15.11.2008
Un arc-en-ciel au C.A.T
Toujours à la recherche du diamant brut, votre P.A.E. explore la P.Q.R. Elle découvre des arcs-en-ciel dans les canards de nos provinces. Il y a une douzaine de jours, le 3 novembre 2008 exactement, je suis tombée sur une feuille du Courrier de l’Ouest. Non, c’était pas celle dans laquelle M. Yvon, mon poissonnier, enveloppe mon litre d’animoules !
C’est une de mes informatrices qui m’a refilé cet article relatif au 38e Salon des Arts de Cholet qui s’est tenu en octobre dernier dans la ville du Petit mouchoir. Près de 200 artistes, «pros et amateurs», exposaient là, à la salle des fêtes. Rien de glamour, à première vue, même si parmi les 200, il y avait des personnes accueillies dans un centre d’Aide par le travail.
Ce qui m’a fait dresser l’oreille, c’est que l’article est intitulé : L’Art brut aux couleurs de l’Arc-en-Ciel. J’ai failli dégainer mon joker Nos amies les bêtes, en lisant que les toiles de ces personnes «sont des petits chefs-d’œuvre d’art brut qui éclosent sous la houlette du peintre Jean Boccacino».
Non, monsieur Alain Tissot (je m’adresse là au journaliste qui a recueilli les propos du dit peintre en charge de l’Atelier), il y a contradiction dans les termes.
L’art brut est tout
sauf un mouton
jamais on ne l’a vu
se courber
sous une houlette.
D’ailleurs, Mr Boccacino le sait bien. Lui qui a l’air de se décarcasser honnêtement, malgré sa tendance au perfectionnisme, il reconnaît volontiers ce que ces «artistes», qui «ont besoin» de lui «pour aller plus loin dans leur démarche», ont apporté à sa propre expression artistique. En conclusion de son entretien qui illustre à merveille le sac de noeuds dans lesquels s’enferme la pauvre art-thérapie quand elle veut expliquer sa pratique, Jean Boccacino nous confie que le travail de l’Atelier de l’Arc-en-ciel l’a «remis en cause».«J’ai modifié mon expression dans le contenu et dans la forme. Leur travail m’a rassuré (…)». Vous trouverez sur Gougueule-images, une série de tableaux de Jean Boccacino.
L’article du Courrier de l’Ouest est accompagné de photos des œuvres des créateurs dont il s’occupe. L’une d’elle reproduit un dessin très volubile : un couple sous un porche à fronton décoré. Dommage qu’il n’y a pas le nom du créateur qui l’a fait. On aimerait savoir si c’est une scène de mariage, son dessin.
Avec tous les petits personnages qu’il y a autour et toutes les petites têtes, légères comme des ballons, qui ont l’air d’acclamer, ça se pourrait. Comme ça se pourrait autre chose ou tout simplement le plaisir de remplir la feuille de papier, plaisir qui se communique très fort au spectateur. Alors, merci madame la dessinatrice, car si j’ai bien compris c’est une certaine Béatrice l’auteur de ce dessin.
Et même je crois que c’est Béatrice Babarit. Une créatrice drôlement champion dont le travail a été remarqué au Festival Art et Déchirure de Rouen en 2008. Vous trouverez plein d’images à elle sur le site d’Artelier.
Et merci aussi aux autres familiers de l’Arc-en-ciel. Ceux qu’on voit sur les photos et ceux qu’on voit pas.
11:37 Publié dans Gazettes, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, béatrice barbarit | | Imprimer | | |
23.10.2008
Peinture au couteau sans cran d’arrêt
Maintenant qu’on est passé si près du gouffre et que l’Europe a sauvé le monde en attendant que les traders viennent encore foutre le dawa, il est temps d’oublier nos économies menacées par le spectre de la crise le soir au fond des caisses d’épargne et de se payer une bonne tranche de rigolade avec la gaffe du journal Le Monde rectifiée par ses soins dans son édition du 15 octobre 2008 : «un malencontreux lapsus nous a fait attribuer à Cécilia Bruni-Sarkozy le coup de téléphone annonçant à l’ancienne brigadiste italienne Maria Petrella la nouvelle de sa non-extradition».
Ah, ah, ah oui vraiment, l’in-con-sci-ent est bon enfant ! Plus fort que tout, plus fort que la finance, plus fort que votre petite âme errante.
J’aurais pu, par exemple, chercher pendant des heures ce numéro de Temps mêlés qui vient opportunément apporter de l’eau fraîche à ma récente note sur Schwarz-Abrys si le hasard (pour ne pas dire un sous-jacent savoir) ne s’en était mêlé. J’ignorais pourtant que je l’avais. Je l’avais proprement oublié. C’est cependant la première chose qui m’est tombée sur la gargoulette, cette petite brochure bleue sale, lorsqu’en voulant mettre de l’ordre dans le capharnaüm de ce qui me sert de bibliothèque, j’ai fait valser une pile de documents divers. «Bienencontreux acte manqué», me suis-je dit.
Tout à fait réussi, si l’on considère qu’atterrissant sur ma moquette double épaisseur, ce numéro 22 de la revue de Verviers, daté de 1956, s’est ouvert sur un article d’Anatole Jakovsky, intitulé : Schwarz-Abrys ou Peinture au couteau sans cran d’arrêt. Il ne pisse pas loin. Il fait partie de ces petits textes oubliés qu’on n’arrête pas de retrouver par ci par là tant il est vrai que l’Anatole a pu se disperser. C’est du bla-bla.
On n’y apprend pas grand chose. Sauf que Schwarz-A. résidait dans l’impasse Deschamps à Ménilmontant et qu’un séjour d’été au bord de la mer a inspiré au peintre des tableaux peints avec les yeux des sirènes. Ce n’est pas évident à voir la repro qui accompagne l’articulet de Jako mais il s’en trouvera peut-être parmi vous pour en faire son miel (ou son «biju», pour les Animuliens attentifs).
09:40 Publié dans Gazettes, Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anatole jakovsky, léon schwarz-abrys | | Imprimer | | |
11.10.2008
Gentil chapon touche du bois
L’autofiction est à la mode et Schwarz-Abrys, un de ses devanciers, sort de l’ombre avec Gentil chapon touche du bois aux Editions Cambourakis. «Encore un Hongrois», me direz-vous, «et encore un ouf» avec un titre pareil, dans une pareille collection (En Démence). Vous y êtes presque. Le nom de Schwarz-Abrys, pour les amoureux de l’art brut reste lié à une expo historique : l’Exposition d’œuvres exécutées par des malades mentaux (peintures, dessins, sculptures et décorations) organisée par le Centre Psychiatrique Ste-Anne du 16 au 28 février 1946
Intérieur de l'exposition
Le 15, jour du vernissage, Gaston Ferdière, qui avait apporté des œuvres de Rodez, conférencie mais le catalogue dit bien que c’est «avec le concours de Schwarz-A» que l’expo se déroule.
Qu’est-ce qui vaut à ce peintre autodidacte qui s’est fait connaître en 1939 au salon des Indépendants avec des tableaux à clous, cet «honneur» et cette mission ? La virtuosité avec laquelle, après guerre, il joue avec l’auréole de la folie et avec son image de persécuté, tout à la fois.
Né en 1905 à Satoraljanjhely dans une famille juive de journaliers agricoles, S.-A., peut-être à cause des mesures antisémites du régime d’Horthy, quitte la Hongrie pour venir en France où il se marie. Engagé volontaire au début du conflit mondial, fait prisonnier puis libéré, selon lui par erreur, il passe la période de l’Occupation à Ste-Anne. Réfugié ou patient ? Il entretiendra toujours le doute sur ce point, semblant se servir de ses symptômes pour décrire, par la peinture et la littérature, sa vie d’aliéné.
Entre 1950 et 1955 (son heure de gloire), il publie 3 bouquins mêlant fiction et souvenirs asilaires.
C’est l’un d’eux : Gentil chapon… qui est réédité aujourd’hui avec une préface d’Anouck Cape.
Celle-ci a le mérite d’apporter un peu de clarté dans la brume volontairement ourdie par Schwarz-A : «ce récit d’un internement ne cesse de jouer avec les limites (…) qui séparent la folie et la raison, le témoignage et la fiction, la vie et la littérature».
A l’époque, on a comparé S.-A. à Céline, ce qui est pousser loin le bouchon. Relisons plutôt, sur les mêmes thèmes, Force ennemie de John-Antoine Nau, le premier Prix Goncourt.
Les autres romans schwarz-abryssiens sont pourvus de titres aussi loufoques : Ni chardons ni duvets et surtout L’âne ne monte pas au cerisier (1950, mais pas trop coton à trouver sur le marché de second hand). Je résiste pas à vous en montrer la graffitique couverture et la racoleuse bande-annonce.
Ce livre a par ailleurs l’avantage de contenir des repros –en noir, hélas– des portraits de fous d’un vigoureux expressionnisme (!) peints en live à l’asile par Schwarzys ou d’après études, allez savoir !
13:52 Publié dans Ecrits, Expos, Gazettes, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, léon schwarz-abrys, gaston ferdière | | Imprimer | | |
06.09.2008
Ovartaci : Brut et Danois
Ovartaci, super créateur d’art brut Danois, comptait Asger Jorn parmi ses inconditionnels. Son œuvre n’en demeure pas moins méconnue. Aussi devant son nom, aperçu dans le dernier numéro de Raw Vision (64, autumn 2008, p. 69), j’ai poussé un «glop-glop» de plaisir.
La lecture de la brève de John Maizels, relative au bouquin de Johannes Nielsen : Ovartaci, Pictures, Thoughts and Visions of an artist, m’a rappelé mes vacances 2003 au Danemark où j’étais grimpé pour mettre mon daddy à l’abri de la canicule.
Je vous ferai une autre fois le récit de mes rencontres brutes dans la lumineuse fraîcheur du Jutland, sachez seulement qu’à Århus, en excursionnant au musée de l’hopital psy, j’ai eu le choc de ma vie (enfin, l’un des chocs) en rencontrant les insidieuses, longilignes, félines, inquiétantes et sexuelles créatures d’un peintre, sculpteur schizophrène qui demeura là 56 ans, chouchouté par une équipe soignante qui admirait son travail artistique.
A l’époque de ma visite, la version en anglais du livre de Nielsen, le psychiatre d’Ovartaci, n’existait pas. L’auteur m’avait gentiment dédicacé la version originale mais j’avais dû me contenter, par ignorance danistique, d’en lire le titre : Ovartaci, En kunstners billeder tanker og visioner.
Dommage pour vous ! J’aurais pu vous en parler plus tôt. Il est vrai que je vous cause d’un temps où votre petite âme errante n’existait pas ! Imaginez le monde sans Animula Vagula… Fermons la parenthèse.
J’aurais pu vous dire le frisson fantastique que c’était de découvrir ces peintures et ces sculptures terribles et ce non moins étrange mobilier peint où dominent les thèmes ésotériques à base de métamorphoses femme-animal.
J’aurais pu vous parler de ces foules tout en flammes où crépite le feu ardent de la psychose, de ces cauchemardesques et fascinantes scènes en abîme, peuplées d’entités femelles à la taille de guêpe, aux ailes de libellule et aux yeux égyptien-reptilien.
On vit plus d’une vie avec Ovartaci. Lui-même voyageait sans arrêt au gré des réincarnations dont il se souvenait. Dans cette vie, il s’appelait Louis Marcussen de son vrai nom, avait vécu en Argentine, était calé en bouddhisme. Longtemps yogi, son désir de maîtrise sur son corps l’avait sans doute conduit à une automutilation qu’il évoque dans un chapitre du livre de Nielsen, en commentant l’un de ses tableaux : Naked bathing girls.
Son esprit toujours occupé de migration d’un sexe dans l’autre, Ovartaci parle volontiers de lui-même comme d’une petite fille. Il se décrit aussi comme un «virul», le représentant d’un 3e sexe.
Sa façon de tout ovartaciser séduisit Jean Dubuffet qui s’intéressa à son cas grâce à son copain Asger Jorn.
Asger Jorn et Jean Dubuffet en 1961
Photo : Musée de Silkeborg
Ce grand artiste Cobra-Situ, fit cadeau de deux pièces d’Ovartaci à la Collection de l’Art Brut de Lausanne.
A ma connaissance, on ne les y montre pas. Est-ce parce qu’en 1979 Ovartaci participa à l’Exposition Outsidere au trop fameux centre d’art contemporain de Louisiana ?
Si c’était le cas, le temps ne serait-il pas venu de rectifier le tir ?
21:39 Publié dans Gazettes, In memoriam, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ovartaci, art brut, asger jorn, jean dubuffet | | Imprimer | | |
03.08.2008
Quel est ce spectre ?
Quel est ce spectre ? Vous pensez bien qu’à peine je l’ai vu, je lui ai sauté dessus. Il gisait là, ce vieux numéro de Sciences et Voyages parmi un tas de vieux papiers dans une de ces crasseuses brocantes de je ne sais plus quelle sous-préfecture dont je raffole. Il n’attendait que votre petite âme errante pour ressusciter des morts et c’est chose faite grâce à la magie d’Internet.
C’est bien sûr pour sa crevante couverture alien que je l’avais HT mais bien m’en a pris puisqu’en feuilletant l’intérieur, j’ai découvert un article tout de même pas d’hier sur le Palais idéal du Facteur Cheval.
Il n’est pas cité (avis à la population thésarde!) dans la Biblio de la grosse somme de Jean-Pierre Jouve, Claude et Clovis Prévost sur le Palais I, rayon des «articles publiés après la mort du facteur».
L’auteur André Lejard, un critique d’art qui a bossé sur les Tapisseries de l’Apocalypse d’Angers et sur la Tapisserie de Bayeux, était aussi le rédac-chef de S. et V. Au sommaire il voisine avec Léonard de Vinci, ingénieur militaire, Les Derniers Aïnous (par A. Leroi-Gourhan), Les Villes mortes des Andes péruviennes, Quelques insectes aux mœurs étranges.
Pas mal quand même, compte tenu de la date où c’est sorti : octobre 1941.
11:25 Publié dans Gazettes, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, ferdinand cheval | | Imprimer | | |
13.06.2008
Coquillages de Seba
Toujours sur la piste des têtes composées (voir mes notes du 10 juin et du 8 septembre 2007 : Beau masque à Bordeaux et Merveilleux Arcimboldo), j’ai pensé que cette image capturée dans un livre d’Albert Seba (1665-1736) pourrait vous concerner, petits curieux que vous êtes ! Seba est une espèce de pharmacien qui a constitué plusieurs cabinets de curiosité dans sa vie. Il a donné une sorte de catalogue de sa collection avec des gravures artistico-scientifiques qui font fureur encore aujourd’hui.
Bon, bin, si vous voulez en savoir plus, allez vous plonger dans la Gazette de l’Hôtel Drouot de cette semaine (n°23) pour y pêcher le papier de Sylvain Alliod sur la question. Papier accompagné de ces coquillages et de cette tête fabriquée à partir d’eux.
23:55 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
11.06.2008
Souvenirs de Franc Barret
Avec le retour des chaleurs, plutôt que du giron de son chéri qui colle, on rêve aux bras glacés de l’abominable homme des neiges. Pas le grand escogriffe de Tintin au Tibet qu’un éclair de flash intimide mais le sauvage, le fier et même le tout à fait farouche Yéti de la ferme Barret à Pineuilh dans la Gironde, près de Sainte-Foy-la-Grande. Ce monstre au corps couvert de barbe de maïs était sorti, avec ses crocs carnassiers, non de l’imagination, mais bien des rêves affreux de Franc Barret.
Agriculteur le jour, Franc (ou Franck comme on le voit écrit maintenant) occupait ses nuits à pétrir l’argile et à modeler des sujets qu’il décorait selon ses conceptions d’autodidacte en matière d’histoire, de zoologie, d’art et de science-fiction de série B. Cela a l’air marrant et pourtant c’était loin de l’être. Franc Barret n’était pas le genre de gars à se couler dans les pantoufles d’une singularité pépère. Il aimait le poil, les vampires ensanglantés et les chaînes. Sa création le consumait. Il maigrissait à vue d’œil.
Le musée bizarre qu’il avait installé chez lui pour mettre en scène, pêle-mêle, son Vercingétorix, sa sainte Blandine, son panorama de Lourdes, son homme de Néanderthal ou son Martien, tenait tout à la fois du jardin des plantes, du museum d’histoire naturelle, d’un cabinet de fétichiste et d’une réserve de maquettes. Il faisait peur, même aux gendarmes.
On y respirait un parfum d’inconscient chaud bouillant, distillé à partir des moyens les plus simples : insomnie, petit maillet en bois, aiguille, vieux rayon de bicyclette. Cocktail de bricolage et d’inspiration impérieuse !
«Une force irrésistible le jette au bas de son lit, les rêves se transforment chez lui en réalité. Il voit son œuvre s’ébaucher et ses mains opérer».
Je pique ces lignes à un article du journaliste Geo Sandry, auteur de livres sur l’argot. On peut pas dire qu’elles courent les rues les publications où il est question de Franc Barret! Cet article introuvable m’a été signalé par un Animulien collectionneur fatal. Il est paru vers 1957 dans une petite revue conservatrice (on y flingue la jeune action-painting américaine) : L’Information artistique, n°55.
Je sais pas qui est ce Maurice Doriant qui a donné 8 de ses photos (abominablement reproduites hélas !) pour accompagner le texte de Sandry mais ce Géo «Trouvetout» a visiblement Franc Barret à la bonne. Il décrit bien le «climat permanent de souffrance» où vivait le sculpteur et «les cinq minutes de joie explosive» qu’il ressentait quand il avait terminé une œuvre.
Le grand mérite de Géo Sandry est de nous restituer les propos du paysan-créateur : «Je marche au radar. Une voix qui est en moi, me commande et j’agis (…). Et c’est ainsi que, par une sorte d’automatisme, en obéissant à cette voix, j’arrive à reproduire les formes et à donner l’expression».
C’est sans doute en raison de ce caractère vivant que son reportage a servi de source aux 3 pages (illustrées d’une photo de Ch. Stroh) qu’Anatole Jakovsky a consacré à Franc Barret dans son livre en allemand Damönen und Wunder.
23:36 Publié dans Gazettes, Images, Jadis et naguère, Musées autodidactes disparus, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : franc barret, art brut | | Imprimer | | |
06.05.2008
Voyage de Rate-jolie à Rothéneuf
Des boni, pas des boniments!
Comme je sais parfaitement que vous me regardez d’une oreille distraite pour cause de longs ouikènes printaniers avec soleil soudain qui deshydrate (rate-jolie pour celles et ceux qui connaissent leur Robert Tatin par cœur), je me contenterai de quelques zimages pour en rajouter une cuillère à café sur 2 de mes bavardages récents.
D’abord, pour vous dire que notre Anatole Jakovsky chéri s’est montré un poil rapide dans son étude sur Les mystérieux rochers de Rothéneuf (Encre, 1979) quand il affirme : «Hormis un méchant articulet paru au mois de juin 1907 dans Les lectures pour tous sous le titre : Excentriques confrères de nos artistes (…) on ne trouve plus de trace imprimée de l’abbé Fouré jusqu’à la publication, en 1952, d’une espèce de guide des Rochers sculptés, rédigé par M. H. Brebion, propriétaire des lieux (…)».
Voici un poème sur les Pêcheurs bretons dont l’auteur est un Poirier (Joseph-Emile). Cela crève les yeux, même si la repro est à chier, qu’il est illustré d’une vue photographique des Rochers sculptés.
On est en 1913 et c’est dans l’Annuaire des Bretons de Paris et de la Seine.
Et puis pour mettre un peu de couleurs dans votre bonus, voici une amusante Décalcomanie imprimée rue Lepic à Paris chez un Marcel, Guillen du nom. Je sais pas de quand elle date mais elle a pas l’air d’hier. Comme j’ai ôté le papier protecteur pour vous la scanner, il ne me reste plus qu’à la tremper dans la flotte, «à faire glisser le décor par une légère pression des doigts» pour le transférer sur la couverture du carnet qui me sert à noter les bêtises que j’entends (et que je dis) dans les vernissages.
Pendant que je suis dans les sacrifices et pour venir rebondir sur le face à face Edmund Monsiel/Jean Véber, amorcé le 18 mars 2008 dans mon post Brute de caricature, j’ai à moitié désossé Surfanta, une pauvre petite revue italienne (turinoise exactement) post-surréaliste de 1964 afin de capturer cette tête d’yeux, intitulée Voyage, de Steen Colding de Copenhague.
Tout autre chose pour finir : cette extraordinaire photo empruntée à un site qui se décarcasse pour les travaux anonymes des «excentriques confrères». Photo d’un lieu de détention allemand, dirait-on. Y’ a pas d’explications mais il y a plusieurs clichés.
Allez-y voir, ça vaut le détour.
00:05 Publié dans Ecrits, Gazettes, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, anatole jakovsky, robert tatin | | Imprimer | | |
19.04.2008
Regard, une revue à cent pour cent
Ce n’est pas parce que l’on a 100 ans qu’on ne pourrait pas faire la teuf !
Marie Morel n’a pas 100 ans mais son petit Regard arrive à son 100e numéro.
Pour les celles et les ceux qui ne le sauraient pas encore, Marie Morel, non contente d’être la fille de son père (l’éditeur) et de sa mère, la géniale maquettiste Odette Ducarre, est un peintre qui a 2 expos sur le gaz. Au Musée Faure, à Aix-les-Bains (18 avril-16 juin 2008) et chez Paul Gauguin, à Pont-Aven, à la Galerie B (31 mai-27 juin 2008).
Et figurez vous que ce peintre édite depuis des… un amour de petite revue à glisser dans la poche intérieure de son kangourou quand vous partez on the road again vous refaire des mollets d’acier et perdre les fatals kilos de trop gagnés à vous gaver du cake aux olives concocté par votre copine Sophie.
Regard accompagne votre vie durant les mornes stations de métro qui séparent votre nid d’amour du lieu de vos exploits bureautiques.
Regard est surprenant comme un bonbon sous un papier qu’on défroisse. Régalant souvent, décevant parfois, suivant que vous vous intéressez plus ou moins aux artistes dont MM fait pour vous la rencontre, un par un, chaque numéro traitant un cas de ses attachantes figures qui forment sa tribu.
Acidulé et divers, Regard poursuit opiniâtrement son bonhomme de chemin car on sent chez sa maman quelque chose d’inaltérable, d’inflexible même. Certains diront qu’on ne lui connaît pas d’ennemis. Elle doit bien en avoir pourtant, comme tous les gens qui osent manifester des choix, dire leurs préférences, mais elle préfère les ignorer.
Les créateurs qu’elle interroge avec une sorte de naïveté charmante et désarmante aux faux-airs de zazie en première communiante, n’appartiennent pas tous à la famille nombreuse de l’art brut, éloignés cousins et arrières-cousines compris.
Comme Marie a beaucoup d’amis, elle peut se permettre de jouer avec les nerfs du lecteur.
Marie nous enchante, Marie nous désespère, au fur et à mesure que nous trouvons ou non chez elle notre tasse de Lapsang Souchong. On s’abonne, on faiblit, on oublie, puis on se bonne et rabonne à Regard.
Si comme votre petite âme errante, vous avez un peu perdu le fil du Regard, c’est le moment d’une bonne piqûre de rappel.
A la Halle Saint-Pierre (on ne présente plus) le jeudi 24 avril 2008 de 18 h 30 à 21 h 30, vous pourrez compléter votre collec de Regard, vous en prendre pour 10 ans, vous faire dédicacer les anciens numéros par certains des artistes regardisés, avoir une pensée pour ceux qui nous ont quittés mais dont les ombres danseront joyeusement le rock’n roll dans le show qui ce soir là réunira musicos, glapisseurs de micro, émules de David Copperfield (pas le vrai, le magicien), gugusses et clowns blancs (il y en a toujours à la HSP), acrobates (c’est haut de plafond), poètes et papouètes.
Car faut-il prendre une sono pour vous le dire : chez Saint Pierre, c’est la fête à Marie, c’est la fête à Regard !
P.S. ouaf, ouaf ! (lu et approuvé) mais la P.A.E. oublie de vous dire qu’il y a un bouquin sur Regard qui sort à cette occasion.
Il y aura du canigou.
Signé : Louping
17:42 Publié dans Ecrits, Expos, Gazettes, Images, In memoriam, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, chomo, simone le carré-galimard, francis marshall, louis pons, marie morel | | Imprimer | | |
30.03.2008
Bal masqué parmi les capotes
Dans un bouquin de cet Anatole (Eros du Dimanche), paru en 1964 chez Jean-Jacques Pauvert, avec une grotesque bande (honni soit qui mal y pense!) préservative, indispensable en ces temps où tante Yvonne et André Malraux (l’esthétique tranquille) règnaient sur la culture, on trouve un «étui pénien populaire espagnol (Gomas)» en direct de la même capitale catalane.
Si je vous parle de ça, c’est qu’à la réprobation de mon chéri et de mon daddy réunis, les hasards d’une brocante ont fait entrer dans mon petit chez moi (honni soit…) ce délicieux petit préservatif ruskof qui ressemble à un jouet traditionnel de là-bas.
Présenté sous globe comme un bouquet de mariée et sous la marque « surréaliste » Gala, il mesure 70 millimètres de haut. Ce chou-mignon s’étant périmé le 12 décembre 2005, c’est déjà une antiquité digne des Animuliens friands de curiosités populaires.
01:47 Publié dans Gazettes, Images, Jeux et ris | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anatole jakovsky | | Imprimer | | |