30.07.2009
Cuba nous fait des Signos
Belkis Aion, 1993
Cuba-Boix qu'est ce qu'elle va pas pas inventer là Animula?
Faut vous dire que je serais bien allée danser la salsa à Groninger, à Groninger en Hollande. A Groninger parfaitement. Parce que figurez-vous là-bas, au musée du coin, il y a, jusqu'au 20 septembre 2009, une expo sur l'art cubain : ¡Cuba! art et histoire de 1868 à nos jours.
C'est bien le diable là-dedans si y'a pas kekchose à découvrir. Un jour ou l'autre le couvercle de la marmite barbudos va finir par voler en éclat, le voisin américain va cesser de faire la gueule et on va assister à l'arrivée sur le marché d'un tas d'artistes cubains qui rongent pour le moment leur frein de bicyclette.
C'est ce qu'a compris le Musée des Beaux-arts de Montréal qui a donné un coup de main à son homonyme de La Havane pour monter cette expo.
Je me demande pour ma part si on peut y voir des œuvres de Samuel Feijoo appartenant à la Collec permanente du Museo Nacional de Bellas Artes. Samuel Feijoo, c'est ce «frère d'âme» que Jean Dubuffet saluait dans le n°5 de Signos, une revue cubaine de 1971.
Cet artiste autodidacte, peintre et écrivain, est mort maintenant. Ses dates c'est 1914-1992.
Il m'intéresse parce que, dans les débuts de la Révolution, il a encouragé la création et la diffusion des artistes populaires de la région de Las Villas (Santa Clara).
Parmi lesquels, ceux salués (bis repetita) par Dubuffet qui, décidément ne craignait pas de soulever son petit chapeau de tweed pour les «camarades» (Dub emploie le terme!) à bérets étoilés : «la gracieuse Isabel Castellanos»,
Horacio Leyva,
Benjamin Duarte,
Angel Hernandez et «tous les autres pionniers de l'émouvant art brut de Cuba».
Je flaire une source : avis aux touristes animuliennes (et à leurs concubins) qui passent leurs vacances là-bas!
En attendant, moi, je vais me contenter d'aller voir Fidel à la Halle Saint-Pierre.
Fidel et d'autres toucans bleus,
oiseaux mondains
et religieuses d'Anselme Boix-Vives
qui ajoutent au mystère de la salle noire de ce montmartrois musée. C'est offert en prime avec l'expo Macréau et réciproquement. Et c'est jusqu'au 21 août 2009. Deux pour le prix d'une.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, art cubain, anselme boix-vives, revue signos, revista signos, samuel feijoo, jean dubuffet, isabel castellanos, horacio leyva, benjamin duarte, cuba, santa clara | | Imprimer | | |
26.07.2009
Ciel! mon Macréau!
Un Macréau d'été ça vous dit?
Si vous venez comme mon daddy de vous retaper la lecture de Paris au mois août de René Fallet.
Si les gosses sont en colo et votre chéri en séminaire à La Rochelle.
Si vous vous sentez l'envie d'un cornet de glace à Montmartre.
Alors c'est l'occasion d'un crochet par la Halle Saint-Pierre qui expose toujours le peintre Michel Macréau jusqu'au 28 août 2009.
Et si vous êtes un touriste déjà blasé de la vie cul-tu-relle du 75-3 ou 4, si vous en avez soupé de Pompidou et que le Musée Picasso vous gave. Si les galeries de la Vieille-du-Temple, des Francs-Bourgeois et de la rue du Perche sont fermées pour les congelés annuels. Si, si, si... et bien c'est pareil.
Mettez le cap sur Anvers (la station de métro), enfilez la rue de Steinkerque, tournez à droite vers la Sainte-Halle, montez l'escalier hélicoïdale et vouzyêtes.
Rien d'autre à faire après ça que de vous en mettre plein «les carreaux» si je m'exprimais comme Fallet. L'expo a suscité des commentaires. Vous pourrez les lire sur le mur de la presse affiché dans l'entrée du musée. Je vous dirai pas si elle est trop ceci ou trop cela. Je m'en «foute» pour parler comme Patricia, l'héroïne anglaise du roman cité + haut.
Simplement, c'est une expo d'envergure sur un artiste important dont le travail est en résonance et en fraternité avec l'art brut. C'est assez rare non? Et vous seriez bons à rayer de la map si, si, si, passant par cheux nous, vous loupiez l'occase.
La faune humaine, 1961
En se penchant sur la margelle, 1962
sans titre, 1967
La danse des 12 têtes, 1985
Le cimetière abandonné, 1988
La blessure de l'ange, 1989
Toutes les photos sont extraites du dossier de presse
Si vous y tenez, vous pourrez prolonger la visite par un souvenir : la lecture assez fastoche (la langue est claire et même aimablement familière) du bouquin qui accompagne l'exposition Michel Macréau. Je suis pas folle de son sous-titre : Entre diable et Dieu. Je vois pas trop ce que les bondieuseries viennent faire là-dedans même si Macréau, c'est vrai, se sert (mais dans un sens absolument pas cul-béni) de figures christiques.
Quant aux diableries, franchement, on nage pas en plein gothique chez Macréau! L'auteur de cette monographie a tendance à faire à Macréau ce que Paul Claudel a fait à Arthur Rimbaud. Edulcorant le potentiel de révolte, sous-estimant le dialogue du corps et du psychisme, négligeant les signes chamaniques au profit de la sacro-sainte croix dont Macréau se servait plutôt pour des motifs purement formels, il parsème son texte de «graal», de «genèse», de «blasphème», de «religion», d'«autel», de «grâce» et autre «spiritualité».
Un vrai bazar mystique qui nous mène tout droit à une conclusion hagiographique après laquelle on n'a plus qu'à dire amen. Il attribue l'apaisement relatif que, selon lui, Michel Macréau aurait trouvé à la fin de sa trop courte vie (il est mort à 60 ans conscient d'être condamné par la maladie) à «la reconnaissance» qu'il sentait «sincère chez son dernier marchand».
Hypothèse qui mérite sans doute d'être envisagée mais gageons qu'elle aurait plus de validité si ledit dernier marchand n'était aussi -comme ça se trouve!- l'éditeur dudit livre.
17:53 Publié dans Expos, In memoriam, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel macréau | | Imprimer | | |
18.07.2009
Dereux et Dubuffet font les Beaux-Arts
Dereux + Dubuffet = Lyon. Même si vous êtes nuls en calcul c’est une addition facile à faire, mes p’tits Gnafrons. Et si vous vous sentez une petite faim pour le jésus, la rosette, le tablier de sapeur et la cervelle de canut, si vous vous sentez prêts à vous envoyer derrière le tchador un vieux pot de Beaujolais, c’est le moment de descendre ou de monter dans cette bonne cité de Lugdunum.
Lyon nous offre cet été deux bonnes occasions d’aller bouchonner dans ses murs. First of all parce que le Musée des Beaux-Arts (rien que ça !) a le bon goût de se souvenir que Philippe Dereux est un régional de l’étape. Il lui offre, jusqu’au 21 septembre 2009, une expo en compagnie de son ami et mentor Dubuffet Jean pour ne pas le nommer.
Philippe Dereux, c’est le type aux épluchures, cet artiste sincère et discret sur lequel Tom Le Guillou avait porté le projecteur de la Galerie Messine à la fin de sa vie.
Dereux : on n’imagine pas plus belle figure de «l’homme du commun à l’ouvrage» ! Avec son sourire timide et son look de gentil cousin de province, on croyait pas, dans les vernissages, que c’était lui l’auteur de ces théâtres de graines, d’écailles et d’épluchures délicatement assemblés par collage.
© Photo Jac Perrichon
Quand on lui rendait visite, chez lui, à Villeurbanne c’était pareil. Dans un décor de peaux de pêches achevant de sécher sur un radiateur, il se tenait bien sage dans un chandail couleur de terre, tout à fait dans la gamme chromatique de ces «tableaux» fruiteux-légumineux qu’il réussissait à préserver de la corruption et des injures du temps par toute une petite chimie de techniques patiemment mises au point depuis la fin des années 50 où il avait commencé à œuvrer pour lui même.
Et non plus comme assistant de Dubuffet qui, à Vence, s’était gagné le concours de cet instituteur en vacances, un peu empêtré dans son désir intimidant d’écriture. Ayant renoncé au statut d’homme de lettres, Philippe Dereux devait renouer d’ailleurs avec sa passion littéraire à l’occasion de sa nouvelle activité plastico-éplucheuse où il s’était engagé en toute ingénuité, «tout à fait par hasard, sans but préconçu, pour voir, comme disent les enfants (…)».
J’abrège pour vous dire que, si vous vous grouillez un brin, vous pourrez aussi, jusqu’au 28 août, courir à la Bibliothèque Municipale de La Part Dieu où ce que vous verrez l’expo Archives de l’infamie montée autour de La vie des hommes infâmes, un texte anti-plutarquien de Michel Foucault.
Elle nous promet des photos d’asile, des images de sans-papiers, des empreintes de mains du début de la criminologie, des cahiers de détenus et des dessins ou tatouages de bagnards.
Moi, je crains de pas pouvoir mais si vous passez par là, n’hésitez pas à lâcher vos commentaires.
23:55 Publié dans Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, philippe dereux, jean dubuffet, michel foucault, archives de l'infamie | | Imprimer | | |
14.07.2009
Marguerite Burnat-Provins au festival de Montreux
Burnat-Provins jazzyfiée! Je vous ai déjà effeuillé (le 19 novembre 2005 pour être précise) cette vénérable Marguerite. Un peu d'assoupissement lui va pas mal au teint mais il est bon de temps à autre que l'on réveille cette Belle au bois dormant. Cet été, c'est le Festival de Montreux qui s'y est collé avec une création musicale au Petit Palais le samedi 11 juillet 2009. Dominique Reymond a lu des textes du Livre pour toi, le chant d'amour fou de M. B.-P. sur des musiques du percussionniste Jean Rochat.
Le quatuor à cordes Barbouze de chez Fior (l'after-shave du tonton à Zazie!) les accompagnait. La fiche-artiste de ces Barbouzettes conviait les auditeurs «à la rencontre entre des mots bruts et essentiels» et un «univers de cordes et de percussions». Ouais.
Sauf que, manque de bol, pour remarquable qu'il soit, le poème en prose intitulé Le Livre pour toi n'a rien de précisément brut. Il valut certes à son auteur la réprobation suisse générale parce qu'il exposait le désir féminin sur la place publique, en des termes qui nous paraissent bien sages aujourd'hui que nous sommes gavés de Vie sexuelle de Catherine Machin.
Mais, il n'est rien dans sa syntaxe, dans son vocabulaire ou dans sa logique qui puisse se comparer avec ce que Michel Thévoz appelle un «écrit brut». Simplement une femme libre a un trébomec dans la peau et elle nous le fait savoir avec une pudeur poétique plus excitante pour le «qu'en-dira-t-on?» que la plus provocatrice obscénité.
Cette création musicale sera reprise le 26 et 27 août 2009 à Savièse, qui en 1907 trouvait Burnat-Provins plutôt encombrante. Une expo à la Maison de la Culture de cette ville retracera, du 20 août au 27 septembre 2009 les différentes périodes de sa peinture.
L'autre Marguerite Burnat-Provins (car cette artiste exceptionnelle possède deux facettes à son talent), la créatrice d'une galerie de portraits sublimes et inquiétants tout droits sortis d'un monde hallucinatoire, fera parallèlement un petit tour sur la scène de la Collection de l'Art brut à Lausanne du 3 juillet au 21 septembre 2009.
Le flyer distribué à l'occasion de ces diverses manifestations choisit évidemment son camp sur le plan iconographique. Le camp de l'art brut dont Marguerite Burnat-Provins, du fait des hésitations de Jean Dubuffet à son propos, reste cependant un électron périphérique. Il faut dire qu'il est rare de voir passer aussi nettement à l'intérieur d'un même artiste la ligne de clivage entre l'art culturel et l'art brut. C'est en quoi le cas Burnat-Provins est si intéressant.
17:11 Publié dans Expos, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marguerite burnat-provins, art brut, festival de montreux, barbouze de chez fior, le livre pour toi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
04.07.2009
HYPNOS : ne vous endormez pas!
Hypnos, hypnos! (ύπνος, ύπνος). C'est un peu comme : θαλασσα,θαλασσα! (thalassa, thalassa), ça me rappelle les îles grecques où de vieux moustachus agitaient ce mot sous le nez des touristes en quête d'une chambre chez l'habitant. Dormir, rêver peut-être... Mais pas sur ses lauriers comme votre petite âme errante a tendance à le faire.
Aujourd'hui Hypnos est à Lille, pas à Mykonos. Au Musée de l'Hospice Comtesse, pour une exposition éponyme (je fais dans le grec ce soir, c'est la faute aux Abribus mis en boîte par Langue sauce piquante).
Et un peu plus j'oubliais de vous rappeler que cette expo, tranquillement sous-titrée «images et inconscients en Europe (1900-1949)» (rien que ça) va se terminer le 12 juillet.
On ne verra plus bientôt les yeux charbonneux de la marquise Casati qui servent d'emblème visuel à la chose. Ils étaient pourtant bien jolis, bien médianimimis, même si le photographe avait bougé à la prise de vue. Je fais ma pouffe, bien sûr, puisque le photographe c'est Man Ray. Quoi de plus respectable que ce monsieur Ray?
A part ce monsieur Char qui frontonne le catalogue d'une de ces citations péremptoires et sublimes dont il a le secret : «Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté».
Tant de beauté m'intimide personnellement. J'aurais préféré une mocheté de Wölfli, une dégueulasserie de Jan Tóna, une kitscherie magnétique d'Elise Müller (prononciation restituée pour : Hélène Smith) mais ce n'est pas demain la veille que l'on accrochera le train de la culture à la locomotive de l'art brut. C'est toujours l'inverse qui se produit et cette expo n'innove pas sur ce point.
Soyons juste cependant. Elle ne se contente pas, comme d'ordinaire, de faire reluire notre avant-garde number one à nous. Le défaut des Français est de se croire universels mais à côté du surréalisme et des courants qu'il a cherché à satelliser, il y a Dada, le cubisme tchèque, le cinéma allemand de l'entre-deux-guerres, Freud et Jung, Prague, la Hongrie, la Roumanie, l'art brut, les spirites unis de tous les pays.
Elise Müller-Hélène Smith
J'en passe et des meilleures. L'expo Hypnos, basée sur le principe fromage et dessert ne nous fait grâce d'aucune de ces facettes.
Faupin, Boulanger, Surlapierre (Savine, Christophe et Nicolas), les commissaires de l'expo bataillent furieusement pour faire tenir tout ça ensemble avec le concours de gens méritants. Chacun touille du mieux qu'il peut et la cuiller en bois finit par tenir debout dans la casserole. Pour finir par atteindre le but recherché : «explorer la rencontre entre inconscient et modernité»? On se le demande.
J'aurais voulu aller sur zone pour me rendre compte par moi-même. Des informateurs animuliens m'ont dit grand bien des totems de Victor Brauner. Rester scotchée devant son Objet de contre-envoûtement, ça m'aurait plu.
Mais c'est la réunionite au bureau, je suis mobilisée par mes cellules de crise. Impossible de bouger. J'ai dû me contenter de consulter le copieux catalogue dont la couvrante est du peintre spirite F. Rofelin (un bon point).
«Tâche impossible» aurait peut-être dit le Dr Freud.
17:30 Publié dans Expos, Images, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, inconscient, lille, martine aubry, villeneuve d'ascq, sophie lévy, science des rêves, sigmund freud, jan tona, hélène smith, elise muller, f. rofelin | | Imprimer | | |
01.07.2009
Bodan Litnianski à l'encan
Bodan Litnianski convoité par les Chinois ? Allez pas croire que votre petite âme errante soit complètement à l'ouest. C'est fou ce qu'on peut lire dans la presse !
Par exemple dans L'Union (Champagne Ardenne Picardie) du 30 juin 2009, cet article de Samuel Pargneaux qui nous alerte sur la mise en vente du site de Viry-Noureuil (Aisne), célébré par Agnès Varda dans Les Glaneurs et la glaneuse.
J'aurais voulu retrouver le livre de Denys Riout et B. Teissedre sur le sujet pour vous documenter la chose. Mais, depuis 2004 qu'il est paru, il a été englouti chez moi dans une pile de bouquins devenu colonne. Et comme je construis moins solide que le « maçon-artiste » (comme dit Agnès), je n'ai pas osé tenter l'exploration et j'ai préféré ramper jusqu'à mon écran.
Heureux que la préface donnée par Varda pour ce livre intitulé Le jardin des merveilles se trouve là.
Et comme je dois garder du temps ce soir pour me faire mon masque de beauté au concombre, je vous livre l'info toute chaude pour que vous en fassiez ce que vous en voulez. Même acheter si vous êtes pété(e) de thune.
00:28 Publié dans art brut, Encans, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, bodan litnianski | | Imprimer | | |
28.06.2009
Aladin et le génie de Monsieur Tout-le-monde
Aladdin nous le dit : l'art brut est un sujet maudit.
Cherchant le calendrier des brocantes dans «le magazine des chineurs» du mois de juin (n° 251), je suis tombée sur un article de Bruno Delaine qui m'avait échappé à première lecture. Appartenant à la rubrique Il y a vingt ans, ce papier remonte le temps en direction du numéro 26 de ce canard qui a su se rendre indispensable, au fil des années, aux zamateurs et aux pros de l'antiquité (pas toc).
A cette époque qui date d'avant les téléphones portables (juin 1989), Aladin mettait déjà sa lampe merveilleuse sur son i mais il n'avait pas encore ce «double d» adopté depuis peu pour l'agrément de nos vacanciers-résidents anglo-saxons qui ne le lisent pas parce qu'il est en français.
Aladin ou Aladdin (prononcez comme grenadine) a toujours eu du mérite, on le voit. Ce n° 26, spécial Art brut et art naïf fut d'emblée un collector pour les petites fureteuses de ma trempe alors en pleine crise de croissance.
C'est qu'un support de grande diffusion qui consacrait son dossier du mois à notre dada chéri, ça courait pas les têtes de gondole alors. L'intérieur était tristounet avec des photos du Palais du facteur Cheval en noir et blanc (pardon, en black and white) et des caricatures qui avaient l'air de sortir du Hérisson.
Bruno Delaine décortiquait déjà les étiquettes, la peinture haïtienne était à l'honneur et Yankel donnait un coup de main pour le Musée de Noyers-sur-Serein, quasi inconnu au bataillon à ce moment-là. On restait sur sa faim mais c'était quand même pas mal.
Mais là n'est pas la question. Ce que je livre aujourd'hui à votre réflexion, dans le prolongement des commentaires pointus qui se sont portés sur ma note De l'art brut à l'art numérique, c'est la constatation à laquelle Delaine se livre dans sa chronique actuelle. Qu'ils soient «associés ou traités séparément», les sujets de l'art brut et de l'art naïf, «n'ont jamais marché» pour Aladdin. Ils ont toujours été synonymes de «bouillon», reconnaît sportivement B.D., fondateur du journal.
Ce qu'il ajoute révèle un étrange paradoxe: «quand nous programmons dans nos pages un sujet sur l'art spontané des non-initiés, nous sommes convaincus que nous n'aurons aucun mal à communiquer notre enthousiasme à nos lecteurs ébaubis. Mais caramba! (...) Les lecteurs-chineurs nous boudent, alors que les chineurs-lecteurs, dans les marchés et les foires, manifestent leur intérêt, voire leur fascination pour ces produits du génie de Monsieur Tout-le-monde. Allez comprendre». (...)
Bon entendeur salut à ceux qui croient que le dialogue entre l'art brut et l'art contemporain c'est vite-fait dans la poche !
22:59 Publié dans De vous zamoi, Gazettes, Jadis et naguère, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art naïf, aladin, aladdin, chineurs | | Imprimer | | |
27.06.2009
Sacré musée : Dieu saisi par l’art brut
Dieu saisi par l'art brut. Il fallait être québécois pour imaginer la chose : un Musée des Religions du Monde.
Au moment où je vous écris, il pleut faiblement sur Nicolet et c'est dans cette ville située à la pointe orientale du lac Saint-Pierre, en face de trois-Rivières (vous voyez?) que se trouve ledit musée.
Alors, une fois n'est pas coutume, votre petite âme errante qui n'est d'ordinaire pas très pratiquante, vous cause du bon dieu. C'est que, pendant tout l'été, le MRM de Nico expose, en collaboration avec le Centre des Impatients, Une certaine idée de Dieu.
Les Impatients c'est l'autre nom de la FATABQ, la Fondation pour l'art thérapeutique et l'art brut du Québec. Cette structure montréalaise déjà ancienne tire son nom d'une contradiction. Impatients c'est par opposition à patients, mot fâcheusement contaminé par son usage médical. Les Impatients n'en sont pas moins un lieu destiné à favoriser l'expression artistique de personnes à la recherche de la santé mentale. Un lieu qui encourage les échanges par la diffusion des œuvres produites.
Si vous visitez l'exposition, vous pourrez à votre tour représenter sur un mur de la salle qui l'abrite votre propre vision de l'être suprême. Comme Stanley Kubrick avec la plaque de chocolat dans 2001, l'Odyssée de l'espace.
Si vous préférez être spectateur plutôt qu'acteur vous pourrez comparer les 21 toiles impatientes, supercolorées et de 9 pieds sur 12 (un pied = 30 cm grosso modo).
Attention : d'après le peu d'images dont on dispose, c'est de l'art brut grosso modo parlant . Peintures du genre art-thérapique (et pic et colégram) plutôt. Mais un peu d'indulgence que diable ! C'est pas tous les jours qu'on a un sujet québécois. Pas tous les jours non plus que je vous offre le bon Dieu sur un plateau.
23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
23.06.2009
De l’art brut à l’art numérique
De l'art brut à l'art numérique ou la nouvelle tarte à la crème. Si ça continue, je change de crèmerie. Je me convertis aux poissons d'aquarium, aux faux-ongles américains ou au vélo d'appartement, n'importe quel sujet plutôt que l'art brut.
Quand j'ai commencé, je naviguais tranquille dans mon océan de créativités sans rivales et voilà que maintenant des flopées de coquilles de noix outsiders se pavanent toutes voiles dehors dans mes eaux territoriales comme si c'étaient du vulgaire mainstream.
Pas une expo aujourd'hui qui ne se pare des plumes de l'art brut, pas un curator qui ne se colle avec délice ce dossart sur le maillot. Cela devient rasoir. J'exagère mais à peine.
Prenez par exemple De l'art brut à l'art numérique. Titre alléchant s'il en est. Le problème est que les 3 artistes roannais qui se sont réunis sous ce label sont peut-être très fréquentables mais ils n'ont strictement rien à voir ni de près ni de loin avec l'art brut.
Princesse Ficelle fait dans la joaillerie, Mathilde Comby dans la photo, quant à Julien Margotton, il m'a tout l'air d'être un bon graphiste doté d'un matos up to date.
Alors? L'art brut où est-il? Dans les Alpes-Maritimes peut-être? Tournicottons nous vers le Musée International d'Art naïf Anatole Jakovski de Nice qui nous promet un «dialogue entre l'art brut et l'art contemporain» (tartala...). Tout ça par la confrontation de 3 «apprentis sorciers» :
Michel Macréau,
Dominique Liccia,
Jean-Michel Basquiat.
Tout à fait bonard mais j'ai un p'tit souci : qui c'est-il qu'est vraiment brut dans ce trio gagnant ? Je vous laisse juges.
Heureusement que dans le Quercy on se décarcasse. A Saint-Cirq Lapopie où Dédé des amourettes venait en villégiature avec ses potes surréalistes, le musée départemental Rignault aligne 9 artistes sous un concept estampillé (allez savoir pourquoi) Homme, terre, ciel.
Parmi ceux-ci, deux créateurs (Josef Hofer, Alexis Lippstreu) indubitablement dignes du sérail animulien. C'est eux sans doute que la présentation qualifie de «tenants de l'art brut». Mot malheureux mais pas plus que ceux choisis pour désigner les 7 restants : «témoins du marché de l'art» (sic) et outsiders (glop).
Josef Hofer
Alexis Lippstreu
On a jusqu'au 4 octobre 2009 pour faire comprendre aux rédacteurs de cette présentation que Hofer et Lippstreu n'ont pas des têtes de «tenants» et que le simple fait pour un créateur de se déclarer partisan de l'art brut signe automatiquement sa non-appartenance à cette catégorie.
23:25 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, michel macréau, josef hofer, alexis lippstreu, saint-cirq lapopie | | Imprimer | | |
17.06.2009
Fusco recto verso
Sylvain Fusco en est la preuve, on peut dire que je suis vernie. Mes lecteurs me gavent de scoops.
Des fois, je me fais l'effet d'une otarie qui n'a qu'à ouvrir la goule pour qu'on y jette du poisson dedans.
Et pas du menu fretin, comme vous pouvez voir en découvrant le biface au Dr Requet que vous avait promis Christian Berst dans son commentaire à ma note du premier de ce mois.
Et puisqu'il est question de vernissages et que ce dénicheur de chefs d'œuvre oubliés les enchaîne comme des perles, j'en profite pour vous déléguer à celui de American Outsiders car moi, je suis prise demain.
23:23 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, sylvain fusco, christian berst, mose tolliver | | Imprimer | | |