21.01.2011
2011 : le marathon des vœux
Le marathon des vœux va finir par avoir ma peau! Je voudrais vous parler d’art brut et au lieu de ça je me casse la nénette à choisir des cartes de bonne année, je me casse les ongles à décoller mes timbres du carnet, je cours à la boîte aux lettres pour arriver avant la levée. J’ai beau faire mon possible pour répondre à tout le monde, bernique! On me aime, on me chouchoute, on me fait pouet pouet. J’ai des tas d’amis. Pas sur face bouc mais dans mon courrier et dans ma messagerie. Ils me veulent du bien.
Des exemples? La Bonne année dé-so-pliante des éditions Plein Chant. Edmond Thomas, pour l’occasion, nous reproduit en entier Le Grand chemin de la postérité de Benjamin Roubaud.
Cela vous rappelle quelque chose? Je l’ai traficoté dans mon post du 25 sept. 2010 : Cauchem’art brut.
Vous arpentâtes, sur les pas de votre petite âme errante, Les territoires de l’art modeste? L’insolite cocktail du vernissage du MIAM était l’œuvre de Dorothée Selz qui m’a gratifiée de vœux non moins insolites. Le diablotin noir de la fille aux bas roses (voir : Le CrAB en pince pour l’art brut) a sauté dans mon mois de janvier avec entrain.
Tant que j’y suis, j’en profite pour signaler que sa créatrice, Caroline Sury, expose avec deux complices à La Galerie Porte Avion à Marseille jusqu’au 26 février 2011.
La fée Ursin (Catherine), auteur du C’rAB en tôle (voir la même note) me fait coucou avec cette image dont je vous fais profiter.
Le dindon choisi par Fred et Cathy Tavard, les re-découvreurs des Cailloux de Marcel Landreau (voir mon post du 18 oct. 2010, Marcel Landreau, les retrouvailles) glougloute de plaisir en ce début 2011. Peut-être parce que le numéro 33 de la revue Création Franche vient de sortir et qu’il contient un article de 3 pages avec des mickeys en couleurs à propos de Landreau qui «sort de l’ombre».
et Joëlle Jouneau dans le gothique, au bénéfice de l’Abbé Fouré qui vient de se faire scruter au fond de la soutane par Jean Jéhan dans un gros-beau bouquin sur Saint-Malo/Rothéneuf au temps des rochers sculptés.
Merci enfin à Ophelia qui s’est débrouillée pour arriver presqu’avec l’an neuf. Quel meilleur augure que la naissance d’un bout d’chou? Attendrissez-vous, mesdames et vous, messieurs, frisez vos moustaches.
Félicitations à la maman qui se porte bien et que l’on remercie pour ce signe de la main en partenariat avec sa fille. Qu’en 2011, les autres amoureuses de l’art brut fassent aussi des p’tits, c’est la grâce que je me souhaite car je dois commencer à penser à ma retraite animulienne.
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09.01.2011
Une curiosité cévenole
Je m’ennuie c’est rien de l’dire. La nuit est déjà tombée et elle est tombée sur mon moral. Et c’est pas les deux ou trois gouttes de soleil que j’ai reçues sur le museau cet après-midi durant ma promenade conjugo-dominicale qui vont changer quelque chose au fait que je m’ennuie. Pour me consoler, je me suis cuit un gros chocolat des familles mais rien n’y a fait.
Je m’ennuie et je sens que je vous ennuie aussi. Rien de tel qu’un peu de rangement pour guérir le spleen comme dit Charles Baudelaire.
Alors tandis que mon chéri se jetait sur la porte de la salle de bains qui grince, le tournevis à la main, je me suis attaqué à la pile de revues et de bouquins qui défigure la gracieuse table basse de mon mini salon pour lui casser la margoulette (à la pile).
En est tombé Une curiosité cévenole, un article d’un certain Henri Touzély (inconnu au bataillon) niché au coin d’un mince Bulletin du Club cévenoldatant de janvier-mars 1902 (8e année, n°1).
Pourquoi, j’ai ramassé cette paperolle de mes blanches mains? D’abord, parce qu’on y fait allusion au sculpteur sur bois d’Alais dont je vous ai entretenu un sombre dimanche de mars 2009 comme vous le constaterez ici. Ensuite parce qu’on y parle d’un autre sculpteur populaire, «moins tapageur, plus modeste et certainement aussi habile que le sculpteur sur bois d’Alais». Le voici représenté auprès de ses travaux .
Premièrement : une pipe et sa chaîne taillées dans un tronc de buis de deux mètres de hauteur.
Deuxièmement : un bloc de calcaire façonné comme une machine célibataire les soirs d’hiver et sans lumière.
Cette pierre de Pierret (car le sculpteur, Pierre Combemale, était surnommé ainsi) me fait penser à une de ces sculptures de Pascal Verbena qui font rouler des billes. «Par les ouvertures que vous apercevez sur la face de la pierre», nous apprend Henri Touzély, Pierret a «creusé des disques se mouvant sur un axe et dans lesquels tournent des boules qui ne peuvent aucunement s’en échapper (…)».
Chef d'oeuvre d’adresse et de patience, sculpté dans l'obscurité par un cultivateur Pierre Combemale, dit Pierret. Le bloc de calcaire a forme originale est orné de motifs variés; dans l'intérieur, évidé curieusement, Pierret a détaché des boules roulant les une sur les autres et dans les boules, de plus petites tournant dans les grandes. La pipe et la chaine forment une seule et même pièce sculptée dans un tronc de buis de 2 mètres de hauteur
Pierre Combemale qui habitait Fraissinet-de-Fourques, sur la route de Florac à Meyruels, s’occupait toute l’année «aux divers travaux de la campagne» mais les touristes de passage dans ce village pouvait admirer directement la curiosité lapidaire ou «s’adresser à l’auberge Pautard».
Pour terminer sur une note propre à dissiper la mélancolie, je citerai la conclusion de l’inénarrable auteur de ce papier oublié : «c’est vraiment dommage qu’un homme si patient et si adroit ne possède pas d’instruction et n’ait aucun principe de dessin ou de sculpture ; il aurait pu, s’il avait été cultivé devenir un artiste distingué».
21:27 Publié dans Glanures, Jadis et naguère, Musées autodidactes disparus | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art populaire, art brut, pierre combemale, la pierre de pierret, henri touzély, club cévenol | | Imprimer | | |
14.11.2010
NOUVEAU MONDE POÉSIE
La retraite est passée, la Parenthèse est restée et bientôt le gouvernement remanié. «Manifester c’est pour vos pieds!» : telle est la morale de l’histoire.
Heureusement les cortèges ont du bon. Ils font sortir de drôles de citoyens sur les bords.
Dans mon post du 17 octobre 2010 (20 ans après, la Création franche cataloguée), je vous avais montré une image d’un pur sachem de notre air du temps.
Voici maintenant celle d’un courageux explorateur du pavé parisien, en bonnet de Noé et imperméable bleu façon blouse cantalouse. Je l’emprunte au blogue de l’illustrateur Philippe Bucamp. Si vous vous y reportez, vous trouverez d’autres photos représentant cet original protestataire qui hisse haut ses pancartes typographiques dans la tempête automnale.
En cherchant bien, vous verrez encore des images de ce «Michel Godin Des Mers» (c’est comme ça qu’il se signale à l’attention des passants) sur le poil à gratter ou l’oasis de paix.
De vieux spectateurs diurnes et nocturnes de notre bougonnante capitale avaient déjà signalé à votre petite âme errante ce créateur de machine cyclable et envoilurée mais ce sont le genre de vieux gars qui se baladent le nez au vent, sans téléphone portable!!! et donc sans petit kodak non plus. Alors, je suis bien contente de partager avec vous ce beau moment de révolte d’un Tinguely de ruisseau qui sonne sans doute plus emblématique du ras-le-bolisme français actuel que le mannequin d’Ariane Mnouchkine tout droit sorti de la naphtaline de l’agit prop.
15:16 Publié dans Blogosphère, De vous zamoi, Glanures, Poésie naturelle, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, poésie, révolution, michel godin des mers, typographie | | Imprimer | | |
14.09.2010
Hassan, designer brut à Barcelone
L’inconnu de Barcelone. Encore de l’art brut et encore un nouveau cas révélé sur les ondes d’Animula. Un dessinateur. Africain. A l’air libre. Une œuvre. Discrète mais pas mâtinée cochon d’Inde, façon «art tribal en bandoulière» ou «artisanat cauries-raphia» pour touristes (15 % de naïveté et 85 % de beaux-arts mal digérés). Non, non. Un créateur brut de chez brut. Avis à la populace!
J’emprunte cette injonction musclée à l’affiche du Critérium Sauvage des Cascades qui roule ma poule ce dimanche 19 septembre 2010. J’aime la rue des Cascades. J’y ai déjà glané des graffiti que j’ai collé sur mon post du 4 novembre 2007 : Calaveras.
Ses habitants y suspendent des chaises dans le ciel.
On y croise des artistes, des petites filles qui s’appellent Violette et des garçons qui vont au pain en souriant comme Razibus Zouzou, le pote à Bibi (Fricotin).
Les soirs d’été je vais y boire des coups à La Fontaine d’Henri IV, micro-troquet posé comme une fleur au pied des escaliers de la venelle Fernand Reynaud.
J’y donne des RDV à mes fidèles lecteurs car Bellevill’Montant est un vivier d’Animuliens bien informés.
Parmi ceux-ci, un dénommé Eric, le découvreur de l’œuvre de Hassan, le fameux inconnu échoué à Barcelone «avec l’Afrique dans sa tête».
Eric pousse un peu ma théière pour étaler, sur le guéridon du café, les panneaux de bois tracés à la règle et subtilement colorés que je vous montre à mon tour. Choc positif. Emue comme me voilà, j’envoie planer d’un geste maladroit l’i-phone d’Eric sur le trottoir.
«On rentre pas dans son monde» me disait-il à propos d’Hassan. Machiniste de théâtre de son métier, Eric n’a pas l’habitude de garder ses yeux dans sa poche. Il dispose de la bienveillance nécessaire à l’approche des plus farouches créateurs de rue. Même si, comme Hassan, ils paraissent «très perdus dans l’alcool et les joints». Loin de ses Cascades, Eric a donc zoomé, un jour de vacances, sur ce jeune garçon sénégalais recroquevillé le long d’une palissade de la capitale barcelonaise.
Il avait aperçu les dessins sur planchettes de caisses à vin dispersées près du jeune homme. L’auteur de ces dessins, d’une inspiration géométrique qu’on peut seulement rapprocher de celle d’Hélène Reimann,
Collection abcd
affectionne les encoignures, la proximité des poubelles, les lieux sévèrement taggués, l’ombre mitée.
Il en a fallu à Eric de la patience pour parvenir à rencontrer son regard!
Le paradoxe est que ce créateur homeless, qui s’accommode de l’inconfort le plus total et qui vit dans le dénuement, ne semble rêver qu’à du mobilier fonctionnel et à des maisons à toits plats à la déco en damier.
Bauhaus du pauvre sur lequel un grand oiseau semble vouloir se percher.
Des outils aussi, qui font écho au petit matériel qu’Hassan transporte dans une toile roulée et qu’il déballe sur le trottoir pour travailler : crayons de charpentier, marteaux, pieds à coulisse.
Humble matos avec lequel ce designer du type «clochard céleste» sertit élégamment (souvenir de quelle forge de village?) l’émouvant petit poinçon en cuivre qui lui sert de marque de fabrique ou de signature.
23:55 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, rue des cascades, hassan le designer brut, barcelone, hélène reimann | | Imprimer | | |
05.08.2010
Sous les volcans, les Aoûtsiders
Pouchkine à Strasbourg, Doisneau à Chalon, Sefolosha sous les volcans. Aux quatre vents des vacances, quelques expos à signaler pour les dispersé(e)s de l’été.
Pouchkine, je vous en parle pas. C’est un peu loin de mon sujet. Quoique. Cela fait un moment que ça me démange de vous montrer les fantômatiques illustrations de Marie Egoroff qui ornent une édition du poème Rouslane et Ludmila (traduit du russe par Véra Starkoff) paru en 1898 à la Librairie de l’Art indépendant.
Je les trouve tellement curieuses que j’ai fait réparer mon exemplaire qui était en loques par un relieur. Je profite de l’occasion qui m’est offerte par le BNU de Stras pour vous les mettre sous le nez.
La Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg présente en effet jusqu’au 19 septembre 2010 une expo consacrée au grand écrivain russe, dans le cadre de l’année France-Russie. Elle présente un vaste panorama d’œuvres illustrées. J’ignore si les images de Marie Egoroff y figurent mais avouez qu’elles le mériteraient.
Sur Marie Egoroff, on a beau fureter, on trouve rien mais mon petit animulidoigt me dit qu’elle devait être bien frottée de médiumnité.
Au Musée Nicéphore Niepce et jusqu’au 19 septembre 2010 aussi, Robert Doisneau, Les tatouages du milieu, ça plaît toujours. Et c’est réalisé avec le soutien de l’Atelier R.D. et du Centre National des Arts Plastiques.
Une chapelle sous les volcans, c’est Marmontel qu’elle s’appelle. Curieux pour une chapelle ce nom de pote à Voltaire. Mais enfin c’est à Mauriac (rien à voir avec François) dans le Cantal (15200) où sont les bons fromages.
L’expo qui s’y déroule jusqu’au 5 septembre 2010 s’intitule Outsiders. Comme ce n’est pas très original, la P.Q.R. a déjà baptisé les artistes qui y figurent : «aoûtsiders». Comme je suis bon public, je trouve ça rigolo. Le flyer (qui joue le mystère du noir) reproduit une œuvre du sculpteur Jean-Yves Gosti.
Parmi les noms des 15 participants, j’ai noté vite fait 3 artistes présentés par le Musée de l’Art en Marche : Carles-Tolra, Kurt J. Haas, François Montchâtre et un Michel Nedjar par la Galerie Susi Brunner. Je ne saurais (comme disent les Belges) citer tout le monde mais sachez qu’il y a aussi Joël Lorand dont je vous ai déjà parlé un peu et Christine Sefolosha (cha, cha, cha!) qui vaut le détour.
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25.07.2010
Pierre Ledda : rendez-vous en septembre
Pierre Ledda, c’est le genre de gars, on le croise, on l’admire, on l’oublie pas mais on le perd de vue. Surtout que son souvenir a tendance à stagner dans la région de Marseille, sa ville natale.
Il faut qu’une actualité pointe son museau pour qu’on retrouve avec émotion les sculptures sur métal (c’est ce que je préfère) de ce ferronnier-chaudronnier qui campa toute sa vie (1914-1994), aux confins de l’art brut, dans le no man’s land situé entre les grandes plaines autodidactes et l’urbanité des galeries d’art.
Si celle d’André Nègre lui consacra plusieurs expos, entre 1972 et 1991, Ledda disait encore à la fin de sa vie : «Jusqu’en 1994, je stocke, je ne vends rien, je ne travaille pas pour l’argent».
S’il forge maintenant dans l’autre monde, nul ne le sait. Ses pièces ne sortent pas souvent de chez les collectionneurs de son œuvre.
Aussi ne négligeons pas l’occasion qui se présentera à la rentrée : celle de la vente publique de son atelier chez Leclere (Damien du prénom).
Au moment où j’écris, le site de ce commissaire-priseur marseillais n’est pas très loquace sur l’événement. Normal puisque la vacation Ledda serait prévue pour le 18 septembre 2010.
Heureusement, l’épatant site de l’épatant Paire (Alain) nous a pondu une épatante note qui n’est autre que l’introduction au catalogue de la vente. Allez-y par charter spécial, mes p’tits Animuliens, ça vaut l’détour.
Après cela qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?
Que Pierre Ledda était aussi poète et un poète de haute nostalgie, comme ces vers extraits du Bulletin 49 de l’Asso Les Amis de François Ozenda vous en convaincront
Je presse une orange pour en sortir le jus
Je presse mes yeux qui ne pleurent plus
J’écoute mon cœur qui ne veut plus rien
Je n’ai plus de conscience je n’ai plus de bien
Et mon âme s’enfuit de mon corps affaibli.
Si vous êtes débrouillards, procurez vous ce numéro qui contient un dossier spécial sur Pierre Ledda. Non pour les reproductions qui sont assez calamiteuses (inconvénient de ce genre de fanzines photocopiés, pré-internet). Mais pour la relation de la visite des époux Caire, réalisateurs du Bulletin Ozenda, au sculpteur, à la fin du mois d’août 1992.
Y perce une sorte d’autorité malicieuse qui conduit Ledda à se plaindre de la presse : «César, j’aurais été aussi célèbre que lui, seulement dans mes articles au lieu d’attribuer mes œuvres à Ledda, et bien tout simplement, on y mettait par dessus le nom de César, et au lieu de faire ma publicité à moi, on faisait la sienne».
16:58 Publié dans Blogosphère, Encans, Glanures, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (8) | | Imprimer | | |
19.06.2010
Visages de l’art brut
«Animula c’est Animula!..» Cette énigmatique affirmation m’a été récemment servie dans un vernissage, avec un sourire au coin de la moustache, par un de mes malicieux lecteurs. Elle m’a plongée (plouf) dans un abîme de réflexions. Bien que proférée sur le ton de la plaisanterie, elle n’en était pas moins grosse d’implications philosophiques, pour ne pas dire métaphysiques.
Qui étais-je ? pour qu’on m’adresse pareille tautologie calquée sur la boutade de Dubuffet : «L’art brut, c’est l’art brut etc.». Où allais-je? et dans quelle étagère finirais-je?
De fil en aiguille, je me suis mise à chercher le visage de l’art brut qui s’est superposé dans ma rêverie au visage (idéal) d’Animula. Ou l’inverse, je ne sais plus. Et j’ai trouvé ceci :
Ces inéluctables visages proviennent du catalogue d’une exposition dont je vous ai déjà parlé à la fin de l’année dernière (le 6 décembre pour être précise), dans ma note : Espagne, 70 ans d’art en hôpital psychiatrique. Ce copieux et richement imagé catalogue est maintenant entièrement consultable sur le net. Page après page, on peut le feuilleter électroniquement avec un bruit de papier froissé très rigolo.
Comment ne pas s’arrêter aussi sur ces photos des murs du Manicomio Provincial de Murcie, prises dans les années trente?
17:21 Publié dans Blogosphère, Expos, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, manicomio, hôpital psychiatrique, murcia, espagne, graffiti | | Imprimer | | |
30.05.2010
Sauven la muraio dis óufrèndo
En Avignon, les murs de prison peuvent être aimables. Celui de l'enceinte de l'ancienne taule de la ville suscite un murmure qui fait tache d'huile sur le net et même un peu partout, y compris au-delà de la région PACA.
C'est vrai quoi, y'a qu'a pas toucher à la mémoire collective! Pas toucher à la culture populaire spontanée qui est, à notre cœur, comme une province et beaucoup davantage.
Depuis 1994, les trous dans les parpaings qui masquent une ancienne entrée ont été convertis en niches votives où les familles des prisonniers ont déposé nounours, cannettes, cartes à jouer, DVD, sopalin à bisous, messages d'amour, poussins coincés, petites peintures et plein d'autres objets d'art modeste.
La prison a eu beau déménager en 2003, le manège créatif a continué, preuve qu'il répond à un besoin profond. De mur d'offrandes symboliques aux incarcérés, ce mur situé sur la voie publique près du rempart classé, est devenu support d'ex-votos modernes où l'on se fait des cheveux pour son bac.
Peu importe que, selon la légende urbaine, un plasticien ait revendiqué l'idée de départ, le fait est que tout un chacun s'en est emparé et tout-un-chacun à l'ouvrage c'est toujours hyper-émouvant.
Là ce qui est bluffant, c'est que l'œuvre reste la même tout en changeant toujours. Au gré des saisons et des intempéries, des objets se détériorent mais il se trouve toujours des gens pour les remplacer.
Inutile de dire aussi que cette œuvre d'art (car c'en est une qui vaut largement celle des musées d'art contemporain) est un puissant stimulant pour les photographes et même pour les simples touristes du monde entier qui peuvent emporter une image insolite purement avignonnaise dans leur petit kodack.
C'est pas toujours évident pour une municipalité, déjà en charge de prestigieux témoignages du passé, de faire entrer l'art populaire dans son champ de vision. Souhaitons que celle d'Avignon sera sensible à ce patrimoine de mémoire et qu'elle saura défendre pour ses citadins du futur cet espace de liberté expressive et affective de ses citoyens d'aujourd'hui. Une pétition circule qui vise à l'y inviter.
Sauven la muraio dis oufrèndo!
La plupart des photos sont empruntées à la galerie de marq.tardy
18:23 Publié dans De vous zamoi, Glanures, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : art populaire, avignon, le mur des offrandes, la muraio dis oufrèndo, ex-votos, prison sainte-anne | | Imprimer | | |
24.05.2010
Le jardin de pierres de monsieur Esfandiarpou
Photo Atousa Taghavi
Du brut d'Iran ? Mais bien sûr, y'a qu'à demander ! Là comme ailleurs, l'art brut creuse son trou. On se demande pourquoi un si ancien et si beau pays en aurait été indemne sous prétexte que ses dirigeants ont tendance à gaver le pauvre monde avec leur très personnelle culture autoritaro-religieuse.
Certes, ce n'est pas en Iran que les Athéniens s'atteignirent, ni que les Satrapes s'attrapèrent par la barbichette de la démocratie mais c'est évidemment là que les Perses se percèrent, la suite le démontre.
Là, c'est dans le village de Balvard à 45 kms de Sirjan dans la province de Kerman au sud-est du pays. En Iran comme ailleurs, il y a (il y avait) des bergers qui gardent leurs chèvres dans des déserts.
A la fin des années 60 du siècle précédent, ils avaient pas de i-pod ni même de transistor et puis en plus ils étaient sourds et muets de naissance parfois. C'est le cas de Darvich Khan Esfandiarpou, un habitant de Balvard.
Rien d'autre à faire que de regarder les pierres qui tombent du ciel et de gambader comme un cabri tout autour. La chance c'est qu'un cinéaste du nom de Parviz Kimiavi croisa la route sinueuse de ce grand créateur d'installations de bois mort et de caillasses percées associés. Il en résulta 2 films. Un de 1976 où l'on voit Darvich Khan improviser avec grâce et vélocité des danses soufies de sa composition au cours desquelles il embrassait ses œuvres au passage.
Un autre de 2004, une vidéo réalisée peu de temps avant la mort de Darvich Khan. Le vieil homme a toujours une allure folle même s'il s'appuie maintenant sur une canne.
Il entretient encore son Jardin de pierres (titre du film) commencé dans sa jeunesse après avoir été témoin de la chute d'une météorite. Son coup de génie (ou son coup de folie) ce fut d'accrocher cette météorite aux branches d'un arbre mort.
Il a continué tout naturellement ensuite, porté par une inspiration mystique et par les gens de son village qui le prenaient pour un prophète.
CHN Photo Agency Hasan Ghafari
Creusait-il des trous dans les pierres ou choisissait-il des cailloux transpercés par Mère Nature? Je l'ignore mais son truc ce fut de récupérer des fils métalliques ou des fils de lignes téléphoniques pour ligoter les caillasses et les pendre comme des fruits minéraux dans des arbres à jamais improductifs.
CHN Photo Agency
Le résultat est étonnant et d'un contemporain à tomber à la renverse.
J'ai envie de faire pareil avec la magnifique pierre trouée que m'a offert en cadeau un ramasseur de champignons berrichon. Comme je n'ai pas d'arbre sous la main, je vais accrocher ce ready made en forme de visage à la balustrade de mon balcon avec un solide câble d'acier pour les cas de tempête.
18:51 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, iran, art brut iranien, darvich khan esfandiarpou, jardin de pierre, parviz kimiavi | | Imprimer | | |
29.04.2010
Okkulte Kunst
Occulte Art, Art occulte, Art et Occultisme... Je sais pas trop comment traduire ça.
Peut-être qu'il faut le laisser en allemand : Okkulte Kunst; mais il y aurait aussi une version en tchèque.
Toujours est-il que j'ai rapporté ce livre de chez un libraire praguois. Natürlich puisque qu'il a été publié à Prague en 1924. L'année du Manifeste du surréalisme pour vous situer. Si je continue à attendre, cet album de dessins aura bientôt un siècle. Mais ce serait dommage de pas mettre tout de suite sous les yeux du pauvre monde ces images assez extraordinaires dans le genre abyssal.
Elles ont pour auteur un certain Eugen Mirsky dont je me suis échinée pour essayer de comprendre la préface en allemand très trapue, pleine de mots composés et de phrases à la structure compliquée. Ma parole, il faudrait avoir lu Hegel pour comprendre ça. Il y est question d'un Codex Gigas, un livre géant de 75 kgs, qui compile des textes sur la médecine, sur la magie et des textes des Testaments chrétiens. Il contient un grand portrait du diable, raison pour laquelle on l'appelle aussi Bible du Diable (Teufelsbibel).
Minsky s'en est-il inspiré ? Je n'en sais rien.
Il évoque aussi des médiums : Frieda Gentes, Mrs Jenken (Kate Fox) et la médumnité. Finalement, ces dessins (?), gravures (?) ou découpis (?) -on le qualifiait de «scherenvirtuos» (virtuose du ciseau)- seraient tout simplement de l'art médiumnique.
Encore qu'on y discerne évidemment des influences du Modern Style anglais et de l'Art Nouveau russe.
Aucune précision autobiographique n'étant fourni par Eugen sur son cas, j'ai gratouillé sur internet sans résultats.
Le mystère demeure. Alors si ça dit quelque chose à quelqu'un cet album, cet album, cet auteur, ce visage, qu'il (ou elle) se lève pour le crier bien fort dans le tuyau de l'oreille électronique de votre petite âme errante.
23:50 Publié dans Ecrits, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : okkulte kunst, art occulte, codex gigas, eugen mirsky, prague, découpages | | Imprimer | | |