12.02.2011
Le Zanderland à Montmartre
J'adore les Belges. Les mecs ne se rasent plus. Les meufs jouent les Lysistrata. Pour réclamer un gouvernement. Cela leur laisse du temps pour s’intéresser à nous. Sur son journal en ligne, La Libre Belgique a déjà collé un article en 2 parties sur une expo parisienne qui vient de débuter à la Halle Saint-Pierre.
A moi qui était au vernissage, le 18 janvier, ça m’a foutu la honte naturellement.
Alors je trace vite derrière Roger Pierre Turine pour mettre mon grain de sel dans cette «épatante exposition qui montre quelques 300 pièces majeures d’une collection inestimable» : celle de Charlotte Zander.
Collection dévolue surtout au meilleur art naïf mais aussi à des peintres haïtiens, à des créateurs enregistrés dans l’Outsider art ou dans l’art brut et à des inclassables du genre de Ilija Bosilj
ou Sava Sekulic qui sont, pour nous, des révélations.
Sous le vent de l’art brut (c’est le gros titre un peu bateau de l’expo) commence sous le regard magnétique de l’affiche et par les beaux yeux de Charlotte Z dont le portrait est accroché à l’entrée.
On aurait pu mettre aussi ceux de Martine Lusardy qui a, comme dit R.P.Turine, «dans le pactole Zander, ciblé des œuvres qui puissent faire le lien entre art naïf plus démonstratif et art brut plus direct».
Car faut vous dire que cette expo halle-saint-pierresque transgresse tranquillement un tabou qui veut que art naïf et art brut soit impitoyablement discriminés. Cela ne signifie pas qu’elle mélange tout en un joyeux salmigondis.
Au contraire. Charlotte et Martine se sont entendues à merveille pour que cette dernière puisse naviguer dans le Zanderland : le château de Bönnigheim en Allemagne dont vous pouvez vous faire idée ici avec pour boussole le GPS à tonton Dubuffet.
Comme le dit le catalogue : «dans cette pelote prodigieusement colorée, patiemment enroulée» par la fée Zander pendant un demi-siècle d’explorations, «le commissariat de l’exposition de la Halle Saint-Pierre a délibérément tiré un fil et c’est celui de l’art brut».
Ce qui nous vaut des points de vue originaux sur des œuvres que l’on croyait connues et sur des catégories que l’on croyait figées une fois pour toute mais dont les frontières sont plus communicantes qu’on ne croit.
«Osons regarder André Bauchant et Henri Rousseau sans le jugement de la naïveté» claironne madame Lusardy et il est vrai que je ne m’étais jamais rendu compte à quel point les rochers de Bauchant pouvaient ressembler à une matière cérébrale proliférante dans ses tableaux.
La rencontre inusitée d’œuvres qu’on n’a pas l’habitude de voir rassemblées le révèle ici! Osons donc nous faire l’expo de la Halle Saint-Pierre.
«Osons!» est un bon programme. Une invitation à penser par la grâce d’un très bô «spectacle». Comme j’ai épuisé mon forfait, je ne saurais vous en dire plus une fois (ou pour cette fois).
23:55 Publié dans art brut, Expos, Gazettes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : halle st pierre, exposition sous le vent de l'art brut, martine lusardy, collection charlotte zander, art brut, art naïf, zanderland | | Imprimer | | |
06.02.2011
Henriette Zéphir à la Galerie Berst
Retour à Hercule. Normal pour la petite âme errante que je suis de s’abandonner dans les bras d’un demi-dieu de l’Olympe. Surtout s’il a servi de guide d’abord à une dessinatrice médiumnique du genre d’Henriette Zéphir dont la Galerie Christian Berstmontre les œuvres jusqu’au 5 mars 2011 seulement.
Cet «Hercule» là contresignait plus volontiers «Don Carlos», nous apprend Jean Dubuffet dans sa notice de 1966 paru dans le fascicule 14 (bleu marine) des regrettées Publications de la Collection de l’Art Brut.
Don Carlos, ça évoque l’opéra de Verdi surtout qu’Henriette est née près de Toulouse et de son Capitole. Cet infant d’Espagne entendait la voix de Charles Quint, son grand-père défunt et Henriette aussi, dans le temps, a entendu quelqu’un lui dire «bonjour ma douce». Aujourd’hui, elle reste plutôt floue à propos des entités qui dirigent sa création. Elle dit «on», elle dit «ils» : «ils aiment la difficulté là-haut».
Mais quand elle a commencé à œuvrer en mai 1961 et qu’elle a eu un jour la sensation de la présence de quelqu’un, dans un grand halo de lumière, à côté d’elle, elle pensait que Don Carlos avait été son mari dans une vie antérieure.
Dans la vraie vie, Henriette, s’était séparée de son conjoint martiniquais dont elle a gardé, j’imagine, le nom de Zéphir car il va très bien avec une dame qui aime les blés et les coquelicots. Une dame qui regarde son jardin en travaillant à ses dessins à l’écoline et à la petite plume, choisis par on et ils, parce qu’elle ne peut «en somme rien faire» par elle-même, selon ses dires dans un petit film très éclairant de Bastien Genoux et Mario del Curto projeté pendant le vernissage.
Par pitié, Don Christian Berst, installez votre écran plus haut la prochaine fois car je n’ai pu saisir que des bribes d’images! Mais ça fait rien c’était bien quand même, vu que madame Zéphir était dans la salle et que parfois on arrivait à l’apercevoir, au milieu du petit cercle familial qui veille sur elle, malgré la foule des grands jours.
Faut dire que l’événement était de taille. C’est pas toutes les fois qu’un créateur d’art brut révélé par Dubuffet est présent en compagnie de ses œuvres dans ce genre de manifestation. Surtout que l’Henriette est plus de la première jeunesse, même si elle tient une forme éblouissante et est vêtue avec une élégance qui prouve que ses guides lui lâchent maintenant la grappe avec la «robe grise devenue (…) très usagée» qu’ils lui imposaient de porter, selon Dubuffet.
En ce qui concerne celui-ci, c’était passionnant aussi d’avoir le feed-back d’une dessinatrice sur laquelle il avait écrit. Henriette a vu Dubuffet «baver» devant ses tableaux. «Il s’est mis à genoux» pour les voir. Elle était pas tranquille» mais c’était «un homme charmant».
Tellement y’avait de monde qu’on pouvait pas trouver un tire-bouchon et que sans mon copain Boris et son canif de poche, je faisais tintin pour le petit coup de blanc. Sur le départ, la galerie Berst me faisait penser à un aquarium bondé et il faudra que j’y retourne pour les œuvres.
Heureusement, le Préfet maritime était arrivé avant moi. Sur le seuil, il m’a glissé dans un sourire : «c’est bien, on dirait du Signac!».
Cette interprétation «luministe» pour une artiste qui sait projeter des «globes de lumière» sur ses proches, afin de leur servir d’anges gardiens, m’a laissée songeuse.
18:54 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henriette zéphir, art brut, art médiumnique, galerie christian berst | | Imprimer | | |
16.01.2011
Akram Sartakhti, une singulière Iranienne
Dimanche dernier, je me suis bourrée de gâteaux nippons, suaves comme un sofa, au finissage de l’expo L’art brut japonais qui voulait pas désemplir.
Je suis retournée aujourd’hui à la Halle Saint-Pierre pour voir s’il en restait encore.
Je suis tombée sur le commençage de l’accrochage des peintures d’Akram Sartakhti sur les cimaises de la cafète pleine de bobos et de bébés. Je devrais pas vous en parler déjà. Mais puisque cet événement de la «galerie» débute bientôt et qu’il durera que jusqu’au 13 février 2011, je mets mes scrupules dans ma pochette et mon mouchoir en dentelle par dessus.
J’ai donc looké avec un poil d’avance ces aquarelles d’une dadame iranienne qui s’est mise à peindre à l’âge où l’on devient grand-mère, sans savoir, sans culture puisque, promise très jeune (9 ans) à un mari peu soucieux de son instruction, elle est demeurée illettrée. Visiblement sa vie n’a pas été drôle.
Photo : Tooba Rahimi
Les infos qui nous parviennent, notamment par l’intermédiaire de Rokhsareh Ghaemmaghmi, réalisatrice de films documentaires sur son travail, nous la décrivent confrontée depuis longtemps à l’arbitraire conjugal. Tourments, jalousies, violence ont, semble-t-il, été son lot. A Dieu -une sorte de maître supplémentaire en plus consolant- elle a demandé quelque chose et ce quelque chose a été la peinture.
Elle se sert avec bonheur de ce cadeau, ressuscitant des souvenirs d’enfance, évoquant des légendes religieuses, des récits folkloriques. Sans misérabilisme. Avec la gaieté des couleurs vives, des scènes animées et compartimentées.
Ce n’est pas naïf à fond, c’est parfois plutôt brut, limite dessins puérils. Cela peut ressembler à Boix-Vives en moins nuancé, en plus statique. C’est touchant, séduisant, narratif. Un peu élémentaire aussi. Les fonds ne la préoccupent guère. De la teinte pure et puis voilà. Elle a visiblement plaisir à déployer son bestiaire, ses personnages, ses bibelots.
Des chameaux dans la nuit étoilée
de beaux oiseaux de paradis terrestres, des filles en costumes ethniques.
Souriantes et en larmes. Voilées et menacées par des diables un peu dérisoires, des monstres enflammés mais bouffons.
L’inommable est tenu à distance. L’artiste a peut-être trop souffert. Elle se cantonne à la surface de sa souffrance et le spectateur en reste un peu interdit de séjour. Parfois pourtant, l’angoisse, la vraie, submerge tout sous la couche de gentillesse ou d’ironie. Ainsi va ce tableau où une tête de requin rose mord la trompe d’une créature tachetée sans défense, sous les yeux, vides, effarés ou idiots d’une bande d’oiseaux inutiles.
Des œuvres d’Akram sont au musée à Téhéran. Son fils a montré son travail à des connaisseurs ce qui lui a valu une première exposition. A cette médiatisation, elle a gagné une certaine émancipation. Elle a participé à une sorte de festival d’art outsider. Son mari, de 20 ans son aîné, est devenu dépendant d’elle.
Puisque Akram Sartakhti est venue en France, rendons lui visite! L’accompagner dans cette escalade de liberté, ne peut qu’être un plaisir.
13:10 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : akram sartakhti, art brut iranien, iran, halle st pierre | | Imprimer | | |
07.01.2011
Guo Fengyi vous donne encore 8 jours
J’étais bien décidée à coincer la bulle et à me faire une soirée-télé avec mon chéri que j’ai et le nouveau coffret Pierre Etaix qu’il m’a offert pour le nouvel hi-han mais, ânesse que je suis, je suis tombée sur Paris Art et voilà que mes plans sont pertubés. C’est que je sais bien que je n’ai pas eu l’occasion d’en faire des tonnes sur Guo et qu’il ne vous reste plus que 8 jours pour rendre visite à cette Fengyi là.
Pensez donc si j’ai sauté sur l’article consacré à cette Chinoise brute du Marais que j’avais seulement effleurée dans ma récente et enfièvrée chronique sur les folles soirées de la Galerie Berst! Je l’ai dévoré en le trouvant pas mal du tout et comme la note que j’aurais pu bricoler sur le sujet ne serait pas arrivé à la cheville de ce papier, je n’ai aucun scrupule à vous envoyer dessus. J’avais pas vu tout d’abord qu’il était de Céline Delavaux mais à la relecture ça m’étonne pas.
Encore du Crab, me direz-vous! Et vouiii. Ils sont partout. Tant mieux, je vais pouvoir me reposer. J’aurai plus qu’à recopier ce qu’ils pondront. Aujourd’hui, avant d’aller dormir, je glisse dans mon armoire à citations la phrase que C.D. a déposée au bout de son texte comme une pointe à la fin d’un sonnet baroque
L’art brut permet de continuer à penser l’art, là où il nous échappe
00:05 Publié dans art brut, Ecrits, Expos, Gazettes, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guo fengyi, art brut, galerie christian berst, céline delavaux, pierre etaix, le crab | | Imprimer | | |
03.01.2011
Strasbourg : ça va chauffer pour l’art brut
A Stras, ça va chauffer! On nagera dans le paradoxe du 7 au 22 janvier 2011 puisque l’ESADS donnera carte blanche à Jean-Pierre Ritsch-Fisch. Tout le monde sait que ce JPRF, non content d’accumuler les s-c-h dans son nom, accumule aussi les œuvres d’art brut dans sa galerie. Et pour les grosses nazes (dont j’étais jusqu’à pas plus tard que ma dernière vérification sur gougueule) qui ignoraient ignoblement ce que l’esad veut dire, je rappellerai que ce sigle désigne l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg.
L’art brut à l’école : plus rien ne m’étonne! Ecole supérieure, il est vrai. Il faudrait en effet se lever de bonne heure pour trouver une école qui se revendique inférieure. Bref, passons.
Et répétons plus fort que J.-P. Ritsch-Fisch présentera des œuvres de sa maison à l’Espace prévu pour ça inside l’ESADS (voir + haut), rue de la Manufacture des tabacs, au 5 exactement. Du mardi au samedi et de 15 à 19 h dans la fourchette de jours indiquée en tête de cette chronique. Vernissage à La Chaufferie jeudi 6 janvier 2011 à 19 h 30.
Vernissage précédé d’une introduction proférée par le galeriste et par une conférence-rencontre avec Francis Marshall, star présente dans l’expo bien que ne frôlant plus la planète brute que d’assez loin. Je sais que c’est à l’auditorium et pour le reste je n’en sais guère plus, à part son titre : Sous le vent de l’art brut. Question images, c’est total pochette-surprise. Faut vous contenter de la roulotte marshallienne. Mais ça vaudra sans doute le coup d’œil.
23:36 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : art brut, galerie ritsch-fisch | | Imprimer | | |
27.12.2010
Les territoires de l’art modeste
Fatal. C’était fatal que j’allais vous en parler. De mes cadeaux de Noël, badame! Pas des cado-bonux, attention. Du lourd de chez Di Rosa pour commencer. En attendant de m’offrir un petit ouikène à Sète pour explorer Les territoires de l’Art modeste(y’a pas l’feu, l’expo dure jusqu’en octobre 2011), mon chéri m’a glissé sous le sapin le super coffret contenant les 12 catalogues réunis pour l’occase du 10e anniversaire du M.I.A.M.
Bon, tous m’intéressent pas au premier chef mais chacun a son charme. La place me manque pour vous les présenter dans le détail mais, à part La Petite histoire de l’épopée du M.I.A.M. racontée par Bernard Belluc (incontournable!)
j’ai bien gobé : Robert Combas présente Maurice Chot (autant pour sa couvrante que pour les B.D. autodidactes de l’intérieur),
PQ Ville de Michel Gondry (décor de ciné en rouleaux de papier-toilette + lunettes anaglyphiques génération Pif Gadget).
Je kiffe aussi bien fort : Bamoun Picasso (dessins du Cameroun présentés par Antonio Ségui)
et la Collection Artaud la nuit(tapettes à mouches, trous, moules, marteaux) couplée à la Collection Chevrot (cordels).
Mais mes amis, çui que j’préfère c’est le catalogue Cinq outsiders singuliers (enrobé dans une repro du Jean de Florette à Raymond Reynaud). Même si son sur-titrage m’en bouche un coin. Pourquoi donc : Aux marges de l’art brut alors que 2 au moins de ces créateurs -Emile Ratier et Marcel Storr- baignent dedans jusqu’au cou ?
Comprenne qui pourra. L’étonnant Storr en particulier dont les cathédrales utopiques, destinées à la reconstruction d’un Paris imaginairement détruit par la bombe atomique, me paraît parfaitement digne du label brut bien que la soixantaine d’œuvres laissées par lui n’aient pas rejoint encore l’une des Mecques de la catégorie.
Soyons reconnaissants à Bertrand et Liliane Kempf, les découvreurs et protecteurs de cette oeuvre d’exception, de lui faire prendre l’air de temps à autre. Le Catalogue du M.I.A.M. énumère ses sorties, depuis 2001 (à la Halle Saint Pierre) mais avec une petite erreur. En 2005, ce n’est pas à la mairie du 19e arrondissement de Paris que L’Œuvre du cantonnier Storr a été montrée mais à la mairie du 9e. En face de l’Hôtel Drouot.
Dommage que Laurent Danchin, l’auteur du catalogue, (qui fait maintenant dans l’expertise de vente publique) ne s’en soit pas rendu compte. Mais félicitons-le pour son choix qui comprend aussi les Ripolin «pop art naïf et brut» de ce Germain Tessier dont il défend (avec raison) les créations depuis toujours.
Sans trop le chipoter au passage pour la présence de ce sympathique mais clinquant Mister Imagination, innocente concession, selon moi, à la contre-culture à paillettes américaine.
00:09 Publié dans Ecrits, Expos, Images, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, art modeste, miam, sète, hervé di rosa, bernard belluc, robert combas, maurice chot, michel gondry, antonio ségui, raymond reynaud, emile ratier, marcel storr, germain tessier, bertrand et liliane kempf, laurent danchin | | Imprimer | | |
18.12.2010
Le CrAB en pince pour l’art brut
Lorsque le CrAB paraît, le cercle de l’art brut applaudit à grands cris.
Le CrAB, ça vient de sortir. C’est une asso fondée en septembre 2010. Elle faisait ses premiers pas jeudi 16 décembre à la Galerie Christian Berst,puissance invitante de la cérémonie de baptême.
Derrière le logo rigolo de cet aimable crustacé c’est tout un collectif de réflexion qui s’avance, l’œil brillant et le sourire aux dents. De réflexion «autour de l’art brut» bien sûr! Sinon je vous demande un peu ce que votre petite âme errante aurait été faire là avec son 38° de fièvre. La réflexion pour une fois ne montrait pas son visage de vieille barbe blanchie sous le harnois des épopées hourloupéennes, préludiennes, lausanniques et singulier-de-l’artdesques. La moyenne d’âge naviguait plutôt autour de 30.
«78!» proclamait une blonde crabeuse, en lançant comme une provocation son année de naissance. «Moi aussi!» lui faisait écho sa brune voisine. Ecœurant spectacle pour une femme de mon âge! Mais que voulez-vous, faut s’y faire : cette soirée historique marque l’arrivée en masse d’une nouvelle génération de cervelles sur le marché. Pour le moment cette «masse» est composée de 7 filles et de 2 garçons, tous chercheurs décidés à mettre leurs œufs dans le même panier bien que provenant d’horizons divers : histoire-de-l’art beach, marina pieds-dans la littérature, patrimoine-bay, muséologie-plage, les sables de psychanalyse etc.
Me demandez pas pourquoi le nom du CrAB mélange minuscule et capitales. Sans doute pour mimer la marche de l’animal. Chacun sait en effet que c’est de biais (et non par une attitude frontale d’effronté «spécialiste») qu’on aborde le mieux le sujet de l’art brut.
Me demandez pas non plus ce qui s’est dit pendant le discours de présentation. J’étais arrivée en retard après qu’un vélib ait failli me crabouiller à l’angle des rues du Temple et Pastourelle. Mal placée, j’ai rien entendu mais vous retrouverez tout le toutim des objectifs du CrAB sur son site.
D’où j’étais, je voyais que les mouvements oratoires de Baptiste Brun. Sous son verbe, la salle crépitait du flash et besognait en sourdine les cahuettes de l’apéro. Les figures vibrionnantes et hiératiques de Guo Fengyi veillaient sur les autres membres du collectif, groupés comme des poussins noirs dans leurs atours de vernissage
Dans son coin, Christian Berst avait l’air du papa qui s’étonne que la teuf des enfants soit si sage.
Fort heureusement, à tout baptême, il faut une fée et celle qui se penchait sur le berceau, c’était Caroline Sury, l’auteur du logo rigolo. Impossible d’arracher à celle-ci l’adresse de son marchand de bas roses mais elle contribua à mettre de l’entrain dans le festival off, qui s’installa après les déclarations «officielles».
Crabichous et crabichettes de se partager alors l’assistance pour nous communiquer –visiblement plus décontractés– leurs projets en vrac : séminaire périodique ouvert au public, journées d’études, colloques, publications etc. Je tombai pour ma part sous la houlette de Deborah Couette qui rit comme un oiseau bat des ailes. Il fut question de Fabuloserie et de parties de campagne. Affaire à suivre.
M’est avis que les crabes, à moins qu’ils ne veuillent seulement impressionner leurs professeurs, auraient intérêt à pimenter leur trop sérieux programme de quelques récréations dûment improvisées. Comme j’ai pris ma carte de membre (car on peut, pour quelque thune, faire partie du CrAB), je ne manque pas de le leur suggérer.
Pour finir, un photographe eut l’idée de mettre les crabes en vitrine et tout le monde s’empara de son idée moi y comprise.
Voici donc, dans une ambiance « sortie de boîte» : Vincent Capt, Roberta Trapani, Pauline Goutain, Baptiste Brun, Emilie Champenois, Deborah Couette, Céline Delavaux, Fanny Rojat. Manque à cette brochette : Aurélie Linxe qui n’avait pu venir mais était présente dans les propos de ses ami(e)s.
Car au nombre des muses sont les crabes.
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05.12.2010
La galerie Rizomi présente Superfici d’istanti, sa 1e expo
Giuseppe Barocchi, c’est un nom que votre petite âme errante vous a déjà glissé dans le tuyau de l’oreille le 19 septembre 2010 au détour de son post intitulé : L’art brut en lamé. Ceux qui ont aimé l’image de son travail que j’ai donnée alors retrouveront avec plaisir les 5 reproductions qui figurent sur le site d’une nouvelle galerie turinoise du nom de Rizomi.
Ces «rhizomes» sont porteurs d’un chapelet de 25 créateurs que vous pouvez égrener en cliquant sur la rubrique «artisti» (ou «artists» si vous avez choisi la version in english).
Rizomi qui se consacre (grosso modo) à l’art brut a monté une exposition qui se terminera avec l’année 2010.
Vous avez donc jusqu’au 31 décembre pour retrouver Donald Mitchell et Paul Duhem ou découvrir Gianlucca Pirotta, un garçon de 29 ans, né à Palerme en Sicile. Il a grandi en Emilie Romagne et s’est abstenu d’apprendre à lire.
Depuis 1999, il fréquente un atelier de Carpi, ville de la province de Modène. Une véritable passion pour le dessin s’étant fait jour chez lui. Un réseau de filets encrecroisés comme les cordages d’un navire, délimitant de petites cases comme les fenêtres d’un immeuble, forment la trame de ses compositions.
A les considérer, on se dit qu’il faudra avoir à l’œil l'activité de cette galerie qui occupera sans doute un terrain jusqu'alors laissé vacant en Italie.
Internationale jusqu’au bout des ongles et de tendance Animulitalienne, votre petite âme errante ne vous lâche pas sans vous coller le nez sur l’annonce d’un cycle de rencontres sur l’expression artistique dans la détresse mentale (sull’espressione artistica nel disagio mentale).
Sous le titre générique de Entro i muri oltre i margini (Entre les murs au delà des marges), seront abordés 5 thèmes à la Bibliothèque de la Santé Mentale et des Sciences humaines à Bologne.. Vous avez déjà loupé une séquence qui traitait des travaux artistiques réalisés par les patients de l’ex-hôpital psychiatrique Roncati. Mais vous pouvez vous rattraper le 16 décembre 2010 (Histoire et questions critiques de l’art irrégulier) et en janvier 2011, par exemple le 20, avec L’œuvre graphique de Ferdinando Vigano (1851-1904), patient de l’asile d’aliénés de Reggio Emilia.
Au micro : Marta Cannoni.
21:01 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos, Parlotes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galleria rizomi, art brut, giuseppe barocchi, gianlucca pirotta, ferdinando vigano | | Imprimer | | |
20.11.2010
Des invités-surprise pour l’abbé Fouré
100 ans de Fouré, ça vaut bien un petit coup de turlututu!
L’Anatole (Jakovsky), dans son bouquin sur Les Mystérieux rochers de Rothéneuf, paru en 1979 chez l’éditeur Encre, faisait remarquer que l’inaltérable Abbé Fouré était DCD en 1910, «la même année que le Douanier Rousseau».
Avouez donc que ce serait bête de laisser filer 2010 sans soulever son chapeau pointu ou sa casquette de baseball en son honneur.
Une toute nouvelle Asso, dont je ne sais pour ainsi dire rien, vient de se décider à le faire. Je relaie (dans le brouillard mais de bon cœur) cette initiative qui m’est signalé par une Animulienne malouine.
L’Association s’appelle Les Amis de l’œuvre de l’Abbé Fouré. Beau programme auquel on ne peut que souscrire! Si je comprends bien cette asso n’a rien à voir avec le site des Rochers sculptés. Elle nous promet de nouvelles infos pour plus tard mais là, dans l’urgence, elle nous fait parvenir l’affiche annonçant le temps fort de sa cérémonie d’hommage.
Retenez donc votre samedi 18 décembre 2010. C’est à ce moment là que vous pourrez looker une expo complète sur Fouré et ses œuvres (de 10 à 18 h), vous faire dédicacer par son auteur un nouveau bouquin sur St-Malo-Rothéneuf au temps des rochers sculptés (à 11 h précises, attention les retardataires!), vous faire une toile le soir à partir de 20 h 30 avec la projection d’un film d’un certain F. Daudier
Et avant d’aller faire de beaux rêves, vous aurez encore droit à une conférence sur l’art brut «animée par des invités-surprise». Aïe, aïe, aïe, là je crains le pire! mais j’espère, j’espère vraiment qu’on nous épargnera les grandes têtes molles des «experts-spécialistes» de la chose pour nous sortir de véritables jokers.
Je pense que cette journée préludera à une expo qui occupera le mois de décembre tout entier mais je n’en suis pas sûre. Si madame Joëlle Jouneau, la présidente de l’Asso des Amis de l’œuvre du bon Abbé me faisait l’honneur de passer par chez moi pour lire ces lignes, ce serait sympa à elle d’éclairer à fond mes lecteurs et mes lectrices à qui je fais un gros bisou en passant.
17:18 Publié dans art brut, Ecrans, Ecrits, Expos, In memoriam, Jadis et naguère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, abbé fouré, rochers sculptés, rothéneuf, paramé, anatole jakovsky, jean jehan, f daudier, joëlle jouneau | | Imprimer | | |
17.11.2010
Des Vaisseaux fantômes rue Quincampoix
Les dérives, il arrive que ça me conduise à perdre de vue mon port d’origine.
Aujourd’hui, c’est la faute de la Galerie Polad-Hardouin si j’ai largué les amarres de mon sujet-fétiche pour aborder une île d’au delà de mes petites brutalités ordinaires. L’île mystérieuse baptisée Sefolosha sur mon portulan d’exploratrice animulienne.
J’aime bien la Galerie Pol-Har. Elle n’est pas radine de ses images. Pas besoin d’être Miss Marple pour les découvrir sur son site internet. Se prolonge ici une pratique de l’accueil qui rend cette maison classe plutôt commode d’accès (en tous cas pas volontairement intimidante) à la flâneuse de la rue Quincampoix qu’il m’arrive d’être. Bien sûr, cette respectable goélette arbore clairement son pavillon art contemporain mais ce n’est une raison pour quitter son sillage. Car il n’y a pas un mais des arts contemporains et celui de Polad-Hardouin mérite de croiser notre courant habituel.
Croyez-en sur parole la vieille naufrageuse que je suis! Même si je manque de place pour vous le prouver. Hardi les gars, va petit mousse, cap sur l’expo Vaisseaux fantômes! Et que le vent d’automne vous pousse au vernissage, en présence de Christine Sefolosha herself, tout droit venue des brumes suisses de son «beau lac gris bleu» avec un petit rhume dans son sac mais beaucoup d’entrain pour parler de ses monotypes.
Le carton au scaphandrier «médusé» vous dira tout sur son verso.
A demain.
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