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19.12.2009

Pascal-Désir Maisonneuve recherché à Bordeaux

Désir de Maisonneuve ? Si des fois vous êtes accroc comme moi aux coquilles masquées de cet anarcho-mosaïste-brocanteur, sachez que vous risquez d'en voir bientôt dans une expo à Bordeaux. N'allez pas croire que ce soit du foutage de gueule.
musee bordeaux 3.jpgLe Musée des Beaux-Arts de cette ville qui est aussi celle de Pascal-Désir (il s'appelait Pascal avant Désir) Maisonneuve se prépare bel et bien à faire de nouveau du tintouin sur son œuvre. Du moins si on en croit une petite annonce qui passe en ce moment dans le n°44 (18 décembre 2009) de La Gazette de l'Hôtel Drouot et qui fait appel au peuple pour le prêt de masques en coquillages de P.-D. M.couv gazette 44.jpg

Alors si vous avez un vieux Maisonneuve qui traine dans votre grenier parce que votre arrière-grand-tonton en avait raflé un aux Puces sous le nez d'André Breton et de Jean Dubuffet réunis, c'est le moment de vous manifester car il semble que ces choses là ne courent pas les rues.

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D'après Michèle Edelmann qui a écrit la notice Maisonneuve dans le fascicule 3 des Publications de l'Art Brut en 1965, ce créateur disparu en 1934 n'aurait réalisé qu'une quinzaine de masques durant sa crise artistique qui n'a duré qu'un an (1927-1928). Mais je me demande s'il ne faut pas voir un peu plus large étant donné ceux qui proviennent en ligne plus ou moins directe du peintre André Lhote. Voir sur ce point ma note animulienne du 10 juin 2007 : Beau masque à Bordeaux. Donc, si vous avez des tuyaux là-dessus, je suis prête à ouvrir les grandes oreilles.

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01:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, pascal-désir maisonneuve | |  Imprimer | | Pin it! |

28.11.2009

Keita, Joseph : peintres des rues

Monsieur Keita de Genève c'est mon sujet. Keita c'est comme Joseph, c'est des noms qui glissent très vite des moteurs de recherche. Trop ordinaires, trop passe-partout. Rien qui court les rues comme ça : Joseph, Keita. Et justement, monsieur Keita, ça le connaît la rue. Tombé du Sénégal, passé par la Belgique, il a glissé en Suisse car même à Genève, il y a de la rue. Du moins si j'en crois un article paru le 26 novembre 2009 dans La Tribune de cette ville. A Genève comme à Paris, on ne peut pas voir un monsieur black qui peint dans la rue sans le comparer à Jean-Michel. Basquiat, c'est commode pour le cliché.

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Alors puisque monsieur Keita vit depuis deux ans dans la gare de Genève Cornavin, why not ? J'avoue qu'à voir de biais un tableau de Keita posé contre un pilier de béton dans le coin où le peintre s'est aménagé un chevalet-banquette-chambre à coucher, cela m'a pas paru évident. Plus impressionnant me semble son harnachement ventral rapetassé, cette profusion chiffonnière qui s'échappe de sacs en plastique noir autour de lui. Et cette émouvante marque de confort : une basquette-pantoufle qu'on enfile quand on rentre chez soi. La Tribune de Genève nous parle des gris-gris de ce «voyageur immobile». Indifférent au chouchoutage des services sociaux, il lutte contre l'envoûtage.

rue ste croix.jpgMonsieur Keita m'a rappelé très fort monsieur Joseph, un encore plus authentique «peintre de la rue» sur lequel j'étais tombée en allant essayer mes nouvelles lunettes glamour chez Anne et Valentin, rue Ste-Croix-de-la-Bretonnerie. Il était là, à même le trottoir, dans ce quartier du Marais qu'il aimait squatter, je l'ai su après.

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Peu causant, visiblement alcoolisé mais avec le panache d'un désespoir lucide, vaguement inquiétant parce que déjà lointain. Le genre de S.D.F. au poil rugueux qui avait tout pour faire fouetter une petite bourge du genre de votre petite âme errante.

Seulement voilà, il y avait autour de lui toutes ces pochades énervées, ces cartons d'emballage saturés de peintures sauvages et écorchées, brutales et savantes.
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Autoportrait-via Art viscéral

Expressionnistes à vif, primitifs à cru. La chose à faire était de lui acheter un de ces bizarres tableaux inachevés car ce dandy de la dèche ne faisait pas la manche.
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via L'Atelier

On choisissait comme dans son atelier sans qu'il se montre très encourageant. Jouant assez le jeu cependant pour signer après des explications incompréhensibles.

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C'était peu de temps avant sa mort. J'ai compris plus tard qu'il se savait condamné par LA maladie.
J'ai appris par les journaux, notamment par un bel article de Nathalie Six (22 sept. 2003) dans Le Figaro, qu'il se nommait Joseph (Jean Joseph Pacôme semble-t-il) et que des collectionneurs s'intéressaient à lui.

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faire-part.jpgUn avocat connu : Alex Ursulet, un acteur, Stanislas Merhar qui avait joué dans Le Comte de Monte Cristo d'après le livre préféré de Joseph. François Gibault, le Président de la Fondation Dubuffet. Joseph aurait peint un millier de choses avec de grands noms en tête : Van Gogh, Rauchenberg, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Robert Motherwell.

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via ROCBO

Je pense à lui souvent mais je constate que son nom se dégougueulise petit à petit. Pourtant il n'est pas possible que cette pure figure de l'errance picturale parisienne soit oubliée. Si quelqu'un qui me lit s'en souvient, cela ferait pas de mal qu'il le dise!

15:57 Publié dans Gazettes, In memoriam, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : joseph jean pacôme, monsieur keita | |  Imprimer | | Pin it! |

21.11.2009

Villeneuve d’Ascq : l’art brut dans la crise

Un bon conseil à Villeneuve d'Ascq mardi dernier! Contradiction au sein du peuple municipal. Fritage démocratique entre deux maires.

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G.C. et J.-M.S. autrefois

potion magique.jpgLe nouveau, monsieur Caudron, élu en 2008 et l'ancien, monsieur Stievenard qui, de 2001 à 2008 exerça les fonctions de premier édile.

J'y étais pas mais si j'ai bien compris Gérard Caudron avait l'air d'être tombé dans la potion magique et Jean-Michel Stievenard -pas très veinard- ramait dans la tempête. galere.jpg

Du moins si j'en crois la relation de Laurent Watiez dans la rubrique «Actualité Villeneuve» de La Voix du Nord (que j'adore) du 19 novembre 2009.

Sûrement qu'il y avait de bonnes raisons de débattre. Même si je n'ai pas tout saisi de ces histoires de parking,

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d'usine à gaz,

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de coulée verte,

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d'incinérateur

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et de grand stade

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où faire ballon de la main.

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Pour ce qui me concerne, j'ai cependant fort bien noté que, dans le feu de la discussion, l'un des maires a reproché à l'autre (je cite La VDN) «d'avoir brouillé l'image du musée d'Art moderne en y amenant les collections d'art brut».

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Extension du LaM

A ceux qui douteraient de la capacité de l'art brut à mettre en crise les consensus artistiques fallacieux péniblement élaborés par les institutions culturelles de tout poil, Animula ne saurait trop conseiller la méditation de cette phrase.
Tout le monde en position du lotus!

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01:42 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, bisbille, villeneuve d'ascq | |  Imprimer | | Pin it! |

01.11.2009

Ste Foy-la-Grande : réveil des créatures de la nuit

venus calavera.jpgPour le 1er novembre, je vous avais préparé un joli petit calavera mais voilà que les créatures de la nuit de Franc Barret pointent leur terrible museau dans la presse et je préfère vous inviter à regarder l’horizon. L’article de Jean-Claude Faure du 31 octobre 2009 dans Sud Ouest (actualités de Sainte-Foy-la-Grande) nous fait miroiter l’ouverture du nouveau musée Barret pour septembre 2010. Occasion de nous mettre en pleine lumière la Chauve-souris vampire et l’Homme de Cro-Magnon.

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photo J.-C. F. pour Sud Ouest

En compagnie de monsieur Pierre Lamothe (en arrière-plan avec les lunettes), fondateur du Musée du Pays foyen et défenseur de l’histoire locale qui travaille avec son association à la résurrection de l’œuvre de Franc Barret.

FB.jpgLes Animuliens qui auraient un peu oublié qui est Barret peuvent se reporter à ma note du 11 juin 2008 : Souvenirs de Franc Barret et au commentaire de monsieur Philippe Lafaye.

01.10.2009

CF 31

On a envie de lécher Création Franche.

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J'ai reçu le n°31 dans mon petit chez-moi et mon regard a fait du patin à glace sur les parties brillantes de la couverture rose et bleue décorée par Yvonne Robert. Une lumière saintongeaise baigne la façade de la maison reproduite. Porte et fenêtres ont l'air de bonbons jaunes. Contournons-les puisqu'elles sont fermées pour tomber sur le sommaire chapeauté d'un nom qui revigore : celui de Michel Thévoz.

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Rose-Marie Koczy

Il tisse une manière d'hommage à Rose-Marie Koczy, récemment disparue non sans tirer quelques bastos contre la nouvelle horreur concentrationnaire de Guantanamo qui, par je ne sais quelle ironie de l'histoire, aurait quelque chose à voir avec la scie cubaine de Nana Mouskouri : Guantanamera.

Ensuite, rien que du beau linge : Bernard Chevassu et son «vagabondage en pays cathare», Carine Fol et son musée Art & Marges

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Paul Duhem

Alain Bouillet qui s'interroge sur l'art brut en Pologne et sur «les gratifications narcissiques» qui vont en prime avec notre «pulsion de découverte»

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Adam Debinski

Paul Duchein dont l'œil exercé a mis la main sur un Cobra «sans le vouloir», un vrai peintre de haute tension : François Werlen

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Gérard Sendrey avec son peintre inconnu (de moi) qui s'appelle Fredo parce qu'«il ne se prend pour personne» (titre de l'article). J'en passe et des meilleures : Art des enfants, art spontané par la grâce de la plume de Bruno Montpied, plus convaincant dans ses découvertes entrelardées de chouettes petites images que dans sa copieuse partie théorique. Evidemment, je n'ai pas eu le temps de lire à fond. J'ai mis de côté pour plus tard le papier d'un auteur italien : Dino Menozzi qui nous apporte son expertise sur Les Turbulences du pouvoir, une expo qui s'est tenu à Capri, ce qui prouve que ce n'est pas fini.

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Curzio di Giovanni

J'ai sauté la contribution de Jean-Louis Lanoux : Pierre Darcel, un rêve de nacre parce que j'ai déjà eu l'occasion de tresser des lauriers au créateur breton Pierre Darcel, (voir mon album photo).
Quelqu'un que j'ai retrouvé avec plaisir c'est Richard Greaves (BIENVENUE RICHARD SI TU ME LIS) que Création Franche avait déjà invité en avril 2000 dans son n°18 grâce à Valérie Rousseau. Votre petite âme errante a souventes fois causé de ce grand dé-bâtisseur québécois, par exemple dans Cocos plats, une note du 15 sept. 2005. Reportez-y vous pour complément d'infos. Ici c'est Philippe Lespinasse qui s'y colle avec un texte touffu où se mêlent histoire de Greaves (BEAU BONSOIR RICHARD), descriptions, relations de visites et propos recueillis sur «la mémoire de l'eau» (le plus intéressant). Pour finir, une citation bien torchée (et bien choisie) de La Nuit remue, recueil poétique du Michaux (Henri) de service.
Un regret toutefois : le metteur en pages a manqué de place pour les photos de Mario del Curto qui accompagnent la prose lespinassienne. Elles font parfois un peu timbres-poste.

vis dis.jpgEn même temps que le CF 31 paraît le catalogue de l'Expo Visions et créations dissidentes (du 26 septembre au 29 novembre 2009). Catalogue et revue sont préfacés par Pascal Rigeade (Museum trustee and project manager, in english) qui nous éclaire sur le tournant qui se négocie à Bègles avec le recul pris par Gérard Sendrey.

03.08.2009

Dieppe au tapis

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Dieppe au tapis, l'art brut sur la plage, vous avouerez que c'est mieux que la station Montparnasse. tapis_roulant.jpg

Mon chéri que j'ai qui aimait déjà les étrangères quand il était un petit enfant a dégoté en surfant sur la vague net ce blog et la note intitulée Art brut à Dieppe.

Forcément ça a fait tilt dans son petit cerveau de bureaucrate rêvant à ses vacances en slip panthère.

Imaginez en une de plage, toute couverte de tapis faits main comme autant d'invitations aux splash, splash. Il suffirait qu'une armée de Pénélope s'y mette.

Celle que l'Etrangère dieppoise nous signale a pour nom Nicole Bayle. Je crois pas que ce qu'elle fait relève vraiment de l'art brut. C'est plutôt une artiste récupéreuse, masquière et mail-arteuse si j'en crois les infos pêchées ici et là.

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Mais sa petite entreprise tapissière n'est pas sans intérêt. Elle mérite certainement qu'on s'interroge. Vous aurez pt'être un avis, hésitez pas à faire profiter de votre grain de sel les Animuliens engourdis dans le farniente.

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A noter que cette opiniâtre tricoteuse n'expose son work in progress que deux heures par an le 13 juillet, les années où il ne pleut pas. Un parti pris assez rare pour mériter d'être signalé.

11:04 Publié dans Gazettes, Glanures, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dieppe, nicole bayle, plage | |  Imprimer | | Pin it! |

01.07.2009

Bodan Litnianski à l'encan

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Telephone botan.jpgBodan Litnianski convoité par les Chinois ? Allez pas croire que votre petite âme errante soit complètement à l'ouest. C'est fou ce qu'on peut lire dans la presse !

Par exemple dans L'Union (Champagne Ardenne Picardie) du 30 juin 2009, cet article de Samuel Pargneaux qui nous alerte sur la mise en vente du site de Viry-Noureuil (Aisne), célébré par Agnès Varda dans Les Glaneurs et la glaneuse.

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couv_bodan.gifJ'aurais voulu retrouver le livre de Denys Riout et B. Teissedre sur le sujet pour vous documenter la chose. Mais, depuis 2004 qu'il est paru, il a été englouti chez moi dans une pile de bouquins devenu colonne. Et comme je construis moins solide que le « maçon-artiste » (comme dit Agnès), je n'ai pas osé tenter l'exploration et j'ai préféré ramper jusqu'à mon écran.

Heureux que la préface donnée par Varda pour ce livre intitulé Le jardin des merveilles se trouve .

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Et comme je dois garder du temps ce soir pour me faire mon masque de beauté au concombre, je vous livre l'info toute chaude pour que vous en fassiez ce que vous en voulez. Même acheter si vous êtes pété(e) de thune.

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00:28 Publié dans art brut, Encans, Gazettes, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, bodan litnianski | |  Imprimer | | Pin it! |

28.06.2009

Aladin et le génie de Monsieur Tout-le-monde

Couv aladdin 2009.jpgAladdin nous le dit :  l'art brut est un sujet maudit.

Cherchant le calendrier des brocantes dans «le magazine des chineurs» du mois de juin (n° 251), je suis tombée sur un article de Bruno Delaine qui m'avait échappé à première lecture. Appartenant à la rubrique Il y a vingt ans, ce papier remonte le temps en direction du numéro 26 de ce canard qui a su se rendre indispensable, au fil des années, aux zamateurs et aux pros de l'antiquité (pas toc).
A cette époque qui date d'avant les téléphones portables (juin 1989), Aladin mettait déjà sa lampe merveilleuse sur son i mais il n'avait pas encore ce «double d» adopté depuis peu pour l'agrément de nos vacanciers-résidents anglo-saxons qui ne le lisent pas parce qu'il est en français.

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Aladin ou Aladdin (prononcez comme grenadine) a toujours eu du mérite, on le voit. Ce n° 26, spécial Art brut et art naïf fut d'emblée un collector pour les petites fureteuses de ma trempe alors en pleine crise de croissance.

C'est qu'un support de grande diffusion qui consacrait son dossier du mois à notre dada chéri, ça courait pas les têtes de gondole alors. L'intérieur était tristounet avec des photos du Palais du facteur Cheval en noir et blanc (pardon, en black and white) et des caricatures qui avaient l'air de sortir du Hérisson.

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Bruno Delaine décortiquait déjà les étiquettes, la peinture haïtienne était à l'honneur et Yankel donnait un coup de main pour le Musée de Noyers-sur-Serein, quasi inconnu au bataillon à ce moment-là. On restait sur sa faim mais c'était quand même pas mal.

Mais là n'est pas la question. Ce que je livre aujourd'hui à votre réflexion, dans le prolongement des commentaires pointus qui se sont portés sur ma note De l'art brut à l'art numérique, c'est la constatation à laquelle Delaine se livre dans sa chronique actuelle. Qu'ils soient «associés ou traités séparément», les sujets de l'art brut et de l'art naïf, «n'ont jamais marché» pour Aladdin. Ils ont toujours été synonymes de «bouillon», reconnaît sportivement B.D., fondateur du journal.

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Ce qu'il ajoute révèle un étrange paradoxe: «quand nous programmons dans nos pages un sujet sur l'art spontané des non-initiés, nous sommes convaincus que nous n'aurons aucun mal à communiquer notre enthousiasme à nos lecteurs ébaubis. Mais caramba! (...) Les lecteurs-chineurs nous boudent, alors que les chineurs-lecteurs, dans les marchés et les foires, manifestent leur intérêt, voire leur fascination pour ces produits du génie de Monsieur Tout-le-monde. Allez comprendre». (...)

la pensée du jour.jpgBon entendeur salut à ceux qui croient que le dialogue entre l'art brut et l'art contemporain c'est vite-fait dans la poche !

23.06.2009

De l’art brut à l’art numérique

coquille bateau.jpgDe l'art brut à l'art numérique ou la nouvelle tarte à la crème. Si ça continue, je change de crèmerie. Je me convertis aux poissons d'aquarium, aux faux-ongles américains ou au vélo d'appartement, n'importe quel sujet plutôt que l'art brut.

Quand j'ai commencé, je naviguais tranquille dans mon océan de créativités sans rivales et voilà que maintenant des flopées de coquilles de noix outsiders se pavanent toutes voiles dehors dans mes eaux territoriales comme si c'étaient du vulgaire mainstream.

Pas une expo aujourd'hui qui ne se pare des plumes de l'art brut, pas un curator qui ne se colle avec délice ce dossart sur le maillot. Cela devient rasoir. J'exagère mais à peine.
Prenez par exemple De l'art brut à l'art numérique. Titre alléchant s'il en est. Le problème est que les 3 artistes roannais qui se sont réunis sous ce label sont peut-être très fréquentables mais ils n'ont strictement rien à voir ni de près ni de loin avec l'art brut.

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Princesse Ficelle fait dans la joaillerie, Mathilde Comby dans la photo, quant à Julien Margotton, il m'a tout l'air d'être un bon graphiste doté d'un matos up to date.

Musee-d-Art-Naif.jpgAlors? L'art brut où est-il? Dans les Alpes-Maritimes peut-être? Tournicottons nous vers le Musée International d'Art naïf Anatole Jakovski de Nice qui nous promet un «dialogue entre l'art brut et l'art contemporain» (tartala...).
Tout ça par la confrontation de 3 «apprentis sorciers» :

Michel Macréau,

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Dominique Liccia,

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Jean-Michel Basquiat.

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Tout à fait bonard mais j'ai un p'tit souci : qui c'est-il qu'est vraiment brut dans ce trio gagnant ? Je vous laisse juges.

MUSEE RIGNAULT.jpgHeureusement que dans le Quercy on se décarcasse. A Saint-Cirq Lapopie où Dédé des amourettes venait en villégiature avec ses potes surréalistes, le musée départemental Rignault aligne 9 artistes sous un concept estampillé (allez savoir pourquoi) Homme, terre, ciel.

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Parmi ceux-ci, deux créateurs (Josef Hofer, Alexis Lippstreu) indubitablement dignes du sérail animulien. C'est eux sans doute que la présentation qualifie de «tenants de l'art brut». Mot malheureux mais pas plus que ceux choisis pour désigner les 7 restants : «témoins du marché de l'art» (sic) et outsiders (glop).

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Josef Hofer

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Alexis Lippstreu

On a jusqu'au 4 octobre 2009 pour faire comprendre aux rédacteurs de cette présentation que Hofer et Lippstreu n'ont pas des têtes de «tenants» et que le simple fait pour un créateur de se déclarer partisan de l'art brut signe automatiquement sa non-appartenance à cette catégorie.

17.06.2009

L’art brut c’est du luxe

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N O Sii A M I E S iiL E S iiB Ê T E S

Ecolo, écolo, écolo et brut à la fois. Avec le vent en poupe de papy Dany, elle nous pendait au nez comme un sifflet de 2 ronds la collusion. La collusion art brut et ceinture serrée. Notre libéralisme vénéré s'étant mis en tête de nous faire oublier ses frasques financières, la marée verte nous est tombée du ciel d'Arthus-Bertrand.

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Et elle envahit tout, nous invitant à moins circuler, à moins éternuer, à moins dépenser.

L'art brut lui-même est sommé de rentrer les fesses et de s'adapter à la crise.
Sur Ladépêche.fr, une note sur Saint-Céré et sa région, intitulée Louis De Verdal ou le mystère de l'art brut nous apprend que ce sculpteur possède l'art «de faire quelque chose de rien».
Jusque là rien d'extraordinaire. Beaucoup d'artistes font ça. Mais là où votre petite âme errante tique c'est quand le journaliste lotois anonyme enchaîne avec bravitude : «son art est brut, d'une singulière création, à base de récupération des rebus (sic), annonciateur de temps économes».

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Econome est beau, économe est grand, économe est héroïque. Hélas, il ne cadre guère avec le sujet que vous prétendez aborder, cher confrère (ou consoeur) ladépêcheur. D'abord parce que monsieur de Verdal, qui est sans doute un plasticien autodidacte très respectable, m'a tout l'air de n'avoir que peu à voir avec l'art brut véritable. On peut, pour se faire une idée, louer une ses œuvres pour 50 € par mois ici.

Mais surtout parce que si l'art brut fait effectivement feu de tout bois, il n'en vise pas moins à la dépense la plus extravagante, au gaspillage inconsidéré des énergies créatrices et mentales, à la débauche d'inventions.
En témoignent les œuvres de :

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Giovanni Battista Podesta

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Emery Blagdon

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Arthur Bispo do Rosario

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Pierre Avezard

pour ne chiper que quelques exemples parmi une tripotée d'autres. On est loin du recyclage publicitaire, genre : «mon papa achète le soleil mais c'est pour le revendre». Ces créateurs d'art brut sont sans vergogne. Plutôt que des ordures, ils prendraient aussi bien du marbre et de l'or s'ils en avaient sous la main.


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Avec l'art brut, on nage dans le pur luxe,

celui du temps dépensé sans compter

à ne rien faire d'autre que de vivre.