08.02.2008
En revenant de l’Outsider Art Fair
C’est pas mon habitude de vous passer les plats quand la table est desservie mais là j’ai des excuses, j’attendais que Brigitte rentre de NewYork avec son chien Louping pour vous parler de l’Outsider Art Fair.
Si NYC est une Grosse Pomme, Louping est un scottish terrier hyper gambadeur. Au resto, Louping gîte sous la table en gémissant d’un air impérialiste au fil de la conversation.
A l’heure de la soupe aux pois, Louping se tient coi pendant que sa maîtresse fait le tour d’horizon en feuilletant l’amour de petit livret lilas qui présente les 34 participants.
«Pas très phasant, beaucoup de classiques…» dans cette 16e édition de la foire.
Brigitte s’est tout même emballée pour les «quatre Soutter à tomber à genoux» des Berlinois Fischer Kunsthandel
«Sans compter, de très beaux Ramirez chez Ricco/Maresca et William Hawkins, l’autre must …» pense Louping en reniflant l’odeur de la tranche de rosbeef qui s’approche. Piquant un roupillon quand BriBri se lance dans les potins : le stand minuscule de Raw Vision, Jennifer Pinto Safian «qui parle un français excellent», la perruque verte de Judy Saslow, la galeriste de Chicago chez qui Brigitte a remarqué les trains rézoteurs de James Allen,
Louping s’éveille quand il sent la moutarde monter dans les tours de sa maîtresse. Elle n’a rien vu d’extra à la Galerie der Künstler.
D’ailleurs ça la gonfle de voir Gugging dans la foire, «ça lui enlève de son mystère». Que tout le monde ait sorti ses Jimmy Lee Sudduth parce que ce créateur vient de disparaître, ça la vénère aussi.
Le toutou soupire d’aise quand Brigitte, inversant la vapeur, se met à positiver à mort :
«oh, le one man show Michail Paule à la Galerie Susanne Zander, oh l’incontournable Darger du booth 28 (Andrew Edlin Gallery),
Whaô, le Damian Michaels de chez Bourbon-Lally, la galerie haïtienne, c’est très beau Hiroyuki Doi chez Phyllis Kind,
Minnie Evans chez Luise Ross et Kunizo Matsumoto c’est pas mal non plus (malgré le phénomène de mode) chez le Japonais Yukido Koide».
A ce stade, Louping étouffe ses jappements. Il doit patienter, la mousse au chocolat venue, pour entendre l’éloge de la dizaine d’Emery Blagdon Chez Cavin-Morris Gallery et celui du Minnie Evans de la Luise Ross Gallery.
Mais il grogne carrément comme un ours quand BriBri nous colle sous la soucoupe les découvertes que cette petite fûtée a faite dans les cartons de The Ames Gallery : les dessins déjantés de Deborah Barrett
et les hybrides dessins-collages de Chris Dalton Powell.
J’aurais voulu vous en dire plus mais Louping tirait sur sa laisse pour aller faire pipi dehors.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Glanures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, louis soutter, martin ramirez, james allen, michail paule, damian michaels, minnie evans | | Imprimer | | |
03.02.2008
La chambre de Darger
Bon aujourd’hui, je vous propose de me suivre dans la chambre de Darger. La vraie, telle qu’elle a été photographiée par Michael Boruch.
Regardez-la bien : personne ne peut plus la voir car le 851 de la rue Webster à Chicago -domicile du créateur 40 ans durant- ne l’abrite plus. Le contenu de cette chambre a déménagé en l’an 2000 sur la Milwaukee Avenue (756 N) de la même ville. C’est le siège de l’Intuit, c’est-à-dire le Center for Intuitive and Outsider Art. Sous la houlette de Jessica Moss, «Curator of the Henry Darger Room Collection», cet Intuit a la bonne idée de nous offrir, jusqu’au 28 juin 2008, une exposition du «home» dargergeois. Voici une image de cette installation (le cliché est de John Faier).
«Installation» et non reconstitution ou restauration car l’Intuit a la bonne idée de ne pas nous proposer ce travail, pourtant minutieux dans l’exactitude, comme la réplique d’une réalité du passé. Je vous propose, Animuliens de la terre, d’applaudir de toutes vos mimines à ce décalage assumé parce qu’il a l’avantage, en ne cédant pas à un illusoire réflexe revival, de respecter le créateur et de pousser le public à la réflexion sur sa création, non au fétichisme à propos de sa personne.
Après tout, Henry Darger n’organisait pas de visites guidées de son laboratoire. Il est bon de ne pas l’oublier.
19:34 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, Henry Darger | | Imprimer | | |
25.01.2008
Déplacements à l’abbaye Sainte-Croix
On a bô dire, on a bô faire, on peut pas être partout. Malgré tous les dons dont la nature l’a gratifiée, votre P.Â.E. est dépourvue de celui de l’ubiquité. Elle regardait la Normandie au fond des yeux et pendant ce temps la Vendée fait des siennes. Je repasserai donc pour assister à la journée de Lectures de Serge Fauchereau qui aura lieu demain, samedi 26 janvier 2008 au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix! Mais les celles et les ceux qui se trouveraient en villégiature dans la région peuvent remettre leur excusion à l’île de Ré et courir fissa à la salle de conférence de cet incontournable carrefour de l’art des Sables d’Olonnes.
Animé par Benoît Decron, son conservateur, le Musée de l’Abbaye de Sainte-Croix n’a qu’un inconvénient : celui de crécher un p’tit peu loin de ma tanière parisienne.
Le MDASC. possède à son actif quelques expos peu banales sur des artistes trop méconnus malgré la force et l’originalité de leur œuvre, Anton Prinner par exemple.
En ce moment, il s’y tient la première rétrospective sur le surréaliste roumain Ghérasim Luca, auteur du Vampire passif, cet ovni littéraire paru en 1945 quand l’art brut était au biberon.
On attend avec impatience que les blogs surr se décident à nous en parler.
Moi, pour en revenir à mes sujets chouchous, je vous invite à looker le portrait de Serge Fauchereau par Alexeï Vassiliev qui orne l’invitation à la Table Ronde sable-dolonnesque de samedi (14 h).
Ecrivain et critique d’art, Fauchereau, comme vous le savez, a plusieurs livres sur Gaston Chaissac a son actif. Super-accroc de la région où, encore ado, il rencontra le Gastounet, il a choisi –c’est ça le scoop- de faire don au MDASC. de ses archives, de sa doc, de ses bouquins et d’un ensemble d’œuvres d’art.
On comprend qu’à cette occasion des orateurs comme Bernard Rancillac, Jean-Claude Marcadé, etc. se soient déplacés. Prévue aussi Mme Joëlle Pijaudier-Cabot que les Animuliens connaissent parce qu’elle fut le conservateur en chef du MAM Lille-métro de Villeneuve d’Ascq avant de diriger les musées de Strasbourg.
A 5 p.m. (17 h en Céfran standard), avis aux chasseurs d’autographes, séance de dédicace avec Serge Fauchereau qui se fera un plaisir de mettre votre nom sur son livre édité par André Dimanche à Marseille : Gaston Chaissac. A côté de l’art brut, un essai de bonne et mauvaise humeur.
23:55 Publié dans Expos, Jeux et ris, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, anton prinner, gaston chaissac, ghérasim luca | | Imprimer | | |
24.01.2008
Thor aïe !
Et à l’ouest, il ne se passerait rien peut-être ? Bien sûr que si et votre petite âme errante se renseigne de droite et de gauche. Un vrai petit robot à géométrie variable !
D’un ancien pays d’Europe qui occupe la basse vallée de la Seine m’est parvenu Pays de Normandie, verte revue au pelliculage impeccable et glissant (idéal pour boîte aux lettres parisiennes rétives). C’est à notre sœur Pascale, la patronne du blogue Les Inspirés du bord des routes que je dois ce numéro 59 et je la remercie 59 fois de cette politesse toute animulienne. Numéro d’hiver avec 59 vaches dans la neige bleue.
On se croirait au Canada.
C’est le premier signe avant-coureur de l’Outsider Art Fair qui débute ce jour là et durera juqu’au 27 janvier. Cette version 2008, la 16e du genre, will be housed in TPB (The Puck Building) dans Soho. J’attendrai le retour de mes envoyées spéciales là-bas et si les little pigs outsiders ne les mangent pas en route, je devrais théoriquement vous en dire plus.
00:05 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, Tim Wehrie, Victor Paysant | | Imprimer | | |
23.01.2008
Follie italiane, Nueve follie
01:15 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
15.01.2008
Souriez, c'est mardi
Moi, ce serait plutôt l’inverse. La flemme aurait tendance à me couper la chique. Aussi je me serais bien contentée aujourd’hui de quelques ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ☺ ou bien de discrets ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) ;-) etc.etc.etc.
Mais je sens bien que ça va pas suffire à satisfaire votre curiosité légitime d’Animuliens gourmands et/ou d’Animuliennes voraces.
Alors, à la demande générale, voici donc deux ou trois reminder-stickers en attendant de plus copieux posts :
Là-dessus, la guinguette animulardesque ferme ses volets non sans s’offrir une fraise tagada pour s’endormir.
23:55 Publié dans Blogosphère, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, Paul Amar, Josef Hofer, Victor Hugo | | Imprimer | | |
03.01.2008
Jours tranquilles à Bruxelles
Poursuivons le compte à rebours avec Art en marge puisque c’est à son programme que j’ai emprunté la nouvelle de l’exposition PLNY à l’horizon Montreuil 2009.
Auparavant, ce Lubos P..Y (mais qui nous dira comment ça se prononce ?) figurera dans l’expo collective et art-en-margesque Corps accords en compagnie, entre autres, de Marilena Pelosi.
Marilena Pelosi
Ce sera (Inch’allah !) du 12 septembre au 15 novembre 2008. Hoparavant, l’industrieux Centre de recherche et de diffusion de la Rue Haute butinera encore 3 outsiders dont Carol Bailly en juin-juillet 2008. L’expo s’appellera Overvloed/Foisonnements. Vous en saurez plus le moment venu ou tout de suite en allant sur le site d’AEM.
Bon j’en passe pour nous rapprocher vite fait de nos jours tranquilles. A Bruxelles toujours mais conçue par Lucienne Peiry et Anic Zanzi, dirlo et conservatrice de la Collec de l’Art brut à Lausanne, «une exposition à découvrir en famille» ou si ce mot vous rappelle trop Sheila et les petits soucis quotidiens: «Een tentoonstelling om te ondekken met hele gezin», ça vous a une autre gueule en néerlandais!
Ted Gordon
Attention, ça viendra vite ces Bestioles d’art brut et d’art en marge car le vernissage c’est déjà le 6 mars 2008. La porte à côté. Ceux qui suivent un peu l’actualité brute se doutent déjà qu’il s’agit d’un bestiaire qu’on les invite à visiter : «kom en ontdek het grote dierenboek -soms vreeemd, soms grappig- van de Art brut». C’est-à-dire «-un bestiaire, étrange ou espiègle-».
Gaston Duf
Etrange, d’accord mais, j’ai beau aimer Till, «espiègle» m’en bouche un coin.
Espiègles les rhino féroces de Gaston Duf ?
Espiègles les félins/fêlés de Ted Gordon ?
«Espiègle» est cool, «espiègle» ne fait pas peur aux foules, «espiègle» est recommandé pour les petits n’enfants de 7 à 77 ans.
«Espiègle» colle à l’art brut comme le tablier colle à la vache.
00:10 Publié dans Ailleurs, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, ted gordon, gaston duf, marilena pelosi, carol bailly, art en marge | | Imprimer | | |
02.01.2008
Que ferez vous en novembre ?
Et c’est reparti comme en 14. Voilà déjà du nouveau qui s’avance (veau qui s’avance, veau qui s’avance) pour 2008. Prenons les choses par la fin.
Du 21 novembre 2008 au 28 juin 2009, les œuvres bouleversantes de Lubos Plny seront montrées, en compagnie de celles d’Anna Zemankova, à la galerie abcd of Montreuil, si d’ici là les petits cochons ne la mangent pas.
Novembre, c’est loin mais débrouillez-vous pour pas oublier, mon petit doigt me dit que ça va être d’enfer.
Les dessins de ce Tchèque au nom imprononçable sont le prolongement d’une sorte de body art qui l’a conduit à soumettre sa personne à des expériences et des traitements très personnels.
Fasciné par les fluides corporels, il intègre tout naturellement dans ses dessins anatomiques et endoscopiques de la charpie colorée de sang ou de liqueurs pharmaceutiques. C’est cruel et beau comme un cœur ouvert, terrible et sublime comme une âme mise à nu par son scalpel même. On se sent pousser des griffes à regarder ça.
A propos de Plny, les petits Animuliens qui n’ont pas froid aux œils, trouveront une notice détaillée sur le site d’abcd et une autre plus rapide dans le n°1 de son journal intitulé Le chant des sirènes, l’automatisme dans l’art brut.
J’emprunte une partie de la sienne à la Cavin Morris Gallery de New York pour vous donner envie d’aller voir le reste et les deux impressionnantes reproductions qui l’accompagnent : «Plny audited several anatomy classes, and studied grave digging. His drawings, highly anatomized self portraits, contain careful notes about the presence or absence of bodily fluids.»
20:00 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, Lubos Plny, abcd | | Imprimer | | |
26.12.2007
Des fantômes et des anges au Grand-Hornu
Je comptais m’en tenir là, concernant celle du MAC’s au Grand-Hornu en Belgique (jusqu’au 13 janvier 2008), tant il est vrai qu’un meeting avec Mac Collum, Aloïse, Buren, Madge Gill, Robert Barry et Henry Darger, c’est kif-kif pour moi la rencontre «sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie».
Cependant le catalogue évoque le temple d’Hadrien (son cabinet logologique à lui) alors je me sens concernée par cette confrontation d’«extraits des collections du Musée d’Art Moderne Lille Métropole».
Le problème du MAM, c’est pas qu’il soit actuellement fermé pour modernisation, c’est qu’il est trop riche. C’est un berger qui veille sur un cheptel bigarré. D’un côté les brebis de l’art moderne et contemporain, de l’autre ce loup dans la bergerie : l’art brut.
Comment rassembler ce troupeau sans limer les dents d’Ysengrin, sans affubler les agneaux de crocs? Problème pas simple.
Des L’Aracine et des ailes, pardon, je voulais dire : Des fantômes et des anges -le vrai titre de l’expo du Grand-Hornu- se donne un mal de chien pour le résoudre.
Sans faire la bête, j’avoue que je suis pas baba devant la juxtaposition d’une Femme lipue de Van Dongen, datant pourtant d’un temps où l’artiste n’était pas encore un portraitiste people, avec un St Adolf de Wölfli, au prétexte formel de la coïncidence d’un œil charbonneux et d’un masque noir du style «loup».
Boules de gomme d’un côté, mystère de l’autre.
Moule à gaufres
Les rédacteurs du catalogue ont beau s’y mettre à 5, on peine à saisir le concept de l’expo, surtout si comme moi on a le ciboulot trop moulagaufre pour cerner les «points hypnogènes et psychicônes» dont nous entretient Nicolas Surlapierre page 34.
«Comment mettre en place (…) un dispositif où le regard peut s’accrocher de la même manière, à ceci, à cela et encore à cela -art brut, art moderne, art contemporain- (…) ?» demande, page 114, Laurent Busine.
On peut pas. Sauf au moyen de tours de passe-passe.
«Cette (…) ascension spirituelle est peut-être (C moi qui souligne) à rapprocher des recherches contemporaines d’Augustin Lesage» nous dit, p. 44, Savine Faupin qui vient de parler des «Peintures de rêves» de Miró.
«Pourquoi est-ce que je regarde ce jeune homme de Modigliani aussi bien (C moi qui…) que cette femme colorée d’Aloïse ?», tente de nous persuader Laurent Busine p. 70.
Avec des «aussi bien» et des «peut-être», on mettrait Paris en bouteille et l’art brut au placard. Car il deviendrait encombrant, l’animal !
Raison pour laquelle peut-être, le directeur du MAC’s qui a pourtant dû potasser Dubuffet et Thévoz, soutient que «le statut» de l’art brut «n’est toujours pas défini de manière précise».
Comme dirait Scully «la vérité est ailleurs».
Elle perce dans le texte de Jérôme André, le dernier du catalogue fantômique et angélique.
«A la lumière du musée, l’objet est (…) naturalisé en œuvre d’art» remarque-t-il p. 162.
De «naturalisation» à «artification», son vilain petit avatar, il n’y a qu’un pas.
Le pas de ceux qui s’étonnent toujours que Dubuffet les ait dépossédés à jamais de leur monopole d’instances légitimantes.
Le pas de ceux qui admettent mal qu’un créateur puisse ne s’autoriser que de lui-même.
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09.12.2007
Art en marge reçoit Richard Greaves
Flotte, flotte, flotte et reflotte. Vous pensez qu’avec un temps pareil votre PAM (petite ame errante) est restée devant son Lady Grey ?
Et bien non. Prête à se mouiller pour aller chercher l’information, elle n’a pas hésité, droite dans ses bottes lacées, à affronter les pavés glissants de la capitale belge.
C’est que l’événement vendredi soir était rue Haute, au 312, puisque la tournée européenne de Richard Greaves y faisait escale chez Art en Marge pour y mouiller jusqu’au 16 février.
Bruxelles est une ville formidable où l’influence de la Sécession viennoise se fait sentir, pas seulement dans les expos du Musée d’Architecture / Museum voor Architectur et ce que j’ai admiré d’abord en arrivant dans la galerie AEM, c’est les jeux de damiers sur le sol.
Faut dire que c’est pile poil ce qu’il faut pour une expo de photos, ça fait penser à de la pelloche perforée sur les bords. Au lieu de nous faire lécher des murs blancs en suivant un morne défilé d’images posées les unes à côté des autres, l’accrochage a privilégié le léger, le mouvant, le labyrinthique, le bifaçadisme. De simples câbles d’acier tombés du plafond supportent des panneaux dont les photos de Mario del Curto occupent recto et verso.
Le visiteur peut ainsi circuler au milieu de ces captivantes images, passer d’un gros plan à une vue d’ensemble, apercevoir les yeux de Richard Greaves (ou tout autre détail) qui se profile dans les entre deux.
Les légers chocs (inévitables les soirs de vernissage) qu’il leur imprime au passage les fait osciller comme sous l’effet d’une brise. Tout est fait pour offrir une transposition abstraite des impressions que l’on éprouve réellement lorsqu’on se promène sur le territoire de Greaves, dans cette Beauce à cent mille lieux du Jeu de Balle.
En sourdine, sous la rumeur des langues qui vont de bon cœur, des bruits de la forêt québécoise viennent accentuer subtilement cette transposition.
Le vent qui souffle à nos oreilles semble provenir des photos de MDC qui possèdent leur respiration propre, large, profonde et sereine.
Quand on sort de là-dedans, on est mûre pour tremper son manteau à fronces de cuir et col emmitouflant acheté à New York dans la tempête qui secoue l’Europe.
Rien ne pourrait nous empêcher de prendre à travers les vitrines quelques clichés d’ambiance artenmargesque pour tous les Animuliens, muliennes resté(e)s au chaud dans leurs sweet homes. Avant de filer au CIVA, 55 rue de l’Ermitage (à une encablure du Musée d’Architecture) où R.G. (non, pas Hergé !) a tissé, sur une terrasse plantée d’un mini-bois, une nouvelle toile. Sont venus s’y prendre des tas de vieux jouets colorés, ce qui va plaire à vos enfants quand vous les emmènerez voir ça. Et à moi si j’ai le temps de revenir car mon Thalys, hélas, m’attendait déjà à la Gare du Midi.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, richard greaves, mario del curto | | Imprimer | | |