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09.12.2012

Mon salut au Mont-Salut

C’est plus fort que moi, faut que je cède à la pub ! Alors quand j’ai vu qu’un «service Digital Solutions» me proposait pour un «prix spécial Noël» de redécouvrir mes souvenirs en les transférant sur DVD, j’ai fouillassoné dans le tas de diapos et autres vieilles pelloches en déshérence chez mon daddy. Non pour le plaisir de me voir avec quelques années et kilos en moins dans des fringues pas possibles mais dans le but de me lancer rétrospectivement à la poursuite du diamant vert de l’art sans entraves.

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D’un mois de mars breton, gla-gla à souhait et bruineux à cœur, j’ai retrouvé des images qui ont déjà l’âge d’une teenageuse d’aujourd’hui. En clair : elles datent de 1996 et ont été récoltées près d’Auray dans le Morbihan.

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On m’avait traînée dans ces parages pour voir -culture oblige- la basilique de Sainte-Anne. Je m’étais intéressée surtout au Trésor d’objets offerts en remerciement à la sainte.

A cause des épingles à nourrice rouillées, avalées puis regurgitées sans dommage par des bébés de la fin du 19e siècle. Sur la route du retour, un petit bar dans une petite commune avait attiré notre attention par sa population de géants avoisinants.

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Les créatures de souches assemblées là par vissage et clouage étaient plus exubérantes que leur créateur qui finit par se manifester quand il comprit qu’on s’éternisait devant. Plutôt du genre taiseux, l’artiste! Menuisier de formation, natif du lieu, André Morvan possédait l’art de disparaître sans qu’on s’en aperçoive.

André Morvan

Quand il fut question de portrait, il s’éclipsa pour changer de chandail et se munir d’une casquette. A nos questions, il répondit brièvement, en gars qui n’a rien demandé.

André Morvan

Le tapis roulant de la route à 3 voies devant sa porte lui convenait bien. Généralement, les touristes n’avaient que le temps d’apercevoir ses musiciens, ses danseuses, ses animaux d’une rusticité préhistorique. Pas celui de s’arrêter pour leur parler.

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«On lui demande de les acheter ou de les prêter pour un théâtre», nous lâcha Morvan du bout des lèvres en parlant de ses statues qu’il n’appelait pas «des statues». «Mais il ne les laisserait pas partir» ajouta-t-il, au cas où nous aurions eu besoin d’un avertissement.

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Il a tenu parole puisqu’il s’en occupe encore aujourd’hui comme un reportage récent sur le blogue de Jean-Michel Chesné nous l’a montré. Pas plus loquace sur ses techniques que sur le reste, André Morvan consentit tout de même à nous apprendre qu’il usait d’huile brûlée pour la conservation de ses sujets en bois exposés à tous les caprices du ciel.

André Morvan

Quand il nous quitta subitement, la lumière baissa. On s’acharna cependant à mitrailler le site de nos kodaks. Déjà le crépuscule venait qui révélait le côté fantastique de celui-ci.

André Morvan

03.12.2012

La Belgique fête le centenaire de Robert Garcet

C’était pendant l’horreur d’une profonde virée familiale dans les Ardennes. Une auberge mystérieuse avec du saucisson à la bière dans la forêt. Les sangliers en liberté surveillée du Parc de Belval m’avaient laissée de marbre. Moins les gaufres du village du livre à Redu. On avait fait les boucles de la Meuse. On s’était agenouillés devant Rimbaud au musée de Charleville.

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Mon daddy savait plus quoi inventer pour nous instruire. Nous avons donc poussé jusqu’à Eben-Ezer. En ces années octantes du siècle dernier, cette éminence magique au nord de Liège était une curiosité locale. Forte est encore, en votre petite âme errante, l’impression ressentie devant cette tour impressionnante, rugueuse et bosselée, édifiée sur une pente.

Quatre  géantes créatures ailées coulées dans le béton au sommet de ses créneaux : griffon

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sphinx

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Les quatre Chérubins de l’Apocalypse promis par les infos touristiques! Robert Garcet, le concepteur de cet édifice surhumain (construit avec une équipe de bénévoles) ayant une passion pour ce livre, le plus visionnaire de la Bible.

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On se sentait toute petite en haut de l’escalier monumental qui accentuait l’effet envoûtant.

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Timidement on frappa à la porte voûtée, du genre qu’on voit dans les films fantastiques. Il se passa du temps avant qu’un homme pas grand, vêtu comme un ouvrier d’autrefois et coiffé d’un béret vienne nous ouvrir. Deux grands chiens, noirs comme l’anarchie et sortis de nulle part, sont venus se placer de part et d’autre de notre groupe. Nous n’osions plus bouger.

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Cliquer sur l'image

De l’air calme du savant interrompu dans ses méditations, Robert Garcet –car c’était lui– nous informa que c’était demain le jour des visites. Le lendemain, en compagnie d’un petit groupe où figurait le photographe Clovis Prévost, on a pu pénétrer dans le Musée du Silex. Du moins dans la salle où se dressaient un pilier et des hauts-reliefs en ciment polychrome des plus symboliques.

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Robert Garcet, qui avait dépassé les 75 ans, ne montrait plus les souterrains où il abritait ses collections de cailloux et d’ossements plus ou moins préhistoriques dont celui du «mosasaure», un monstre antédiluvien de son invention.

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Mais il dispensait ses théories sur les silex où des hommes très anciens, plus anciens que l’humanité même, avaient témoigné de leur art. Un art radicalement différent du nôtre où aucune signification n’était évidente. Un art qui se contentait de suggérer des formes que l’on pouvait ressusciter en observant les silex sous toutes leurs facettes en lumière rasante. 

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Cette érudition très personnelle, qui contrastait avec son look de tailleur de pierres, valut à Garcet une ironie méprisante de la part de la science officielle qui ne voyait en lui qu’un paléontologue amateur et non un grand rêveur.

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Il fut de ce point de vue logé à la même enseigne qu’Emile Fradin (voir mon post du 16  septembre 2009 sur Glozel). Mais elle lui valut l’estime affectueuse des amis qui veillaient sur sa vieillesse à l’époque.

 

Comme ils veillent aujourd’hui sur son œuvre et sa pensée trop profuse pour que je puisse rien faire d’autre que de vous inviter à lire leur site très explicatif. Robert Garcet a écrit beaucoup de livres touffus qui mériteraient de figurer dans un répertoire de la meilleure «folie littéraire». Ce jour-là il nous en dédicaça un.

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Garcet, qui aurait eu 100 ans cette année, fait l’objet d’une exposition dans la bien-nommée Salle coup de cœur de l’art & marges musée à Bruxelles jusqu’au 27 janvier 2013.

 

 

 

01.12.2012

St Ouen blues

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Dérive à Saint-Ouen pour sortir du blues. Coucher de soleil et briques rouges. A la périphérie, déjà les phares.

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Une fresque enfantine sur un mur d’école. Un thé près de l’avenue Gabriel Péri.

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Le portrait du chanteur Matoub Lounès dans une vitrine. Et ce touchant témoignage d’art populaire kabyle autour du visage de cet homme libre, disparu tragiquement en 1998, jamais oublié depuis.

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Cadre-hommage chantourné. Fleurs nacrées sur fond de sable. Pourtour de petites coquilles noires. L’élégance même. La finesse, l’émotion. L’écrin fidèle à cette icône de la sensibilité berbère. Comme le décor d’un luth constellé.

14.11.2012

Dom, le héraut des mystères de l’Hérault

Paressseuse comme je suis en ce moment, j’attends tout du hasard, autre façon de dire : mes lecteurs. Et justement aujourd’hui c’est jackpot. M’est tombé dans la boîte une série d’infos héraultaises envoyées par un confrère blogueur «un peu touche-à-tout, fouineur, canyonneur, rêveur» (j’en passe) et capable d’enthousiasme pour ce que les hommes et la nature ont pu fabriquer de spectaculaire» (si possible de concert) : Clément Dom

A propos de concert, vous feriez bien d’aller voir ce clip d’un jeune groupe d’indie pop montpellierain. D’abord parce que c’est frais, ado, motorisé, avec 4 garçons dans le vent des années 60/70 revue par The Kooks et des gentilles copines qui viennent faire de la figuration. 

 

Pourquoi? D’abord pour qu’on dise pas que je crache toujours sur la culture et/ou sur la zique. Ensuite et surtout parce que Nasty Kelly (les musicos) ont l’avantage de répéter dans un jardin merveilleux et une «villa mystère» comme je les aime et vous aussi.

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Cet univers d’un bricoleur, inventeur, chercheur d’eau et chercheur «d’or du temps», recèle des monceaux de belles choses intéressantes en matière de sculpture, architecture, troglodytisme, design mobilier, conçues et réalisées par un seul homme pendant sa longue existence.

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Roger Peridier (c’est son nom) loin d’être l’original que certains s’imaginaient, avait trouvé tout un tas d’astuces créatives pour améliorer et embellir sa vie tout en offrant une belle tranche de poésie visible pour ses concitoyens de passage devant son terrain de Castries.

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Même si Roger s’est absenté définitivement en 2003, sa demeure et son jardin gardent une impressionnante allure malgré les déprédations du temps, le plus méchant petit voyou iconoclaste qui soit.

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Il faut sans barguiner en faire une gloire locale qui rayonnera sur le dehors et aspergera les touristes en visite en Erau (occitane façon de dire Hérault). 

machineries.jpgJ’exagère? Que non. Vous n’avez qu’à, pour vous en convaincre, aller sur la note superbement illustrée que Clément Dom consacre à l’œuvre puissante de Peridier.

art brut,roger peridier,environnements spontanés,hérault insolite,horace diaz,nasty kelly Je lui emprunte quelques clichés et quelques précautions qu’il n’oublie pas de dispenser aussi. Roger Peridier n’est pas du gibier à classement et indexation mais un homme dont le travail et l’invention méritent la célébration.

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Parler de lui impose le rappel du nécessaire respect en la matière. Bannissons les réflexes industriels et sachons ne pas nuire à ce que nous aimons, d’autant qu’il y a une succession en cours dont il faut encourager les droits et les efforts pour la préservation (ce n’est pas incompatible).

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Clément Dom, par ailleurs, a consacré plusieurs posts à des sites souvent captivants de sa région, sans balancer comme le font certains blogs irresponsables les adresses et le code de la porte des créateurs mais en fournissant assez d’indices de situation aux gens vraiment intéressés.

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Cliquer sur ces 2 images pour accéder aux liens

09.11.2012

Guy Joussemet "s’impatiente" à Montréal

J’ignore pourquoi les occasions manquent de parler du Québec. Je sais pourtant combien cette Belle Province recèle de trésors le long de ses routes. Aussi aurais-je dû bondir plus vite sur l’occasion qui m’est donnée d’évoquer Les Impatients et leur exposition visible encore jusqu’au 25 novembre 2012.

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Les Impatients, j’aurais pu vous dire que j’ai sali, un hiver, le parquet brillant de leur grande salle avec mes bottes boueuses de Parisienne peu habituée à transporter des pantoufles de rechange dans son sac à dos.

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lorraine-palardy.jpgMadame Lorraine Palardy, sa directrice avait eu la gentillesse de ne pas me gronder. Les Impatients qui se présentent comme «un pied de nez à la folie» est une structure regroupant des ateliers d’art destinés à des im-patients (plutôt qu’à des patients au sens souffrant du terme) rue sherbrooke.jpget une collection puisque la maison conserve les œuvres réalisées en son sein protecteur situé sur Sherbrooke Est (au 100, 4e étage) à Montréal. Quand je vous aurais dit que c’est ouvert à la visite du lundi au vendredi de 10 à 17 h et le samedi-dimanche de 13 à 17 h, vous aurez toutes les bonnes raisons de vous intéresser aux Amis de Guy Joussemet, son actuelle exposition.

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Guy Joussemet, ça fait belle lurette qu’il est entré dans le petit Gotha de l’art brut. Depuis 1986 exactement quand on a lu son nom dans le Fascicule 14 des Publications de la Collection de l’Art Brut. Il venait de donner à Lausanne un paquet de tableaux d’une dame de la campagne qui relatait, avec un certain sens de la fracture, une jeunesse laborieuse dans une nature dont le bucolisme contrastait avec la tristesse inhérente au peintre.

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Guy Joussemet, dont j’ignorais alors qu’il était franco-canadien, connaissait bien ce créateur qui n’était autre que sa sœur : Yvonne Robert qui signe Ryvonne. Un cas à part, plutôt mitigé, tirant fortement vers l’art naïf qui finira avec le temps par dominer.

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Plusieurs années après, j’étais allée rendre visite à Yvonne Robert dans sa Vendée profonde. J’avoue n’avoir pas été très convaincue par la plupart des œuvres qu’elle me montra ni par le côté plaintif de sa personnalité. Rue Sherbrooke, Yvonne Robert voisine avec d’autres compagnons de route de l’art brut que Guy Joussemet a bien connu : Louis Bouscaillou

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Jean-Joseph Sanfourche,

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Jean Deldevez,

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ces deux derniers ayant fait partie de l’équipe réunie en 1978 au musée d’art Moderne de la Ville de Paris dans l’exposition historique Les Singuliers de L’Art.

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C’est encore à une donation de Guy Joussemet que Les Impatients doivent cette réunion. Car, à 80 ans passés, Guy Joussemet qui fut un grand collectionneur et qui reste un homme occupé par les expertises, conserve la manie de donner.

logo_du_musee_du_quai_branly.jpgAu Quai Branly sont allées ses collections d’art mexicain dont il est fin connaisseur, pour ne pas dire spécialiste. Et la statuette chupicuaro dont ce Musée parisien a fait son emblème a été découverte par lui.

Les Amis de Guy Joussemet aux Impatients fait l’objet d’un catalogue. Je dis ça pour les maudits Français qui ne pourraient pas naviguer sur le Saint-Laurent en ce moment.

 

03.11.2012

Les Bartlett’s girls en tournée à Lausanne

Je me demande pourquoi, mon Dieu!, la Collection de l’Art Brut à Lausanne expose ça :

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Et pourquoi elle n’a jamais encore consacré une exposition personnelle à ça :

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L’exposition des poupées Bartlett commencera le 23 novembre 2012 et se terminera le 14 avril 2013. Aux dernières nouvelles, la nouvelle directrice ou le nouveau directeur de la CAB entrerait en fonction le 1er mars 2013.

26.10.2012

Beautiful dolls of the desert

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entrée.jpgSelon que l’on est mod ou rocker, bourgeois bohême ou caillera, amateur d’art sincère ou snobinet, on détestera ou on adorera le show Everything dont je vous ai touché deux mots le 3 octobre dernier. Vous avez jusqu’au 16 décembre pour y assister. Du moins je crois. Même les dates ne sont pas claires.

C’est vrai que l’accrochage, pourtant minutieux, est terrifiant, que la lumière est calamiteuse, que c’est encadré à la va comme je te pousse et que l’encombrement niveleur, poussé à ce point là, on se demande si c’est manque de respect pour les œuvres ou preuve de désinvolture excentrique comme seuls les Anglais savent faire.

suivez la flèche.jpgMais qu’on trouve ça déprimant ou exciting, il faut courir à l’Everything, suivre la flèche rouge, gravir les escaliers d’incendie, déambuler dans des couloirs gais comme la R.D.A. et des espaces bas de plafonds qui n’ont pas été repeints depuis l’Occupation.

Non pour croiser les machines de Ratier dans les douches, non pour admirer entre deux portes les aquarelles d’Alexandre Lobanov éclairées par des ampoules de 25 watts, non pour se retrouver scotchée à 20 cm (il n’y a aucun recul) de 24 dessins-collages de Dellschau, «pages déchirées» d’un livre (par qui ?).

Non, pas pour ça, pour lequel on plaint les prêteurs, mais pour une chose. Une seule chose mais quelle chose! Un environnement d’art dans le désert mojave, commencé dans les années 50 du 20e siècle.

vue d'ensemble.jpgCelui de Calvin

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et Ruby Black

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à Yermo (Californie) : Possum trot.

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En vrai, il n’existe plus mais il est évoqué ici dans ce qui semble être une ancienne salle des fêtes de ce séminaire en friche du boulevard Raspail. D’accord on a mal au derrière sur les chaises en bois de caisse, on se tord le cou parce que la scène est trop haute, le regard chavire sur le drap mal tendu où est projetée la vidéo mais chez Calvin et Ruby c’était sans doute pas très confortable non plus.

 

Et on oublie vite ses courbatures tant c’est extraordinaire. Rien de comparable en France à part le manège de Pierre Avezard. Imaginez une petite cité délabrée au milieu de nulle part, peuplée d’une centaine de poupées en bois dans des vêtements poussiéreux, hailloneux et somptueux.

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Chacune accomplissant une tâche.

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Imaginez des micros derrière les têtes et le créateur du lieu interprétant un spectacle de son invention, à base de chroniques, avec une voix de fausset et en s’accompagnant à la guitare.

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De la route proche qui apportait les visiteurs on pouvait voir des pièces tourner comme des radars sur des kiosques balayés par le vent.

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L’organisation Everythingneuse étant un peu parano question photo, je n’ai pas pu vous rapporter des images.

J’emprunte celles que je vous montre à des sites américains qui traitent de ce chef d’œuvre d’invention, de bricolage inspiré, de poésie populaire et de scénographie spontanée.

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Après la mort de Calvin, concepteur principal de cette ambiance féérique pour road movie, son épouse Ruby, qui l’assistait pour les costumes, ne voulut pas détruire Possum trot comme le lui avait demandé son mari.

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C’est donc le temps qui s’en est chargé non sans que des sculptures se retrouvent chez des collectionneurs.

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Elles valent très cher aujourd’hui.

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Sources :

Travels with Charlie

Fondation START

Visionary Road Trip

Some tragic magic

Juju Mamma's

Ana e os Bonecos

Otras voces del ver

Milwaukee Art Museum

21.10.2012

Encore 3 jours pour les Ephémères de Zloty

J’ai reçu le carton trop tard. Zut, zut et rezlut! Je t’en ficherais du J+2 de la «lettre verte»!

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J’ai donc loupé le vernissage en présence de l’artiste le 13 octobre à la Galerie Mathgoth. Et puis, j’avoue, j’ai pas fait gaffe que l’exposition se terminait si tôt.

Gérard Zlotykamien

Je croyais avoir un mois devant moi et en fait j’ai plus que jusqu’au jeudi 25 octobre 2012 pour rencontrer les Ephémères de Gérard Zlotykamien. Donc ça urge si on veut renouer le contact avec ce précurseur français de l’art urbain qui cultive sa solitude et s’accommode généralement fort bien d’un décalage avec le marché.

Gérard Zlotykamien

C’est plus souvent sur les murs de notre village mondial que dans les hauts lieux des mondanités ordinaires que l’on croise les silhouettes flageolantes, évanescentes et émouvantes sans pathétique, de Zloty. Elles s’originent des «fantômes» irradiés d’Hiroshima, l’artiste ayant commencé ses bombages dès les années soixante du meurtrier vingtième siècle.

Gérard Zlotykamien

Sa fascination pour les villes mortes et pour les lieux improbables lui a fait choisir le trou des halles à Paris, les quartiers en ruines de Leipzig, le Berlin de la chute du mur, le sol des townships de l’Afrique du sud pour mettre en situation ses «habitants anonymes».

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Gérard Zlotykamien

Gérard Zlotykamien, à ce sujet, se souvient d’une parole de Claude Wiart (1929-2004), psychiatre dont l’activité au service de «l’art des fous» reste influente aujourd’hui : «on écrit toujours pour quelqu’un qu’on ne connaît pas». Cette remarque, dit Zlotykamien «s’applique aussi à l’art des rues». Selon lui, «on peint toujours pour quelqu’un qu’on ne connaît pas» (c’est à dire : pas pour une clientèle, si on me permet ce grain de sel animulien). «Le double anonymat fait la force de cet art». 

A priori Gérard Zlotykamien n’avait cependant rien pour être ma tasse de thé. La notice Wikipédia nous le classe dans la même petite cuiller que Daniel Buren. De quoi passer sans le voir. Mais il faut prendre Wiki avec des pincettes. Fort heureusement mon attention sur Zloty avait été attirée par un ouvrage paru à L’Escampette en 2002 : Zlotykamien, un artiste secret sur la place publique.

Gérard Zlotykamien

Comme il est de Michel Ellenberger, un auteur dont j’ai déjà signalé la plaquette bleue sur Raymond Isidore (voir mon post du 19 août 2012 : Maison Picassiette, y’a pas photo!), je me suis dit qu’il y avait peut-être anguille sous roche. Et j’ai bien fait. Certes, le travail de Zloty ne saurait être enrôlé dans une catégorie telle que l’art brut.

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Ne serait-ce que parce que ses techniques de repérage de sites (usines désaffectées, abattoirs abandonnés) et ses essais préalables en atelier supposent une préparation mentale qui n’est pas prépondérante chez les créateurs d’art brut à l’exercice.

Mais par sa lutte avec le matériau qui lui sert de support, par sa préférence pour l’in-situ, par son action nécessairement foudroyante, l’art de Zloty, peut-être parce qu’il se source à l’histoire des déracinés, des persécutés, des victimes, regarde du même côté que l’art brut.

arcry sur feutre.jpg Aujourd’hui où la mode est de nous rebattre les oreilles avec des confusions aberrantes (et soi-disant indispensables) entre l’art brut et la chimère de «l’art contemporain», les Ephémères de Zlotykamien glissent dans la pantoufle de verre de nos convictions trop établies le petit caillou d’une rare mais possible connexion.

Qu’ils en soient remerciés!

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21:21 Publié dans De vous zamoi, Expos | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gérard zlotykamien, galerie mathgoth, michel ellenberger | |  Imprimer | | Pin it! |

20.10.2012

Le Dépaysement : un tour de France

couv dépaysement.jpg C’est toujours pareil avec mes petites chroniques. Je cherche à dire des choses et puis je les trouve par hasard mieux exprimées ailleurs. Au fil de mes lectures désordonnées, je suis tombée (aïe !) sur un passage du livre de Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement, voyages en France qui vient de ressortir en édition de poche (Collection Points).


jean-christophe bailly,le dépaysementOn est dans la vallée de la Vézère et Jean-Christophe Bailly méandre un peu sur les mammouths, les Aurignachiens, les Magdalélions et les peintres caverneux qui vont avec. A propos de ces représentants de l’art paléolithique, il a ces phrases qui, je m’en avise, pourraient aussi bien concerner les créations de ce Joseph Courilleau dont je vous causais pas plus tard que dimanche dernier :

Joseph Courilleau

«Ces hommes avaient avec les bêtes – avec les mammifères en tout cas – des relations étroites qui relèvent, qu’on le veuille ou non, d’une intimité perdue : l’absolument différent (l’animal) était l’absolument intime – c’est lui l’animal, qui revenait dans la nuit humaine».


19.10.2012

Plongez dans l’art brut italien

Plouf, plouf ! Vous aviez rangé les palmes et le tuba ?         Il fallait pas. Le samedi 27 et le dimanche 28 octobre 2012, la Halle Saint-Pierre vous propose une «immersion» dans son grand bain en compagnie d’une fine équipe de plongeurs en eaux philosophiques, historiques, doctorales, anthropologiques, critiques et musicales.

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En consultant le programme, on s’aperçoit que pour ce week-end de brasse conférencière, la HSP remise un peu au vestiaire ces «banditi» qui font l’affiche de son actuelle exposition.

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Elle préfère mettre en avant «l’univers rebelle et inventif des auteurs d’art brut italien». Art brut, le mot est lâché. Ce n’est pas dommage.

Pour d’obscures raisons qui tenaient à une supposée méconnaissance de cette notion par le public italien, le co-commissaire argentin de l’exposition Banditi dell’arte, le danseur et comédien Gustavo Giacosa lui a préféré la formule vague de la bonne vieille création Hors les normes.

Mais on est en France et la Sainte Halle a un public fignolé à son image. Tout le monde s’est déplacé pour voir les merveilles brutes de Pietro Ghizzardi

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Giovanni Battista Podesta

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Giuseppe Righi, Luigi Sapretti, Carlo Zinelli

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et tutti quanti, groupés autour de l’œuf de Christophe Colomb du carabinier Francesco Toris.


 

Tout le monde s’est touité : «T’as vu l’art brut italien à la Halle St-Pierre?» et personne : «Rendez-vous à Banditi dell’arte cette aprème». Ce n’est pas dommage. Cette histoire de banditi m’a toujours tapé sur le système.

2006banditibig.jpgPas seulement parce que ce titre n’a rien d’inédit. En 2006, en effet, à Brescia, une exposition présentant des photos de Mario Del Curto, l’avait utilisé. Ironie du sort, elle était sous-titrée : Sulle vie dell’Art Brut (on repassera pour la «méconnaisance» dont je parlais plus haut).

Pas seulement parce que ce «banditisme» accolé aux créateurs d’art brut, trimballe son pesant de vieilles lunes romantiques hérité, chez nous, des histoires corses de Prosper Mérimée. Mais parce que, derrière cet aimable folklore littéraire se cache une réalité historique italienne moins croquignolette. Il n’est qu’à revoir Salvatore Giuliano, le film de Franceso Rosi pour comprendre ce que je veux dire. 

Plutôt que des «bandits», Filippo Bentivegna et Giovanni Bosco, Pier Paolo Pasolini cité en exergue du catalogue, sont par exemple des victimes du crime organisé. Concernant Bosco, il me semble en outre que la portée de sa création est ici mal appréciée.

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Pour des raisons de répartition, elle est trop limitée à ses activités de street-arteur. On touche là au problème récurrent du lieu : les deux salles de la Halle Saint-Pierre. On a trop voulu cette fois, sur les petits flyers qui sont distribués aux visiteurs, justifier l’injustifiable. Ce n’est pas parce que le bas concentre la substantifique moelle des «collections historiques et carcérales» qu’il faut lui opposer les soit-disant «représentants de l’art populaire contemporain».

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Car prétendre que Luigi Buffo, Joseph Barbiero ou Giovanni Bosco ne procèdent pas de «la rupture mentale radicale des auteurs d’art brut proprement dits», ce n’est pas seulement faux, c’est risible.

Il vous reste deux mois et demi pour visiter cette belle exposition qui entre dans son climax. Je vous conseille de le faire sans trop tenir compte de la sauce explicatoire qui va avec. Simplement en vous en mettant plein les mirettes mais sans lunettes de plongée.

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23:40 Publié dans art brut, De vous zamoi, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer | | Pin it! |