08.10.2009
L’Art sans le savoir
Céline Delavaux, votre petite âme errante vous a déjà parlé de cette madame-là à propos du Plancher de Jeannot. Le 25 novembre 2007. Secrétaire de rédac de la revue Cassandre qu'elle est. Les rapports de l'art, de la folie, de la littérature : voilà son chantier de fouilles. Elle vient de publier en août 2009, aux Editions Palette, un bouquin pour les enfants qui est presque trop beau pour être mis entre les petites mains pleines de pâte à tartiner. Surtout qu'à mon avis c'est autant aux «grands commençants» qu'il s'adresse. Une supposition que vous ayez été élevé(e) dans du coton, que vous ayez été nourri(e) à la mamelle de la Joconde mais que, rassasié(e) de la Culture culturante, vous cherchiez à savoir qu'est-ce que c'est que cet «art brut» dont on vous chante tant et tant... Et bien c'est par ce bouquin-là que vous devez commencer.
Cela vaut tout les digest, toutes les introductions, les vulgarisations, les résumés et autres «partons à la découverte». Justement parce que ça ne veut pas tout dire. Seulement quelques exemples et deux ou trois choses essentielles mais exprimées sans vouloir faire Prix Nobel qui se met à la portée des pauvres noix de base. Exprimés dans une langue claire surtout. Avec des phrases françaises et des mots pas fiers qui prouvent qu'on peut faire court et précis sans faire débile pour autant. Donc, si vous m'en croyez, mignonnes perdrix de l'année et vous nouveaux Animuliens fraîchement tombés dans le bocal, lisez ce : L'Art brut, tout simplement sous-titré L'art sans le savoir.
Accrochez-vous aux branches des têtes de pages : Des peintres qui entendent des voix, Un art clandestin et solitaire, Au delà du bricolage du dimanche..., Il n'y a pas d'âge pour créer, Les pouvoirs magiques du langage. Beaucoup d'images en couleurs, de la typo sage mais pas trop. Quant au texte, je vous le répète, c'est pas de la daube dans le genre je vous emballe en douceur des notions difficiles. Pour preuve, cet échantillon : «Pour les artistes bruts, le langage ne se réduit pas à un simple instrument pour communiquer. Avec eux, la langue et l'écriture gagnent une valeur de code secret». Putain, exactement ce que j'allais dire !
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04.10.2009
Raw Vision, La Quinzaine, Recoins : dernières parutions
Le Salon de la Revue. Aux Blancs-Manteaux à Paris. Un espace d'animation rue Vieille-du-Temple, au 48. Cette manifestation est une vitrine. De quoi qu'elles souffrent, les revues? D'absence de visibilité. C'est pourquoi animateurs, auteurs et illustrateurs vont se décarcasser pour faire connaître les leurs pendant 3 jours : vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 octobre 2009. Peut-être une occasion de faire des découvertes.
En attendant, sur le sujet j'ai 2 ou 3 choses à vous dire. First of all, La Quinzaine Littéraire sort son n°1000 (un peu spécial). Une tripotée d'auteurs nous y disent leur amour de la Q.L. Préface de Maurice Nadeau, son directeur. Auteur de la fameuse Histoire du Surréalisme qui fit du buzz en 1945 parce que Maurice Nadeau fut «accusé d'avoir voulu enterrer le S. pour en avoir tenté la première recension -qui ne dépasse pas l'année 1939» Voir le Dictionnaire Général du Surréalisme et de ses environs de Biro et Passeron.
Jeudi 15 octobre (de 19 à 21 h 30) et samedi 17 octobre (à partir de 18 h 30) ce sera la fête du premier mille de la Q.L.. à la Halle Saint-Pierre. Vous pouvez parfaitement en profiter pour vous faire l'expo CHOMO auparavant.
Les Auvergnats, je vous le serine, sont formidables. Le n°3 de la revue Recoins sort. Elle est publiée à Clermont-Ferrand et s'est plutôt améliorée même si sa «ligne éditoriale n'est pas facile à décrire» comme le reconnaît le billet de sa rédaction.
Là, la tendance artistico-naïvo-brute prend heureusement le dessus sur «les racines tordues du rock'n roll» et sur la boxe dont je me tamponne le coquillard, pour faire allusion à la couverture d'un machisme parodique. Cela nous vaut un article sur Millange, un peintre paysan cantalien, une étude sur le sculpteur Jan Krizek et 4 pages sur 3 colonnes consacrées aux cabanes du meunier Marcel Debord, un autodidacte du Périgord dont animula vagula vous avait timidement pointé l'existence dans sa note du 8 août 2008.
Emmanuel Boussuge, Anna Pravdova et Bertrand Schmitt, Bruno Montpied enfin sont respectivement les auteurs de ces textes accompagnés de repros couleurs qui pourraient être plus grandes et mieux mises en page.
A lire de toute urgence également la dernière mouture (n°67) de Raw Vision (Autumn 2009) avec l'article d'Eva di Stefano (bien connue de nos Animuliens cisalpins et transalpins) sur notre cher et regretté Giovanni Bosco. Il s'intitule : Anatomical enigma et il est sous-titré par la rédaction de la revue : «Eva di Stefano discovers the late flowering work of Sicilian artist Giovanni Bosco».
Raccourci un peu rapide puisque Eva di Stefano elle-même n'oublie pas de reconnaître très sportivement, dans le corps de son article, le rôle joué par mon blogue dans la promotion de cette œuvre majeure de l'art brut : «In July 2008, after reading about Bosco on the website animulavagula.hautetfort.com, I met him for the first time».
Carà Eva, grazie per la vostra onesta intelletuale! Au risque de me répéter, je rappelle que le véritable découvreur de Giovanni Bosco, celui qui a su à la fois prendre la mesure de son talent et le mettre en relation avec la notion d'art brut, c'est Boris Piot.
[Read urgently the number 67 of Raw Vision (autumn 2009) with Eva di Stefano's article on Giovanni Bosco. This article is titled Anatomical enigma and subtitled : «Eva di Stefano discovers the late flowering work of Sicilian artist Giovanni Bosco». Shortcut sligtly faster (due to the Editor of the magazine) because Eva di Stefano does not forget to recognize in his article the role played by my blog in promoting this major art brut work.
Dear Eva, thank you for your intellectual honesty ! I remember that the true discoverer of Giovanni Bosco (I mean : the one who has taken the measure of his talent and link up with the notion of art brut) is Boris Piot.]
00:56 Publié dans Ecrans | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, raw vision, recoins, giovanni bosco, marcel debord | | Imprimer | | |
02.10.2009
Annivernissages d’octobre
Anniversaires a tout pour plaire. D'abord c'est un mot qui commence bien (comme moi) et puis il ne manque pas d'air, ce qui est plutôt écolo. Alors en ce début d'automne qui se la joue réchauffement de ma planète, il est rafraîchissant de célébrer ceux du Creative Growth et d'abcd. Ces deux «produits» vous ont été fréquemment vendus ensemble sur les rayons d'Animula Vagula vous ne vous étonnerez donc pas que j'en fasse un paquet commun avec un joli ruban autour.
Le Creative Growth Art Center est un monsieur de 35 ans déjà, athlétique, souriant et adepte de la course à pied. L'association abcd est une pré-ado pleine d'entrain comme Zazie et toujours prometteuse bien qu'elle ait atteint l'âge ingrat de 10 ans.
Si le Creative Growth est votre «titre tant recherché» (comme dit Chapitre.com) vous pouvez peut-être, en profitant du décalage horaire, être vendredi, october 2nd, à Oakland pour le vernissage de l'expo thirty-five où l'on célèbrera gloires anciennes et nouveaux espoirs de la création californienne brute.
Si votre cœur balance pour abcd, j'espère que vous avez réservé votre place le vendredi 9 octobre à 18 h pour la première du film tant attendu de Bruno Decharme car le Club de l'Etoile, 14 rue Troyon, 17e à Paris (métro De Gaulle) c'est tout de même pas le Rex comme cinéma.
On attend du monde pour la projection de ce long métrage d'art et d'essai sur l'art brut qui s'appelle Rouge Ciel et sort comme une ponctuation de la décennie abécédienne. Ce serait la honte de le louper.
Image extraite du film
Ceux qui pourraient fournir un mot d'excuse de leurs parents pour justifier de leur absence à Oakland le 2 octobre auront droit à un oral de rattrapage le jeudi 8 octobre entre 6 and 9 P.M. à la Galerie Impaire, 47 rue de Lancry pour un vernissage Naomie Kremer/Dan Miller. Greetings !
Dan Miller
Comme la rue de Lancry est à Paris, dans le 10e, vous pourrez parfaitement faire la bise ce soir-là à Tom di Maria qui n'aura pas oublié de prendre son avion j'espère.
Les malheureux qui n'auraient pas le lendemain la baraka et qui ne trouveraient plus un strapontin de libre pour le film decharmien, pourront encore prendre la ligne 1, changer à Nation pour la ligne 9 et rester dans le dernier wagon du métro pour descendre à Robespierre. Les Racines du Ciel rouge, on le sait, sont à Montreuil-la-verte.
Le vernissage d'une expo Lubos Plny/Anna Zemankova débutera là dans le 9-3, à partir de 20 h, au 12 rue Voltaire exactement.
A Oakland demain : Street Party en bonus. Petits plats chez abcd le vendredi 9 octobre pour accompagner l'expo annoncée plus haut et qui a pour titre : Anatomia Metamorphosis.
Bon birthday et happy anniversaire avec mes vœux les plus machin bidule.
00:51 Publié dans Ecrans, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, galerie impaire, abcd | | Imprimer | | |
01.10.2009
CF 31
On a envie de lécher Création Franche.
J'ai reçu le n°31 dans mon petit chez-moi et mon regard a fait du patin à glace sur les parties brillantes de la couverture rose et bleue décorée par Yvonne Robert. Une lumière saintongeaise baigne la façade de la maison reproduite. Porte et fenêtres ont l'air de bonbons jaunes. Contournons-les puisqu'elles sont fermées pour tomber sur le sommaire chapeauté d'un nom qui revigore : celui de Michel Thévoz.
Rose-Marie Koczy
Il tisse une manière d'hommage à Rose-Marie Koczy, récemment disparue non sans tirer quelques bastos contre la nouvelle horreur concentrationnaire de Guantanamo qui, par je ne sais quelle ironie de l'histoire, aurait quelque chose à voir avec la scie cubaine de Nana Mouskouri : Guantanamera.
Ensuite, rien que du beau linge : Bernard Chevassu et son «vagabondage en pays cathare», Carine Fol et son musée Art & Marges
Paul Duhem
Alain Bouillet qui s'interroge sur l'art brut en Pologne et sur «les gratifications narcissiques» qui vont en prime avec notre «pulsion de découverte»
Adam Debinski
Paul Duchein dont l'œil exercé a mis la main sur un Cobra «sans le vouloir», un vrai peintre de haute tension : François Werlen
Gérard Sendrey avec son peintre inconnu (de moi) qui s'appelle Fredo parce qu'«il ne se prend pour personne» (titre de l'article). J'en passe et des meilleures : Art des enfants, art spontané par la grâce de la plume de Bruno Montpied, plus convaincant dans ses découvertes entrelardées de chouettes petites images que dans sa copieuse partie théorique. Evidemment, je n'ai pas eu le temps de lire à fond. J'ai mis de côté pour plus tard le papier d'un auteur italien : Dino Menozzi qui nous apporte son expertise sur Les Turbulences du pouvoir, une expo qui s'est tenu à Capri, ce qui prouve que ce n'est pas fini.
J'ai sauté la contribution de Jean-Louis Lanoux : Pierre Darcel, un rêve de nacre parce que j'ai déjà eu l'occasion de tresser des lauriers au créateur breton Pierre Darcel, (voir mon album photo).
Quelqu'un que j'ai retrouvé avec plaisir c'est Richard Greaves (BIENVENUE RICHARD SI TU ME LIS) que Création Franche avait déjà invité en avril 2000 dans son n°18 grâce à Valérie Rousseau. Votre petite âme errante a souventes fois causé de ce grand dé-bâtisseur québécois, par exemple dans Cocos plats, une note du 15 sept. 2005. Reportez-y vous pour complément d'infos. Ici c'est Philippe Lespinasse qui s'y colle avec un texte touffu où se mêlent histoire de Greaves (BEAU BONSOIR RICHARD), descriptions, relations de visites et propos recueillis sur «la mémoire de l'eau» (le plus intéressant). Pour finir, une citation bien torchée (et bien choisie) de La Nuit remue, recueil poétique du Michaux (Henri) de service.
Un regret toutefois : le metteur en pages a manqué de place pour les photos de Mario del Curto qui accompagnent la prose lespinassienne. Elles font parfois un peu timbres-poste.
En même temps que le CF 31 paraît le catalogue de l'Expo Visions et créations dissidentes (du 26 septembre au 29 novembre 2009). Catalogue et revue sont préfacés par Pascal Rigeade (Museum trustee and project manager, in english) qui nous éclaire sur le tournant qui se négocie à Bègles avec le recul pris par Gérard Sendrey.
00:48 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, création franche, michel thévoz, yvonne robert, rose-marie koczy, paul duhem, adam debinski, françois werlen, bruno montpied, curzio di giovanni, jean-louis lanoux, pierre darcel, richard greaves | | Imprimer | | |
23.09.2009
Arts de l’enfance, enfances de l’art
Arts de l'enfance, enfances de l'art : le nouveau Gradhiva est arrivé. J'ai traversé «la jungle» pour aller le chercher. Non celle de Calais où l'on bouscule le pauvre Tiers Monde mais celle du Musée du Quai Branly «là où dialoguent les cultures». La jungle du Quai Branly est un jardin touffu où l'on entend feuler, barrir et cui-cuiter.
Elle mène directo à la librairie du musée où pour la somme de 22 € TTC, je me suis offert le n°9 de chez Gradhiva (avec une H), revue créée par Jean Jamin et Michel Leiris. C'est dire si c'est du sérieux! Un peu trop pour moi peut-être. Mais c'est une belle bête, cette revue. Textes trapus mais typo lisible. Des biblios, et des images super. Et puis ça faisait un moment que je l'attendais ce 9.
Exactement depuis que j'avais été parachutée dans le séminaire de Daniel Fabre (voir ma note du 20 novembre 2006, Les enfants du Traouc del Calel). D.F. c'est lui qui est aux manettes de ce Gradhi là. Dans sa présentation, il se creuse les méninges à propos de l'art moderne qui n'a cessé de faire bouger ses limites en incluant «l'autre de l'art» dans son espace. Il se demande comment on est en venu à étudier les productions des enfants. Le reste du menu comprend une entrée (Les enfants de l'art), un plat de résistance (Œuvre de l'art et objet de science : le dessin d'enfant), un dessert (Ethnologues sur le terrain de l'enfance). Aux fourneaux, divers chefs de cuisine : Emmanuel Pernoud, Pierre Georget, Michèle Coquet, Franck Beuvier, Earl Barnes, René Baldy, Eric Jolly.
J'ai déjà parlé en nov. 2006 des dessins des petits mineurs du Moyen-âge. Mais il est passionnant aussi de constater que les libres dessins de nos chers moutards avaient fait l'objet de centaines d'expos à travers le monde entre 1890 et 1915.
Suivre le travail de Corrado Ricci en Californie sur des milliers de dessins d'enfants n'est pas mal non plus. Le bouquin (car c'en est un) reproduit une tapée de crobarts, graffiti et peintures de nos chères têtes blondes.
Il les mélange avec des repros de tableaux divers où les artistes ont fait figurer des dessins d'enfants. Cette recherche icono commande le respect et il y a vraiment des trucs à découvrir.
Gravure de Trichon d'après Evariste Carpentier (vers 1890) - détail - Musée national de l'Education, Rouen
Rubrique ethno, on reste scotchée devant les dessins «indigènes» glanés par Thérèse Rivière chez les Ath Abderrahman Kebèche de l'Aurès lors d'une mission en 1935-1936.
Comme il y a des résumés en bilingue français/anglais, je vous le fais dans la langue de Lady Di : «Drawn in ink by boys and adult men, they reproduce scenes from daily and ceremonial life or derived from the religious graphic repertoire intented to illustrate the Koran and for therapeutic formulae».
Toutes les illustrations sont extraites de l'ouvrage
23:55 Publié dans Images, Lectures, Poésie naturelle, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art des enfants, revue gradhiva, anthropologie des arts, daniel fabre, musée du quai branly | | Imprimer | | |
19.09.2009
Ricordo di Sciacca
Si vous voulez des nouvelles du Castello incantato de Filippo Bentivegna à Sciacca, chaussez vos escarpins italiens et allez faire un tour sur Amateur d'Art, le blogue de Lunettes Rouges.
Il vient de consacrer une rafale de notes à la Sicile de ses vacances et celle du 10 septembre 2009 qui s'intitule Le château enchanté de l'amoureux éconduit nous ramène sur cette extraordinaire colline de têtes sculptées.
Les choses ont un peu changé depuis mon passage en mai 2008. Il y avait de la rénovation dans l'air et maintenant c'est fait : «le tout est un peu propre» nous dit L.R. Il fallait s'y attendre. Cela m'a donné un coup de nostalgie derrière les nattes. J'ai eu envie soudain de voir l'horreur en terre cuite que j'avais achetée là-bas sur le terrain de Bentivegna.
Un petit souvenir kitsch que vendaient quelques euros les gens qui gardaient le lieu et qui n'avaient pas l'air de rouler sur l'or. Je ne l'avais pas déballé depuis de son morceau de journal. Une feuille d'annonces de La Sicilia pour être précise. Aujourd'hui c'est chose faite. La petite horreur est censée représenter un bloc de têtes de Filippo Bentivegna. Je sens que vais l'aimer beaucoup parce qu'elle symbolise une bonne journée d'art brut en compagnie de chouettes copines qui ne me traitent pas à tous bouts de champs.
15:13 Publié dans Blogosphère, Glanures, Jeux et ris, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippo bentivegna, sciacca, kitsch, castello incantato, art brut, souvenir | | Imprimer | | |
16.09.2009
Glozel : Emile Fradin a fêté ses 103 ans
Emile Fradin a 103 ans. Si je vous parle de lui c'est pas seulement que j'adore les centenaires. C'est que j'ai toujours cru que cet indomptable paysan de la montagne bourbonnaise aurait pu être considéré comme un créateur d'art brut. Si l'archéologie, la justice et l'opinion publique de sa jeunesse avaient montré plus de bienveillance et d'humour à son égard.
Il n'aurait pas fallu beaucoup en effet pour que les surprenantes et controversées découvertes qu'il fit en labourant son champ à Glozel (petit patelin de l'Allier) soient envisagées sous l'angle artistique d'une bouffée inventive d'autodidacte plutôt que comme des artefacts préhistoriques à étiqueter, classer, dater, décortiquer, analyser, carbone-quatorziser.
On lira dans Le Dictionnaire des trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1960) le pourquoi du comment de cette aventure merveilleuse et emberlificotée qui eut un retentissement national dans les années vingt.
Les médias, les savants (Salomon Reinach, Seymour de Ricci, l'Abbé Breuil), les avocats dont le fameux Maurice Garçon se sont crêpé le chignon pour ou contre Glozel jusque dans les années 30. Même la publicité Hotchkiss s'en est mêlé.
Au milieu de ce pastis, Emile Fradin qu'on accuse d'être un faussaire alors qu'il est surtout un poète et un rêveur de la meilleure veine, navigue avec intelligence, ruse, courage et opiniâtreté. A lui seul il fait figure d'allégorie des croyances populaires dressée contre les pieds d'argile de la science officielle.
Il appartient à ce peuple des campagnes qui sort depuis toujours des haches taillées de la terre pour les transformer en pierres à venin sans se soucier des ricanements des grandes têtes molles plus ou moins foutraques de la ville.
Moins sérieux, moins catégoriques dans le oui ou le non, les experts du néolithique de l'époque n'auraient sans doute pas conduit Emile Fradin à s'entêter dans sa version : le come-back d'une civilisation et d'une écriture inconnues.
Seulement voilà, ils avaient le verbe haut et Fradin toute sa vie dut allumer des contre-feux qui aujourd'hui encore couvent sous la cendre.
En attendant, je suis pas loin d'être d'accord avec l'Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications de François Caradec & Noël Arnaud (Pauvert 1964) : les 3000 objets de Glozel «forment encore aujourd'hui un des musées les plus étranges existant au monde».
Bonne continuation, monsieur Fradin !
23:42 Publié dans Archéologie brute, Images, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : emile fradin, glozel, centenaire | | Imprimer | | |
13.09.2009
CHOMO. Dix ans après.
Débarquement spirituel de CHOMO sur la planète Saint-Pierre le mardi 15 septembre 2009.
!!! ATANSION !!!
Ça va saigner à la Halle. CHOMO revient avec des images de lumière dans les poches de son chandail. CHOMO en avait marre de manger des étoiles. CHOMO détonne. CHOMO crépite.
LÉ VIOLANSE du vernissage commenceront à 18 h 30 rue Ronsard dans le 18e arrondissement de Paris.
Montez de la station Anvers si vous venez par le métro ou descendez par le funiculaire si vous abordez les choses du côté de la Butte Montmartre. Venez à cheval si vous êtes un mousquetaire (ou une moustiquaire). Laissez les bourrins dehors. Les chapeaux à plumes au vestiaire. Plus besoin de taper sur le gong avec la garde de l'épée, montrez votre invit à l'entrée.
Quelque chose me dit que vous allez vous sentir comme des chatons dans les mains du Cardinal.
!!! ATANSION !!!
L'expo CHOMO n'est pas un festival pleurnichard pour vieux nostalgiques du village d'art préludien.
L'église des pauvres - Photo Clovis Prévost
Martine Lusardy nous sert ici sa botte secrète. Son accrochage a du panache et elle s'escrime avec clarté. Elle témoigne de l'actualité, toujours explosive dans sa diversité même, de cette œuvre qu'on ne peut classer ni dans l'art brut, ni dans l'art contemporain.
!!! ATANSION !!!
Pour ceux qui douterait de cet « ailleurs » si particulier, je conseille la lecture de ces quelques lignes de Michel Thévoz à propos de CHOMO: « Bien loin d'être indemne de culture, il en était un adversaire rusé, lucide, vigilant, offensif sur tous les fronts artistique, philosophique, politique, écologique. (...) Chomo (...) était foncièrement allergique à l'orthogonalité, et dans tous les registres, géométrique, mental, politique, esthétique etc. Déviant irréductible mais en toute connaissance de cause. Conscient avant les autres, hyperconscient même, de la régression obscurantiste et du formatage mondialisé que, par une double et crapuleuse dénégation, on appelle néo-libéralisme ».
23:28 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : chomo, art préludien, halle st pierre, michel thévoz, débarquement spirituel | | Imprimer | | |
10.09.2009
René Escaffre au pays de Cocagne
Et maintenant un jardin imaginaire qui se porte bien. C'est trop d'la balle, non?
Le jardin de monsieur René Escaffre à Roumens en Haute-Garonne (France).
Son agora plutôt car cet ancien maçon a peuplé l'espace devant chez lui d'animaux, de ruraux et d'artisans d'un autrefois bourdonnant d'activités. Pas si vieux que ça mais déjà forcément un peu mythique.
Une châtelaine de mes amies, en visitant ses terres du Lauragais, a glané quelques images de ce pur jus de poésie roumensoise avec son petit Kodak des familles.
Je me grouille pour vous dire (avant que quelqu'un d'autre ne le fasse) qu'elles ont été prises en août 2009. Il faisait très soleil et la maison du créateur était engourdie par la chaleur. Mon amie a respecté son repos. Elle a bien fait.
Ces statues existent depuis belle lurette et elles sont encore comme neuves, bien entretenues. Le village s'en fait parure. J'en suis fort aise. La nostalgie c'est pas mon truc et j'aime pas me complaire dans l'inventaire des destructions.
Alors ça me fait plaisir de constater que les habitants-paysagistes sont toujours debout !
00:05 Publié dans Jadis et naguère, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, rené escaffre, habitants-paysagistes, environnements spontanés, roumens, lauragais, pays de cocagne | | Imprimer | | |
08.09.2009
L’art brut sur les chemins
Après le Hors-Les-Normes, le Hors-Les-Murs. Et une nouvelle expo du MAM ou du LaM (on ne sait toujours pas bien) Lille-Métropole. C'est la dernière expo H.-L.-M. avant la réouverture du musée de Villeneuve d'Ascq prévue maintenant pour septembre 2010. Elle s'intitule Chemins de l'art brut 8 et se tiendra du 24 septembre au 15 décembre à l'Institut National d'Histoire de l'Art, 6 rue des Petits-Champs dans le deuxième arrondissement de Paris.
Elle «retrace l'histoire de la Collection depuis ses prémices dans les années 1970 jusqu'à sa donation en 1999».
Je pique cette phrase qui date du 1er septembre 2009 au site internet de La Voix du Nord qui veut absolument recueillir l'avis de ses lecteurs par le truchement d'une fenêtre surgissante (pop-up pour les anglos) qui joue avec leurs nerfs.
Alors puisque je vous tiens, Madame Lavoix Dunord, permettez-moi de vous dire qu'au lieu de vous laisser refiler des salades, vous feriez mieux de vérifier vos informations au petit poil. Bon, allez, je vous pardonne mais je vous signale que votre Petite Ame Errante a déjà eu l'occasion de signaler ce que peuvent avoir de carrément à côté de la plaque des remarques du genre de celles que vous émettez.
«Depuis 1999, le Musée d'Art Moderne à Villeneuve d'Ascq possède la plus importante collection française d'art brut (...)» écrivez-vous. Dans vos rêves, ma petite Lavoix, dans vos rêves! Ce sera peut-être vrai un jour mais pour le moment cette affirmation est fausse comme une vache. Je sais bien que vous êtes une grande publication pleine de jolies nouvelles et que vous avez sans doute d'autres chats à fouetter mais vous devriez enquêter de temps en temps en région parisienne. Vous verriez, Mame Dunord, qu'à Montreuil-sous-Bois gîte la véritable «plus importante» comme vous dîtes. Et qu'elle est en mains privées.
C'est comme ça et pis c'est tout!
00:05 Publié dans Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut | | Imprimer | | |