plus rien. Jusqu’à ce qu’en 1980 (il a 84 ans), son talent se réveille sous l’effet de son intégration dans une «art class». Merci l’art-thérapie. Grâce à elle, cette fois, un des plus vieux types de la planète n’a plus quitté la seule activité qu’il aime et qu’il considère comme son job : le dessin à l’état brut.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, franck calloway | | Imprimer | | |
23.10.2008
Peinture au couteau sans cran d’arrêt
Maintenant qu’on est passé si près du gouffre et que l’Europe a sauvé le monde en attendant que les traders viennent encore foutre le dawa, il est temps d’oublier nos économies menacées par le spectre de la crise le soir au fond des caisses d’épargne et de se payer une bonne tranche de rigolade avec la gaffe du journal Le Monde rectifiée par ses soins dans son édition du 15 octobre 2008 : «un malencontreux lapsus nous a fait attribuer à Cécilia Bruni-Sarkozy le coup de téléphone annonçant à l’ancienne brigadiste italienne Maria Petrella la nouvelle de sa non-extradition».
Ah, ah, ah oui vraiment, l’in-con-sci-ent est bon enfant ! Plus fort que tout, plus fort que la finance, plus fort que votre petite âme errante.
J’aurais pu, par exemple, chercher pendant des heures ce numéro de Temps mêlés qui vient opportunément apporter de l’eau fraîche à ma récente note sur Schwarz-Abrys si le hasard (pour ne pas dire un sous-jacent savoir) ne s’en était mêlé. J’ignorais pourtant que je l’avais. Je l’avais proprement oublié. C’est cependant la première chose qui m’est tombée sur la gargoulette, cette petite brochure bleue sale, lorsqu’en voulant mettre de l’ordre dans le capharnaüm de ce qui me sert de bibliothèque, j’ai fait valser une pile de documents divers. «Bienencontreux acte manqué», me suis-je dit.
Tout à fait réussi, si l’on considère qu’atterrissant sur ma moquette double épaisseur, ce numéro 22 de la revue de Verviers, daté de 1956, s’est ouvert sur un article d’Anatole Jakovsky, intitulé : Schwarz-Abrys ou Peinture au couteau sans cran d’arrêt. Il ne pisse pas loin. Il fait partie de ces petits textes oubliés qu’on n’arrête pas de retrouver par ci par là tant il est vrai que l’Anatole a pu se disperser. C’est du bla-bla.
On n’y apprend pas grand chose. Sauf que Schwarz-A. résidait dans l’impasse Deschamps à Ménilmontant et qu’un séjour d’été au bord de la mer a inspiré au peintre des tableaux peints avec les yeux des sirènes. Ce n’est pas évident à voir la repro qui accompagne l’articulet de Jako mais il s’en trouvera peut-être parmi vous pour en faire son miel (ou son «biju», pour les Animuliens attentifs).
09:40 Publié dans Gazettes, Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anatole jakovsky, léon schwarz-abrys | | Imprimer | | |
19.10.2008
Les murs de Ste Elisabeth
Comme j’ai traîné ma flemme pendant tout le ouikène, il faut pas trop compter sur moi pour vous apporter des p’tites nouvelles bien fraîches sur un plateau. J’ai juste eu la force de ranger mes deux douzaines de sacs à main qui commençaient à taper sur les nerfs de mon chéri et de vous choisir, dans ma photothèque en stand-by, deux images extra de chez extra. On n’en trouve pas souvent des comme ça. Il faut remonter aux photos de Jean-Philippe Charbonnier que je vous ai montrées le 22 janvier 2007 dans ma note HP Réalités de 1955 pour trouver chose pareille.
Celles-ci ont été prises je sais pas par qui. Flickr, le site collaboratif où je les ai repérées, indique seulement qu’elle ont été «selected by Katleen». Merci Kat. Ces dessins que l’un de vos commentateurs qualifie de «modern hieroglyphics» proviennent du St. Elizabeth’s Hospital de Washington.
Ils ont été réalisés par grattage sur les murs d’une salle d’isolement par un patient, «a disturbed case of dementia praecox», acharné à représenter les événements de sa vie passée
Il semble que le créateur ait travaillé en retrouvant la couleur rouge de la brique sous l’enduit chamois : «pin or fingernail used to scratch paint from wall, top coat of paint buff color, superimposed upon a brick red coat of paint» nous dit la légende en anglais qui accompagne ces clichés.
Votre petite âme errante adore le côté lettriste avant-la-lettre de cette œuvre qui date probablement du début du XXe siècle. St. Elizabeth est un établissement historique du genre gothic revival qui a été créé en 1855.
Comme il est toujours en activité, il se pourrait que cette chambre à libres figurations pariétales et silhouettes à engrenages existe encore et qu’elle propose toujours au visiteur son rébus. Bon…, on peut rêver, non ?
23:58 Publié dans Ailleurs, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |
15.10.2008
Mangez brut !
C’est fou ce que Mantegna peut me ramener à la cuisine. Si j’en crois, du moins, les commentaires à ma note nuageuse du 30 septembre dernier. C’est Teresa qui s’est «régalée» avec le Trionfo della Virtu ! C’est Mamina, une inventeuse de recettes, qui m’invite à aller sur son blogue voir Si c’était bon.
Vous me croirez si vous voulez mais il ne sont pas rares ceux qui arrivent sur Animula Vagula en tapant «Choux farcis». Tout ça parce qu’un jour de décembre 2006 (le 20 exactement), j’ai mitonné un petit ragoût autour d’un livre d’Allen S. Weiss.
C’est sûr que je devrais vous la jouer gastronomie plus souvent. C’est un bon sujet, tout ce qu’il y a de people. Idéal pour l’audience. Hélas, il cadre mal avec mon thème mental. Rien de plus culturé en effet que la cuisine, rien de plus savant, de plus raffiné, de moins hors l’hénaurme.
La française, particulièrement, qui a tendance à se prendre pour le sel de la terre et de la mer réunies.
Pourtant je ne désespère pas d’accrocher mon petit fait-tout brut à la queue de cette vénérable casserole. Quelque chose me dit en effet que dans la république de la gourmandise, il y a, comme partout, deux thèses qui s’affrontent. L’une, vivifiante et gueuse, porteuse de saveurs sauvages. L’autre majestueuse et chichiteuse qui s’épanouit dans les délices de Mantoue (Pardon : de Capoue). Il est bien sûr dans la nature des choses que la seconde méprise la première mais lui emprunte sans vergogne.
La cuisine en toque blanche ignore la cuisine en sabots (ou en crocs) mais elle lui fait les poches et bien des choses dégueulasses venues des fournaux médiévaux, péquenauds et/ou exotiques, une fois domestiqués et anonymisés, se retrouvent dans nos assiettes intelligentes, contemporaines et syncrétiques.
Tout ça pour dire qu’il en est de l’art culinaire comme des autres : on peut y faire des découvertes, au moins rustiques et modernes, sinon brutes.
Mangez brut, vous penserez de même !
Les images ci-dessous représentent une chose comestible.
Un bouquin de Mamina à la première (ou au premier) qui me dira ce que c’est et comment on l’assaisonne.
01:16 Publié dans De vous zamoi, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
13.10.2008
Vivian Girls Band
Si je vous dis «Vivian Girls», ça vous évoque Henry Darger.
Et bien, vous y êtes pas. Mes recherches linguistiques m’ont permis de le découvrir : les Vivian Girls ne sont plus ces héroïnes pantelantes et étranglées qui luttent avec courage contre des prédateurs sadiques impitoyables dans les compositions magnifiques et vénéneuses du grand créateur américain. Les Vivian Girls sont maintenant un groupe de filles de Brooklyn que vous pouvez classer dans vos mots-clés à la rubrique Shoegaze.
Une blonde asperge ado qui vient visiblement d’abandonner son appareil dentaire, une brune boulotte et rigolotte avec ses grosses lunettes et une rousse à frange, joliment tatouée sur les bras. Lisses, gentilles et sympathiques. «les brus idéales», grince mon chéri-que-j’ai. Visionnez leur vidéo, écoutez leur son sale et sucré à la fois. Mon daddy qui a la dent dure prétend qu’«on dirait The Mamas and the Papas sans les Papas». Pas de papas, sauf The Wipers, Nirvana, Black tambourine et The Sangri-las (vraiment très las) nous apprend Mr My Space Music.
Mais déjà 5710 amis.
Méchante comme je suis, j’ai failli coller ces VG dans la catégorie Nos amies les bêtes mais à la réflexion, les images du film de Timothy Flore, Tell the world, où l’on voit le trio VG menacé, dans la forêt noire, par ses copains déguisés en Lucifers et Teddy bears, me porte à l’indulgence.
Ces souris-là, visiblement, s’amusent un max et ça, ça se respecte. Et puis on avait déjà le groupe Art brut et le groupe Rinôçérose (voir mes notes du 14 déc. 2005 et du 3 août 2006) alors, les Vivian Girls, why not ?
00:05 Publié dans Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henry darger | | Imprimer | | |