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21.11.2010

Fous à lier, fous à lire

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Même si vous êtes dans le droit fil et que vous ne yoyotez jamais de la touffe, vous raffolerez d’apprendre que les fous se portent bien. Les fous littéraires s’entend. On n’a que des bonnes nouvelles à leur sujet en ce moment. Jamais catégorie n’a été autant gâtée que les F.L.

On dirait que les prises de chou, les excentricités de pensée et les théories fumeuses stimulent les taxinomistes. Rien qu’au XIXe siècle, on peu citer un tas de gus : Charles Nodier,

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Octave Delepierre, Gustave Brunet sous le pseudonyme croquignolet de Philomneste Junior, Louis Greil, Charles Monselet  charles monselet.jpg

Quant au XXe, il se propulse au royaume de Madopolis au moyens de deux locomotives. Raymond Queneau qui laissa en plan Les Enfants du limon, le roman où il avait investi ses recherches sur la question

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Raymond Queneau chez Raymond Isidore en 1974 ®

et André Blavier qui prolongea ses travaux.

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Le Blavier, c’est pour ainsi dire la Bible des Fous littéraires. Il faut avoir les deux éditions parues chez l’héroïque Henri Veyrier (qui essuya les plâtres en 1982) et aux Editions des Cendres en 2000 pour la version «considérablement augmentée» sur papier Bible justement. fous litteraires blavier bleu.jpgles fous litteraires André Blavier rose.jpg Et maintenant, car c’est l’objet de ma note d’aujourd’hui, va falloir vous procurer Graines de folie, le Supplément aux Fous littéraires d’André Blavier qui va paraître incessamment sous peu aux éditions Anagrammes à Perros-Guirrec.

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Dans le genre, vous seriez nuls aussi de pas vous jeter sur le petit dernier de la Collection Gens singuliersqui sort chez Plein Chant.

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D’abord parce que c’est Plein Chant et puis parce que ce livre de Paule Adamy éclaire La Vie et les griffonnages de François Grille (1782-1853), un fou littéraire sur lequel Gérard Oberlé avait dès 1985 attiré l’attention dans son catalogue historique intitulé Fous à lier (lire), fous à relier (relire) publié par sa librairie du Manoir de Pron.

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Paule Adamy cite Oberlé au début de son ouvrage. Elle le fait avec le ton objectif, raisonnable et pour tout dire un peu scrogneugneu que beaucoup de chercheurs se croient obligés d’adopter face à un effet de style. Ce n’est pas sans raisons mais c’est un peu rasoir. Adamy croit qu’Oberlé s’est égaré dans sa notice à propos des relations épistolaires de Grille avec un autre allumé dénommé Van Den Zande. Elle ne semble pas comprendre qu’il donne simplement du relief à son propos pour que son lecteur n’aille pas se pendre d’ennui.

Citons la prose oberléenne «un jour (Barbier) offrit à Grille un exemplaire des Fanfreluches de Van den Zande. Grille riposta par l’envoi de ses Fables et ce fut le point de départ d’une invraisemblable correspondance poétique qui passa par tous les stades de la folie amoureuse : simple flirt et politesses échangées, promesses de s’aller voir, joutes poétiques, badinages mais jamais de rencontre».
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C’est peut-être un peu désinvolte mais que voulez-vous, chère Paule A, moi je trouve ça poilant!

 Avant de développer la carrière d’écrivain que l’on sait, Gérard Oberlé a été un grand rénovateur de la fiche bibliographique. Il a tiré celle-ci des abîmes soporifiques où elle végétait.

Ce serait dommage de ne pas s’en rendre compte.

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20.11.2010

Des invités-surprise pour l’abbé Fouré

100 ans de Fouré, ça vaut bien un petit coup de turlututu!

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L’Anatole (Jakovsky), dans son bouquin sur Les Mystérieux rochers de Rothéneuf, paru en 1979 chez l’éditeur Encre, faisait remarquer que l’inaltérable Abbé Fouré était DCD en 1910, «la même année que le Douanier Rousseau».

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Avouez donc que ce serait bête de laisser filer 2010 sans soulever son chapeau pointu ou sa casquette de baseball en son honneur.

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Une toute nouvelle Asso, dont je ne sais pour ainsi dire rien, vient de se décider à le faire. Je relaie (dans le brouillard mais de bon cœur) cette initiative qui m’est signalé par une Animulienne malouine.

L’Association s’appelle Les Amis de l’œuvre de l’Abbé Fouré. Beau programme auquel on ne peut que souscrire! Si je comprends bien cette asso n’a rien à voir avec le site des Rochers sculptés. Elle nous promet de nouvelles infos pour plus tard mais là, dans l’urgence, elle nous fait parvenir l’affiche annonçant le temps fort de sa cérémonie d’hommage.

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Retenez donc votre samedi 18 décembre 2010. C’est à ce moment là que vous pourrez looker une expo complète sur Fouré et ses œuvres (de 10 à 18 h), vous faire dédicacer par son auteur un nouveau bouquin sur St-Malo-Rothéneuf au temps des rochers sculptés (à 11 h précises, attention les retardataires!), vous faire une toile le soir à partir de 20 h 30 avec la projection d’un film d’un certain F. Daudier

Et avant d’aller faire de beaux rêves, vous aurez encore droit à une conférence sur l’art brut «animée par des invités-surprise». Aïe, aïe, aïe, là je crains le pire! mais j’espère, j’espère vraiment qu’on nous épargnera les grandes têtes molles des «experts-spécialistes» de la chose pour nous sortir de véritables jokers.

 

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Je pense que cette journée préludera à une expo qui occupera le mois de décembre tout entier mais je n’en suis pas sûre. Si madame Joëlle Jouneau, la présidente de l’Asso des Amis de l’œuvre du bon Abbé me faisait l’honneur de passer par chez moi pour lire ces lignes, ce serait sympa à elle d’éclairer à fond mes lecteurs et mes lectrices à qui je fais un gros bisou en passant.

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17.11.2010

Des Vaisseaux fantômes rue Quincampoix

Les dérives, il arrive que ça me conduise à perdre de vue mon port d’origine.

Aujourd’hui, c’est la faute de la Galerie Polad-Hardouin si j’ai largué les amarres de mon sujet-fétiche pour aborder une île d’au delà de mes petites brutalités ordinaires. L’île mystérieuse baptisée Sefolosha sur mon portulan d’exploratrice animulienne.

gallerie P H.jpgJ’aime bien la Galerie Pol-Har. Elle n’est pas radine de ses images. Pas besoin d’être Miss Marple pour les découvrir sur son site internet. Se prolonge ici une pratique de l’accueil qui rend cette maison classe plutôt commode d’accès (en tous cas pas volontairement intimidante) à la flâneuse de la rue Quincampoix qu’il m’arrive d’être. Bien sûr, cette respectable goélette arbore clairement son pavillon art contemporain mais ce n’est une raison pour quitter son sillage. Car il n’y a pas un mais des arts contemporains et celui de Polad-Hardouin mérite de croiser notre courant habituel.

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christine_sefolosha.jpgCroyez-en sur parole la vieille naufrageuse que je suis! Même si je manque de place pour vous le prouver. Hardi les gars, va petit mousse, cap sur l’expo Vaisseaux fantômes! Et que le vent d’automne vous pousse au vernissage, en présence de Christine Sefolosha herself, tout droit venue des brumes suisses de son «beau lac gris bleu» avec un petit rhume dans son sac mais beaucoup d’entrain pour parler de ses monotypes.

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Le carton au scaphandrier «médusé» vous dira tout sur son verso.

A demain.

23:42 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine sefolosha, galerie polad-hardouin, vaisseaux fantômes | |  Imprimer | | Pin it! |

14.11.2010

NOUVEAU MONDE POÉSIE

La retraite est passée, la Parenthèse est restée et bientôt le gouvernement remanié. «Manifester c’est pour vos pieds!» : telle est la morale de l’histoire.

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Heureusement les cortèges ont du bon. Ils font sortir de drôles de citoyens sur les bords.
Dans mon post du 17 octobre 2010 (20 ans après, la Création franche cataloguée), je vous avais montré une image d’un pur sachem de notre air du temps.
Voici maintenant celle d’un courageux explorateur du pavé parisien, en bonnet de Noé et imperméable bleu façon blouse cantalouse. Je l’emprunte au blogue de l’illustrateur Philippe Bucamp. Si vous vous y reportez, vous trouverez d’autres photos représentant cet original protestataire qui hisse haut ses pancartes typographiques dans la tempête automnale.

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En cherchant bien, vous verrez encore des images de ce «Michel Godin Des Mers» (c’est comme ça qu’il se signale à l’attention des passants) sur le poil à gratter ou l’oasis de paix.
De vieux spectateurs diurnes et nocturnes de notre bougonnante capitale avaient déjà signalé à votre petite âme errante ce créateur de machine cyclable et envoilurée mais ce sont le genre de vieux gars qui se baladent le nez au vent, sans téléphone portable!!! et donc sans petit kodak non plus. Alors, je suis bien contente de partager avec vous ce beau moment de révolte d’un Tinguely de ruisseau qui sonne sans doute plus emblématique du ras-le-bolisme français actuel que le mannequin d’Ariane Mnouchkine tout droit sorti de la naphtaline de l’agit prop.

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08.11.2010

Jules Mougin n’est plus, il nous manque une étoile

C’est à devenir chèvre! J’étais sûre d’avoir dans mon fourbi un poème autographe du Facteur Mougin sur le Facteur Cheval et pas moyen de remettre la main dessus. Toutes les rombières de la terre me comprendront, c’est vexant d’être victime de son désordre. Demain, c’est promis, j’y verrai clair. Il sera temps de devenir une bonne ménagère.
En attendant voici, sans tarder un télégramme de Jules Mougin reproduit pour Robert Morel sur la reliure maquettée par Odette Ducarre en 1960 qui abritait un recueil imprimé de 143 lettres, poèmes et cartes postales de l’auteur.

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Et son portrait, par je ne sais qui, figurant en tête du même recueil. Que le photographe me pardonne cet emprunt, «un livre ne doit pas être un cimetière».

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Jules Mougin écrivait naturellement de la poésie naturelle. Par exemple ces belles lettres anonymes publiées confidentiellement par PAB (Pierre-André Benoît). les belles lettres.jpg

Le titre exact c’est : Les Belles lettres ou les anonymes et je résiste pas à vous en citer la moitié d’une adressée à un commissaire :
«Un locataire a-t-il le droit d’avoir chez lui des ossements humains? Une personne dont je ne tairai pas le nom, qui habite dans l’immeuble (…) possède des crânes et des squelettes. Je vous demanderais, Monsieur le Commissaire, d’ouvrir une enquête. Les appartements ne sont pas des ossuaires, que je sache! Et ce nécrophore –je pèse mes mots– peut aller assouvir ses passions ailleurs, au Musée de l’Homme par exemple».

Un gars qui écrit des choses comme ça mérite bien de vivre jusqu’à 98 ans. Mais ce soir le comptable de la terre «a beau compter et recompter, il lui manque une étoile» et cette étoile c’est Jules Mougin.

23:55 Publié dans art brut, Ecrits, In memoriam, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, poésie naturelle, jules mougin | |  Imprimer | | Pin it! |

07.11.2010

Images du Bellevue Hospital en 1938

Life 24 oct 1938.jpgJe pourrais vous dire que j’ai feuilleté ce magazine chez le coiffeur mais vous ne me croiriez pas. Il faut dire que le magazine en question date pas d’hier. Comme j’ai effectivement passé 4 heures chez le coiffeur afin de figurer dignement dans le trombinoscope du bureau, ça m’a bouffé tout mon samedi et j’ai pas eu le temps de vous pondre grand chose comme note. Alors dans la gamme psychiatrique, voici ce petit bout de reportage issu du numéro de Life du 24 octobre 1938.

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Quelques dessins pas trop terribles de patients d’un hosto psy américain (U.S. Government and Bellevue Hospital de N.Y.C.) et surtout quelques photos d’ambiance d’un atelier de dessins au sein de l’institution. Ce n’est pas si courant. 3 dessins.jpg


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D’autant qu’on est avant la guerre, dans la période de l’Anschluss. Dans le même magazine, on témoigne comment des commerçants autrichiens ont été contraints, dans leur pays, à fermer boutique parce qu’ils sont juifs. Ceci pour situer le contexte historique.

17:07 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art-thérapie | |  Imprimer | | Pin it! |

02.11.2010

Maison bleue : une nouvelle jeunesse pour Laïka

Dernière minute : du nouveau sur la Maison Bleue! Pour une fois une bonne nouvelle. Cela va nous changer du concert de lamentations qui accompagne trop souvent l’actualité des environnements d’art brut. Que voulez-vous, il y en a qui ont du mal à s’y faire : les «bâtisseurs de l’imaginaire» ne travaillent pas pour la postérité et ils se moquent de la pérennité. Après eux le déluge. Leurs pleurnichards supporteurs ne comprennent pas que ça ne sert à rien de s’insurger contre la végétation sauvage qui part à l’assaut des colonnes de Bodan Litnianski. C’est dans la logique des choses. Est-ce que bouffés par la forêt les temples khmers sont moins beaux? Vraisemblablement pas.

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Tout de même, c’est plus fort que nous : quand on apprend qu’un de nos chers sites d’art brut va voir prolongée sa vie terrestre, on frappe dans nos mains comme des otaries dans leurs nageoires. Il vaut mieux célébrer ce genre d’événement que les catastrophes de l’érosion, du vandalisme et du déclin. On n’alimente pas ainsi la morosité des nouvelles générations. On ne leur présente pas toujours la même image misérabiliste et défaitiste de l’art brut.
Donc, même si pour l’instant ça ne concerne que deux des édifices de La Maison bleue: le Mausolée à Laïka

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et le Sacré-Cœur 

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c’est régalant d’apprendre par les archives de Ouest France Basse Normandie (30 octobre 2010) que les élus ont voté la restauration de la maison d’Euclides Da Costa à Dives-sur-mer. Et que le pognon a été trouvé pour ça. Ils s’y sont mis à 5 : Drac + Association + Fondation du Patrimoine + Conseil général + Ville. Bravo messieurs, merci mesdames!

C’est une entreprise de Braslay dans la Vienne (Poitou-Charentes) qui, après appel à concurrence, sera chargée du boulot. Entre la somme réunie (46165 €) et celle que ça coûtera (52157 €) on note une légère différence de 5992 € mais ça devrait pouvoir s’arranger.

Pourvu que la restauration soit réussie et qu’on trouve de la thune pour la suite. Et qu’on jette les mouchoirs trempés à la poubelle!

00:05 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, euclides da costa, maison bleue | |  Imprimer | | Pin it! |

01.11.2010

Les petites maisons de Juqueri

Décidément, on me lâchera jamais la grappe!

Je m’étais organisé une petite journée pénarde favorable à la méditation du 1er novembre et puis patatras, c’était compter sans le brain trust d’élite constitué par mes lecteurs. L’un d’entre eux, après mon post du 17 octobre 2010, m’avait mailé pour me dire que l’une des images de cette note 

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lui faisait penser à un petit dessin «qui est à Sainte Anne et qui a été dans le catalogue de la Clé des Champs».

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Comme vous êtes très musclés du bulbe, je vous rappelle pas ce que c’est que le centre hospitalier Sainte-Anne of Paris. Mais pour les Animuliens distraits qui l’auraient oublié, La Clé des Champs c’était le titre d’une fameuse expo de 2003 à la Galerie Nationale du Jeu de Paume où ce qu’on avait pu voir une expo Bispo do Rosario pas piquée des hannetons. L’auteur du dessin reproduit page 108 du catalogue de La CdC est un Brésilien du nom de José Theofilo R.. Et ce dessin a dû paraître bien fort aux concepteurs graphiques du catalogue (Sign-Bruxelles) puisqu’ils l’ont utilisé aussi en camaïeu de jaune et brun-rouge pour la couverture.

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Les choses en étaient restées là et j’avais laissé planer en attendant que mon correspondant savant (qui s’étonnait de la «provenance Nevada» indiquée par Raw Vision) m’en dise plus. Il ne pouvait pas chercher très rapidement mais il était sûr de trouver la référence dans le livre de Volmat. Aujourd’hui, c’est chose faite et je suis en mesure de vous dire que «le livre de Volmat» en question c’est celui des P.U.F. paru en 1955 quand mon daddy était encore en maternelle. L’art psychopathologique que ça s’appelle ce classique et avec un peu de chance ça se trouve chez les bouquinistes. C’est un joli gros pavé plein de renseignements qui accompagnait la méga-expo internationale au 1er congrès mondial de psychiatrie.

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Ouf, ouf. Effectivement quand on va à la page 15 de cette œuvre volmatique, qu’est ce qu’on lit? la notice reprise dans le catalogue de La Clé des Champs.

A savoir qu’il s’agit de «José T. R., mulâtre, paysan, 31 ans, schizophrénie catatonique. Dessins stéréotypés : traits géométiques, faits à l’aide d’une boîte d’allumettes, employée comme tire-ligne. Il n’y a pas dans l’infinité des maisons et des églises qu’il dessine, deux modèles semblables. L’ensemble est stéréotypé : villes développées en plan, maisons et édifices géométriquement juxtaposés. Sa production est un exemple de style schizophrénique dans toute sa pureté».
C’est un peu sec, comme le sont les observations des toubibs de ces années là mais cela a le mérite d’exister. Le dessin de Ste Anne provient de la Collection du Dr Mario Yahn qui bossait à l’hosto de Juqueri près de São Paulo.

Reste que José Theofilo R. est né en 1920 et que le papier sur lequel a été exécuté le dessin reproduit dans Raw Vision 70 aurait été fabriqué avant 1910.
Troublant, non ? S’agit-il, finalement, du même créateur ou d’une rencontre fortuite entre deux créateurs différents? Je suis perplexe.

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16:59 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

30.10.2010

Art brut et Neuve invention : résultats de la vente

«Si j’étais pétée de thune, je me ferais bien un gros bordereau dans la vente Tajan!». C’est ce que je me suis dit en feuilletant internetiquement puis, sur papier aidant, le trop beau catalogue de la vacation du 25 octobre 2010 dans l’espace égypto-art-déco de la rue des Mathurins.

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Puis je suis allée à l’expo et j’ai commencé à avoir des réserves. Est-ce parce que ledit espace ressemble à une belle piscine des années trente et que l’emplacement du bassin était occupé par une exhibition de bijoux qui ont distrait mon attention? Toujours est-il que je me suis mise à me demander ce qui valait vraiment le coup là-dedans.

Beaucoup de vedettes : Madge Gill, Janko Domsic, Augustin Lesage, Joseph Crépin, Anselme Boix-Vives, Donald Mitchell, Dwight Mackintosh, Anna Zemankova, Paul Duhem, Alexandre Lobanov… mais pas forcément représentées par des pièces de premier plan.

Des noms vraiment pas courants dans les salles de vente, tels que ceux de Zdenek Kosek, Yassir Amazine, Fernand Desmoulin mais des œuvres pas toujours figurant dans le Top 50 de leurs productions.

jaime fernandes.jpgLe très rare Jaime Fernandes (n° 75 du catalogue) et le très miniaturiste Chiyuki Sakagami (n° 84) m’ont laissé sur ma faim. J’ai eu l’impression d’en avoir vu (je ne sais plus où) de plus bizarres autant qu’étranges mais c’était peut-être dû à ma fièvre rhino-pharyngitale commençante.chiyuki sakagami.jpg 

Le délire aidant je me suis mise à regarder les Madge Gill présents d’un œil torve, à trouver pâlichon le 57 B (Aloïse), à froncer le museau devant les Scottie tardifs occupant les numéros 16 et 17. «Tout de même, y’en a qui ont de la chance de se séparer de ces créations» me suis-je dit in petto.

«Car ça prouve qu’ils ont mieux!» me suis-je ajouté en pensant aux collectionneurs chanceux qui s’allègeaient ainsi de quelques tout de même belles choses.

Un des mérites du catalogue c’est qu’il divisait nettement la marchandise proposée : Art brut/Neuve invention. Un autre de ses mérites c’est qu’il en faisait des tonnes sur la traçabilité. Un pedigree impressionnant accompagnait certaines œuvres. Trop des tonnes parfois puisque pour le Kurt Haas (n°143)

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et l’Ody Saban (144), la provenance indiquée : «Musée de la Création Franche, Bègles» était rectifiée le jour de la vente en «Collection particulière». Chacun sachant que les œuvres entrées dans ce musée demeurent inaliénables. Pour finir, je me serais bien voté un budget de : 40 700 € (sans les frais) pour m’acheter les numéros 20 (Ratier)emile ratier.jpg28 (Domsic)

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39 (Podesta)giovanni podesta.jpg51 (Lesage), 60 (Boix-Vives)

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125 (Chaissac)

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et pourquoi pas 153 (Carmeil)

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On peut rêver, non? Pour le détail des prix, consulter les résultats officiels ou demander à l’Animulien qui a assisté pour moi à la vente. Il m’a dit que plusieurs de mes lecteurs et lectrices assistaient au spectacle et que certains ont poussé bravement leurs enchères. Selon lui, malgré les vigoureux encouragements de menton prodigués à l’assistance par la commissaire-priseuse, c’est surtout les téléphones qui marchaient et comme il n’est pas très à l’aise dans ce genre de manifestations, il n’est pas certain que tout ait été réellement adjugé.

24.10.2010

Marcel Landreau : un nouveau trio

slick 2010.jpgJ’étais partie pour la FIAC. Celle-ci a fait des petits dans tout Paris. Je comptais pousser jusqu’au Slick sur l’esplanade du palais de Tokyo vu que la Galerie Béatrice Soulié faisait partie des 43 sélectionnées pour ce Show off. Je n’y suis jamais parvenue. J’avais mal choisi mon moment.

sac-longchamp-gatsby-exotic-480-euros-6076293pxyto_1933.jpgJ’espérais que la pénurie d’essence jouerait en ma faveur. Bernique! Noir de monde les Champs-Elysées en fin d’après-midi samedi! Je me suis dégonflée devant l’heure de queue qu’on exigeait de moi pour voir les mimines poilues d’un grand vigile-musclor plonger dans mon petit sac Longchamp de terroriste intellectuelle.

 Je suis rentrée, fébrile, dans un bus bondé que j’avais attendu 16 minutes pourries sous la pluie. Bien sûr, j’ai attrapé la crève. Chez moi, j’ai retrouvé le nougat brun qui, suite à un dégât des eaux, décore depuis deux jours les murs de ma salle de bain. Moi qui était sortie pour me changer les idées en attendant le plombier qui vient jamais, c’était réussi. L’ambiance était au spleen grave. Allez donc poster avec ces soucis!

Heureusement, dans mes courriels, m’attendaient un faire-part de Freddy et Cathy m’annonçant l’arrivée de 3 nouvelles sculptures de Marcel Landreau «au sein de leur foyer». Une tête de marin,

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un couple d’équilibristes

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et un homme à la gourde 

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«Nous sommes très contents d’agrandir la famille» m’écrit Fred. «N’hésitez pas à présenter les nouveaux arrivants», ajoute Cathy. C’est chose faite. Votre petite âme errante est trop fière d’être la marraine de ces triplés.
Heureusement un autre message : La Sardine Letter n°8 m’apportait la bonne nouvelle de la récente trouvaille d’une dizaine de dessins spirites tchèques. «Ils représentent des volutes florales d’une grande finesse, à caractère ornemental, à l’aspect étrange» dit ma correspondante.

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Je pourrais vous en blablater des tonnes sur leur aspect pistilleux et polleniques, veloutés, sinueux et sensuels comme les circonvolutions d’un coquillage des mers du sud ou je ne sais quelles trompes anatomiques, sur leurs côtés abricotiers, tressés comme le bon pain. Je préfère vous montrer les images de 3 d’entre eux.

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C’est fait au crayon noir et couleurs. L’auteur les a pas signés mais il les a datées de 1942 à 1945.

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«Il est touchant d’être en présence de ces œuvres, qui somme toute témoignent non seulement d’une pratique spirite mais aussi d’une création personnelle tout à fait secrète» conclut La Sardine.Mais je suis sûre qu’elle pourrait en dire davantage sur ces triplés sur le berceau desquels j’ai juste la force de me pencher avant de retourner à ma tisane.

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18:45 Publié dans art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art spirite, marcel landreau, galerie la sardine | |  Imprimer | | Pin it! |