19.01.2010
CHOMO, une œuvre très prisée
En ce début d'année, votre petite âme errante célébre les petits métiers. Non pas ceux d'autrefois : tondeur de caniches,
petite marchande d'allumettes,
rémouleur,
Mais les petits métiers d'aujourd'hui. Car ils existent encore. Et souvent ils sont pénibles («c'est ça qu'est triste»). Parmi ceux-ci, je vous invite à sortir votre kleenex, chers Animuliens qui avez du cœur, pour les commissaires-priseurs. On les voit toujours la poitrine bombée et le marteau à la main, rayonnants de la gloire d'une vacation.
On n'imagine pas ce qu'ils peuvent supporter en coulisses. Une récente Page Culture du journal Le Monde (samedi 26 décembre 2009) nous éclaire sur leur martyre par le truchement de la plume faustrollienne de Ha. B. (pour Harry Bellet). Sous un intertitre qui fait froid dans le dos : Classifier l'inclassable, Ha. B. (H.B. ce n'est plus utilisable depuis Human Bomb) nous décrit l'horreur. Selon les règles de la tragédie classique.
Où : dans «des bois aujourd'hui désertés».
Quand : «à la fin du mois de novembre».
Comment : «dans le froid et la boue».
Avec un sens parfait de la mesure, Harry s'abstient de nous parler des loups mais on les imagine rôdant dans la Forêt de Fontainebleau puisque c'est là que ça se passe, chez CHOMO plus précisément.
Ha ! Ha ! dirait Alfred Jarry. Qu'est-il arrivé ?
«Catalogage précis, inventaire photographique : 850 numéros pour près de 1000 œuvres et 3600 photos», selon Maître Rouillac, organisateur de l'opération. Un inventaire avait déjà été tenté lors de l'exposition de Milly-la-Forêt en 1991. Les sculptures de CHOMO était rentrées chez l'artiste avec des étiquettes comme les fromages «moulés à la louche» qu'il détestait. Simple travail artisanal.
Celui de Aymeric et Philippe Rouillac, de leurs 10 collaborateurs et de leurs 2 semi-remorques est plus professionnel. Il s'agit de «protéger» l'œuvre de CHOMO qui «n'était jusque là abritée des malandrins que par un grillage à poules» (pour ceux qui parlent pas la langue journalistic : «malandrins» = racaille). Merci pour les poules et merci pour CHOMO!
Les tableaux et les sculptures de son «Merzbau de plein air» (expression de Michel Ragon) ont fait l'objet d'un «enlèvement» pour «sécurisation dans un lieu sec». «Les bâtiments sont toujours là» nous rassure l'auteur de l'article. Leur entretien est possible mais pas leur visite. A quoi sert tout ce tintouin, alors? me direz-vous.
«Parce qu'il manquait un inventaire» au dossier déposé pour un éventuel classement «et que, les œuvres de Chomo n'ayant jamais fait l'objet d'un commerce, elles n'avaient pas de cote». On frémit! Il est évident en effet, qu'un moulin, un lavoir, un pont ont besoin d'avoir été vendus et revendus pour être versés aux Monuments historiques. Pourquoi pas un village d'art préludien?
CHOMO bénéficiera donc du feu des enchères. Pensez d'ores et déjà à un petit week-end à Cheverny (dont Hergé fit Moulinsart) en juin 2010. Seront dispersées au cours de cette garden party annuelle «quelques rares exemplaires» des œuvres chomotiques dans le noble but d' «enfin classifier l'inclassable».
00:33 Publié dans Encans, Gazettes, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chomo, vente publique, village d'art préludien, forêt de fontainebleau | | Imprimer | | |
15.01.2010
Jeannot à l’Institut
Le plancher de Jeannot n’en finit pas de nous questionner. Les questions c’est comme tout, il en est dont on ne sait que faire et d’autres dont on aperçoit tout de suite la résolution. Si je vous dis : le thon rouge mérite-t-il de disparaître? Tout le monde se lève pour la protection de l’espèce!
Car il y a des questions qui ont le don de sécréter leur réponse comme un pin sa résine. C’est à une interrogation de cette sorte que nous confronte Guy Roux dans un article paru en 2009 dans le n°3 des Cahiers de l’Institut (International de Recherches et d’Explorations sur les Fous Littéraires).
«Fallait-il sauver le plancher de Jeannot?» demande-t-il dès le titre à son lecteur. Et pour être certain qu’on ne va pas échapper au dilemme, il conclut de même. Entre cette introduction et cette conclusion jumelles, l’auteur rappelle opportunément l’histoire terrible de ce document-choc qui fait œuvre d’art brut aussi bien que le lambris de Clément.
Je vous en ai déjà parlé, alors je fais court. Un paysan béarnais pas commode. Il s’isole de plus en plus. Patrouillant sur son tracteur la pétoire à la main. Quand sa mère meurt, il l’enterre dans la ferme et sur le plancher sous lequel elle repose il grave un texte vengeur, furibond, accusateur et auto-défensif.
Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas comprendre qu’après la disparition de Jeannot il se soit trouvé des gens convaincus de la valeur de cette œuvre pour le «débarbouiller» de la terre, de la paille et du plâtre qui le recouvraient. Pour «l’épouiller» des insectes «qui le squattaient».
Ainsi devenu présentable, cet enfant sauvage de l’expression intime, a pu être montré dans le monde à Biarritz, à Bordeaux, à Toulouse, à Paris avant d’être adopté par Bristol-Myers Squibb, labos pharmaceutiques de leur état, qui l’ont envoyé parfaire son éducation dans une boîte de la rue Cabanis à Paris, en face de l’Hôpital Sainte-Anne où il attend, depuis, la semaine des quatre jeudis.
Durant les expositions où il avait figuré entre 1997 et 2005, le plancher de Jeannot avait, selon Guy Roux, suscité des cavalcades d’imaginations et des emportements de jugements définitifs «c’est-à-dire sommaires». Ce sont choses qui ne risquent pas d’arriver à M. Roux. Il est pondéré, circonspect, objectif. Il s’interroge beaucoup et nous laisse libre de conclure. Exemple : «où se situerait la vraie place du spectateur éventuel, puisque cet écrit ne concernait personne d’autre que Jeannot?».
Il n’y a que sur les parquets que l’auteur soit catégorique. «Tout parquet» selon lui «doit périodiquement» être encaustiqué comme le plancher de Jeannot le fut lors de sa restauration. Etonnez vous après cela que lorsqu’il fut exposé à plat (dans sa position naturelle donc) des gens aient eu envie de sauter dessus «à pieds joints»!
Même s’il l’exprime avec discrétion, la préférence de Guy Roux va -on le sent- à l’actuelle façadisme blindé auquel le plancher de Jeannot est soumis. Pour des raisons religieuses sans doute : «Disposé verticalement, il a provoqué l’apparition d’attitudes extatiques de visiteurs qui le caressaient de la main, comme ils l’auraient fait de statues ou de reliques de saints, tandis que d’autres se frottaient langoureusement contre sa paroi».
Libre penseuse invétérée comme je suis, on me permettra d’être d’un autre avis. Et si la question était :
FALLAIT-IL METTRE EN BOÎTE LE PLANCHER DE JEANNOT?
23:46 Publié dans De vous zamoi, Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : plancher de jeannot, art brut, thon rouge, lambris de clément, irefl | | Imprimer | | |
09.01.2010
Attraction de l’Abstraction
Abstraction, abstraction! Mon daddy chéri ça lui rappelle sa jeunesse l'expo de l'American Folk Art museum. Quand il criait dans la salle du Marcadet-Palace le jeudi après-midi avec ses potes pour réclamer des «attractions, attractions!». En ce temps-là les cinés de quartier proposaient encore des intermèdes style music-hall qui s'appelaient des abstractions - pardon : des attractions.
Tout ça pour dire qu'elle est bien attrayante l'expo de New York et que son concept sonne comme un cri de joie dans la bouche d'un gosse (mon daddy est resté très jeune).
Votre petite âme errante a ouï dire en effet - car elle ouï pas mal - que cette «exhibition» baptisée Approaching Abstraction est la «first exploration into nonobjective expression».
Connaissez-vous la Nono ? La Nonobjective expression of course. Rien à voir avec votre cousin Arnaud, vos tontons Bruno, votre voisin Albino ou même le petit robot. La Nono c'est la méthode qui consiste à aborder la question de la création brute autodidacte par un autre biais que celui du biographique, du sociologique ou du n'importe-quoi-isme habituels.
C'est Madame Brooke Davis Anderson, le curator qui en a eu l'idée. Et une exposition bâtie sur une idée, forcément ça se remarque, dans la forêt de toutes celles qui sont fondées sur du vent, sur du flan ou sur le dernier truc à la mode.
Mrs B.D.A. a le mérite de chercher à élargir le discours ronronnant autour des «self-taught artists» sans pour autant avoir recours à des comparaisons vaseuses avec le grand art cultivé. Elle a sélectionné une soixantaine de peintures, dessins, sculptures et ovnis-mixtes groupées, si j'ai bien compris, en 3 parties, ancrées chacune sur une vedette particulière :
Judith Scott
John J.B. Murry
Thornton Dial Senior
Son expo éclaire le travail d'une quarantaine de créateurs jumelés de façon surprenante et inattendue.
De grands européens : Aloïse
Raphaël Lonné
Adolf Wölfli
des «autodidactes américains» du sud :
Bessie Harvey
Purvis Young
et d'autres moins connus :
James Castle
Hiroyuki Doi
Melvin Way
Approching Abstraction nous donne, à côté de ça, l'occase de nous pencher sur des rapprochements de techniques : contours fracturés, manœuvres d'enveloppement, messages cachés, communication perso auto-référentielle, codes, symboles, gribouillis, éclaboussures, coulées de peinture. Rien que du bonheur on dirait! Vous pouvez y goûter pour 9US$ jusqu'au 6 septembre 2010. C'est au 45 ouest, 53e rue, NY 10019.
Abstraction ! Abstraction !
19:22 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, brooke davis anderson, judith scott, john j.b. murry, thornton dial senior, aloïse corbaz, raphaël lonné, adolf wölfli, bessie harvey, purvis young, james castle, hiroyuki doi, melvin way | | Imprimer | | |
03.01.2010
Meilleurs vire-vœux pour 2010
Pour commencer l'année sous le vent de l'art brut ou du moins sous le signe d'un art de plein air qui nous passionne tous, permettez que je dégaine mon joker de Noël sous la forme de girouettes poitevines dégotées grâce à l'ami Freddy, le roi des fureteurs. Faut vous dire que votre petite âme errante, fuyant les avalanches de foie gras et de bûches à la crème, est allée faire un p'tit tour dans les Deux Sèvres pour explorer les ressources d'une gastronomie locale supposée plus proche de la nature. A Parthenay où Bijou, la grosse 308 de location, nous débarqua le 25 décembre, mon chéri et moi, seul un resto auvergnat était ouvert. Délicieux La Truffade et idéal pour se caler les joues.
Après ça, on était fin prêts pour brûler des calories sur les routes blanches de givre du département.
Dans une ville voisine, on a cueilli au vol Monsieur Freddy qui nous a fait tourner et virer dans tous les sens jusqu'à faire halte devant une petite maison, un peu basque avec son pan de toit très long et son crépi sang de bœuf-vanille. C'est là qu'un monsieur poitevin du coin a installé son show-room en plein ciel de vire-vent inventifs, populaires et plaisants, rutilant comme des malades sous la lumière de l'ouest.
Maman ! ça faisait longtemps que j'en avais pas vu de pareils! La dernière fois c'était au Québec, il y a 10 ans. A Saint-Léon de Standon, sur la route 277 vers Saint-Joseph de Beauce.
Une de mes photos était parue à l'époque dans le petit Bulletin de la Société des Arts Indisciplinés.
De ce côté ci de l'océan, l'épouse du créateur de girouettes tînt à préciser pour Freddy que «l'ont venu, la télévision» et que «y'a pas grand chose dans le quartier, ça distrait un peu les gens». Ce jour là, son mari n'était pas visible. Il était là mais il souffre de son arthrite. Depuis 2 ans, «il n'en fait plus mais si le bon dieu veut il recommencera». S'il y a un bon dieu quelque part, qu'il se démène pour cette dame et que son girouetteur inspiré retrouve assez de forces pour continuer ces avions qui lui demandent trois mois de travail,
ces bonshommes au nez rouge si vivaces,
ces promeneurs avec leurs chiens qui hissent très haut le numéro du département (79)
Voilà toute la grâce que je vous souhaite, Cathy, Freddy, Jeanne, Alain, Sophie, Batolo, JB, Ana, ArtVisceral, Cécile, Fred, Le Palantin, Guy, L'Etonné, Michel, Orange, CoLudoM, Le Sciapode, Sco, Le Truffier, Béatrice, Georges, Bruno, Cosmo, Pierre, Stef, S, Baptiste, Daddy, Lise, Rappoport, John, Laurent, N.B., Phil, Jérôme, Brunet, V., J.P.N., Jean-Louis, Jeannine, Nadau, Sun, M.V., Henk, Christian, Teresa, BB, Rémi, Letrangère, Tiger, Romuald, Lespignan, Père Cheron, Louis, Dominique, Gérard, M. G.-V., Pindalep, Valérie, Armelle, Pierrick, Céline, Jolly, André, Eglantine, Bill, Pas à pas, Bertrand, Le Garçon Mutant anachronique, Vito, Magali, Caroline, Dd, Pascal, Anne, Colette, Jenni, SpiRitus... Et à vous aussi, Animuliens trop timides pour me laisser des commentaires ou des messages perso mais très fidèles quand même.
A tous, de belles découvertes en 2010 dans le monde magique de l'art sans fil-à-la-patte!
19:13 Publié dans De vous zamoi, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, art populaire, vire-vent, girouettes, 2010, voeux | | Imprimer | | |
31.12.2009
Finir l’année avec Landreau
La petite dernière avant que le réveillon ne se mette en route. C'est juste pour vous dire de looker mon nouvel album consacré au merveilleux caillouteux Marcel Landreau qui est sans doute une des meilleures rencontres que j'ai faite dans l'année.
Bon maintenant, je vous quitte pour aller tartiner mon gras de baleine et mon fond de teint à paillettes qui va me faire briller comme un sapin de Noël.
Bonne fin d'année à toutes et à tous, cailloux compris.
20:58 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, marcel landreau | | Imprimer | | |
28.12.2009
Annie Chaissac a son point de vue
Le point de vue d'Ani, on peut pas dire que je vous l'épargne mais celui d'Annie c'est plus rare. Et plus intéressant quand il s'agit d'Annie Chaissac. Aussi faut pas que j'omette de vous signaler l'entretien que celle-ci a accordé au n°3205 d'un magazine hebdomadaire que ça urgeotte drôlement que vous achetiez parce que après-demain tombera déjà le numéro suivant. J'ai beau être très «people», j'en étais restée à «images du monde» mais maintenant c'est «Point de vue» tout court, le nom de ce canard laqué, tout plein de Chouchoux, de Shabanoux, d'Alexandra de Monac et d'ex-chroniqueuse du Monde (coucou Claude Sarraute, elles nous manquent vos dernières pages).
Pour pas que vous vous gouriez, je vous montre la couverture. Oups! pardon, je vous l'ai collée dans le mauvais sens! On dirait un Baselitz. Bon c'est pas grave. L'amour et le débat d'idées, ça implique la tête à l'envers. Vous n'aurez qu'à la remettre à l'endroit comme disait Dagobert.
C'est monsieur Raphaël Morata qui interviouve Annie Chaissac. Ses questions offrent à la fille du peintre (qui ressemble de plus en plus à son père) l'occasion de faire passer dans le gros public quelques vérités toujours bonnes à prendre. Sur les liens entretenus par Gaston Chaissac avec Jean Dubuffet : «En simplifiant un rapport de professionnel à professionnel. Ils ont aimé échanger leur recette de fabrication, mais pas se rencontrer. Sans qu'il y ait eu de brouilles entre eux. Ils étaient francs et honnêtes».
Sur le rapport de Chaissac à l'art brut : «Au commencement, ça l'a amusé, puis très vite toute cette histoire créée par Dubuffet l'a agacé. (...) Il n'était dupe de rien, se méfiait de la virtuosite facile et commerciale. Il cassait tout pour repartir à zéro. L'art brut n'était pour lui qu'un exercice de mise en train. Il s'est très vite positionné comme un chercheur».
23:53 Publié dans Expos, Gazettes, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : gaston chaissac, annie chaissac | | Imprimer | | |
25.12.2009
Jean Dubuffet à l’Atelier Grognard
Un peu grognon après le réveillon ?
Heureusement, il n'est pas trop tard.
Pas trop tard pour l'Atelier Grognard.
Offrez vous la Malmaison, offrez vous son Château.
Pour terminer l'année, Dubuffet c'est tout indiqué. Et pour la commencer aussi puisque c'est jusqu'au 8 mars 2010, l'exposition Jean Dubuffet, l'œuvre gravé 1944-1984.
Sophie Webel, la dirlo de la Fondation Dub a choisi pour nous (c'est sympa) 150 œuvres de notre Jean grognon favori. Le tout découpé en 5 tranches correspondant à autant d'étapes de l'artiste. Beaucoup de lithos en particulier, facette pas souvent (ou pas assez) mise en valeur dans les expos.
15:10 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean dubuffet | | Imprimer | | |
21.12.2009
Chroniques de l’oie de noël
Bon, c'était pas une bonne idée de vous envoyer dans l'Eurostar mais j'ignorais que vous alliez rester bloqués dans le tunnel. Donc pas la peine de me faire la gueule. Il reste encore un peu de temps pour vos cadeaux de Noël.
Une paire de gants aux ongles rouges? Idéale pour pas se perdre dans la neige. Je l'ai repéré sur Les Grigris de Sophie, le blogue d'une modiste rémoise qui a la bonne idée de nous offrir en bonus des photos récentes de la maison de Bodan Litnianski.
Plus traditionnel mais pas mal non plus, le catalogue de l'Expo Chomo. Belle couverture de Clovis Prévost qui marche à l'ombre et au soleil. A acheter autant pour l'icono que pour la doc, les points forts de cette publication. Avec les nombreuses repros, on se fait une idée de la diversité des œuvres en même temps que de l'ambiance de cet atelier sous les pins de la forêt de Fontainebleau. Ce que je préfère c'est la bio.
Elle rappelle le rôle décisif des deux seuls amis que Chomo ne mettait jamais en boîte : Altagor, champion de la poésie sonore (rencontré à la fin des années 50) et Claude Clavel, jeune ingénieur qui, à partir de 1964, aida Chomo dans ses activités de bâtisseur.
A noter la biblio qui remonte à 1960 et au n°3 de Fantasmagie, une revue belge dont je vous ai retrouvé une page.
La liste des expos, radios, télés, n'est pas moins trapue. L'ensemble est pourvu d'une préface de Laurent Danchin chapeautée d'un hommage par ce «commissaire à 100 %» comme il se désigne parfois (voir son commentaire sur ma note du 4.10.2009) et suivi d'un entretien du galeriste Jean Camion avec... Laurent Danchin. Et comme il faut tout faire par soi-même de nos jours, c'est à la 3e personne que Mr 100 % parle de lui-même dans sa biographie de Chomo. Pour être juste, précisons que l'omniprésence du maître d'œuvre de ce catalogue dont le nom n'est pas cité plus d'une trentaine de fois (j'ai vérifié) est équilibrée par une trentaine de témoignages (hélas imprimés dans un corps microcospique) empruntés à des Préludiens fidèles ou occasionnels parmi lesquels Janine Malbec, que Chomo appelait «Nounou» parce qu'elle veillait sur le sale gosse que cet artiste à la puissance 10 était resté. S'il vous reste de la place dans vos sabots, prévoyez large et demandez un paquet enrubanné pour Gaston Chaissac, poète rustique et peintre moderne chez Actes Sud, le bouquin qui accompagne l'expo du même nom au Musée de Grenoble (jusqu'au 31 janvier 2010), également co-éditeur.
Là, ils s'y sont mis à trois pour les textes : Guy Tosatto, Didier Semin et Benoît Decron qui a monté tant et tant d'intéressantes expos au Musée Sainte-Croix des Sables d'Olonnes, par exemple René Drouin ou Anton Prinner (c'est pas d'la daube). Souhaitons lui bon courage car il vient de prendre la direction du Musée Pierre Soulages à Rodez (pardon : «Grand Rodez») et ça ne doit pas être de la tarte de passer des poteaux de couleurs de Chaissac aux tartines de noirceur du grand Pierre qui me soûle un brin, malgré ses discours sur «la lumière qui vient de la toile».
Stop pour aujourd'hui car je deviens sotte comme une oie de Noël.
23:33 Publié dans De vous zamoi, Lectures, Miscellanées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, bodan litnianski, chomo, altagor, gaston chaissac, clovis prévost, pierre soulages, grand rodez | | Imprimer | | |
19.12.2009
Pascal-Désir Maisonneuve recherché à Bordeaux
Désir de Maisonneuve ? Si des fois vous êtes accroc comme moi aux coquilles masquées de cet anarcho-mosaïste-brocanteur, sachez que vous risquez d'en voir bientôt dans une expo à Bordeaux. N'allez pas croire que ce soit du foutage de gueule.
Le Musée des Beaux-Arts de cette ville qui est aussi celle de Pascal-Désir (il s'appelait Pascal avant Désir) Maisonneuve se prépare bel et bien à faire de nouveau du tintouin sur son œuvre. Du moins si on en croit une petite annonce qui passe en ce moment dans le n°44 (18 décembre 2009) de La Gazette de l'Hôtel Drouot et qui fait appel au peuple pour le prêt de masques en coquillages de P.-D. M.
Alors si vous avez un vieux Maisonneuve qui traine dans votre grenier parce que votre arrière-grand-tonton en avait raflé un aux Puces sous le nez d'André Breton et de Jean Dubuffet réunis, c'est le moment de vous manifester car il semble que ces choses là ne courent pas les rues.
D'après Michèle Edelmann qui a écrit la notice Maisonneuve dans le fascicule 3 des Publications de l'Art Brut en 1965, ce créateur disparu en 1934 n'aurait réalisé qu'une quinzaine de masques durant sa crise artistique qui n'a duré qu'un an (1927-1928). Mais je me demande s'il ne faut pas voir un peu plus large étant donné ceux qui proviennent en ligne plus ou moins directe du peintre André Lhote. Voir sur ce point ma note animulienne du 10 juin 2007 : Beau masque à Bordeaux. Donc, si vous avez des tuyaux là-dessus, je suis prête à ouvrir les grandes oreilles.
01:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, pascal-désir maisonneuve | | Imprimer | | |
16.12.2009
The Museum of Everything
Hello, joyeux everythingers ! Bonsoir gentils Animuliens ! Noël approche et avec lui revient l'envie du vieux christmas pudding des familles qui, comme chacun sait, ne se déguste que chez nos voisins britanniques. C'est le moment de réserver votre place dans l'Eurostar et de vous offrir un petit voyage à Londres pour aller visiter ce nouveau musée (ou cette galerie?) consacré(e) à la création autodidacte qui s'est ouvert le 14 octobre 2009. The Museum of Everything c'est son nom.
Pas «Musée des Outsiders», attention! James Brett, son fondateur, a paraît-il horreur du mot outsider. On peut le comprendre. Ce terme me porte aussi sur les nerfs assez souvent bien qu'il soit entré dans l'usage, même chez les Froggies. A ce que j'ai cru comprendre, Monsieur Brett s'intéresse à ces créateurs qui ne savent pas ce qu'ils font. Ceux dont le travail n'est pas seulement étrange, intense et original mais encore : contraint.
Les August Walla, les George Widener
les Henry Darger
les Johann Hauser, les Alexandre Lobanov
les Madge Gill
les Willem Van Genk
pour ne citer que quelques-unes des personnalités représentées dans la collection. Des gens qui font de l'art en privé (du moins au début). Des gens qui, de toutes manières, ne peuvent faire autrement que de faire ce qu'ils font. Des créateurs d'art brut, quoi ! Je n'ai pas de conseil à donner à James B mais il ferait tout aussi bien d'employer le mot inventé par Jean Dubuffet. C'est le meilleur et c'est très prononçable par une bouche anglo-saxonne de bonne volonté. Un peu bizarre mais délicieusement exotique. Un rien snob (je plaisante of course). Le M.O.E. est situé dans le Nord-Ouest de Londres, pas loin de la station de métro Chalk Farm.
Dans un secteur résidentiel de Primrose Hill. A l'angle de Regent's park et de Sharples Hall street. Vous situez ou il faut un G.P.S.? Ce haut-lieu de l'art everything est installé dans une ancienne laiterie.
James Brett, qui est réalisateur de cinéma en même temps que collectionneur, s'est sans doute souvenu que cette laiterie fut un studio d'enregistrement. L'ambiance de cet espace chaotique, rythmé par des couloirs, des bureaux et des escaliers, fait penser, m'a-t-on dit à une école primaire.
Si vous voulez tout savoir sur l'odeur de thé et de marmelade qui y règne, allez sur le blogue Amelia's Magazine. Jessica Stokes vous guidera pour une visite sympa de ce lieu apparemment charmant et volontairement non adapté au style classique d'une galerie de collectionneur privé. La communication fléchée pour y arriver est du genre bon-enfant.
Une contribution du visiteur serait sollicitée. De 1 Livre Sterling à 1 million selon ses moyens. Au dessus de la sortie, vous trouverez l'indication «last thing». Auparavant vous serez passés devant une porte verrouillée («nothing»).
Quand à «everything», vous le lirez en descendant dans un énorme espace, sorte d'entrepôt rempli de peintures, sculptures et dessins du sol au plafond. Le fondateur du musée serait doué du sens de l'humour que ça ne m'étonnerait pas. A suivre...
01:03 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, londres, george widener, henry darger, alexandre lobanov, madge gill, willem van genk, james brett | | Imprimer | | |