28.11.2010
Palermo : l’observatoire de «la creazione differente» présente son nouveau site
Je ne sais pas si je vais me la faire monter en bague ou me la suspendre autour du cou mais je vais sûrement faire quelque chose avec la «mappa murali Bosco a Castellammare».
Elle est trop belle avec ses tons de bleu et ses touches de rouge qui indiquent les murs peints par mon peintre sicilien favori. On peut la télécharger sur le nouveau site de l’Osservatorio Outsiderart de l’Universita di Palermo dirigé par Eva di Stefano.
Il suffit pour ça de cliquer «Sicilia» puis «I Luoghi» dans la colonne de gauche du tableau de bord de ce bel engin avec lequel il faudra compter maintenant dans l’espace brut européen.
Avec ce bolide palermitain, l’Italie rattrape définitivement son retard dans la compétition outsider et trouve sa place dans la nébuleuse des relations internationales.
Bravo au comité scientifique où l’on note la présence de Domenico Amoroso dont je vous ai déjà parlé.
L’O.O.U.P. ne va pas tarder à devenir un gisement d’informations et d’idées sur l’art brut et consorts. Du moins si on en croit son contenu inaugural qui recèle des découvertes : Salvatore Bentivegna (1923-2002), sculpteur de pierres de Sciacca (comme son homonyme Filippo)
ou Attilio Penzo, veneto et accumulateur-coloriste de l’ère du plastique totalitaire.
Avec le site, on nous propose la Rivista, une newsletter semestrielle.
Pour celle-ci, Teresa Maranzano renforce l’équipe dirigeante et puisque cette Sicilienne de Genève est aussi francophone, cela permet peut-être de voir se dessiner un axe sicilo-franco-suisse prometteur. A ce numéro un, Roberta Trapani, autre sicilienne bilingue (de l’espèce parisienne) contribue d’ailleurs avec une relation de la dernière Biennale d’Aubagne.
Les autres contributeurs pilotent des musées ou sont de dignes universitaires tendance «psy».
Lucienne Peiry nous fait le plaisir d’affirmer que, si on l’interroge sur l’existence ou non de l’art brut, elle n’a pas de meilleure réponse à faire que de préconiser une visite à la Collection de l’Art brut de Lausanne. «Oppure rispondo che un viaggo a Castellammare s’impone» ajoute-t-elle, pour inciter au voyage dans la patrie de Giovanni Bosco.
Cette première rivista de l’Osservatorio de Palermo regroupe certaines des interventions à un colloque organisé dans cette ville au printemps 2010. Voir ma note du 9 mars L’Echo des colloques. Cela donne à la chose un ton un peu trop sérieux qui conviendrait mieux à une publication savante sur papier. Mais la mise en page aérée qui ménage plusieurs niveaux de lecture, la lisibilité, l’importance donnée aux illustrations compense cet inconvénient relatif. Et puis j’adore le double filet bleu d’une élégance toute transalpine en encadrement.
Souhaitons cependant qu’à l’avenir les textes s’adaptent mieux encore aux contraintes du support. Et au public, nécessairement plus large sur la toile. Pensez aussi, signore e signori de l’O.O.U.P. que des gens qui comprennent mal l’italien vous lisent. Continuez à nous écrire dans votre belle langue mais n’oubliez pas, s’il vous plait, de nous offrir quelques phrases simples ou de courts résumés en tête de vos articles. Personnellement, je pourrai ainsi en parler mieux et plus vite!
16:11 Publié dans Ailleurs, art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : osservatorio outsiderart, palerm so, eva di stefano, lucienne peiry, teresa maranzano, roberta trapani, art brut, giovanni bosco, salvatore bentivegna, attilio penzo | | Imprimer | | |
07.11.2010
Images du Bellevue Hospital en 1938
Je pourrais vous dire que j’ai feuilleté ce magazine chez le coiffeur mais vous ne me croiriez pas. Il faut dire que le magazine en question date pas d’hier. Comme j’ai effectivement passé 4 heures chez le coiffeur afin de figurer dignement dans le trombinoscope du bureau, ça m’a bouffé tout mon samedi et j’ai pas eu le temps de vous pondre grand chose comme note. Alors dans la gamme psychiatrique, voici ce petit bout de reportage issu du numéro de Life du 24 octobre 1938.
Quelques dessins pas trop terribles de patients d’un hosto psy américain (U.S. Government and Bellevue Hospital de N.Y.C.) et surtout quelques photos d’ambiance d’un atelier de dessins au sein de l’institution. Ce n’est pas si courant.
D’autant qu’on est avant la guerre, dans la période de l’Anschluss. Dans le même magazine, on témoigne comment des commerçants autrichiens ont été contraints, dans leur pays, à fermer boutique parce qu’ils sont juifs. Ceci pour situer le contexte historique.
17:07 Publié dans Ailleurs, art brut, Gazettes, Images, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art-thérapie | | Imprimer | | |
02.11.2010
Maison bleue : une nouvelle jeunesse pour Laïka
Dernière minute : du nouveau sur la Maison Bleue! Pour une fois une bonne nouvelle. Cela va nous changer du concert de lamentations qui accompagne trop souvent l’actualité des environnements d’art brut. Que voulez-vous, il y en a qui ont du mal à s’y faire : les «bâtisseurs de l’imaginaire» ne travaillent pas pour la postérité et ils se moquent de la pérennité. Après eux le déluge. Leurs pleurnichards supporteurs ne comprennent pas que ça ne sert à rien de s’insurger contre la végétation sauvage qui part à l’assaut des colonnes de Bodan Litnianski. C’est dans la logique des choses. Est-ce que bouffés par la forêt les temples khmers sont moins beaux? Vraisemblablement pas.
Tout de même, c’est plus fort que nous : quand on apprend qu’un de nos chers sites d’art brut va voir prolongée sa vie terrestre, on frappe dans nos mains comme des otaries dans leurs nageoires. Il vaut mieux célébrer ce genre d’événement que les catastrophes de l’érosion, du vandalisme et du déclin. On n’alimente pas ainsi la morosité des nouvelles générations. On ne leur présente pas toujours la même image misérabiliste et défaitiste de l’art brut.
Donc, même si pour l’instant ça ne concerne que deux des édifices de La Maison bleue: le Mausolée à Laïka
et le Sacré-Cœur
c’est régalant d’apprendre par les archives de Ouest France Basse Normandie (30 octobre 2010) que les élus ont voté la restauration de la maison d’Euclides Da Costa à Dives-sur-mer. Et que le pognon a été trouvé pour ça. Ils s’y sont mis à 5 : Drac + Association + Fondation du Patrimoine + Conseil général + Ville. Bravo messieurs, merci mesdames!
C’est une entreprise de Braslay dans la Vienne (Poitou-Charentes) qui, après appel à concurrence, sera chargée du boulot. Entre la somme réunie (46165 €) et celle que ça coûtera (52157 €) on note une légère différence de 5992 € mais ça devrait pouvoir s’arranger.
Pourvu que la restauration soit réussie et qu’on trouve de la thune pour la suite. Et qu’on jette les mouchoirs trempés à la poubelle!
00:05 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, euclides da costa, maison bleue | | Imprimer | | |
01.11.2010
Les petites maisons de Juqueri
Décidément, on me lâchera jamais la grappe!
Je m’étais organisé une petite journée pénarde favorable à la méditation du 1er novembre et puis patatras, c’était compter sans le brain trust d’élite constitué par mes lecteurs. L’un d’entre eux, après mon post du 17 octobre 2010, m’avait mailé pour me dire que l’une des images de cette note
lui faisait penser à un petit dessin «qui est à Sainte Anne et qui a été dans le catalogue de la Clé des Champs».
Comme vous êtes très musclés du bulbe, je vous rappelle pas ce que c’est que le centre hospitalier Sainte-Anne of Paris. Mais pour les Animuliens distraits qui l’auraient oublié, La Clé des Champs c’était le titre d’une fameuse expo de 2003 à la Galerie Nationale du Jeu de Paume où ce qu’on avait pu voir une expo Bispo do Rosario pas piquée des hannetons. L’auteur du dessin reproduit page 108 du catalogue de La CdC est un Brésilien du nom de José Theofilo R.. Et ce dessin a dû paraître bien fort aux concepteurs graphiques du catalogue (Sign-Bruxelles) puisqu’ils l’ont utilisé aussi en camaïeu de jaune et brun-rouge pour la couverture.
Les choses en étaient restées là et j’avais laissé planer en attendant que mon correspondant savant (qui s’étonnait de la «provenance Nevada» indiquée par Raw Vision) m’en dise plus. Il ne pouvait pas chercher très rapidement mais il était sûr de trouver la référence dans le livre de Volmat. Aujourd’hui, c’est chose faite et je suis en mesure de vous dire que «le livre de Volmat» en question c’est celui des P.U.F. paru en 1955 quand mon daddy était encore en maternelle. L’art psychopathologique que ça s’appelle ce classique et avec un peu de chance ça se trouve chez les bouquinistes. C’est un joli gros pavé plein de renseignements qui accompagnait la méga-expo internationale au 1er congrès mondial de psychiatrie.
Ouf, ouf. Effectivement quand on va à la page 15 de cette œuvre volmatique, qu’est ce qu’on lit? la notice reprise dans le catalogue de La Clé des Champs.
A savoir qu’il s’agit de «José T. R., mulâtre, paysan, 31 ans, schizophrénie catatonique. Dessins stéréotypés : traits géométiques, faits à l’aide d’une boîte d’allumettes, employée comme tire-ligne. Il n’y a pas dans l’infinité des maisons et des églises qu’il dessine, deux modèles semblables. L’ensemble est stéréotypé : villes développées en plan, maisons et édifices géométriquement juxtaposés. Sa production est un exemple de style schizophrénique dans toute sa pureté».
C’est un peu sec, comme le sont les observations des toubibs de ces années là mais cela a le mérite d’exister. Le dessin de Ste Anne provient de la Collection du Dr Mario Yahn qui bossait à l’hosto de Juqueri près de São Paulo.
Reste que José Theofilo R. est né en 1920 et que le papier sur lequel a été exécuté le dessin reproduit dans Raw Vision 70 aurait été fabriqué avant 1910.
Troublant, non ? S’agit-il, finalement, du même créateur ou d’une rencontre fortuite entre deux créateurs différents? Je suis perplexe.
16:59 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | | |
03.10.2010
Regards d’automne
Bellon, Bellon, Bellon, «à ce prix là, vous m’en mettrez une bourriche!».
C’est ce que vous pouvez dire à votre soldeur si, comme moi vous avez la chance de croiser sa librairie en allant acheter votre salade.
Franchement, ce serait bête de se priver de ce bô bouquin d’Eric le Roy sur la photographe Denise Bellon(1902-1999) qui fut proche du Mouv Surr. Quand il est sorti en 2004 aux Editions de la Martinière, il coûtait plutôt bonbon (55 €), ce qui n’est pas choquant pour un album de cette qualité, reproduisant je ne sais combien de photos avec des entrelardages biographiques, éclairants mais pas pesants.
Aujourd’hui, il en arrive un petit stock sur le marché et vous pouvez vous en goinfrer sans mettre en péril votre budget d’étudiant ou de retraité de plus de 67 ans.
Cela tombe pile pour la dernière ligne droite (jusqu’au 18 octobre 2010) de l’expo Denise Bellon, Regards d’artistes sur le quai de la station St-Germain-des-prés.
Avec Denise Bellon, on entre dans une famille comprenant la comédienne Loleh, la réalisatrice Yannick (ses filles) et Jaime Semprun (fils de Loleh) qui vient de disparaître et qui fut l’âme de L’Encyclopédie des nuisances, «seul surgeon vivace» de l’aventure situ, selon l’article nécro de Jean-Luc Porquet dans Le Canard enchaîné du 11 août 2010.
Denise Bellon, son chemin croisa, au gré des reportages, une mariée gitane, de pauvres petites putes du quartier «réservé» de Casablanca, une danseuse de Côte d’Ivoire aussi bien que Salvador Dali, Marcel Duchamp, Joan Miro. Elle est aussi la belle sœur du cinéaste Jacques Brunius (voir mon post du 10 septembre 2005 : Violons d’Ingres). C’est surtout à ce titre qu’elle m’intéresse, obsédée par mon petit bout de lorgnette brute que je suis. Parce qu’elle a réalisé une centaine de clichés du Palais idéal du facteur Cheval en préparation du film de Jacques Brunius sur celui-ci. Cela se passait en 1936 et ses images, «largement publiées, contribueront à la notoriété du lieu». Vous en trouverez deux dans l’ouvrage d’Eric Le Roy. Je vous les reproduit pas pour vous inciter à l’acheter.
Comme il me reste un peu de place, j’en profite pour zoomer sur un livre d’un certain Christian Colas qui vient de sortir chez Parigramme. Intitulé : Paris graffiti, les marques secrètes de l’histoire, il nous offre pour pas cher (14 €) quantité de repros d’écrits furtifs et de figurations spontanées chinés dans des recoins-coins obscurs de la capitale.
Certains sont très anciens. Tous témoignent d’un besoin impérieux d’expression populaire, voire d’une pulsion artistique sincère qui se donne d’autant mieux libre cours qu’elle s’exerce en catimini. Attention : beaucoup de ces graffiti sont coton à prendre et il ne faut pas toujours s’attendre à une grande netteté de lecture mais l’auteur-photographe a rudement bien fait de ne pas écarter le diaphane au profit du pittoresque.
Dernière minute : vous vous souvenez du post Akkisuitok, Gérard Cambon dont votre petite âme errante vous avait régalé le 16 mars 2010? Et bien, voici que Regard, la petite revue d’art de Marie Morel consacre son n°109 (sept. 2010) à cet artiste chouchouté par la Galerie Soulié.
19:49 Publié dans Ecrits, Expos, Gazettes, Images, Miscellanées, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : denise bellon, jaime semprun, gérard cambon, marie morel, graffiti, photographes, eric le roy, ferdinand cheval, brunius, jean-luc porquet, christian colas | | Imprimer | | |
29.09.2010
Hey! passe le cap du n°3
Hey! passe bien le cap. Le cap du n°3. C’est généralement à ce stade qu’on attend une revue au tournant. Au n°1 on s’interroge, au 2 on se montre un peu distraite et au 3 on abandonne… ou bien on se réveille, suivant la qualité de la bête
Avec cette troisième mouture, Hey! nous sort de notre torpeur. Hey! nous joue de la vuvuzela. Hey! confirme certaines qualités que les fées de l’art moderne et de la pop culture avaient soufflées sur son berceau. Par «art moderne», il ne faut pas entendre un art prout prout prise de tête ou néo-dada dopé à l’outsider. Par «pop culture», il ne faut pas comprendre post-warholisme sur le retour d’âge.
Hey! relève plutôt de l’air du temps en ce qu’il emprunte aux mangas, à l’art de rues, aux tatouages, aux fanzines sérigraphiés, aux photo-montages, à l’esthétique trash, aux pièces montées en polyuréthane, aux scoubidous, aux décors de planches à roulettes et à ce que plus gentiment on appelle de l’art modeste, aux peintures populaires traditionnelles aussi, un peu cucul mais pas si naïves.
Dans ce joyeux mélange, palpitant comme la vie, l’art brut trouve d’autant mieux sa place que la maquette est ludique, que la lecture s’organise dans tous les sens, que textes et images se la jouent en liberté futuriste. Rapprochées dans ce n°3 d’une très belle section sur les ex-votos mexicains (ô Frida Kahlo!)
les très belles repros sur fond noir des sculptures hérissées de Sawada Shinichi (Art brut au Japon) ont beaucoup moins l’air de s’ennuyer qu’un Adolf Wölfli colocataire malgré lui d’un Marcel Duchamp dans le récent catalogue d’une récente expo d’un récent musée triplex.
Mais laissons là les comparaisons.
Le clou du 3 de Hey!, le morceau de bravoure de ce numéro dont la réalisation graphique est due à Guillaume Suard et où tout le staff montre de l’entrain, c’est pour moi Voodo Childs, un article qui présente les photos de Leah Gordon sur l’un des derniers carnavals traditionnels d’Haïti, celui de Jacmel.
Bien entendu, cette ville côtière du sud-est n’a pas été épargnée par le séisme de janvier dernier et il est d’autant plus frappant de respirer l’ambiance de poudre et de sueur, de haillons et de frissons, de terreur évoquée à l’état brut que ses habitants savaient imprimer à leur ville quand il carnavalaient encore. Leah Gordon est un photographe britannique qui depuis 15 ans a développé une relation intime avec Haïti. Son éthique autant que le matériel qu’elle utilise lui imposent de ne prendre les gens que s’ils sont volontaires. Certains refusent mais avec avec le temps, beaucoup la connaissent et on la laisse travailler. Comme un ethnologue, elle rétribue ses «modèles». Ceux-ci adoptent sans problème les poses saisissantes qui font partie des personnages qu’ils incarnent. Elles participent du truc comme leurs déguisements, leurs masques, le jus bitumeux dont ils s’enduisent… Un grand art venu du fond d’une pure révolte qui tord le cou de la misère.
23:49 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ex-votos, art brut, carnaval vaudou, haïti | | Imprimer | | |
19.09.2010
L’art brut en lamé
Merci à la factrice qui a glissé la nouvelle version (large comme une tranche de jambon à l’os) du catalogue Visions et Créations Dissidentes dans ma boîte aux lettres engorgée.
Elle s’ouvre sur 3 grands dessins en couleurs d’un Florentin de 40 ans, Giuseppe Barocchi qui ne fréquente La Tinaïa que depuis juin 2008. Ses créations ont déjà figuré à la Neuvième Triennale d’Art Autodidacte d’Insita à Bratislava en 2010.
Bonne idée qu’a eu le Musée de la Création Franche de le faire figurer dans son expo annuelle de rentrée! Celle-ci débute le 25 septembre 2010. C’est aussi la date de l’ouverture du Musée d’Art brut de Villeneuve d’Ascq, ce qui prouve qu’on ne manque pas d’indépendance à Bègles. Félicitations donc aux Bèglais de ne s’être pas laissé intimider par la concomitance de l’événement métropo-lillois que ses organisateurs nous présentent partout comme l’affaire du siècle.
On en a plein la P.Q.R. du nouveau LaM!
Nord Eclair , La Voix du Nord, La Gazette des Communes
en font des gorges chaudes. Rien que sur le ouaibe, j’ai cueilli pour vous quelques morceaux de bravoure de la titraille où divers styles s’affrontent.
Lyrique : Le Pouls du LaM s’accélère avant sa renaissance
Héroïque : Force et sublime de l’Art brut au LaM de Lille-métropole
Incitatif : Au LaM, «l’envie de venir et de revenir»
Avec un peu de chance vous tomberez fatalement sur un des papiers de ce tir médiatique croisé. Pas la peine donc que votre petite âme errante se mette la rate au court-bouillon pour vous expliquer que c’est trop beau, quelle quantité de sueur il a fallu et combien ça coûte. Tout est déjà bouclé par le plan de com du musée.
Elle peut juste par ci par là ajouter son grain de sel pour proposer une virgule supplémentaire ou rectifier un léger détail. Par exemple quand M. Olivier Donat dont les propos ont été recueillis par Justine Faidherbe dans le Nord Eclair du 29 août, nous dit à propos de son fonds brut et lameux que «c’est la première collection d’art brut en France», je me permets de lui faire observer avec tout le respect que je dois à un administrateur général qu’il serait bien inspiré d’ajouter l’adjectif «publique» après les mots «première collection».
Car chacun sait (mes chers Animuliens en tous cas) que LA PREMIÈRE COLLECTION D’ART BRUT EN FRANCE EST EN MAINS PRIVÉES. Du moins pour le moment. Mais je ne demande pas mieux que le LaM soit Maillot Jaune dans l’avenir. C’est même la grâce que je lui souhaite.
Pour me faire pardonner mes rabâchages (mais il n’y a pas que les contre-vérités qui méritent d’être serinées), cette pensée du jour dans La Gazette des communes, due à Savine Faupin, conservatrice en chef du LaM, rayon Art Brut : «les gens viennent parce qu’ils se sentent proches de ces œuvres, des créations spontanées, naturelles, qui les intimident moins».
L’inauguration (pour les VIP) est le mardi 21 septembre 2010 à Villeneuve d’Ascq.
Sans invitation vous risquez de vous sentir un peu intimidés!
14:28 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes, Jeux et ris, Nos amies les bêtes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, création franche, giuseppe barocchi, lam, villeneuve d'ascq, bègles, pqr, maillot jaune, savine faupin, vip | | Imprimer | | |
28.05.2010
Le Japon hors norme sort dans Télérama
Un Japon hors norme, c'est à vous faire sortir de votre petit for intérieur, non? Donc, même si vous n'êtes pas une grande télérameuse devant l'Eternel, même si vous ne regardez jamais la télévision ou que vous avez bousillé votre écran plat depuis un certain soir de mai 2007, n'attendez pas la grève des Maisons de la presse pour aller vous procurer le dernier en date des numéros de Télérama. Le n°3150 couvrant la période du 29 mai au 4 juin 2010, pour être exacte. The Télérama et surtout son supplément Sortir qui «ne peut être vendu séparément». Sur la couv de ce sup vous reconnaîtrez une des œuvres présentées en ce moment à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l'expo Art brut japonais.
A l'intérieur, un article de Bénédicte Philippe à propos de cette expo. Le Japon sort des règles de l'art, tel est son titre. Et cet article vaut le détour. D'abord parce qu'il est bien documenté, B. P. s'étant donné la peine de s'abreuver à plusieurs sources parmi lesquelles celles de Jean-Pierre Klein qui touche sa bille en art-thérapie, Yves le Fur, Directeur du Patrimoine et des Collections au musée du Quai Branly, Céline Muzelle qui a contribué au catalogue de l'expo à la Sainte-Halle. Ensuite parce que cet article sur 4 colonnes point trop longues se donne les gants de ne jamais oublier de parler des œuvres et des créateurs tout en éclairant le grand public (sans avoir l'air d'y toucher) sur la notion d'art brut, son passé et son nouveau visage.
Surtout, surtout, l'article de Bénédicte Philippe ne cède jamais à la facilité des présentations déficitaires, genre : dansons avec la poussière puisque l'art brut ne fait jamais le ménage. Elle n'a certes pas peur d'employer les mots vrais : «autistes, trisomiques ou psychotiques» mais c'est toujours pour rappeler que les créateurs japonais concernés par ces mots sont simplement «mentalement différents» et qu'ils tirent de cette différence des avantages certains : «Employant des moyens détournés pour s'exprimer, ils nous forcent à sortir des a priori, des connaissances figées en nous-mêmes. (...) ils nous rendent justes plus vivants». Cela s'appelle le tact, une vertu indispensable quand on prétend parler d'art brut. Le tact, c'est pas si répandu dans le grand (et le petit) journalisme. Sans doute parce qu'il demande un travail d'écriture supplémentaire. Cela mérite donc d'être salué au passage.
23:55 Publié dans Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, art brut japonais, halle st pierre, télérama, bénédicte philippe | | Imprimer | | |
16.05.2010
De MaM en LaM, le voilà le joli LaM
Art brut lillois, à quand le plan media? Pour bientôt peut-être. Pour l'instant ça remue, ça bourdonne, ça s'active dans la PQR mais surtout à propos du chantier «art moderne» du futur méga-musée de Villeneuve d'Ascq.
Si vous voulez voir un conservateur en bloudjinzes (comme dirait Zazie), allez voir Madame Sophie Lévy qui mouille sa chemise ici pour Calder et Miró, ça vous donnera un aperçu de l'avancée des travaux et des petits soucis de l'accrochage.
C'est sans doute parce qu'il y a trop à faire qu'elle n'a pas le temps de nous glisser un mot sur les nouveaux espaces infinis qui s'ouvriront bientôt pour la Collection de l'Aracine gonflée à l'hélium de nouvelles acquisitions.
Vue virtuelle d'une future salle dédiée à l'art brut
Il faut la comprendre : il reste encore quelques wagons de terre à betteraves à pelleter. Heureusement, l'administration elle est gentille, elle a acheté le Pliz Johnson.
Alors un p'tit coup de psitch-psitch sur les vitres et le LaM (j'ai du mal à me rappeler ce que cette abréviation très tendance signifie) sera prêt à l'emploi.
Si Animula n'était pas si paresseuse, elle proposerait ses modestes talents de technicienne de surface autodidacte pour encourager l'équipe muséale avec son plumeau et son chiffon plutôt qu'avec sa mauvaise langue!
Ceux que ça tentent peuvent d'ores et déjà organiser un apéro géant pour l'inauguration qui est programmée pour le 25 septembre 2010 (notez bien l'année).
17:53 Publié dans De vous zamoi, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mam, lam, villeneuve d'ascq, lille métropole, art brut, art moderne, art contemporain, sophie lévy | | Imprimer | | |
14.05.2010
Nuit des musées : délire et sauvagerie
La Nuit des Musées à Biarritz : si je commence comme ça, n'allez pas croire que je m'acharne sur les institutions culturelles ou que je manque de respect au Pays Basque.
J'avoue que me fait rire le mot de Christian Dotremont : «Et je ne vais dans les musées que pour enlever les muselières» mais je suis comme tout le monde, une bonne tasse de chocolat devant l'océan, je suis pas contre.
C'est vous dire combien j'aimerais descendre gratuitement dans la crypte Sainte-Eugénie, le samedi 15 mai, de 19 à 22 heures, avec ma petite laine, pour visiter l'Expo L'œil à l'état sauvage dans le cadre de la NDM.
Au cas où vous le sauriez pas, Eugénie c'est la Première Pouffe du Second Empire. Elle convertit son Petit Napoléon à la prestigieuse station balnéaire de la côte atlantique.
Et au cas où vous l'auriez oublié, c'est notre André Breton national qui a clamé le premier que «l'œil existe à l'état sauvage». Aucune mention de cette citation fétiche (dont une défunte revue fit jadis à peu près ses choux gras) dans les présentations de l'expo biarrote.
Pour faire bon poids les organisateurs en ont rajouté une couche en sous-titre : Les Délirants de la création. Nom d'un Badinguet, ça ferait presque peur! Avec pareil label, on s'attend à du lourd : des zinzins, des fêlés, des barrés, des z'hors-les-normes.
Et bien pas tout à fait. L'exposition a beau être vendue au public captif des écoles comme une «exposition d'art brut et singulier», on nous promet surtout un cheval de «grands noms de l'art contemporain» et une alouette d'«artistes emblématiques de l'art singulier» pour une pincée d'art brut (limité dans les énumérations existantes au seul cas d'Anselme Boix-Vives).
Je suis pas sûre que Michel Macréau dont une image sert à l'affiche aurait été ravi d'être enrôlé sous la bannière «délirants» mais ne boudons pas notre joie : une soixantaine d'œuvres de 28 artistes de la trempe de ceux qu'apprécient les grands collectionneurs, style Daniel Cordier, c'est toujours bon à prendre.
Bien que Gaston Chaissac, Louis Pons, Fred Deux :
Robert Combas, n'aient depuis longtemps (ou depuis toujours) rien à voir avec le soit-disant «art singulier», surtout tel qu'il se pratique de nos jours.
Bien que, Paul Rebeyrolle (!) :
Zoran Mušič (!!) :
Vladimir Velickovic (!!!) ne puissent être rapprochés de l'art brut et de ses alentours que par tout un système de poulies, de ficelles, de courroies de transmissions, de précautions.
L'exposition de Biarritz me semble encline à en faire l'économie. Ce qui peut se comprendre : présenter un bon choix d'œuvres fortes en espérant infléchir le regard du public local, c'est déjà pas mal. Nul besoin alors du renfort de la «sauvagerie» et du «délire». Mieux aurait valu élucider l'intention sous-jacente au rassemblement de ces tableaux et sculptures.
Je sais bien que l'art brut aujourd'hui c'est médiatiquement porteur et que certains (ou certaines) croient bien faire en accrochant le mainstream à sa remorque mais parer le meilleur de l'art contemporain des plumes multicolores de l'art brut cela ne rend service à personne. Sauf à ceux qui se réjouissent de trouver là une occasion de mettre en doute la spécificité foncière de ce dernier. Il n'est qu'à faire un tour sur le net en rôdant autour de Biarritz, de ses états sauvages et de ses délirants de crypte pour s'en rendre compte.
00:07 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nuit des musées, biarritz, côte basque, crypte sainte eugénie | | Imprimer | | |