13.06.2010
Covoiturages bruts
Avalanches brutes et/ou de la famille brute au rayon expositions. On voit que l'été approche.
Je rêve de co-voiturage, je pose des congés, je jongle avec les horaires de la SNCF. Je fais ma Petite Jehanne de France et mon chéri-que-j'ai son Blaise Cendrars.
J'écarquille les yeux sur la carte de l'Hexagone comme si c'était l'itinéraire du Transsibérien. Je m'autoprépare, j'ai des voyants qui s'allument dans la tête : Vendée, Lozère, Allier, Bordelais ... Je trace des lignes imaginaires qui passent par Les Sables d'Olonne, Lapalisse, Bègles, Saint-Alban-sur-Limagnole.
C. comme classique, É. comme émeraude, c'est l'expo C. comme calligrammes au Musée de l'Abbaye de Sainte-Croix des Sables jusqu'au 7 novembre 2010.
Chaissac a 100 ans cette année car il est toujours vivant dans nos cœurs. Epaulé par des collections privées, le MASC nous sort pour l'occasion des dessins écriturés tendance calligrammes.
Malgré les commentaires un peu dissuasifs du dossier de presse qui attire votre attention sur les possibilités d'hébergement restreintes, précipitez-vous (au moins par la pensée) aux 25e Rencontres de St-Alban (Sent Auban) les 18 et 19 juin 2010. Au programme, en accompagnement des savants bla-bla, un laïus de Christophe Boulanger sur Jayet, l'Aimable boucher
et dans le fond de la cour une expo sur l'art brut polonais (bon sang, je voudrais bien voir ça).
Si L'Art en Marche n'existait pas, il faudrait sans doute l'inventer.
Qu'on me pardonne cette évidence puisque je vous emmène maintenant à Lapalisse où vous avez jusqu'au 30 septembre 2010 pour traîner vos tongs dans l'expo sur La Tinaia organisée avec la Susi Brunner Galerie de Zurich.
Marco Raugei - La Tinaia
Ceux qui, comme moi, l'ont vue dans le cellier de Clairvaux à Dijon pendant la Biennale de l'Asso Itinéraires Singuliers (voir mon post L'Echo des Colloques du 9 mars 2010) y retourneront avec plaisir parce qu'elle vaut le détour et même le retour.
Claudio Ulivieri - La Tinaia
Même si Luis Marcel en fait un peu trop en la qualifiant d'«événement d'envergure internationale». Mais c'est dans la nature donquichottesque (ou sancho-pancesque) de ce pittoresque personnage qui cette fois-ci ne se contente pas de provocations et nous offre de quoi nous attirer dans ses filets.
Enfin, car je sens que vous fatiguez, ne faites pas votre cure annuelle de grands Bordeaux sans faire étape à Bègles pour Un Autre Regard, l'exposition, la petite dernière de la Collection Création Franche (21 ans d'âge) qui, jusqu'au 5 septembre 2010, sera bourrée jusqu'à la gueule (11 salles sur 2 niveaux) de pionniers, de doteurs, de créateurs venus des 5 continents, de voyageurs, d'hommes du commun, de visionnaires, de tourmentés et j'en passe.
La présentation est aussi un peu hyperbolique. On leur pardonne (Ah ces Gascons !) parce qu'il y a du lourd. J'ai coché : Bonjour, Madge Gill, Lobanov, Gene Merrit, Duhem, Ratier, Robillard, Grünenwaldt, la bande à Gugging, Ted Gordon pour ne parler que de mon cœur de cible.
21:42 Publié dans Expos, Miscellanées, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, gaston chaissac, aimable jayet, la tinaïa, création franche, art en marche, marco raugei, claudio ulivieri, les sables d'olonne, bègles, lapalisse, st alban | | Imprimer | | |
07.06.2010
Loïc Lucas, brodeur du vivant
Un catalogue accompagne l'exposition Loïc Lucas, la petite dernière de la Galerie Christian Berst qui se tiendra à Paris, 24 rue de Charenton, du 11 juin au 17 juillet 2010. Et sur ce catalogue on voit le visage de ce «brodeur du vivant» à côté d'une de ses œuvres.
En avant-première au vernissage qui aura lieu le jeudi 10 juin 2010 de 18 à 21 h (6-9 P.M.), votre petite âme errante, pourtant si peu finaude, s'est procuré quelques images inédites de l'artiste dans son atelier, de sa table de couleurs avec un dessin inachevé, de sa boîte aux lettres.
Le voici perplexe devant un encadrement récalcitrant, affairé avec son épouse Stéphanie qui est également peintre et dont on aperçoit une œuvre sur le mur jaune. Un éclairage à la Vermeer! J'en suis assez contente! J'espère qu'il contribuera à créer de la proximité avec ce peintre de la vibration vitale, de la translucidité organique et de la lumière perlée.
Fasse que cet éclairage ajoute encore à la curiosité déjà vive qui se manifeste autour de la révélation que Loïc Lucas incarne! Et que les amateurs lui tombent dessus comme des mouches sur le miel! Là où il sont, Loïc et Stéphanie, c'est super-mignon et les voisines déposent des gâteaux devant leur porte pour les remercier d'exister et d'aller peinturant si bravement comme ils le font.
Chez Christian Berst aussi c'est super-mignon et je gage que les gâteaux ne manqueront pas non plus dans les assiettes à dessert pour célébrer jeudi prochain le travail impressionnant, radical et nécessaire de Loïc Lucas, cet ancien postier qui fut aussi croque-mort, ce peintre d'aujourd'hui qui fouille les abstractions jusqu'à l'os.
A jeudi.
00:05 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : loïc lucas, galerie christian berst | | Imprimer | | |
06.06.2010
La Galerie du Marché se mobilise
Trains, camions, voitures, tout sera bon pour se rendre à l'exposition du même métal qui se tiendra à la Galerie du Marché du 11 juin au 17 juillet 2010. Et pedibus cum jambis si on est Lausannois, puisque c'est à Lausanne que ça se passe.
Les trois œuvres représentées sont celles de Hans Ploos Van Anstel (automobiles)
David Braillon (trains)
Joseph Vignes, la locomotive
Bon, je vois pas trop de camions dans les visuels mis à dispo par la galerie mais on peut lui faire confiance : il doit y en avoir puisque l'expo toute entière s'intitule Mobility.
Pourquoi Mobility et pas Mobilité? Est-ce que les Américains ne verraient pas le rapport, par hasard? Ils comprennent bien, j'en suis sûr, la parité du dollar et du franc suisse, ce qui est autrement plus coton. Mais bon, va pour ity, du moment qu'il y a du mobil dedans.
Si c'est de moyens de locomotion qu'on nous parle ici c'est parce que de par le monde, les créateurs d'art brut s'intéressent volontiers aux bagnoles, aux chemins de fer et autres gros cubes.
L'Art brut Japonais en ce moment à Paris en témoigne par exemple avec l'œuvre de Motooka Hidenori ou de Nobuo Mizutani.
Est-ce que ce seul critère de représentation, limitée à un type particulier d'objets, est assez pertinent pour servir de concept à une expo?
Je m'interroge. J'espère sincèrement que celle-ci contribuera à nous éclairer sur cette fascination sérielle dont font volontiers preuve ceux qui s'adonnent à l'art brut.
Et ceux qui le collectionnent, peut-être.
Motooka Hidenori
16:49 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, hans ploos van anstel, david braillon, joseph (pepe) vignes, hidenori motooka, nobuo mizutani, lausanne | | Imprimer | | |
01.06.2010
Coquillages et Crustacés à la brestoise
Un bon point pour le Musée des Beaux-Arts de Brest c'est qu'il ouvre à l'heure. Idéal quand on traine dans cette grande ville du bout de la terre à cause du bizeness! J'avais pas que ça à faire aussi fus-je ravie de constater qu'à 10 h tapantes une dame vint m'ouvrir la porte de l'Exposition Coquillages et Crustacés et avec le sourire en plus! :-)
L'expo est réalisée en partenariat avec le MIAM de Sète. C'est grosso-modo la même que celle que j'avais loupée en 2008, n'ayant pu faire escale au Pays de la Pointe Courte. Le pourquoi du comment de l'expo brestoise c'est que (je cite le flyer rose-bonbon distribué à l'entrée)-: «Centrée sur l'art contemporain, l'exposition se déploie dans tout l'espace du musée, mettant en perspective la production de trente artistes avec des œuvres de l'art brut, des objets ethnographiques et d'art populaire, des coquillages et la collection du musée».
Moi, l'art dit contemporain c'est pas mon truc. Je me contre-tamponne par exemple des chirurgies esthétiques d'Orlan ou des «détournements» du logo de la Shell par Raymond Hains. Et, pour ce qui est de «perspectiver», je n'ai toujours pas compris en quoi ça consiste. Mais cette juxtaposition d'œuvres qui s'ignorent superbement les unes les autres est, paraît-il «très stimulante pour les visiteurs» nous dit Madame Françoise Daniel, la conservatrice.
On voudrait la croire sur parole, ça lui fait tellement plaisir à cette dame de penser que son expo s'inscrit «dans la lignée de l'artiste américain Jeff Koons exposant au château de Versailles!» (propos recueillis par Frédérique Guiziou dans Ouest-France du 13 mai 2010). «Américain», «Versailles», sont des mots qui, à Brest, conservent leur prestige. Et l'art «koonsternant», cette variété gargantuesque de la disneyrisation globale :-) :-) ça ne fait pas sourire ici. :-( Par chance, les moyens ont manqué à Mme Daniel, sinon elle nous présentait «le fameux Lobster, le homard géant du roi du pop kitsch!» :-) :-) :-)
Je préfère de beaucoup (même si c'est pas de l'art brut) l'ironique Berceau à dimension humaine de Patrick Van Caeckenbergh reproduit sur l'affiche. Heureusement l'expo du Musée des Beaux-Arts, qui passera l'été pour s'éteindre le 24 octobre 2010, a de quoi satisfaire quand même des amateurs aux exigences animuliennes. S'ils se contentent comme moi de faire leur marché.
J'ai revu avec plaisir la porte en cuivre d'Hippolyte Massé prêtée par le musée de l'Abbaye de Sainte-Croix
et le «Fétiche belge toujours vivant» (Ci-gît Maquenpise), une patte de crustacé en érection dans un cercueil. Je me suis plongé dans les aquariums de Paul Amar (façon céramique de Bernard Palissy). J'ai grimpé vers sa Vierge de Fatima clignotante (là c'est presque trop).
J'ai retrouvé -hélas placée trop bas et presque minimisée de ce fait- la «Tête d'Apollinaire», un petit masque de Pascal-Désir Maisonneuve qui appartint à André Breton et qui est ici de par la courtoisie de la Galerie Ritsch-Fisch.
C'est déjà pas mal.
00:11 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
30.05.2010
Sauven la muraio dis óufrèndo
En Avignon, les murs de prison peuvent être aimables. Celui de l'enceinte de l'ancienne taule de la ville suscite un murmure qui fait tache d'huile sur le net et même un peu partout, y compris au-delà de la région PACA.
C'est vrai quoi, y'a qu'a pas toucher à la mémoire collective! Pas toucher à la culture populaire spontanée qui est, à notre cœur, comme une province et beaucoup davantage.
Depuis 1994, les trous dans les parpaings qui masquent une ancienne entrée ont été convertis en niches votives où les familles des prisonniers ont déposé nounours, cannettes, cartes à jouer, DVD, sopalin à bisous, messages d'amour, poussins coincés, petites peintures et plein d'autres objets d'art modeste.
La prison a eu beau déménager en 2003, le manège créatif a continué, preuve qu'il répond à un besoin profond. De mur d'offrandes symboliques aux incarcérés, ce mur situé sur la voie publique près du rempart classé, est devenu support d'ex-votos modernes où l'on se fait des cheveux pour son bac.
Peu importe que, selon la légende urbaine, un plasticien ait revendiqué l'idée de départ, le fait est que tout un chacun s'en est emparé et tout-un-chacun à l'ouvrage c'est toujours hyper-émouvant.
Là ce qui est bluffant, c'est que l'œuvre reste la même tout en changeant toujours. Au gré des saisons et des intempéries, des objets se détériorent mais il se trouve toujours des gens pour les remplacer.
Inutile de dire aussi que cette œuvre d'art (car c'en est une qui vaut largement celle des musées d'art contemporain) est un puissant stimulant pour les photographes et même pour les simples touristes du monde entier qui peuvent emporter une image insolite purement avignonnaise dans leur petit kodack.
C'est pas toujours évident pour une municipalité, déjà en charge de prestigieux témoignages du passé, de faire entrer l'art populaire dans son champ de vision. Souhaitons que celle d'Avignon sera sensible à ce patrimoine de mémoire et qu'elle saura défendre pour ses citadins du futur cet espace de liberté expressive et affective de ses citoyens d'aujourd'hui. Une pétition circule qui vise à l'y inviter.
Sauven la muraio dis oufrèndo!
La plupart des photos sont empruntées à la galerie de marq.tardy
18:23 Publié dans De vous zamoi, Glanures, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : art populaire, avignon, le mur des offrandes, la muraio dis oufrèndo, ex-votos, prison sainte-anne | | Imprimer | | |
28.05.2010
Le Japon hors norme sort dans Télérama
Un Japon hors norme, c'est à vous faire sortir de votre petit for intérieur, non? Donc, même si vous n'êtes pas une grande télérameuse devant l'Eternel, même si vous ne regardez jamais la télévision ou que vous avez bousillé votre écran plat depuis un certain soir de mai 2007, n'attendez pas la grève des Maisons de la presse pour aller vous procurer le dernier en date des numéros de Télérama. Le n°3150 couvrant la période du 29 mai au 4 juin 2010, pour être exacte. The Télérama et surtout son supplément Sortir qui «ne peut être vendu séparément». Sur la couv de ce sup vous reconnaîtrez une des œuvres présentées en ce moment à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l'expo Art brut japonais.
A l'intérieur, un article de Bénédicte Philippe à propos de cette expo. Le Japon sort des règles de l'art, tel est son titre. Et cet article vaut le détour. D'abord parce qu'il est bien documenté, B. P. s'étant donné la peine de s'abreuver à plusieurs sources parmi lesquelles celles de Jean-Pierre Klein qui touche sa bille en art-thérapie, Yves le Fur, Directeur du Patrimoine et des Collections au musée du Quai Branly, Céline Muzelle qui a contribué au catalogue de l'expo à la Sainte-Halle. Ensuite parce que cet article sur 4 colonnes point trop longues se donne les gants de ne jamais oublier de parler des œuvres et des créateurs tout en éclairant le grand public (sans avoir l'air d'y toucher) sur la notion d'art brut, son passé et son nouveau visage.
Surtout, surtout, l'article de Bénédicte Philippe ne cède jamais à la facilité des présentations déficitaires, genre : dansons avec la poussière puisque l'art brut ne fait jamais le ménage. Elle n'a certes pas peur d'employer les mots vrais : «autistes, trisomiques ou psychotiques» mais c'est toujours pour rappeler que les créateurs japonais concernés par ces mots sont simplement «mentalement différents» et qu'ils tirent de cette différence des avantages certains : «Employant des moyens détournés pour s'exprimer, ils nous forcent à sortir des a priori, des connaissances figées en nous-mêmes. (...) ils nous rendent justes plus vivants». Cela s'appelle le tact, une vertu indispensable quand on prétend parler d'art brut. Le tact, c'est pas si répandu dans le grand (et le petit) journalisme. Sans doute parce qu'il demande un travail d'écriture supplémentaire. Cela mérite donc d'être salué au passage.
23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut japonais, halle st pierre, télérama, bénédicte philippe | | Imprimer | | |
24.05.2010
Le jardin de pierres de monsieur Esfandiarpou
Photo Atousa Taghavi
Du brut d'Iran ? Mais bien sûr, y'a qu'à demander ! Là comme ailleurs, l'art brut creuse son trou. On se demande pourquoi un si ancien et si beau pays en aurait été indemne sous prétexte que ses dirigeants ont tendance à gaver le pauvre monde avec leur très personnelle culture autoritaro-religieuse.
Certes, ce n'est pas en Iran que les Athéniens s'atteignirent, ni que les Satrapes s'attrapèrent par la barbichette de la démocratie mais c'est évidemment là que les Perses se percèrent, la suite le démontre.
Là, c'est dans le village de Balvard à 45 kms de Sirjan dans la province de Kerman au sud-est du pays. En Iran comme ailleurs, il y a (il y avait) des bergers qui gardent leurs chèvres dans des déserts.
A la fin des années 60 du siècle précédent, ils avaient pas de i-pod ni même de transistor et puis en plus ils étaient sourds et muets de naissance parfois. C'est le cas de Darvich Khan Esfandiarpou, un habitant de Balvard.
Rien d'autre à faire que de regarder les pierres qui tombent du ciel et de gambader comme un cabri tout autour. La chance c'est qu'un cinéaste du nom de Parviz Kimiavi croisa la route sinueuse de ce grand créateur d'installations de bois mort et de caillasses percées associés. Il en résulta 2 films. Un de 1976 où l'on voit Darvich Khan improviser avec grâce et vélocité des danses soufies de sa composition au cours desquelles il embrassait ses œuvres au passage.
Un autre de 2004, une vidéo réalisée peu de temps avant la mort de Darvich Khan. Le vieil homme a toujours une allure folle même s'il s'appuie maintenant sur une canne.
Il entretient encore son Jardin de pierres (titre du film) commencé dans sa jeunesse après avoir été témoin de la chute d'une météorite. Son coup de génie (ou son coup de folie) ce fut d'accrocher cette météorite aux branches d'un arbre mort.
Il a continué tout naturellement ensuite, porté par une inspiration mystique et par les gens de son village qui le prenaient pour un prophète.
CHN Photo Agency Hasan Ghafari
Creusait-il des trous dans les pierres ou choisissait-il des cailloux transpercés par Mère Nature? Je l'ignore mais son truc ce fut de récupérer des fils métalliques ou des fils de lignes téléphoniques pour ligoter les caillasses et les pendre comme des fruits minéraux dans des arbres à jamais improductifs.
CHN Photo Agency
Le résultat est étonnant et d'un contemporain à tomber à la renverse.
J'ai envie de faire pareil avec la magnifique pierre trouée que m'a offert en cadeau un ramasseur de champignons berrichon. Comme je n'ai pas d'arbre sous la main, je vais accrocher ce ready made en forme de visage à la balustrade de mon balcon avec un solide câble d'acier pour les cas de tempête.
18:51 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, iran, art brut iranien, darvich khan esfandiarpou, jardin de pierre, parviz kimiavi | | Imprimer | | |
19.05.2010
Camille Renault inédit à la BnF
Je reviens de la BnF avec du nouveau sur Camille Renault. C'est pas tous les jours que ça arrive, l'environnement de ce fameux créateur d'art brut ayant été ratiboisé. Il ne reste que des miettes par ci par là, à Lausanne, du côté de L'Aracine, dans la Collection abcd. Camille Renault, maintenant il a sa notice Wiki donc je me fatigue pas pour vous dire qui c'est.
Il refait timidement surface à l'occasion d'une exposition à la Galerie des donateurs qui se prolongera jusqu'au 20 juin 2010. Son titre : La Collection Alain et Jacqueline Trutat (livres et manuscrits). Les fans de notre Johnny Hallyday national pourront y voir une photo du rockeur bébé. Le père de celui-ci, un certain Léon Smet, comédien belge évoluant dans les cercles surréalistes (il a tourné un Fantômas en 1937 avec Ernst Moerman) fut en effet le premier mari de Jacqueline. Le père de Johnny est mort en 1989 et son parrain qui n'était autre que Alain Trutat, le deuxième époux de Jacqueline, disparut en 2006. Alain Trutat, pour aller vite est un homme de radio, l'un des fondateurs de France Culture et le papa de l'ACR (Atelier de Création Radiophonique). Lui et Jacqueline se sont trouvé mêlés à la vie de Paul Eluard après la mort de Nusch (28 novembre 1946).
C'est eux qui dissuadèrent le poète de se flinguer et qui firent des pieds et des mains pour lui remonter le moral après la disparition subite de son amour.
Nusch et Paul Eluard en 1944
Paul Eluard encadré par Jacqueline et Alain Trutat
A force de se balader dans la bibliothèque de Paul Eluard, ils eurent envie de collectionner les beaux livres et les écrits. C'est cette collection que Jacqueline Trutat vient de donner à la grande dame du Quai François Mauriac. Je furetais pendant le vernissage de l'expo (qui présente ici quelques uns des fleurons de la collec du couple), en me demandant si je pourrais pas trouver des traces de ce roi d'Auguste Forestier que Paul Eluard avait juché sur sa cheminée, quand je suis tombée sur Camille Renault. Pour préciser, deux petites photos prises vraisemblablement par Jacqueline lors d'une visite au Jardin des suprises à Attigny un jour de 1951 en compagnie d'Alain et d'Emmanuel Peillet, grand manitou du Collège de Pataphysique et auteur d'une petite monographie sous pseudo sur le Camille.
Deux photos ça vous paraitra pas beaucoup mais, vu qu'elles sont inédites, qu'elles font sans doute partie d'une série existante et que les documents d'époque sur le jardin de Camille Renault sont hyper rares, ça vaut le coup de courir à la BnF pour les voir. Malheureusement, je ne peux pas les reproduire mais croyez-moi pour sur parole si vous voulez faire preuve de positive animulattitude.
23:55 Publié dans De vous zamoi, Expos, In memoriam, Musées autodidactes disparus, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, camille renault, alain et jacqueline trutat, paul eluard, le jardin des surprises, johnny hallyday | | Imprimer | | |
16.05.2010
De MaM en LaM, le voilà le joli LaM
Art brut lillois, à quand le plan media? Pour bientôt peut-être. Pour l'instant ça remue, ça bourdonne, ça s'active dans la PQR mais surtout à propos du chantier «art moderne» du futur méga-musée de Villeneuve d'Ascq.
Si vous voulez voir un conservateur en bloudjinzes (comme dirait Zazie), allez voir Madame Sophie Lévy qui mouille sa chemise ici pour Calder et Miró, ça vous donnera un aperçu de l'avancée des travaux et des petits soucis de l'accrochage.
C'est sans doute parce qu'il y a trop à faire qu'elle n'a pas le temps de nous glisser un mot sur les nouveaux espaces infinis qui s'ouvriront bientôt pour la Collection de l'Aracine gonflée à l'hélium de nouvelles acquisitions.
Vue virtuelle d'une future salle dédiée à l'art brut
Il faut la comprendre : il reste encore quelques wagons de terre à betteraves à pelleter. Heureusement, l'administration elle est gentille, elle a acheté le Pliz Johnson.
Alors un p'tit coup de psitch-psitch sur les vitres et le LaM (j'ai du mal à me rappeler ce que cette abréviation très tendance signifie) sera prêt à l'emploi.
Si Animula n'était pas si paresseuse, elle proposerait ses modestes talents de technicienne de surface autodidacte pour encourager l'équipe muséale avec son plumeau et son chiffon plutôt qu'avec sa mauvaise langue!
Ceux que ça tentent peuvent d'ores et déjà organiser un apéro géant pour l'inauguration qui est programmée pour le 25 septembre 2010 (notez bien l'année).
17:53 Publié dans De vous zamoi, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mam, lam, villeneuve d'ascq, lille métropole, art brut, art moderne, art contemporain, sophie lévy | | Imprimer | | |
14.05.2010
Nuit des musées : délire et sauvagerie
La Nuit des Musées à Biarritz : si je commence comme ça, n'allez pas croire que je m'acharne sur les institutions culturelles ou que je manque de respect au Pays Basque.
J'avoue que me fait rire le mot de Christian Dotremont : «Et je ne vais dans les musées que pour enlever les muselières» mais je suis comme tout le monde, une bonne tasse de chocolat devant l'océan, je suis pas contre.
C'est vous dire combien j'aimerais descendre gratuitement dans la crypte Sainte-Eugénie, le samedi 15 mai, de 19 à 22 heures, avec ma petite laine, pour visiter l'Expo L'œil à l'état sauvage dans le cadre de la NDM.
Au cas où vous le sauriez pas, Eugénie c'est la Première Pouffe du Second Empire. Elle convertit son Petit Napoléon à la prestigieuse station balnéaire de la côte atlantique.
Et au cas où vous l'auriez oublié, c'est notre André Breton national qui a clamé le premier que «l'œil existe à l'état sauvage». Aucune mention de cette citation fétiche (dont une défunte revue fit jadis à peu près ses choux gras) dans les présentations de l'expo biarrote.
Pour faire bon poids les organisateurs en ont rajouté une couche en sous-titre : Les Délirants de la création. Nom d'un Badinguet, ça ferait presque peur! Avec pareil label, on s'attend à du lourd : des zinzins, des fêlés, des barrés, des z'hors-les-normes.
Et bien pas tout à fait. L'exposition a beau être vendue au public captif des écoles comme une «exposition d'art brut et singulier», on nous promet surtout un cheval de «grands noms de l'art contemporain» et une alouette d'«artistes emblématiques de l'art singulier» pour une pincée d'art brut (limité dans les énumérations existantes au seul cas d'Anselme Boix-Vives).
Je suis pas sûre que Michel Macréau dont une image sert à l'affiche aurait été ravi d'être enrôlé sous la bannière «délirants» mais ne boudons pas notre joie : une soixantaine d'œuvres de 28 artistes de la trempe de ceux qu'apprécient les grands collectionneurs, style Daniel Cordier, c'est toujours bon à prendre.
Bien que Gaston Chaissac, Louis Pons, Fred Deux :
Robert Combas, n'aient depuis longtemps (ou depuis toujours) rien à voir avec le soit-disant «art singulier», surtout tel qu'il se pratique de nos jours.
Bien que, Paul Rebeyrolle (!) :
Zoran Mušič (!!) :
Vladimir Velickovic (!!!) ne puissent être rapprochés de l'art brut et de ses alentours que par tout un système de poulies, de ficelles, de courroies de transmissions, de précautions.
L'exposition de Biarritz me semble encline à en faire l'économie. Ce qui peut se comprendre : présenter un bon choix d'œuvres fortes en espérant infléchir le regard du public local, c'est déjà pas mal. Nul besoin alors du renfort de la «sauvagerie» et du «délire». Mieux aurait valu élucider l'intention sous-jacente au rassemblement de ces tableaux et sculptures.
Je sais bien que l'art brut aujourd'hui c'est médiatiquement porteur et que certains (ou certaines) croient bien faire en accrochant le mainstream à sa remorque mais parer le meilleur de l'art contemporain des plumes multicolores de l'art brut cela ne rend service à personne. Sauf à ceux qui se réjouissent de trouver là une occasion de mettre en doute la spécificité foncière de ce dernier. Il n'est qu'à faire un tour sur le net en rôdant autour de Biarritz, de ses états sauvages et de ses délirants de crypte pour s'en rendre compte.
00:07 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nuit des musées, biarritz, côte basque, crypte sainte eugénie | | Imprimer | | |