02.07.2012
Pascal Verbena : ça déménage !
L’été m’a rattrapée à Aix-en-Provence où l’on travaille malgré la chaleur comme le montre cette photo prise dans la rue du Puits Neuf. En dépit des apparences, ce ne sont pas des déménageurs qui livrent ici un frigo à la Galerie Paire. Alain Paire possède déjà un réfrigérateur dont il tire, pour ses visiteurs, des verres d’eau fraîche. Il est aussi le propriétaire d’un diable qu’il prête à Pascal Verbena quand celui-ci vient chercher un de ses enfants confiés, le temps d’une exposition, à la maison Paire.
C’était le cas ce jour-là où je suis tombée en plein décrochage de l’exposition Ex-voto. Votre petite âme errante en a profité pour cuisiner Alain Paire au sujet d’Odette Ducarre. A.P. m’a parlé de Cioran, de Mandelstam, de Philippe Jacottet que je ne connais guère, du fait de mes œillères brutes.
Heureusement Pascal Verbena est arrivé avec sa casquette violette et sa chemise-kimono africaine. Avec une simplicité communicative, il a réconcilié, s’il en était besoin, le monde de la culture littéraire la plus raffinée et celui de l’art moins dans les normes. C’est que Pascal Verbena navigue entre des courants qui s’ignorent comme un poisson dans l’eau du Vieux-Port de Marseille.
De ses débuts d’autodidacte, du temps de l’Atelier Jacob, à ceux de sa maturité d’artiste fort estimé des collectionneurs, du temps a passé mais Verbena n’a pas noyé la sardine pour autant. S’il n’a plus ce look de christ hippie qu’on lui voyait sur les catalogues d’Alain Bourbonnais, il abrite toujours son sourire dans un soleil de barbe.
Sans se faire prier, il a posé, pour les lecteurs d’Animula, près d’une armoire à secret dont je désespère de vous évoquer la finesse d’exécution règlant la juxtaposition des bandes de bois de diverses nuances.
Elle appartient à Alain Paire et il faudrait avoir une armure de Dark Vador pour ne pas saisir ce qu’elle recèle de pudeur, d’exhibition furtive et de sentiment caché avec son petit personnage protégé par des volets.
C’est peut-être plus vrai encore avec ce reliquaire dont Verbena ne se sépare pas parce qu’il espère «ne plus jamais refaire» une pièce pareille. Quand je vous aurai dit que les yeux de Sainte-Lucie, dans le bas de la composition, ont été triés comme des lentilles sur une plage, que la forme de bois qui flotte au dessus de ces porte-bonheur a servi de matrice pour des dessins, que la pierre de volcan au centre a été ramassée près du Vésuve, je ne vous aurai dit que peu de ce qui fait la charge de cette œuvre émouvante qui s’intitule Je suis venu te dire…
Les premiers mots peut-être d’une lettre de rupture reçue par l’artiste. Lettre qu’il a déchirée avant de la clore pour jamais avec sa souffrance, sa nostalgie et tout l’amour du monde dans sa composition sous de petites fenêtres à claire-voie.
18:46 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pascal verbena, neuve invention, art singulier, alain paire, dark vador | | Imprimer | | |
01.07.2012
Jean Perdrizet au Musée de Digne
En panne de vitamine D, j’ai sauté dans mon Opel de location, direction sud-est. Sur la route Napoléon, les rochers des Mées ont l’air de cônes pralinés.
Arrivée à Digne je me suis offert une triple glace avant de me rendre au vernissage de l’exposition Jean Perdrizet inventeur au musée Gassendi.
A Digne-les-Bains, les nuages ressemblent à des montagnes tibétaines et le musée est sur la pente.
Le grand homme du coin c’est l’humaniste Pierre Gassendi et la grande femme Alexandra. Pas celle de la chanson de Claude François mais la vagabonde David-Néel.
A ces explorateurs des idées ou des contrées lointaines, Digne, jusqu’au 29 octobre 2012, ajoute Jean Perdrizet, pionnier d’une pensée parallèle placée sous le vent vivifiant et fou de l’art brut.
Jean Perdrizet avait plein de choses dans la tête. Cela partait dans tous les sens : «cerveau à eau, machine à lire à résistances liquides, table traçante d’ordinateur imaginatif». Un vrai feu d’artifice mental et graphique!
Perdrizet adorait les plans, les schémas, les diagrammes et les symboles. Il est difficile à suivre. Lui-même ne parvenait pas à se faire comprendre des savants auxquelles il adressait ses projets. L’un d’eux, une «machine à écrire avec l’au-delà» a été réalisé dans l’expo de Digne.
On pense à la Méta-Matic de Jean Tinguely. De quoi remuer ceux qui s’interrogent, avant le vin d’honneur, sur la nature exacte de l’œuvre de leur concitoyen: scientifique, démente, artistique?
Pour moi, ça ne fait pas de doute depuis que j’ai découvert ce fleuron d’un art d’autant plus authentique qu’il ne se présentait pas comme tel.
L’expo du musée Gassendi a le mérite d’évoquer la figure quotidienne de Perdrizet, sans trop la muséographier. Tout juste si l’on n’entend pas le timbre de sa mobylette.
Au vernissage, il n’étaient pas rares ceux qui l’avaient connu. J’ai parlé pour ma part avec M. Varcin, un professeur d’Histoire auquel Perdrizet avait confié une caisse en bois contenant un petit brac à brac pour ses inventions.
Ces matériaux sont visibles dans une petite vidéo qui passe en boucle au musée Gassendi.
Les dessins de l’exposition figurent sous diverses rubriques : «les machines, le robot, l’au-delà, la langue, les mathématiques, la poiétique».
Tout cela tient dans une longue salle voûtée au plafond décoré de gypseries fin XVIIIe siècle. Ni étouffant, ni impressionnant. Un lieu bien choisi à ne pas manquer si vous êtes en vacances dans la région.
Avis aux collectionneurs : une publication très goûteuse accompagne l’expo. J’ai eu le temps d’en roucouler deux mots de satisfaction à M. Thomas Wierzbinski, l’un des commissaires.
Plutôt que de se la jouer catalogue ordinaire, cette publication imite judicieusement les livres uniques de Perdrizet présents dans l’exposition.
Un leporello reproduisant des originaux en couleurs et un fac simile du profil de carrière de l’inventeur nous sont offerts sous une chemise cartonnée avec son cachet.
Un court texte de Jean-Jacques Viton, l’un des donateurs, accompagne le tout.
20:12 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, jean perdrizet, digne-les-bains | | Imprimer | | |
22.06.2012
Des festivals de fil et d'aiguilles
Ani vous l’avait bien dit : Nicole Bayle irait loin. Son grand tricot sur lequel j’avais attiré vos respectables attentions animuliennes il y a 3 ans déjà (voir ma note du 3 août 2009 intitulée : Dieppe au tapis) est arrivé à Lausanne.
C’est Nicole elle-même qui me l’écrit : cette œuvre de 35 m de long est «depuis 2010 à la Collection de l’Art Brut» (Neuve invention). On peut dire que j’ai du flair! Mes bonnes idées ne restent pas lettre morte. Tant mieux! Illico presto, Nicole Bayle, armée d’une patience digne de Pénélope, s’est remise au travail.
Son nouveau petit tricot (7 mètres de long tout de même) a été exposé récemment au festival Art et Déchirure à la Halle aux toiles de Rouen.
«Si cela vous intéresse», me dit Nicole, «il sera visible au festival du lin et de l’aiguille à La Chapelle-sur-Dun le 8 juillet 2012 avec l’alphabet Mon lapin et mes poupées».
C’était mon trou normand.
«Tire, tire, tire l’aiguille, ma fille…».
15:40 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicole bayle, neuve invention, tricot | | Imprimer | | |
18.06.2012
Drôles d’Histoires à la Fondation Cartier
Dans mon petit collimateur, j’ai toujours en vue la Fondation Cartier.
On m’avait dit qu’il s’y préparait une exposition d’art naïf.
Elle arrive et c’est pas du tout ça.
Ce qui s’y donne, sous le titre lisse mais un peu vague d’Histoires de Voir (sous-titré, concession au véhiculaire anglo-saxon dominant : Show and tell), jusqu’au 21 octobre 2012, c’est plutôt un patchwork bigarré de créations du monde entier, axé cependant surtout sur un Tiers-Monde sud-américain, indien et africain.
Je ne sais pas si les auteurs de ces peintures, sculptures, broderies, dessins, où percent tout à la fois des identités culturelles fortes et des composantes autodidactes, populaires, natives avérées, sont, comme le dit le leporello de présentation : «des femmes et des hommes pour qui l’art est en lien étroit avec l’hypersenbilité du cœur» mais ce dont je suis sûre c’est que, du point de vue qui est le leur, les Animuliens y feront des découvertes nourrissantes.
Passons sur l’autosatisfaction un peu agaçante du p’tit topo de rigueur sur la «scénographie» d’Alessandro Mendini «pensée comme un écrin, simple mais précieux, conçu pour contenir, protéger et montrer un art tout particulier» car on pourrait dire ça de n’importe quel accrochage réussi et celui-ci l’est.
Munissons nous de notre caddie et faisons sans complexe notre marché brut parmi les 400 œuvres présentées accompagnées de films ethnographiques un brin longuets et déprimants.
Et là vous aurez le choix du sol au plafond, sur la tête à mon daddy!
Dans la grande salle du rez de chaussée des drapeaux vaudou vous claquent à la goule mais on peut goûter aussi aux couleurs éteintes d’Aurelino dos Santos, un monsieur brésilien touché par la grande aile de la schizophrénie.
En RDC toujours mais dans la petite salle, l’alcool fort des bois sculptés savamment à la serpe par un Serbe au nom imprononçable : Dragisa Stanisavljevic.
Au sous-sol grande salle, si vous survivez au terrible escalier de chez Cartier, jetez vous comme des bêtes sur les villes imaginaires, vertigineuses et d’une densité colorée du Sénégalais Mamadou Cissé.
Cela vous facilitera la plongée vers les dessins d’avant le monde de Joseca, shaman Yanomami ou les 3 aquarelles d’Albert Lubaki, peintre congolais dont je vous ai déjà parlé le 20 mars 2010 (Art Paris invite au Grand Pal). Il est ici en compagnie d’un compatriote également précurseur dont j’ignorais tout et dont j'ai trouvé une image sur le Net : Djilatendo.
Le catalogue coûtant bonbon, je me suis contenté du livret à 6€. Si vous faites comme moi, attention, cette brochure a tendance à choisir des illustrations consensuelles. On aurait pu y faire une part plus large aux images plus radicales et elle existent foi d’Ani! J’en passe et des meilleures et on pourra me le reprocher mais j’arrive au bout de votre patience. Donc bougez-vous, éteignez votre écran et descendez à Raspail. Surprises, beautés, curiosités garanties!
En abondance. Même si vous vous fichez comme de l’an 40 de «revisiter», comme le dit le blabla introductif de l’expo HDV, «les relations entre art contemporain et art populaire, entre art et artisanat».
00:33 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fondation cartier, histoires de voir, alessandro mendini, aurelino dos santos, dragisa stanisavljevic, mamadou cissé, djilatendo | | Imprimer | | |
11.06.2012
Ursula aux Yeux Fertiles
Après Rosemarie, Ursula. Je promenais mon perfecto rouge, emprunté à une copine bikeuse, dans les vernissages Juin d’art de la rue de Seine quand je suis tombée sur Ursula. J’étais un peu pompette rapport aux quelques coupes avalées ici et là mais la Galerie Les Yeux Fertiles m’a dégrisée. Ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de rencontrer Ursula et là, une exposition lui est consacrée.
Du moins en partie, étant donné que son chéri Bernhard Schultze -plus célèbre- occupe la moitié des cimaises. Avec tout le respect que je dois à celui-ci, j’ai moins d’élan pour son «art informel abstrait» que pour les «confins de l’Art Brut» d’Ursula, artiste inclassable que l’art naïf pourrait aussi revendiquer, au risque toutefois d’un contresens.
Rentrée chez moi, quelques verrines et rondelles de saucisson plus tard, j’étais presque sûre de posséder quelque part d’anciennes paperolles au sujet du cas d’Ursula Bluhm. Dans mon souvenir, c’était mince : style invitations, flyers ou mini-catalogues. Mais macache bono, j’ai eu beau crever deux ou trois cartons de bagatelles de cette sorte, je n’ai pas pu remettre la main sur quoi que ce soit.
J’ai donc dû me contenter de la notice Wikipedia en allemand interprétée en charabia fransoze par Gougueule-translate. C’est mieux que rien. Cela m’a permis de constater que, un an avant son mariage avec Herr Schultze, cette autodidacte de la poésie et de la peinture avait déjà été remarquée pour son travail par l’œil sagace de Jean Dubuffet, toujours lui.
L’Animulien moyen qui s’intéresse à l’œuvre d’Ursula aura intérêt à se reporter à la notice d’Harry Bellet qui figure dans le gros bouquin jaune des Donations Daniel Cordier (Le regard d’un collectionneur) publié par le Centre Pompon en 1989.
Ledit Harry n’hésite pas à rapprocher les toiles d’Ursula de celles d’Augustin Lesage : «comme le peintre-mineur, Ursula (…) raconte ses histoires selon des procédés proches de la transe médiumnique sur laquelle la deuxième génération surréaliste a pu se pencher, non sans réticences (…)».
Et Bellet de souligner combien les rêves colorés d’Ursula avaient par contre «de quoi ravir le fondateur de la compagnie de l’art brut».
Plus modestement, moi j’avoue avoir été attirée, dans les vitrines des Yeux fertiles, par les fourrures d’Ursula. Car cette dame, qui ne répugne pas aux «techniques mixtes», n’hésite pas à coller des bouts de vison sur ces compositions. Cela m’a fait penser à Meret Oppenheim. Surtout, le petit coffre peint, fourré et emplumé par Ursula dont je n’ai pas l’image mais dont j’ai trouvé un petit frère sur le net.
«La douceur apparente des matériaux contrastant avec une agressivité latente» comme le dit si bien Elisabeth Paoli-Lafaye dans la notice Ursula du Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs de Biro et Passeron.
16:15 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ursula, neuve invention | | Imprimer | | |
07.06.2012
Rosemarie Koczÿ à corps et à cri
Quelques images avant la route? Commençons par les plus dures. Celles de Rosemarie Koczÿ qui entament l’âme (errante ou pas). Le Musée de la Création Franche consacre à cette artiste, certes «trop cultivée et trop communicative pour être classée parmi les auteurs d’art brut» (Michel Thévoz) mais hyper-émouvante tout de même, une publication qui accompagne l’exposition A corps et à cri.
Vous avez jusqu’au 19 août pour la visiter. Le début de la vie de R K est si dramatique qu’on a peine à en lire les péripéties passées au crible de sa mémoire. D’ascendance hongroise, née en Allemagne, déportée avec sa mère, elle a survécu à deux camps de concentration avant de subir les rigueurs d’un orphelinat catho où l’on s’employa à lui faire oublier son identité de petite fille juive. J’ignore si ses récits correspondent en tous points à la réalité ou s’ils procèdent d’une sorte d’enkystement perpétuel de la douleur comme on en a parfois l’impression.
Toujours est-il qu’à regarder (non sans difficulté pour moi) la série de ses dessins à l’encre de Chine intitulée Je vous tisse un linceul, dessins dont elle disait : «c’est un enterrement que j’offre à ceux que j’ai vu mourir dans les camps», on ne peut qu’approuver Pascal Rigeade, le directeur du MCF de Bègles d’avoir entendu à la lettre la conclusion de l’article de Michel Thévoz dans le n° 31 de la revue Création Franche (voir ma note du 1er oct. 2009).
«A notre tour», écrivait Thévoz, «il nous incombe de tisser un linceul à Rosemarie Koczÿ».
14:10 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rosemarie koczÿ, création franche | | Imprimer | | |
03.06.2012
Germain Van der Steen est passé à Drouot
A l’intention de l’Animulien fidèle (il se reconnaîtra) qui ne rate pas une occasion de me passer un savon quand j’oublie de parler de Germain Van der Steen, faux-naïf et vrai représentant de la Neuve Invention, pur Parisien bien que né à Versailles sous un patronyme flamand, marchand de couleurs insomniaque, créateur de félins fous et bouffons, je dédie ce minou-tigre sur isorel.
Il vient de figurer dans la vente publique de l’ancienne Collection Anatole Jakovsky (2e partie) qui s’est tenue à l’Hôtel Drouot, amputé de sa fontaine, le 1er juin 2012.
A noter que les contours de l’animal sont dessinés au moyen de ficelles collées sur le support, ce qui ne se voit pas très bien sur la photo.
20:18 Publié dans art brut, Encans, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : germain van der steen, anatole jakovsky | | Imprimer | | |
31.05.2012
Célébration de Chemellier et de Jules Mougin
Célébrons aujourd’hui Chemellier dans le Maine et Loire. Cette commune chargée d’histoire (il y en a toute une tartine sur Wikipédia) m’offre l’occasion d’un retour sur moi-même. Au lieu-dit La Motte, il y aurait des poèmes gravés dans le tuffeau, tendre pierre crémeuse du Saumurois.
C’est qu’à Chemellier vécut Jules Mougin à qui il n’y a pas si longtemps (le 8 novembre 2010 exactement) j’ai fait un p’tit coucou de départ. J’enrageais alors de ne pas être fichue de vous citer une jolie poésie manuscrite du Facteur Mougin à son confrère Ferdinand Cheval que j’avais achetée jadis à Drouot. Et bien ça y est, je l’ai retrouvée, glissée dans sa chemise jaune parmi un épais feuilletage de coupures de presse. Elle provient de vieilles archives de Frédéric Altmann qui fonda un musée d’art naïf dans le Var. Je vous en cite un chouïa :
Ma foi, c’est pas rien de saluer
un voyant ! (…)
Il faudrait pour bien faire,
Compter les jours et les jours
Du va et vient
Génial.
Pierre par pierre.
Une pierre comme ça,
Une autre qui chuchote à la coquille,
Et la plus belle – mais si lourde –
Qui, sans aucun doute, est une larme
D’étoile !
Cette poésie, rédigée d’une main ferme et d’une plume noire le 30 juin 1975 à 17 heures, est belle dans sa forme un peu échevelée comme peut l’être l’autographe de Mougin que reproduit Alain Paire dans sa note du 13 mai 2012.
Si je vous signale cette note c’est qu’elle est toute entière occupée par un beau texte du photographe Léon-Claude Vénézia sur Jules et Jeanne Mougin.
Et qui est annoncée la sortie imminente de la correspondance de Jules Mougin avec Gaston Chaissac.
12:36 Publié dans art brut, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, jules mougin, alain paire | | Imprimer | | |
28.05.2012
Crème de CrAB
Que se mettre sous la dent en ce mois de juin 2012 qui s’avance?
La crème du CrAB évidemment. Je vous l’avais dit depuis le début que ce collectif de jeunes chercheurs constitué pour gratter autour de l’art brut avait du pied (ou de la patte) dans la chaussure.
Ceux de mes lecteurs qui auraient manqué une étape n’ont qu’à, pour s’en convaincre, jeter un œil sur ma note baptismale du 18 décembre 2010 : le CrAb en pince pour l’art brut. De l’eau a coulé depuis dans l’océan d’informations qui nous parvient tous les jours au sujet de cet art brut où j’ai du mal à reconnaître mes petits.
Mais la crème du CrAB a porté ses fruits. Au fur et à mesure que ses membres mûrissaient, ce collectif de sympathiques crustacés s’est imposé comme le principal pôle de production de matière grise française, suisse et savoyarde sur l’art brut. Déjà on les envie, déjà on les imite, déjà on les courtise.
Mais les têtes chercheuses du CrAB, si elles se sont dépouillées de leurs enveloppes juvéniles, n’en continuent pas moins leur petit bonhomme de chemin savant en déblayant, sans en avoir l’air, une quantité de plages impressionnante.
Aussi ont-elles bien fait d’accepter l’invitation de la galerie abcd à venir jouer dans son bac à sable de Montreuil-les-Pins, rue CrABoltaire, métro CrABespierre (Monteuil-sous-bois, 12 rue Voltaire, métro Robespierre, vous aurez rectifié vous-mêmes ).
Faut-il que la crème de CrAB ait des vertus revigorantes pour qu’une collection de l’importance de celle de Bruno Decharme lui ouvre ainsi la possibilité de jouer avec ses jouets! Car -et c’est à ma connaissance là que réside l’inédit- ce sont les membres du CrAB eux-mêmes qui se chargeront de la conception et de l’accrochage de l’exposition qui se déroulera chez abcd du 2 juin au premier juillet 2012. Pourvu qu’ils ne deviennent pas CrABêcheurs après ça!
Le vernissage aura lieu le samedi 2 juin à 17h 30 mais comme le CrAB a le don d’ubiquité vous aurez pu avant aller écouter Fanny Rojat qui planchera sur les missives d’Henri Bessaud Narboux (un «écrituriste» brut révélé par Michel Thévoz) à l’Institut de Théologie Protestante (77 bd Arago) dans le cadre du séminaire de Lise Maurer.
Il est tentant aussi d’aller se goinfrer au brunch abécédien en accès libre qui suivra le 16 juin la huitième session du séminaire CrAbique à l’INHA.
Les accros à la crème de CrAB pourront aussi venir à Montreuil chaque week-end du mois de juin où des membres du collectif les chouchouteront et les pinceront gentiment s’ils s’assoupissent pendant que Pauline Goutain leur interprétera sa chanson du grand Wölfli
que Vincent Capt leur fera la lecture ou que Baptiste Brun les initiera à la broderie bigoudenne qui vient de Mandchourie.
La crème du CrAB, comme la manne, sera par ailleurs distribuée à droite et à gauche en ce printemps. A Fontainebleau, à Annecy, à Bruxelles, à Cergy-Pontoise. Pour plus de détails, voir la newsletter du CrAB de mai 2012. Vous verrez que, outre les crabes déjà cités, Emilie Champenois, Céline Delavaux, Déborah Couette, Roberta Trapani n’auront pas volé leurs vacances d’été. Ils auront bien mérité de Gaston Dufour et des autres.
16:22 Publié dans art brut, De vous zamoi, Ecrits, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, crab, fanny rojat, pauline goutain, vincent capt, baptiste brun, emilie champenois, céline delavaux, déborah couette, roberta trapani, adolf wölfli, emmanuel le calligraphe, gaston duf, bruno decharme | | Imprimer | | |
25.05.2012
Dubuffet métallisé
A force de parler de lui on le croirait immortel. Du moins ses idées sont si vivantes -bien que (ou parce que) réfutées, adulées, controversées, serinées, travesties, déclarées démodées ou indémodables, ratatinées, oubliées ou du plus pur acier inoxydable- qu’on a de la peine à l’imaginer mort. Même moi, votre petite âme errante, hourloupiste de la plus belle eau, je viens de me rendre compte que jamais, au grand jamais, je ne m’étais préoccupée de savoir où était sa dernière demeure.
Grâce à Lars Ulrich, le batteur du groupe Metallica, je sais maintenant que Jean Dubuffet repose près de sa chère Lili dans le cimetière du village natal de celle-ci, Tubersent dans le Pas-de-Calais. Grâce à Lars Ulrich et grâce à La Voix du Nord.
Dans le numéro 43 du 20 avril 2012 du magazine Rolling Stone, le musicien a, en cours d’interview, déclaré au sujet de Dubuffet : «Ah, mon artiste préféré de tous les temps! C’est le parrain de l’art brut, de tous ces artistes qui se sont dégagés de toute éducation superflue pour sortir un art essentiel, primitif, essentiel.»
Ce qui lui vaut de la part de La Voix du Nord qui a remarqué ce propos, le commentaire un poil ironique suivant : «On est à deux doigts du pèlerinage du batteur californien à Tubersent, où repose le créateur de l’Hourloupe qui a également donné son nom à une rue.» Comme si c’était carrément incongru que le heavy metal croise la route de l’art brut!
Comme si l’art brut n’avait droit qu’aux épousailles avec les conceptualités snobardino-contemporaines! Et si, petit doigt en l’air pour petit doigt en l’air, celui de Lars Ulrich, à tout prendre était préférable? Tubersent n’a pas de musée et Lars Ulrich pourrait bien être sincère quand il dit à propos de l’art brut : «ça me parle beaucoup, y compris en tant que musicien».
23:55 Publié dans art brut, Gazettes, In memoriam, Zizique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean dubuffet, lars ulrich, metallica | | Imprimer | | |