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18.12.2008

La maison aux fenêtres qui rient

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C’est un giallo. Un «jaune» si vous préférez. Nous on dirait un «blême» ou un «noir» par allusion aux séries du même nom. Enfin c’est du glauque, quoi. Un thriller horrifique à l’italienne puisque «giallo» fait référence à ces romans policiers populaires en usage chez nos voisins de la botte.

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C’est le genre de film que je regarde du coin de l’œil sur le câble dans les intervalles où j’attends que se télécharge le mickey que je cherche depuis 10 minutes à incruster dans ma note. Avec cette méthode, je loupe des trucs mais c’est idéal pour me protéger quand la télé fout trop la trouille. C’est que ça peut être angoissant un giallo! Surtout quand il est super-efficace comme cette Casa dalle finestre che ridono (La Maison aux fenêtres qui rient) du réalisateur Pupi Avati.
podcast


Ce film pictural et zarbi qui date de 1976 repasse sur Cine FX, samedi prochain, 20 décembre 2008 à 16h10. Branchez-vous dessus, vos cadeaux de Noël attendront dans leurs magasins vigi-piratés. C’est beau comme du Dario, Dario Argento of course.
Mais si je vous en parle, c’est pas parce que je sais que vous aimez l’hémoglobine.

Faut que ça saigne, d’accord et ça saigne très fort dans la Casa mais c’est surtout dans la peinture que l’on nage. De la peinture qui se confond avec de la folie. Vous me voyez venir? Car la peinture, une peinture folle qui fait dire au peintre : «les couleurs, elles coulent de mes veines» c’est ça le sujet du film.

On la croise par ci par là : des tableaux du style surréaliste fantastique autodidacte décalé, post années soixante. On aimerait bien d’ailleurs (cinéphiles à vos claviers!) savoir qui les a fait, à quel accessoiriste nous les devons. Le peintre est mort. Il s’est suicidé, d’un suicide pas propre. Dans une église de campagne de l’Emilie-Romagne, il a laissé une fresque, un martyre de Saint-Sébastien auprès duquel ceux de Mantegna ont l’air d’être des bizounours.

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Une scène de meurtre sauvage en fait, comme le découvrira petit à petit le héros principal, un jeune restaurateur raffiné (on est en Italie) venu pour réparer les injures du temps (ou du vandalisme) infligées à la peinture. Obsessionnellement, le film revient à cette peinture, c’est que le peintre fou, son plaisir c’était de peindre des personnes en train de mourir.

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On l’avait baptisé «le peintre des agonies» dans son village. Et comme il avait des sœurs assez garces pour lui procurer des modèles et des occasions … Stefano, le restaurateur de tableaux, reçoit de l’aide comme tout héros qui se respecte mais elle lui fait vite défaut. Son copain se fait défenestrer. Quant à la trop belle institutrice avec laquelle il ne tarde pas à faire zig-zig, on peut pas compter dessus. Pourquoi se laisse-t-il enfermer dans une grande baraque habitée par une vieille dame crépusculaire ? Mystère. Mais ça nous vaut des petits plans étroits comme des lames de couteaux.

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Un vieux magnétophone, des volets peints de bouches au sourire ensanglanté, la présence-absence de l’artiste morbide sature l’ambiance. Il paraît que le réalisateur a collaboré avec Pasolini sur Salo. Je vais vous dire une chose : ça se voit.

00:38 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Images, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : giallo | |  Imprimer | | Pin it! |

17.12.2008

Villeneuve d’Ascq : de MAM en LaM

martine kiffe mon blog.jpgPauvre Martine! Avec tous les soucis que lui cause la téléévangéliste de son parti, voilà qu’il faut maintenant qu’elle s’occupe d’un MAM qui devient LaM! Depuis qu’il est fermé, on finissait par oublier le MAM (Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq). Le voilà qui sort la tête dans la presse régionale, à la façon du monstre dans son Loch Ness.

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cerises.jpgUn article de Nord Eclair du 13 décembre 2008 fait la lumière sur l’avancement du chantier. C’est pas fini ! D’abord prévu début 2008, espéré pour le printemps 2009, le bébé ne devrait pas voir le jour avant les cerises de 2010.

Si, d’ici là, la naissance n’est pas contrecarrée par de nouvelles études et travaux supplémentaires, coûteux par définition.

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Les arguments invoqués pour expliquer ce retard m’ont semblé, je dois dire, excellents. On frémit à l’idée qu’on ait pu jadis passer à côté de placards amiantés, lors de nos visites dans le bâtiment historique construit en 1983 par Roland Simounet. Heureusement qu’on a fini par s’en apercevoir en ôtant les anciennes cimaises!

Le public n’imagine pas tout ce qu’on fait pour lui. Il va, il vient, il cause dans son téléphone portable, il se laisse vivre, le public.

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Il a tendance à se vautrer dans les vieilles idées, à enfiler les pantoufles des anciennes appellations. Il pense - croyez-vous que c’est bête - que ça va plus vite de dire «musée d’art moderne» parce qu’on l’a toujours dit, plutôt que «musée d’art moderne, contemporain et d’art brut» qui exprime tellement mieux ce que le MAM est en train de devenir. Il est attaché, le public, à de petites choses comme un clocher (mettons : à une ville, fût-ce une Villeneuve). Il aperçoit mal, l’innocent, la nécessité de se «positionner en métropole». De MAM à LaM, la différence est considérable, on en conviendra. Le règne sans partage de l’art moderne, c’est terminé, à Villeneuve d’Ascq, mets-toi bien ça dans le cigare, public rétrograde!

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Maquette de Manuelle Gautrand

Que tu le veuilles ou non, avec la nouvelle «main» qu’on est en train d’ajouter au bâtiment principal, le machin (j’ose plus dire le musée d’art mo…) de Lille Métropole (j’ose plus articuler Villeneuve d’) est en train de virer définitivement au monstre à 3 têtes.

La collection d’art moderne formée autour de la donation Masurel,

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la collection d’art brut formée à partir de l’atterrissage de L’Aracine,

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la collection d’art contemporain.

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En chiffres : 8400 m2, 3300 en surface d’expo dont 850 pour l’Art brut.
Trois têtes sous le même bonnet : telle est «la mue du MAM». Pas facile de trouver quelqu’un pour chapeauter tout ça. Un cabinet de recrutement a voulu chercher ch’capitaine. Il a été remplacé par un «exécutif communautaire». Objectif : choisir pour conservateur en chef «une personnalité incontestable» et que ça saute! Martine Aubry devra choisir entre 3 noms qui lui seront proposés. Avec tout ça, je suis sûre que cette pauvre maire de Lille n’aura pas le loisir de nous expliquer ce que signifie le logo LaM car moi là, j’avoue que j’ai pas bien pigé.

00:05 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (6) | |  Imprimer | | Pin it! |

14.12.2008

La Pommeraie dans son jus

Pommeraie, Pommeraie, Pommeraie. Comment voulez-vous, qu’avec le lourd bagage intellectuel que je me coltine, ce mot-là m’évoque pas Nantes et André Pieyre de Mandiargues? La ligne 1 était bourrée jusqu’à la gueule, ce jeudi 11. Tout le monde semblait se rendre au vernissage de la Galerie Objet Trouvé, ce soir-là. Pour me soustraire un peu à la pression d’une mère Noël qui m’enfonçait ses cadeaux dans les côtelettes, je me répétais : Pommeraye. Et je pensais au passage du même nom que Mandiargues a si bien évoqué dans Le Musée noir.

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Quand le tromé me cracha à la Bastille, c’était une autre chanson. On était loin de Nantes et de son fameux passage couvert. Disons, pour rester dans la note surréaliste urbaine qu’on nageait plutôt dans le Léo Malet. rue de charenton lune.JPGIl était dit que Paris ferait des pieds et des mains pour déployer sa magie glauque en l’honneur de La Pommeraie, cet atelier de création belge momentanément (jusqu’au 17 janvier 2009) arrimé au vaisseau amiral de Christian Berst. rue de charenton nuit vide.JPG
On eut donc droit aux lampions, à la lune masquée et à la couleur d’ambre de la rue de Charenton.
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A l’intérieur de la Galerie, une petite plante verte jouait les bonsaï, génie tutélaire de la fête.

A l’extérieur, une auto-jouet brillait sous la bruine verglaçante.

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Les œuvres étaient là et leurs créateurs aussi. On ne les distinguait guère des visiteurs. Pourtant ce devait être un gros effort, pour certains, de se retrouver là, loin de leur base, en compagnie d’inconnus bourdonnant comme des abeilles.

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«C’est fatigant!» reconnaissait l’un d’eux qui appréciait le divan blanc d’Objet Trouvé. D’une bourrade amicale, Bruno Gérard qui, en temps qu’artiste chargé de cet atelier, a l’habitude d’encourager son monde, lui communiquait du réconfort.

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Est-ce l’accrochage ou une certaine hétérogénéité inhérente aux œuvres présentées ? Il m’a semblé que l’expo hésitait un peu entre la présentation générale du travail de l’atelier et l’hommage appuyé au trop remarquable Paul Duhem.

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Elle ne faisait qu’accentuer la différence entre la forte cohérence de l’œuvre de celui-ci et les réussites plus aléatoires des autres créations.

Mais, il faut dire que je suis mauvaise juge car plus j’ouvre les portes de ce Paul qui commençait toujours ses compositions en réservant sa petite part de signature, plus j’en suis raide dingue.

Il faut dire aussi que l’expo est complétée par un gros bouquin gris dont je n’ai pas pu m’approcher parce que -shit, crotte, zut- il y avait toujours un gros dos sur le chemin de votre petite âme errante.

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20:39 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem | |  Imprimer | | Pin it! |

07.12.2008

Miss Animula versus Miss France

deviens-miss-france.jpgOn couronne Miss France, pourquoi pas Miss Animula ? Ou Mister Vagula of course, si vous préférez, selon que vous appartenez au genre taille fine ou au genre grosse moustache.

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Je sais pertinemment que les petits fûtés et les grosses malignes que vous êtes manquent pas une occase d’étaler leur science.
Du moins, si j’en crois la fréquentation sur ma note du 10 novembre 2008 : Shigabcd catalogue art brut.

Alors, pour ce qui concerne les drôles d’images noires qu’il fallait reconnaître sur ce post, voici les résultats :

coq nuage.jpgN° 1 : Henry Darger

 

 

 

 

 

cornes.jpgN° 2 : Judith Scott

 

 

 

 

 

ombrelle.jpgN° 3 : Madge Gill

 

 

 

 

 

pantin.jpgN° 4 : Janko Domsic

 

 

 

 

 

tête de cerf.jpgN° 5 : Martin Ramirez

 

 

 

 

 

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Si vous avez 5 bonnes réponses, vous avez le droit au titre d’Animulien(ne) de choc (A.D.C.).

medaille de bronze.jpgEntre 2 et 4 bonnes réponses, à celui d’Animulien(ne) méritant(e) (A.M.)

medaille d'argent.jpg1 réponse juste : vous avez encore un effort à faire pour être Animulien(ne).

0 réponse : c’est pas la honte mais presque.

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Un petit effort s’impose pendant les vacances de Noël. Profitez-en pour réviser chaque jour l’une ou l’autre des 427 notes que votre petite âme errante vous a proposées depuis qu’elle est sur le marché.

Et comme cette révision sera un plaisir plutôt qu’un pensum, c’est un exercice que je me permets de recommander à tout le monde, A.D.C., A.M. ou Animulien(ne) tout court. Un peu d’entretien ne peut jamais faire de mal à votre beauté animulesque.

20:24 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, henry darger, judith scott, madge gill, janko domsic, martin ramirez | |  Imprimer | | Pin it! |

03.12.2008

Zemánková (s) 2008/2009

invit zemankova.jpgZemánková-Praha : nouvel épisode à la Galerie Havelka, du 18 décembre 2008 au 27 janvier 2009. Sur le carton d’invitation, ça commence comme un épi, ça se poursuit en ailes de libellule, ça s’épanouit en collerette de dragon, en arêtes de poisson volant, en griffes de dents de lion. Anna Zemánková sème à tous vents, hisse son pollen, hurle son pistil. De sa tige monte une répétition de chauves-souris qui déroulent une gamme de membranes, rouges comme les touches d’un clavier imaginaire et belles comme des pierres précieuses.

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Ce que les œuvres de cette grand-mère, éternelle dans la création, peuvent paraître musicales, c’est rien de le dire! La houle des gerbes sous le vent, la stridulation des insectes, le friselis d’un étang, c’est tout ça qui nous saute dans les oreilles autant que dans les yeux dans ce dessin de ZZZZZémankoVVVVVa. Ce que j’aime, c’est sa façon d’emprunter aux différents règnes : végétal, génital, bijoutier, sexuel, nourrissant ... Et puis Zemánková est la seule créatrice d’art brut disparue dont la petite-fille glisse de temps à autres des messages dans ma boîte aux lettres électronique :

«Milí přátelé,
ráda bych Vás pozvala na vernisáž výstavy Anny Zemánkové, která se bude konat příští čtvrtek 11.12. v 18:00 v galerii Havelka (Martinská 4, Praha 1). Moc se těším na setkání!
»
Terezie Zemánková

Merci à vous, Miss Terezie et si les demoiselles Alice Corbaz, Caroline Tripier, Eleonor Gill, Séraphine Burnat-Provins, Marie-Thérèse Bonnelalbay veulent me glisser un mot à propos de leurs mères-grand, votre petite âme errante leur dit : «ne vous gênez pas les filles

23:10 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : anna zemankova, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

30.11.2008

La Tombe à la Fille

couv bretagne insolite.jpgLa Tombe à la Fille sort de l’ombre à l’occasion du Guide Bretagne insolite et mystérieuse édité par Christine Bonneton. Ce haut lieu d’un culte pour ainsi dire «vaudou à nous» -parce que très peu contaminé par le formatage monothéiste européen en dépit de son vernis catho de surface- votre petite âme errante aurait pu vous en parler depuis longtemps déjà. Et attirer votre attention sur l’installation populaire qui va de pair.

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une copine.jpgJ’aurais pu vous raconter comment, après la lecture de l’article de Joël Bigorgne dans Ouest France des 18-19 août 2007, je me suis aventurée bravement, en compagnie de mon couteau suisse et de deux copines qui n’en menaient pas large, dans la forêt épaisse et humide (l’été était pourri) de Teillay à la recherche de l’arbre où fut pendue, il y a 200 ans et des, une victime des guerres civiles révolutionnaires.

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La jeune Marie Martin,18 ans, torturée par les Chouans pour n’avoir pas balancé les bleus, selon la légende qui court à la limite de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.

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Si j’ai préféré me taire, si je n’ai pas pissé de la copie sur les sentiers hasardeux qui mènent au sanctuaire de Sainte-Pataude (autre nom de la martyre), où on n’est guidée que par des chiffons accrochés aux branches par les fidèles, c’est que cet endroit saturé d’ex-votos ready-made m’est apparu d’une authenticité à tomber.

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Et chacun sait que la médiatisation peut nuire gravement à la santé de tels lieux «magiques» où la ferveur se combine si bien au fétichisme des déchets qu’elle se transforme sans peine en art collectif.

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Il y a donc des cas où il vaut mieux pas se vanter d’être la première sur un sujet. La Tombe à la Fille pouvait prétendre à un répit, je m’en serais voulu de ne pas le respecter. Mais permettez maintenant que j’ouvre ma goule.

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A la différence de Joël Bigorgne qui prenait soin de citer les propos d’Yvon Mellet le maire de Teillay : «Les gens du coin entretiennent le lieu. Ils ont peur que, si l’endroit se dégrade, un malheur s’abatte sur eux», le commentaire inodore et sans saveur de Béatrice Magon, auteur du sus-nommé guide, n’a pas un mot de mise en garde pour ses lecteurs.

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Il est vrai que cette dame voit de l’insolite dans une librairie-salon de thé et du mystère dans une saint-sulpiciarde statue de Jean-Paul II ! Quant à ses titres, il vont des comparaisons éculées : «Une BD de pierre» (Les rochers sculptés de Rothéneuf), aux calembours beauf : «Ici on fait l’andouille de père en fils» (Guéméné).

Le moyen d’éviter après cela que les touristes aillent saucissonner sur les lieux de culte sauvages où se pratique un art d’autant plus art qu’il ignore son nom !

20:40 Publié dans Gazettes, Glanures, In memoriam, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, dévotion populaire, ex-voto | |  Imprimer | | Pin it! |

24.11.2008

Des minous et des livres

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Sorbonne 15 mai1968.jpgVialatte, Lévi-Strauss, Caradec et les autres : week-end-lecture pour votre petite âme errante. J’étais partie errer dans les rues glacées du côté de la Sorbonne qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les cousins de province («mais voui, c’est là que ça se passait…») lorsque j’ai bifurqué vers les thermes de Cluny où se tient l’expo Celtes et scandinaves, rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle que je voulais voir.

Hélas, le Musée National du Moyen-âge m’est apparu un peu rébarbatif avec sa porte défendue par un gardien qui n’a rien de Georges Clooney.

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Et puis, j’en ai eu vite marre de faire le poireau devant des chiottes, installées dans un module de chantier qui défigure une cour vénérable, alors je suis allée photographier un minou du Poitou qui fait un tabac dans une librairie de la rue Saint-Jacques, voisine du Vieux Campeur.

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dilettante logo2.jpgDe minou en minou, je suis allée lécher la vitrine du Dilettante où j’ai repéré les Chroniques de l’année 1968 d’Alexandre Vialatte qui viennent de sortir chez Julliard avec une préface de Philippe Meyer. Pour celles qui, comme moi, ont fait depuis longtemps des papiers du grand Alexandre leur livre de chevet, il n’y a peut-être rien à apprendre.

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paulhan par dubuffet.jpegMais ça fait jamais de mal de relire Vialatte et j’ai revisité avec plaisir certaines allusions au Facteur Cheval, certaines petites phrases sur Dubuffet et Jean Paulhan : «Dubuffet se grise de trottoirs, de bitumes et de macadams. Il a fait un portrait de Jean Paulhan en bitume. Les trente-deux dents (…) sont faites en vrai gravier de trottoir (…)».
Après ce joyau rouge, mon choix s’est porté sur un bijou noir, imprimé en bleu et édité par L’Herne. Ce petit bouquin de Claude Imbert s’intitule Lévi-Strauss, Le passage du Nord-Ouest.

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Pour celles qui prennent soin de leur beauté, il a l’avantage de contenir la traduction en français (par Mark R. Anspach) d’un article de C. L.-S. parut en anglais dans dans le 1er n° de V.V.V. créée par André Breton, alors réfugié aux U.S.A, en 1941. Il s’agit de Indian Cosmetics, cette troublante cosmétique des indiens Caduvéo du Brésil que les habituées du chapitre XX de Tristes Tropiques connaissent bien. «Les femmes caduvéo ont une réputation érotique qui est solidement établie sur les deux rives du Rio Paraguay», nous dit Lévi-Strauss qui fête ses 100 ans vendredi. Avis à mes lectrices ! Comment les messieurs, emplumés ou non, ne craqueraient-ils pas devant ces parures de lèvres dessinées au jus bleu-noir d’un fruit du nom de genipapo.

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C’est d’un sourire pareil que je souhaiterais saluer la sortie discrète de François Caradec, auteur (entre autres) de la désopilante et érudite Encyclopédie des Farces et attrapes et des mystifications, parue en 1964 chez le malicieux Jean-Jacques Pauvert. Des Arts incohérents aux fausses peintures du Tassili, de la Vierge à surprises de Notre-Dame du Mur de Morlaix à Glozel, on y serpente sur maints chemins de traverse qui croisent les sentiers de l’art brut.

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Que toutes ces voies mènent au paradis des Christophe et des Allais, ça me paraît évident. Pas vous ?

23.11.2008

Télérama visite Montreuil

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A plusieurs reprises, ces temps-ci, votre P.A.E. vous a parlé de la bonne ville de Montreuil. Et bien voilà-t-il pas qu’elle est rattrapée par la grande presse écrite.

 

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Le magazine Télérama consacre cette semaine (19-25 novembre 2008) son supplément SORTIR à la cité qui abrite l’asso abcd (Art brut, Connaissance et Diffusion). Dans la rubrique «à la carte» et sous un titre qui fait jurer ensemble le mot «culture» et l’adjectif «brute», B.P. (Bénédicte Philippe) nous apprend que B.D. (le collectionneur Bruno Decharme «à l’allure décontractée») a été l’assistant de J.T. (Jacques Tati), ce que nous savions déjà et qu’il «a été l’élève de monstres sacrés comme Deleuze ou Foucault», ce dont nous ne nous étions pas encore aperçu.

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Dans les limites imparties à ce court article, la place a manqué à la journaliste pour énumérer les «divers intellectuels» qui, par le canal des publications d’abcd, ont «nourri» les expos de cette industrieuse asso depuis qu’en 1999, «l’entreprise» a pris aussi «une dimension de recherche».

Ne reculant devant aucun sacrifice pour aller toujours plus loin dans l’information, je n’hésite pas, pour ma part, à vous citer les principaux noms de ces discrètes chevilles ouvrières qui, depuis 8 ans, ont figuré régulièrement aux divers génériques des diverses productions of abcd of Montreuil : Christian Delacampagne, Régis Gayraud, Vincent Gille, Jean-Louis Lanoux, Barbara Šafářová, Béatrice Steiner. Et si j’oublie un raton laveur, qu’il me le pardonne, nom d’un p’tit pré vert !

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17.11.2008

A la poursuite du facteur Cheval

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A la poursuite du facteur Cheval, j’ai rencontré Gérard Manset. Manset, vous le connaissez pour avoir entendu -et sans doute fredonné les jours de blues- Il voyage en solitaire, sa chanson mélancolo, désaccordée du piano. Manset il montre pas sa tronche, il réédite pas ses anciens morceaux, ce qui fait qu’on le connaît sans le connaître. Auteur, compositeur et interprète, Manset est aussi peintre, photographe et … écrivain. Et là, surprise ! Le 6 novembre 2008, il a sorti un roman au cœur duquel on trouve l’époustouflant Ferdinand. Son titre? A la poursuite du facteur Cheval.

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Si! Sans déc. Avec mon repassage en retard, les carottes à éplucher, Dominique et Léa qui vont arriver pour le thé, vous pensez si j’ai le temps de me vautrer dans la critique littéraire! En plus Manset, je comprends pas tout ce qu’il dit et faut pas compter sur lui pour vous expliquer. Amateurs de romans traditionnels, passez votre chemin! Et vous les groupies des intrigues bien menées qui progressent sagement au rythme de la chronologie et de la logique, allez voir ailleurs!

Ecrivain-voyageur, Gérard Manset bouscule le temps, ses fantasmes et ses souvenirs asiatiques ou colombiens. Avec des morceaux de bravoure dans des Thaïlandes de rêve où l’on exhibe une pathétique créature qui fait penser à l’hermaphrodite-albinos du Satyricon de Federico Fellini. Impossible de suivre  son récit de A jusqu’à Z. Il faut accepter de tomber dans des trous, admettre de s’y reprendre à plusieurs fois, chercher son passage du nord-est perso. Bref, errer dans un labyrinthe où vous retombez toujours (mais pour le perdre aussitôt) sur ce «prédateur des styles», sur ce «propagateur de la fièvre hindo-bouddhiste» : le facteur Cheval himself.

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Acte de naissance de Ferdinand Cheval

C’est pas la première fois, bien sûr, que Cheval fait irruption dans la littérature. Sans remonter au Revolver à cheveux blancs d’André Breton (1932) : «Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères», on se souvient d’Alexandre Vialatte   (Dernières nouvelles de l’homme) : «Chez l’homme, la tête pense, la main suit. Le reste y passe. Parfois pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est un exemple éclatant».

Et de Robert Morel éditant en 1969 un beau texte d’Alain Borne et témoignant : «C’est à Lyon, en 1942, dans les rues vides où nous rodions après le couvre-feu, qu’Alain Borne me parla du Facteur Cheval pour la première fois».

Mais c’est pas une raison pour pas vous laisser porter par la musique très particulière et plus contemporaine de Gérard Manset : «L’avez-vous vu, ce palais? L’avez-vous déjà vue, cette basilique tout aplatie comme serait un morne coléoptère sur du sable tamisé ? Criquet dont la famille aurait volé plus loin (…). Un être avait commis cette équipée de la taille, tout juste, d’une goélette dont les cheminées seraient ces danseuses sémaforologiques (…) tournant leurs bras dans une gestuelle d’alphabet morse et incitant d’emblée à consulter les courts poèmes de grès marqués à la truelle mettant en scène ce qu’un Apollinaire lui-même aurait pu inspirer (…)».

00:22 Publié dans Ecrits, VU SUR ANIMULA, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, ferdinand cheval | |  Imprimer | | Pin it! |

15.11.2008

Un arc-en-ciel au C.A.T

canards.jpgToujours à la recherche du diamant brut, votre P.A.E. explore la P.Q.R. Elle découvre des arcs-en-ciel dans les canards de nos provinces. Il y a une douzaine de jours, le 3 novembre 2008 exactement, je suis tombée sur une feuille du Courrier de l’Ouest. Moules.jpgNon, c’était pas celle dans laquelle M. Yvon, mon poissonnier, enveloppe mon litre d’animoules !
C’est une de mes informatrices qui m’a refilé cet article relatif au 38e Salon des Arts de Cholet qui s’est tenu en octobre dernier dans la ville du Petit mouchoir. Près de 200 artistes, «pros et amateurs», exposaient là, à la salle des fêtes. Rien de glamour, à première vue, même si parmi les 200, il y avait des personnes accueillies dans un centre d’Aide par le travail.
Ce qui m’a fait dresser l’oreille, c’est que l’article est intitulé : L’Art brut aux couleurs de l’Arc-en-Ciel. J’ai failli dégainer mon joker Nos amies les bêtes, en lisant que les toiles de ces personnes «sont des petits chefs-d’œuvre d’art brut qui éclosent sous la houlette du peintre Jean Boccacino».

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Non, monsieur Alain Tissot (je m’adresse là au journaliste qui a recueilli les propos du dit peintre en charge de l’Atelier), il y a contradiction dans les termes.


la pensée du jour.jpgL’art brut est tout

sauf un mouton

jamais on ne l’a vu

se courber

sous une houlette.

 

D’ailleurs, Mr Boccacino le sait bien. Lui qui a l’air de se décarcasser honnêtement, malgré sa tendance au perfectionnisme, il reconnaît volontiers ce que ces «artistes», qui «ont besoin» de lui «pour aller plus loin dans leur démarche», ont apporté à sa propre expression artistique. animaux boccacino.jpgEn conclusion de son entretien qui illustre à merveille le sac de noeuds dans lesquels s’enferme la pauvre art-thérapie quand elle veut expliquer sa pratique, Jean Boccacino nous confie que le travail de l’Atelier de l’Arc-en-ciel l’a «remis en cause».«J’ai modifié mon expression dans le contenu et dans la forme. Leur travail m’a rassuré (…)». Vous trouverez sur Gougueule-images, une série de tableaux de Jean Boccacino.

L’article du Courrier de l’Ouest est accompagné de photos des œuvres des créateurs dont il s’occupe. L’une d’elle reproduit un dessin très volubile : un couple sous un porche à fronton décoré. Dommage qu’il n’y a pas le nom du créateur qui l’a fait. On aimerait savoir si c’est une scène de mariage, son dessin.

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Avec tous les petits personnages qu’il y a autour et toutes les petites têtes, légères comme des ballons, qui ont l’air d’acclamer, ça se pourrait. Comme ça se pourrait autre chose ou tout simplement le plaisir de remplir la feuille de papier, plaisir qui se communique très fort au spectateur. Alors, merci madame la dessinatrice, car si j’ai bien compris c’est une certaine Béatrice l’auteur de ce dessin.

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Et même je crois que c’est Béatrice Babarit. Une créatrice drôlement champion dont le travail a été remarqué au Festival Art et Déchirure de Rouen en 2008. Vous trouverez plein d’images à elle sur le site d’Artelier.

beatrice babarit mai 2006.jpg

Et merci aussi aux autres familiers de l’Arc-en-ciel. Ceux qu’on voit sur les photos et ceux qu’on voit pas.

11:37 Publié dans Gazettes, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, béatrice barbarit | |  Imprimer | | Pin it! |