06.05.2008
Voyage de Rate-jolie à Rothéneuf
Des boni, pas des boniments!
Comme je sais parfaitement que vous me regardez d’une oreille distraite pour cause de longs ouikènes printaniers avec soleil soudain qui deshydrate (rate-jolie pour celles et ceux qui connaissent leur Robert Tatin par cœur), je me contenterai de quelques zimages pour en rajouter une cuillère à café sur 2 de mes bavardages récents.
D’abord, pour vous dire que notre Anatole Jakovsky chéri s’est montré un poil rapide dans son étude sur Les mystérieux rochers de Rothéneuf (Encre, 1979) quand il affirme : «Hormis un méchant articulet paru au mois de juin 1907 dans Les lectures pour tous sous le titre : Excentriques confrères de nos artistes (…) on ne trouve plus de trace imprimée de l’abbé Fouré jusqu’à la publication, en 1952, d’une espèce de guide des Rochers sculptés, rédigé par M. H. Brebion, propriétaire des lieux (…)».
Voici un poème sur les Pêcheurs bretons dont l’auteur est un Poirier (Joseph-Emile). Cela crève les yeux, même si la repro est à chier, qu’il est illustré d’une vue photographique des Rochers sculptés.
On est en 1913 et c’est dans l’Annuaire des Bretons de Paris et de la Seine.
Et puis pour mettre un peu de couleurs dans votre bonus, voici une amusante Décalcomanie imprimée rue Lepic à Paris chez un Marcel, Guillen du nom. Je sais pas de quand elle date mais elle a pas l’air d’hier. Comme j’ai ôté le papier protecteur pour vous la scanner, il ne me reste plus qu’à la tremper dans la flotte, «à faire glisser le décor par une légère pression des doigts» pour le transférer sur la couverture du carnet qui me sert à noter les bêtises que j’entends (et que je dis) dans les vernissages.
Pendant que je suis dans les sacrifices et pour venir rebondir sur le face à face Edmund Monsiel/Jean Véber, amorcé le 18 mars 2008 dans mon post Brute de caricature, j’ai à moitié désossé Surfanta, une pauvre petite revue italienne (turinoise exactement) post-surréaliste de 1964 afin de capturer cette tête d’yeux, intitulée Voyage, de Steen Colding de Copenhague.
Tout autre chose pour finir : cette extraordinaire photo empruntée à un site qui se décarcasse pour les travaux anonymes des «excentriques confrères». Photo d’un lieu de détention allemand, dirait-on. Y’ a pas d’explications mais il y a plusieurs clichés.
Allez-y voir, ça vaut le détour.
00:05 Publié dans Ecrits, Gazettes, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, anatole jakovsky, robert tatin | | Imprimer | | |
22.04.2008
L’art nègre à Rothéneuf
Quand il fait frigo et que la pluie nous pourrit le cuir chevelu, comment se balader sans être enfermée ?
Réponse : aller au Grand Palais visiter le Salon International du Livre Ancien.
C’est ce que votre petite âme errante a fait ce ouikène.
Le Grand Pal est un endroit où l’on reste au sec tout en ayant le ciel par dessus le soi. Sous les kms de verrière qui surplombent les stands, on se prend pour des Jonas dans le ventre de sa baleine.
C’est Jules-Vernien à mort comme chaque fois que la République fait dans le monumental.
Qu’allais-je faire dans ce Nautilus ? Mais trouver d’l’art brut, nom d’un chien !
De l’art brut au milieu des enluminures et des grimoires ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Tu doutes de rien, ma pauvre Ani !
Et pourtant oui. En fouinant j’ai mis la main sur un bouquin de 1899 causant Du Tatouage chez les Prostituées. Auteurs : 2 toubibs de Saint-Lazare (pas la gare, la prison). Le Blond et Lucas. Palpitant pour les messages et dessins tatoués reproduits. Dans ma grande bonté, je vous en offre quelques uns.
En A19 (c’est comme la bataille navale, la liste des exposants), sur le stand de monsieur Léon Aichelbaum, m’attendaient quelques pages, pas chères du tout, relatives à l’abbé Fouré. Tirées de je ne sais où et datées du 25 mai 1921, elles ont pour particularité de s’étendre plutôt sur le musée de Rothéneuf entouré d’un mur crénelé que sur les fameux rochers sculptés. Son titre a de quoi mettre l’eau à la bouche : L’Art nègre à Rothéneuf mais je n’ai pas eu le temps encore de lire la chose.
Comme une nunuche, j’ai failli louper la case E14 où la Librairie Alain Brieux (48, rue Jacob 75006) avait installé ses pénates. Faut dire que la science est pas mon fort et que cette vénérable maison donne surtout dans cette discipline.
«Mais qui dit science, dit médecine et qui dit médecine dit psychiatrie», me dis-je en dirigeant mes pas de ce côté. Bien m’en a pris puisque j’ai découvert sur une cimaise 5 aquarelles d’art brut faites par un «malade interné dans un hôpital psychiatrique du Nord de la France» selon une indication de la main de Jean Dubuffet (j’ai reconnu son écriture) au verso.
Sans être hors de prix, c’était trop cher pour moi parce que j’ai dépensé ma jolie thune à Barcelone. Alors, je me suis contentée de prendre le catalogue bleu du libraire où ces aquarelles figurent sous le n°143, à côté de cahiers de dessins faits en 1935 par des prisonniers qui sont pas mal non plus. Hélas, hélas, y’a pas de repros dans ce catalogue et j’ai pas osé sortir mon téléphone pour photographier ces œuvres là.
Pour me consoler, mon chéri que j’ai m’a HT au stand de l’ascèse (A16) le catalogue de la vente de la Collection André Lefèvre de décembre 1965 parce qu’au milieu des objets d’Art nègre et d’Océanie, on trouve (n°147) une Tête dite «Barbu Müller» en pierre volcanique. «Massif central, Art populaire. Peut-être une pierre de source». Un barbu comme ces barbus de la fameuse brochure de 1947 qui n’a jamais été distribuée par Gallimard, son éditeur, mais qui existe bien, la preuve :
Je vous dis ça parce que je sais que ça intéresse Julien qui m’a écrit 2 fois au sujet des Barbudos.
23:32 Publié dans Ecrits, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, barbus müller, tattoo | | Imprimer | | |
24.03.2008
Barcelona repetita
Evidemment, l’inconvénient avec Barcelona c’est que cette ville hyper-captivante baigne à mort dans la culture tout ce qu’il y a de plus culturante. Bon, ça a son charme d’accord. Et puis à tous les carrefours on se cogne à un art de rue, ma foi plutôt comestible.
En cherchant un peu on atterrit dans ce Museu Frederic Marés que j’adore. Une grande maison pleine à craquer de salles empilées et d’objets incroyablement accumulés. Demeure d’un sculpteur et d’un enragé collectionneur.
Moules à osties, globes de mariées, bénitiers, bretelles, chromos, ex-votos, alphabets brodés, étiquettes publicitaires … On se croirait chez 10.000 André Breton, chez un Alexandre Jacowsky à la puissance 16. Le musée a été fondé en 1946 mais il nous replonge dans une muséographie de papa, peut-être pas trop préoccupée de lisibilité mais d’une générosité sans rivages
Imaginez : des milliers de choses à voir, groupées par genre, ne différant parfois les unes des autres que par des nuances. Le pied. A chaque fois j’y passe des heures et je n’en viens jamais à bout. J’ai toujours faim avant. Il faudrait amener son sac de couchage et se laisser enfermer dans cette caverne d’Ali Baba
Cette fois j’ai repéré sur le toit d’une vitrine un drôle de jouet à roulettes, rugueux comme la branche d’où il a été tiré.
Comme j’étais encore en manque du fait de mon addiction au style brut, je me suis offert le détour obligatoire par le parc Güell avec ses faux-airs de Palais du Facteur Cheval.
Mais pourtant, la vraie découverte de ce voyage-éclair c’est CosmoCaixa, au pied du Tibidabo. Un musée de la science tout ce qu’il y a de récent et de pas chiant, ce qui est un exploit pour ce genre de truc.
Même les enfants des agrégées de lettres s’y amusent, c’est vous dire que l’on s’y émerveille et que l’on s’y instruit (en bonus). Les bébés de 2 ans, que laissent indifférents le fonctionnement du pendule de Foucault, adoreront faire tourner les tabourets métalliques.
Quant aux esthètes raffinés sexagénaires qui connaissent déjà le mouvement des marées reconstitué en labo, les plus blasés s’extasieront sur la grandiose installation du mur géologique, beau comme un tableau de Tapiès géant ou sur les moiteurs de la forêt amazonienne reconstituée avec anaconda en live.
Vous autres, Animuliens pur jus, vous y découvrirez une collection d’insectes emprisonnés dans l’ambre de leur vivant d’avant le déluge, des objets improbables genre ready-made bio, des agrégats géologiques mystérieux comme des sculptures médiumniques.
C’est que cette réalisation muséale d’avant-garde parvient à nous convaincre des tendances artistiques de la nature. Et de cela il faut lui dire : gracias.
23:20 Publié dans Ailleurs, Expos, Glanures, Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ex-voto | | Imprimer | | |
23.03.2008
Hosannah Barcelona
Hé, ça va-t-il, mes p’tits Ani(mulien)s ? Vous pensiez que j’étais perdue. J’étais à Barcelone. Pour les Rameaux où on en tresse de beaux en sardanant devant la cathédrale.
Pas beaucoup de cyber-cafés dans cette ville mais je vous recommande le Centre d’Art Santa Monica sur la Rambla, métro Drassanes. Pas pour ses grandes salles aux vidéos branchouilles mais pour sa bécane où on peut consulter son internet à l’œil.
C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec le blogue de M. Thierry Savatier qui emprunte son titre (Les Mauvaises fréquentations) à Gaston Ferdière. Comme T.V. est un homme de goût, il m’emprunte aussi l’image de l’ex-libris du bon Docteur (voir ma note du 26 mai 2006) et à Alain Chevrier une citation : «La trajectoire de Ferdière s’avère une suite de zigzags à laquelle on peut comparer la projection au sol de l’ombre d’un papillon en vol». Quand je vous aurai dit que cette citation figure aussi page 332 de la «bible noire» publiée en 2000 par l’asso abcd (une collection d’art brut) vous saurez que ce Thierry est bien documenté et que son blogue vaut 10.
A part ça vous pensez bien que j’ai la langue chargée à cause du lèche-vitrine devant chez Zara, Mango et autres Escorpion.
Mes ripatons sont douloureux d’avoir arpenté des kilomètres de carrers, de rondas et d’avigundas en veux-tu en voilà. Plaça de Les Glories Catalanes, j’ai marché aux puces sous un soleil idéal pour le T-shirt catalan que je me suis offert dans une boutique de souvenirs d’El Raval.
Maigre butin mais j’ai pas été bredouille puisque j’ai chiné 2 sifflets-sujets en terre cuite blanche striée de vert et rouge.
J’en ai vu du même genre dans la collec Selz-Tallandier du Musée de Noyers-sur-Serein (voir ma note du 6 juin 2006), j’en jurerais. Cela viendrait des Baléares mais si Thierry ou Sophie ou Azis peut me le confirmer, je suis preneuse.
Dans le Barrio Gotico, j’ai eu de la veine : le n°1 des Anales de medicina legal, psiquiatria y anatomia patologica m’y attendait depuis 1933, date de sa parution.
Il y a dans cette brochure 10 pages de tatouages variés et une photo de tatoué montrant son dos bleu.
Ces «dibujos» sont classés en 7 catégories : «Hieroglifos y esquitos, inscriptiones y leyendas, Eroticos en todas sus variedades, religiosos, profesionales, fantasias y commemorativos, humoristicos».
Ils servent d’accompagnement à un article des Docteurs (puisqu’on est dans les toubibs) A. Ferrer Cagical et Luis M. Callis dont le titre dit bien ce qu’il veut dire, même pour celles et ceusses qui pigent que couïc à la langue de Cervantès : Contribucion al estudio del tatuaje.
18:51 Publié dans Ailleurs, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tattoo | | Imprimer | | |
09.03.2008
Au seul plaisir de voyager
La communauté animulienne est une belle chose. Avec elle, ça roulotte un max et même quand votre Petite âme errante a la tête sous l’eau, comme la semaine dernière, il y a toujours quelque part un correspondant ou une correspondante qui travaille pour mon blogounet. Une de ces petites fourmis industrieuses s’est mis sur le sentier de la guerre après mon appel au secours concernant l’ouvrage de Marie Mauron où il est question de Lucien Henry.
Elle m’a déniché sur les rayons d’un libraire de Draguignan (Theatrum Mundi) cet En roulotte et à pied en Haute Provence à travers la montagne de Lure (sous-titré : Au seul plaisir de voyager comme si c’était pas assez long) que mon daddy cherchait depuis 20 ans. Il y a du Stevenson là-dedans bien que Modestine soit ici une vieille mule nommée Regina.
Et ça sent la lavande, le romarin, l’huile de noix, le saucisson de montagne, le pain de campagne, du temps où –cocagne– il y en avait. On y fait des rencontres dans cette montanha de Lura (occitan provençal classique) ou mountagno de Luro (pour ceux qui préfèrent la norme mistralienne). Prospino, «l’Espagnol-gavot», ferblantier-restaurateur, grand maître de la soupe d’épeautre. Le curé de Saint-Etienne-les-Orgues et ses cochons de Barbarie.
Des bergers, des potiers et même un saint avec des faux-airs de Barbu Muller : le saint Maffre du cloître de Ganagobie, «une statue romane, les yeux faits d’un grand creux tout noir sous des sourcils embrousaillés, la bouche ouverte, le visage sans menton, d’un seul bloc avec le cou, se perdant (…) dans son pilastre».
Photo Zoé Binswanger
La roulotte dont l’équipage se compose de l’auteur, d’un certain Lu, «le collier de barbe en neige molle, agile, dansant, riant, pétri d’une argile aux ferments d’esprit insolite, ayant goûté à tout sans se fixer à rien, demeuré, lui, totalement à la disposition fataliste du grand hasard, ayant été aspirant moine, vrai chevrier, pèlerin d’occasion, même itinérant fonctionnaire (…)» et de sa mère Ba, transporte avec elle tous ceux qui s’embarquent dans la lecture de ce livre savant et ludique.
Tout ce que j’aime. Merci à la poste qui me l’a si rapidement fait parvenir. Normal qu’elle se décarcasse, il est vrai, pour un confrère car, si j’ai bien compris, c’est à des activités lointaines de suppléant-facteur que Lu de la Roulotte devait sa connaissance intime du pays.
21:06 Publié dans Glanures, In memoriam, Lectures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lucien henry, marie mauron | | Imprimer | | |
08.02.2008
En revenant de l’Outsider Art Fair
C’est pas mon habitude de vous passer les plats quand la table est desservie mais là j’ai des excuses, j’attendais que Brigitte rentre de NewYork avec son chien Louping pour vous parler de l’Outsider Art Fair.
Si NYC est une Grosse Pomme, Louping est un scottish terrier hyper gambadeur. Au resto, Louping gîte sous la table en gémissant d’un air impérialiste au fil de la conversation.
A l’heure de la soupe aux pois, Louping se tient coi pendant que sa maîtresse fait le tour d’horizon en feuilletant l’amour de petit livret lilas qui présente les 34 participants.
«Pas très phasant, beaucoup de classiques…» dans cette 16e édition de la foire.
Brigitte s’est tout même emballée pour les «quatre Soutter à tomber à genoux» des Berlinois Fischer Kunsthandel
«Sans compter, de très beaux Ramirez chez Ricco/Maresca et William Hawkins, l’autre must …» pense Louping en reniflant l’odeur de la tranche de rosbeef qui s’approche. Piquant un roupillon quand BriBri se lance dans les potins : le stand minuscule de Raw Vision, Jennifer Pinto Safian «qui parle un français excellent», la perruque verte de Judy Saslow, la galeriste de Chicago chez qui Brigitte a remarqué les trains rézoteurs de James Allen,
Louping s’éveille quand il sent la moutarde monter dans les tours de sa maîtresse. Elle n’a rien vu d’extra à la Galerie der Künstler.
D’ailleurs ça la gonfle de voir Gugging dans la foire, «ça lui enlève de son mystère». Que tout le monde ait sorti ses Jimmy Lee Sudduth parce que ce créateur vient de disparaître, ça la vénère aussi.
Le toutou soupire d’aise quand Brigitte, inversant la vapeur, se met à positiver à mort :
«oh, le one man show Michail Paule à la Galerie Susanne Zander, oh l’incontournable Darger du booth 28 (Andrew Edlin Gallery),
Whaô, le Damian Michaels de chez Bourbon-Lally, la galerie haïtienne, c’est très beau Hiroyuki Doi chez Phyllis Kind,
Minnie Evans chez Luise Ross et Kunizo Matsumoto c’est pas mal non plus (malgré le phénomène de mode) chez le Japonais Yukido Koide».
A ce stade, Louping étouffe ses jappements. Il doit patienter, la mousse au chocolat venue, pour entendre l’éloge de la dizaine d’Emery Blagdon Chez Cavin-Morris Gallery et celui du Minnie Evans de la Luise Ross Gallery.
Mais il grogne carrément comme un ours quand BriBri nous colle sous la soucoupe les découvertes que cette petite fûtée a faite dans les cartons de The Ames Gallery : les dessins déjantés de Deborah Barrett
et les hybrides dessins-collages de Chris Dalton Powell.
J’aurais voulu vous en dire plus mais Louping tirait sur sa laisse pour aller faire pipi dehors.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos, Glanures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, louis soutter, martin ramirez, james allen, michail paule, damian michaels, minnie evans | | Imprimer | | |
28.01.2008
Profeta Gentileza de Rio de Janeiro
Traiter l’actualité c’est bien mais faudrait pas oublier de puiser dans les réserves. Faut dire que j’adore les réserves, même si mon chéri râle lorsque, en ouvrant le placard de la cuisine de notre gîte rural, 200 sachets de thé lui tombent sur la tête sous l’effet de l’encombrement. Et sur mon bureau, c’est pareil. Des tas de jolis sujets s’accumulent sur mon écran en attendant de finir en chroniques animuliennes.
Parmi ceux-ci, comment faire attendre le doux Profeta Gentileza ? Jusqu’à sa mort en 1996, José Dotrino, plus connu sous son nom de prophète, est resté une grande figure populaire de Rio de Janeiro.
Son visage rayonnait d’un noble sourire. Les photos qui le représentent font regretter de ne pas l’avoir connu. Beau comme un dieu il était, avec ses longs cheveux et ses vêtements d’une blancheur candide enrichis de couleurs en ornements !
Largement précurseur des hippies californiens, il s’était mis à prêcher l’amour et la liberté depuis ce jour de décembre 1961 où il avait connu l’illumination.
C’était après une catastrophe, du genre grand incendie, qui avait fait beaucoup de victimes. Du moins, si j’ai bien compris, car tous les sites qui le concernent sont brésiliens, sauf cet article de la chanteuse Marisa Monte qui a écrit une chanson sur le sujet.
Alors s’il y en a parmi nos lecteurs qui connaît la langue portugalaise qu’ils ne se gênent pas pour mêler leur grain de ciel. Profeta Gentileza se baladait au milieu d’une circulation automobile d’enfer comme dans une Jérusalem céleste, avec des vire-vent sur ses pancartes à messages et de grandes palmes à la main.
Le plus intéressant c’est que sur les pilastres du viaduc de Caju, cet enragé dadzibaoïste spirituel avait réalisé une installation d’1,5 km de long avec ses calligraphies singulières.
Il semblerait qu’à ce patrimoine urbain «tendance brute», les Cariocas soient restés attachés puisque les inscriptions de José ont été non seulement préservées mais restaurées.
Ce qui prouve que de tels créateurs peuvent, dans leurs pays, être prophètes !
23:15 Publié dans Ailleurs, Glanures, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : profeta gentileza | | Imprimer | | |
24.11.2007
Une vie pleine de viennoiseries
Vous sortez de la grève avec des mollets de maillot jaune ? Super, ça tombe au poil. Enfourchez votre petite reine, je vous emmène à Retraite-World. C’est pas loin. Au coin de la rue. Pédalez jusqu’au kiosque et demandez le n° 258 de Pleine Vie, «nouvelle vie, nouvelles envies» (whoa, le programme !).
C’est ouf le nombre de jolies mamies nudistes qui ont testé pour nous la crème anti-âge dans ce mensuel. Et de papis musclés à dos argentés et soupçon de ventres ronds, pêchant la truite dans des torrents glacés.
Il y a même des «sexagénaires» de la dernière pluie qui s’amusent à porter des fourmis sur leur tête.
Aussi neige pas été trop ébabahie d’y trouver l’ethnologue Michel Valière pointant son doigt ciceronique vers des villages du genre de Chez Bernardeau (oui, comme le muet valet de Zorro) près de Champniers dans la Vienne.
Il fait découvrir sa région à des Parisiens stressés. Rien que pour le fun et dans la décontraction. «Je ne fais jamais de circuits de fil jaune, rouge ou bleu», dit-il, «Plutôt des moments d’opportunités, en mettant l’accent sur un point d’histoire, un élément ethnographique comme un lieu de dévotion sur une tombe de saint avec ses graffiti (…)».
« Graffiti », un de mes dadas. Cela me rappelle que dans un de ses malicieux commentaires déposés sur ma note Calaveras, le pilote du Jardin de Belvert osa me demander si je connaissais le trop mimi musée des graffiti anciens de Marsilly en Charente-Maritime.
Mais vouiii, bien sûr, voyons. C’est près de la Rochelle. J’y ai même fait provision d’un bouquet de brochures savantes réalisées par les Amis dudit musée sous des couvertures acidulées comme des bonbecs.
Je me suis fait aussi l’ascension du clocher avec mon chéri qui peinait derrière parce qu’il avait mangé trop de moules arrosées au vin blanc.
La preuve : mon billet d’entrée rose.
C’est pas fastoche à photographier mais j’ai pourtant ramené un tas d’images dont je vous donne un échantillon puisque vous insistez.
D’ailleurs, si vous aviez été attentif, cher professeur, vous auriez remarqué que dès mes débuts, quand je n’étais pas la star blogouilleuse que je suis devenue, j’avais déjà réussi à glisser, le 6 septembre 2005 pour être précise, un cliché de l’un des moulages que ce vaillant musée (non, le mot n’est pas trop grand) expose du mieux qu’il peut.
Donc une révision s’impose. Pour la prochaine fois, vous me ferez le plaisir, cher Seigneur de Belvert et vous aussi chers Animuliens, de feuilleter d’un clic distrait toute l’année 2005 de votre Animula Vagula préférée.
Je suis vache ? Non : cette année là n’a que 4 mois.
17:45 Publié dans Gazettes, Glanures, Jadis et naguère, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : graffiti, michel valière | | Imprimer | | |
14.11.2007
L’inuksuk de Marnay
Faudrait pas croire que vot’ p’tite âme errante ne jure que par le lait de la treille. Elle n’a rien contre le jus de pommes et, pour vous le prouver, elle vous en offre une pleine bassine d’un joli bleu remplie directement au sortir du pressoir d’un sympathique Viennois des environs de Civray (86).
Avec un nom comme ça, vous comprendrez que je ne vous mens pas.
C’est pourquoi vous me suivrez, j’espère, si je vous dis que sur la route de Vivonne, j’ai rencontré l’inuksuk de Marnay.
Bon, j’exagère un peu, les inuksuit ce sont des accumulations de pierres utilisées par les Inuits pour effrayer les caribous et ici c’est des bottes de paille, de la bâche en plastic et de la peinture couleur cobra qui ont été joyeusement combinées ensemble par des agriculteurs soucieux que les automobilistes ne loupent pas leur foire locale.
Mais ça se voit de loin aussi, c’est situé sur une éminence (pas un évêque, une petite butte) aussi et ça produit de loin son petit effet d’évocation sommaire d’une silhouette humaine. Aussi.
00:55 Publié dans Glanures, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Inuksuk | | Imprimer | | |
28.10.2007
Tiercé gagnant rue de Fleurus
En sortant de l’expo Arcimboldo où j’ai dû ruser («c’est pour ma p’tite nièce!») pour me procurer le livret-jeux distribué uniquement aux «nains» sur présentation de leur bonne mine de petits «pervers polymorphes» de moins de 14 ans, je suis tombée dans la boutique du Musée du Luxembourg où ce qu’on vend des tas de légumes en carton permettant de se faire une tronche potagère.
Au rayon livres, une affaire à suivre : un nouveau livre sur Le Jardin de Bomarzo avec un texte de Jessie Sheeler (traduit de l’anglais par Christine Piot) et des photos de Mark Edward Smith. Malheureusement, y’avait trop de monde. Est-ce que votre petite âme errante a une tête à faire la queue? C’est paru chez Actes Sud, je tâcherai de le choper ailleurs.
A travers le parc, j’ai rejoint la rue de Fleurus en direction de l’arrêt du 83. Là, au 1 précisément, il y a une petite vitrine dont le propriétaire, pour la pure et simple distraction des passants, monte des installations d’objets divers, réunis avec un sens certain de l’insolite et sans délivrance de message évident.
C’est un lieu modestement magique bien connu des vieux Parisiens et c’était fatal que mon daddy me le fasse découvrir. Ce jour-là, au milieu d’un tas de jolies cartes avec des dessins abstraits et/ou primitivesques, qu’est-ce que j’avise pas? Une photo de groupe avec Michel Thévoz. Si, si, je vous jure! M.T. himself! Au milieu d’une bande de copains dont un jovial moustachu qui pourrait bien être l’auteur de l’installation.
Comprenant que Vagamay, le petit dieu de l’art brut veillait sur son Ani en cette froide et soleilleuse après-midi, j’ai musardé dans les librairies du coin juqu’à ce que je trouve une occase. A l’intérieur d’une Histoire illustrée de la psychiatrie et la psychanalyse (10 € au lieu de 275 F à sa parution en 2000) publiée par Hazan sous le titre Au delà du conscient, il y avait cette photo d’un monsieur, vêtu de dignité candide et chapeauté de feuillages artistiques, qui m’attendait et vous aussi, chers lecteurs, par conséquent. Je sais pas qui c’est, ni d’où il sort, ce dandy.
La pancarte qu’il tient à la main proclame en belle calligraphie : «Le Sauveur, fils adoptif du Divin Créateur qui est sur la Terre pour protéger tous les peuples de l’univers et délivrer tous ces peuples du joug des oppresseurs».
Le trio de psys auteurs du livre : Pierre Morel, Jean-Pierre Bourgeron, Elisabeth Roudinesco pourraient peut-être nous en dire plus, le cliché provenant de leurs collections.
17:45 Publié dans Expos, Glanures, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Giuseppe Arcimboldo, Michel Thévoz | | Imprimer | | |