21.01.2013
Antonin Artaud passionne le 6e arrondissement
J’allais sauter allégremment par dessus l’annonce de la journée de l’EPhEP parce que les colloques, moi vous savez… mais finalement un petit coup de biniou pour cette Passion Artaud organisée le samedi 9 février 2013 par Esther Tellermann, psychanalyste (lacanienne si je ne m’abuse et poète ce qui ne gâte rien) ne m’a pas paru superflu.
Pourquoi ? Pour deux raisons essentielles. D’abord parce que le chapô en kakémono introductif nous rappelle que «le langage dont l’homme est affecté peut parler tout seul» (et ça j’aime bien, surtout si «l’homme» c’est aussi «la femme» - si, si, elle existe! – parce que l’idée que mon déconophone peut marcher en pilotage automatique me réjouit).
Ensuite parce qu’à 9h45 ce jour là on pourra entendre la retransmission de l’entretien de 1977 entre le poète Mathieu Bénezet et le Docteur Gaston Ferdière et que ça promet.
Les autres parlotes dureront jusqu’à 17h10 avec une pause déjeuner. Seront mélangés des universitaires, des analystes et des écrivains (ce qui est une bonne chose). Je vous laisse consulter le programme, vous êtes assez grands.
Agitez avant de vous en servir. La preuve que c’est sérieux c’est que c’est payant. Même pour les étudiants c’est pas gratuit, seulement moins cher.
Pour ceux qui savent pas quoi c’est l’EP-machin, je traduis en langue vulgaire : un établissement privé d’enseignement supérieur. Ecole Pratique des Hautes Etudes en Psychopathologies c’est son nom.
C’est au Centre Sèvres (chez les Jés.) qu’aura lieu la chose : 35 bis rue de Sèvres dans le 6e arrondissement de Panameu.
23:37 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : antonin artaud, l’ephep, esther tellermann | | Imprimer | | |
19.10.2012
Plongez dans l’art brut italien
Plouf, plouf ! Vous aviez rangé les palmes et le tuba ? Il fallait pas. Le samedi 27 et le dimanche 28 octobre 2012, la Halle Saint-Pierre vous propose une «immersion» dans son grand bain en compagnie d’une fine équipe de plongeurs en eaux philosophiques, historiques, doctorales, anthropologiques, critiques et musicales.
En consultant le programme, on s’aperçoit que pour ce week-end de brasse conférencière, la HSP remise un peu au vestiaire ces «banditi» qui font l’affiche de son actuelle exposition.
Elle préfère mettre en avant «l’univers rebelle et inventif des auteurs d’art brut italien». Art brut, le mot est lâché. Ce n’est pas dommage.
Pour d’obscures raisons qui tenaient à une supposée méconnaissance de cette notion par le public italien, le co-commissaire argentin de l’exposition Banditi dell’arte, le danseur et comédien Gustavo Giacosa lui a préféré la formule vague de la bonne vieille création Hors les normes.
Mais on est en France et la Sainte Halle a un public fignolé à son image. Tout le monde s’est déplacé pour voir les merveilles brutes de Pietro Ghizzardi
Giovanni Battista Podesta
Giuseppe Righi, Luigi Sapretti, Carlo Zinelli
et tutti quanti, groupés autour de l’œuf de Christophe Colomb du carabinier Francesco Toris.
Tout le monde s’est touité : «T’as vu l’art brut italien à la Halle St-Pierre?» et personne : «Rendez-vous à Banditi dell’arte cette aprème». Ce n’est pas dommage. Cette histoire de banditi m’a toujours tapé sur le système.
Pas seulement parce que ce titre n’a rien d’inédit. En 2006, en effet, à Brescia, une exposition présentant des photos de Mario Del Curto, l’avait utilisé. Ironie du sort, elle était sous-titrée : Sulle vie dell’Art Brut (on repassera pour la «méconnaisance» dont je parlais plus haut).
Pas seulement parce que ce «banditisme» accolé aux créateurs d’art brut, trimballe son pesant de vieilles lunes romantiques hérité, chez nous, des histoires corses de Prosper Mérimée. Mais parce que, derrière cet aimable folklore littéraire se cache une réalité historique italienne moins croquignolette. Il n’est qu’à revoir Salvatore Giuliano, le film de Franceso Rosi pour comprendre ce que je veux dire.
Plutôt que des «bandits», Filippo Bentivegna et Giovanni Bosco, Pier Paolo Pasolini cité en exergue du catalogue, sont par exemple des victimes du crime organisé. Concernant Bosco, il me semble en outre que la portée de sa création est ici mal appréciée.
Pour des raisons de répartition, elle est trop limitée à ses activités de street-arteur. On touche là au problème récurrent du lieu : les deux salles de la Halle Saint-Pierre. On a trop voulu cette fois, sur les petits flyers qui sont distribués aux visiteurs, justifier l’injustifiable. Ce n’est pas parce que le bas concentre la substantifique moelle des «collections historiques et carcérales» qu’il faut lui opposer les soit-disant «représentants de l’art populaire contemporain».
Car prétendre que Luigi Buffo, Joseph Barbiero ou Giovanni Bosco ne procèdent pas de «la rupture mentale radicale des auteurs d’art brut proprement dits», ce n’est pas seulement faux, c’est risible.
Il vous reste deux mois et demi pour visiter cette belle exposition qui entre dans son climax. Je vous conseille de le faire sans trop tenir compte de la sauce explicatoire qui va avec. Simplement en vous en mettant plein les mirettes mais sans lunettes de plongée.
23:40 Publié dans art brut, De vous zamoi, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
12.10.2012
Penser l’art brut librement
Aujourd’hui : zéro. Y’a des journées comme ça. Une lettre de Véronique ce matin dans la boîte. Elle va bien, elle m’apporte son expertise dans une affaire que j’ai sur les bras. Post’it sur le frigo : les chocolats elle adore, faudra penser à lui en offrir. Pause-déjeuner avec ma copine Isabelle. Le p’tit resto italien du coin pour échapper aux collègues de la cantine. Isabelle arrête pas de tchatcher. J’aurais le temps d’avaler trois fois mes pastas qu’elle n’a pas fini le quart de sa Regina. Sages : on prend pas de tiramisu, pas de gelati, pas de desserts. Rendez-vous ce soir avec mon diététichien. J’ai perdu un kilogramme à force qu’il m’aboie dessus. Zéro vous dis-je. Mon quotidien de bad girl. Pas de quoi en faire une chronique. Pas même un SMS. D’ailleurs je suis bloquée.
Depuis qu’un commentateur exigeant m’a invitée à «penser plus librement» sur ma note à propos des photos de Marie-France Lacarce. Penser, me «débarrasser» (des préjugés) et me «forger de nouveaux outils» par dessus le marché! Et puis quoi encore? Chacun sait que j’en suis pas capable.
Alors j’ai mis mon gang sur le coup. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a pris son temps mais enfin l’une des gâchettes qui le composent a daigné dégainer une réponse présentable à mes lecteurs. Cela commence bien : «Je me souviens d’un visiteur taché par une œuvre exposée au musée d’art moderne de Saint-Etienne». La suite, je vous préviens, est moins marrante voire carrément trapue. Celles et ceux qui voudront quand même tenter l’aventure, glisseront leur souris jusqu’à ces lignes et cliqueront là-dessous.
23:50 Publié dans art brut, Ecrits, Lectures, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |
28.05.2012
Crème de CrAB
Que se mettre sous la dent en ce mois de juin 2012 qui s’avance?
La crème du CrAB évidemment. Je vous l’avais dit depuis le début que ce collectif de jeunes chercheurs constitué pour gratter autour de l’art brut avait du pied (ou de la patte) dans la chaussure.
Ceux de mes lecteurs qui auraient manqué une étape n’ont qu’à, pour s’en convaincre, jeter un œil sur ma note baptismale du 18 décembre 2010 : le CrAb en pince pour l’art brut. De l’eau a coulé depuis dans l’océan d’informations qui nous parvient tous les jours au sujet de cet art brut où j’ai du mal à reconnaître mes petits.
Mais la crème du CrAB a porté ses fruits. Au fur et à mesure que ses membres mûrissaient, ce collectif de sympathiques crustacés s’est imposé comme le principal pôle de production de matière grise française, suisse et savoyarde sur l’art brut. Déjà on les envie, déjà on les imite, déjà on les courtise.
Mais les têtes chercheuses du CrAB, si elles se sont dépouillées de leurs enveloppes juvéniles, n’en continuent pas moins leur petit bonhomme de chemin savant en déblayant, sans en avoir l’air, une quantité de plages impressionnante.
Aussi ont-elles bien fait d’accepter l’invitation de la galerie abcd à venir jouer dans son bac à sable de Montreuil-les-Pins, rue CrABoltaire, métro CrABespierre (Monteuil-sous-bois, 12 rue Voltaire, métro Robespierre, vous aurez rectifié vous-mêmes ).
Faut-il que la crème de CrAB ait des vertus revigorantes pour qu’une collection de l’importance de celle de Bruno Decharme lui ouvre ainsi la possibilité de jouer avec ses jouets! Car -et c’est à ma connaissance là que réside l’inédit- ce sont les membres du CrAB eux-mêmes qui se chargeront de la conception et de l’accrochage de l’exposition qui se déroulera chez abcd du 2 juin au premier juillet 2012. Pourvu qu’ils ne deviennent pas CrABêcheurs après ça!
Le vernissage aura lieu le samedi 2 juin à 17h 30 mais comme le CrAB a le don d’ubiquité vous aurez pu avant aller écouter Fanny Rojat qui planchera sur les missives d’Henri Bessaud Narboux (un «écrituriste» brut révélé par Michel Thévoz) à l’Institut de Théologie Protestante (77 bd Arago) dans le cadre du séminaire de Lise Maurer.
Il est tentant aussi d’aller se goinfrer au brunch abécédien en accès libre qui suivra le 16 juin la huitième session du séminaire CrAbique à l’INHA.
Les accros à la crème de CrAB pourront aussi venir à Montreuil chaque week-end du mois de juin où des membres du collectif les chouchouteront et les pinceront gentiment s’ils s’assoupissent pendant que Pauline Goutain leur interprétera sa chanson du grand Wölfli
que Vincent Capt leur fera la lecture ou que Baptiste Brun les initiera à la broderie bigoudenne qui vient de Mandchourie.
La crème du CrAB, comme la manne, sera par ailleurs distribuée à droite et à gauche en ce printemps. A Fontainebleau, à Annecy, à Bruxelles, à Cergy-Pontoise. Pour plus de détails, voir la newsletter du CrAB de mai 2012. Vous verrez que, outre les crabes déjà cités, Emilie Champenois, Céline Delavaux, Déborah Couette, Roberta Trapani n’auront pas volé leurs vacances d’été. Ils auront bien mérité de Gaston Dufour et des autres.
16:22 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, crab, fanny rojat, pauline goutain, vincent capt, baptiste brun, emilie champenois, céline delavaux, déborah couette, roberta trapani, adolf wölfli, emmanuel le calligraphe, gaston duf, bruno decharme | | Imprimer | | |
17.03.2012
La Chine et la Corée exposent leur « art brut »
Vous connaissez le Nanjing Natural Art Center?
Et le Korea Art Brut de Séoul?
Et bien moi non plus!
Je viens de découvrir en bidouillant sur le net que le premier était une institution chinoise toute récente (novembre 2011), dédiée –paraît-il– à l’art brut et située à Jiang Xin Zhou (du diable si je sais où c’est).
œuvre de Monsieur Li
Le second est un organisme social créé en 2008 et dirigé par un Professeur du nom de Tongwon Kim, auteur d’un livre sur l’Art brut coréen dont j’ignore tout.
Tous deux «à but non lucratif», le NNAC et le KABS ont pour mission d’encourager la création de personnes mentalement différentes des pékins ordinaires que nous sommes et de suspendre des passerelles entre les premières et les seconds.
Pour la première fois chez nous, des œuvres provenant des collections de ces deux centres vont être exposées du 19 au 30 mars à Lyon. Et dans 3 lieux, svp! L’Alliance Française où aura lieu le vernissage le 19 mars à 20 h, la Mairie du 7e et la Bibliothèque U Chevreul.
Ceci à l’initiative d’un Collectif des mardis bruts, réunion de 9 étudiants (ça me rappelle quelque chose) de l’Université Lumière Lyon II, originaires de 6 pays différents dont la Chine et la Corée du Sud of course. Ce sera le premier bal du Lybr, autrement dit Lyon brut. Le soir de l’inauguration, une Table ronde, modérée par le chevalier Baptiste Brun, planchera vers les 18h30 sur la diffusion de l’Art brut au delà de l’occident.
Quelques jours plus tard, on retrouvera Monsieur Brun, plus du tout lyonnais mais dijonnais. Cet homme passe autant de temps dans le TGV qu’un preux du Cycle arthurien sur son palefroi! Il officiera de bon matin le mardi 27 mars 2012 à la Nef de Dijon, place du Théâtre. Son intervention intitulée Du Populaire au Brut s’insérera (et ri et ra) dans une Journée d’étude sous l’égide de la Biennale organisée par l’asso Itinéraires Singuliers.
Consultez le programme pour zyeuter les noms des intervenants parmi lesquels j’ai noté au vol : Denis Humbert de Laduz, Bruno Gérard de La Pommeraye, Karine Fol of Bruxelles et Barbara Safarova(bcd) de Paris.
J’avoue qu’à la lecture de l’intitulé de la journée : «Brut, populaire, contemporain : faites vos jeux!». Penser l’art hors catégories, j’ai failli grimper dans les tours.
Je fulminais toute seule devant mon kir bien frais (apéritif d’ambiance) que, nom d’une Hourloupe, l’art brut ne pouvait pas être réduit à une vulgaire catégorie comme les autres. Que c’était un concept, une philosophie, une rage de vivre. Et patati et patata.
Mais le soufflé est retombé très vite à la lecture du préambule, probablement inspiré par Céline Delavaux, une des têtes pensantes de ce colloque : «L’art brut détient la capacité de dépasser des catégories aussi disparates et périmées qu’art des fous, art médiumnique ou art populaire, aussi floues qu’art autodidacte ou art spontané. Aujourd’hui encore, cette expression, que Dubuffet a finalement élaborée en concept, nous permet de penser (…) l’art dans son rapport à la société».
«Ma vieille Ani, tu t’es fait avoir!» me suis-je dit. «Ce titre là c’est du teasing et tu es tombée dans la provoc».
11:23 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Miscellanées, Ogni pensiero vola, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut chinois, art brut coréen, nanjing natural art center, korea art brut, tongwon kim, lybr, art populaire contemporain, itinéraires singuliers, baptiste brun, céline delavaux | | Imprimer | | |
13.03.2012
« Ecrivainer » à Contre-Courant
Bonus en vitesse à mon coup de projo précédent. Arrêtez tout et pointez votre radar vers la Collec de l’Art Brut de Lausanne parce que demain, mercredi 14 mars 2012, à 19 h, il y a la lecture-performance de Geneviève et de Mathias à l’occasion de la publication du bouquin de Vincent Capt à propos d’un fameux auteur d’écrits bruts : Samuel Daiber.
Ce monsieur suisse pratiquait la poterie et la peinture sur émail pour détruire ensuite ses œuvres soit-disant inspirées par Satan. La conviction de pouvoir arrêter les trams par la pensée, une tendance à mettre le feu aux vêtements de sa famille, d’autres bizarreries l’avaient conduit à l’internement permanent.
Michel Thévoz explique tout ça dans Ecrits bruts, un recueil de 1979 (et ouais !!!). Il reproduit des lettres que Daiber écrivaient au directeur de l’asile, à ses parents et à tutti quanti pour réclamer sa liberté.
Notamment cette lettre du 9 janvier 1954 que Patricia Allio, passionnée de théâtre et d’art brut (voir ma note du 5. 02. 2006 : Jean Grard à l’abri) a mise en scène au Théâtre de la Roquette (75011) en 2008 dans un spectacle intitulé : sx.rx.RX au lieu de garder le silence, j’ai voixé.
Auteur de plusieurs papiers et d’un doctorat sur les écrits bruts, Vincent Capt était tout à fait cap de nous pondre ce livre sur un langage si riche de néologismes «effrayantadiques». Il le publie, sous le titre Ecrivainer, la langue morcelée de Samuel Daiber, à l’enseigne de la CAB dans la Collection Contre-courant. Faudra voir à se le procurer!
Jean-Michel Adam, le dirlo de la thèse à Vincent, et Thévoz Michel ont donné un coup de main à la chose. Ils ont bien fait.
14:35 Publié dans art brut, Ecrits, Lectures, Parlotes, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, écrits bruts, samuel daiber, vincent capt, michel thévoz, patricia allio | | Imprimer | | |
02.03.2012
Graffiti historiques : hommage à Serge Ramond
Bookcrossing dans mon quartier. En allant chez mon boucher acheter du jambon de Bayonne (j’aime bien cette ville brocardeuse de président-candidat), je tombe sur le Club des Cinq abandonné sur du mobilier urbain.
Je me replonge avec délice dans les aventures de Claude, d’Annie, du chien Dagobert et des garçons en faisant la queue (mon boucher est le meilleur). Cela me rappelle ma jeunesse.
J’avais encore l’âge de me passionner pour Enid Blyton quand j’ai visité le Musée des Graffiti de Verneuil-en-Halatte avec mon daddy, déjà dégarni mais toujours à la recherche de promenades du dimanche sortant de l’ordinaire.
Et voilà-t-il pas qu’en 2012, on organise déjà des hommages à Serge Ramond, son directeur, inventeur, prospecteur et cicerone qui a tiré sa révérence en 2010. C’est comme si je m’étais découvert une ride de plus au contour de l’œil. Serge Ramond y’avait pas moyen de l’arrêter tellement il était passionné par son truc. Un peu dur pour une gamouche. J’avoue que je déconnectais un brin des érudits commentaires historiques du sieur Ramond.
Mais je me souviens qu’à la sortie j’avais tout de même exigé de mon daddy qu’il m’achète toute la panoplie de souvenirs en vente au musée : empreinte, moulage, affiche, flyers, revue imagée. Je jette rien, je les ai encore. J’y ajouterai ce beau portrait de l’intrépide chercheur autonome (S.R. recueillait des fois les graffiti dans des endroits impossibles au péril de sa vie).
Dans les temps, on n’aurait pas pensé que les graffiti puissent rameuter les foules. S.R. n’en poursuivait pas moins son recensement en navigateur solitaire. Le monde, en deux/trois décennies, a tellement changé que la Mairie du 11e arrondissement de Paris en est à accueillir (merci madame) rien moins que le 5e Colloque «Graffiti historiques». Plein de pistes à suivre dans celui-ci qui nous entraîne dans les châteaux de la Loire (y’a pas qu’à Versailles qu’on griffe), à Noyers-sur-Cher, à Martizay dans l’Indre.
Suivez le programme du samedi 24 mars 2012 pour en savoir plus et suivez le guide, dimanche 25 mars dans le Donjon de Vincennes et à l’Hôtel de Cluny.
Rencarts à 10h15 et à 15h30 après le déjeuner (qu’est ce qu’on mange?). C’est Christian Colas, un conférencier du samedi qui m’a prévenue. Qu’il en soit remercié. Il est l’auteur d’un livre dont j’ai eu l’occasion de vous signaler l’existence le 3 octobre 2010 dans ma note : Regards d’automne.
00:05 Publié dans Expos, Images, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : graffiti, serge ramond, christian colas | | Imprimer | | |
22.01.2012
L’OAF de NYC fête ses 20 ans
Des fois la vie vaut d’être vécue. Par exemple quand je reçois dans ma boîte aux lettres le catalogue de la prochaine vente de Martine Houze qui aura lieu à l’Hôtel Drouot le mardi 7 février 2012 (salle 1).
Je passe un bon moment à le feuilleter en rêvassant sur les milliers d’objets petits et grands qu’il contient, rassemblés en séries dont la simple énumération est un poème bachelardien : «la poterie de terre … le feu et la lumière… couture, parure et écriture etc». Peu de choses pour moi cette fois-ci. Cette page peut-être avec une statuette d’homme nu en fer oxydé du XVIe ou XVIIe siècle.
Mais ça fait rien, l’art populaire ça me repose. J’ai l’impression –peut-être à tort– que c’est un domaine bien peinard sur lequel les vieux renards de l’art contemporain, les jeunes loups de l’art-thérapie ou les lionceaux de l’art singulier (sans parler des autruches du grand n’importe quoi) ne se donnent pas rendez-vous pour se faire les dents.
Mais ne crachons pas dans la soupe à Dubuffet. Tout tiraillé qu’il soit dans tous les sens et sommé de rendre gorge à tous les coins de colloques, l’art brut conserve son charme. Celui de s’inviter chaque année à l’Outsider Art Fair de New York qui aura lieu cette fois-ci du 27 au 29 janvier.
Trente deux galeries au menu de cette version 2012. Impossible de les énumérer toutes. Allez donc sur le site officiel de l’OAF et cliquez, cliquez, cliquez de vos petits doigts animuliens sur celles qui vous branchent.
J’ai noté pour ma part, en vitesse, la présence du Creative Growth Art Center, celle de l’Outsider Folk Art Gallery de Philadelphie (parce que ma copine Boistine expose dedans) et celle –côté France– d’une galerie du boulevard Haussmann à Paris (Les Singuliers) qui va de l’avant sous le drapeau d’une «ruée vers l’art débridée» des années 80 dont «les principaux mentors» sont Bazooka et les artistes de la Figuration libre sétoise. Ce qui nous emmène un peu loin!
Je me suis laissé dire d’ailleurs que, en ce 20eanniversaire de l’OAF, les débats ne manquaient pas outre-atlantique sur la spécificité du champ d’application de la Foire et sur sa «marchandisation» un peu trop voyante. On en aura sans doute un reflet dans la quantité de parlotes qui accompagneront cette OAF 2012 et dont vous trouverez la liste ci-dessous.
Nos petites voix européennes y seront bien représentées. Le 28 janvier notamment, Sarah Lombardi, la nouvelle directrice ad interim de la CAB panellisera avec Barbara Safarova d’abcd tandis que Bruno Decharme et James Brett, leader du Museum of Everything converseront sur l’obsession collectionneuse.
Pour terminer sur une note encourageante cette chronique commencée de même, je signalerai le retour, dans le rôle de modératrice des principaux échanges, de Valérie Rousseau dont les activités «indisciplinées» subissaient une éclipse depuis quelque temps. Valérie avec un accent sur le é comme il sied à une Québécoise, même quand elle est newyorkisée.
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29.12.2011
Canardage et canotage
Je suis pas la seule à canarder.
En complément de ma récente note sur le chapon de Noël, ma copine Hélène a cru bon de me signaler un article super intelligent de Christophe Donner paru le 23 décembre 2011 dans la rubrique «magazine» du journal Le Monde en ligne.
Donnerwetter, ce que je me suis dilaté la rate en lisant ce papier intitulé L’innocent accroché aux murs !
Heureusement que j’étais assise, j’aurais pu tomber sur le derrière à l’évocation de cette soirée de canotage parisien
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24.12.2011
Noël au chapon, Pâques au pilon
De l’art brut qui n’est pas de l’art brut, de l’air mille fois respiré qui se prend pour le vent du large… l’année se termine sans casser trois pattes à un canard.
La chose serait un brin déprimante s’il n’y avait le chapon de Noël. Farci, rôti, au four, laqué, cocotte, mâtiné cochon d’Inde, je ne sais pas si vous avez remarqué mais le chapon ces temps-ci a définitivement détroné l’oie.
Certes il n’a pas cette allure farouche qu’on observe chez ce noble palmidède quand il est dessiné par le caricaturiste Jossot mais il se pousse bougrement du col aujourd’hui que nous n’avons plus de Capitole.
C’est compréhensible d’ailleurs. Une oie c’est long à engraisser, fatigant à promener, lourd pour nos petits estomacs ravagés par les antibiotiques. Et puis ça a mauvais caractère. Le marché ne saurait se satisfaire d’un produit si aléatoire, si difficilement prévisible, si peu standardisable. Place au chapon donc, pourvu qu’il fasse semblant de tortiller du croupion.
Déjà les ateliers, les festivals, les musées de l’art chaponnier fleurissent. Toute la France va bouffer du chapon jusqu’à plus soif si ça continue. Et je vais chaponner ce soir moi aussi avec mon daddy, mon chéri-que-j’ai et deux ou trois animuliennes de choc.
Pour m’habituer à l’inévitable car il n’y a rien à faire contre un phénomène de mode quand il est porté par d’aussi puissantes raisons économiques.
Il reste certes de vaillants établissements où de jeunes chefs talentueux continuent de mitonner d’authentiques oies sauvages mais on les sent travaillés par la pression de l’opinion publique instrumentalisée par le spectacle culinaire.
Même s’ils savent bien où est la qualité, même s’ils proclament haut et fort (pub gratuite pour mon hébergeur) que le doute ne s’installe nullement sous leur toque, ils n’en cherchent pas moins la bénédiction de la critique gastronomique officielle depuis toujours spécialiste de l’enfumage… de l’oie.
Car on n’en est plus, dans ces sphères médiatiques blanchies sous le harnois, à nier comme jadis l’existence de ladite oie. On s’emploie activement au contraire à lui faire les poches en proclamant sur la place publique son équivalence avec le chapon cholestérique. Le but de la manœuvre est évident : obtenir une modification du goût en faveur du poulaga privé de coucougnettes.
S’y prêter sous prétexte de largeur de vue «anisotropique» (une variété d’opportunisme ?) relèverait d’une touchante candeur. On ne peut à la fois prétendre faire de l’entrisme sur la scène de la grosse cuisine contemporaine et introduire le renard dans le poulailler.
Même quand celui-ci se déguise en humble disciple de l’oie. A moins, bien entendu, de se faire l’apôtre d’une pensée unique qui n’a d’autre argument que la stigmatisation grondeuse du soi-disant «clergé» animanichéen qui persiste à soutenir qu’une oie est une oie. J’interromps là mon cacardage.
Non sans finir ce jeu de l’oie sur une note optimiste. (cliquer sur l'image)
Tout ce buzz alimentaire signe le retour de l’oie libre à la clandestinité. Et rien ne lui va mieux au teint. Les vrais amateurs s’en réjouiront. Ils s’élancent déjà derrière elle dans les prés.
16:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Jeux et ris, Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola, Parlotes, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | | |