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11.01.2009

In good we trust

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J Martin 1.jpg

John Martin : Good cop

C’est le genre de phrase qui me fait bicher.

Y’a qu’au Pays de l’art brut qu’on peut lire des choses comme ça : «Je n’ai pas de héros mais j’aime regarder les canards nager» Et le Pays de l’art brut, cette semaine ira de la rue de Lancry à Oakland : «I don’t have any heroes but I like to watch the ducks swim». C’est Teri Bowden, l’auteur de cette formule carrée comme la pensée d’un philosophe oriental. Et Teri Bowden avec 12 autres créateurs du Creative Growth Art Center verra ses œuvres exposées à Paris par la Galerie impaire du 15 janvier au 16 février 2009 :

terri bowden 3.jpg

Il y a dans cette liste des noms qu’on connaît déjà pas mal : Dan Miller, Aurie Ramirez, William Scott par exemple et plein d’autres à découvrir comme Louis Estape :

louis estape.jpg

James Farrell :

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Valerie Tribble, William Tyler :

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Olga Bielma :

Olga Bielma 3.jpg

and ainsi de suite. Découvertes à la clé, naturellement. Vernissage jeudi 15 janvier de 18 à 21 heures. L’exposition joue sur les mots et -ce qui est plus malicieux encore- sur la devise fameuse des U.S.A. : In good company we trust, c’est son titre. Amusante façon de rappeler que le CGAC est avant tout un collectif, un collectif de création groupant créateurs révélés et encadrement révélateur.

Une bonne compagnie vraiment et dont l’invitation sait trouver les mots qui nous chatouillent agréablement les tympans : «L’esprit innovateur et l’idée révolutionnaire de Jean Dubuffet, existe toujours et continue de se développer». Je ne sais pas si c’est vraiment vrai de chez vrai mais c’est tellement super à entendre que je vous le refais en anglais : «The innovative spirit and revolutionnary ideas of Jean Dubuffet, founder of the first collection of art brut, still exist and continue to thrive».

10.01.2009

Arte, Genio, Follia, frères siennois

affiche AGF.jpg

Buon anno nuovo a tutti di voi !

Si je vous présente mes vœux animuliens en italien c’est que le balancier brut est en train de pencher vers la botte de nos chers voisins.

Piazza del Campo 2.jpgEt tout d’abord vers la bonne ville de Sienne où votre petite âme errante se souvient du cappucino qu’on boit à la terrasse des bistrots de la Piazza del Campo. Mais ce n’est pas sur cette célébrissime place en forme de coquille St-Jacques que je vous entraîne mais bien Piazza del Duomo, au n° 2, là où se trouve le Complesso Museo Santa Maria della Scala.

veduta del Santa Maria della Scala su piazza Duomo.jpgEn quel honneur ? Ben tiens, pour une expo qui s’y prépare, mes cousins! Arte Genio Follia, c’est le nom de cette expo-poupée-gigogne. Allusion à Cesare Lombroso, bien sûr. Montée à partir d’une idée du critique d’art Vittorio Sgarbi dont vous pouvez apprécier le style sur les vidéos proposées sur le site officiel (chapitre Multimedia), elle va se positionner bravement à la lisière du champ artistique et psychiatrique pendant 4 mois (31 janvier-25 mai 2009).

poupees 4.jpgSi je la traite de poupée-gigogne c’est qu’elle va emboîter ensemble 8 «sezione» distinctes traitant chacune un aspect différent du vaste et passionnant sujet tricéphale choisi : les rapports entre l’art, le soit-disant génie et la folie. Les œuvres proviennent des plus importants musées d’Italie et d’Europe et chaque poupée a été confiée à un commissaire approprié. Faut-il que je vous énumère chacune de ces sections ? Oui, au risque d’être barbante. Chacun pouvant y trouver son boire et son manger suivant qu’il en pince pour l’histoire :

Section 1 : La Scena della Follia (parcours chronologique de la période médiévale à Lombroso)

scena della follia.jpg

Jérôme Bosch

Genio e Follia al tempo di Nietzsche (section 3)

Ernst Ludwig Kirchner.jpg

Ernst Ludwig Kirchner

le point de vue artistique moderne ou contemporain (sections 3 et 8)

15. Edvard Munch - Murder.JPG

Edvard Munch

La Guerra nello sguardo degli artisti (regard des artistes sur une folie collective)

section 4 otto dix.jpg

Otto Dix

La Lucida follia nell’arte del XX secolo (Unica Zürn et Henri Michaux, Surréalisme, Actionnisme viennois)

39. Victor Brauner - Le ver luisant, 1933.jpg

Viktor Brauner

l’art brut (respectivement section 5, 6, 7) : Omaggio ad Hans Prinzhorn

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Franz Karl Bülher

Art brut proprement dit (curator : Lucienne Peiry)

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Giovanni Batista Podesta

Due casi emblematici : Antonio Ligabue e Carlo Zinelli

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Antonio Ligabue

Je traduis pas, vous avez compris. Cette exposition confronte à sa façon les œuvres des créateurs de l’art brut et celles des meilleurs artistes modernes et contemporains : Van Gogh, Munch, Strindberg, Kirchner, Ernst, Masson, Brauner, Messerschmidt etc. Mais à la différence de la plupart de celles qui se sont essayé -avec un succès relatif- à ce rapprochement périlleux, elle s’ordonne selon une structure souple qui semble autoriser cet exercice. Chaque section participe à l’ensemble et conserve son autonomie. Cela paraît fastoche mais il faut le faire ! Espèrons que ça tiendra la route. Un catalogue accompagnera l’expo AGF, on y verra sans doute explicité son concept original.

18:09 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, franz karl bülher, giovanni battista podesta, antonio ligabue | |  Imprimer | | Pin it! |

14.12.2008

La Pommeraie dans son jus

Pommeraie, Pommeraie, Pommeraie. Comment voulez-vous, qu’avec le lourd bagage intellectuel que je me coltine, ce mot-là m’évoque pas Nantes et André Pieyre de Mandiargues? La ligne 1 était bourrée jusqu’à la gueule, ce jeudi 11. Tout le monde semblait se rendre au vernissage de la Galerie Objet Trouvé, ce soir-là. Pour me soustraire un peu à la pression d’une mère Noël qui m’enfonçait ses cadeaux dans les côtelettes, je me répétais : Pommeraye. Et je pensais au passage du même nom que Mandiargues a si bien évoqué dans Le Musée noir.

les lampions à la bastille.JPG

Quand le tromé me cracha à la Bastille, c’était une autre chanson. On était loin de Nantes et de son fameux passage couvert. Disons, pour rester dans la note surréaliste urbaine qu’on nageait plutôt dans le Léo Malet. rue de charenton lune.JPGIl était dit que Paris ferait des pieds et des mains pour déployer sa magie glauque en l’honneur de La Pommeraie, cet atelier de création belge momentanément (jusqu’au 17 janvier 2009) arrimé au vaisseau amiral de Christian Berst. rue de charenton nuit vide.JPG
On eut donc droit aux lampions, à la lune masquée et à la couleur d’ambre de la rue de Charenton.
plante.JPG

 

 

 

 

 

A l’intérieur de la Galerie, une petite plante verte jouait les bonsaï, génie tutélaire de la fête.

A l’extérieur, une auto-jouet brillait sous la bruine verglaçante.

galerie voiture.JPG

Les œuvres étaient là et leurs créateurs aussi. On ne les distinguait guère des visiteurs. Pourtant ce devait être un gros effort, pour certains, de se retrouver là, loin de leur base, en compagnie d’inconnus bourdonnant comme des abeilles.

vue de l'exterieur.JPG

«C’est fatigant!» reconnaissait l’un d’eux qui appréciait le divan blanc d’Objet Trouvé. D’une bourrade amicale, Bruno Gérard qui, en temps qu’artiste chargé de cet atelier, a l’habitude d’encourager son monde, lui communiquait du réconfort.

la pommeraie.JPG

Est-ce l’accrochage ou une certaine hétérogénéité inhérente aux œuvres présentées ? Il m’a semblé que l’expo hésitait un peu entre la présentation générale du travail de l’atelier et l’hommage appuyé au trop remarquable Paul Duhem.

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Elle ne faisait qu’accentuer la différence entre la forte cohérence de l’œuvre de celui-ci et les réussites plus aléatoires des autres créations.

Mais, il faut dire que je suis mauvaise juge car plus j’ouvre les portes de ce Paul qui commençait toujours ses compositions en réservant sa petite part de signature, plus j’en suis raide dingue.

Il faut dire aussi que l’expo est complétée par un gros bouquin gris dont je n’ai pas pu m’approcher parce que -shit, crotte, zut- il y avait toujours un gros dos sur le chemin de votre petite âme errante.

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20:39 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem | |  Imprimer | | Pin it! |

03.12.2008

Zemánková (s) 2008/2009

invit zemankova.jpgZemánková-Praha : nouvel épisode à la Galerie Havelka, du 18 décembre 2008 au 27 janvier 2009. Sur le carton d’invitation, ça commence comme un épi, ça se poursuit en ailes de libellule, ça s’épanouit en collerette de dragon, en arêtes de poisson volant, en griffes de dents de lion. Anna Zemánková sème à tous vents, hisse son pollen, hurle son pistil. De sa tige monte une répétition de chauves-souris qui déroulent une gamme de membranes, rouges comme les touches d’un clavier imaginaire et belles comme des pierres précieuses.

illustration zemankova.jpg

Ce que les œuvres de cette grand-mère, éternelle dans la création, peuvent paraître musicales, c’est rien de le dire! La houle des gerbes sous le vent, la stridulation des insectes, le friselis d’un étang, c’est tout ça qui nous saute dans les oreilles autant que dans les yeux dans ce dessin de ZZZZZémankoVVVVVa. Ce que j’aime, c’est sa façon d’emprunter aux différents règnes : végétal, génital, bijoutier, sexuel, nourrissant ... Et puis Zemánková est la seule créatrice d’art brut disparue dont la petite-fille glisse de temps à autres des messages dans ma boîte aux lettres électronique :

«Milí přátelé,
ráda bych Vás pozvala na vernisáž výstavy Anny Zemánkové, která se bude konat příští čtvrtek 11.12. v 18:00 v galerii Havelka (Martinská 4, Praha 1). Moc se těším na setkání!
»
Terezie Zemánková

Merci à vous, Miss Terezie et si les demoiselles Alice Corbaz, Caroline Tripier, Eleonor Gill, Séraphine Burnat-Provins, Marie-Thérèse Bonnelalbay veulent me glisser un mot à propos de leurs mères-grand, votre petite âme errante leur dit : «ne vous gênez pas les filles

23:10 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : anna zemankova, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

10.11.2008

Shigabcd catalogue art brut

Shiga Japon.jpg

lobby museum.jpgPuisque Japon il y a, faut pas que j’oublie de pointer Shiga sur la carte. Le dessin n’a pas été copié dans Gala. Il est de ma pomme. Mais c’est là que, grosso modo, se trouve le Museum of Modern Art qui prête ses cimaises jusqu’au 30 novembre 2008 à la Collection abcd, une nouvelle fois en vadrouille. alveoles.jpgLe catalogue que je viens de recevoir est une petite merveille.

Grouillez-vous, mes abeilles, si vous aimez garnir vos rayons, de le réclamer à Montreuil, siège de l’asso présidée par Bruno Decharme.

Sous son étui-préservateur rouge, c’est un bijou noir et argent, relié à la jap avec des fils apparents. Consultation souple, ouverture grand angle et légéreté. Pas du tout le genre «bourgeoise-qui-s’encanaille» chère à votre petite âme errante.

étui cata.jpgcouv cata.jpg

souris_grise_014.gifCette publication en jette plutôt par ce côté zen un peu glacé qui caractérise les productions abécédiennes. Cet art est ici poussé si loin que les textes, imprimés sur papier souris, sont presqu’illisibles.une page.jpg Vous me direz que je pige que couic au nippon. Okay, mais même la version française, tirée en gris sur fond noir, je vous défie de la déchiffrer, y compris avec les lunettes de votre mamie.
Abcd qui, en matière de typographie, a toujours montré un amour immodéré pour les petits corps, s’est abandonnée ici à son vice. Tant pis pour les auteurs et tant pis pour les lecteurs. Les textes, pourtant copieux, ne sont là que pour apporter le contrepoint formel d’un bloc impeccable comme la tablette de chocolat de L’Odyssée de l’Espace.

Monolith-Earth-Moon.jpg

A côté de cette symphonie en anthracite majeur, la partie centrale, réservée à la reproduction en couleurs des œuvres, a l’air d’un rayon de soleil levant. C’est voulu par le designer et c’est réussi. Nos amis japonais auront sans doute le choc.

Matsumoto.jpg

Les Européens auront peut-être une impression de déjà-vu. Depuis plusieurs années que ces images circulent de L’Isle-sur-la-Sorgue à Paris, de Prague à Kaustinen (Finlande) en passant par Athènes, leur œil a eu le temps de s’habituer.
Pour le vérifier : un petit jeu. Le catalogue Shigabcd scande ses différentes parties au moyen de négatifs agrandis.

J’en livre 5 ci-dessous à votre sagacité. A vous de deviner à quels créateurs ils correspondent.

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Fig. 1
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Fig. 2
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Fig. 3
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Fig. 4
tête de cerf.jpg
Fig. 5

13:11 Publié dans Ailleurs, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abcd | |  Imprimer | | Pin it! |

09.11.2008

Jet Set Tour Brut

JetPlane.gif

Pirosmani, Waldau, Miyawaki, Art en marge… Vézelay, Kyoto, Genève, Bruxelles.Y’a des fois, j’aimerais faire partie de la jet set. Je prendrais des avions et je brûlerais du kérozène mais je passerais mon temps à voir les expositions qui m’attirent. Pas vous ?

Affiche expo_Pirosmani .jpg

Sachant qu’il ne me reste plus que jusqu’au 10 novembre 2008, je me propulserais au Musée Zervos de Vézelay où sont montrées 17 toiles de Niko Pirosmanachvili (autrement dit : Pirosmani), le grand peintre autodidacte géorgien, qui avait commencé par peindre des enseignes avant de fasciner les membres de l’asso d’avant-garde La Queue d’âne (Le Dentu, Malevitch, Tatline).

pirosmani bank note.gif

Billet de banque à l'effigie de Pirosmani

De là, je m’envolerais vers Odessa où l’on signale à la Gare Maritime la présence d’Yvon Taillandier.

taillandier à chatillon.jpg

Non sans faire un détour d’abord par la Maison des Arts de Châtillon pour une expo de cet artiste prolixe, qui fut critique d’art avant de passer à la peinture pour y élaborer, avant la Figuration Libre, un monde sinueux et luxuriant, narratif et bigarré que certains (notamment la galeriste Ceres Franco) ont senti comme fraternel à cet art brut qui avait déjà pris sa vitesse de croisière.

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MEETINGS_ON_THE_MARGIN_FR(2).jpg

 

Ensuite, je filerais vers le Japon, en faisant un crochet par Bruxelles/Brussels pour une étape, rue Treurenberg, au Centre Culturel Hongrois où se tient Meetings on the margin, une expo dont je sais pas plus que ça mais montée avec le concours d’Art en marge, c’est tout dire.

 

Gene mann tendres humains.jpg

A Kyoto, j’aurais jusqu’au 14 décembre 2008 pour me rendre à la Galerie Miyawaki faire un tour dans l’expo perso de Gene Mann (Tendres humains), un peintre qui n’est pas à enrégimenter dans l’art brut mais dont j’ai déjà eu l’occasion de signaler le livre en accordéon dans ma note du 27 juillet 2008 intitulée L’Art outsider à la pompe. Gene Mann, qui vient de découvrir mon blogounet, pense à ses frères et sœurs de création «hors bords» dans l’invitation qu’elle m’adresse. Le mot est joli. Il mérite d’être relevé pour sa tentative de sortir des ornières terminologiques.

gene mann regard de lune.jpg

L’intention ne l’est pas moins (jolie) car c’est rare de voir les zartisses s’occuper du nombril des autres. Celle-ci, dans son atelier ou dans la nature où elle dessine sur la mousse, ne craint pas de se colleter avec la matière et que voulez-vous, moi j’aime ça. Il n’y a que ses cheveux qu’elle rassemble en touffe sur sa tête (ce qui la fait ressembler toute entière à un pinceau) qui restent à l’abri des couleurs. Gene Mann qui est d’origine française mais qui vit en Suisse me ramène à Genève où Une Sardine collée au mur montre les travaux de 5 créateurs de l’Atelier artistique de l’hôpital de la Waldau.

invit expo waldau.jpg«Loin d’être insensées, ce sont des œuvres qui parlent de la délicate condition de l’être humain» nous dit délicatement le carton d’invit.

18:13 Publié dans Expos, Images, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, pirosmani, yvon taillandier, gene mann | |  Imprimer | | Pin it! |

05.11.2008

Jean Dubuffet au séminaire

 

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Vous savez pas quoi faire samedi ? Hello, ça vous dirait un p’tit séminaire ? D’ici là, l’Amérique sera barackée. A moins qu’elle n’en pince pour le playmobil. En tous cas, vous serez à New York pour l’événement et on peut dire que ça tombe pile poil parce que c’est au Folk Art Museum que, juste avant le lunch (entre 11 Am et 1 PM), vous aurez la chance (pour peu que vous ayez 20 $ dans la poche de votre doudoune) d’assister le 8 novembre 2008 au Saturday Seminar dans le cadre des Folk Art Studies.afam studies.jpg C’est très sérieux, ne rigolez pas. Qui a dit que les Américains, démocrates et républicains (il me semble qu’on peut être les 2 à la fois) ne comprenaient rien au mot «art brut» ? Sans doute ceux qui croient branchouille de jargonner pidgin à tire-larigot dans leurs papiers ou sur leurs sites : outsiders par ci, self-taught par là. A ceux-là le séminaire de l'AFAM apporte – lon, lon, laire – un démenti puisqu’il s’intitule : Jean Dubuffet’s «Discovery» of l’art brut and les ecrits bruts : The European Context.

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Bon, O.K., il y a ces guillemets qui festonnent la Découverte mais cette titraille est quand même prometteuse puisqu’elle montre à l’évidence que nos amis Uessiens ne craignent pas de se coltiner l’art brut, à la fois le mot (pas la peine donc de lui chercher des équivalents anglais plus ou moins vaseux) et la notion elle-même. Et même d’avaler au passage, quoique sans accentuation, un autre syntagme françois, j’ai nommé les «écrits bruts».
Je persiste en vous refilant le très clair laïus qui présente le Seminar : «
This seminar will examine the historical specificity of Dubuffet’s “discovery” of l’art brut and les ecrits bruts in France in the immediate post–World War II period in light of the artist’s political affiliations and literary and curatorial aspirations. We will review the artistic and literary genealogy of art brut and discuss the extent to which Dubuffet’s postwar definition of art brut differs from the surrealists’ celebration of l’art des fous. Concomitantly, we will look at Dubuffet’s extensive writingson specific artistes brutes, including, but not limited to, Aloïse, Gaston Chaissac, Le Comte du Bon Sauveur, Charles Jaufret, Alfonso Ossorio and Francis Palanc.»

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Collection of Audrey B. Heckler © Estate of Martin Ramirez

Comme je sais pas trop avec quoi vous illustrer cette note, j’emprunte à la shop du musée une image ramirezienne trouvée dans un portefeuille de cartes. C’est une repro de l’une de ces fameuses œuvres redécouvertes en 2007 exposées à l'AFAM jusqu'en avril 2009 sous l'intitulé : Martin Ramirez, the last works.

00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, jean dubuffet, martin ramirez | |  Imprimer | | Pin it! |

03.11.2008

Rouge ciel, 100 minutes pour l’art brut

C’est comme dans les bonnes séries télé, on ne change pas un concept qui gagne. Alors, abcd présente, jusqu’au 20 décembre 2008, la saison 2 de l’expo si astucieusement baptisée : brut alors !

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Et, comme c’est encore dans les vieux projets, mûris pendant des années avec détermination qu’on fait la meilleure soupe, Bruno Decharme, réalisateur et collectionneur émérite que l’on sait, nous annonce parallèlement la sortie de son long métrage qui se veut un «essai» cinématographique sur l’art brut, et non un simple docu de plus. Portraits de créateurs et témoignages de gens divers allant des marchands aux amateurs passionnés en passant par les psychanalystes, les historiens d’art et, et, et … les collectionneurs, sont au rendez-vous de cet événement promis-juré pour ce mois de novembre. 100 minutes à se mettre dans les mirettes, dans les oreillettes, dans les gencivettes ! Youpi !

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Bon, avec ses modestes capacités intellectuelles, votre petite âme errante n’a pas trop compris le titre : Rouge Ciel. Elle savait déjà que «la terre est bleue comme une orange» mais là, elle préfère attendre qu’on lui décortique cette image surréalistiquement percutante. En attendant, va pour Rouge Ciel ! Car il faut dire que je me suis régalée (et je vous invite à en faire de même) avec l’extrait hyper-tonique que nous distille avec le sens du rythme qui le caractérise, l’auteur du film, sur Système B (comme Bruno?).

J’ai spécialement pris mon pied avec la partie qui présente des repères historiques dubuffetiens. Il faut dire qu’elle nous apporte sur un plateau un résumé de faits, par définition un peu arides, sous la forme d’un dessin animé où mon daddy chéri a immédiatement reconnu un pastiche des réalisations de Jean-Christophe Averty. Ceci à grand renfort de miousic kusturiquienne et d’un commentaire, décapant en diable et gentiment iconoclaste, tout à fait dans l’esprit animulien.

08:14 Publié dans Ecrans, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, abcd | |  Imprimer | | Pin it! |

01.11.2008

Janko Domsic, le mécanicien céleste

invit objet trouvé domsic.jpg

Domsic, ça m’donne faim, voilà le hic. Rien comme l’art brut pour creuser des trous dans l’appétit ! Surtout après une chevauchée en vélib. C’est pas parce qu’on est une âme qu’on n’aurait pas le droit de se caler les joues avant une expo.

bai thong.jpgAussi, errant dans les territoires venteux du XIIe arrondissement, en attendant de rendre visite à l’ami Janko, me suis-je offert un p’tit resto de la Charenton’s street qui lèche si gentiment le derrière de l’Opéra-Bastille. Vous n’avez rien contre les thaïs ? poisson banane.jpgAlors je vous recommande le Bai Thong, au 47. Salade de bœuf, céleri, concombre, poisson à la vapeur dans sa feuille de bananier, riz parfumé.

Et vue imprenable sur le trottoir d’en face et sur la Galerie Objet Trouvé qui vous ouvre sa porte à l’heure du dessert. Vous avez jusqu’au 22 novembre 2008 pour répéter ce scénario, déposer votre K-way mouillé sur le canapé blanc, dire bonjour à la dame au joli collier tordu qui vous sourit la bienvenue et assister au défilé triomphal du rayonnant Janko Domsic.

couv catalogue domsic.jpgHeureusement qu’il y a un chouette catalogue à vous mettre sous la dent. Il vous expliquera tout.

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Exposition de 1978
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Si je m’écoutais, je vous en ferais pourtant des tonnes à propos des pas de l’oie et des bras raides brandis des automates impudiques et fulminiques, aux calots oustachiens et chapeaux pointus de derviches tourneurs, de ce créateur d’origine croate que Christian Berst, le capitaine d’Objet Trouvé appelle «le mécanicien céleste».

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On pourrait aussi bien dire : «la bielle de Dieu» car répare-t-il quelque chose au ciel ou n’est-il que l’instrument d’une force transcendante qui le tyrannise, ce progieux emberlificoteur de lignes de stylo à bille vert et/ou rouge ? La complexité des connexions, que trahit l’écheveau des courroies que Domsic représente, en dit long sur son assujettissement, tandis que les croix gammées, faucilles, marteaux, fourchettes, étoiles éructés par ses pantins ubuesques en disent long sur sa révolte. Révolte à l’égard de cette douche de langage qui ne cesse de tomber sur le râble de ses protagonistes.

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Il faut souligner, à ce propos, l’un des mérites de cette expo. A aucun moment, elle ne cherche à faire oublier au profit des images, les textes sous-jacents ou parallèles à celles-ci. Cette fonction de palimpseste, de discours bourdonnant, bourgeonnant et parasite, elle la souligne même par l’accrochage d’un grand format carrément dense que d’autres auraient peut-être trouvé trop bavard, c’est-à-dire moins évidemment pictural.

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Dans la version avec option du catalogue, le très valeureux Christian n’a pas hésité à se farcir la diabolique transcription de ce vertigineux morceau de délire : «dessine cigare Havana reuni inter sovietique tota yanco E electronique smokin ustacha schisme solidaire contre Humanitaire inter social mondial evangelique ya ya Gott Mit Uns dieu jean yann BOG MARIE SP CHRIST (…)».

 

Toutes les photos sont extraites du catalogue

Photos : Elisabeth Berst ©Galerie Objet Trouvé

14:35 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : janko domsic, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |

26.10.2008

Franck Calloway, 3 siècles d’art brut

Si je vous dis Calloway, vous pensez Cab et moi Franck, le champion du monde de la longévité brute. Franck Calloway, dessine des trains qui se prélassent sur des kilomètres de papier de boucherie, 7 à 9 heures par jour, près d’une fenêtre, dans une institution pour le 5e âge (car il a -tenez-vous bien- 112 balais) à Tuscaloosa en Alabama.

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Des trains, des bateaux, des maisons, des véhicules de sa lointaine jeunesse puisque né en 1896, il est un trait d’union entre 3 siècles. Beaucoup de choses très colorées qui nous ouvrent une fenêtre sur un sud agricole disparu.

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Photos AVAM

Aujourd’hui, comme je sors de 6 heures de T.G.V. avec de sales moutards qui balançaient des coups de pied dans mon fauteuil pour passer le temps, c’est surtout les trains qui m’ont frappée. Rien de tel que le train, même sur coussin d’air, pour vous ramener à la cadence. Moins de tchou-tchou mais toujours le défilé du paysage, les saccades, le trou noir du prochain tunnel.

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Quelque chose me dit que Franck Calloway, qui ne voyage plus guère que dans sa belle salopette en jeans bleue, est sensible à ce genre de chose : une sorte d’auto-engendrement presque infini (il faut bien changer de rouleau de papier parfois) des formes. Le fait qu’il se récite volontiers des tables de multiplication me fait penser que son propos n’est pas si naïf qu’il en a l’air.

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Eloigné en tous cas d’une préoccupation purement descriptive. Proche de nos basiques circuits mentaux. Automatiques pour tout dire. «There is a presence with him, I’m telling you, that feels angelic» dit pour sa part Rebecca Hoffberger, la directrice de l’American Visionary Art Museum de Baltimore qui a eu la bonne idée d’accueillir 18 rouleaux de dessins au stylo à bille, crayon et marqueur de ce super-papy créatif dans son exposition intitulée The Marriage of Art, Science & Philosophy.

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The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry

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The Marriage of Art, Science & Philosophy@AVAM-Photo Mark Barry

Franck Calloway est si en forme qu’il s’est, paraît-il, tapé la distance qui sépare l’Alabama du Maryland en avion pour l’inauguration qui a eu lieu le 4 octobre 2008. On souhaite ardemment, bien sûr, pour peu que la schizophrénie conserve, qu’il soit toujours avec nous quand sera venue l’heure de la fermeture de l’expo le 6 septembre 2009. Le diagnostic porté sur lui en 1952 peut bien l’avoir conduit, depuis ce temps là à vivre dans diverses institutions, nous avons grand besoin de ces magiques compositions défilantes, si loin de la statique peinture de chevalet.

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Avec les années ses protecteurs ont égaré les traces de sa vie d’avant. Lui, évoque des souvenirs de métiers durs : poseur de rails, bûcheron, fermier, forgeron peut-être. Peu d’école. Juste le temps qu’un instit l’encourage à dessiner. Puis plus rien. Jusqu’à ce qu’en 1980 (il a 84 ans), son talent se réveille sous l’effet de son intégration dans une «art class». Merci l’art-thérapie. Grâce à elle, cette fois, un des plus vieux types de la planète n’a plus quitté la seule activité qu’il aime et qu’il considère comme son job : le dessin à l’état brut.

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