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14.10.2012

Le bestiaire de Joseph Courilleau

Quelques tableaux. A peine une œuvre. Une expression artistique si furtive, si peu façonnée qu’elle en devient émouvante, attendrissante même. N’était son parfum de délire et de nature mêlées. Les peintures sur plaque d’Isorel de Joseph Courilleau méritent une halte comme celle qu’on fait dans une clairière au sortir d’une forêt. Elles font partie de ces «sujets pouvant être traités» que j’ai mis dans un dossier en attendant l’occasion d’en parler.

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Mais quelle actualité concernera jamais cet homme de la campagne réfugié dans une ville de province qui occupait son temps à tresser des paniers et des bourriches en osier avant de se mettre à peindre dans son grenier, à 72 ans, alors qu’il n’avait jamais touché un pinceau de sa vie?

Il aura fallu que je sorte de bonne heure ce matin, qu’il fasse frisquet, que la pluie m’ait rattrapée sur le chemin du RER pour que je repense à Joseph Courilleau dont le petit-fils Jérôme Lamothe m’a conté la légende il y a bientôt deux ans de ça.

feuilles mortes.jpgSoudain j’ai eu envie de siffler un chien inexistant, d’enfoncer mes bottines dans les feuilles mortes, d’offrir mon nez au vent d’octobre comme à une crème de beauté, d’oublier mon club de fitness. Des souvenirs de lecture sont venus se mêler au souvenir de Joseph Courilleau, un Raboliot du Poitou en son genre.

Il y a beaucoup à rêver, en ces temps d’ouverture de la chasse, sur le braconnage qui, dans nos contrées, porta certains à une marginalité clandestine protégée par la population locale complice. Cela se terminait mal, généralement et c’est ce qui est arrivé à Joseph Courilleau.

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Pendant plus d’un an, il vécut en ermite dans la forêt, secouru par son épouse qui le récupéra dans un état pitoyable.

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Né en 1920, l’armée, la guerre et un retour difficile où il trouve la ferme familiale exploitée par un parent qu’il s’imagine doté de pouvoirs néfastes, lui font péter un plomb et se précipiter à 25 ans dans la schizophrénie, selon le diagnostic des médecins.

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Ses tableaux, d’apparence faussement naïve, ont quelque chose de pariétal, de primitif, de bizarre, bien qu’ils visent le plus souvent à représenter des animaux en liberté. Un soupçon de chamanisme, de la sorcellerie évocatoire, peut-être?

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Ces œuvres sont mieux en vrai que sur les photos de Jérôme qui était le seul à être accepté par son grand-père dans son grenier, «son univers et unique horizon». L’épisode de la réclusion au fond des bois fut suivi d’un long séjour en hôpital psychiatrique.

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Après quoi, Joseph Courilleau, stabilisé par les médicaments qu’il mélangeait fâcheusement à l’alcool, occupa jusqu’à sa retraite un emploi de tanneur dans une chamoiserie. Les bêtes toujours. La peau des bêtes.

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En béret et sandalettes (sous des poches en plastique l’hiver), le regard perdu, ce «déraciné», cet éternel «incompris», enfermé dans sa petite maison des Deux-Sèvres, était «quasi inaccessible». Les repas de famille, il n’y venait jamais, n’adressant pas la parole à ses proches, content seulement, «très content» de voir Jérôme. Que celui-ci le lui rende bien par le truchement de mon blogue est pour moi motif de fierté.

Joseph Courilleau est mort à 84 ans sans avoir jamais accepté qu’on l’ait privé de sa chère nature.

15:38 Publié dans art brut, Images, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, joseph courilleau | |  Imprimer | | Pin it! |

12.10.2012

Penser l’art brut librement

Aujourd’hui : zéro. Y’a des journées comme ça. Une lettre de Véronique ce matin dans la boîte. Elle va bien, elle m’apporte son expertise dans une affaire que j’ai sur les bras. magnets.jpgPost’it sur le frigo : les chocolats elle adore, faudra penser à lui en offrir. Pause-déjeuner avec ma copine Isabelle. Le p’tit resto italien du coin pour échapper aux collègues de la cantine. Isabelle arrête pas de tchatcher. J’aurais le temps d’avaler trois fois mes pastas qu’elle n’a pas fini le quart de sa Regina. Sages : on prend pas de tiramisu, pas de gelati, pas de desserts. chienBalance.jpgRendez-vous ce soir avec mon diététichien. J’ai perdu un kilogramme à force qu’il m’aboie dessus. Zéro vous dis-je. Mon quotidien de bad girl. Pas de quoi en faire une chronique. Pas même un SMS. D’ailleurs je suis bloquée.

Depuis qu’un commentateur exigeant m’a invitée à «penser plus librement» sur ma note à propos des photos de Marie-France Lacarce. Penser, me «débarrasser» (des préjugés) et me «forger de nouveaux outils» par dessus le marché! Et puis quoi encore? Chacun sait que j’en suis pas capable.

Alors j’ai mis mon gang sur le coup. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a pris son temps mais enfin l’une des gâchettes qui le composent a daigné dégainer une réponse présentable à mes lecteurs. Cela commence bien : «Je me souviens d’un visiteur taché par une œuvre exposée au musée d’art moderne de Saint-Etienne». La suite, je vous préviens, est moins marrante voire carrément trapue. Celles et ceux qui voudront quand même tenter l’aventure, glisseront leur souris jusqu’à ces lignes et cliqueront là-dessous.

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23:50 Publié dans art brut, Ecrits, Lectures, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Imprimer | | Pin it! |

10.10.2012

Dormir sous le plancher de Jeannot

On n’arrête pas le progrès et on n’arrête pas la création non plus. Lors de ma récente visite à Sainte-Anne, j’en ai profité pour aller jeter un coup d’œil au malheureux plancher de Jeannot.

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Même si c’est un crève-cœur de voir cette œuvre majeure de l’art brut encoconé par morceaux dans des boîtes de conserve qui déjà commencent à rouiller.

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Au chapitre des nouveautés, j’ai noté l’usage inventif qu’une personne dénuée d’abri faisait de ce calamiteux sarcophage urbain, gai comme un chalet de nécessité de la mairie de Paris.

Plancher de Jeannot

A l’abri du vent et caché de la rue, il a installé, au revers des vitrines sales où achèvent de se morfondre les terribles phrases de Jeannot, une discrète couchette-chambrette

Plancher de Jeannot

avec les moyens du bord récupérés dans les poubelles : coussins, oreiller-matelassé, palettes de chantier, bibliothèque.

Plancher de Jeannot

Manque que la télé. Il faut souhaiter à l’aménageur des lieux de trouver rapidement un logement plus confortable, plus digne d’un citoyen de notre pays. On notera que, sans le savoir, il s’est installé «à la place du mort» comme on dit dans le jargon automobiliste.

Plancher de Jeannot

Il se trouve dormir en effet sous le plancher, là où était enterrée la mère de Jeannot quand le plancher était encore en place dans la ferme où il vivait isolée du monde.

11:43 Publié dans art brut, De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer | | Pin it! |

08.10.2012

Rendève avec Joinul au Dingoraminoir

Deux fois par an, j’ai des nouvelles de Joinul. Cet écrivain inclassable, sarcastique avec lui-même, énigmatique, persiste à dispenser ses bontés à celle qu’il appelle «Animula Volga».

couv navoujamé.jpgDe temps en temps il me fait une piqûre de rappel avec une de ses brochures réalisées avec le concours d’artistes : Federica Matta (voir ma note «sépulcrale» du 1er novembre 2011), JeCherryLaNuit pour des poèmes rouges et bleus intitulés na vou ja mé accompagnés de photomontages en surimpression.

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Je me tue à essayer de lire les dédicaces échevelées. Joinul écrit comme un toubib. Normal puisqu’il fut médecin dans une autre vie. Médecin-psychiatre même. Ce qui lui valut d’être le révélateur de 4 cas d’art brut. René Le Bedeau, François et, pour les plus importants, Emmanuel le Calligraphe, Pierre Jaïn. Ceux ksa intéressent trouveront tout ça dans les articles de Joinul parus dans les Publications de la Collection de l’Art Brut : fascicules 4, 8, 10, 16. En ce temps là, sous gouvernement thévozien, la CAB honorait ses sources.

joinul.jpgDrôle de médecin entre parenthèses, Pierre Maunoury alias Joinul qui partit en vrille en 1984 pour se consacrer corps et biens à la création littéraire et lettriste. Entré dans la carrière en novembre 1958. Jeune médecin-chef d’un hosto psy. S’en souvient encore, non sans malaise.

Ne l’appelez pas Docteur : «Univers d’aberration, encore plus asilaire que ceux fréquentés au cours de mes années d’internat». C’est que Pierre Maunoury a vécu la fin de ce monde fermé des institutions asilaires d’alors. De cette période où il s’usa le tempérament à mettre en place des lieux alternatifs, il a tiré en 1971 un livre hallucinant qui relate de l’intérieur la vie d’un hôpital psychiatrique : Dingoraminoir. C’est spécial!

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Cela fait penser au premier Prix Goncourt de 1903 : Force ennemie, le roman de John-Antoine Nau.

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Sauf que c’est écrit dans une langue plus délirante et calembourdesque et que Joinul mélange sans arrêt les personnages et le narrateur. On ne sait jamais si c’est un médecin ou un malade qui relate les extravagantes péripéties d’un quotidien aberrant. Fête à l’Art Sauvage, Graffiti sur ciment révélé par la salive, Statues fabriquées avec des dents, vocalisations : «A o iue e oi e oeau e ao», Jeu de la Libidoie, ex-votos de «fous du dimanche». Pour ne choisir que des exemples «artistiques».

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L’auteur, ami de Robert Tatin et de Jean Dubuffet, a lu Raymond Roussel. Il pousse celui-ci dans ses retranchements bouffons. Il se soucie comme d’une guigne de la lisibilité linéaire. A vous d’inventer vos chemins de traverse pour arpenter son opus. Dingoraminoir jusqu’à peu était introuvable. La première édition ayant été pilonnée à la demande de l’auteur : des collègues à lui s’en servaient pour torpiller ses efforts de réformes. Ce «roman rebelle» reparait chez L’Harmattan sous couverture ornée d’un collage «hourloupéen» de l’auteur sur morceaux de draps d’hôpital. Je soupçonne Joinul d’avoir un peu arrangé/augmenté le texte initial.

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Certainement pas Roger Gentis qui a donné ici à son ami Joinul une éclairante préface.

20:19 Publié dans Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre maunoury, joinul, john-antoine nau, prix goncourt | |  Imprimer | | Pin it! |

03.10.2012

La Société du Chalet expose le Musée du Tout

Comme je disais à ma pharmacienne qui veut toujours me refiler ses génériques, moi j’veux d’la marque, pas du low cost. C’est pourquoi le Museum of Everything m’intéresse. Petit à petit, il a créé sa propre marque.

dessin.jpgDu moins c’est lui qui l’dit. Aussi me branche-je de temps à autre sur le site du MOE où sont présentés pêle-mêle des artistes des deux siècles derniers et du début du nôtre, «non conventionnels, inédits et le plus souvent inconnus», ça va de soi.

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Je me branche et j’y comprends rien. D’abord parce que y’a pas de mickeys pour illustrer les textes écrits en caractères du temps des machines à ruban noir et rouge, ensuite parce que ça se présente comme un joyeux bordel (c’est voulu) censé refléter la diversité du stock. Tout de même, cette fois-ci, en cliquant sur le drapeau français, je me suis aperçu que le Musée du Tout (ou du n’importe quoi comme disent les mauvaises langues), derrière lequel la rumeur sussure qu’il y a surtout des collectionneurs, allait s’offrir un tour de piste germanopratin.

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chalet_large.jpgCar le MOE se déclare «musée ambulant» ce qui n’est pas très loin de «musée emballant» il faut le noter. Il a donc choisi en cette rentrée des classes 2012 de s’installer dans un ancien séminaire catholique, sis au 14 boulevard Raspail, le temps d’une exposition qui (si j’ai bien compris) sera vernie le 15 octobre et s’épanouira tout du long de la FIAC, c’est à dire du 18 au 21 octobre 2012.

Cinq cent œuvres qu’on nous promet! Dessins, peintures, sculptures, livres uniques et «installations écologiques» (sic) réalisés par des autodidactes, visionnaires et atypiques de l’art. Je demande à voir. Surtout les petits nouveaux.

Sagement, le MOE met cependant en avant les pointures : Henry Darger, Guo Fengyi, Gertrude Morgan, Willem van Genk, ACM, Charles Dellschau. Tous ces brothers et ces sisters «évoluent sans formation artistique, hors de la théorie artistique et de la société» nous rappelle le Museum of Everything. Pour compenser un peu ce manque d’éducation, un effort philosophique sera requis de la part des «plus grands artistes, des curators et des penseurs de renommée mondiale» qui travaillent sur ce chantier en collaboration avec l’Everything.

Parmi eux : Paula Rego, Marlene Dumas (ceci dit pour les amateurs d’expressionnisme), John Baldessari (catégorie photographie), Nick Cave (chanson populaire), Edward Ruscha (conceptualo-pop), Carsten Höller (hello, amis des animaux!), Maurizio Cattelan (superstar), sans oublier les incontournables Bolt et Annette (textiles, messageries). Tout ce beau monde tiendra-t-il dans le Chalet

Car j’ai oublié de vous le dire, cette exposition made in Everything s’intègre dans le nouveau projet artistique «et radical» de Marc-Olivier Wahler qui n’est autre que l’ancien dirlo du Palais de Tokyo.

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30.09.2012

Excentriques, entrez dans le Dansel

michel dansel.JPGGrand ménage aujourd’hui. Enterré sous une pile de coussins je retrouve Les Excentriques de Michel Dansel acheté au printemps dernier. Le genre de bouquin qu’on se promet de dévorer et puis… les yeux plus gros que le ventre! Je me souviens quand il est arrivé dans mon sweet home, je m’étais promis de consommer de A jusqu’à Z ses 830 pages. Quelques notices avalées en diagonale après, je me suis laissée emporter par d’autres aventures. La vie quoi! En fait c’est un ouvrage de référence qu’il faut attaquer par petits morceaux, un soir une notice, un soir une autre pour se distraire avant de s’endormir.

Il y a aussi les 37 cas d’excentriques anonymes, des considérations savantes sur la marge et les classifications et une anthologie de textes choisis pour illustrer la galerie de portraits. La densité des textes sur deux colonnes commandait la Collection Bouquins de chez Robert Laffont.

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Elle a l’avantage de stocker beaucoup mais ses volumes sont un peu mous à la main. N’était mon addiction aux versions papier, je kifferais bien Les Excentriques sur tablette si ça existait. Idéal pour lire au lit en évitant de réveiller son chéri qui pionce déjà! La catégorie des excentriques est large. Ce n’est que par moments qu’elle recoupe notre dada brutoïde.

Mais ces moments ont nom Jean-Pierre Brisset, Fulmen Cotton, Berbiguier de Carpentras, Ferdinand Cheval, Chomo, Henry Darger, Paulin Gagne, Raymond Isidore, Raymond Roussel. Une copieuse bibliographie ouvre des boulevards aux petits pisteurs de la curiosité. Entrez dans le Dansel!

23:35 Publié dans Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel dansel, excentriques | |  Imprimer | | Pin it! |

29.09.2012

Gaston Chaissac : « LA SOUPE EST À CUIRE »

De loin, j’ai cru que c’était un livre de cuisine. Posé à plat sur la table d’une librairie de mon quartier où je contemplais d’un œil maussade les piles de madame Angot. Des livres de cuisine, j’en ai 243 au moins. Un plein placard de cuisine. Mais je m’en lasse jamais.

Alors quand j’ai lu sur la couverture couleur lentille claire : LA SOUPE EST À CUIRE en gros caractères, je me suis dit que ça tombait à pic vu la saison qui se rafraîchissait. Et puis il y avait cette petite tête de poireau triste dessinée dans le coin à droite.

Gaston Chaissac

En m’approchant, je compris mon erreur. «Mamma mia! mais c’est un nouveau Chaissac que j’ai devant moi», me dis-je. Il vient de paraître et on m’avait rien dit.

La Soupe est à cuire reprend les premiers mots de l’ouvrage qui n’est pas, comme on pourrait s’y attendre un recueil de lettres du grand soupier qu’était Gaston Chaissac. Des recueils de lettre du Gastounet, il y en a déjà des masses de parus. Mais là, c’est plus que ça, c’est mieux que ça.

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Les Editions Finitude qui ont publié 100 livres en 10 ans, émanant d’un tas d’auteurs au poil tels que Georges Darien, Eugène Dabit, Georges Perros, Henry Miller, Raymond Guérin, Henry David Thoreau, Robert-Louis Stevenson et Raphaël Sorin (voir ma note Produits d’entretien du 16.01.2006) ont eu la bonne idée de reproduire un livre unique fait à la main par le peintre de Sainte-Florence de l’Oie le 26 mais (sic) 1950.

Gaston Chaissac

Jean Dubuffet à qui il avait été adressé avait eu tout de suite envie d’en faire tirer 50 exemplaires mais en définitive le livre était resté inédit. Dubuffet, engagé lui-même, peu de temps avant, dans la réalisation de petits livres à la saveur rustique, ne marchande pas son admiration à Chaissac à propos de La Soupe est à cuire.

«Je mets cet ouvrage sur le plan des œuvres les plus précieuses que je connaisse au monde. Je trouve que cette œuvre de toi est ton œuvre maîtresse, une espèce de somme où tous les thèmes qui t’habitent se trouvent tous ensemble et d’un seul bloc projetés avec une force extrêmecitation.jpg

Collectionneurs, attention! Finitude n’a pas prévu, comme parfois, de tirage de luxe spécial. Cette édition qui restitue le manuscrit dessiné et calligraphié à la plume sur papier kraft ne s’éternisera cependant pas sur les rayons des libraires.

Toute basique qu’elle soit, elle est soignée et assortie d’une transcription typographique sur papier blanc ainsi que d’une préface de Dominique Brunet. Elle mérite donc de voisiner, pour ceux qui ont la chance de les posséder, avec Ler dla campane ou l’Histoire de l’aveugle.

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15:38 Publié dans De vous zamoi, Ecrits, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston chaissac, jean dubuffet, editions finitude | |  Imprimer | | Pin it! |

27.09.2012

Les inventeurs bientôt inventoriés ?

4 octobre 2012. Vous avez jusque là pour vous procurer en kiosque le n°375 du bimensuel Le Journal des Arts. Article d’une page sur 6 colonnes d’Eric Tariant. Dans la rubrique Patrimoine et musées, une enquête documentée sur le thème des Chefs-d’œuvre d’art brut en péril.

patrimoines irréguliers,art brut,marcel landreau,eric tariant,pierre de lagarde,chefs d'oeuvre en périlApprécions au passage le petit parfum ORTF. «Chefs d’œuvres en péril» rappelle l’émission culte de Pierre de Lagarde et les années 60/70 du siècle dernier que certains, m’a dit mon daddy, ont vécues.

Ce n’est pas le cas des «fondus d’art singulier» qui «tirent la sonnette d’alarme» à propos de ces «œuvres monumentales réalisées par les inspirés du bord des routes ou bâtisseurs de l’imaginaire» qui «disparaissent avec leurs inventeurs». Du moins trop souvent.

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Eric Tariant nous parle d’un «jeune couple italien» qui s’emploie à fédérer «les bonnes volontés» pour sauver «ces sites en péril». Chiara Scordato, une Romaine de Paris «et son compagnon Danilo Proietti» (quelques autres aussi que le journaliste ne cite pas) ont créé une association. Son titre : Patrimoines irréguliers, me paraît heureusement inspiré par Irregolari le livre d’Eva di Stefano dont je vous parlais encore hier. Le site Internet de l’asso est en construction mais il devrait accueillir en 2013 l’inventaire d’une cinquantaine de «sites du patrimoine artistique français». Sites bien réels de notre terroir ceux-là.

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Une cinquantaine sur «environ 200» qu’«on recense» en France, nous dit le journaliste sans préciser davantage. Faut-il chercher ce «on», «pronom malhonnête» comme le prétendaient nos grands-mères, parmi la «brochette de spécialistes de l’art brut emmenée par le critique d’art et écrivain Laurent Danchin» (dixit Tariant) qui en appela (je parle de la brochette) récemment à un ministre de la Culture sur le départ pour le classement d’une cathédrale plus new-ageuse que brute?

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L’article de Eric Tariant ne le précise pas. Il n’en énumère pas moins certains de ces 200 «environnements d’art populaire» : le Palais idéal d’Hauterives, le jardin de sculptures d’Emile Taugourdeau, la Maison aux coquillages de Bodan Litnianski («à vendre au prix de 80.000 euros»), Le Petit Paris à Saint-Dizier et le site de Marcel Landreau à Mantes-la-Jolie.

A propos de celui-ci, précisons à monsieur Tariant qu’il est un tantinet défaitiste d’écrire que cet «environnement fait de sculptures de cailloux» n’aurait pas «résisté au passage du bulldozer commandité par (ses) nouveaux propriétaires». N’en déplaise à ceux -amateurs ou «spécialistes»- qui propagent cette romantique légende à partir de données anciennes, Marcel Landreau avait su sauver de la destruction un nombre non négligeable de ses œuvres.

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Comme les découvertes récentes d’un antiquaire dont le nom (Freddy Tavard) a été révélé ici même sur mon blogounet à moi, Marcel Landreau avait même su transporter et scénographier ses œuvres rescapées dans un autre environnement : celui de la résidence poitevine où il passa sa retraite, poursuivant son travail créatif à petit bruit. Il n’est pour s’en convaincre qu’à faire un tour sur mes notes spéciales Landreau.

Et puis voilà.

26.09.2012

Costruttori di Babele à la Villa Borghese

Museo_Bilotti-_esterno-2.jpgRome. L’Orangerie de la Villa Borghese, ça fait rêver. Si vous vous trouviez dans les parages, samedi 29 septembre 2012 sur le coup de 4h de l’après-midi? Ce serait l’occasion d’aller au vernissage de l’exposition du Musée Carlo Bilotti.

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Des photos. Notamment celles d’Alberto Ferrero représentant la Maison du Chevalier à Maregrosso près de Messine en Sicile.

Votre petite âme errante vous a déjà signalé cette œuvre «environnementale» de Giovanni Cammarata pas plus tard que le 22 juillet 2008. Grâce au livre d’Eva di Stefano (bonjour à elle si elle me lit) : Irregolari.

Et on dira après ça que les Italiens ne savent pas ce que c’est que l’art brut !

25.09.2012

Le Musée imaginaire de Jean Dubuffet

On le croisait dans nos campagnes fabulosiques. Lancé à pleine vitesse sur des engins cyclistes dans nos espaces urbanistiques. Dispensant sa science dans des écoles louvresques. Fréquentant de vénérables librairies à la recherche de L’Homme du commun à l’ouvrage.

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On le voyait dans le RER en route vers les grandes banlieues de l’art. Accueillant l’orage comme le soleil dès lors qu’il s’agissait de cueillir une information sur un Barbu Müller des familles. Conférençant à droite, à gauche. Un jour à Dijon, l’autre à Annecy. Emporté par ses chères études et le train pour Lausanne.

A force on le croyait perdu dans les greniers de la Collection de l’Art brut. Et bien, pas du tout. Baptiste Brun nous revient sur le blogue du CrAB avec un chouette article sous le bras qui montre que sa thèse avance à grande vitesse et que bientôt il sera docteur.

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J’ai tort de plaisanter car allez lire cet article qui figure in extenso et en ligne dans le n°1 des Cahiers de l’Ecole du Louvre, vous verrez que c’est du sérieux. Et du sérieux dans une langue claire, ce qui ne gâte rien. Comptez pas cependant sur ma cervelle de piaf pour vous faire un compte-rendu de ce travail de Réflexions sur la documentation photographique dans les archives de la Collection de l’Art Brut.

souris rongeuse.jpgTout ce que je peux vous dire c’est que je suis reconnaissante à Mr Brun de n’avoir pas abandonné à la critique rongeuse des souris ce joli tas de photos grâce auxquelles Papa Dubuffet documentait ses recherches. On n’a pas toujours le temps d’aller vérifier à la Maison Mère et Baptiste l’a fait tranquillement pour nous!

J’apprécie aussi le parallèle comparatif qu’il dresse entre le Musée imaginaire de Malraux et ce qu’il appelle «le Musée imaginaire de Jean Dubuffet». Et je trouve éminemment jouissif aussi que Baptiste Brun fasse état d’une lettre de Dubuffet à Picasso à propos d’Auguste Forestier. Elle est datée du 21 mai 1945 comme la lettre adressée sur le même sujet à Raymond Queneau par Jean Dubuffet.

abcd livre noir.jpgVoir sur ce point la notice Suisse ou France dans l’ouvrage abcd une collection d’art brut paru en l’an 2000. Douze ans après ce livre, l’article de Baptiste Brun confirme bien que, contrairement à certaines légendes, les recherches systématiques de Jean Dubuffet concernant l’art brut, commencèrent en France avant de prendre leur essor en Suisse. Depuis le temps que je me tue à le faire remarquer, ça fait plaisir!

00:05 Publié dans art brut, Gazettes, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baptiste brun, jean dubuffet, crab, ecole du louvre | |  Imprimer | | Pin it! |