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23.03.2013

Collection Pailhas : encore un effort

N’était leur fichue tendance à pâlir au soleil (au contraire de nous) I positively adore les couvertures multicolores des fascicules formant la collection des Publications de la Compagnie de L’Art Brut qui semble s’être définitivement arrêtée en 2007 avec le numéro 22. Elles me font penser à des bonbons acidulés et, quand vient le printemps, à l’étal d’un marchand de glaces.

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Aussi ai-je récemment soulevé celle du n°3 pour déguster à nouveau Les Télégrammes de Charles Jaufret, le peintre d’enseignes de Revel. Cette étude a été rédigée par Jean Dubuffet il y a environ 50 ans. Heureux temps où l’art brut ne se trouvait pas sous le marteau des commissaires-priseurs ou sous la main des galeristes américains!

Dubuffet tenait d’un ami le cahier d’écolier «tout rempli d’une minuscule écriture au crayon» dont il transcrivit plusieurs pages et illustrations dans ce fascicule 3 habillé de jaune-citron.

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Ce cahier d’écritures et de dessins avait été réalisé par un pensionnaire d’hôpital originaire du chef-lieu de canton de la Haute-Garonne : Revel. Il avait été «trouvé dans des papiers de rebut de provenance inconnue».

charles jaufret ab 2.jpgQuel ami? Quel rebut? Quelle provenance? On aimerait le savoir. Et ben, figurez-vous, mes p’tits curieux, qu’une piste vient de se dessiner à ce sujet.

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La Fondation du Bon Sauveur d’Alby qui abrite le Musée Benjamin Pailhas a mis en ligne un document de visite virtuelle relatif à sa collection de sculptures,

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cahiers et dessins

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réalisés, du début du vingtième siècle à 1936, par des patients internés dans un établissement pour malades mentaux créé par des bonnes sœurs en 1835.

On y apprend que le cahier de Charles Jaufret conservé à Lausanne présente de grandes similitudes avec un cahier de la Collection Pailhas.

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«Ces œuvres auraient été produites lors d’un séjour à l’hôpital» d’Albi par le même auteur.

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Je ne sais plus qui -il y a fort longtemps- m’avait parlé du Dr Pailhas qui dès 1908 avait proposé (sans résultat à l’époque) la création d’un musée consacré à ce que l’on appelait «l’art des aliénés». Mais ce dont je suis sûre c’est que je m’étais permis, en 2008 déjà, d’attirer votre honorable attention sur l’inauguration du Musée de la Fondation du BS. Je déplorais alors que cette ouverture ne soit qu’un entrebaillement et que le discours d’accompagnement de l’événement tire plus la couverture du côté «psy» que du côté «art».

Il semble que, concernant ce dernier inconvénient, l’on y ait mis un bémol aujourd’hui. Une association a été créée. Elle s’intitule L’A.P.A.P.A. (Association Psychiatrie, Art et Patrimoine Albigeois). Elle vise à promouvoir et valoriser la Collection de Benjamin Pailhas qui compte rien moins que 26 auteurs. Celle-ci prend donc progressivement sa vraie place auprès des collections plus anciennement reconnues du Dr Marie ou du Professeur Ladame. Consultez donc le docu-visite d’Albi pour vous en rendre compte et parce que c’est votre petite âme errante qui vous le dit.

13.03.2013

Ravenna Borderline

C’est un secret pour personne que quand on en a marre, faut se tourner vers l’Italie. Aussi me suis-je tournée en baillant vers le MAR, le MAR de Ravenne ouskil ya pas que des mosaïques. Il avait raison le vieux Goethe, le «Sehnsucht», il n’y a que ça de vrai, surtout quand on vient comme moi de déblayer la neige avec une pelle à gâteau!

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Pas mieux que de Youtuber sur cette Mostra «poetica» qu’un de mes Animuliens suissounets vient de me jeter en pâture pour me faire sortir de ma léthargie oursonnesque.

Cette exposition, divisée en plusieurs sections, rythmées par l’omniprésence d’œuvres d’art brut, a pour cadre sublime (le cadre est toujours sublime en Italie) la loggetta lombardesca du cloître renaissant de l’Abbaye de Santa Maria in Porto qui abrite le Museo d’arte della Città (MAR, je vous dis!).

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Son titre, Borderline, allusionne à ce terme de psychiatrie qui désigne de drôles d’états mentaux situés à la frontière du névrotique et du psychotique. Elle prétend explorer des frontières incertaines de l’expérience artistique, celles où se rencontrent (ou font semblant de se rencontrer) des gaillards et des bougresses du genre Goya, Madge Gill,

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Corneille

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Santoro

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Zinelli

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André Masson

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Chaissac

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Lorenzo Viani, Dubuffet, Ligabue

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Aloïse

art brut,Madge Gill,Corneille,Eugenio Santoro,carlo zinelli,

et j’en passe.

Pas sûr que cela mette en évidence, comme elle le voudrait, un espace de créativité spécifique mais l’accrochage en lumière mystérieuse a du moins l’avantage d’interroger le visiteur sur les affinités et les différences entre des créateurs que la critique et le marché ont traités comme des artistes plus ou moins patentés et d’autres plus marginalisés de leur temps.

Comparaison n’est pas raison et les limites du concept apparaissent dès l’affiche. On aurait pu choisir mieux en effet que ce Doux monstre angélique de Dali qui sert de porte-drapeau à l’expo.

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Dans le genre débandade lamentable d’un glandeur paysagiste, on ne saurait faire mieux en effet! Aussi, n’écoutez pas Claudio Spadani, le directeur du MAR, qui trouve ce faible tablo «bellissimo». Regardez plutôt sa belle cravate jaune qui se chamaille dans l’ombre avec sa barbe et son écharpe.

Ecoutez aussi, l’autre commissaire de l’exposition, Giorgio Bedoni, un psy qui, même en italien, dit des choses très claires. Et puis, quand même, offrez vous le plaisir d’une visite virtuelle, les pieds au chaud dans vos charentaises comme votre petite âme errante.

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En attendant celui d’un parcours en live peut-être.

16.02.2013

Un cri passage du Mississipi

La lasagne contemporaine au canasson roumain vous dégoûte? Alors : Jambalaya, crawfish pie, fillet gumbo! C’est la saison sud. Faut en profiter.

Sud, sud, sud : gros arrivages en ce moment! Sud des Etats-Unis s’entend. Les autres c’est pas class. Sud, sud, sud, même l’art brut s’y met. Il ne m’est art brut que du sud. Il n’est bon bec brut que du sud. Le sud, le sud, toujours renouvelé. Le sud, vous dis-je. Bon, c’est un peu agaçant ces campagnes promotionnelles. Sud par ci, sud par là, sud arrive, sud est là…

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Quand tout le monde est poussé à regarder dans la même direction, on a envie de se faire une sortie de route. Mais on ne peut pas s’empêcher de suivre la musique quand même.

 

Et la musique, la musique du sud, est bonne chez Christian Berst. C’est la seule chose dont le galeriste ne parle pas sur son site super bien documenté, à propos de son exposition des œuvres de Mary T. Smith (jusqu’au 2 mars 2013). Elle prend pourtant dans ses bras consolants le visiteur qui franchit la porte du 3/5 passage des Gravilliers (75003).

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Ce n’est pas la première fois à Paris que nous voyons ces tôles ondulées et ces panneaux de bois, bichromes ou monochromes mais toujours peints avec une autorité fervente qui semble venir d’un fond de lucidité sauvage, d’une histoire de labeur et de douleur où se conjuguent surdité, misère, ostracisme et expressivité.

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Christian Berst lui-même en avait déjà présentées en 2009 dans American Outsiders I, une exposition collective. Et Mary T. Smith, aux belles robes très «peinture», figurait déjà dans Art Outsider et Folk Art des Collections de Chicago à la Halle Saint-Pierre en 1998.

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J’emprunte à la biographie de cette créatrice, établie à cette occasion par Martine Lusardy et Laurent Danchin, ces lignes significatives : «Aujourd’hui, et depuis longtemps, il ne reste rien du musée en plein air de Marie T. Smith : le succès et les nombreux amateurs sont passés par là, obligeant même vers la fin cette étonnante artiste improvisée à produire sur commande des travaux de plus petit format, parfois le temps d’une simple visite et en présence du destinataire».

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Je les emprunte pour souligner un mérite de l’exposition actuelle de la Galerie Christian Berst. C’est que, non seulement elle crée l’ambiance en nous berçant dans le blues feutré et enveloppant mais elle n’occulte pas ce fait essentiel : les productions de Mary T. Smith, loin de relever d’un art de chevalet, sont les pièces orphelines d’un véritable environnement d’art brut.

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Des parties d’une œuvre globale qui leur donnait plus de force encore d’être inaliénable, c’est-à-dire non consommable dans l’acception commerciale du terme. C’est pourquoi j’ai trouvé beaucoup d’intérêt à visionner le diaporama qui passe en boucle sur grand écran dans la berstienne galerie.

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Surtout avec mon séant (les petites âmes errantes en ont aussi) mollement enfoncé dans le canapé blanc antonionesque de ce vaste lieu. On y saisit au vol bon nombre d’images de cet univers de plein air si personnel, au temps où il fonctionnait à son plein régime.

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C’est à dire à son usage exclusif. Pour ceux et celles qui aiment les souvenirs, ils ou elles pourront emporter le catalogue où cette impression se prolonge par plusieurs clichés.

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15.02.2013

Primitive Cabaret

Primitive Cabaret. Retenez ce nom. Celui d’une exposition qui se tient jusqu’au 23 février (puis du 8 au 16 mars) 2013 chez Polad-Hardouin, dans le 75003, rue Quincampoix.

roman photo.jpgJe venais d’HT un roman-photo chinois d’il y a 30 ans à la Galerie Impressions quand je suis tombée, dix numéros plus loin, au 86 exactement, sur la vitrine polad-hardouinesque, véritable visage de la galerie.

Dominique Polad-Hardouin le soigne comme un boxeur soigne son gauche. On en ressent l’impact de l’extérieur et les timides, à la limite, pourraient se dispenser d’entrer.

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Ce serait dommage. On a certes un aperçu très fort sur d’envoûtants Macréau qui représentent des parturientes associées à des têtes de mort fichées sur des bâtons (de pouvoir ?)

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et sur une puissante et compacte statue-fétiche au conglomérat sauvage éclaboussée de bleu. 

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Mais on manquerait, sur un mur latéral un grand Sefoslosha clair que –zut de zut– j’ai oublié de photographier (à la place je vous offre son Baron Samedi)

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et plus loin encore (car la galerie est profonde et subtilement méandreuse) l’émulsion filandreuse d’Au Royaume des pyromanes du Sénégalais Omar Ba où la composition converge, par des moyens contemporains, vers une forme bourgeonnante plus ancestrale.

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Primitive Cabaret vous a un petit côté Dada par sa mise à jour d’une force vive et cahotique. Ce titre fait allusion au goût des expressionnistes allemands pour les rythmes «primitifs».

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Des artistes comme Helmut Rieger (ci-dessus) et Andrew Gilbert, qui figurent dans l’exposition P-H, le partagent visiblement. C’est d’ailleurs une œuvre de Gilbert, très référentielle à l’Afrique noire magique et accablée, qui sert de frontispice à la double page dépliante mise à disposition des visiteurs de la galerie.

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Elle contient un grand texte de Leanne Sacramone, conservatrice à la Fondation Cartier. Il éclaire sur le contenu de cette exposition qui fait dialoguer 5 artistes contemporains et des objets vaudou du Bénin (statues à patine sacrificielle, tablier de féticheur, fétiches à cadenas etc.) provenant de la Collection de Claude Rouyer.

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A Spiritual Voodoo Confrontation nous dit in english le sous-titre de Primitive C. En fait de confrontation, on admire plutôt le goût très sûr avec lequel ont été tissées certaines parentés (ou connotations) formelles. Travail de la galeriste!

Car tout cela reste de nature différente : l’admirable second degré des artistes d’une part, le plain-pied des sorciers de l’autre. Mais le vaudou est à la mode. Pas seulement chez les amateurs d’art brut. Pourvu qu’il ne devienne pas une tarte à la crème!

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Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’interroger sur lui. Le mercredi 20 février à 19 h une conférence est prévue chez Polad-Hardouin. Je cogite pour ma part sur la «demande» des collectionneurs aux créateurs-féticheurs. Ne risque-t-elle de produire des infléchissements? Ne serait-ce que parce que les Africains sont tentés de ruser avec les acheteurs européens et américains pour conserver (comme il est compréhensible) les objets vraiment «chargés» pour leur pomme.

08.02.2013

Ça gaze à l’OAF

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La tempête de neige arrive sur NYC. L’OAF l’a échappé belle! Les affaires sont faites à Chelsea. Le bruit court qu’on aurait vendu 3 fois plus que d’habitude. La presse de là-bas tresse des couronnes à Mr Edlin. Ses chaussures sont bien cirées pour l’hiver. Bravo. Evidemment, ça donne des idées. Et si on remplissait les musées avec les vieux stocks outsideux? C’est vrai, quoi, pourquoi se contenter des établissements spécialisés? Y’a du blé à s’faire, moi, je vous l’dis. Bien sûr faudra convaincre les institutionnels du monde entier de faire voisiner leurs petits trésors avec des autodidacteries plus ou moins mal coiffées.

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Bien sûr faudra mettre tout en œuvre pour nier le gouffre qui existe entre l’art brut pur laine et la majorité du mainstream commercial. Mais où est le problème? Le temps qu’on nivelle tout et que le public n’y comprenne plus rien, on se s’ra fait un max de thune. Et quand on aura bien brouillé les repères, on passera à autre chose. On vendra des boules à la neige en été et du gaz hilarant en hiver.

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lib del 2.jpgMais on en est pas là. Surtout chez nous où l’on graffite sur la Liberté. Surtout chez nous où ça sent mauvais dans les musées. On n’en est pas là. Et pour vous le prouver votre petite âme errante poursuit son debriefing de Fair grâce à l’un de ses envoyés spéciaux qui lui a rapporté quelques zimages du cru Outsider Art Fair 2013. Voici donc un petit défilé de mode en vrac. En commençant par les robes de Larry Calkins.

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Près d’un Titanic de George Widener, un Joël Lorand chez Henry Boxer.

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Bill Traylor dans la pénombre

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Un bout du stand Judy A. Saslow : les Européens Christine Sefoloscha et Gérard Cambon

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«Et le stand vue de face», me dit mon correspondant : «Traylor, Nedjar, Bourlier (…) et je ne sais plus qui».

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Il poursuit par un de ses préférés: Terry Turrell à la galerie American Primitive (chez «ce vieux sage» d’Aarne Anton)

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et Ramirez «chez Ricco/Maresca ou Carl Hammer», il ne sait plus bien.

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Moi non plus. On me pardonnera les approximations. Il y a urgence.

gazette drouot n°5.jpgLa Gazette vient d’arriver et le Museum of Everything trône sur la couverture. Décidément on aime l’art brut à l’Hôtel Drouot! L’article de Patrick Le Fur est illustré d’une ronde de Darger et d’un emmaillotage de Judith Scott.

Il relate des propos pointus de Marc-Olivier Wahler sur «le software» qui «l’a emporté sur le hardware» auxquels je comprends que couic avec ma petite tête de piaf. Il oppose –ce qui n’est pas faux– «l’accrochage» everythingnoble (pardon, j’ai pas pu m’en empêcher!) à l’universel «white cube». Il feint de croire que l’éclairage de cave du Chalet Société est «volontairement sourd et diffus». C’est son droit.

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Via Dans le collimateur

Là où je le suis moins c’est quand il nous informe sans rire que l’entrée d’Exhibition #1.1 est «libre» et que les 5 € dont on vous taxe sans faiblesse pour voir le show Brett constituent un «don recommandé».

19:44 Publié dans Ailleurs, Blogosphère, Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Imprimer | | Pin it! |

05.02.2013

De la prison à l’artification

C’est fatigant des fois d’avoir raison avant tout le monde! Car c’est fou ce que j’ai de l’avance sur l’air de mon temps par moment. Tiens, mes chevilles, par exemple. Je vous en ai déjà parlé? Et bien, elles vont bien merci. Je dis pas qu’elles me permettent de danser avec les Demoiselles d’Avignon mais presque.

Ces demoiselles viennent de laisser un commentaire sur le blogue à Michel Benoit. Elles s’étonnent qu’on ait pu «enfin» pénétrer dans la prison Sainte-Anne, célèbre dans notre petit monde outsider pour son mur des offrandes.

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Ces demoiselles ne fréquentent pas assez l’univers impitoyable d’Animula. Si elles avaient mieux lu leur petite âme errante, elles auraient vu que, dans deux chroniques de 2011, fastoches à retrouver ici et , j’avais déjà entraîné mes lecteurs dans la visite des fresques carcérales abandonnées sur le chantier de ce qui est en train de devenir un luxueux hôtel.

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En 2012, il s’est trouvé un plasticien avignonnais de bonne volonté, Jean-Michel Pancin, pour détacher de leurs parois de misère certaines de ces fresques.

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C’est ce que nous apprend Michel Benoit en relayant l’expo Ennemi public qui se tiendra jusqu’au 16 février 2013 à la Galerie Magda Danysz, 78, rue Amelot (75011). Pas très loin de la Librairie du Monde Libertaire si vous voyez ce que je veux dire.

Deux liens préconisés par Michel Benoit sont à suivre. Ils nous apprennent que, à partir du 19 avril 2013, au Palais de Tokyo (qui comme chacun sait est à Paris), Pancin présentera ses travaux sur et autour de la zonzon de Ste-Anne.

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Si je comprends bien cette manifestation montrera une série de photos de rayons de soleil dans les cellules (Lumières 2010-2012), une série de frottages de cœurs gravés sur les murs, une installation de portes de cachots : Tout dépendait du temps.

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Ce titre a déjà servi pour une exposition Pancin aux Abattoirs de Toulouse, signalée par Lunettes Rouges le 15 octobre 2012. Il est question en outre de Pelotes, c’est à dire de chaussettes. De chaussettes lancées aux détenus par leurs familles depuis le jardin surplombant la cour de la prison.

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Elles contenaient des messages et diverses choses prohibées par le règlement. Certaines échouèrent dans les barbelés où l’artiste les a récupérées, trempées dans la résine, montées sur socle d’acier, ce qui prouve qu’il a de la suite dans les idées.

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Si ces pelotes n’atteignirent pas leur destinataire, elles ont touché déjà le public des salles de ventes (Cornette de Saint-Cyr, 5 novembre 2011).

Voilà sans doute ce qu’on appelle de «l’artification»! Les prisonniers ou ex-prisonniers en verront-ils jamais la couleur ?

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01.02.2013

L’art brut en revues

Decharme dans la Gazette, Danchin dans l’Œuf, Duchein dans la CF. Dech-Danch-Duch, si vous avez besoin d’un moyen mnémotechnique. Le papier se défend bien!

La Gazette Drouot cette semaine rencontre Bruno Decharme pour un entretien sur L’Art brut américain avec le très professionnel concours de Stéphanie Pioda.

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L’Œuf sauvage de Claude Roffat confirme sa nouvelle ponte. Il renoue avec la tradition des grandes couvertures de sa jeunesse dans les années 90 du 20e siècle. Spectaculaire Marcel Storr en vitrine. Le morceau de bravoure de ce n°11 : une contribution de Laurent Danchin. La première dans ce support, il faut le remarquer.

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Sous estampille de Paul Duhem, la revue Création Franche est de nouveau de sortie. On y explore avec Paul Duchein, autre collectionneur, Les Cartographies martiennes de Labelle.

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Ce n° 37 contient aussi un article de Bernard Chevassu sur La Maison arc-en-ciel de Christian Guillaud. Six ans déjà que mon blogounet vous avait signalé cet  « habitant-paysagiste » d’une localité voisine du bled du Facteur Cheval (D’Hauterives à Lens-Lestang). A l’époque le créateur ignorait ce qu’il faisait, alors qu’il affiche aujourd’hui «ART BRUT» sur une pancarte. (via La précarité du sage)

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Ce qui en dit long sur la marche malencontreuse des choses.

L’Œuf sauvage n° 11 donne aussi la parole à Jano Pesset. Celui-ci présente l’œuvre de Jean de Ritou qu’il fit entrer jadis à la Fabuloserie.

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Derrière ce surnom qu’on ignorait, il s’agit de Jean Bordes, créateur apparu en janvier 1991 dans le n°2 de cette bonne vieille Création Franche.


Lire l’interview du fondateur d’abcd dans la Gazette du 1er février 2013 est obligatoire pour tout Animulien qui se respecte.

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Elle met un coup de projo sur Voodoo Child, l’actuelle expo abécédienne à Montreuil-sous-bois, «la deuxième ville du Mali» comme l’appellent les medias ces temps-ci.

Au programme : John Bunnion Murray dont Jésus tenait le stylo

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et Marie Tillman Smith, «une dame très tonique, plus revendicative» qui peignait «de grands messages à Dieu» sur des tôles ondulées.

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L’un en Géorgie, l’autre au Mississipi ont connu la période ségrégationniste : «C’était un post-esclavagisme». Pour Bruno Decharme, ils «rejoignent ce que nous qualifions ici d’art brut». Noter à ce sujet les méritoires efforts de BD pour renouveler la définition de l’art brut : «Il est du domaine de ce qui nous échappe et s’exprime sous une forme automatique».

Toute aussi claire mais plus sujette à discussion, la réponse de BD à la question : «Y a-t-il une raison à un tel engouement pour l’art d’outre Atlantique?». Très franchement, il reconnaît que «c’est presque une question de marché». En bref : le marché s’est développé aux Etats-Unis vers 1985, «mais très peu en Europe».

Mais est-il écrit quelque part que l’art brut ne doive dépendre que du marché dominant? Faut-il ne s’en remettre qu’aux galeries qui récupèrent «des fonds» constitués de milliers d’œuvres, à condition qu’elles soient exploitables? Faut-il cesser de s’intéresser à ces créations encombrantes, trop fragiles, anonymes, orphelines, solitaires, ingérables, qui constituent, en dépit des apparences, le véritable peuple caché de l’art brut? Questions que je me pose et qu’abcd, me semble-t-il, se posait davantage à ses débuts vers l’an 2000.

Bon là-dessus, je vais me préparer un double chocolat viennois parce que se turlupiner ça creuse

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30.01.2013

Nouvelle édition de l’Outsider Art Fair à New York

Pour 100 balles ici t’as plus rien. Mais avec 100 balles aux States (20 U$D) on peut s’offrir une entrée à l’OAF 2013 qui commence le 31 janvier pour s’achever le 3 février.

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L’OAF c’est l’Outsider Art Fair de New York. Chaque année je vous le répète parce que l’OAF ça revient comme les cerises sur le gâteau.

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L’événement de cette 21e édition ce n’est pas la foire elle-même mais le fait qu’elle ait été achetée par l’un de ses participants, Andrew Edlin, un galeriste de la grosse pomme. Car l’OAF était à vendre et on ne le savait pas! Autrement, on aurait cassé sa tirelire.

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Pas sûr que ça aurait suffi puisqu’on ignore le montant de la transaction. Mais quand on aime, on ne compte pas et, si j’ai bien compris, avec l’OAF Mr Edlin s’est offert un rêve de jeunesse.

paul_edlin_untitled_54_679.jpegA ses débuts, quand il se contentait de vendre les productions familiales de son tonton collagiste, l’entreprenant Andrew s’était vu refuser le privilège de figurer parmi les exposants de l’OAF :   «I started exhibiting at the outsider art fair in 2003. I was a new art dealer and the first time I applied I couldn’t get in»

(recueilli par Abby Luby dans Whitehot magazine).

10 ans après et le négoce de quelques œuvres de Henry Darger à son actif, Andrew Edlin a le sentiment d’avoir pris sa revanche :  «When I first opened my gallery, in 2001, I couldn’t even get into this fair. And now I own it» (Art in America, nov. 2012).

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On est content pour lui. Pour un peu on partagerait cette bouffée d’orgueil libéral si représentatif des grandeurs de la civilisation américaine. Saluons le bel enthousiasme de l’acheteur qui n’a pas craint de faire cette acquisition à un moment où le mainstream bouffe l’oxygène de l’outsider art. Le changement de lieu de la manifestation, qui se retrouve cette année à Chelsea, «the city’s center of mainstream art», selon le reporter Matthew Katz, est significatif de ce point de vue.

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Si l’originalité de l’art brut gêne le business aux entournures, nul doute qu’elle sera sacrifiée et tant pis si on tarit la ressource! Est-ce la raison pour laquelle les Européens ne sont pas légion dans la liste des participants? On ne saurait l’affirmer. Signalons cependant la présence, pour la première fois, de la Galerie du Marché de Lausanne.

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Elle défendra les belles couleurs d’Aloïse qui n’a pas eu le temps, hélas, de se faire naturaliser par les USA. Autre Suisse au programme : le photographe Mario del Curto, «recipient of the Geneviève Roulin tribute» pour une expo et une causerie.

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VR.jpgLa direction du panel de discussions et la modération seront l’apanage de la Québécoise Valérie Rousseau dont Mr Edlin est l'époux.

logo Afam.jpgUn récent communiqué (16 janvier 2013) de l’American Folk Art Museum, sponsor de l’Outsider Art Fair, nous apprend que cette historienne d’art, diplômée en 2012, vient d’y être nommée au poste de «curator of 20th century and contemporary art». Sa mission consistera à développer les initiatives de l’AFAM dans le domaine de l’art des autodidactes, du folk art et de l’art brut.

Dernière minute : pour abriter les débats, des tentes chauffées seront montées sur le toit de l’immeuble abritant l’OAF.

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En ces temps de crise, un peu de confort c’est appréciable.


ATTENTION !

Méfiez vous des contrefaçons.

Site officiel de l’OAF : www.outsiderartfair.com

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27.01.2013

De l’art brut parmi les cœurs brisés

Cela devient coton de trouver de l’art brut. Je veux dire du vrai de vrai. De l’art brut qui ignore comment il s’appelle. De l’art brut sauvage, anonyme, ignoré. En marge de cet art brut officiel, répertorié, pré-digéré qu’une synergie internationale de collectors, curators, filmmakers, galerists, art-critics, teachers, art lovers et même bloggers s’emploie à nous faire rentrer dans la boîte avec un ruban par dessus le marché.

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Certes, cette Académie est loin d’être mal intentionnée. Elle me fait même penser à cette Ecole du chat libre qui stérilise les vilains matous plutôt que de les euthanasier. Mais cette Académie de l’art brut a beau faire pour épargner à celui-ci les rigueurs de la liberté, elle ne peut parvenir à ce que, dans les jungles policées où se déroulent nos mornes existences, nous ne croisions parfois un petit fauve encore errant, sans puce électronique.

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C’est ce qui m’est arrivé cet après-midi au Centquatre et j’en ai eu la chair de poule. J’étais entrée dans ce temple du hip hop, attirée par une exposition du Musée des Cœurs brisés de Zagreb prolongée jusqu’au 6 février 2013.

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Il faisait une chaleur à crever dans la noirceur des vastes salles en sous-sol où sur de blancs piédestaux étaient présentés, comme s’il s’agissait de la Vénus de Milo, des objets écrasants de dérisoire : brosse à dents, plaque d’immatriculation, paire de Converse, frisbee, gants, sex-toy, battoir à œuf etc. L’impression d’un vaste foutage de gueule.

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«Encore une expo où il y a plus à lire qu’à voir», me dis-je. C’était de ma faute. L’idée m’avait paru bonne : ce dépôt de souvenirs d’amours défuntes.

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Mais, mis à part devant la carte postale assortie d’un court témoignage d’une vieille dame arménienne évoquant l’issue tragique d’une demande en mariage contrarié, je ne me sentis guère atteinte par l’émotion.

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Les objets étaient banals à pleurer et la plupart du temps on se fichait des commentaires qui les accompagnaient. Soit qu’on ait la flemme d’en prendre connaissance. Soit que leur contenu ne dépassait pas celui des histoires tombées des téléphones portables dans le métro.

Et puis je suis entrée dans l’avant-dernière section et je n’ai plus eu d’yeux que pour elle.

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Cette broderie déjantée à la véhémence baroque luttant avec l’effacement des souvenirs comme les personnages du film de Michel Gondry : Eternal sunshine (…).

Ecorchée et lyrique. Filandreuse, couturée, perforée, sanglante.

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Superbe de souffrance à vif non de mélancolie caressée. Impressionnant codex dont les pages de grosse toile fripée et cousue pourraient provenir d’un drap d’hôpital.

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Waaaah! Du texte évocateur qui l’accompagne, on déduit une histoire d’amour, la folie qui s’insinue, l’errance dans Delhi, la danse avec Shiva.

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Et ce mort que l’on supplie de venir hanter les rêves comme dans The Scientist la ballade sirupeuse de Chris Martin du groupe Coldplay. Références bien culturelles mais quel auteur d’art brut aujourd’hui n’en a pas?

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L’essentiel étant qu’en matière de solutions plastiques, l’auteur de cette broderie extraordinaire s’avance en solitaire, tous vaisseaux brûlés.P1060108.JPG

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21.01.2013

Antonin Artaud passionne le 6e arrondissement

J’allais sauter allégremment par dessus l’annonce de la journée de l’EPhEP parce que les colloques, moi vous savez… mais finalement un petit coup de biniou pour cette Passion Artaud organisée le samedi 9 février 2013 par Esther Tellermann, psychanalyste (lacanienne si je ne m’abuse et poète ce qui ne gâte rien) ne m’a pas paru superflu.

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Pourquoi ? Pour deux raisons essentielles. D’abord parce que le chapô en kakémono introductif nous rappelle que «le langage dont l’homme est affecté peut parler tout seul» (et ça j’aime bien, surtout si «l’homme» c’est aussi «la femme» - si, si, elle existe! – parce que l’idée que mon déconophone peut marcher en pilotage automatique me réjouit).

kakemono.jpgEnsuite parce qu’à 9h45 ce jour là on pourra entendre la retransmission de l’entretien de 1977 entre le poète Mathieu Bénezet et le Docteur Gaston Ferdière et que ça promet.

Les autres parlotes dureront jusqu’à 17h10 avec une pause déjeuner. Seront mélangés des universitaires, des analystes et des écrivains (ce qui est une bonne chose). Je vous laisse consulter le programme, vous êtes assez grands.

Agitez avant de vous en servir. La preuve que c’est sérieux c’est que c’est payant. Même pour les étudiants c’est pas gratuit, seulement moins cher. 

logo ephep.jpgPour ceux qui savent pas quoi c’est l’EP-machin, je traduis en langue vulgaire : un établissement privé d’enseignement supérieur. Ecole Pratique des Hautes Etudes en Psychopathologies c’est son nom.

C’est au Centre Sèvres (chez les Jés.) qu’aura lieu la chose : 35 bis rue de Sèvres dans le 6e arrondissement de Panameu.

23:37 Publié dans Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : antonin artaud, l’ephep, esther tellermann | |  Imprimer | | Pin it! |