14.10.2014
A Drouot, la grenouille fait un tabac
Ça grenouille à Drouot! Ça grenouille dans le bon sens, entendons nous bien! Comment ne pas tomber raide dingue de cette tabatière en buis sculpté aux yeux de corne et d’ivoire?
Elle est reproduite sur un élégant leporello que j’ai trouvé dans ma bouato lettres avec un petit message de mes voisins m’avertissant «qu’on leur a livré le piano» et qu’ils comptent bien s’en servir toute la journée. En ligne directe de l’étude Chayette et Cheval, le dépliant dont je vous cause annonce, à grand renfort de papier glacé, la vente (vendredi 17 octobre 2014) de deux collections tout ce qu’il y a de choucardes dans l’univers impitoyable de la salle des ventes. Machines à vapeur et tabatières.
J’ai le plus grand respect pour la première partie du programme mais c’est surtout la seconde qui m’intéresse. Non seulement parce c’est Martine Houze l’expert, une pasionaria de l’art populaire extrêment affûtée question curiosité. Mais aussi parce que la frontière entre la sculpture anonyme des embellisseurs du quotidien et l’art brut proprement dit m’a toujours paru poreuse.
Yaka voir ce mignon petit bourgeois en corozo (ivoire végétal)
cette secouette ornée d’outils de jardinier et de têtes humaines
ce drôle de singe à zizi articulé pour comprendre. Je kiffe aussi très fort le dragon en noix de coco
Toutes formes parfaites qui appellent la caresse de l’œil. Feuilletez le catalogue et dîtes-moi si je me trompe. Pour finir sur une note rigolote, vous aurez remarqué comme moi que Cheval est un nom prédestiné et que pour des tabatières, rien de mieux que des commissaires priseurs.
23:29 Publié dans De vous zamoi, Encans, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art populaire, martine houze | | Imprimer | | |
16.09.2014
Hilma af Klint et l’esprit de l’abstraction
Après le Pérou, j’annexe la Suède.
On dit toujours que la première œuvre abstraite est une aquarelle de 1910 due à Vassily Kandinsky. Et bien non! Le grand Kandi a été coiffé au poteau par une Suédoise de 44 ans nommée Hilma af Klint.
Vous, vous le saviez. Certains d’entre vous ont visité l’exposition d’été qui lui a été consacrée au Louisiana danois.
Mais moi je la découvre et je suis si enchantée de son cas que j’épouve le besoin de le crier sur les toits du village planétaire.
Quand je disais plus haut «au poteau» c’est façon de parler car c’est dès 1906 que cette artiste suédoise, qui ressemblait un peu dans sa jeunesse à Camille Claudel, s’est lancée dans la voie de l’abstraction.
Seulement on n’en a rien su. Vu que par testament Hilma stipula que ses travaux (qu’elle tenait au secret) devaient rester cachés après sa mort pendant 20 ans encore. Laquelle survint en 1944. Calculez vous-mêmes.
Quelle force d’âme il lui a fallu pour ne pas revendiquer de son vivant cette place de pionnière qu’on lui reconnaît aujourd’hui!
C’est quelque chose d’imaginer que cette femme en avance sur son temps assista sans broncher aux expositions de Mondrian, de Malevitch, de Kupka et de Kandinsky, elle qui gardait roulées dans son atelier les 193 toiles abstraites de grande dimension, composées entre 1906 et 1915 et formant la série des Peintures pour le Temple.
Ce n’est pas modestie. Il est plus que probable que Hilma af Klint avait conscience de la qualité de son témoignage artistique. Simplement elle estimait que ses contemporains n’étaient pas à même de le comprendre.
Familière des théories théosophiques, elle tenait d’ailleurs elle-même son message formel, où se mêlent symboles et parfois écritures, d’une instance supérieure et inconnue dont elle avait entendu la voix en 1905 qui lui prédisait qu’elle proclamerait une nouvelle philosophie de l’existence, qu’elle ferait partie d’un nouveau royaume et que ses travaux porteraient leurs fruits.
On s’approche là de récits familiers aux lecteurs d’un grand livre qu’on pourrait intituler : La Vie des hommes (et des femmes) illustres de l’art brut. Sous roche : l’anguille médiumnique. Elle nage ici dans les eaux mêlées d’inconscient de la source créative d’Hilma.
A 17 ans, celle-ci reçut son baptême spirite. Primordial Chaos, la série de petits formats par laquelle elle inaugura sa veine abstraite, regroupe des dessins qui ressemblent à ceux qu’elle fit, dans une apparente inconscience, durant les séances spirites auxquelles elle participa dans les dernières années du XIXe siècle.
Car elle fut medium, au sein d’un groupe de 5 femmes passionnées d’art et d’esprits. Un medium sincère et fidèle puisqu’elle ne montra aucun de ses travaux abstraits dans une exposition. Se contentant par ailleurs de travaux artistiques alimentaires figuratifs. Sans rapport avec les premiers dont elle se fit l’historiographe dans des centaines de carnets de notes agrémentés de croquis et d’aquarelles.
20:23 Publié dans Ailleurs, De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : hilma af klint, art médiumnique, art abstrait | | Imprimer | | |
01.09.2014
9 ans d’animulation
de mes débuts chez Favreau à Yviers
de Madeleine Lommel sur mes ondes
quand j’ai révélé Giovanni Bosco au monde de l’art brut
d’Hassan, l’inconnu de Barcelone
des retrouvailles avec Marcel Landreau
de l’homme de nulle part
des bâtisses de Richard Greaves
que Miss Ming a écrit pour moi un acrostiche
Ange aux
Nuances
Imbibées, les
Murmures des
Artistes
Vibrent
Au
Gout de l'
Univers
Lumière de l'
Ame
de Caroline Bourbonnais
18:08 Publié dans art brut, art naïf, Blogosphère, De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, lucien favreau, madeleine lommel, giovanni bosco, hassan le designer brut, marcel landreau, richard greaves, miss ming, caroline bourbonnais, anniversaire | | Imprimer | | |
31.08.2014
Ceres Franco décarcassonnée
A Carcassonne le clairon sonne, on pétitionne pour sauver le régiment.
Mieux vaut renoncer à la collection Ceres Franco pensent les nouveaux édiles.
Sans les parachutistes, qui s’intéresserait à la peinture d’histoire militaire du Musée des Beaux-Arts ?
11:38 Publié dans art brut, art naïf, De vous zamoi, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
29.08.2014
Miracle à l’italienne : Giovanni Bosco est dans Libération
Le boucher est là. Mon boulanger rouvre demain. La rentrée s’accélère. Même pour moi qui serait bien restée les pieds dans les tongs.
Mais voilà que, par la grâce d’une couverture médiatique qui s’emballe (sic), mon mois d’août finissant se place sous le signe d’une audience accrue. Depuis que Libération, dans son édition du 28 août 2014, a consacré une double page au créateur sicilien Giovanni Bosco dont je vous claironne les mérites depuis plus de six ans, je constate une intense activité sur mes lignes.
De Nancy, Montpellier ou Paris, de Basse-Normandie, Rhônes-Alpes ou Poitou-Charentes, de nouveaux Animuliens se précipitent sur mes notes relatives à ce peintre originaire de Castellammare del Golfo. Spécialement sur les plus anciennes. Celles du 25 mai 2008 (Murs à la Sicilienne) et du 16 juin 2008 (Art brut : découverte d’un nouveau créateur en Sicile) qui ont révélé au landerneau de l’Internet les premières images et les premiers renseignements sur le regretté Giovanni Bosco.
Merci qui ? Merci madame Peiry.
C’est vous qui avez nourri de vos infos ce papier, dense et plaisant, dû à Brigitte Ollier «envoyée spéciale à Lausanne» où vous avez monté une expo d’été : L’Art Brut dans le monde.
Moi qui croyais que, comme l’indiquait le 29 avril 2014 La Tribune de Genève, vous aviez quitté «définitivement l’Art Brut», je vois que vous continuez à guider cette Collection.
Collection historique où, pour reprendre le propos de Boris Senff dans 24h du 6 juin 2014, «le stockage et donc la conservation deviennent des questions urgentes face à cette masse d’œuvres, parfois fragiles» acquises ou entrées récemment.
Sans oublier le problème des toilettes qui a son importance aussi, selon madame Lombardi.
Mais trêve de détails! Je souhaite que madame Peiry continue à mouiller sa blouse en faveur de Giovanni Bosco. Ça me permet de profiter de son plan media et de son rézotage XXXL. Avec un peu de chance, il se trouvera encore des journalistes pour choisir l’angle Giovanni Bosco.
Dans La Repubblica du 14 août 2014, en illustration d’un article de Paola Nicita, j’ai déjà pu repérer deux visuels empruntés au carton d’invitation d’une exposition Bosco dont je fus partenaire (cf. mon post du 21 mars 2009 : Giovanni Bosco, l’Irrégulier du Bd Haussmann). Et que la journaliste italienne ne cite pas.
Soyons raisonnable cependant. Madame Peiry ne saurait veiller à tout. On ne peut lui demander de rappeler sans cesse que Giovanni Bosco est un cas d’art brut pur apparu dans un moment où ce concept était déclaré bon à diluer dans l’art contemporain.
Que sa découverte est due à un regard extérieur à son pays d’origine.
Que l’instance qui l’a légitimé dans l’ordre de l’art brut n’appartient pas à la catégorie de ces «informateurs qui se manifestent pour (…) signaler (…) des productions hors du commun» (dixit l’introduction du catalogue L’art Brut dans le monde) à une direction de la Collection de l’art brut qui a cessé depuis longtemps d’être intronisée par Jean Dubuffet.
On peut par contre répéter à sa place que les blogues et leurs équipes sont des francs-tireurs capables d’initiatives dont les institutions font ensuite leur miel. Sans toujours le dire de peur sans doute de s’écorcher la bouche.
19:50 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, giovanni bosco, libération, brigitte ollier, boris senff, paola nicita, lucienne peiry | | Imprimer | | |
14.07.2014
Par hasard sur l'pont de Lézard...
Où le vent souffle je vais.
Ce ne sont pas les girouettes qui manquent.
Ni les pionniers dans ma ruée vers l’ouest.
Dans l’estuaire du Trieux, dans un port où Georges Brassens venait en vacances, comment ne pas suivre la caravane qui n’en finit pas de passer au creux d’un jardin qu’on aperçoit de la rue?
Les oiseaux migrateurs en ciment armé s’arrêtent là.
Pourquoi pas nous? L’endroit est charmant avec sa cabane bleue,
son moulin vert,
son puits aux cygnes en plastique.
Au chien du voisinage qui s’enroue à force d’aboyer, allez donc faire comprendre ça! Quelques photos et partons vite avant qu’il ne s’étouffe de rage à nous sentir près de son territoire
16:19 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habitants-paysagistes, environnements populaires spontanés, georges brassens | | Imprimer | | |
11.07.2014
Rococo brut saison 2
Vu que j’étais dans le revival, j’en ai profité pour aller jeter un coup d’oeil à mon «Tivoli sauvage» et secret. Revival Rococo caillouteux. Rococo brut 2 puisque mon premier post sur ce toujours mystérieux environnement d’art date déjà de près de 3 ans. Mon chéri faisait sa tête de cochon de devoir retourner sur nos pas.
D’une voix rocailleuse, il grommelait qu’on aurait mieux fait, avec la flotte qui tombait, de rester dans notre gîte rural pour jouer aux Milles bornes. Mon chéri adore se vautrer dans les jeux de société qui sont laissés à la dispo des moutards dans les locations de vacances. Moi, j’en avais soupé des 7 Familles, du Monopoly et des Petits chevaux et les échecs me font bailler car je suis pas Marcelle Duchamp.
Et puis je voulais vérifier (même sous un parapluie) que cet ensemble architecturo-sculptural était toujours en place et indemne. Et bien : bingo ! oui ! et même Oui-Oui comme dirait la chanson.
C’était toujours la même impression de temple exotique perdu dans la jungle tropicale.
Dans mon souvenir je voyais ça plus blond. «Sans doute la pluie qui accentue cette couleur de glaise» me dis-je (je me dis beaucoup). Mais non : à la comparaison, il n’y avait pas de différences. L’auteur des lieux avait joué subtilement des masses et des teintes des impressionnantes caillasses agglomérées dans ces compositions. On trouve ce genre de choses aux alentours, j’ai pu le constater. Tout encore était fermé dans ce château au bois dormant.
Je n’ai donc pu cette fois-ci encore visiter l’intérieur du domaine. Le créateur de cette demeure de rêve (à supposer que ce soit lui qui l’habite) reste inconnu. Restait donc à se passionner pour de captivants détails. Est-ce que ce chapeau rouge était là la dernière fois?
Je ne me souvenais pas de semblable poële à frire. Ce buste à la fois si romain et si barbare, comment s’était-il envolé de mon esprit?
Et ces terribles sabots d’un des personnages situés sous une gouttière comme il résonnaient maintenant!
Cette tête de vache qui fixait mon objectif, était-elle jusqu’alors cachée sous la frondaison?
Et cette coquille Saint-Jacques ready made? N’était-elle pas la parure de plumes minérale d’un crâne votif?
L’ensemble, à vrai dire, m’a semblé être l’objet d’une conservation attentive plutôt que d’un développement. Et c’est déjà pas mal.
17:22 Publié dans art brut, De vous zamoi, Glanures, Poésie naturelle, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
07.07.2014
À Rothéneuf. Retrouver l’éternité.
Un ticket pour l’éternité. L’éternité à Rothéneuf. Une éternité humaine va sans dire. Quelques années sur la terre. Quelques minutes sur le site de l’abbé Fouré. A mesurer notre usure. Vertigineuse car tout ici, sous la lumière froide et les piqûres des embruns, évoque la dissolution dans le gouffre d’une création qui n’est autre que le gouffre de la nature.
Vingt ans sont tombés sur les frêles épaules de votre petite âme errante depuis sa dernière visite aux rochers sculptés et déjà le ciel lui pèse. La voici moins encline à sauter comme une chèvre jusqu’à la mer toujours verte.
Heureusement que son daddy ne l’a pas accompagnée. Elle n’aurait pas aimé qu’il s’aventure sur la langue noire et humide qui vient lécher les vagues.
Comme de courageux touristes le font.
Avec la précaution nécessaire toutefois.
Mais «trève de nostalgie» comme dit le chéri que j’ai. «Les Rochers sculptés se meurent d’accord mais on va pas en faire une montagne». C’est la grandeur du truc d’évoluer dans ce sens. D’ailleurs ils ne meurent pas. Progressivement ils s’effacent. Usés de trop de vent, usés de trop de pluie.
Lessivés de trop de commentaires aussi car les supporters de Fouré ne font pas toujours dans la dentelle. A leurs ovations parfois pesantes je m’en voudrais d’ajouter. Il n’est pas nécessaire, j’en suis sûr, d’enfoncer un clou dans vos mémoires.
Je me contenterai donc de célébrer aujourd’hui la poésie capillaire de ces sculptures complices des lichens et de la végétation.
Les plantes poussent drues comme barbes et cheveux autour des têtes de l’abbé comme elles poussent gaillardemment dans un jardin monastique voisin du site.
Non loin de là s’est édifié récemment un restaurant qui a l’air fait de bois de grève.
L’architecte a prolongé là une note japonisante dont l’étrangeté se marie étrangement bien avec la présence d’un pin maritime que «l’ermite» a peut-être connu.
Cela m’a fait penser aussi sec (si on peut dire avec la flotte qui me dégoulinait dans le décolleté) à Chanson d’Ar-Mor, cet admirable film expressionniste en langue bretonne de Jean Epstein.
En 1934 déjà, celui-ci avait su associer et confronter, par la musique et par la prise de vue, un âpre fond local fait de labeurs, de danses, de chansons, de magie et de traditions (celui là même où baigna l’abbé Fouré) avec une modernité rythmée par la vitesse, le luxe et des rapports humains basés sur l’argent et la position sociale.
Ceci dit pour vous signaler au cas où que la Cinémathèque française vient de sortir un coffret de 14 films de ce cinéaste trop méconnu, parmi lesquels plusieurs opus bretons.
23:55 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrans, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, abbé fouré, rothéneuf, rochers sculptés, jean epstein, chanson d'ar-mor, bretagne | | Imprimer | | |
02.07.2014
Fauves dans un jardin breton
Soudain trois tigres blancs dans un coin de mon pare-brise. Des tigres blanc sur une haie. A la sortie d’un bourg comme tous les bourgs. Sur la route qui mène à Tréguier.
Et tout un peuple de peluches au dessus de la barrière d’hortensias. Qui fait donc ça ? Cette femme rouge là bas ? Non : la présence de ce leurre, qui surveille les curieux que nous sommes, tempère ce que la gentillesse de ces jouets peut avoir de conventionnel.
Transposés du supermarché dans ce jardin mi-rural, mi-banlieusard d’un pavillon aux allures bretonnes, ces objets de consommation courante ont l’air artistiquement dépaysés. Impression qu’accentue leur exposition au soleil et à la pluie qui les déréalise.
Sans qu’on puisse ici parler d’art brut puisque le travail s’est borné à une installation de trouvailles méditées, l’auteur de ce rassemblement peu ordinaire s’est laissé guider par un goût très personnel des volumes et des mélanges.
C’est au début de notre siècle désœuvré qui vit le triomphe définitif de la mondialisation industrielle galopante sur les vestiges de la civilisation rurale et laborieuse que cette mise en scène dérisoire mais résolue a été entreprise par la propriétaire de ce petit domaine.
Annick (appelons-là Annick) renouvelle et améliore sans cesse sa création avec l’aide des voisins qui lui proposent de nouvelles peluches quand leurs enfants sont trop grands pour jouer avec. Elles les mêle à des mannequins qu’elle perruque et habille.
Composant des tableaux où elle représente un orchestre familial
le cycliste Bernard Hinault
la marine en goguette, des joueurs de cartes peu cézanniens
Même les gendarmes jettent en passant un œil favorable à l’installation d’Annick. Famille d’accueil à elle seule depuis que son mari est mort, Annick se réjouit que ses protégées trouvent dans la contemplation et l’usage de son installation un motif d’occupation agréable.
Cela donne naturellement à cette installation un autre sens que celui qui pourrait être le sien si, d’aventure, elle était née dans un autre lieu. Un musée, par exemple. Ou une exposition d’art contemporain. Car rien n’est impossible dans notre monde d’inversion des valeurs.
00:10 Publié dans De vous zamoi, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habitants paysagistes, art des bords des routes, environnements populaires, bretagne | | Imprimer | | |
27.06.2014
Les gargouilles de Loc Envel
Rothéneuf? Non : Loc-Envel. Un village perché à l’orée de la Forêt de la nuit (Koat an noz). Quatre bornes aux sud de Belle-Isle en Terre où veille depuis 1910 une Marianne de grande allure populaire avec son sein en artichaut et la tristesse d’avoir perdu son nez.
Loc-Envel et son église pur jus breton dédiée à deux saints frangins qui masquent peut-être le souvenir lointain de jumeaux druidiques.
Ambiance mystère-gagnant à l’intérieur. Grosses dalles au sol : on imagine le bruit des sabots. Petites ouvertures pour les lépreux.
Jubé très XVIe comme une préface à l’heroic fantasy qui se déploie à l’intérieur sur les poutres du plafond.
Dragons et petits cochons, personnages grotesques, drôles de gueules plus ou moins sacrées.
Le tout coloré dans l’ombre. On peut faire de la lumière en mettant une thune dans un bastringue près de l’autel mais il faut se farcir alors un commentaire qui prend la tête du pauvre visiteur.
Cette espèce de rude magie se prolonge en pierre à l’extérieur. Avec des gargouilles à vous donner la colique. M’est avis que dans les temps, on devait pas trop se promener la nuit autour.
C’est l’une de ces créatures « sauvages » qui m’a fait penser aux rochers sculptés de l’Abbé Fouré. Tant il est vrai qu’en Bretagne, on a l’impression que, depuis les hommes préhistoriques, les créations rustiques se superposent au travers des siècles, aussi facilement que les feuilles d’un artichaut.
L’impression seulement. Pour revenir à la réalité, je vous invite à noter que le samedi 28 juin 2014, l’Asso Les Amis de l’œuvre de l’Abbé Fouré tiendra son AG annuelle à la Maison de Quartier de Rothéneuf. A 10 heures du mat c’est un peu tôt pour moi parce mon Trégor c’est pas la porte à côté. Mais si vous naviguez dans les parages de la cité malouine, c’est dans vos possibilités.
Bon maintenant je vous quitte parce que je dois faire mon ragoût de mouton à l’irlandaise. Et les navets, il n’y a pas que dans les films que c’est long à éplucher.
00:18 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gargouilles et engoulants, loc envel, bretagne, marianne | | Imprimer | | |