27.03.2009
Ça bouge à Carouge
Ce fut la voix du site. Le site de la CF. La voix du musée de la Création Franche à Bègles. On téléphonait, on tombait sur elle, une voix toujours claire, toujours enjouée. Celle de Sophie Gaury. Toute jeune déjà, c’est le genre de personne qui générait le calme autour d’elle. Coopérative, sportive, jamais fatiguée de nous répéter toujours la même chose. Que oui, le canard allait sortir, que non l’expo était pas encore accrochée mais qu’on pourrait quand même en voir un petit bout puisqu’on repartait à Paris par le premier T.G.V…
Aujourd’hui qu’elle a décidé de voler de ses propres ailes comme elle vole sur ses skis, elle me signale sa «première grande première en tant qu’organisatrice». Tout près des montagnes, naturellement. A Carouge, 43 route des Jeunes. Une adresse qui lui va comme un gant. Elle présente un régional de l’étape, François Burland et, comme elle n’a pas encore tout à fait coupé le
cordon ombilical, Gérard Sendrey dont elle était, il y a peu encore, la fidèle collaboratrice. Souhaitons lui bon vent, bonne neige. Hardi Sophie !
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23.03.2009
De la Halle st Pierre au Carreau du Temple
De Macréau au Carreau : vous mettez pas la tête dans le sable, c’est une dure et exaltante semaine qui vous attend, mes petits Animuliens chéris. Mieux vaut l’admettre de bonne grâce. Cela commence tout de suite très fort par du lourd : une paire d’expos maouse-costaudes et des plus mystérieuses, et des plus raffinées à la HSP, en clair la Halle Saint Pierre de Montmartre. En haut, près du ciel, une exposition Michel Macréau d’envergure (y en a-t-il déjà eu une comme ça à Paris, je crois pas). En bas dans la salle noire, le feu d’artifice d’Anselme Boix-Vives.
Comme j’adore jouer les Musidora, je me suis fait toute petite et je suis allée faire de l’espionnage au pavillon style Baltard. J’ai vu passer des splendeurs (un portrait de la mère de Macréau par son fils notamment) halées dans l’escalier par des gros bras extrêmement délicats. Hélas, comme je suis pas très forte comme rat d’hôtel (ou comme souris de Halle), je me suis fait repérer très vite. Ski fait que j’suis logée à la même enseigne que tout le monde et que je dois ronger mon frein jusqu’au double vernissage qui aura lieu demain mardi 24 mars 2009 à 18 h 30.
Halles et marché étant faits pour s’entendre, je vous invite, dès le lendemain, à glisser en douceur des altitudes du 18e arrondissement aux folies bourgeoises du 3e. Le mercredi 25 mars en effet et toujours à 18 h 30 (l’heure des vernissages) c’est le Salon du dessin contemporain qui commence au Carreau du Temple 1, rue Dupetit Thouars.
Je sais pas qui était ce petit Thouars mais j’ai repéré, dans la liste des participants, des galeries qui devraient mériter la bénédiction animulienne : Edlin of New York, Margaron of Paris et … Objet Trouvé avec un V comme Vitalité.
Glissée parmi ces vaisseaux de ligne, la frégate de Bertrand Lacy vous embarquera 58 rue des Trois-Frères (à la Galerie des 3 Frères, bien sûr) le 24 mars aussi à 18h, une demi-heure avant la HSP par conséquent.
Comme la rue des Trois-Frères est quasiment à touche-touche avec la rue Ronsard, vous avez le temps, avant Macréau/Boix-Vives de vous offrir le show Lacy en zakouski. Bertrand Lacy, vous l’avez vu à la télé mais là c’est pas comme comédien que vous aurez l’occasion de lui demander de dédicacer son Brouillon de lune, un livre d’images, de typographies et de pensées vagabondes, mais comme artiste.
Bertrand Lacy a résolu, avec beaucoup (ou trop ?) de modestie de sauter le pas séparant le collectionneur d’art naïf et d’art brut qu’il est du plasticien qu’il avait envie d’être depuis sa jeunesse. A voir donc et à suivre…
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21.03.2009
Giovanni Bosco, l’Irrégulier du Bd Haussmann
Hier, je voulais vous dire 2 mots d’un nouveau lieu d’art brut européen mais j’ai été emportée dans les bras de Morphée vite fait-bien fait. Faut dire que la journée avait été rude rapport à la nuit d’avant où on s’était déchirées un brin à la kro-tequila avec les copines. En plus, pour 15 € (quand même), je me suis offert en TGV la visite d’Art Paris entre midi et demi et 1h30. C’est une heure délicieuse pour parcourir une foire d’art moderne + contemporain.
Le Grand Palais rutile sous le soleil. Les marchands baillent et leurs madames commentent la salade en barquette. On croise, près des wa-wa le gros bouledogue, on s’amuse à suivre sur le sol le circuit 24 sur disques vinyle dont une petite auto arrache des sons plaintifs.
En furetant vous pouvez encore trouver, jusqu’au 23 mars 2009, le stand de la Galerie Ritsch-Fisch avec un émouvant cocon humanoïde à l’escarpin brillant de Judith Scott, celui des Yeux fertiles au Barbu Müller biface, narines larges, lèvres épaisses, cheveux nattés, un peu «art nègre» quoi! Comme j’étais sans mon sac pour économiser le contrôle, j’ai pas d’images.
Donc passons à autres chose et revenons à la Sicile. Car c’est de Sicile, de Caltagirone exactement, que nous vient ce nouveau lieu dont je vous causais au début de ce post. Dans cette ville du centre, fameuse pour les céramiques que vous pourrez y acheter, il y a un MACC (Museo d’Arte Contemporanea) et ce MACC vient d’ouvrir une section consacrée à l’art brut.
Si l’intérêt pour l’art brut s’est exprimé assez tard en Italie, comme le souligne Domenico Amoroso, le directeur du musée de Caltagirone, on peut dire qu’elle se rattrape bien. Je vous raconte pas tout ce qu’il y a dans le texte figurant dans le dépliant où j’emprunte ces images. C’est dans un italien trop trapu pour mes faibles connaissances mais je note que le signor Amoroso centre son propos sur deux Francesco (Cusumano et Giombarresi) dont je vous avais déjà signalé les œuvres le 22 juillet 2008 dans ma note Irregolari.
Francesco Giombarresi
Francesco Cusumano
Domenico Amoroso participait au colloque international qui s’est tenu à Castellammare del Golfo le 31 janvier 2009 à propos de Giovanni Bosco qui est un super-chouchou de votre petite âme errante depuis toujours.
Tous ceux qui partagent mon enthousiasme pour les fortes images de ce créateur brut comme on n’en fait plus, seront contents d’apprendre que, pour la première fois en France, on va bientôt pouvoir admirer des œuvres à lui. EN VRAI. C’est dans une librairie parisienne que cet événement aura lieu le mardi 31 mars 2009 en début de soirée puis pendant tout le mois d’avril.
La Librairie Privat/L’Art de voir, qui sort un catalogue sur les dessins d’écrivains, la Figuration libre et l’art brut, expose parallèlement des dessins de Giovanni Bosco issus de carnets prêtés pour l’occasion par le collectionneur-découvreur.
C’est au 162, bd Haussmann, très loin des grands magasins mais près du musée Jacquemart-André qui montre en ce moment des Primitifs italiens, que cette librairie spécialisée dans les beaux livres du passé (récent ou moins récent) se trouve.
Animula est partenaire de cette initiative.
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19.03.2009
Arte irregolare : la Tinaia à Paris
Bon, alors, ça commence comme un prénom de fille : Tina. Moi, ça me fait penser forcément à «la donna dalla voce rauca» (la femme à la voix rauque), la chérie du poète Cesare Pavese qui tant le fit souffrir. De cette abréviation si joliment italienne (Tina, c’est en fait Battistina) à Tinaia, il n’y a qu’un pas (ou un pia) et moi j’adore les franchir, les pas, n’est-ce-pas ? Va donc pour Tinaia, Ti-ti, na-na et ia-ia. Tinaia vous dis-je. Allez vous vous le mettre dans le cigare ? Oui, je sens que ça vient. Si vous avez peur d’oublier, au lieu de faire un nœud à votre kleenex propulsez vous demain vendredi 20 mars 2009 au vernissage de Christian Berst. Cet entreprenant galeriste frôle le stakhanovisme.
A peine Lena (Marilena Pelosi, pour être exact) décrochée, voilà-t-il pas qu’il embraye déjà sur une expo Tinaia dans son Objet trouvé de galerie. Jusqu’au 18 avril et pas après, on rigole pas avec le timing rue de Charenton.
Marco Raugei
Pour les caves qui ne sauraient pas, la Tinaia c’est de «l’arte irregolare» et ça veut dire «cellier» en italien (ou cave), enfin quoi, bref, un endroit où les pommes mûrissent, où le chianti se bonifie. La Tinaia vous dis-je, ôtez vos oreillettes!
Giuseppina Pastore
Les «Irregolari» ça fait déjà une paie que je vous bassine avec. Yaka faire du rétropédalage sur ma chronique du 22 juillet 2008 : Irregolari, 8 créateurs d’art brut siciliens. L’arte irregolare c’est grosso modo l’art brut (mâtiné singulier) et la Tinaia c’est kif-kif Gugging. Vous me suivez ? Vous avez de la chance parce que j’y vais plutôt à la louche mais je suis pressée, les copines m’attendent. Aujourd’hui c’est la soirée «entre filles».
Giovanni Galli
En deux mots : la Tinaia, c’est un espace communautaire florentin créé dans la foulée de ce qu’on a appelé dans les années Ronald Laing, l’antipsychiatrie. Un centre d’expression dont la création est le moteur plutôt qu’un atelier d’art-thérapie parmi d’autres. O.K.?
Pour le reste, branchez vous direct sur le site du galeriste, il vous expliquera tout ça très bien lui-même. Moi, j’éteins la lumière, je me jette dans la cabine et je me remets du rouge sur les dents (saleté d’ascenseur). Salut les Tina et bonsoir à tous.
23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, la tinaia, giovanni galli, giuseppina pastore, marco raugei | | Imprimer | | |
08.03.2009
Itinéraire expogéographique
Avec tout ce qu’il y a à voir à Paris dans le genre «apparenté à l’art brut», votre petite âme errante a dû se faire un programme pour être sûre de rien oublier.
A la réflexion, elle a pensé que ça pouvait vous servir aussi.
Alors imprimez vite cet itinéraire et collez-le sur la porte de votre réfrigérateur comme ça vous y penserez quand vous irez rapiner un de ces délicieux petits pots au chocolat belge à 53 % de cacao qui calment si bien vos mini angoisses nocturnes.
Et puis surtout, attention au timing. Le plus urgent c’est Marilena Pelosi à la Galerie Objet trouvé (24, rue de Charenton, 12e) : ça se termine le 14 mars 2009, à moins que Christian Berst ne nous offre un p’tit chouïa de rab.
Ensuite, par ordre d’urgence, il y a les Ex-voto contemporains du Mexique (Alfredo Vichis Roque), Galerie Frédéric Moisan 72, rue Mazarine, métro Odéon. C’est juqu’au 29 mars 2009.
Béatrice Soulié, qui bosse fort et depuis longtemps sur le terrain des singuliers de qualité, nous laisse juqu’au 4 avril 2009 pour visiter les Univers intérieurs de Joël Lorand en sa Galerie située au 21 dans l’étroite et art-africanophile rue Guénégaud dans le 6e arrondissement.
Last but not the least, la Galerie impaire, 47 rue de Lancry, nous donne à voir les œuvres d’un ténor brut du Creative Growth Art Center : Donald Mitchell (à noter les tout nouveaux totems) et les œuvres d’un Monsieur David West dont j’ignore à peu près tout. Dead line : le 5 avril 2009.
C’est le très cool Julien Raffinot qui est le D.J. de ce gentil espace du 10e arrondissement et je lui fais coucou parce que j’aimerais vraiment qu’il se souvienne de mon nom : A.N.I.M.U.L.A V.A.G.U.L.A, «sans rivale», comme dirait Séraphine.
Pour terminer faut pas que j’oublie de vous pointer que vous seriez rien bigornauds de pas vous procurer le catalogue Manœuvres de désenvoûtement (Breaking the hex) qui accompagne l’expo Marilena Pelosi et qui vivra sa vie ensuite comme font les crus honnêtes. Et même, puisque vous êtes comme moi, amoureux des beaux bouquins sur nos petits dadas, je vous conseille de vous offrir la version collector puisqu’il y en a une cinquantaine avec en bonus un vrai dessin (pas une repro) de Marilena Pelosi. Pour la valeur de même pas 3 catalogues ordinaires, vous aurez une œuvre originale sans mettre votre banquier sur la paille.
00:06 Publié dans Expos, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, marilena pelosi, donald mitchell, joël lorand, alfredo vilchis roque | | Imprimer | | |
27.02.2009
Jacques Chessex et sa Suisse
Roule ma poule ! Une fois le pied en Suisse, je vais pas lâcher l’affaire. En shorter voilà : pistant comme à mon habitude le mot «brut», je suis tombée sur «l’ogre Jacques Chessex». Pas au détour d’un bois vaudois mais dans un article de François Dufay paru dans l’Express du 19 février 2009 à propos du nouveau livre de l’auteur, Un Juif pour l’exemple.
L’ogre a vieilli et son visage ressemble maintenant à celui du Père Noël mais il collectionne toujours les couteaux des Dracula alpestres.
Son livre fait donc son petit effet dans les librairies de chez lui. Ceci parce que, se basant sur un fait-divers sinistre survenu en 1942 dans sa ville natale de Payerne, Chessex y déterre une ambiance antisémite à faire gerber que certains de ces compatriotes préféreraient oublier.
L’écrivain, qui n’y va pas par quatre sentiers de randonnées, a depuis un moment déjà une autre corde à son arc : la peinture.
Cliquer sur la photo pour voir le diaporama
Selon François Dufay, le résultat de ses «fureurs picturales» se situe «entre art brut et figuration libre». Je ne suis pas si catégorique et d’ailleurs Jacques Chessex non plus : bien qu’il n’ait jamais appris à peindre de manière académique, il est catégorique, ses peintures ne peuvent pas être assimilées à de l'art brut.
En fait, ce qui me botte (de 7 lieues) chez Chessex c’est que tout «gens-de-lettres» qu’il est, il n’a pas des opinions de Petit Poucet du ciboulo. «Je déteste l’art grec, ce mensonge en plein soleil» gronde-t-il dans sa barbe et je trouve ça marrant.
Pour rester dans la note de ma note fribourgeoise précédente, je ne résiste pas à vous surligner encore ce passage de Chessex à propos de son pays: «De la France, vous ne voyez que les vitrines de chocolat, les banques qui d’ailleurs s’effondrent et les horlogeries qui ont été délocalisées. Ce qui demeure c’est un peuple guerrier, sauvage, violent, qui a un goût baroque des armes, de l’héraldique, du bestiaire. Toute notre histoire exalte des brutes, des coupeurs de gorges, des saigneurs de cochons».
Si après ça, vous pensez toujours que la Suisse est, comme se l’imaginent trop les Français (selon François Dufay) «une contrée aseptisée» plutôt qu’un pays «où la folie couve», demandez à votre libraire Un Juif pour l’exemple paru chez Grasset .
Surtout si vous êtes Français, ça vous aidera à comprendre pourquoi l’Helvétie est une terre d’art brut.
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20.02.2009
L’art brut fribourgeois
L’Art brut fribourgeois c’est pile le truc casse-patte pour une Animula. Comment voulez-vous qu’un blogounet comme le mien puisse rendre compte de la substantifique moelle d’un contenu si riche ?
Je vous parle du bouquin collectif qui accompagne la nouvelle expo de la Collection de l’Art brut (6 février - 27 septembre 2009). Si vous êtes moins surbookée que moi, filez à Lausanne d’un coup de T.G.V., sinon procurez vous ce livre co-édité avec La Sarine. Vous y verrez comment l’art brut s’y prend pour faire bouger les lignes d’un musée.
Maurice Dumoulin - Photo Mario del Curto, 2006
C’est qu’il faut savoir payer de sa personne quand on s’occupe d’un pareil établissement! Etre capable de descendre à reculons et à 4 pattes dans le goulet étroit conduisant à la grotte secrète de Maurice Dumoulin, un costaud de 97 ans pas très causant qui l’a creusée pendant 20 ans pour y empiler des couches d’objets hétéroclites.
Moi qui fouette dans les ascenseurs, j’admire! Lucienne Peiry, l’héroïne de cette aventure, se donne beaucoup de mal dans son introduction pour nous montrer en quoi le contexte fribourgeois est favorable à l’art brut.
Moi qui suis nulle en géographie, j’aurais bien eu besoin d’un petit bout de carte mais bon, j’ai compris en gros le topo : caractère rural du canton, retard économique dû au conservatisme, conscience identitaire forte, hégémonie catho. A vrai dire ce modèle sociologique m’a l’air de fonctionner surtout pour les vaches électriques de Gaston Savoy qui font la joie de la couverture, pour les St-Nicolas, Père Noël et Père fouettard de Lydie Thorimbert, pour les intérieurs d’Antonie Gaillard et les scènes agricolesques de Pierre-Maurice B.
Lydie Thorimbert Saint-Nicolas, Père Fouettard, Père Noël, 1998-2000
Photo : Olivier Laffely
Il est déjà moins évident pour l’installation de conglomérats d’os, de cheveux, de clous, de lames, de fermetures-éclair et de colle du berger Marc Moret.
Marc Moret, 1999-2000 - Photo : Mario Del Curto - Coll. particulière
Et très peu valide pour les lettres asilaires de l’avocat Gaspard Corpataux, belles comme des autographes de Barbey d’Aurevilly et d’une admirable logique.
Gaspard Corpataux - Salut Médecin–Directeur, 1906
Photo : Marie Humair
Eugénie Nogarède,
Eugénie Nogarède - Impérateur Etter (détail), 1949
Photo : Claude Bornand
Justine Python,
Justine Python - lettre chargée (détail) 8 janvier 1933
Photo : Olivier Laffely
Archives de l’Hôpital psychiatrique cantonal de Marsens
autres enragées correspondantes sans retour et Pierrot Garbani, qui psycho-site comme Dubuffet lui-même, font partie du spectacle. Allez les voir pour vous faire une idée.
Michel Thévoz passe dans le ciel en hélicoptère philosophique, déployant une banderole où est écrit :
«Jean Dubuffet considérait qu’un texte tant soit peu éclairant, et sur quelque sujet que ce fût, exigeait une tournure elle-même inventive, une infraction aux règles linguistiques, une revitalisation des mots».
J’applaudis.
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06.02.2009
Prague : Prinzhorn à la cloche de pierre
Evidemment pour Prague, vous repasserez ! Débute en ce moment une exposition de la Collection Prinzhorn à la Stone Bell House (Dům U Kamenného zvonu) mais j’ai loupé le vernissage qui avait lieu jeudi 5 février 2009, Staromestské namesti 13. De toutes façons, je sais pas grand chose. A part le sous-titre : Art brut from the legendary collection of German psychiatrist (art brut z legendarni kolekce nemeckého psychiatra) et que ça va durer jusqu’au 3 mai 2009. Et puis que c’est la Galerie hlavniho mesta Prahy (City Gallery Prague) et l’association abcd qui invitent.
C’est encore le carton qui nous fait les gros yeux qui vous en dira plus. Ce regard est une éclipse dans le vide, avec le soleil noir des pupilles crucifiées ou couronnées d’épines masquant la lumière rayonnante, l’assiette bleue de l’iris flottant dans la mer sanglante du globe, la vague d’écailles reptiliennes des paupières sans cils. Cela ne me regarde pas, ça voit des choses outre moi-même. Bref, ça me met mal à l’aise et pourtant je ne sais m’en déscotcher. C’est un dessin d’August Natterer et il s’intitule : Meine Augen zur Zeit der Erscheinungen. Quelque chose comme : mes yeux en temps d’apparitions.
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04.02.2009
Colloque, expo, catalogue : une trilogie Bosco
Neige sur Paris. Vent sur Palermo. Poireau à l’aéroport. Je suis restée 13 heures à attendre l’avion du retour devant une pub où -ironie du sort- un hardi pittore rougissait un mur bleu à grand renfort de rouleau.
On aurait dit que la Sicile ne voulait pas me laisser partir et qu’elle s’ingéniait à me faire regretter ce que j’étais venue chercher dans l’île avec mon chéri et les amis : non la barbouille ordinaire mais la peinture, la vraie peinture.
Celle du dottore Giovanni Bosco qui malheureusement n’était pas en condition d’assister à l’hommage qui lui était rendu, samedi dernier, dans sa ville de Castellammare del Golfo.
La grande prêtresse de cette chaleureuse cérémonie était Eva di Stefano et elle a assumé son rôle avec efficacité, bonne humeur, rire généreux et énergie communicative. On lui aurait bien offert un gâteau et chanté l’opéra pour la remercier.
Elle était secondée dans sa tâche par Claudio Colomba et une armée de jeunes zeppistes à coppola fleurie (casquette locale chic) et dread-locks.
Ils grimpaient sur des échelles, portaient des tonnes de cimaises, filmaient des plans d’enfer selon les nécessités de l’organisation, de l’accrochage et de la couverture de l’événement.
A 16 heures tout était prêt. Il ne restait plus aux oratrices et orateurs qu’à escalader la tribune de l’ancien cinéma où se tenait le colloque.
Heureusement que 150 personnes étaient là, debout dans les allées, occupant tous les fauteuils, ça réchauffait l’atmosphère de ce janvier frigo et riche en intempéries, même ici.
Ces quelques photos pour vous donner une idée de l’ambiance.
Si ça vous suffit pas, allez sur le documentaire de Salvatore Tartamella où vous cueillerez au vol un morceau de l’allocution de Lucienne Peiry, la directrice de la Collection de l’art brut et l’interview du signor Carlo Navarra, adjoint au maire.
Cliquer sur l'image
Votre petite âme errante étant trop timide pour parler, elle a délégué 2 membres de son «collectif» (et oui, je suis un collectif maintenant !) : l’Auguste Jean-Louis Lanoux qui a fait rire la salle avec son italien de pacotille et, dans le rôle beaucoup plus noble du clown blanc, l’indispensable Michel Scognamillo qui l’a tenue sous le charme de son verbe.
Pour que «Michele» (en italien) me pardonne ces douteuses plaisanteries, je vous scanne ici le beau texte qu’il a donné pour le catalogue sorti pour l’occasion.
La place manque pour célébrer la qualité du contenu de ce bouquin où l’on retrouve les contributions d’Eva, de Lucienne et de Teresa (Maranzano) mais il y a là-dedans quelques nouveaux clichés zeppistes, je vous dis que ça! J’en pique pas trop pour vous donner envie de vous le procurer.
Et je vous emmène toute de suite faire «un giro» (un tour) dans l’expo de dessins de Giovanni qui se tenait dans une église déconsacrée voisine.
Le spectacle, bien entendu, était aussi, était toujours, dans la rue. J’ai retrouvé un peu pâlies les fresques que j’avais vues en mai 2008.
J’ai découvert de nouveaux dessins sous les palétuviers ou sur les murs du jardin public.
En arrivant à Paris un peu hébétée de fatigue, je cherchais machinalement des Bosco partout sur les platanes et dans les rues.
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25.01.2009
Castellammare del Golfo honore Giovanni Bosco
Photo : ZEP
Giovanni Bosco sort de l’ombre. L’œuvre de ce grand créateur d’art brut sicilien aussi. Giovanni Bosco, dessinateur et muraliste d’exception, dont votre petite âme errante est fière de vous avoir révélé l’existence un soir de mai 2008 (le 25 pour être précise). Grâce à Boris Piot, l’un de ses fidèles lecteurs, qui l’avait mise sur la piste de Castellammare del Golfo.
Car je peux bien vous l’avouer maintenant c’est cette pittoresque bourgade balnéaire située non loin de Palermo qui est la patrie de Giovanni. C’est donc sous le patronage de la Municipalité de Castellammare et de la Province de Trapani que va se tenir une exposition Bosco dont on parlera dans les chaumières italiennes, françaises, suisses et… animuliennes.
Bosco émerge, du moins sa main, couverte de peinture rouge et brandissant une brosse, sur la couverture du catalogue et sur l’affiche qui nous informe des dates assez resserrées de l’événement : 31 janvier -7 février 2009. Le 31 janvier c’est le jour dédié au saint local : un certain San Giovanni Bosco, homonyme de notre peintre. Comme il est très populaire là bas, notre Giovanni Bosco à nous devra vaincre une forte concurrence pour se voir indexé sur Google.
Il reste à souhaiter par conséquent que cette exposition castellammarienne (qui est doublée par un colloque sur l’Actualité de l’art brut) soit suivie de plusieurs autres initiatives pro-Bosco. Un soutien attentif et respectueux a été apporté sur place ces derniers mois au peintre, qui n’a pas été épargné par la vie et dont la santé n’est pas des meilleures, grâce à l’action conjuguée d’Eva di Stefano, coordinatrice des différentes facettes de l’opération et de l’organisation ZEP (Zéro Euro Production).
Eva di Stefano, vous la connaissez. Elle est l’auteur du livre sur l’art brut et l’outsider art sicilien, intitulé : Irregolari. Je vous en ai parlé dans ma note du 22 juillet 2008.
Les ZEP, c’est une société d’étudiants de la ville qui réalise des vidéos.
Un de leurs films, Giovanni Bosco dottore di tutto, figure au programme.
L’exposition sera abritée dans une salle (Aula consiliare) du Palais Crociferi. Les participants au colloque : Eva di Stefano, Lucienne Peiry, Michel Scognamillo, Teresa Maranzano et Domenico Amoroso (directeur du Musée d’Art Contemporain de Caltagirone où une section est consacrée aux artistes outsider siciliens) se réuniront au Teatro Apollo dans le même palais.
Tout ce beau monde se retrouvera peu ou prou dans le catalogue. On attend du soleil et 15° Celsius. Aux commandes de l’avion, 3 pilotes dont on attend beaucoup : la ZEP, l’Observatoire Outsider Art de l’Université de Palerme et la Fondation Orestiadi di Gibellina.
Link : Per i nostri amici italiani.
Dernière nouvelle : le hasard veut qu’au moment où nous mettons sous presse, le n°30 de la revue Création Franche se décide à sortir (merci Anne, merci Sophie, merci Gérard) avec 7 reproductions couleurs accompagnant un texte de Jean-Louis Lanoux, intitulé Giovanni Bosco au cœur de l’art brut.
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