31.07.2012
Madge Gill entre au couvent
Les yeux se tournant vers Londres, je vois pas pourquoi votre petite âme errante en ferait pas de même. Moi aussi j’enfile mon bob, mon pantacourt et mes basquettes.
Moi aussi je bouffe des vitamines et du brumisateur.
Moi aussi j’adore Laura Flessel, grande judokate devant l’éternel coubertinesque, comme un drôlissime lapsus ministériel vient de nous la présenter.
Et ce n’est pas pour ça que je tire la gueule à mon petit dada habituel, loin de là! C’est que, à un jet de pierre (a stone’s throw) du grand machin olympique-circus, se déroule en ce moment et jusqu’au 16 août 2012 une jolie rétrospective Madge Gill, autre star avec Aloïse de cet art brut des origines, du temps où c’était Jean Dubuffet le sélectionneur.
«Madge Gill au couvent» pourrait-on dire puisque c’est The Nunnery («at the heart of London’s artist quarter»), la puissance invitante de cette expo.
Espace d’art contemporain situé dans le Bow, à l’est de la ville, pas très loin du Vicky Park et à 10 mn à pinces de Bow Road Station, le Nunnery (181 Bow Road) est plutôt chiche en repros.
Son site ne nous donne qu’une image en couleurs alors que Madge Gill (qui dessinait quasi dans la noirceur) est une grande magicienne du black and white, façon damiers vertigineux.
Mais bon, vous pourrez pas dire que vous étiez pas prévenus si vous passez par là en allant jouer les pom-pom girls de nos porte-drapeau cocorico.
20:58 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, madge gill, the nunnery, londres, laura flessel | | Imprimer | | |
29.07.2012
Les mamans des poissons du côté d’Ancenis
Dans la série Nos amies les bêtes, cet été : les poissons. Les poissons de Loire atlantique.
J’adore Ouest France et c’est avec plaisir que je dévore ses actualités culturelles. Aussi me suis-je précipitée sur son édition en ligne du 26 juillet 2012 à cause de son titre alléchant : Art brut et art naïf exposés à Rive de Loire-Ancenis. Art brut, ça promettait avec cette exposition Expressions que le journal du grand ouest nous invite à voir jusqu’au 5 août 2012.
Hélas, pas plus d’art brut que de beurre (blanc) en branche dans cette expo présentant l’honnête travail de deux dames visiblement soucieuses de bien faire. Force est de rappeler à celui ou à celle qui a écrit ce papier électronique (non signé) que l’art brut -le vrai art brut- se soucie du bien faire comme de sa première nageoire.
Et que ce n’est pas un service à rendre à Claudie Chrétien de lui laisser à penser qu’elle «fabrique des objets qu’on peut qualifier d’art brut». Claudie ne cache d’ailleurs pas qu’avec sa consoeur Myriam Letertre, elle suit tout bonnement les cours de l’association Aux Arts à Oudon.
Je sais bien qu’au jour d’aujourd’hui même les grands squales de l’art contemporain aimeraient à faire croire qu’ils naviguent en pleine mer de la brutalité.
Mais de grâce, monsieur Ouest-France, ne mettons pas l’art brut à toutes les sauces. Cela brouille les idées du public. Et ce n’est pas bon pour les petits poisson(ne)s qui s’agitent gentiment dans le bocal des galeries réservées aux «artistes amateurs».
13:10 Publié dans art brut, Expos, Gazettes, Glanures, Nos amies les bêtes, Zizique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, artistes amateurs, art contemporain | | Imprimer | | |
28.07.2012
Arlette a rejoint Raymond
Comme les choses vont, comme les choses viennent. C’est Pakito Bolino, l’éditeur du Dernier Cri qui me l’a appris le 25 juillet 2012 en plein concert de musique Touareg à Marseille : Arlette nous manque, Arlette n’est plus. Arlette c’est Arlette.
Arlette Reynaud, la veuve de Raymond, le peintre, s'il faut vous faire un dessin. Un peu plus et je me pointais à Sénas pour lui rendre visite comme chaque fois que j’étais dans le coin. On serait allé papoter dans un p’tit resto comme à l’accoutumée. La dernière fois, en avril 2011 (déjà) c’était chez Lolo Mauron à St-Rémy-de-Provence.
La grande âme errante de Raymond Reynaud avait bien sûr été évoquée dans la conversation. «Ma galinette», comme elle disait l’Arlette de son chéri d’amour.
Mais les choses vont et les choses viennent. On n’a pas le droit d’être triste puisque Raymond se retrouve à l’affiche du Festival d’Aubagne, ce que Arlette aurait aimé.
Sous la houlette de Danielle Jacqui, vaillante directrice artistique, 65 artistes dont vous trouverez ici les noms, seront représentés jusqu’au 26 août 2012 dans ce festival qui est aussi une biennale puisqu’il n’a lieu que les années paires.
François Ozenda, dont je déplore que le site du Festival ne nous donne aucune image, disposera –c’est une bonne chose– d’un espace particulier dans le Bras d’Or, l’un des lieux où se déroule la manifestation.
Ceci sous le parrainage de Jean-Claude Caire qui a toujours défendu, à grands coups de fanzines, l’œuvre de cet émouvant artiste de Vence, exposé par Alphonse Chave dès la fin des années cinquante du siècle précédent.
J’arrive un peu tard pour le vernissage qui se partage aujourd’hui samedi entre le Centre d’Art des Pénitents noirs (18h30) et l’Espace Bras d’Or (17h30) mais l’essentiel est de vous rafraîchir la mémoire en ces temps moites et orageux où vous ne pensez sans doute qu’à vous taper des mojitos.
17:54 Publié dans art brut, Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond reynaud, arlette reynaud, françois ozenda, art singulierlolo mauron, pakito bolino, le dernier cri | | Imprimer | | |
22.07.2012
Aloïse ricoche à Lausanne
Une belle endormie c’est la Riponne. Les Bergières assoupies c’est pas mal aussi.
Donc, si la dame du GPS vous dit : «montez le couloir rhodanien, tournez à droite, longez le lac!», obéissez. Lausanne cet été est repeinte aux couleurs d’Aloïse. Du moins sur le trajet qui mène du palais de Rumine au Château Beaulieu (3 mn chrono).
Comment je le sais ? Parce que j’ai de gentilles informatrices : Sarah Lombardi, la directrice de la CAB et Céline Muzelle qui a rédigé avec Jacqueline Porret-Forel le catalogue raisonné électronique de l’œuvre de notre Aloïse vénérée.
Céline Muzelle, avant mon départ en vacances, me le disait : «Je pense que les Animuliens vont apprécier ce rendez-vous sans précédent que nous offrent le Musée cantonal des Beaux-Arts et la Collection de l’Art Brut (…)».
Elle voulait parler des deux expos Aloïse Le ricochet solaire qui se tiendront jusqu’au 26 août 2012 au MCB-A et jusqu’au 28 octobre à la CAB de Lausanne. L’une «propose un parcours chronologique inédit dans l’œuvre de l’artiste (sic) vaudoise». Dans l’autre «une salle entière est destinée aux cahiers de dessins, qui sont comme la colonne vertébrale de son œuvre (…)».
Vautrée comme je suis à la terrasse de La Récré, sirotant le rosé frais de ce restaurant de Lourmarin, je peine un peu à comprendre le «ricochétisme» que JP-F définit ainsi :
«Le ricochet représente l’un des aspects fondamentaux de l’organisation mentale d’Aloïse. On peut le considérer comme l’un des fondements de son œuvre, siège de ses conceptions cosmogoniques, de son pacifisme, de sa religiosité, de ses amours fantasmées (…). Il traduit aussi le ressenti des phénomènes hallucinatoires liés à la psychose».
Malgré la sieste, je ne suis pas ramollie du bulbe au point de ne pouvoir tourner les pages des deux chouettes bouquins qui accompagnent les expos lausannoises.
Merci à la grande âme qui me les a fait parvenir dans mon gîte rural. Fidèle à une tradition d’élégante austérité, la publication de la CAB, sous une couverture de carton-bure et une reliure à la japonaise, contient pas mal de repros des dessins mais aussi des écrits d’Aloïse.
Les textes sont de Pascale Marini, commissaire de l’expo et de S. Lombardi qui nous apprend (ô hasard objectif !) que «c’est suite à une erreur dans la distribution d’un courrier que Jean Dubuffet entre en contact avec Aloïse».
Diffusé par Le Seuil, l’ouvrage-catalogue du MCB-A est un peu plus cher mais c’est du lourd ! Sans être pesant ! Rien d’un casse-croûte. Tout est découpé en petites bouchées ou en plats digestes qui s’intercalent parmi les nombreuses images en couleurs.
Les contributions écrites sont dues aux dames citées précédemment dans ma chronique et à Catherine Lepdor, conservatrice du MCB-A. Le contenu est trop riche pour que je vous en fasse des tonnes. Lisez ce livre indispensable aux fans d’Aloïse ! J’apprécie son côté précis : la biographie de CM, la biblio sélective qui n’oublie pas Aloïse ou l’infirmament du regard, un titre de Béatrice Chemama Steiner que je voudrais avoir trouvé, la liste des légendes des tableaux, les points de repère chronologiques.
Photo © NB.ARCH
Les souvenirs de JP-F sont agrémentés du fac simile de la fameuse lettre que Dubuffet lui adressa le 11 avril 1964. Ce roi du paradoxe y prétend qu’Aloïse «n’était pas du tout folle». Elle avait été reproduite dans le tome 4 des Prospectus et tous écrits suivants (Gallimard 1995). Mais sans le PS à la main qui éclaire sur la hiérarchie des valeurs de l’inventeur du concept d’art brut :
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
21:25 Publié dans art brut, Ecrits, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, aloïse corbaz, collection de l'art brut, musée cantonal des beaux arts, sarah lombardi, céline muzelle, jacqueline porret-forel, béatrice steiner | | Imprimer | | |
17.07.2012
Imposteurs et farfelus à la BM de Cadenet
«En vacances on lit» me dit ma télé. Et votre petite âme errante d’applaudir à grand bruit! Alors mon odyssée luberonesque ne serait pas complète si je ne décernais pas mon prix spécial du jury à la Bibliothèque Municipale de Cadenet, la ville du petit Tambour d’Arcole.
Merci à celle-ci pour sa clim, pour ses micros où je peux surfer sur les belles choses de la région, pour ses chaises bleues et jaunes et pour la qualité de son accueil. Non seulement le bibliothécaire a l’air d’aimer son métier mais il a lu ses livres. Et ça fait plaisir de voir les usagers de l’endroit qui viennent avec confiance lui demander des tuyaux.
En plus il connaît Asphyxiante culture! Aussi ça ne m’a pas étonné que dans les choix que ce pro du bouquin collectif propose sur ses tables de consultation, se soient trouvées deux choses dignes d’intéresser la monomaniaque que je suis. Deux ouvrages qui avaient échappé –caramba– à la vigilance de mon blogounet d’amour et qui méritent pourtant d’être signalés.
D’abord Les Plus grands farfelus français d’Hubert Delobette (2008) parce, dans sa galerie de 25 portraits, tous plus ou moins ébouriffants, il range Ferdinand Cheval et Chomo (qui n’aurait sans doute pas aimé être traité de «farfelu»).
Ensuite Le Collectionneur d’impostures (2010) de Frédéric Rouvillois parce que je ne me lasse pas de lire l’histoire des 27.345 faux autographes littéraires et historiques fabriqués par Vrain-Lucas à l’usage d’un trop crédule savant de son temps.
L’ouvrage qui se source visiblement à l’inénarrable Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications de François Caradec (1964) a le mérite d’être beaucoup plus léger pour lire au bord de la piscine (et oui, j’ai une piscine dans mon gîte rural) bien qu’il contienne environ 65 récits passionnants.
01:28 Publié dans De vous zamoi, Glanures, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré estienne, tambour d'arcole, cadenet, farfelus et imposteurs, frédéric rouvillois, hubert delobette | | Imprimer | | |
14.07.2012
Léopold Truc, un paradis non truqué
Le Luberon, «ce taureau qui fait la sieste au pied de son berger le Ventoux» (dixit Yvan Audouard), je suis allée le prendre par les cornes.
Après le marché paysan de Coustellet dont je vous recommande les bigarreaux Napoléon, je suis montée chez monsieur Truc, le créateur d’un jardin conçu à grand renfort de ciment, de mosaïques et de tessons de poterie.
© Ani (2012)
Pour le seul agrément des chanceux qui le trouvent sur un chemin caillouteux réfractaire aux bagnoles. Ni visites guidées, ni spectacles, ni concerts chez monsieur Truc. Ni conférenciers post-millénaristes non plus. Rien que les cigales.
© Mon daddy (1989)
Aucun ministre de la culture en campagne électorale n’est jamais venu sur son terrain. Terrain oublié à l’écart d’un village escarpé qui sent bon le cèdre. Tout au plus Pierre Bonte l’a-t-il jadis interwievé pour FR3. Léopold Truc ne bâtissait pas des cathédrales.
© Ani (2012)
Le Paradis, il y était déjà puisque c'est comme ça qu'il appelait son espace ludique, cette pure excentricité qu'il avait su en douceur faire accepter à son paysage provençal et à ses contemporains.
© Mon daddy (1989)
© Ani (2012)
Un Paradis où ne flotte aucun relent de bondieuserie plus ou moins fumeuse mais le parfum d’un tranquille bonheur créatif.
© Ani (2012)
A son isolement naturel, le Paradis de monsieur Truc doit encore aujourd’hui d’être présentable à des Animuliens qui ne détestent pas le travail du temps sur la floraison brute.
© Mon daddy (1989)
© Ani (2012)
Tout au plus a-t-il perdu des couleurs ce Paradis. Tout au plus est-il un peu mangé par le lierre.
© Ani (2012)
Même s’il a viré au pain d’épice trop cuit , il a grosso modo conservé son allure ordonnée en pente douce et ses 6 allées de circulation parallèles. La borie de pierres sèches décorée
© Ani (2012)
© Mon daddy (1989)
le «bordj» pour la chasse,
© Ani (2012)
© Mon daddy (1989)
la chapelle grande comme une cabine d’essayage,
© Mon daddy (1989)
© Ani (2012)
la tour au sommet de laquelle Léopold Truc aimait faire grimper les visiteurs, sont toujours là.
On le doit à la famille de monsieu Truc qui veille toujours sur ce patrimoine d’un genre particulier.
© Ani (2012)
La fontaine est muette mais son auteur, de son vivant, ne la mettait guère en route, l’eau de la commune étant «plus chère que le pinard» selon lui.
© Mon daddy (1989)
De son tombeau-mémorial qui voisine sans complexe avec des toilettes en forme de guérite, monsieur Truc disait malicieusement : «quand ça sera fermé, vous saurez pas si j’y suis ou si j’y suis pas».
© Ani (2012)
© Ani (2012)
© Mon daddy (1989)
Un homme a vécu là, c’est à dire qu’il s’y est diverti au plus noble sens du terme. Sans qu’il soit nécessaire pour autant d’évoquer je ne sais quel «sacré» devant lequel il faudrait s’agenouiller, il a marqué de sa présence cette parcelle.
© Mon daddy (1989)
Du moins c’est ce que j’ai ressenti. Du moins c’est ce que m’a dit mon daddy qui, le veinard, a croisé Léopold Truc en 1989, trois ans avant que celui-ci ne disparaisse.
© Mon daddy (1989)
J’ai fait des pieds et des mains pour que mon daddy retrouve dans ses tiroirs les photos de vacances qu’il avait prises alors. Parce qu’il est toujours bon de comparer.
© Mon daddy (1989)
© Ani (2012)
Parce qu’il est toujours bon de témoigner. Parce qu’il est légitime de documenter même si avec l’art brut ou avec ce type de «truc» populaire et superbement individuel, on ne puisse qu’être incomplètement satisfaits.
© Ani (2012)
23:55 Publié dans art brut, Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art brut, environnements bruts et spontanés, léopold truc | | Imprimer | | |
09.07.2012
Dans les pas de Louis Malachier, sculpteur et meunier
Suite à ma note précédente, 2 ou 3 choses encore sur le sculpteur-meunier de Lacoste. D'abord quelques images supplémentaires de ma «gargouille».
Cette effrayante créature à tête de tortue, au dos batracien, doit sans doute sa conservation au fait qu'elle est compacte et lovée sur elle-même.
Tient-elle une victime entre ses pattes? Difficile à dire mais on a, avec elle, une bonne idée de l'étrangeté qui devait émaner, pour ses contemporains, des œuvres de Louis Malachier.
Du moins de certaines car il réalisait aussi des chevaux, des cavaliers, des paysans dansant, des bustes, des hommes barbus, des figures historiques ou allégoriques, tout un petit peuple de nourrices, gendarmes, pénitents, instituteurs etc.
Des centaines de pièces que Malachier exposait dans le jardin de sa maison en face du moulin, au dehors et dans un petit «musée secret», réservé à l'initiation aux choses de la vie pour les jeunes mariés. Ce qu'il en subsiste par ci par là dans la région est fortement érodé aujourd'hui.
C'est que Malachier a eu la chance (et la malchance) de vivre près d'une carrière en exploitation qui lui fournissait une pierre tendre à travailler mais fragile.
Autrement -je pèse mes mots- l'œuvre de Louis Malachier serait à mettre près de celles de l'abbé Fouré, du douanier Rousseau, du facteur Cheval.
Mes lecteurs s'en convaincront facilement en se procurant auprès du Foyer Rural de Lacoste qui en est l'éditeur, un ouvrage de 180 pages, abondamment illustré et remarquablement documenté. Intitulé Louis Malachier, meunier et sculpteur 1823-1900, il synthétise plusieurs recherches, souvenirs et témoignages.
Photo Lindfors
Ceux d'Evert Lindfors qui a puisé à des sources orales, pris des photographies et publié dès 1973 sur le sujet dans Les Lettres nouvelles.
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Photo Lindfors
Ceux de Pierre Deflaux, descendant collatéral du meunier. Ceux d'Yves Le Mahieu qui a travaillé dans les archives départementales. Entre autres auteurs. Bibliographie, biographie, actes reproduits, rien ne manque.
La couverture et plusieurs pages à l'intérieur reproduisent les dessins et portraits de Malachier en 1889 par le peintre (académique mais précis) Jules Laurens, également auteur d'une précieuse liste des œuvres du meunier. Celle-ci figure aussi dans l'ouvrage du Foyer Rural de Lacoste que les bonnes librairies des musées qui se consacrent à l'art brut (suivez mon regard!) proposeront, je l'espère, bientôt sur leurs rayons.
01:00 Publié dans art brut, De vous zamoi, Images, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, louis malachier, evert lindfors, pierre deflaux, yves le mahieu, lacoste | | Imprimer | | |
08.07.2012
Sur la piste du meunier de Lacoste
Un meunier, c'est bien connu, ça dort. Même si son moulin ne va plus trop fort. Celui de Louis Malachier s'est arrêté en 1892.
Depuis, il somnole à l'ombre d'un château qui lui a volé la vedette car c'est la propriété d'un couturier fameux après avoir été, au XVIIIe siècle, le repaire d'un divin marquis.
Le couturier dont on trouve la marque sur les vêtements de Marty dans Retour vers le futur, mon film de science-fiction préféré, retape à neuf son nid d'aigle et le village perché alentour.
Le marquis n'est autre que Sade dont le nom fut pour les surréalistes ce que le sirop est pour les guêpes. Avec ces indices, pas difficile de deviner que je suis allée à Lacoste dans le Vaucluse à la recherche des sculptures du meunier que Gilles Ehrmann a photographié dans les années 60 pour les Inspirés et leurs demeures, cette bible de l'art brut. C'est Fantastique pays d'Apt, un bouquin de 1979 trouvé dans la bibliothèque du petit gîte rural où je me prélasse, qui m'a remise sur la piste.
Hélas, ses indications ne sont guère plus précises que celles du guide Provence insolite qui signale une œuvre du meunier-sculpeur encore visible sur le site. J'étais donc sur le point de faire chou blanc et de m'accommoder de la légende qui suggérait que tout, de l'œuvre de Malachier, avait disparu, emporté jadis par des brocanteurs ou cassé par des enfants.
copyright Elisa Breton
En 1949 déjà quand André Breton avait posé pour l'objectif d'Elisa près d'une statue de Malachier celle-ci avait perdu la tête comme on peut le voir dans le Breton par lui-même de Sarane Alexandrian qui reproduit ce cliché en 1971.
Chou blanc? C'était compter sans ma bonne fée qui s'est présentée ce jour-là sous les traits d'une personnalité de l'endroit, madame Barbara Lindfors, peintre et aquarelliste aux yeux bleus et aux fines lunettes couleur lavande. Depuis 1956, elle court les pentes raides des ruelles du vieux Lacoste.
Barbara et son mari Evert, sculpteur dont l'Arche de Noé est d'une beauté expressive très goûteuse, se sont installés là fort jeunes, en provenance de leur Suède natale.
Dans une maison ancienne alors dénuée de confort. Evert a raconté tout celà dans un livre de souvenirs.
Ce couple d'artistes a été tout de suite subjugué par les vestiges des oeuvres de Malachier qui subsistaient, s'informant sans cesse à leur propos. Aussi, Barbara Lindfors m'a-t-elle prise par la main pour me faire rencontrer cette sauvage gargouille du bord d'un chemin que je n'aurais pas été assez randonneuse pour trouver toute seule.
Mais il se fait tard...Alors à tout bientôt la suite de mes aventures lacostiennes.
23:55 Publié dans art brut, De vous zamoi, Glanures, Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, louis malachier, meunier de lacoste, andré breton, elisa breton, sarane alexandrian, gilles ehrmann, les inspirés et leurs demeures, barbara lindfors, evert lindfors | | Imprimer | | |
04.07.2012
. LE . SPORT. PUTAIN .
Finale de l’Euro par ci, Tour de France par là… Comment ça me fait trop gerber tout ce bourrage de crâne! On peut pas ouvrir la radio de bord sans en avoir raz la casquette de ces sempiternels jeux de baballes, de ces solitudes toujours renouvelées de l’éternel coureur suant à la poursuite d’un même chiffon jaune.
Heureusement, il y a la route qui pousse son cri! Et ce cri, des fois, est populaire, spontané, naïf et cru. Délicieusement ambigü. A Mazan, près de Carpentras, il claque comme un drapeau sur la D70.
13:51 Publié dans De vous zamoi, Glanures | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : graffiti | | Imprimer | | |
03.07.2012
Plaisirs du Roure
A Avignon, le Palais du Roure se fait désirer. J’aurais bien mis trois ans à le voir. D’abord parce qu’il n’est ouvert que le mardi et puis parce je ne suis pas assez souvent en vacances. Et quand j’arrive en août devant sa porte noire le jour voulu, il est quand même fermé… pour les vacances.
Pensez donc si votre petite âme errante était joyeuse de le coincer, ces jours derniers où il était miraculeusement accessible au public. Certes, il a fallu se farcir la visite guidée avec doublage en anglais pidgin, traverser des kilomètres de salles aux vitrines vides avec des meubles provençaux qui ne sont pas ceux d’origine mais enfin…
Cette ancienne demeure d’une huile de la Renaissance, squattée plus tard par les Félibres, a beau être assez austère, elle n’en recèle pas moins une amande dans sa coquille de traditions provençales éternelles. Je ne parle pas des grandes toiles wagnériennes d’Henri de Groux qui a créché là, ni de la Bibliothèque à moitié tombée en poussière du poète Louis Le Cardonnel.
La patache où Frédéric Mistral a posé ses augustes fesses me laisse froide même s’il a fallu ouvrir le toit pour installer cette diligence (Maillane-Graveson) dans le grenier.
J’ai peu de goût aussi pour les portraits de Jeanne de Flandreisy, la madame Verdurin de l’endroit ni pour les éperons et la selle de Fosco de Baroncelli qui se déguisait des fois en indien. Mais on est récompensé par une petite pièce qu’on ne visite qu’en dernier (pas très longtemps hélas) et où en en prend plein la vue question ex-votos, paperolles et reliquaires.
Y aller rien que pour ça ne peut pas nuire à votre réputation d’Animulien de choc.
17:28 Publié dans De vous zamoi, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : palais du roure, avignon, arts et traditions populaires, ex-votos | | Imprimer | | |