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16.05.2013

Laduz au temps des cerises

Laduz aux cerises! Tout un programme! Evocateur de clafoutis dans un jardin. Je sais bien que je mets la charrue avant les bœufs. Je ferais mieux d’attendre la fin mai pour les infos promises par Jacqueline Humbert sur le site de son musée.

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Mais je résiste pas à l’envie de vous dire : «Save the date». Tant le carton reçu est promesse de rendez-vous avec de bonnes et vénérables choses. Allusion à la chanson de Jean-Baptiste Clément que cette image de plein air? Elle combine en effet le plus populaire des fruits rouges avec l’uniforme militaire d’une République coincée entre la guerre de 70 et celle de 14. Aucune plaie ouverte cependant.

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Le sourire moustachu du pioupiou, l’émouvante facture rustique, la naïve boutonnière nous porte d’abord à l’attendrissement que l’on ressent toujours devant les beaux objets d’art populaire. Si proches, par l’invention, puisée à la source de l’ingénuité, de certaines productions d’art brut. Un vire-vent. Pas tout à fait ordinaire. Les trop longs bras du militaire dotés de mains en forme de pales. A la réflexion : un automate actionné par l’eau d’un ruisseau peut-être? Il sera toujours temps d’approfondir.

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Le Musée de Laduz apportera, le moment venu, des précisions sur ce petit trésor. Ainsi que sur d’autres «sortis des malles» spécialement pour la présentation de l’exposition Coups de cœur qui aura lieu le samedi 1er juin 2013 en fin d’après-midi.

11:50 Publié dans De vous zamoi, Expos, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art populaire, musée de laduz, jacqueline humbert | |  Imprimer | | Pin it! |

11.05.2013

L’Asphyxiante culture passe la nuit à Bègles

«La culture procure à qui en est doté l’illusion de savoir, qui est très pernicieuse, car un qui ne sait pas cherche et débat mais un qui croit savoir dort satisfait».

Cela fait un moment que j’avais pas lu ça. Je me replonge pas tous les jours dans Asphyxiante culture. J’ai tort. Si j’étais pas aussi cossarde j’apprendrais par cœur certaines des vérités finement paradoxales qui jalonnent ce petit livre de «libertés nouvelles» publié par Jean Dubuffet en juillet 1968 chez Pauvert (merci Jean-Jacques!).

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Par exemple celle-ci qui sonne comme un avertissement aux «intellectuels prétendus révolutionnaires» de l’époque et qui conserve tout son sel aujourd’hui :

«La position de subversion cesse bien sûr s’il advient qu’elle se généralise pour devenir à la fin la norme. Elle s’inverse à ce moment de subversive en statutaire».

Bien jeté, non ? De nos jours où c’est la mode de discréditer Dubuffet tout en lui faisant les poches, où bon nombre de ceux qui ont l’art brut à la bouche se croient fondés (au nom dont ne sait quelle modernité) à «promouvoir» celui-ci en imposant une régression théorique «visant à nier la coupure épistémologique de son inventeur», il est réconfortant de savoir qu’une Nuit des musées va être consacrée à Bègles à une lecture publique de larges extraits d’Asphyxiante culture.

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Réconfortant aussi de lire dans le dossier de presse de la Création Franche -puisque c’est dans cet établissement qu’aura lieu le 18 mai la performance- que «c’est un texte facile à lire, un manifeste dans lequel Dubuffet affirme que la culture (…) n’est plus au service des œuvres» et que «ce constat est encore terriblement d’actualité».

Qui c’est qui dit ça? Frédéric Maragnani. La voix qui portera ce soir là une pensée toujours novatrice qui ne demande qu’à s’envoler vers les âmes errantes de bonne volonté dont vous êtes (ou vous serez) chers Animuliens et Animuliennes de choc. Que vous ayez lu, mal lu ou pas lu du tout encore ce philosophe qu’était Jean Dubuffet.

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10.05.2013

Hollywoodoo et Panos du Dernier cri

«Les amis d’Avignon sont mes amis» : on m’écrit pour me le dire. Sachez que c’est réciproque. Et réciproque aussi avec les amis de Marseille. Ce n’est pas parce que je me suis fait saucer en plein carnaval que je n’aime pas le vieux port et son nouveau miroir par dessus tête.

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Le Dernier Cri! comme dirait l’autre. L’autre c’est Pakito Bolino et sa Belle de mai, bien entendu. Mai lui est un joli prétexte pour faire ses Hollywoodoories. Le lundi 13 mai à 18 h, en son Atelier de la Friche, il attaque sévère du côté de l’art populaire de maintenant tout de suite. Et en avant pour les affiches de vidéo-club ghanéennes et hardi petit pour les panos nord-américains! Woopoopidou!

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Cette expo va courir sur ces jambes jusqu’au 11 juin. Pas besoin de mot d’excuse de vos parents si vous loupez le vernissage fricheux.

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Vous pourrez vous rattraper le 14 mai à la Poissonnerie ou le 15 aux Dermonautes. Au besoin, tatouez-vous le programme avec l’adresse de ces trois lieux associés.

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Question panos, le Pakito s’est acoquiné avec Reno Leplat-Torti, un graphiste-sérigraphe collectionneur de ces petites chicaneries. Car pour ceux qui l’ignoreraient encore «panos» est un diminutif de «panuelo» (mouchoir), support d’activité artistique des «chicanos» (Américains originaires du Mexique) dans les prisons.

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Cette tradition remonte peut-être à l’intervention française au Mexique sous Napoléon III. Les pioupious de chez nous ayant pour habitude de décorer soigneusement leur tire-jus réglementaire avant l’invention du kleenex. Ce que m’a confirmé mon daddy qui a vu de ses yeux des conscrits se livrer encore sans réfléchir à cette charmante activité populaire pendant son service militaire dans les années soixante-dix du défunt vingtième siècle.

Qui dit populaire ne dit pas brut mais : apparentement possible car affinités évidentes.

16:48 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Imprimer | | Pin it! |

08.05.2013

Le peuple des berges

La Seine monte. C’est le moment de lire Le Peuple des berges. Le moment d’acheter à pleines péniches ce récent titre de Robert Giraud pour en inonder vos amis.

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On y assiste avec trouble et attendrissement au «carnaval perpétuel» de Nénette. A cette époque (dans les années cinquante du siècle de l’auteur), on n’avait pas peur du mot «clocharde».

«La cloche en argot c’est le ciel» nous dit la quatrième de couverture de ce recueil de neuf articles parus jadis dans Qui ? Détective.

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A cette époque (8 octobre – 3 décembre 1956), les Nénette élisaient domicile sous les ponts de Paris. Cette âme errante abritait donc sa coquetterie guenilleuse «dans une alvéole du Pont-Neuf, au milieu de ses richesses» de carton. «Eté comme hiver, Nénette porte toute sa garde-robe sur elle» nous dit Robert Giraud. Et «sa toilette se complète obligatoirement d’un chapeau extrait, il y a une dizaine d’années, du plus profond d’une poubelle».

Nénette.jpgImage tirée de "La cloche et les clochards". Film réalisé en 1972 par Robert Bober pour l'émission d'Eliane Victor : "Les femmes aussi"

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Cliquer sur l'image pour voir un extrait

Rien de bien original jusque là. Aujourd’hui que sont revenus les temps mauvais, il suffit de faire un tour sous le périphérique au marché aux puces de Saint-Ouen pour avoir une idée de ce que Bob évoque.

Plus captivantes en revanche, les lignes que Giraud consacre à la pulsion de parure corporelle de ladite Nénette. Pulsion qui en fait presque la prêtresse d’un body art avant la lettre. «Les heures que [Nénette] ne consacre pas à la recherche et au tri de nouveaux haillons (…), elle les passe à faire et à refaire son maquillage». (…) «Un affreux plâtrage  dont le fond de teint est constitué par du Mercurochrome. Pour ses autres fards, Dieu seul sait dans quelles décharges publiques Nénette va en recueillir les ingrédients!».

Pouvoir de ce style ému mais précis du grand reporter littéraire! Giraud sait comme personne communiquer au lecteur sa fascination. Atteindre comme une balle le nœud du problème. Sans lui ôter de son mystère. «Nénette garde le secret du drame qui a dérangé sa cervelle».

Citons encore la relation de son jeu d’esquive facial: «De ce paquet de loques émerge le visage de Nénette, une face de gargouille peinturlurée où l’on ne remarque rien de ce que l’on regarde ordinairement : la couleur des yeux, la forme du nez, les dessins des lèvres…».

Les amoureux du vieux Paris, les amateurs de petits métiers insolites, ceux qui apprécient combien l’humanité et la créativité des gens du très-commun se dégagent du pittoresque, voudront lire ce recueil de chroniques nouvelles et néanmoins ressuscitées.

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Personne ne s’étonnera qu’il soit préfacé par Olivier Bailly. Ni qu’il soit édité par Le Dilettante qui ne cesse d’inscrire à son catalogue les Bob-sellers de l’«envoyé spécial au royaume de la nuit».

07.05.2013

Recreation avignonnaise

Avignon, du coin de l’œil me regarde. On peut dire que j’aime ça. J’y traîne mes savates comme dans une photographie ancienne.

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A l’écart du pittoresque karchérisé des rues à touristes, c’est une ville qui vous fait signe à sa façon d’aujourd’hui et de toujours. Ici, où Melpomène et Thalie règnent en maîtresses une partie de l’année, tout est permis aux muses et elles ne s’en privent pas.

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Muse des rêveurs-bâtisseurs comprise. J’emprunte cette image à l’un d’eux qui agrémenta de personnelle façon le mur d’enceinte de sa maison.

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Avignonnaise façon de procéder! Avec sa ceinture de remparts et son cercle flâneur formé par les rues Joseph Vernet, Henri Fabre et des Lices, la festivalière cité des papes est un cœur emboîté comme une poupée gigogne. De cet intra-muros historique, de cette pelote urbaine ensoleillée s’échappe, du côté où le Rhône ne s’y oppose pas, tout un réseau de fils et d’artères qui s’en vont faire des nœuds aux noms de quartiers : St-Véran, La Croisière, St Jean, Pont des Deux Eaux.

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C’est dans l’un d’eux qu’Antonio, un maçon italien, est venu pour le travail dans les années cinquante du siècle dernier. C’est là que lui, qui parlait à tout le monde, a édifié pour son plaisir et pour celui des passants son mur d’images, décoré autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

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P1060353.jpgC’est là que vit encore -princesse en son potager- sa veuve Tina dont les beaux yeux ne se fatiguent jamais de contempler les têtes brutes, amusantes et grotesques de cette clôture historiée qui fait de sa demeure une modeste et moderne villa Palagonia. Là, c’est-à-dire dans une impasse.

Un coin de campagne dominé par une barre d’immeubles. Ce fleuron, perdu dans un lacis où les rocades et les avenues sont métissées de routes et de chemins, n’est pas simple à trouver. Même un GPS s’y casse les dents en tombant sur des fourchettes. «Tournez à droite» vous dit-il et ce sont trois voies qui s’offrent à vous.

Mieux vaut donc un cicerone. Tant qu’à faire, j’ai eu recours au meilleur qui soit : l’impénitent blogueur et l’aimable connaisseur es-choses avignonnaises, Michel Benoît. C’est lui qui m’avait filé le tuyau. Mais pour être déjà venu, il n’en était pas blasé. C’est d’un sourire intact qu’il a salué le Gepetto qui lui rappelait un masque de son enfance.

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Antonio, pour ses moulages en plâtre, affectionnait de telles choses. J’ai fait, pour ma part, un bisou au portrait d’une chanteuse populaire (je vous laisse deviner laquelle) dont la famille voisina jadis avec le maçon.

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Les chats, les barbus, les fantômes étaient un peu trop haut pour pareilles effusions. Divers collages d’objets manufactés aussi. J’aime trop aussi les visages aux yeux d’agate, «tout en pierres récupérées aux décharges» comme me le dit la signora Tina de son bel accent  calabrais. 

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00:49 Publié dans art brut, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Imprimer | | Pin it! |

14.04.2013

Les ateliers de Montfavet

Des choses à voir il y en a partout, même à Montfavet aux confins d’Avignon. Montfavet ne brille pas que par son «Christ» dans ma petite âme errante encombrée comme une mémoire collective. Cela faisait longtemps que je voulais m’y arrêter pour visiter l’Atelier Marie Laurencin signalé il y a des lustres par un Animulien répondant à l’aimable pseudo de «tonton Patrick».

Marie Lau et ses sucreries, vous allez me dire que c’est pas mon genre de beauté. N’allez pas croire cependant que j’ai viré ma cuti pour me chauffer au grand soleil de la culture culturante. Que nenni, l’Atelier ML est un atelier d’art abrité dans l’enceinte d’un Centre hospitalier et fréquenté par divers utilisateurs libres et volontaires, en provenance de l’intérieur ou de l’extérieur de l’établissement si j’ai bien compris.

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Le Centre hospitalier de Montfavet est une ville dans la ville qu’on n’atteint pas sans demander son chemin dans les pharmacies si on n’a pas, comme moi, prévu un GPS sur sa bagnole de location. Du parking intérieur, il faut crapahuter le long de chemins bordé de verdures, d’une chapelle protestante, de bâtiments point trop imposants et clairs, d’église sur un tertre et de morceaux d’enceinte qui font penser un peu au mur de Berlin.

P1060285.JPG Bon point pour le coin : à l’entrée d’un Musée dit des Arcades, une stèle gravée porteuse d’une pensée de Lucien Bonnafé rappelle aux visiteurs d’une expo Camille Claudel certain dramatique point d’histoire qu’on passe encore trop souvent sous silence en nos temps chagrins.

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Voulant garder du temps pour goûter à la chaleur nouvelette d’une après-midi déjà déclinante, j’ai orienté mes pas vers un espace voisin où sont montrées les meilleures productions de divers ateliers de créations (Marie Laurencin, Lumière, Peau d’âme) où j’ai remarqué surtout les sculptures en fil de fer, gaze brûlée, ficelle et papier brun de Françoise Subra Beillard.

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Les attitudes accablées, courbées (sous le poids de quelle peine ?) sont impressionnantes, certaines tentatives d’envol aussi.

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L’évocation cartilagineuse des matériaux utilisés, qui font penser à des chairs meurtries, à de la peau séchée, compense par une expressivité de bon aloi ce que ces œuvres peuvent avoir de trop aérien, de presque élégant.

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Noté aussi la touche aisée, hâtive, décisionnaire  d’un peintre du nom de Robert Nouguier dont les graffitis noirs, les coulures blanches structurent le jeu des couleurs dans des compositions aux papiers superposés avec des sphères gémellaires pour thème récurrent.

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Plus bas, en cherchant bien, j’ai découvert l’Atelier Marie Laurencin où je ne suis pas entrée puisqu’il y avait des gens au travail à ce moment-là. Attenante, une antichambre white-cubesque montre des mini-expos temporaires. En ce moment, ce sont les tableaux de Béatrice Drai.

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Et puis c’est tout. Il me restait juste assez de jour pour filer à Lourmarin manger des croissants aux pignons en sirotant du thé à la terrasse d’un bistrot pendant que les Parisiens défilaient sous leurs parapluies.

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18:13 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Imprimer | | Pin it! |

11.04.2013

Plancher sur Jeannot avec Perrine Le Querrec

«Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état». Qui ne souscrirait à pareille formule? D’autant qu’elle vient de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Et qu’elle est proclamée par un artiste né à Gaza. Proclamée sur savons de Marseille par Taysir Batniji à l’Espace Robert de Lamanon à Salon-de-Provence jusqu’au 16/06/2013.

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Un gratuit du coin, le supplément Marseille-Provence 2013 de La Provence («ne pas jeter sur la voie publique») reproduit cette sculpture qui se présente –devinez quoi– comme une bande de parquet blond posé sur le sol!

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J’en crus pas mes mirettes quand je vis cette œuvre savonnière et philosophique si visiblement dans la note du fameux plancher de Jeannot. Compte tenu de la notoriété grandissante de celui-ci et de la curiosité nouvelle et intéressée dont l’art brut est l’objet de la part de ceux qui le traitent comme un gisement, une telle rencontre était fatale.

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La comparaison entre le travail de l’artiste gazaouite et le cri primal du paysan farouche recroquevillé sur le corps de sa mère dans sa ferme-fort Chabrol éclaire, s’il en était besoin, sur l’abîme qui sépare l’art brut authentique de ce qu’on nous vante sous l’étiquette flatteuse d’arts dits contemporains.

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Message individuel et confiné directement projeté du cœur sur une surface ingrate et réfractaire d’un côté.

Discours universel à la cantonade, proprement gravé en capitales sages sur une matière molle de l’autre.

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Je n’insiste pas mais il est bon de rappeler que Jeannot, dans son genre, est un écrivain. Non un idéologue, en dépit des idées dérangeantes qui s’agitent furieusement sous son burin. C’est le grand mérite de Perrine Le Querrec de ne pas l’oublier.

LE-PLANCHER_LDDP_LIVRE_vignette (2).jpgDans un livre qu’elle vient de lui consacrer aux Editions Les Doigts dans la Prose, livre intitulé Le Plancher, elle trouve les mots justes pour le dire. La présentation de l’ouvrage et les quelques extraits que l’on peut lire sur le net nous prouve qu’on a affaire ici à une vraie correspondance entre une écriture et la création qui l’inspire.

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Non à une rencontre manquée entre un méta-langage artistique fondé sur les références culturelles et la confidence terrible et meurtrie dont il subit l’influence. Voyant pour la première fois le plancher de Jeannot à la Bibliothèque Nationale en 2005, Perrine Le Querrec qui ne connaît pas encore son auteur a le sentiment de voir «Artaud crever la page d’écriture de son marteau».

C’est parce qu’elle s’abandonne à ce sentiment et qu’elle se laisse submerger par l’impression qui l’assaille : «ce n’est pas le silence qui m’accueille, mais une clameur un hurlement», c’est parce qu’elle creuse en elle le besoin de comprendre le pourquoi de ces surfaces «martelées, saignées à blanc» qu’elle donne naissance à ce livre.

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Aujourd’hui où l’art brut est relayé par un discours muséo-universitaire dominant et par les commentaires coalisés des acteurs de sa circulation marchande (commissaires-priseurs, collectionneurs, galeristes spécialisés), il est réconfortant d’entendre une voix lyrique (au noble sens du terme) s’exprimer à son sujet. Comme au premier temps de l’invention de la notion par Dubuffet où le rôle des écrivains (Paulhan, Chaissac, Roché, Delteil, Ragon, Breton, Péret, Giraud etc.) était nettement plus prépondérant.

17:58 Publié dans art brut, Ecrits, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (3) | |  Imprimer | | Pin it! |

26.03.2013

Jacqueline Vizcaïno suit les Itinéraires Singuliers

C’est toujours pareil, on me prévient trop tard. Pourtant vous savez bien que j’adore les vernissages en province. Prenez Dijon, par exemple. Ce joli chef-lieu de la Bourgogne abrite un Festival Itinéraires Singuliers qui en est arrivé cette année à sa huitième édition. Bon, je singularise pas beaucoup d’ordinaire. Chacun a pu le constater. Mais jusqu’au 19 avril 2013, une exposition Jacqueline Vizcaïno occupera la Galerie François Mitterrand en l’Hôtel de région sis boulevard de La Trémouille à 3 mn de la Place de la République.

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Et il n’est pas trop tard pour en annoncer le vernissage puisque celui-ci aura lieu jeudi 28 mars sur le coup de 18h. C’est que cette dame de Livron (c’est là, dans la Drôme, que vit madame Vizcaïno) m’intrigue depuis 2006 : voir mon post du 6 novembre de cette année-là, intitulé (ou presque) Jules et Diego. Il fallait sans doute de la confiance en l’avenir à des parents espagnols pour faire un enfant en 1937. Pourtant c’est alors que Jacqueline naquit et c’est seulement en 1962 qu’elle vint en France avec sa famille. Je ne sais pas pourquoi, du moins avec le peu de détails biographiques qui traînent par ci par là sur ce peintre de vertiges optiques.

23:53 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacqueline vizcaïno, itinéraires singuliers | |  Imprimer | | Pin it! |

25.03.2013

Art brut : la réalité dépasse les fictions

Maintenant que j’ai mis le nez dedans, impossible d’en sortir. Dans quoi? Mais dans la collection des «Cahiers» de l’Art Brut, badame. Elle tabasse tout cette collection! On y revient toujours au hasard des méandres de l’actualité.

Samedi prochain (30 mars 2013), par exemple, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) ouvrira de 9h30 à 13h sa salle Walter Benjamin au séminaire du CrAB consacré à Des fictions d’art brut parmi lesquelles il y a Juva.

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L’occasion de se replonger corps et âme, pour réviser un peu avant, dans le n°21 des «Cahiers» évoqués plus haut. Cahier qui nous dit tout sur le cas de ce prince austro-russe, collectionneur de camées et de vases en cristal de roche, converti au silex dont il aime la matière au point de la sublimer en sculptures retouchées, peintes et soclées par ses soins.

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Jean Dubuffet consacra très tôt (en 1948) à cette œuvre née d’un cache-cache avec la science préhistorique, à cette œuvre révélatrice du pur langage des formes, un texte qu’André Breton compara à «un tube d’escalier en vis sans fin». Et une exposition au sous-sol de la Galerie René Drouin.

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A propos de «sous-sol», notons que Les Statues de silex de M. Juva, le texte de Dubuffet, se termine en boîtant sur ce mot. «Peu de gens», prophétise Dub, prendront garde aux statues de Juva mais «si quelques-uns pourtant se sentent ici touchés (…) par ce vent venant pour une fois non des points indiqués par la rose [des vents] mais de sous les pieds et de sous-sol (sic) – alors tant mieux».

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cahiers de la pleiade 1948.jpgC’est naturellement «de dessous le sol» qu’il faut lire. Dubuffet, dans l’édition originale ronéotée, a rectifié l’erreur à la main.

Celle-ci a été corrigée dans la version imprimée parue à l’été 1948 dans Les Cahiers de la Pléiade, revue dirigée par Jean Paulhan mais non -curieusement- dans le tome 1 de Prospectus et tous écrits suivants (1967) formaté par Hubert Damish.

Boucher_de_Perthes.jpgPinaillage, me direz-vous, mais c’est en pinaillant sur le sol et aux bords des rivières qu’Antonin Juritzky découvrait ses «pierres-à-figures» pour emprunter un terme à Boucher de Perthes (1788-1868), le père de la Préhistoire dont les théories, mélangeant vérités et divagations, donnèrent tant à rêver aux autodidactes.

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portrait de Juva.jpgAntonin Juritzky adopta le pseudo de Juva lorsque la science officielle l’expulsa de son délire pseudo-scientifique. Lui qui créait des «faux» qui ne dérivaient pas d’originaux fut convaincu de faire, en quelque sorte, des ready-made aidés et non des ready-made tout court! C’est arrivé à d’autres, à Robert Garcet notamment.

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Le CrAB serait bien inspiré de se tourner vers ces exemples significatifs plutôt que de nous en faire des «schizomètres» avec une blague pataphysicienne déguisée en calembour lacanien qui, au fur et mesure qu’elle dure, perd tout son sel.

BonusAntonin Juritzky est l’auteur d’un ouvrage publié en anglais par un musée hollandais qui, contrairement à ce qu’avance Jacqueline Roche-Meredith dans le N°21 (p. 70) des Publications de l’Art Brut, existe bien (depuis 1939) et ne relève donc pas d’un soi-disant «délire mythomane» de Juva.

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J’emprunte à cet ouvrage quelques photos et une introduction qui suggère une piste enfantine à la base des observations de Juva : «Walking in the spring of 1946 along a group of allotment gardens I was struck by a most charming scene. Playing children has marked off a kind of enclosure on the border of the field with little sticks, and inside this square they had laid a stone which was to represent an ox. Indeed, the stone -a flint- had the shape of a buffalo’s head (fig.1)».

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24.03.2013

Le vingt quatrième cahier sort en mai

Où j’ai la tête des fois je vous jure! Seule la décence m’interdit de le dire. Hier encore, je vous disais un peu vite que la série des «Cahiers» de l’Art Brut en était arrivée au numéro 22 et voilà qu’on annonce pour le mois de mai 2013 la sortie du numéro 24.

l’art-brut-24.jpgBeaucoup de noms italiens ou d’origine italienne parmi les contributeurs de cette nouvelle livraison consacrée à des «artistes» également italiens mais aussi suisses, américains, russes, français et ivoiriens.

Les plaisantins diront que moi aussi j’y vois rien mais ce n’est pas ma faute si j’ai raté l’épisode du Fascicule 23 : une erreur d’aiguillage sur les étagères surpeuplées de ma bibliothèque.

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Voilà ce qui arrive quand on oublie de vérifier dans les archives électroniques animuliennes!

cd-rom.gifCar votre petite âme errante n’avait pas oublié de célébrer en son temps la naissance du vingt-troisième. Je m’en aperçois un peu tard en retrouvant ma chronique du 15 octobre 2011 : L’Art Brut se met au vert. Et comme il est bon de suivre ses propres conseils, je me mets subito presto aux épinards comme Popeye.

epinards boites.jpgC’est bon pour la mémoire. Et pour l’italien.

16:30 Publié dans art brut, De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, collection de l'art brut | |  Imprimer | | Pin it! |