Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14.10.2014

A Drouot, la grenouille fait un tabac

Ça grenouille à Drouot! Ça grenouille dans le bon sens, entendons nous bien! Comment ne pas tomber raide dingue de cette tabatière en buis sculpté aux yeux de corne et d’ivoire?

n° 46.jpg

Elle est reproduite sur un élégant leporello que j’ai trouvé dans ma bouato lettres avec un petit message de mes voisins m’avertissant «qu’on leur a livré le piano» et qu’ils comptent bien s’en servir toute la journée. En ligne directe de l’étude Chayette et Cheval, le dépliant dont je vous cause annonce, à grand renfort de papier glacé, la vente (vendredi 17 octobre 2014) de deux collections tout ce qu’il y a de choucardes dans l’univers impitoyable de la salle des ventes. Machines à vapeur et tabatières.

vente  livret.jpg

J’ai le plus grand respect pour la première partie du programme mais c’est surtout la seconde qui m’intéresse. Non seulement parce c’est Martine Houze l’expert, une pasionaria de l’art populaire extrêment affûtée question curiosité. Mais aussi parce que la frontière entre la sculpture anonyme des embellisseurs du quotidien et l’art brut proprement dit m’a toujours paru poreuse.

n° 34.jpgYaka voir ce mignon petit bourgeois en corozo (ivoire végétal)

n° 58.jpg

cette secouette ornée d’outils de jardinier et de têtes humaines

n° 56.jpg

ce drôle de singe à zizi articulé pour comprendre. Je kiffe aussi très fort le dragon en noix de coco

n° 37.jpg

Toutes formes parfaites qui appellent la caresse de l’œil. Feuilletez le catalogue et dîtes-moi si je me trompe. Pour finir sur une note rigolote, vous aurez remarqué comme moi que Cheval  est un nom prédestiné et que pour des tabatières, rien de mieux que des commissaires priseurs.

3 priseurs.jpg

23:29 Publié dans De vous zamoi, Encans, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art populaire, martine houze | |  Imprimer | | Pin it! |

16.09.2014

Hilma af Klint et l’esprit de l’abstraction

Après le Pérou, j’annexe la Suède.

On dit toujours que la première œuvre abstraite est une aquarelle de 1910 due à Vassily Kandinsky. Et bien non! Le grand Kandi a été coiffé au poteau par une Suédoise de 44 ans nommée Hilma af Klint.

affiche louisiana.jpg

Vous, vous le saviez. Certains d’entre vous ont visité l’exposition d’été qui lui a été consacrée au Louisiana danois.

Mais moi je la découvre et je suis si enchantée de son cas que j’épouve le besoin de le crier sur les toits du village planétaire.

hilma_af_klint.templet.jpg

Hilma af klint.png

 

Quand je disais plus haut «au poteau» c’est façon de parler car c’est dès 1906 que cette artiste suédoise, qui ressemblait un peu dans sa jeunesse à Camille Claudel, s’est lancée dans la voie de l’abstraction.

 

Seulement on n’en a rien su. Vu que par testament Hilma stipula que ses travaux (qu’elle tenait au secret) devaient rester cachés après sa mort pendant 20 ans encore. Laquelle survint en 1944. Calculez vous-mêmes.

tumblr_mopymeTnF91qghk7bo1_500.jpg 

Quelle force d’âme il lui a fallu pour ne pas revendiquer de son vivant cette place de pionnière qu’on lui reconnaît aujourd’hui!

hilma_af_klint carré rouge.jpg

C’est quelque chose d’imaginer que cette femme en avance sur son temps assista sans broncher aux expositions de Mondrian, de Malevitch, de Kupka et de Kandinsky, elle qui gardait roulées dans son atelier les 193 toiles abstraites de grande dimension, composées entre 1906 et 1915 et formant la série des Peintures pour le Temple.

slide6.jpghilma af klint,art médiumnique,art abstrait

hilma af klint,art médiumnique,art abstraitslide1.jpg

slide4.jpghilma af klint,art médiumnique,art abstrait

Ce n’est pas modestie. Il est plus que probable que Hilma af Klint avait conscience de la qualité de son témoignage artistique. Simplement elle estimait que ses contemporains n’étaient pas à même de le comprendre.

hilma dessin.jpg

Familière des théories théosophiques, elle tenait d’ailleurs elle-même son message formel, où se mêlent symboles et parfois écritures, d’une instance supérieure et inconnue dont elle avait entendu la voix en 1905 qui lui prédisait qu’elle proclamerait une nouvelle philosophie de l’existence, qu’elle ferait partie d’un nouveau royaume et que ses travaux porteraient leurs fruits.

chaos.jpg

On s’approche là de récits familiers aux lecteurs d’un grand livre qu’on pourrait intituler : La Vie des hommes (et des femmes) illustres de l’art brut. Sous roche : l’anguille médiumnique. Elle nage ici dans les eaux mêlées d’inconscient de la source créative d’Hilma.

hilma 4.jpg

A 17 ans, celle-ci reçut son baptême spirite. Primordial Chaos, la série de petits formats par laquelle elle inaugura sa veine abstraite, regroupe des dessins qui ressemblent à ceux qu’elle fit, dans une apparente inconscience, durant les séances spirites auxquelles elle participa dans les dernières années du XIXe siècle.

hilma af klint,art médiumnique,art abstrait

Car elle fut medium, au sein d’un groupe de 5 femmes passionnées d’art et d’esprits. Un medium sincère et fidèle puisqu’elle ne montra aucun de ses travaux abstraits dans une exposition. Se contentant par ailleurs de travaux artistiques alimentaires figuratifs. Sans rapport avec les premiers dont elle se fit l’historiographe dans des centaines de carnets de notes agrémentés de croquis et d’aquarelles.

hilma cahier 5.jpg

hilma cahier 2.jpg

hilma cahier 3.jpg

20:23 Publié dans Ailleurs, De vous zamoi, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : hilma af klint, art médiumnique, art abstrait | |  Imprimer | | Pin it! |

01.09.2014

9 ans d’animulation

art brut,lucien favreau,madeleine lommel,giovanni bosco,hassan le designer brut,marcel landreau,richard greaves,miss ming,caroline bourbonnais

de mes débuts chez Favreau à Yviers

favreau.jpg

le 4 septembre 2005

de Madeleine Lommel sur mes ondes

aracine-virgili.jpg

le 8 avril 2006

quand j’ai révélé Giovanni Bosco au monde de l’art brut

DSC03855.jpg

les 25 mai et 16 juin 2008

d’Hassan, l’inconnu de Barcelone

art brut,lucien favreau,madeleine lommel,giovanni bosco,hassan le designer brut,marcel landreau,richard greaves,miss ming,caroline bourbonnais

le 14 septembre 2010

des retrouvailles avec Marcel Landreau

landreau.jpg

 le 18 octobre 2009

de l’homme de nulle part

P1040722.jpg

 le 28 septembre 2011

des bâtisses de Richard Greaves

greaves 3.jpg

 le 13 octobre 2005

 que Miss Ming a écrit pour moi un acrostiche

Ange aux
Nuances
Imbibées, les
Murmures des
Artistes

Vibrent
Au
Gout de l'
Univers
Lumière de l'
Ame

le 28 mai 2013

de Caroline Bourbonnais

à la fabu.jpg

 le 18 juin 2011

 

art brut,lucien favreau,madeleine lommel,giovanni bosco,hassan le designer brut,marcel landreau,richard greaves,miss ming,caroline bourbonnais

31.08.2014

Ceres Franco décarcassonnée

A Carcassonne le clairon sonne, on pétitionne pour sauver le régiment.

Mieux vaut renoncer à la collection Ceres Franco pensent les nouveaux édiles.

photo la depeche.jpg

Sans les parachutistes, qui s’intéresserait à la peinture d’histoire militaire du Musée des Beaux-Arts ?

ancien para.jpgancien para.jpgancien para.jpg

11:38 Publié dans art brut, art naïf, De vous zamoi, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer | | Pin it! |

29.08.2014

Miracle à l’italienne : Giovanni Bosco est dans Libération

Le boucher est là. Mon boulanger rouvre demain. La rentrée s’accélère. Même pour moi qui serait bien restée les pieds dans les tongs.

tongs 3.jpg

Mais voilà que, par la grâce d’une couverture médiatique qui s’emballe (sic), mon mois d’août finissant se place sous le signe d’une audience accrue. Depuis que Libération, dans son édition du 28 août 2014, a consacré une double page au créateur sicilien Giovanni Bosco dont je vous claironne les mérites depuis plus de six ans, je constate une intense activité sur mes lignes.

visites france.png

De Nancy, Montpellier ou Paris, de Basse-Normandie, Rhônes-Alpes ou Poitou-Charentes, de nouveaux Animuliens se précipitent sur mes notes relatives à ce peintre originaire de Castellammare del Golfo. Spécialement sur les plus anciennes. Celles du 25 mai 2008 (Murs à la Sicilienne) et du 16 juin 2008 (Art brut : découverte d’un nouveau créateur en Sicile) qui ont révélé au landerneau de l’Internet les premières images et les premiers renseignements sur le regretté Giovanni Bosco.

Merci qui ? Merci madame Peiry.

C’est vous qui avez nourri de vos infos ce papier, dense et plaisant, dû à Brigitte Ollier «envoyée spéciale à Lausanne» où vous avez monté une expo d’été : L’Art Brut dans le monde.

salle Bosco 1.jpg

salle bosco 2.jpg

Moi qui croyais que, comme l’indiquait le 29 avril 2014 La Tribune de Genève, vous aviez quitté «définitivement l’Art Brut», je vois que vous continuez à guider cette Collection.

Collection historique où, pour reprendre le propos de Boris Senff dans 24h du 6 juin 2014, «le stockage et donc la conservation deviennent des questions urgentes face à cette masse d’œuvres, parfois fragiles» acquises ou entrées récemment.

Sans oublier le problème des toilettes qui a son importance aussi, selon madame Lombardi.

Mais trêve de détails! Je souhaite que madame Peiry continue à mouiller sa blouse en faveur de Giovanni Bosco. Ça me permet de profiter de son plan media et de son rézotage XXXL. Avec un peu de chance, il se trouvera encore des journalistes pour choisir l’angle Giovanni Bosco.

Dans La Repubblica du 14 août 2014, en illustration d’un article de Paola Nicita, j’ai déjà pu repérer deux visuels empruntés au carton d’invitation d’une exposition Bosco dont je fus partenaire (cf. mon post du 21 mars 2009 : Giovanni Bosco, l’Irrégulier du Bd Haussmann). Et que la journaliste italienne ne cite pas.

invit expo bosco librairie.jpg

expo librairie.jpg

P1000465.JPGP1000458.jpg

Soyons raisonnable cependant. Madame Peiry ne saurait veiller à tout. On ne peut lui demander de rappeler sans cesse que Giovanni Bosco est un cas d’art brut pur apparu dans un moment où ce concept était déclaré bon à diluer dans l’art contemporain.

Que sa découverte est due à un regard extérieur à son pays d’origine.

Que l’instance qui l’a légitimé dans l’ordre de l’art brut n’appartient pas à la catégorie de ces «informateurs qui se manifestent pour (…) signaler (…) des productions hors du commun»  (dixit l’introduction du catalogue L’art Brut dans le monde) à une direction de la Collection de l’art brut qui a cessé depuis longtemps d’être intronisée par Jean Dubuffet.

cata l'art brut dans le monde.jpg

On peut par contre répéter à sa place que les blogues et leurs équipes sont des francs-tireurs capables d’initiatives dont les institutions font ensuite leur miel. Sans toujours le dire de peur sans doute de s’écorcher la bouche.

14.07.2014

Par hasard sur l'pont de Lézard...

Où le vent souffle je vais.

P1070743.JPG

Ce ne sont pas les girouettes qui manquent.

P1070749.jpg

Ni les pionniers dans ma ruée vers l’ouest.

P1070850.jpg

n&b.jpgDans l’estuaire du Trieux, dans un port où Georges Brassens venait en vacances, comment ne pas suivre la caravane qui n’en finit pas de passer au creux d’un jardin qu’on aperçoit de la rue?

 

P1070955.JPG

Les oiseaux migrateurs en ciment armé s’arrêtent là.

P1070957.jpg Pourquoi pas nous? L’endroit est charmant avec sa cabane bleue,

P1070960.JPG

son moulin vert,

P1070952.jpg

son puits aux cygnes en plastique.

P1070958.jpg

chien-aboie.jpgAu chien du voisinage qui s’enroue à force d’aboyer, allez donc faire comprendre ça! Quelques photos et partons vite avant qu’il ne s’étouffe de rage à nous sentir près de son territoire

11.07.2014

Rococo brut saison 2

Vu que j’étais dans le revival, j’en ai profité pour aller jeter un coup d’oeil à mon «Tivoli sauvage» et secret. Revival Rococo caillouteux. Rococo brut 2 puisque mon premier post sur ce toujours mystérieux environnement d’art date déjà de près de 3 ans. Mon chéri faisait sa tête de cochon de devoir retourner sur nos pas.

tête de cochon.JPG

tous les jeux.jpgD’une voix rocailleuse, il grommelait qu’on aurait mieux fait, avec la flotte qui tombait, de rester dans notre gîte rural pour jouer aux Milles bornes. Mon chéri adore se vautrer dans les jeux de société qui sont laissés à la dispo des moutards dans les locations de vacances. Moi, j’en avais soupé des 7 Familles, du Monopoly et des Petits chevaux et les échecs me font bailler car je suis pas Marcelle Duchamp.

P1080243.JPGEt puis je voulais vérifier (même sous un parapluie) que cet ensemble architecturo-sculptural était toujours en place et indemne. Et bien : bingo ! oui ! et même Oui-Oui comme dirait la chanson.

C’était toujours la même impression de temple exotique perdu dans la jungle tropicale.

pluie.JPG

Dans mon souvenir je voyais ça plus blond. «Sans doute la pluie qui accentue cette couleur de glaise» me dis-je (je me dis beaucoup). Mais non : à la comparaison, il n’y avait pas de différences. L’auteur des lieux avait joué subtilement des masses et des teintes des impressionnantes caillasses agglomérées dans ces compositions. On trouve ce genre de choses aux alentours, j’ai pu le constater. Tout encore était fermé dans ce château au bois dormant.

porte chaine.JPG

Je n’ai donc pu cette fois-ci encore visiter l’intérieur du domaine. Le créateur de cette demeure de rêve (à supposer que ce soit lui qui l’habite) reste inconnu. Restait donc à se passionner pour de captivants détails. Est-ce que ce chapeau rouge était là la dernière fois?

poele.jpg

Je ne me souvenais pas de semblable poële à frire. Ce buste à la fois si romain et si barbare, comment s’était-il envolé de mon esprit?

buste.jpg

Et ces terribles sabots d’un des personnages situés sous une gouttière comme il résonnaient maintenant!

sabot.JPG

enfilade.JPG

Cette tête de vache qui fixait mon objectif, était-elle jusqu’alors cachée sous la frondaison?

vache.jpg

Et cette coquille Saint-Jacques ready made? N’était-elle pas la parure de plumes minérale d’un crâne votif?

coquilles.jpg

L’ensemble, à vrai dire, m’a semblé être l’objet d’une conservation attentive plutôt que d’un développement. Et c’est déjà pas mal.

17:22 Publié dans art brut, De vous zamoi, Glanures, Poésie naturelle, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |

07.07.2014

À Rothéneuf. Retrouver l’éternité.

Un ticket pour l’éternité. L’éternité à Rothéneuf. Une éternité humaine va sans dire. Quelques années sur la terre. Quelques minutes sur le site de l’abbé Fouré. A mesurer notre usure. Vertigineuse car tout ici, sous la lumière froide et les piqûres des embruns, évoque la dissolution dans le gouffre d’une création qui n’est autre que le gouffre de la nature.

P1080203.JPGVingt ans sont tombés sur les frêles épaules de votre petite âme errante depuis sa dernière visite aux rochers sculptés et déjà le ciel lui pèse. La voici moins encline à sauter comme une chèvre jusqu’à la mer toujours verte.

P1080197.JPG

Heureusement que son daddy ne l’a pas accompagnée. Elle n’aurait pas aimé qu’il s’aventure sur la langue noire et humide qui vient lécher les vagues.

Comme de courageux touristes le font.

P1080214.jpg

Avec la précaution nécessaire toutefois.

ticket.jpg

Mais «trève de nostalgie» comme dit le chéri que j’ai. «Les Rochers sculptés se meurent d’accord mais on va pas en faire une montagne». C’est la grandeur du truc d’évoluer dans ce sens. D’ailleurs ils ne meurent pas. Progressivement ils s’effacent. Usés de trop de vent, usés de trop de pluie.

P1080201.JPG

P1080206.jpg

Lessivés de trop de commentaires aussi car les supporters de Fouré ne font pas toujours dans la dentelle. A leurs ovations parfois pesantes je m’en voudrais d’ajouter. Il n’est pas nécessaire, j’en suis sûr, d’enfoncer un clou dans vos mémoires.

P1080198.jpg

Je me contenterai donc de célébrer aujourd’hui la poésie capillaire de ces sculptures complices des lichens et de la végétation.

P1080187.JPG

P1080188.jpg

Les plantes poussent drues comme barbes et cheveux autour des têtes de l’abbé  comme elles poussent gaillardemment dans un jardin monastique voisin du site.

P1080224.JPG

 Non loin de là s’est édifié récemment un restaurant qui a l’air fait de bois de grève.

P1080226.JPG

L’architecte a prolongé là une note japonisante dont l’étrangeté se marie étrangement bien avec la présence d’un pin maritime que «l’ermite» a peut-être connu.

P1080228.JPG

Cela m’a fait penser aussi sec (si on peut dire avec la flotte qui me dégoulinait dans le décolleté) à Chanson d’Ar-Mor, cet admirable film expressionniste en langue bretonne de Jean Epstein.

906_001.jpg

En 1934 déjà, celui-ci avait su associer et confronter, par la musique et par la prise de vue, un âpre fond local fait de labeurs, de danses, de chansons, de magie et de traditions (celui là même où baigna l’abbé Fouré) avec une modernité rythmée par la vitesse, le luxe et des rapports humains basés sur l’argent et la position sociale.

jean epstein 1.jpgCeci dit pour vous signaler au cas où que la Cinémathèque française vient de sortir un coffret de 14 films de ce cinéaste trop méconnu, parmi lesquels plusieurs opus bretons.

 

art brut,abbé fouré,rothéneuf,rochers sculptés,jean epstein,chanson d'ar-mor,bretagne

 

02.07.2014

Fauves dans un jardin breton

P1070933.JPG

Soudain trois tigres blancs dans un coin de mon pare-brise. Des tigres blanc sur une haie. A la sortie d’un bourg comme tous les bourgs. Sur la route qui mène à Tréguier.

environnements populaires

Et tout un peuple de peluches au dessus de la barrière d’hortensias. Qui fait donc ça ? Cette femme rouge là bas ? Non : la présence de ce leurre, qui surveille les curieux que nous sommes, tempère ce que la gentillesse de ces jouets peut avoir de conventionnel.

P1070928.JPG

Transposés du supermarché  dans ce jardin mi-rural, mi-banlieusard d’un pavillon aux allures bretonnes, ces objets de consommation courante ont l’air artistiquement dépaysés. Impression qu’accentue leur exposition au soleil et à la pluie qui les déréalise.

environnements populaires

Sans qu’on puisse ici parler d’art brut puisque le travail s’est borné à une installation de trouvailles méditées, l’auteur de ce rassemblement peu ordinaire s’est laissé guider par un goût très personnel des volumes et des mélanges.

P1070948.jpg

C’est au début de notre siècle désœuvré qui vit le triomphe définitif de la mondialisation industrielle galopante sur les vestiges de la civilisation rurale et laborieuse que cette mise en scène dérisoire mais résolue a été entreprise par la propriétaire de ce petit domaine.

environnements populaires

Annick (appelons-là Annick) renouvelle et améliore sans cesse sa création avec l’aide des voisins qui lui proposent de nouvelles peluches quand leurs enfants sont trop grands pour jouer avec. Elles les mêle à des mannequins qu’elle perruque et habille.

P1070931.jpg

Composant des tableaux où elle représente un orchestre familial

P1070945.jpg

le cycliste Bernard Hinault

P1070932.JPG

la marine en goguette, des joueurs de cartes peu cézanniens

P1070936.JPG

Même les gendarmes jettent en passant un œil favorable à l’installation d’Annick. Famille d’accueil à elle seule depuis que son mari est mort, Annick se réjouit que ses protégées trouvent dans la contemplation et l’usage de son installation un motif d’occupation agréable.

Cela donne naturellement à cette installation un autre sens que celui qui pourrait être le sien si, d’aventure, elle était née dans un autre lieu. Un musée, par exemple. Ou une exposition d’art contemporain. Car rien n’est impossible dans notre monde d’inversion des valeurs.

27.06.2014

Les gargouilles de Loc Envel

P1070918.JPG

Rothéneuf? Non : Loc-Envel. Un village perché à l’orée de la Forêt de la nuit (Koat an noz). Quatre bornes aux sud de Belle-Isle en Terre où veille depuis 1910 une Marianne de grande allure populaire avec son sein en artichaut et la tristesse d’avoir perdu son nez.

marianne.jpg

Loc-Envel et son église pur jus breton dédiée à deux saints frangins qui masquent peut-être le souvenir lointain de jumeaux druidiques.

eglise_de_loc_envel.jpg

Ambiance mystère-gagnant à l’intérieur. Grosses dalles au sol : on imagine le bruit des sabots. Petites ouvertures pour les lépreux.

jubé.JPG

Jubé très XVIe comme une préface à l’heroic fantasy qui se déploie à l’intérieur sur les poutres du plafond.

P1070906.JPG

Dragons et petits cochons, personnages grotesques, drôles de gueules plus ou moins sacrées.

dragon vert.JPG

cochon.JPG

Le tout coloré dans l’ombre. On peut faire de la lumière en mettant une thune dans un bastringue près de l’autel mais il faut se farcir alors un commentaire qui prend la tête du pauvre visiteur.

P1070911.JPG

Cette espèce de rude magie se prolonge en pierre à l’extérieur. Avec des gargouilles à vous donner la colique. M’est avis que dans les temps, on devait pas trop se promener la nuit autour.

eglise vue détail.JPG

C’est l’une de ces créatures « sauvages » qui m’a fait penser aux rochers sculptés de l’Abbé Fouré. Tant il est vrai qu’en Bretagne, on a l’impression que, depuis les hommes préhistoriques, les créations rustiques se superposent au travers des siècles, aussi facilement que les feuilles d’un artichaut.

gargouille 2.JPG

L’impression seulement. Pour revenir à la réalité, je vous invite à noter que le samedi 28 juin 2014, l’Asso Les Amis de l’œuvre de l’Abbé Fouré tiendra son AG annuelle à la Maison de Quartier de Rothéneuf. A 10 heures du mat c’est un peu tôt pour moi parce mon Trégor c’est pas la porte à côté. Mais si vous naviguez dans les parages de la cité malouine, c’est dans vos possibilités.

Navets 2.jpg

Bon maintenant je vous quitte parce que je dois faire mon ragoût de mouton à l’irlandaise. Et les navets, il n’y a pas que dans les films que c’est long à éplucher.

00:18 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gargouilles et engoulants, loc envel, bretagne, marianne | |  Imprimer | | Pin it! |