26.03.2012
J.D.J. ouvre l’œil
Iris Clert dans la Gazette de l’Hôtel Drouot, forcément ça fait tilt. Surtout si son portrait est l’œuvre de Gaston Chaissac qu’elle exposa dans sa galerie au beau temps du pop.
Aujourd’hui, ce qui fait boum c’est la vente publique où figurera samedi 31 mars 2012 cette gouache-missive réalisée au verso de dessins d’enfants.
Je dis «boum» parce que cette vente intitulée L’œil de J.D.J est incontestablement l’événement de la semaine pour ne pas dire plus. Les petits détectives ne devraient pas avoir trop de mal à deviner le nom de celui qui se présente sous ces initiales. Laissons lui l’avantage de cet anonymat qu’il partage d’ailleurs avec un des dessinateurs représentés dans le catalogue : Dominique le tricoteur, pour ne pas le nommer.
Le catalogue qu’on peut feuilleter sur le site du commissaire-priseur C.J.D. (Christophe Joron-Derem) profile de cette manière ledit J.D.J. : «historien d’art passionné, commissaire d’expositions, a conseillé pendant plus de 30 ans un groupe de collectionneurs». L’ensemble d’œuvres de la vente qui comprend de très beaux Macréau
un Scottie qui fait peur tellement il est sublime de mystère
des Nitkowski très bien choisis, un Aloïse pas banal, des Boix-Vives qui se laissent super bien regarder et des Chaissac que je mettrais volontiers dans ma cambuse) provient de ces collections particulières.
La démarche me rappelle celle de La Peau de l’Ours, cette asso de collectionneurs qui, au début du 20esiècle, s’étaient constitué un joli stock de cubistes, nabis et autres fauves pour s’en délecter un certain temps avant que celui du business soit venu.
Sauf que là c’est plutôt aux frontières de l’art brut, sur les terres de la Figuration narrative, de l’Art naïf et de la grande Singularité inclassable que cette éphémère collection a été constituée avec Patience et Circonspection, petites sœurs d’un goût très sûr. Evidemment, il vaudra mieux être thuné samedi si vous voulez vous aligner car m’est avis qu’il y aura de la concurrence. Mais comme c’est la fin du mois, vous aurez touché vos petits sous. D’ailleurs, l’étude est bonne fille et certains lots sont loin d’être inaccessibles pour qui veut absolument repartir avec un petit souvenir de la vente. De belles photos de Chaissac prises en 1962 par la journaliste Renée Boullier sont estimées ainsi dans les 300/600 zorros. Cliquez bien sur «Lire la suite» quand vous consulterez les descriptions des 57 lots proposés à votre rapacité. Cela vaut le détour.
Surtout la première, un autoportrait d’Alexandre Lobanov. Pour la bonne raison que c’est là que vous trouverez l’avant-propos (assez touffu car à plusieurs voix) de la vente. Je vous recommande surtout la partie centrale, bien torchée car philosophique et onirique. Cette réflexion-méditation sur l’œil et le regard, qui cite J.-B. Pontalis et Roland Barthes, est due à un jeune chercheur du nom d’Olivier Jacquemond. Bon, je vous ai mis les points sur les i alors maintenant, tous à l’expo, tous à la vacation!
23:49 Publié dans art brut, Encans, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, iris clert, gaston chaissac, michel macréau, scottie wilson, anselme boix-vives, la peau de l'ours, alexandre lobanov, olivier jacquemond | | Imprimer | | |
04.02.2012
L’art brut dans l’œil de 303
Cet hiver lucide restera dans les annales animuliennes comme celui de 303.
Trois cent trois, c’est pas le nom de la vieille Peugeot de votre archi-grand papy, c’est celui d’une revue très classe éditée avec de la thune des Pays de la Loire.
Merci, la Loire-Atlantique, le Maine et Loire, la Mayenne, la Sarthe, la Vendée (44 + 49 + 53 + 72 + 85 = 303). Si tous les autres départements se décarcassaient pareillement pour les arts, les recherches et les créations ce serait au poil.
Dans l’œil de 303, il y a «la solitude des champs, le bonheur des plages, le son des marchés» aussi bien que «la foule des gares, la vitesse des machines, le rouge des avions».
Il peut bien y avoir l’Art brut, outsider, modeste. C’est le cas avec le 119 de 2012, un beau numéro que l’on caresse du doigt avant de le mettre dans l’œil central de la couverture qui représente, dans des tons volontairement non racoleurs, un de ces tableaux-cibles utilisés autrefois dans les tirs forains du Cercle de Chemazé en Mayenne.
Cet œil de 1895, qui nous regarde autant que nous le regardons, n’est pas seulement le symbole de cette publication. Intitulé Je la vois venir, il signe malicieusement le travail du maître d’œuvre de ce remarquable chantier d’écriture : la critique d’art, conférencière et prof d’histart Eva Prouteau. Comme la fameuse statue d’Emile Taugourdeau de Thorée-les-Pins dans la Sarthe, cette Eva-là mériterait le titre de Magicienne.
«Sous l’égide de Gaston Chaissac et de Robert Tatin, faux bruts et vrais sauvages savants», elle a rassemblé «de nombreux créateurs qui bousculent et cabrent les cadres culturels»
Fleury-Joseph Crépin
A. Guillard © Ville de Nantes-Musée des beaux arts
Chomo, Giovanni Bosco
Richard Greaves
© Mario del Curto/strates
Aimable Jayet, Hélène Reimann
© C. Dubart/LaM
et beaucoup d’etc.
«La famille des habitants-paysagistes (…) n’est pas en reste» avec Fernand Chatelain, André Pailloux, Jean-Pierre Schetz et consorts. Elle n’a pas oublié non plus d’«extra-ordinaires» objets populaires, «sortis de collections méconnues» comme ces douilles d’obus gravées par des Poilus de 14-18.
© B. Renoux
Eva Prouteau pour parler de ces sujets qui vont des bâtisseurs de l’imaginaire aux médiums en passant par les peintres muralistes et les musées a su fédérer et croiser des bonnes volontés venues d’horizons divers : conservateurs (Savine Faupin, Daniel Baumann, Patrick Gyger), responsables de centre de doc (Brigitte Van den Bossche), directeurs de site (Bruno Godivier), chercheurs indépendants (Bruno Montpied), écrivains (Fédéric Dumond, Jean-Louis Lanoux), chargés de mission (Vincent Cristofoli), artistes (Laurent Tixador), critiques d’art (Laurent Danchin), photographes (Ph. Bernard, B. Renoux, Mario del Curto). Pardon si j’en oublie. Se reporter aux pedigree, astucieusement mêlés au sommaire, ce qui les rend plus digestes.
Eva a même fait une place à la blogosphère. Et je suis pas peu fière qu’elle ait accepté de glisser ma mauvaise «langue aux registres feuilletés» dans tout ce beau langage.
Car chacun, visiblement a fait de son mieux dans cet exercice. Tout le monde s’est mis sur son 31 pour 303. C’est que l’enjeu en valait la peine. Comme au printemps dernier, le n°24 d’Area, ce numéro spécial de 303 vient contribuer à la synthèse de deux ou trois ans de débats autour des «aires de contact, d’attraction et de porosité» qui se multiplient «entre culture savante et culture populaire». J’emprunte ces expressions à l’édito d’Eva Prouteau. Celui-ci, qui a le mérite de la clarté, ne cache pas son penchant pour le «décloisonnement» comme si le territorial était tout (quid de l’autre scène Eva?). Mais cette préférence s’énonce en des termes si dialectiques qu’ils font incontestablement avancer le schmilblic : «Décloisonner ne veut pas dire amalgamer ou niveler».
20:50 Publié dans art brut, Blogosphère, Gazettes, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (6) | | Imprimer | | |
18.01.2012
Vintage & Revival, des revues très tendance
Vous allez dire que je me prends les pieds dans l’art-thérapie mais ce n’est pas ma faute si le sujet revient sur le devant de la scène par le truchement de la dernière livraison de la revue Création Franche. Ce ne sont pas moins de 4 articles sur 10 qui, par différents angles, abordent la chose.
«Art-thérapie» est d’ailleurs une façon de parler, une commodité langoustique puisque, au fur et à mesure que celle-ci se généralise, c’est plutôt le vocable d’«ateliers de création» qui est avancé. Ateliers par ci, ateliers par là, le terme revient souvent (au moins en filigrane) que ce soit pour le Creahm ou La Pommeraie en Belgique, pour L’Erreur en Italie, pour La Passerelle en France sous les plumes (ou grâce aux claviers) de Déborah Couette, Teresa Maranzano, Dino Menozzi et Bruno Montpied.
Pour aller vite, chez Dino j’ai remarqué «le rhinocéros hybride» de Giulia Zini, digne d’être enviée «pour la simple cohérence de son existence, pour la spontanéité avec laquelle elle se livre à son monde, pour le dédain exemplaire derrière lequel elle se réfugie, pour le sourire satisfait qui émerge toujours d’elle».
Maranzano m’a impressionnée avec les objets sous bandelettes et la cabane de Pascal Tassini qu’elle compare à un Merzbau. Ceci malgré des références un peu appuyées à Henri Focillon.
Bruno m’a tout l’air de recycler des infos qu’on a déjà lues sur son site.
Ce que j’ai préféré c’est le papier de Débo relatif au «travail d’Alexis Lippstreu» parce qu’à côté d’une simple étude de cas, elle s’attaque bravement à la question du faux mimétisme dans l’art brut. C’est à dire à cette capacité qui est la sienne de s’affranchir des influences par un véritable travail de transmutation.
«Un Gauguin par Lippstreu n’est plus un Gauguin mais un Lippstreu» conclut Déborah Couette et ça veut tout dire.
Sur le front des revues, signalons le retour -mais oui!- de L’Œuf sauvage. Vingt ans après, le mousquetaire Claude Roffat refait l’Œuf! Il sort -comme si l’eau n’avait pas coulé sous le pont Mirabeau- non une nouvelle mouture mais bien le n°10 de sa sauvagine revue! Le jarret est bon et le poignet ferraille quoiqu’avec moins de vélocité. L’avenir serait-il dans les œufs? On verra.
Ce numéro au parfum revival ne séduira pas que les nostalgiques ou les dénégateurs de temps qui passe. Les amateurs de cas plus récents pourront s’intéresser aux émouvantes convocations mortuaires des dessins de Ghislaine dont la lucidité terrible et désespérée crépite comme une flamme sous l’effet de l’oxygène existentiel.
Je vous en aurais bien dit plus sur ce come back et sur le contenu de ce numéro qui tourne le dos à une si grande plage de silence mais Alain Paire vient de poster à ces propos une de ces notes définitives dont il a le secret. Le mieux est de lui rendre visite.
11:21 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Jadis et naguère, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : création franche, art brut, art-thérapie, déborah couette, teresa maranzano, dino menozzi, bruno montpied, giulia zini, pascal tassini, merzbau, alexis lippstreu, paul gauguin, l'oeuf sauvage, claude roffat, ghislaine, alain paire | | Imprimer | | |
08.01.2012
Art brut : le Monde des bons apôtres
Timberlake a une fiancée. C’est la presse people qui le serine. Pas Le Monde.
Le Monde, depuis 1968, est un journal sérieux. Il se consacre aux sujets qui en valent la peine.
C’est pourquoi il est en passe de devenir l’organe officiel de l’art brut.
Je plaisante bien sûr mais le fait est que depuis que la boîte de Pandore lui a été ouverte par la voie de l’innocence (voir ma récente note intitulée Canardage et canotage), Le Monde s’adapte, Le Monde s’art-brutise. Le Monde s’engage, sous la plume de Patrick Martinat, pour le sauvetage des environnements d’art brut «en voie de disparition, voire déjà disparus».
Y compris ceux qui ne sont pas encore édifiés comme le tonitruant Colossal de Danielle Jacqui.
L’article de Patrick Martinat est paru dans l’édition en ligne du 7 janvier 2012. Il est écrit dans la foulée de ceux de Christophe Donner :-) et de Philippe Dagen :-( dont j’ai parlé dans mes posts précédents, le 29 déc. 2011 et le 1er janvier 2012.
C’est dire que Patrick Martinat a dû parer au plus pressé. Il a donc eu recours -faute de pouvoir se ménager les services de Jean Dubuffet, André Breton ou Claude Lévi-Strauss- au «critique Laurent Danchin» qui n’est pas homme à laisser sa part aux nouveaux spécialistes de la solubilité : Phil Dagen and Chris Boltanski pour ne pas les nommer.
Laurent Danchin possède d’impressionnants états de service et Patrick Martinat nous rappelle qu’il n’hésite pas à en faire état. Il se considère depuis 40 ans comme «le défenseur des créateurs oubliés». Exemple : «Après la mort de Chomo, nous avons réussi à mettre ses œuvres à l’abri (…)» dit-il. Un «nous» de majesté sans doute? Rappelons pour mémoire que Laurent Danchin fut l’expert de la vente publique des œuvres de Chomo.
Une façon comme une autre de les préserver sans doute? Les Animuliens apprécieront. Grâce à cet expert, «les anecdotes font cortège» nous dit avec soulagement Patrick Martinat. Et les légendes aussi sans doute.
Celle qui romantise la fin de Marcel Landreau notamment : «A la fin de sa vie, il a dû se résoudre à vendre sa maison, son œuvre, à un acquéreur qui avait promis d’entretenir le lieu… Et qui a tout démoli au bulldozer (…).
Si Patrick Martinat avait eu le temps d’aller sur Gougueule pour vérifier cette information fausse, il serait tombé sur mon blogounet où il aurait pu constater que Marcel Landreau avait pris soin d’emporter dans sa retraite un nombre non négligeable de ses sculptures en cailloux qui ont été retrouvées récemment, non par un grand spécialiste de l’art brut mais par un antiquaire talentueux : Freddy Tavard.
12:57 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art brut, journal le monde, patrick martinat, christophe donner, philippe dagen, laurent danchin, chomo, marcel landreau, le caillouteux, freddy tavard, danielle jacqui | | Imprimer | | |
29.12.2011
Canardage et canotage
Je suis pas la seule à canarder.
En complément de ma récente note sur le chapon de Noël, ma copine Hélène a cru bon de me signaler un article super intelligent de Christophe Donner paru le 23 décembre 2011 dans la rubrique «magazine» du journal Le Monde en ligne.
Donnerwetter, ce que je me suis dilaté la rate en lisant ce papier intitulé L’innocent accroché aux murs !
Heureusement que j’étais assise, j’aurais pu tomber sur le derrière à l’évocation de cette soirée de canotage parisien
10:59 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Jeux et ris, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christophe donner, josef hofer, art brut, art contemporain, critique d'art, galerie christian berst, christian boltanski, philippe dagen | | Imprimer | | |
27.12.2011
L’info qui venait du nord
Coucou, mes ch’tits loups ! L’information aujourd’hui vient du nord. D’Ixelles, très exactement, commune de Bruxelles-capitale. D’Ixelles qui mériterait de s’appeler XXL puisque son musée accueille rien moins que Dubuffet architecte.
Ixelles ou Elsene (que les Animuliens flamands m’excusent de ne pas savoir faire de jeu de mots dans leur langue) : demeure des aulnes selon wiki. C’est joli et c’est une bonne idée de cibler, avec cette exposition qui va durer jusqu’au 22 janvier 2012, l’activité bâtisseuse de notre Jeannot national.
Tout le monde peut pas marcher à l’ombre des arbres de la Chase Manhattan Bank à New York ou faire du remue-méninges dans le Cabinet logologique de la Closerie Falbala à Périgny-sur-Yerres. Aujourd’hui, grâce aux Ixelliens ou aux Elseneuriens, c’est 120 réalisations dubuffetiennes qu’on peut embrasser (smack !) d’un coup : plans, maquettes et œuvres originales.
Smack! aussi au MFPE (« Musée Familial Par Excellence »), autrement dit le LaM de l’autre côté de la frontière. Pour la fin de l’année, La Voix du Nord nous gratifie d’un entretien souriant de Sophie Lévy, sa directrice. Elle a du mérite. Elle turbine grave pour étendre la fréquentation de son musée, effacer l’«image élitiste» qui, selon Laurent Watiez, son interwiouveur, avait été «accolée» à son établissement.
On ne saurait le lui reprocher.
Mais là où il faut carrément féliciter madame Lévy c’est quand elle répond, à une question sur la «cohérence entre les trois sections» (art moderne, art contemporain, art brut), la chose encourageante suivante : «Aujourd’hui, je crois que j’ai arrêté d’essayer de faire la synthèse! Ce dont je me suis rendu compte, c’est que la richesse fait partie de l’identité du musée. Que les gens pouvaient venir en faisant le choix d’une des collections ou de deux. Il ne faut pas systématiquement forcer le croisement».
A bas la synthèse! Vous avez bien lu. On est invité à rendre visite à notre chère vieille Aloïse sans forcément se farcir le tonton Buren. Heureuse nouvelle! A croire que madame Lévy a lu ma note du 2 octobre 2011 (L’Univers peu connu d’Adolf Wölfli) où je me permettais de l’encourager bien poliment à «faire plus confiance à l’art brut».
Si ce n’est pas votre cas,
amis lecteurs, amies lectrices,
il n’est pas trop tard
pour bien faire.
19:35 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Gazettes, Miscellanées, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean dubuffet, sophie lévy, lam, art brut, art moderne, art contemporain, villeneuve d'ascq, ixelles | | Imprimer | | |
26.12.2011
Une terrible beauté arrive à sa fin
Vous reprendrez bien deux ou trois oies pour la route? Alors voici celles-ci dessinées au pochoir sur peau de phoque par des Inuits dans les années soixante du siècle dernier. Sont-elles pas mimi? On sent que ces gars-là ont la forme dans la tête.
J’ai trouvé ce dessin au milieu d’autres bien chamaniques dans un numéro de Graphis (N°108-1963–vol.19), un superbe canard d’arts graphiques et d’arts appliqués qu’on m’a offert hier, sachant mon goût pour les eskimos glacés.
Car j’ai été blindée de Kdo figurez-vous. C’est un peu tard d’accord mais c’est toujours comme ça : à peine on vient de pondre une note que le hasard vous donne du rab de doc.
C’est un peu tard aussi pour vous orienter sur la Biennale de Lyon 2011 qui se termine le 31 de ce mois de décembre. C’est la 11edu genre et cette fois-ci elle pousse ses ramifications jusqu’à Vaulx-en-V’lin comme on dit là-bas.
Si je vous en parle c’est parce que parmi cette «terrible beauté» qui est née côté Rhône-Saône, Victoria Noorthoorn, l’argentine commissaire de cette manifestation qui ambitionne de «restaurer un dialogue de proximité entre les œuvres, les artistes et le spectateur» (propos de VN recueillis par Geneviève Nevejan dans la Gazette de l’Hôtel Drouot du 28 oct. 2011) n’a pas craint de s’autoriser un petit coup d’art brut avec Arthur Bispo do Rosario.
Une image de veste décorée par lui, trouvée dans la blogosphère en dira plus aux régionaux de l’étape qui trouveraient encore moyen de se rendre à la Biennale.
Excusez du peu, j’ai pas le temps de faire mieux. Si je tarde à poster vous en prenez pour deux ans.
11:11 Publié dans art brut, Blogosphère, Expos, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, arthur bispo do rosario, biennale de lyon, victoria noorthoorn, revue graphis, art inuit | | Imprimer | | |
03.12.2011
Méli-Mélo de décembre
Aujourd’hui méli-mélo note. J’ai trop de retard à l’animulage. L’info m’arrive de partout et j’ai même pas le temps de remercier individuellement mes informateurs. Noël approchant, je suis allée dans La Chambre des merveilles chercher des cadeaux.
J’avais jeté mon dévolu sur un fourreau de poignard indonésien fait dans un os gravé de petites têtes à la Chaissac quand le monsieur qui vendait est venu mettre un gros point rouge dessus. Pour me consoler, je me suis offert le numéro d’automne de la revue Area sur le Patrimoine. Y’a des choses pour vous là-dedans.
Notamment un papier d’Elsa Ansker sur l’église parlante de Ménil-Gondouin avec documents de la Collec de Jean-Michel Chesné.
Le samedi 3 décembre 2011, j’aurais dû être à Marseille, chez Leclere (la maison de ventes) pour une vacation art brut et je n’y étais pas.
J’ai loupé le portrait de Lucien Henry par Louis Pons (émouvant)
Le rigolo livre érotique d’Ange Boaretto (n°149), un bottier qui fut l’époux d’une libraire nommée Cécile Eluard.
Le Château des sœurs jumelles : le très beau n°118,
Et le collage de Simone Le Carré-Galimard sous le n°162 dont la notice cite un «bel article» de Claude Roffat (il est en réalité de Jean-Louis Lanoux) sur l’artiste paru dans la revue L’œuf Sauvage.
La vente comportait en outre une quantité d’œuvres de Pierre Ledda. Des peintures et des sculptures (bien meilleures).
Moralité : faudra suivre un peu mieux les activités de cette étude marseillaise.
Marseille ça nous rapproche de Turin et pourtant, ce samedi 3 décembre, j’ai manqué aussi la présentation du livre de Gabriele Mina à la Galerie Rizomi. Costruttori di Babele, son titre et son sous-titre est alléchant : Sulle trace di architetture fantastiche e universi irregolari in Italia. Je ne traduis pas, ça parle tout seul.
Suivra sur le corso Vittorio Emanuele II et jusqu’au 14 janvier 2012, l’exposition Liguria brut !
avec notamment Marcello Cammi
et le luminescent Mario Andreoli dont Caterina Nizzoli, qui fait partie du staff de la galerie, me dit : «je crois que ça pourrait vous plaire parce que ce créateur s’occupe depuis 50 ans de remplir la colline de son village sur la mer avec ses sculptures qui s’allument».
23:55 Publié dans art brut, Expos, Gazettes, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, lucien henry, louis pons, simone le carré-galimard, jean-louis lanoux, revue l’œuf sauvage, pierre ledda, galleria rizomi, marcello cammi, mario andreoli | | Imprimer | | |
02.12.2011
Une bonne réponse au quiz contre-cultivé
Top chrono. Résultats du Quiz «Etes vous contre-cultivés?». La bonne réponse m’est venue par courriel et c’est Texas Instruments, décidément très remonté en ce moment, qui l’a donnée. Comme plusieurs de mes valeureux commentateurs, il s’est d’abord un peu égaré du côté de chez Bourdieu (faut dire que ça y ressemble) et puis il s’est «ravisé» et a pensé : «naaan, cousu de fil blanc, c’est plutôt du Dagen (…)». Et bien, il a raison! C’est lui qui gagne le pompon.
Ma petite phrase dézingueuse (comme dirait Louis Watt-Owen, l’animateur de La Main de singe) provient bien d’un article de monsieur Philippe Dagen paru dans Le Monde (des Livres) du vendredi 24 novembre 1995 à propos de la parution de Prospectus et tous écrits suivants (tomes 3 et 4) et de celle des lettres de Jean Dubuffet et de Witold Gombrowicz chez Gallimard.
L’article s’intitule : Le Commandeur Dubuffet et son ombre. Son chapô disait bien ce que l’auteur voulait dire : «Il est de tradition de célébrer le grand pourfendeur de la culture académique que fut le chantre de l’art brut. Mais trois nouveaux volumes de ses écrits apportent d’autres éléments, et le grand homme ne gagne rien à ces révélations».
Mais il en est des Dubuffetophobes comme des anticléricaux. Un jour ou l’autre, ils se jettent aux pieds de l’autel comme Joris-Karl Huysmans dans La Cathédrale après Là-bas. A trop brûler, c’est fatal on se met un jour à adorer. 16 ans après, Philippe Dagen a compris que l’art brut n’avait rien à voir avec une contre-culture ou bien il considère qu’il est devenu suffisamment académique pour être fréquentable. Même quand il s’incarne dans Josef Hofer, un extraordinaire créateur qui dessine tout de même beaucoup de zizis.
Passons pudiquement sur la question, à la différence de Michel Thévoz qui inaugurait son article dans le 22e fascicule de la Collection de l’Art Brut par un retentissant : «Venez voir Narcisse devant son miroir!(…) Un narcisse qui bande et qui se branle en contemplant son image».
Philippe Dagen dans la solide préface qu’il donne aujourd’hui au catalogue de l’exposition Josef Hofer alter ego à la galerie Christian Berst (jusqu’au 14 janvier 2012) nous épargne ces propos de libertin. Son texte, rigoureux et définitif, a quelque chose de la pureté d’un sermon dans le désert. Ce serait presque trop pour un gars comme Hofer (qui n’en demande sans doute pas tant) si l’auteur n’était du genre à se priver du biographique. Ebloui par cette pénitence, le lecteur est invité à cotoyer les sommets ensoleillés d’un formalisme sans concession ni casquette de randonnée.
Prenez tout de même vos chaussures à crampons et vos alpenstocks! Il faut parfois s’accrocher, surtout dans la première partie où l’on enfonce jusqu’à la taille dans la poudreuse phénoménologie.
Les occasions de rigoler sont rares : à peine un petit coup de patte de velours au yéti de l’asphyxiante culture qui a plus qu’intérêt à marcher à l’ombre.
Mais on sort de là grandi de tant de glaciale intelligence, étourdi de tant de vertigineuses descriptions, prêt pour la conversion aux mystères de «l’art contemporain». Amen.
01:12 Publié dans art brut, Blogosphère, Expos, Gazettes, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, josef hofer, philippe dagen, galerie christian berst | | Imprimer | | |
30.11.2011
Une nouvelle mission pour Lucienne Peiry
Le hasard veut qu’au moment où je reçois le 23e numéro des fascicules de l’Art Brut, la nouvelle du départ de Lucienne Peiry tombe sur mon téléscripteur. Merci à la généreuse Animulienne qui a propulsé ce diamant vert dans ma boîte aux lettres même si j’ai dû prendre un ouvre-boîte pour l’extraire (cher facteur, évitez à l’avenir de coincer mon courrier). Vous êtes une mère pour moi, madame la donatrice de si précieux cadeau! D’autant que votre lettre d’accompagnement se terminait par un «bien à vous ma chère»!. Evidemment, on m’avait menti. La couverture du 23 n’est pas vert pomme comme je le croyais (voir ma note du 15 octobre) mais sous sa robe émeraude qui a l’air de sortir de chez La Fée Maraboutée, il est très bien quand même.
Avec tous les téléphones portables qui vous couinent dans les tuyaux, je n’ai pas pu le lire dans le métro. Aussi suis-je incapable de vous livrer mes réactions que «vous seriez ravie de connaître». Je n’ai pu que le feuilleter et admirer les beaux portraits de créateurs qui «entent» (comme dirait André Breton) chacun des articles. C’est une innovation qui n’a l’air de rien mais qui nous entraîne sur une pente de personnalisation bien propre à l’époque.
J’ai choisi de vous parachuter Guo Fengyi dont la Collection de l’Art Brut montre depuis le 18 novembre dernier et jusqu’au 29 avril 2012 plusieurs dizaines d’étendards poétiques.
Est-elle pas mimi? On dirait une framboise des bois. On croirait pas que si petite dame puisse être l’auteur de si amples compositions.
Le texte que ce portrait chapeaute est de Lucienne Peiry. Nous y revoilà car je vous sens bouillir d’impatience. Sachez donc que les aventures de Lucienne Peiry s’enrichissent d’un épisode supplémentaire.
Lucienne s’en va, Lucienne nous abandonne, Lucienne Peiry «quitte la direction du musée de l’art brut» comme nous l’apprend 24heures.ch, journal numérique. Occultation momentanée en fait, rassurez vous, puisqu’elle se voit confier par la municipalité lausannoise un poste d’ambassadrice de la Collection.
Je n’ai pas tout bien compris mais d’après la presse, madame Peiry accèdera au poste d’attachée culturelle, dans un contexte de concurrence accru avec les nouvelles institutions (?) qui s’occupent du même sujet en Europe et celui d’une extension du marché de l’art brut.
Elle «sera ainsi la porte-voix de la collection, chargée d’enrichir son catalogue, de concert avec la direction et de stimuler la recherche scientifique» nous dit Marco Danesi dans Le Temps du 29 novembre 2011.
Cela nous promet de l’animation et à Lucienne Peiry du pain sur la planche. Elle va devoir retrousser ses manches et je lui souhaite de ne pas les tremper dans le café!
Le poste de direction de la Collection de l’Art Brut sera mis au concours. En attendant que quelqu’un soit recruté c’est Sarah Lombardi qui assurera l’intérim. Bon courage Sarah! Au boulot, madame Peiry! On vous en souhaite tant et tant.
00:37 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, lucienne peiry, sarah lombardi, collection de l'art brut | | Imprimer | | |