31.08.2011
Un jardin en cravate et lunettes noires
Du bord des routes, l’été nous gratifie de ses trouvailles. Cela fait longtemps déjà qu’on voulait s’arrêter dans ce village tout en longueur où d’ordinaire on ralentit devant une maison toute fleurie agrémentée d’un jardin extraordinaire.
Les automobilistes sourient et oublient. Pas Bertrand Lacy qui a décidé un jour d’y revenir avec son appareil photo parce que l’endroit lui faisait penser à son peintre en sabots préféré. Bertrand Lacy qui aime Chaissac et ce coin de Vendée en bordure du Marais poitevin où volontiers il villégiature. Collectionneur, artiste et comédien, comment serait-il passé sans remarquer ce petit chef d’œuvre d’art topiaire aidé?
La dame qui habille si gentiment ces créatures végétales délicates sacrifie, avec une grande élégance personnelle, à une tradition de buis taillés, toujours vivace dans le pays. Elle est très gentille et accueillante pourvu qu’une barrière la sépare de son interlocuteur.
Même si celui-ci n’a rien d’intrusif et qu’il s’exprime avec des mots simples et justes : «Il est toujours bien agréable de rencontrer au détour d’un petit village, des brins de poésie…». J’extrais cette phrase d’une carte postale virtuelle que Bertrand Lacy a choisi d’envoyer à Animula Vagula parce que ça lui fait «juste plaisir de transmettre (…)».
Merci à lui pour ce geste et merci pour son sens du respect. Quelques contrariétés de voisinage ont rendu un brin méfiante la personne qui est à l’origine de ce jardin en cravate et lunettes noires.
Loin de s’en plaindre, Bertrand a trouvé que ce fait anecdotique «rendait son jardin encore plus piquant et intéressant». Et je l’approuve, nom d’une petite âme errante !
23:08 Publié dans Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art topiaire, environnements populaires spontanés, habitants paysagistes | | Imprimer | | |
18.08.2011
Adieu prison, bonjour palace
La zonzon d'Avignon, plus personne n'y tourne en rond. Le 30 mai 2010 déjà, je vous en avais touché deux mots mais par ouï-dire. Cette fois-ci c'est en live que je vous adresse quelques images du mur votif de la rue Banasterie prises en ce mois d'août 2011.
Il s'est un peu dégradé depuis et seules les niches du haut sont encore occupées mais il a de beaux restes.
Bientôt la zonzon d'Avignon sera convertie en hôtel 5 étoiles.
Les people festivaliers pourront remplacer les damnés de la terre, protégés du vulgum pecus par de hauts murs, des chevaux de frise et des caméras partout. Bonjour l'ambiance.
En attendant des photographes ont organisé une expo couleurs de plein air sur les murs extérieurs de la maison d'arrêt.
Cela m'a rappelé les clichés qu'un petit débrouillard de mon équipe était parvenu à sortir de l'intérieur de l'univers carcéral avignonnais quand celui-ci avait été désaffecté, vers 2003, je crois.
"A la fin, ils laissaient les détenus s'exprimer sur les murs", me disait Boris, mon reporter de choc. Je vous laisse juges du résultat.
Autre ambiance mais qui vaut bien la précédente! Pour ce bon mouvement, Boris méritait d'avoir sa rue. C'est fait!
19:20 Publié dans Glanures, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
24.07.2011
Le Tour de France par la grand’route et les chemins creux
Le Tour de France s’achève et je vous ai pas parlé du Tour de France. Je vous parle jamais du Tour de France. Il est temps que ce scandale cesse. Le Tour de France n’est-il pas une dérive comme une autre? Je ne saurais donc vous en vouloir, mes sœurs animuliennes, si vous avez eu tendance à déserter mes lignes pour aller jouer les groupies sur les pentes du Galibier.
Pour vous changer de l’éternelle littérature blondinienne sur le sujet, je vous ai sorti de la naphtaline une strophe de Maurice Hallé, poète-chansonnier d’Oucques dans le Loir-et-Cher. Pote au fameux Gaston Couté, il sévissait comme lui dans le Montmartre de la grande époque, publiant à La Vache enragée, éditeur et cabaret.
Le titre de cette pièce ? Les Coureux , ce qui dit bien ce que ça veut dire :
«J’les avins vu sur le grand’route,
Passer en huit ou dix p’lotons,
Même qu’ien a qu’avaient d’la goutte
Su leux guidons, dans des poch’tons.
D’leus sacs, i’s tiraint des p’tit’s fioles,
I’s mettaint ça au bord… du creux.
Pis i’s s’enfilaint la bricole.
Ah ! que l’diabl’brul’ben les coureux!»
Bon, c’est en patois beauceron mais j’adore ça qu’on triture not’ bô langage françois et les poèmes qu’on comprend pas tout de suite. C’en est plein dans le recueil de Maurice Hallé, publié en 1921 et illustré par Germain Delatousche, un vaillant graveur sur bois un peu anarcho su’ les bords. Par la grand’route et les chemins creux que c’est son titre.
Tout un programme pour un été sous le vent de l’art brut, non?
Après Dicy, après Laduz, après Versailles et Malakoff, Mauriac, Bègles et Batz-sur-mer, après Martizay, je continue donc mon Tour de France à moi par le musée Fenaille à Rodez ous’que je vous engage vachement à voir (et jusqu’au 30 octobre, couac le flyer oublie de l’indiquer) les monstres élégants de l’expo Louis Pons, la plume est le dard du dessinateur.
Je vous engage et je suis pas la seule puisque monsieur Benoit Decron n’a pas hésité à changer son braquet soulagesien pour en faire de même.
16:38 Publié dans Ecrans, Expos, Glanures, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : tour de france, le galibier, la vache enragée, maurice hallé, patois beauceron, germain delatousche, louis pons, la plume est le dard, musée fenaille | | Imprimer | | |
17.07.2011
Le sabotier de Martizay
L’amusant avec mes farfouillages sur les musées autodidactes disparus, c’est qu’une chose en entraînant une autre, je visite par la pensée des tas de charmants petits bleds que vous rencontrerez peut-être pendant vos pérégrinations estivales.
Aujourd’hui, c’est Martizay dans l’Indre (36220), porte d’entrée de La Brenne aux jolis étangs. Comment suis-je arrivée là, aux frontières Berry/Touraine?
Par Jules Sincère, figurez-vous, l’auteur du bouquin dont je vous ai causé dans mon précédent post. Comme ce Sincère a eu la bonne idée de dédicacer de son vrai nom (Allély) mon exemplaire des Amants de la mer, je me suis lancée sur sa piste.
Manque de bol, Allély est un nom répandu dans la région berrichonne et j’ai fait tintin.Non sans faire connaissance au passage avec un certain Robert Allély, sabotier de son métier et sculpteur amateur qui réalisait, à côtés des sabots utilitaires «de véritables œuvres d’art».
Du moins, c’est le Bulletin n°5 des Amis du vieux Martizay (nous y voilà), paru il y a 10 ans, qui nous l’apprend. Pas d’images à se mettre sous la dent malheureusement, à part cette repro pas fameuse d’un étonnant sabot-crocodile.
Il y en a peut-être d’autres à l’intérieur du bulletin mais je n’ai pas le temps de me le procurer. A supposer qu’il ne soit pas épuisé. Mais là aussi, il se pourrait qu’il existe des cartes postales car on avait l’air de prendre au sérieux les coutumes populaires à Martizay.
Alors, messieurs les cartophiles, un coup de pouce siouplait !
16:34 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Jadis et naguère, Musées autodidactes disparus | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
16.07.2011
Musée autodidacte disparu : Batz-sur-mer
Aux amants de la mer : le titre m’a paru tomber pile en ces temps vacanciers où les apollons des plages et les sirènes de piscine ne songent qu’à se mouiller le string ou l’itsy bitsy petit bikini. C’est aussi qu’avec le mauvais goût tordu qui me caractérise, j’ai été séduite par la couverture chromolitho-naïve de ce Guide des baigneurs le long des grèves lorsqu’il m’a sauté dans les bras en criant «maman!» à la dernière brocante où je suis allée traîner mes sandalettes.
Bon, il ne date pas d’hier puisqu’il est de 1896 mais c’est ce qui fait son charme. Alors je l’ai acheté bien que je ne compte pas me farcir les excursions décrites, le grand ouest n’étant pas à mon programme cet été. Seulement, «faut pas être égoïste, ma p’tite Ani!» je me suis dit. Il y aura bien des Animuliens pour faire du camping chez les Batziens. Et ce guide, écrit par un écrivain-voyageur avant la lettre, piquera sûrement leur curiosité.
En effet, parmi les souvenirs de cet aimable Berrichon qui signe du pseudo de Jules Sincère, le très intéressant chapitre 12 les documentera sur Les musées de Batz et l’église. Pouf, pouf. Laissons tomber l’église. N’importe quel dépliant de l’Office de tourisme de Batz-sur-mer, balnéaire station du sud de la Bretagne, vous en dira plus.
Mettons même de côté le musée des «Antiques» de Mademoiselle Pichon. Non sans apprécier au passage les exemples de chansons locales collectées par cette pionnière de la défense du patrimoine immatériel. Si je comprends bien, ses collections de costumes et de meubles de paludiers se retrouvent aujourd’hui peu ou prou au Musée intercommunal des marais salants.
Arrêtons-nous par contre sur le musée de Pierre-Marie Lehuédé (1849-1901), «cordonnier naturaliste» comme il aimait se présenter. Arrêtons-nous et faisons lui une place dans ce Panthéon des musées autodidactes disparus (je sais que mes suceurs de roue vont me piquer l’idée mais tant pis!) où flotte allégremment le parfum de l’art brut dans son état naturel, celui d’avant baptême par Jean Dubuffet.
Le musée de monsieur Lehuédé avait l’air d’un beau capharnaüm dans le genre cabinet de curiosités sauvages. S’y côtoyaient un squelette de vache, ceux d’un squale et d’un boa, des algues, des cailloux du fond de l’océan, des centaines d’oiseaux empaillés, des haches de pierre, des armes celtiques. Ce que j’aurais aimé voir ça même si le cordonnier-savant classait tous ses échantillons avec la précision maniaque de l’époque!
Son jardin minéral, rempli de roches disparates, «artistement superposées», la tombe de Remy, son caniche blanc «entourée de coquillages et de polypes», la façade de sa maison «enjolivée de quadrilatères et losanges en coquillages variés, d’oiseaux de mer aux ailes tendues»… tout me laisse à penser qu’il y a là inspiré sous roche. Bien sûr, il faudrait la confirmation des images mais je n’ai pas trouvé, sur le ouaib, de repros à ce sujet, même dans les sites sur les cartes postales.
Alors, avis aux collectionneurs en la matière! Il s’en trouvera peut-être un pour avoir un document sur le musée Lehuédé dans ses albums.
11:14 Publié dans Glanures, Jadis et naguère, Musées autodidactes disparus, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musée autodidacte disparu, jules sincère, pierre-marie lehuhédé, cordonnier-naturaliste | | Imprimer | | |
24.04.2011
Les sylvistructures d’un plombier provençal
«Branchée» comme je suis, il était écrit que je m’intéresserais à la Maison de l’amandier qui regorge de «sylvistructures». Pierre Leron-Lesur, l’inventeur de ce joli mot savant qui désigne des «œuvres originales provenant de la nature» a installé dans sa maison de Saint-Rémy-de-Provence un très captivant musée personnel de poésie naturelle.
Il est constitué de troncs, de loupes et de branches (nous y voilà) aux formes suggestives, aéoridynamiques ou mystérieuses, belles comme tout.
Elles sont pour la plupart empruntées à des amandiers séculaires, morts naturellement, carbonisés par le feu ou détruits par le gel. L’amandier, que voulez-vous, fleurit avant tous ses petits camarades, ce qui lui vaut quelques ennuis en cas d’offensive tardive du froid. Il mérite bien une association pour le défendre et celle-ci loge dans l’ancien Hôtel de Lubières où Pierre abrite cette collection probablement sans égale, constituée patiemment au cours du dernier demi-siècle.
A 88 ans, il reste des heures debout pour recevoir les visiteurs. Puis il glisse en souriant sa longue silhouette un peu voûtée (il finirait presque par ressembler à un amandier!) dans son atelier qu’il appelle pour rire «l’antre du diable».
Dans ce laboratoire, interdit au public mais où il a bien voulu que je le photographie, il socle, cire, rafraîchit et chouchoute ses objets raffinés et subtils que lui prodigue la campagne provençale.
Bien que doté, derrière ses grosses lunettes, d’un «œil» que nombre d’antiquaires lui envieraient, bien que visiblement pourvu d’un goût très sûr, Pierre Leron-Lesur, petit-fils de tonnelier, ne se veut qu’artisan.
Si on lui fait observer que ses sylvistructures sont plutôt des «sylvisculptures», il récuse ce terme carrément.
Il met à ne pas se vouloir artiste la même énergie que mettent certains créateurs d’art brut à refuser tout label d’ordre esthétique. Pourtant il me semble que les objets de sa collection relèvent pour la plupart du ready made et même pour beaucoup du ready made aidé.
Ce que semble dire avec ses mots à elle, Jacqueline de Romilly : «Mais le vrai miracle n’est pas là. Il est dans le fait que ces fragments de troncs morts deviennent entre ses mains, sans qu’il n’y change rien d’essentiel, des œuvres d’art. Il élague seulement; il n’ajoute rien. On pourrait dire qu’il libère la forme encore prisonnière dans le bois».
Au bois, Pierre Leron-Lesur doit la vie et il la lui rend bien. Grâce aux sabots isolants de son grand-père, il a pu échapper à une grave électrocution dans sa jeunesse. Il raconte cet accident et beaucoup d’autres anecdotes pleines d’un savoir technique disparu dans un livre de souvenirs où il fait preuve d’un très moderne sens de la valeur de l’eau : Fils du Rhône, Tribulations et mémoires d’un plombier provençal.
On comprend que son activité professionnelle lui ait permis d’arpenter ce pays qu’il aime et qu’il connait sur le bout des doigts. Il est aussi l’auteur d’un bouquin bien illustré consacré à ses œuvres. Chimères du bois, Les sylvistructures de Pierre Leron-Lesur, tel est son titre.
Il paraît que les magasins Nature et Découverte le vendaient mais maintenant il est épuisé parce que paru en 1994 à 1000 exemplaires seulement. Alors je le cherche.
23:55 Publié dans Glanures, Images, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : pierre leron-lesur, sylvistructures, poésie naturelle, saint-rémy-de-provence, hôtel de lubières, maison de l'amandier | | Imprimer | | |
10.04.2011
Ventes et brocantes printestivales
L’histoire retiendra que cette année, l’été des brocantes a suivi, sans temps mort dû à des printemps pouraves, l’hiver mauvais pour notre facture de gaz. L’histoire d’Animula bien sûr, sur laquelle se penchent –ou se pencheront bientôt– les chercheurs d’avenir. Tout ce bla-bla pour vous dire que votre petite âme errante s’est trouvée récompensée de s’être levée aux aurores puisqu’au déballage du boulevard Voltaire elle a trouvé pour moins de 10 thunes l’affiche du Monde d’Alphonse Chave
qu’elle s’est aussitôt fait taxer par son rapace de daddy adoré qui ne possèdait que le catalogue de cette expo historique (tout est «historique» chez moi en ce moment) à l’ELAC de Lyon.
Pour me consoler, je me suis replongée dans l’historique» et si printanier numéro d’Area 24 (Art, folie et alentours) qui fait sa petite part à Chave page 183. Et puis je me suis tournée avec mon petit sac à dos vers d’autres chineuses réjouissances à venir.
En cet été d’avril 2011, promesses de ventes publiques intéressantes dans votre panier! Deux exemples qui tutoient mon petit domaine de prédilection. Mercredi 20 avril 2011 à Drouot-Richelieu, Monsieur Maurice Imbert, éminent pataphysicologue et rené-drouinophile, sera l’expert des livres qui défileront dans la vente Kahn-Dumousset à la salle 6.
On est tout de suite alertés dans le catalogue par la présence du mot Art brut placé en vedette au fronton de certaines descriptions. Les numéros 5, 6, 7 sont particulièrement juteux. Ratez donc pas le début de la vente à 14 h. Pas de mal de choses proposées car ça passe en lots.
Parmi elles : Honneur aux valeurs sauvages, le catalogue de l’expo Cinq petits inventeurs de la peinture (1951) à la Librairie Marcel Evrard de LILLE (pour ceux qui ne pensent qu’à cette ville). Les catalogues Sculptures de Krizek, Miguel H (Hernandez) de L’art brut chez René Drouin. Et, plus coton à trouver, celui intitulé Les Statues de silex de Monsieur Juva qui ne fut même pas imprimé mais ronéo-bidouillé.
Pages 12 du catalogue de la vente K-D du 20 avril, les friqués trouveront encore le mythique Ler dla campane (Noël 1948) d’un Dubuffet alors fondu de la gravure sur boîte de camembert. Estimation : 4/5 mille tout de même!
Encore plus prometteur, la Gazette de l’Hôtel Drouot du 8 avril 2011 (n°14) nous en fait une pleine page à fond noir sur la prochaine vente de Martine Houze expert qui aura lieu le vendredi 6 mai 2011 à Drouot-Riche sous le marteau du maître Ferri. On nous promet des Curiosités et de l’Art populaire (dans cet ordre là). Et certaines des repros nous font déjà saliver : canne sculptée, fauteuil de sorcier (du moins j’imagine, mais on peut rêver, non?), tête en bois du genre marotte pour présenter les chapeaux.
Rien encore sur le site du commissaire-priseur mais allez donc sur celui de Martine Houze.
14:15 Publié dans Encans, Glanures, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, alphonse chave, rené drouin, art populaire, martine houze | | Imprimer | | |
13.03.2011
Le nid et le néant
Avec les portables que l’on suit partout à la façon des jeunes chiens qui courent après leurs queues, les cabines téléphoniques n’ont plus aucune utilité. Elles dressent dans le décor urbain leur allure un peu incongrue de mobilier de salle de bain.
Que s’y superpose, par une de ces illusions d’optique qui fait le charme d’une promenade, le chapeau pointu d’une colonne Wallace voisine et nous voilà soudain en face d’un bocal de bonbons de taille humaine.
On se précipite, l’esprit au vent et le cœur curieux, vers ce que l’on imagine être une installation d’artiste et l’on comprend son erreur.
C’est plutôt un nid de pie humaine qui s’offre à nous. La chose tient, si c’était possible, de la couchette verticale et de l’armoire de chantier.
C’est l’abri d’un sans-abri. La chambre à coucher-tanière, le fauteuil-repaire d’un homme qui y suspend des affaires et qui s’y repose.
Il n’était pas là quand j’ai photographié son nid de rêves et de méditation (ou de cauchemars et de délire). Mon daddy, souvent en goguette sur le Montparnasse, me jure ses grands dieux qu’il a rencontré cette personne inapprivoisée, vivant sur l’asphalte parisien comme au fond des bois.
Parions que, maintenant que j’en ai parlé, on risque de voir cette «installation» imitée dans des lieux consacrés aux arts contemporains. Mais le moyen de ne pas témoigner de cette création à l’état brut qui ne s’expose en vitrine que pour mieux nous renvoyer à notre néant ?
00:29 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
11.03.2011
Le temps du Maroc
Merci, chers Animuliens, d’être restés fidèles à mon dernier post. Je sors victorieuse d’un baston avec mon petit mac adoré un peu réticent à se laisser coller la nouvelle version du renard de feu (firefox in inglische). Je vous passe les détails mais ce que j’en ai bavé pour installer Rosetta, rectifier les erreurs de Norton et ouvrir Microsoft au démon, c’est rien de le dire.
Pendant ce temps là, je regardais passer la concurrence qui me suçait la roue effrontément. C’est que le Maroc -sur la tête de mon daddy!- est à la mode depuis que j’en ai parlé. Du moins de ce certain côté de la blogosphère qui se flatte de subtilité à la pointe de l’arme blanche. Suivez mon regard… Vous voyez ce que je veux dire… Pas bien ? Ce n’est pas grave. Le sujet, j’en conviens, ne mérite pas un gramme de votre attention.
Sachez seulement qu’allant au plus pressé, on n’hésite pas, du côté de mon imitateur préféré, à dégainer le plus évident : les peintres d’Essaouira. Le plus ignare des cicerones de tour operator ne peut plus ignorer leur existence depuis que, dans le cadre du Temps du Maroc en France, grande manifestation culturelle maroco-française organisé en 1999, ils se sont baladés un peu partout dans notre pays.
A Strasbourg, à Barbizon (comme dit la chanson), à Bourges, La Rochelle, Lyon, Paris, Saint-Etienne et Pezenas, patrie de Bobby Lapointe. Edité par la Galerie d’Art Frédéric Damgaard à Essaouira (Avenue Oqba Ibn Nafiâa), il y a un beau catalogue qui présente 15 artistes dont Ali Maimoune que j’ai déjà évoqué le 20 mars 2010,
Boujemâa Lakhdar : «Magicien de la terre»,
Mohamed Tabal : «peintre de l’errance et de la transe»
Hamou Aït Tazarin
Said Ouarzaz : «L’immédiateté (sic) en peinture», Mostapha Assadeddine : «Surréalisme africain (re-sic)», Fatima Ettalbi
Photos Essaouira : Youssef Regragui
C’est une autre Fatima que mon « émule», évoqué plus haut, a sorti comme un joker. Il attribue au fameux pifomètre d’un de ses «correspondants» la révélation d’un «environnement» marocain qu’il qualifie un peu rapidement d’«étrange». Monsieur mon honorable « concurrent» devrait sortir un peu de son hexagone de temps à autre au lieu de chercher à profiter de mon audience.
M’est avis que son énigmatique informateur lui a refilé un tuyau crevé. Tout le petit monde vacancier qui visite les Gorges du Dadès sait que l’endroit le plus pittoresque se signale par les amusants mannequins (qui ont plus à voir avec une innocente démarche publicitaire qu’avec l’art brut) par lesquels Madame Fatima signale son petit commerce d’antiquités et de tissus.
On la voit ici en compagnie d’une de ces voyageuses avec lesquelles elle ne répugne pas à se faire photographier. Comme beaucoup de touristes, lecteurs de guides, je l’ai rencontrée en 2004. Il faut vraiment mal connaître les Berbères ou appartenir à la catégorie des ethnocentristes indécrottables pour s’imaginer qu’elle puisse être la «tenancière» d’un «bistrot».
Rendez-lui visite. Avant toute chose, elle vous offrira (peut-être) un morceau d’excellent pain trempé dans l’huile d’argan. Noblement. Le mari de Fatima serait l’auteur de la petite kasbah, sans doute la réalisation la plus intéressante de ce parterre en bord de précipice.
23:55 Publié dans Ailleurs, art brut, art naïf, De vous zamoi, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : essaouira, maroc, gorges du dadès, art brut marocain, boujemâa lakhdar, mohamed tabal, hamou aït tazarin, fatima ettalbi | | Imprimer | | |
15.02.2011
10 pièces supplémentaires pour l’Art Brut
C’est pas parce qu’elle ne vous parle jamais du prix des loyers que votre petite âme errante se désintéresse de l’immobilier. De l’immobilier suisse surtout car autant que les Belges, j’aime les Helvètes. Ils ont une presse en ligne du tonnerre. Avec des rubriques «copinage» instructives et des titres percutants comme : Notables logés au prix du social. Sur le site de Le Matin.ch, allez voir par exemple l’article de Titus Plattner sur les apparts dont la ville de Lausanne est propriétaire et qu’elle loue pour pas cher. Il contient une info pour le petit bout de ma lorgnette.
On y apprend en effet qu’une conseillère municipale a «réussi à convaincre une dame seule de quitter l’appartement de 10 pièces qu’elle occupait avenue des Bergières, dans le bâtiment du Musée de l’Art Brut». Merci madame. On se réjouit de l’aisance ainsi donnée à cette Collection historique. Dix pièces pour l’art brut, c’est pas du luxe! C’est l’occasion de nous sortir quelques merveilles des réserves.
En attendant si une solitaire de Neuilly, de Passy ou à la rigueur d’Auteuil, souhaitait mettre son logement de 250 mètres carrés à la disposition de l’incontournable blogue Animula Vagula pour y caser son matos, ses 70 paires de chaussures et ses archives de jour en jour plus monstrueuses, je ne dirais pas non.
P.S. 1000 excuses au demi-millier d’Animuliens orphelins qui ont cherché à rejoindre ma base dimanche sans succès. Notre plate-forme vénérée subissait alors l’assaut de méchants pirates et nos vaillants administrateurs avaient les mains dans le cambouis.
00:05 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Glanures | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |