18.01.2012
Vintage & Revival, des revues très tendance
Vous allez dire que je me prends les pieds dans l’art-thérapie mais ce n’est pas ma faute si le sujet revient sur le devant de la scène par le truchement de la dernière livraison de la revue Création Franche. Ce ne sont pas moins de 4 articles sur 10 qui, par différents angles, abordent la chose.
«Art-thérapie» est d’ailleurs une façon de parler, une commodité langoustique puisque, au fur et à mesure que celle-ci se généralise, c’est plutôt le vocable d’«ateliers de création» qui est avancé. Ateliers par ci, ateliers par là, le terme revient souvent (au moins en filigrane) que ce soit pour le Creahm ou La Pommeraie en Belgique, pour L’Erreur en Italie, pour La Passerelle en France sous les plumes (ou grâce aux claviers) de Déborah Couette, Teresa Maranzano, Dino Menozzi et Bruno Montpied.
Pour aller vite, chez Dino j’ai remarqué «le rhinocéros hybride» de Giulia Zini, digne d’être enviée «pour la simple cohérence de son existence, pour la spontanéité avec laquelle elle se livre à son monde, pour le dédain exemplaire derrière lequel elle se réfugie, pour le sourire satisfait qui émerge toujours d’elle».
Maranzano m’a impressionnée avec les objets sous bandelettes et la cabane de Pascal Tassini qu’elle compare à un Merzbau. Ceci malgré des références un peu appuyées à Henri Focillon.
Bruno m’a tout l’air de recycler des infos qu’on a déjà lues sur son site.
Ce que j’ai préféré c’est le papier de Débo relatif au «travail d’Alexis Lippstreu» parce qu’à côté d’une simple étude de cas, elle s’attaque bravement à la question du faux mimétisme dans l’art brut. C’est à dire à cette capacité qui est la sienne de s’affranchir des influences par un véritable travail de transmutation.
«Un Gauguin par Lippstreu n’est plus un Gauguin mais un Lippstreu» conclut Déborah Couette et ça veut tout dire.
Sur le front des revues, signalons le retour -mais oui!- de L’Œuf sauvage. Vingt ans après, le mousquetaire Claude Roffat refait l’Œuf! Il sort -comme si l’eau n’avait pas coulé sous le pont Mirabeau- non une nouvelle mouture mais bien le n°10 de sa sauvagine revue! Le jarret est bon et le poignet ferraille quoiqu’avec moins de vélocité. L’avenir serait-il dans les œufs? On verra.
Ce numéro au parfum revival ne séduira pas que les nostalgiques ou les dénégateurs de temps qui passe. Les amateurs de cas plus récents pourront s’intéresser aux émouvantes convocations mortuaires des dessins de Ghislaine dont la lucidité terrible et désespérée crépite comme une flamme sous l’effet de l’oxygène existentiel.
Je vous en aurais bien dit plus sur ce come back et sur le contenu de ce numéro qui tourne le dos à une si grande plage de silence mais Alain Paire vient de poster à ces propos une de ces notes définitives dont il a le secret. Le mieux est de lui rendre visite.
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10.01.2012
Animula à la loupe
Cette fois ci, je l’ai pas loupé. Les circonstances étaient propices : pas de pluie, assez de lumière, j’avais mon petit kodak, même mon iphone je l’avais pas oublié. J’aurais pu lui tirer deux fois le portrait à cette loupe de mon quartier qu’un arbre un peu exubérant s’emploie à faire grossir d’année en année.
Dernièrement un petit malin l’a customisée dans le genre arcimboldesque léger; et j’ai trouvé ça revigorant, ce ready made naturel aidé.
10:59 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Images, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
08.01.2012
Art brut : le Monde des bons apôtres
Timberlake a une fiancée. C’est la presse people qui le serine. Pas Le Monde.
Le Monde, depuis 1968, est un journal sérieux. Il se consacre aux sujets qui en valent la peine.
C’est pourquoi il est en passe de devenir l’organe officiel de l’art brut.
Je plaisante bien sûr mais le fait est que depuis que la boîte de Pandore lui a été ouverte par la voie de l’innocence (voir ma récente note intitulée Canardage et canotage), Le Monde s’adapte, Le Monde s’art-brutise. Le Monde s’engage, sous la plume de Patrick Martinat, pour le sauvetage des environnements d’art brut «en voie de disparition, voire déjà disparus».
Y compris ceux qui ne sont pas encore édifiés comme le tonitruant Colossal de Danielle Jacqui.
L’article de Patrick Martinat est paru dans l’édition en ligne du 7 janvier 2012. Il est écrit dans la foulée de ceux de Christophe Donner :-) et de Philippe Dagen :-( dont j’ai parlé dans mes posts précédents, le 29 déc. 2011 et le 1er janvier 2012.
C’est dire que Patrick Martinat a dû parer au plus pressé. Il a donc eu recours -faute de pouvoir se ménager les services de Jean Dubuffet, André Breton ou Claude Lévi-Strauss- au «critique Laurent Danchin» qui n’est pas homme à laisser sa part aux nouveaux spécialistes de la solubilité : Phil Dagen and Chris Boltanski pour ne pas les nommer.
Laurent Danchin possède d’impressionnants états de service et Patrick Martinat nous rappelle qu’il n’hésite pas à en faire état. Il se considère depuis 40 ans comme «le défenseur des créateurs oubliés». Exemple : «Après la mort de Chomo, nous avons réussi à mettre ses œuvres à l’abri (…)» dit-il. Un «nous» de majesté sans doute? Rappelons pour mémoire que Laurent Danchin fut l’expert de la vente publique des œuvres de Chomo.
Une façon comme une autre de les préserver sans doute? Les Animuliens apprécieront. Grâce à cet expert, «les anecdotes font cortège» nous dit avec soulagement Patrick Martinat. Et les légendes aussi sans doute.
Celle qui romantise la fin de Marcel Landreau notamment : «A la fin de sa vie, il a dû se résoudre à vendre sa maison, son œuvre, à un acquéreur qui avait promis d’entretenir le lieu… Et qui a tout démoli au bulldozer (…).
Si Patrick Martinat avait eu le temps d’aller sur Gougueule pour vérifier cette information fausse, il serait tombé sur mon blogounet où il aurait pu constater que Marcel Landreau avait pris soin d’emporter dans sa retraite un nombre non négligeable de ses sculptures en cailloux qui ont été retrouvées récemment, non par un grand spécialiste de l’art brut mais par un antiquaire talentueux : Freddy Tavard.
12:57 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art brut, journal le monde, patrick martinat, christophe donner, philippe dagen, laurent danchin, chomo, marcel landreau, le caillouteux, freddy tavard, danielle jacqui | | Imprimer | | |
29.12.2011
Canardage et canotage
Je suis pas la seule à canarder.
En complément de ma récente note sur le chapon de Noël, ma copine Hélène a cru bon de me signaler un article super intelligent de Christophe Donner paru le 23 décembre 2011 dans la rubrique «magazine» du journal Le Monde en ligne.
Donnerwetter, ce que je me suis dilaté la rate en lisant ce papier intitulé L’innocent accroché aux murs !
Heureusement que j’étais assise, j’aurais pu tomber sur le derrière à l’évocation de cette soirée de canotage parisien
10:59 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Jeux et ris, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christophe donner, josef hofer, art brut, art contemporain, critique d'art, galerie christian berst, christian boltanski, philippe dagen | | Imprimer | | |
24.12.2011
Noël au chapon, Pâques au pilon
De l’art brut qui n’est pas de l’art brut, de l’air mille fois respiré qui se prend pour le vent du large… l’année se termine sans casser trois pattes à un canard.
La chose serait un brin déprimante s’il n’y avait le chapon de Noël. Farci, rôti, au four, laqué, cocotte, mâtiné cochon d’Inde, je ne sais pas si vous avez remarqué mais le chapon ces temps-ci a définitivement détroné l’oie.
Certes il n’a pas cette allure farouche qu’on observe chez ce noble palmidède quand il est dessiné par le caricaturiste Jossot mais il se pousse bougrement du col aujourd’hui que nous n’avons plus de Capitole.
C’est compréhensible d’ailleurs. Une oie c’est long à engraisser, fatigant à promener, lourd pour nos petits estomacs ravagés par les antibiotiques. Et puis ça a mauvais caractère. Le marché ne saurait se satisfaire d’un produit si aléatoire, si difficilement prévisible, si peu standardisable. Place au chapon donc, pourvu qu’il fasse semblant de tortiller du croupion.
Déjà les ateliers, les festivals, les musées de l’art chaponnier fleurissent. Toute la France va bouffer du chapon jusqu’à plus soif si ça continue. Et je vais chaponner ce soir moi aussi avec mon daddy, mon chéri-que-j’ai et deux ou trois animuliennes de choc.
Pour m’habituer à l’inévitable car il n’y a rien à faire contre un phénomène de mode quand il est porté par d’aussi puissantes raisons économiques.
Il reste certes de vaillants établissements où de jeunes chefs talentueux continuent de mitonner d’authentiques oies sauvages mais on les sent travaillés par la pression de l’opinion publique instrumentalisée par le spectacle culinaire.
Même s’ils savent bien où est la qualité, même s’ils proclament haut et fort (pub gratuite pour mon hébergeur) que le doute ne s’installe nullement sous leur toque, ils n’en cherchent pas moins la bénédiction de la critique gastronomique officielle depuis toujours spécialiste de l’enfumage… de l’oie.
Car on n’en est plus, dans ces sphères médiatiques blanchies sous le harnois, à nier comme jadis l’existence de ladite oie. On s’emploie activement au contraire à lui faire les poches en proclamant sur la place publique son équivalence avec le chapon cholestérique. Le but de la manœuvre est évident : obtenir une modification du goût en faveur du poulaga privé de coucougnettes.
S’y prêter sous prétexte de largeur de vue «anisotropique» (une variété d’opportunisme ?) relèverait d’une touchante candeur. On ne peut à la fois prétendre faire de l’entrisme sur la scène de la grosse cuisine contemporaine et introduire le renard dans le poulailler.
Même quand celui-ci se déguise en humble disciple de l’oie. A moins, bien entendu, de se faire l’apôtre d’une pensée unique qui n’a d’autre argument que la stigmatisation grondeuse du soi-disant «clergé» animanichéen qui persiste à soutenir qu’une oie est une oie. J’interromps là mon cacardage.
Non sans finir ce jeu de l’oie sur une note optimiste. (cliquer sur l'image)
Tout ce buzz alimentaire signe le retour de l’oie libre à la clandestinité. Et rien ne lui va mieux au teint. Les vrais amateurs s’en réjouiront. Ils s’élancent déjà derrière elle dans les prés.
16:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Jeux et ris, Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola, Parlotes, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |
30.11.2011
Une nouvelle mission pour Lucienne Peiry
Le hasard veut qu’au moment où je reçois le 23e numéro des fascicules de l’Art Brut, la nouvelle du départ de Lucienne Peiry tombe sur mon téléscripteur. Merci à la généreuse Animulienne qui a propulsé ce diamant vert dans ma boîte aux lettres même si j’ai dû prendre un ouvre-boîte pour l’extraire (cher facteur, évitez à l’avenir de coincer mon courrier). Vous êtes une mère pour moi, madame la donatrice de si précieux cadeau! D’autant que votre lettre d’accompagnement se terminait par un «bien à vous ma chère»!. Evidemment, on m’avait menti. La couverture du 23 n’est pas vert pomme comme je le croyais (voir ma note du 15 octobre) mais sous sa robe émeraude qui a l’air de sortir de chez La Fée Maraboutée, il est très bien quand même.
Avec tous les téléphones portables qui vous couinent dans les tuyaux, je n’ai pas pu le lire dans le métro. Aussi suis-je incapable de vous livrer mes réactions que «vous seriez ravie de connaître». Je n’ai pu que le feuilleter et admirer les beaux portraits de créateurs qui «entent» (comme dirait André Breton) chacun des articles. C’est une innovation qui n’a l’air de rien mais qui nous entraîne sur une pente de personnalisation bien propre à l’époque.
J’ai choisi de vous parachuter Guo Fengyi dont la Collection de l’Art Brut montre depuis le 18 novembre dernier et jusqu’au 29 avril 2012 plusieurs dizaines d’étendards poétiques.
Est-elle pas mimi? On dirait une framboise des bois. On croirait pas que si petite dame puisse être l’auteur de si amples compositions.
Le texte que ce portrait chapeaute est de Lucienne Peiry. Nous y revoilà car je vous sens bouillir d’impatience. Sachez donc que les aventures de Lucienne Peiry s’enrichissent d’un épisode supplémentaire.
Lucienne s’en va, Lucienne nous abandonne, Lucienne Peiry «quitte la direction du musée de l’art brut» comme nous l’apprend 24heures.ch, journal numérique. Occultation momentanée en fait, rassurez vous, puisqu’elle se voit confier par la municipalité lausannoise un poste d’ambassadrice de la Collection.
Je n’ai pas tout bien compris mais d’après la presse, madame Peiry accèdera au poste d’attachée culturelle, dans un contexte de concurrence accru avec les nouvelles institutions (?) qui s’occupent du même sujet en Europe et celui d’une extension du marché de l’art brut.
Elle «sera ainsi la porte-voix de la collection, chargée d’enrichir son catalogue, de concert avec la direction et de stimuler la recherche scientifique» nous dit Marco Danesi dans Le Temps du 29 novembre 2011.
Cela nous promet de l’animation et à Lucienne Peiry du pain sur la planche. Elle va devoir retrousser ses manches et je lui souhaite de ne pas les tremper dans le café!
Le poste de direction de la Collection de l’Art Brut sera mis au concours. En attendant que quelqu’un soit recruté c’est Sarah Lombardi qui assurera l’intérim. Bon courage Sarah! Au boulot, madame Peiry! On vous en souhaite tant et tant.
00:37 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, lucienne peiry, sarah lombardi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |
28.11.2011
Êtes vous contre-cultivés ?
Et maintenant, je voudrais vous proposer mon quizz contre-cul.
Contre-culturel, si vous aimez mieux, au cas où ma manie des abréviations vous porterait sur les nerfs. Quizz contre-culturel donc. Rien que pour voir si personne ne roupille.
Qui a écrit :
« Les contre-cultures finissent académiques, simples chapitres de la culture générale. L’art brut n’échappe pas à la règle et, très peu brut, Dubuffet a usé dans ses travaux picturaux d’une rhétorique élégante. » ?
1-Pierre Bourdieu
2-Jean Clair
3-Raoul Vaneigem
4-Philippe Dagen
5-Christian Delacampagne
6-Pierre Desproges
7-Jean-Hubert Martin
Vos réponses en commentaires ou sur ma boîte e-mail.
En Kdo au premier qui trouve la bonne réponse, l’ouvrage Amicalement brut
00:05 Publié dans De vous zamoi, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, pierre bourdieu, jean clair, raoul vaneigem, philippe dagen, christian delacampagne, pierre desproges, jean-hubert martin | | Imprimer | | |
20.11.2011
L’art brut discipliné
Au pays de l’art brut la réalité dépasse vite la fiction. Y’a pas si longtemps (le 4 octobre 2011 exactement) qu’un commentateur lucide, Texas instruments, intervenait sur ma note du 2 octobre (L’Univers peu connu d’Adolf Wölfli) pour prophétiser le «harcèlement» de nos chères têtes blondes par art brut interposé. Il ne croyait pas si bien dire.
Te voilà rattrapé, Texas, par l’école de Bez-de-Naussac dans l’Aveyron.
C’est La Dépêche du Midi qui nous l’apprend le 20 novembre 2011. Là-bas c’est plus de la science-fiction : l’art brut, cette occupation de loup-cervier, s’enseigne à l’école. On avait déjà les «grands spécialistes». Maintenant, on aura les notes et les diplômes. A quand les mastères? Le Rouergue y a mis le paquet pour chapitrer le public captif : une enseignante du cycle 3, un responsable de musée «buissonnier», une plasticienne (pendant 6 heures), une comédienne.
Enfoncez-vous bien ça dans l’imaginaire !
Compte-rendu des travaux sur Internet !
Bouvard et Pécuchet pas morts !
Bon, vous me direz : tout ça n’est pas si grave et puis ça génère des emplois dans le secteur éducatif. Et puis, quand l’art brut devient l’art officiel, le réconfortant c’est que les générations montantes auxquelles on aura bourré la tête avec, se mettront infailliblement à le détester. Et l’art brut, le vrai (celui qui jamais ne s’enseignera) a pour destin de se heurter à des oppositions du fait qu’il est toujours compris de travers.
Rendez-vous dans 20 ans.
20:40 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art officiel, public captif, création d'emplois | | Imprimer | | |
23.10.2011
Une araignée dans la gorge
La raison de mon silence? Non ce n’est pas que je médite un changement d’orientation. Genre : Rives et dérives de l’art contemporain. Ou «comptant pour du beurre», l’art brut ayant tendance à faire tache aujourd’hui pour les institutions qui l’exposent (pardon pour celles qui dérogent à la règle).
Non, non, c’est simplement que je me traînasse ma première grosse crève de l’année. Que je tousse comme une perdue.
Et que mon chéri-que-j’ai profite de ma faiblesse pour me faire avaler des litres de sirop des Vosges sous prétexte que j’aurais une araignée de Louise Bourgeois dans la gorge.
Selon lui c’est depuis que j’ai lu, dans le dépliant de l’expo Objets secrets au Collège des Bernardins, cette thèse (pour le moins digne de Nos amies les bêtes) suivant laquelle les œuvres de Judith Scott «résonneraient profondément» avec les objets sculptés par ladite Loulou of New York. Raisonnement de tambours! Idéal pour couvrir ma quinte! Non, je vous l’dis : «ça sent le sapin!».
Je n’ai même pas pu me traîner à la FIAC pour aller voir sur le stand de la Galerie Le Minotaure, les œuvres d’Anton Prinner, une artiste «contemporeine» d’exception celle-là. J’ignore pourquoi (à cause peut-être de la radicale façon dont elle interrogeait, dans son comportement, la différence sexuelle)– on ne parle jamais d’elle. En dépit des méritoires efforts de Benoît Decron que j’ai déjà eu l’occasion de signaler dans mon post du 25 janvier 2008 (Déplacement à l’Abbaye Sainte-Croix).
Libération du jeudi 20 octobre 2011
Pour rare qu’il soit, le cas d’Anton Prinner n’est pas le seul à se tenir éloigné des petites bourgeoiseries à la mode. Pas plus tard que récemment, j’ai eu l’occasion de vous rafraîchir la mémoire au sujet de Lucy Vines et d’Etienne-Martin.
Si écho de l’art brut il y a, c’est dans l’œuvre de tels artistes, sincères, discrets et concentrés sur eux-mêmes avant d’être soucieux de notoriété, qu’il faut le chercher. Ma p’tite idée sur la question c’est que la fréquentation de leurs œuvres nous servira bien plus dans notre approche de l’art brut que le commerce avec les people de la planète art-contemporanéiste qui tourne éternellement autour de deux trois nombrils décorés.
Bon, je retourne à mon sirop! Non sans vous signaler deux expos de jeunes artistes contemporains qui méritent bien qu’on parle d’eux.
Celle de Christine Sefolosha à Strasbourg et celle de Pierre Della Giustina dans son atelier de Saint-Rémy-sur-Durolle en Auvergne.
Merci au carton d’invitation de l’expo Della, organisée de concert avec la photographe Rafaèle Normand.
Il me fournit ma conclusion : «une virée dans les sapins pour la Toussaint?»
20:32 Publié dans De vous zamoi, Expos, Miscellanées, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine sefolosha, pierre della giustina, judith scott, anton prinner, fiac, lucie vigne, etienne-martin, rafaèle normand, art contemporain | | Imprimer | | |
15.10.2011
L’art brut se met au vert
Semaine granny en perspective. Elle commencera bien, dans une tonalité vert pomme. Car tout d’abord, qu’est-ce-que j’apprends? Le 23e Cahier de l’Art brut pointe son museau. A force j’y croyais plus. Le dernier en date remontait à perpète (2007). «Cahier» bien sûr est un abus de langage. C’est «Publications de la Collection de l’Art brut» qu’il faut dire, bien que maintenant -innovation- ce numéro vert soit publié par InFolio, éditeur suisse spécialisé dans l’archéo, l’archi, l’hist-art ou la photo.
On avait eu toute la palette de la tranche napolitaine avec ces cahiers depuis leur début, du temps où mon daddy était minot (1964). On a eu le bon goût de ne pas changer la maquette de la couverture avec le titre en écriture à la Dubuffet. La seule excentricité est dans la couleur qui change à chaque fois. Et cette fois-ci, elle est d’un vert «granny Smith» appétissant.
Le contenu est mondialiste et transchronique. Les œuvres abordées sont celles de créateurs européens, américains et asiatiques découverts il y a longtemps (Guillaume Pujolle, Laure Pigeon) ou plus récemment (Alexandre Lobanov, George Widener, Guo Fengyi), etc. Allons-y voir. Pour 48 Francs suisses, on va se régaler!
Il y a aussi, ça va de soi, Gregory Blackstock qui n’en finit pas d’inventorier les fouets
les oiseaux
les cafards du monde
Je vous avais parlé de ce gaillard là, il y a des lustres (voir mon post du 3 novembre 2006, Art brut ami, partout, toujours)
La Maison mère de Lausanne lui consacre une expo.
La «première en Europe».
Ce n’est pas parce qu’elle dure juqu’au 19 février 2012 qu’il ne faut pas prendre votre billet pour y aller. Les grands ouikènes approchent et les pauvres morts de la guerre de 14-18 ne vous en voudront pas si vous préférez la visite du Château Beaulieu à la dépose de chrysanthèmes sur la tombe de poilus inconnus.
Toujours côté vert mais avec des reflets roses cette fois, vous trouverez bien, dans votre garde robe un petit haut et un petit bas pour faire bonne figure au vernissage de la rue Haute (312-314) pour la nouvelle expo d’art & marges (économisons les parenthèses) à Bruxelles le jeudi 20 octobre 2011.
C’est qu’il ne faut pas plaisanter avec ça, les filles! ARTHUR BISPO DO ROSARIO c’est du lourd question ART BRUT.
Même si le leporello d’invitation en trois langues se croit obligé de nous prendre pour des pommes en nous assénant que ABDR «est une figure incontournable de l’art contemporain brésilien» («is een sleutelfiguur voor de hedendaagse Braziliaanse kunst»).
Saluons à ce propos l’effort soutenu de Carine Fol, co-commissaire de cette expo qui promet et promettra juqu’au 15 janvier 2012. En quelques années, elle aura réussi à se débarrasser de ce vilain petit concept d’art brut qui faisait tache dans les soirées mondaines bruxelloises ;-) . On n’est pas obligés de suivre son exemple mais réjouissons nous en, mes sœurs et mes frères : l’art brut n’est jamais plus lui-même que quand on ignore son nom.
17:51 Publié dans Ailleurs, art brut, De vous zamoi, Ecrans, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, gregory blackstock, arthur bispo do rosario, art & marge musée, carine fol, collection de l'art brut, lucienne peiry | | Imprimer | | |