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01.06.2014

Les civilisations d’Ody Saban

J’apprends avec plaisir par un mail-invitation officiel que la Galerie Claire Corcia qui, depuis plusieurs années déjà (voir mon post du 10 avril 2010 Haude et Ody rêvent d’Eros) travaille d’un cœur vaillant à la promotion de l’œuvre d’Ody Saban, consacre à cette artiste une exposition in-di-vi-du-elle du 4 juin au 19 juillet 2014. Sur le thème odysabanesque des Civilisations de la forêt inondée. Cela s’annonce moite et flexible. Souple comme liane et métamorphique. En dérive sur des fleuves non impassibles. Fort bien.

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Mais pourquoi faut-il alors que Claire Corcia se croit obligée d’en rajouter une louche en dossardisant ainsi la pauvre Ody : «artiste ART BRUT de renommée internationale»? CC serait-elle gagnée par la pompidolisation rampante?

Le charme de Saban c’est de s’approcher de certaines formes d’art : orientalistes, brutes, surréalistes, cloches (jadis) tout en les tenant à distance par sa peinture même qui les avale, qui les digère, qui les régurgite parfois. Au profit de son propre programme, violenteur de syncrétisme.

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Alors pourquoi ce clin d’œil appuyé à la cantonade privée et institutionnelle, si ce n’est que l’on cherche à transformer celle-ci en acheteuse? Je ne connais rien au business mais il me semble que c’est d’abord par la mise en valeur des qualités propres à un peintre qu’on risque de lui gagner un public pécunieux. Et non en l’inscrivant, plus ou moins judicieusement dans ce qui est devenu aussi un phénomène de mode.

20:26 Publié dans De vous zamoi, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ody saban, galerie claire corcia | |  Imprimer | | Pin it! |

21.05.2014

Rencontre d’esprits

Au fil des lectures, des esprits qui se rencontrent.

 

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Jacques Rigaut dans l’édition intégrale de ses Écrits parue chez Gallimard en 1970, à la p 102 : «(…) porter des lunettes sans verres, des poissons rouges en guise de boucles d’oreilles (…)».

Et Eijiro Miyama.

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21:16 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques rigaut, eijiro miyama | |  Imprimer | | Pin it! |

20.05.2014

Les bons plans d’Anglefort

Si j’attendais pas le plombier ce jour là, vous savez où je voudrais être jeudi 22 mai 2014 sur le coup de 17h30 ?  Ici : galerie du marche.ch

Il faut savoir reconnaître des images stimulantes pour la curiosité et celles d’Anglefort le sont. Même si, à première vue, les compositions des maîtres du grouillement que sont Henri Cueco et Antonio Segui ont tendance à venir nous sauter dans la mémoire en face de ces plans multiplement colorés, compartimentés mais libres, légendés mais non bavards, peut-être ludiques, plus vraisemblablement soumis à une ordonnance rigoureuse et sous-jacente de la pensée.

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Mon petit cerveau est ainsi fait qu’il me présente d’abord des références culturelles (pas parmi les pires, notez le). Mais à bien regarder c’est un vague-à-l’errance qui m’emporte plutôt à suivre Yves d’Anglefort dans ses dédales animés de créatures si personnellement anguleuses.

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De ce créateur encore indemne de légende, Jean-David Mermod, le boss de la Galerie du Marché, nous apprend deux choses contradictoires. Qu’Anglefort vînt un jour «frapper à la porte» de sa Maison. Qu’il «remplit ses dessins de codes personnels qu’il refuse souvent d’expliquer par superstition».

Bon! «Pourvou que ça doure» comme disait la maman de Napoléon. Fasse qu’Anglefort se tienne dans cette position entre deux chaises! La chaise du versant social et celle du repli farouche sur le quant à soi. Tel quel, dans son ambiguïté, il illustre une idée qui me trotte dans la tête.

la pensée du jour.jpgA savoir que :

l’art brut n’est pas une case c’est l’envers du miroir aux alouettes

 

J’illustre cette note avec les moyens du bord des visuels disponibles sur le Marché. Outre une petite bio qui permet d’en savoir davantage sur Yves d’Anglefort, on trouve sur le site de la galerie mermodique une quinzaine d’autres images reproduisant les œuvres de celui-ci.

16.05.2014

O(U)AF ! O(U)AF ! WAO ! WAO !

Marre. J’en ai marre des choses qui reviennent chaque année comme les feuilles d’impôt dans les boîtes à lettres. Raison pour laquelle je vous ai pas parlé de l’Outsider Art Fair de New York qui s’est tenue du 8 au 11 mai 2014.

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Ouaf, ouaf ! Excusez le mouvement d’humeur. A force ça m’use le tempérament ces rendez-vous obligatoires. Et ça finit par enfermer l’art brut dans une case conventionnelle où il s’étiole. D’où mon silence. C’était compter sans les bonnes volontés de mes reporters. L’un d’eux m’envoie des images de la cérémonie rituelle que je vous restitue sans trop trier.

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Notre Sylvain Corentin chez Cavin Morris. Ces élégances de brindilles emplâtrées ne sont pas sans me faire souvenir des bois de séverine qu’un certain Chomo tressait dans la forêt de Fontainebleau.

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Verbena sur le même stand : toujours bon à prendre.

Sefoloscha chez Judy Saslow.

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Et un petit jeune du nom de Nedjar chez la même.

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J’arrête parce que ça ressemble trop à l’année dernière (cf. mon post Ça gaze à l’OAF du 8 février 2013). Mon honorable correspondant a ses petites préférences. Mais même quand je m’abreuve à d’autres sources, le sentiment de déjà-vu n’est pas rare. Difficile d’ouvrir les fenêtres. On a l’impression que ça tourne en rond. Le fourmillement de l’art brut est menacé par la rationalisation. Tout se passe comme si le marché se satisfaisait d’une certaine restriction au niveau des créateurs. But de la manœuvre : imposer quelques noms souvent répétés dans l’esprit du public de façon à ne pas excéder les capacités de stockage de celui-ci. Stratégie basée sur quelques réelles pointures : Darger, Ramirez, Deeds (Electric Pencil).

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Et maintenant Marcel Storr dont on apprend qu’il a rejoint l’écurie d’Andrew Edlin, créateur de Wide Open Arts, la Société propriétaire de l’Outsider Art Fair. W(h)oa!  A ce propos, MDR je suis quand Art actuel, le magazine des arts contemporains m’apprend que «la Galerie Andrew Edlin est très fière d’annoncer qu’elle est devenue la toute première à représenter les œuvres» de cet «artiste (sic) français autodidacte» qui n’a, bien entendu, jamais souhaité vendre quoi que ce soit de son vivant.

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L’Andrew Edlin Galery projette une exposition Storr en septembre 2014. Celle du Pavillon Carré de Baudouin à Paris (France) dont j’ai rendu compte le 24 février 2012 (Storr j’adore!) n’aurait elle donc servi qu’à stimuler des appétits américains ? On peut se le demander. L’avenir dira si Mr Edlin renouvellera, grâce aux découvreurs de Marcel Storr, l’opération commerciale si bien montée avec Nathan et Kiyoko Lerner, les découvreurs de Henry Darger.

Il faut simplement avoir conscience que chaque fois qu’on parlera maintenant de Marcel Storr, cela équivaudra (du fait de cette exclusivité) à mettre deux thunes dans le bastringue du marchand new yorkais. Ce qui n’est pas à priori déconseillé, ouaf, ouaf, wao, wao.

BONUS 1 : Un autre Animulien nous envoie ce lien avec d'autres photos de l'édition 2014 de O(U)AF

BONUS 2 : la réaction d'un lecteur épris d'anonymat et de points sur les i.

Ça commence très fort.

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20:39 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : oaf 2014, outsider art fair | |  Imprimer | | Pin it! |

08.05.2014

Versailles : le Rose et le Noir

Encore Versailles. La poésie naturelle fleurit partout. Pourquoi pas à Versailles? A la mairie, par exemple : ce billet rose trouvé par un de mes émérites correspondants au guichet de l’Etat-civil. Un petit texte un peu sinistre rédigé d’une main légère, presque fantômatique.

img581.jpgTombé de quel porte-cartes? Tout piqueté d’aiguille fine comme un talisman. «Bien  sûr, ce n’est pas moi qui ai tenté de corriger l’orthographe des derniers mots dont le double sens m’enchante» souligne mon informateur.

img582.jpgC’est au verso d’un papillon officiel qui ne date pas d’hier que ce document autographe, digne de figurer dans mon reliquaire électronique, a été réalisé. J’espère qu’il vous plaira autant qu’il me plait, selon le souhait de l’Animulien sagace qui le découvrit

12:28 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Ogni pensiero vola, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

01.05.2014

Robinson : de l’hôpital au grand Pal

basquettes.JPGCourir à droite, courir à gauche. Mes basquettes qui prennent l’eau, mes courgettes qui en font trop. courgettes.jpg

No time at all pour poster. Je vais, je viens, je prends du retard.

A ce train là c’est les ménisques qui trinquent. L’art des malades du genou me guette! Pas croire pour autant que je délaisse l’art brut. En avril, je l’ai traqué comme le Snark de Lewis Carroll. Pas dans les lieux qui sont faits pour lui mais au cœur de cette citadelle parisienne de la culture qu’on appelle Salon International du Livre Ancien. Et si je l’ai manqué, on peut dire que je m’en suis approché de près.

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Avec un mignon petit catalogue distribué sur le stand A30 par la Librairie Vignes. Il reproduit la goûteuse couverture des Histoires d’un vacher de Gaston Chaissac. Comme ce petit livre a été imprimée en 1952 à dose homéopathique, on ne la voit jamais jamais. Grâce à cette heureuse initiative, on se la met dans l’œil. Merci qui ? Merci Ani.

Et c’est pas fini. En B13 (le Grand Pal c’est un peu une bataille navale) la Librairie Godon était venue de Lille avec un délirant manuscrit illustré des années trente sous le bras.

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J’ai longtemps tourné autour de la vitrine où il trônait, irrésistiblement attirée par ce grain de pure folie. Cette centaine de grandes pages traite de crise mondiale, de chômage, de sécurité, de guerre, d’Europe… tous plats que l’histoire nous resert obsessionnellement et qui constituent notre ordinaire de citoyens normaux.

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L’auteur, qui se savait investi d’une mission, avait élaboré un projet pour sauver le monde, à partir de son centre : la France. Me touche le fait qu’il s’appelait Robinson car il fut en son genre un naufragé solitaire dont un romancier pourrait écrire l’histoire. Robinson voulait faire profiter de ses lumières le ministre des affaires étrangères. Mal lui en prend. Un gendarme du Quai d’Orsay l’expédie jusqu’au fond d’un hôpital psychiatrique du Nord.

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Là, Robinson passe son temps à écrire qu’il n’est pas fou. Et il le fait avec une ampleur qui prouve artistiquement l’épanouissement de sa folie. Le manque de papier le fait souffrir tout autant que le manque de liberté. C’est qu’il se met la pression pour faire part de ses idées! Au service de celles-ci, il met son talent de dessinateur (un peu trop confirmé pour mon goût). Aux ressources de la caricature ou d’une aimable grivoiserie d’époque, il emprunte sans vergogne.

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En homme semble-t-il habitué à la lecture d’une presse politique, satirique et coquine, typique de l’avant-guerre. A ce cadre de convention, il sait mêler son sens des relations entre les êtres et/ou les foules qu’il représente. Les méridiens du globe terrestre, les ratures en lasso, une chaîne au poignet, un lourd faisceau de câbles témoignent de ce système d’assujetissement.

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18:37 Publié dans De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Imprimer | | Pin it! |

10.04.2014

Préempter l’art brut

lion rugissant.jpgDans la jungle de nos villes, le lion de l’État n’est jamais mort ce soir.

Non content de rugir des taux de TVA intimidants, il arrive qu’il ôte carrément de la bouche du collectionneur sa pauvre proie capturée en vente publique. catalogue saison 3.jpg

C’est ce qui est arrivé récemment lors de la Saison 3 d’une vacation Beaux-Arts à la Galerie rue Visconti. 

Un de ces effrontés guépards qui courent derrière la moindre feuille volante qui passe, avait réussi à mettre la patte sur les Cinq petits inventeurs de la peinture.

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Sans trop s’essoufler car les guépards, s’ils ont de l’appétit, manquent de thune sur la fin, c’est bien connu. Pour ce modeste papier plié en deux, notre infortuné enchérisseur avait pourtant de la réserve. C’est que ce tract-présentation d’une exposition lilloise de 1951 à la Librairie Marcel Evrard promettait la substantifique moëlle de Paul End (Paul Engrand),

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Photo : Collection de l'art brut

Alcide, Liber, Gasduf (Gaston Duf),

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Photo : Collection de l'art brut

Sylvocq (Sylvain Lecocq),

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Photo : Collection de l'art brut

figures de l’art brut des origines, issus de l’Hosto Psy de Lommelet. De quoi saliver quand on a la fièvre acheteuse! Hélas, le coup de marteau fut suivi d’une claironnante «préemption» et notre guépard dut rentrer à la niche en maugréant.

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Pour ceux qui l’ignorerait encore, la préemption est un droit régalien permettant à une collectivité publique, musée, archives (ou comme ici bibliothèque) d’acquérir en priorité un bien acquis aux enchères par un particulier. Rien à redire à ça puisque c’est la loi. Dura lex sed lex.

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N’empêche qu’il n’est de loi qui ne s’applique avec doigté. Comme le dit Fabien Bouglé dans sa note sur Le Bon usage de la préemption parus dans Les Lois du marché sur le site de La Gazette de l’Hôtel Drouot : «En principe, la préemption, procédure exceptionnelle, n’est possible que pour les biens représentant pour la collectivité un intérêt majeur. (…). Si le bien est plus commun, l’État ou les collectivités publiques réaliseront leur achat comme un acheteur ordinaire, en entrant dans le jeu naturel des enchères».

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Les amoureux de l’art brut seront ravis de constater que les Cinq petits inventeurs qui montèrent le samedi 5 avril 2014 jusqu’à la somme astronomique de 110 € (cent dix malheureux euros, vous avez bien lu !) furent considérés par la Bibliothèque Kandinsky, le préempteur, comme un bien d’un intérêt majeur. Même si le texte de Jean Dubuffet qui y figure est parfaitement accessible dans le tome 1 (pages 509-511) de Prospectus et tous écrits suivants publié à grand nombre par Gallimard.

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La morale de cette histoire, je l’emprunte à cet écrit : «On appelle sain et raisonnable l’homme qui adhère totalement au mythe collectif». Et je la dédie à ceux qui, parmi les marchands d’art, seraient tentés de multiplier les clins d’œil aux institutions pour qu’elles affectent leurs maigres crédits à cet art brut dont elles ne voulaient pas hier et qu’elles vont enterrer aujourd’hui.

20:24 Publié dans art brut, De vous zamoi, Encans | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul engrand, gaston duf, sylvain lecocq, jean dubuffet | |  Imprimer | | Pin it! |

05.04.2014

Le surréalisme à la petite semaine

mon oeil.jpgSurréaliste mon œil!

Voilà que je me suis dis en en jetant un (d’œil) sur le communiqué de presse m’informant un peu tard de la participation du Musée de la Création Franche à la Semaine surréaliste organisée par le Théâtre de la Rencontre à Bordeaux.

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Non que je trouve illicite qu’on veuille gratouiller aujourd’hui encore les liens entre surréalisme et art brut mais j’ai sursauté, je l’avoue, en apprenant que dans l’exposition éphémère (du 7 au 12 avril 2014) montée pour l’occasion au Musée de Bègles on notait la présence de Simone Le Carré Galimard parmi des épigones ô combien tardifs du mouvement dirigé par André Breton. Certes SLCG a la réputation d’avoir réalisé des reliquaires (qu’elle appelait plutôt des boîtes) mais s’il suffisait de fabriquer des reliquaires pour être surréaliste alors les carmélites le seraient et réciproquement.

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J’ai déjà eu l’occasion de vous toucher deux mots par ci par là à propos de l’œuvre et de la personnalité de cette artiste dont la floraison tardive s’épanouit en bouquet final dans les années 90. Ses assemblages où dominent les plastiques colorés, ses collages à fragmentation d’images de jolis corps féminins nus et parcellisés, ses masques et pantins d’un primitivisme moderne mariant ingénuité et dextérité sont visibles en grand nombre à la Fabuloserie.

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Plutôt que la rue Fontaine ou la brasserie Cyrano, c’est l’atelier de Germaine Richier dont elle fut la massière,

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c’est La Palette, rue de Seine que Simone Le Carré fréquenta.

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Pas plus que de Montaigne et la Boëtie, elle ne fut l’amie de Dali, de Miro, de Ernst ou de Man Ray. Simone fut la confidente de Yolande Fièvre, dans un rapport de proximité avec Jean Paulhan, par ricochet.

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Les peintres Jean Criton

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et Dominique d’Acher

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qui exposèrent avec Bernard Réquichot

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lui furent par ailleurs chers. Ce n’est pas là le premier cercle de famille du surréalisme! Aussi n’est-il pas surprenant que ce fût en se détournant de celui-ci que Simone Le Carré accédât à ce qui fit sa spécificité.

tranche lautréamont recto.jpgAbandonnant les dessins à la plume et les compositions qu’elle projetait pour une illustration des Chants de Maldoror,

 

dessin SLCG.jpgSimone se lança témérairement dans sa voie de corrosion et de conglomération, sa voie de colle irrespirable et de matières fondues, de papiers froissés et de colifichets rescapés de la décharge.

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Elle touche ce faisant, par des moyens qui ne doivent pas tout au hasard, à un onirisme de fond, à un gisement structurel intérieur qui se distinguent du petit gibier de l’automatisme de surface dont se contente trop souvent un surréalisme quasi centenaire épris de métaphores littéraires, d’étrangetés séduisantes et de théâtralité des images.

03.02.2014

Les niches du génie

Du Canard enchaîné (n°4866) cette brève à propos d’un chirurgien esthétique sud-coréen : «il utilisait les os de mâchoire retirés sur ses patients pour réaliser des objets de décoration». Voir aussi Libération.

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Sur gentside.com le 31 janvier 2014, cette apparition mystique révélée par Virginie Guichaoua :«Après être tombée dans l’escalier Paula Asuna voit Jésus-Christ apparaître sur son pied» (De l’hématome au fils de l’homme).

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Et grâce à l’Huffington Post du 29 janvier 2014, ce témoignage sur la créativité enfantine ou comment un jeune visiteur de la Tate modern de Londres se vautre sans vergogne dans l’art minimal à 3 millions de dollars.

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Les experts vous le diront : le génie se niche partout.

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18:34 Publié dans Ailleurs, Blogosphère, De vous zamoi, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer | | Pin it! |

26.01.2014

Sainte-Anne : + de 60 ans d’art psychopathologique

Les dattes c’est important.

Avec deux t c’est nourrissant.

Avec un t c’est historique.

Les dattes (ou les dates) sont souveraines contre le jeûne et contre l’oubli.

régime 2.jpgAussi votre petite âme errante aimerait vous en offrir un régime. Encore faut-il une occasion pour ça. Un grand journal du soir nous la fournit.

Dans son édition électronique d’un article de Philippe Dagen en date du 23 janvier 2014, on relève, à propos de l’exposition de Sainte-Anne dont je vous ai claironné les mérites dès le 11 décembre 2013, cette affirmation péremptoire : «Le Centre lui-même y a été fondé [à Sainte-Anne] il y a trente ans (…)». Il est question ici, vous l’aurez compris, du Centre d’Étude de l’Expression, organisateur de l’exposition Un autre regard.

«Trente ans» : après une estimation à la louche, ça nous ramène à 1984. Et ça ne fait pas le compte! Ce n’est pas parce que beaucoup d’entre vous n’étaient alors pas nés, qu’il faut, mes chers Animuliens, jouer avec l’histoire. Car, ou bien je raisonne comme un pruneau ou bien la date est fausse.

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Crachons le noyau : c’est en 1974 qu’apparaît l’expression Centre d’Étude de l’Expression. Ce CEE correspond à un élargissement du Centre d’Expression Plastique, issu lui-même du regroupement (en 1969) d’un département d’art psychopathologique (fondé par Robert Volmat en 1954) et d’un Centre international de documentation concernant les expressions plastiques (CIDEP) créé par Claude Wiart en 1963. Vous vous y perdez? Moi aussi. C’est fou ce que c’est embrouillé avec ces psychiatres !

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Retenez seulement ces dates : 1974, 1969, 1963, 1954, pour vous convaincre que cela fait beaucoup plus de «trente ans» que la recherche sur «ces formes très difficilement explicables de création» qu’on appelait jadis «art des fous» a débuté au sein de l’hôpital Sainte-Anne. Retenez aussi qu’il ne faut pas croire tout ce qu’il y a dans les journaux dont on enveloppe les dattes.

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